sky et colton.

C’était pas une journée facile aujourd’hui. Je pouvais bien dire que j’avais pas réellement réussi à fermer l’oeil de la nuit. Aussi bien que ma décision d’avorter était prise, il y avait toujours cette petite voix dans ma tête qui me disait que j’avais l’argent, l’amour et le temps pour élever cet enfant, qu’il y avait moyen de pouvoir s’arranger pour lui faire vivre une belle vie mais… je ne pouvais juste pas. On allait divorcer Colton et moi, j’avais même l’impression qu’il fréquentait une nouvelle femme maintenant donc on pouvait dire que c’était terminé. D’autant plus que j’étais encore sur certains traitements pour ma rémission de cancer. Et si dans quelques mois, il revenait encore? Non… c’était beaucoup mieux d’y aller sans risque. Mon mari - encore, puisque les papiers n’étaient pas signés aux dernières nouvelles - avait proposé de passer me prendre. J’avais été porté Eliott à la garderie et j’avais eu juste le temps d’essayer de prendre quelques bouchées de céréales avant qu’on ne sonne à la porte. C’était la première fois que Colton mettait les pieds dans ma nouvelle maison. Ma maison à moi, où je vivais maintenant avec notre fils et mon ami Lexa, ma plus vieille amie - pas en termine d’âge là… mais en terme de longueur d’amitié. D’un pas rapide, j’allai ouvrir la porte à Colton que je n’avais pas vu depuis quelques jours, lui affichant un sourire mi-poli/mi-stressé.

SKY : « Salut, bienvenue chez moi! Entre… je ramasse mon sac et je suis prête! »

Je lui ouvris la porte pour le faire entrer, refermant cette dernière derrière lui. Aussitôt, son parfum que j’aimais tant se fit sentir. Ça sentait bon, ça serait la maison… parce quelque part, c’était toujours quand il était là que je me sentais réellement bien, que je me sentais rassurée. Il était ma sécurité, mon réconfort.

SKY : « Merci de venir avec moi aujourd’hui, j’aurais pas été capable de faire ça toute seule je crois. »

Il était la meilleure personne pour le faire. Et… il était également le seul au courant, disons que ce n’était pas le genre de chose dont je tenais à crier sur tous les toits. On pouvait dire que j’avais un peu honte de moi, oui… je me sentais lâche et je savais que j’allais me sentir comme ça pendant un petit moment. Je disparu quelques secondes pour revenir vers lui, enfonçant mon téléphone et mes clés dans mon sac à main.

SKY : « On peut y aller, je suis prête! Enfin... je sais pas si on peut être réellement prête à ça... »

sky et colton.

C’est aujourd’hui que Sky a son rendez-vous pour l’avortement. Personnellement, je ne suis pas pour cette décision, mais que voulez-vous que j’y fasse? C’est Sky qui porte cet enfant et je sais qu’avec ses traitements ce n’est pas l’idéal. Sans doute que ses traitement peuvent affecter le bébé puisque ce sont de forts traitements. Je sais que peu importe ce que je dis que sa décision est prise.

Ne pouvant pas laisser la femme que j’aime vivre une telle chose seule, j’ai décidé que je l’accompagnerais puisque c’est la moindre des choses. Je ne veux pas qu’elle se sente seule, qu’elle vive une telle chose seule. Je dois être présent parce que c’est moi le père et que si nous en sommes rendus ici aujourd’hui c’est de ma faute.

Étant un jour de semaine, les enfants sont à l’école, ce qui facilite les choses pour moi. Je viens d’aller les reconduire et maintenant j’arrive chez Sky. Je ne suis jamais entré dans sa nouvelle demeure. Je suis donc curieux de savoir où vit mon garçon lorsqu’il n’est pas avec moi. J’entre donc à l’intérieur et je serre la femme que j’aime dans mes bras. Elle a de petits bras, mais ils sont forts, elle a une certaine poigne dans ses bras qui en surprend plus d’un.

COLTON : « Tu n’as pas à me remercier, c’est la moindre des choses. »

Je reste immobile un moment jusqu’à ce qu’elle revienne vers moi et qu’elle me dit qu’elle est prête. Je regarde l’heure sur mon téléphone et je prends la main de Sky qui semble être pressée de partir.

COLTON : « Attends, nous avons encore le temps, le rendez-vous n’est pas tout de suite. Si tu le faisais visiter, me montrer l’endroit où vit et grandit notre garçon? »

sky et colton.

Je me suis sentis immédiatement bien, à la minute où j’avais ouvert la porte pour voir Colton devant moi. Je ne pouvais que le remercier de m’accompagner à la clinique aujourd’hui. On avait beau se dire que ce bébé, on l’avait fait à deux, il n’était pas non plus obligé de venir ici avec moi. On était en processus de divorce et c’était difficile. Mais pour lui, c’était normal car il était un homme comme ça : attentionné, respectueux, compréhensif et tout simplement génial! En lui informant qu’on pouvait partir, ce dernier proposa à la place de visiter un peu la maison, puisqu’on avait encore du temps devant nous. J’étais surprise par sa demande mais j’hochai positivement la tête pendant qu’il me prenait doucement la main.

SKY : « Si tu veux oui! On ira pas au sous-sol par contre, car mon ami Lexa, tu sais… mon amie d’enfance de Londres, elle vit maintenant ici et je lui ai proposé de rester ici le temps qu’elle se place! Elle travaille à l’hôpital sur des chiffres de nuits parfois donc elle doit être en train de dormir. »

Je lui souris en apportant sa main qui tient la mienne jusqu’à mes lèvres pour y déposer un baiser. Aussitôt le geste effectué, je me remets en question en me disant que ce n’était peut-être pas très adapté. J’allais avoir besoin de temps pour me défaire des habitudes que j’ai à son égard depuis plusieurs années maintenant. Je lui fis visiter le rez-de-chaussé pour finalement monter à l’étage où il y avait la deuxième salle de bain ainsi que les chambres. La mienne était assez simple merci donc on y passa rapidement.

SKY : «  La chambre de Lolott, il l’adore! Je me suis amusée à lui peindre tous les personnages de dessins-animés qu’il préfère! »

Je souris à Colton avant de lui faire signe de me suivre, ouvrant la seule et unique porte qu’il n’avait pas traversé encore. Je lui présentai la chambre de Cassandra, Xavier et Loïc. C’était important pour moi de leur faire UNE CHAMBRE même si elle n’allait probablement pas autant servir que celle d'Elliott qui était plus souvent ici que les autres. En fait, ils n’étaient pas encore venu ici.

SKY : « Je me suis dis que s’ils veulent venir dormir ici, ou bien si tu me demande de les garder une soirée, ils auront leur espace à eux… C’est mon idée et c’est mon père qui a construit le tout avec son ami. »

J’avais également fait des charmants dessins amusant sur les murs et c’était une chambre d’enfant vraiment chouette. J’aurais aimé qu’ils aient chacun leur chambre mais la maison ici n’était pas aussi grande que celle de Colton, de celle...que nous avions.

sky et colton.

Comme n’importe qui, j’aurais voulu que les choses se passent autrement. Je n’ai pas voulu que Julia meurt aussi jeune et de manière si tragique. Je n’ai pas voulu que Xavier soit malade. Je n’ai pas voulu que mon fils Loïc soit malheureux. Je n’ai pas voulu que ma femme ait le cancer, je n’ai pas voulu la rendre malheureuse, je n’ai pas voulu tout ce qui s’est passé entre nous. Je n’ai pas voulu que nous en soyons rendus là aujourd’hui, c’est-à-dire à une signature d’être divorcés, de vivre séparément. La vie n’est pas toujours rose et ne le sera jamais. Ma femme est enceinte, sur le point d’avorter et Brooke est enceinte de moi. C’est tellement ironique, je me sens comme dans un téléfilm mauvais qui passe l’après-midi sur une chaîne de télévision de matantes.

Le rendez-vous n’est pas tout de suite, j’ai amplement le temps de connaître l’endroit où vit mon garçon puisqu’on s’entend qu’il passe beaucoup plus de temps avec Sky qu’avec moi. Je sais qu’il est jeune, mais je ne sais pas comment qu’il se sent face à tout ça. Est-ce que je lui manque? Est-ce qu’il s’ennuie tout seul ici alors qu’avant il avait ses deux demi-frères et sa demi-sœur avec lui 24 heures sur 24? Je pense que je vais lui demander la prochaine fois qu’il sera avec moi. Bref, Sky le fait visiter l’endroit et m’explique que son amie de le Londres vit dans son sous-sol. Au moins, elle n’est pas seule, c’est bien.

Nous montons à l’étage et nous entrons dans la chambre de notre fiston. Il a une très belle chambre. Il ne doit pas s’ennuyer ici, d’autant plus qu’il y a effectivement tous les petits bonhommes qu’il aime de dessinés au mur. Il n’y a pas de doute, fiston toi être bien ici.

COLTON : « WoW, c’est beaucoup de détails! Ça dû te prendre un temps fou pour faire tout ça. C’est vraiment beau, bravo. »

Nous sortons de la chambre avant d’entrer dans une autre pièce qui se trouve à être une chambre avec trois lits, dont un surélevé dans les airs. Elle a fait ça pour les trois plus vieux. C’est beaucoup trop, elle n’aurait pas dû, mais j’en suis touché parce que ça prouve qu’elle aime les enfants parce que sinon elle ne leur aurait jamais fait une chambre pour eux.

COLTON : « Ah ben là, crois-moi qu’ils ne voudront plus venir dormir chez moi. Ils me diront que c'est beaucoup trop "cool" chez toi. »

Je souris et je me permets de venir m’allonger sur le lit de gauche. En plus d’être fou comme endroit c’est confortable.

COLTON : « Confortable en plus de ça! Je ferais bien une petite sieste ici! »

sky et colton.

Eliott aura 3 ans en février et oui, des fois il se pose des questions. Il se demande pourquoi nous avons une autre maison où son papa ainsi que ses frères et sa soeur n’y sont pas. Ce n’était déjà pas facile de vivre un divorce, et ce l’était encore moins quand il était question des enfants. J’essayais d’expliquer les choses du mieux que je le pouvais à mon fils mais du haut de ses presque 3 ans, je n’étais pas certaine qu’il comprenait réellement. Quoi qu’il en soit, j’osais bien espérer que ça ne l'affecte pas énormément. Je voulais bien faire les choses et que jamais au grand jamais, mon fils ait l’impression de manquer de quoi que ce soit. Naturellement, ça sera une autre histoire lorsque Colton aura prit sa décision de partir pour Boston. Mais ça, nous n’en avions pas encore discutés lui et moi. Pour l’instant, valait mieux se changer les idées car ça allait être une journée difficile en émotion. Colton me demanda de lui faire visiter ma maison, je fus surprise par sa demande car je n’aurais pas pensé que ça l’intéresserait réellement mais ça me faisait plaisir de lui faire un petit tour rapide du propriétaire. J’avais acheté cette maison moi-même, avec mon argent, comme une vraie femme indépendante. C’était beau, c’était assez neuf et j’étais bien ici, avec ma meilleure-amie et Eliott. Naturellement, c’était différent de ce que j’avais avec Colton et rien ne pouvait se comparer à ce niveau.

Une fois au rez-de-chaussé, c’est bien fièrement que je montrai à Colton les peintures que j’avais fais sur le mur de la chambre de notre fils. C’était des bonhommes qu’il aimait et il adorait sa chambre plus que n’importe quelle pièce ici, ce qui était normal aussi. Mon mari connaissait ma grande passion pour la peinture puisqu’avant que je ne tombe enceinte d’Eiiott, sa chambre à l’autre maison avait été mon atelier pendant un bon moment.

SKY : « Pas mal oui, mais je me suis bien amusée donc c’était vraiment pas une tâche! Merci! J’ose espérer qu’il continue à aimer ces dessins animés un petit moment par contre! »

Je n’allais pas recommencer ça dans 2 mois, ça c’était certain. Il allait devoir endurer sa chambre un petit moment quand même. Puis, ce fut le tour de montrer à mon mari la chambre des autres enfants car c’était important pour moi, qu’ils aient également leur chambre chez moi. Je le disais et je pouvais le répéter continuellement : dans mon coeur, c’était mes enfants également. Le commentaire de Colton à propos de la chambre m’arrache un sourire.

SKY : « La compétition du parent le plus cool est ouverte Mccarthy! » dis-je en lui donnant un petit coup de fesse.

C’était des blagues, naturellement. On avait toujours eu cette mentalité qu’on était ‘’une équipe’’ lui et moi et je voulais réellement que cette manière de pensée persiste, malgré notre divorce imminent.

SKY : « Je vais pas non plus les faire dormir sur de la brique! » dis-je en souriant à Colton qui semblait être confortablement installé dans un des petits lits. « Si tu veux, j’te chargerai un prix la nuit si t’as envie de venir profiter du confort de temps en temps! » lâchais-je à la blague.

Je m’installai sur le bord du lit sur lequel il était couché. Ce fut un petit instant de silence, rien de malaisant, où je sentis sa main venir me caresser le dos tout doucement. Ça faisait du bien mais en même temps, cette affection fit remonter un peu d’émotion jusqu’à mes yeux et ma peine se transforma en larmes que je tentai de sécher immédiatement du revers de ma main.

SKY : « Excuse-moi, j’ai pas vraiment dormi cette nuit et… enfin, ça me fait de la peine malgré tout ce qui va se passer tout à l’heure. C’est juste… c’est juste pas facile! » soupirais-je en tournant la tête pour croiser son regard tout doucement.

sky et colton.

Ce n’est pas toujours évident d’expliquer les choses aux enfants, de trouver les bons mots pour qu’ils comprennent une situation sans donner trop de détails. Tout ce qu’un enfant désire c’est de grandir et d’apprendre de nouvelles choses. Un enfant n’a pas à se soucier des problèmes des adultes. Mes quatre enfants n’ont pas à comprendre les choses en détails. Je leur explique la base et c’est bien assez. Je ne veux pas que mes enfants se sentent responsables de tout ce qui se passe parce qu’ils n’ont pas à se sentir coupables. Je sais que la majorité des enfants se sent toujours coupable de la séparation de leurs parents. Nous nous en sortirons tous parce que nous ne sommes pas les premiers et non plus les derniers à vivre cette situation difficile.

Visiter la jolie maison de Sky est quelques chose n’important pour moi parce que malgré ce qu’elle pense, je m’intéresse à ce qu’elle vit. Je ne me fiche pas d’elle et jamais je me ficherai d’elle. Je suis fier d’elle, fier de la femme indépendante qu’elle est, qu’elle a toujours été même si je lui ai longtemps reproché d’être trop souvent au travail comme sa mère. Ce n’était pas une remarque pour être méchant, c’était une simple constatation. Bref, notre fiston a une bien belle chambre et j’espère pour elle que dans quelques mois il ne changera pas de passion parce que nous savons parfaitement que les enfants changent assez rapidement de passions. Avoir fait des dessins sur le mur est quelque chose de très long, quelque chose d’unique. C’est beaucoup de temps et de détails. Personnellement, je suis mauvais en dessin alors jamais je n’aurais pu faire une telle chose et même avoir eu le talent je n’ai pas la patience.

Mes enfants vont adorer leur « chambre ». Je suis touché qu’elle ait pris une pièce de sa maison pour aménager une chambre pour les enfants. Après tout, elle aurait pu les faire dormir au salon s’ils viennent dormir chez elle de temps en temps. Il est évident qu’ils ne voudront pas dormir chez moi lorsqu’ils auront vu cette belle chambre. Sky gagne haut la main le concours du parent le plus cool. Je ne suis pas cool et les chambres de mes enfants sont bien simples à côté de celle-ci.

COLTON : « Non, mais des fois laisse-moi te dire que ça leur ferait du bien de dormir sur de la brique lorsqu’ils ne sont pas du monde. »

Dis-je en étant allongé sur le lit, caressant le dos de Sky qui vient de s’asseoir non loin de moi. Rapidement, je me rends bien compte qu’elle a les larmes aux yeux, qu’elle pleure. Cela se confirme lorsqu’elle se tourne pour me regarder. Je me redresse pour être assis sur le bord du lit et je lui prends la main.  Je n’aime pas la voir comme ça, la voir pleurer.

COLTON : « Tu sais, il n’est pas trop tard pour annuler. Nous ne sommes pas parties et même si nous étions parties, nous pourrions annuler le tout au dernier moment. J’aurais vraiment aimé avoir cet enfant avec toi, mais je sais que la décision ne me revient pas parce que c’est toi qui le porte ce bébé et que je ne peux pas te forcer à le garder si tu ne le veux pas. Nous aurions pu donner un vrai petit frère ou une vraie petite sœur à Eliott. »

sky et colton.

Ça me faisait plaisir de montrer à Colton ma nouvelle maison, particulièrement la chambre que je m’étais occupée particulièrement de faire pour ses enfants, qui étaient, indirectement les miens aussi. Ça faisait bizarre toutefois de se dire qu’on était rendu là : à ne plus vivre ensemble lui et moi alors qu’on s’aimait encore. C’était compliqué mais c’était ce qu’on avait décidé pour le moment : vivre séparément car je ne pensais sincèrement que j’étais incapable de le rendre heureux désormais. Quoi qu’il en soit, le cher monsieur ne se gêne pas pour se coucher dans l’un des petits lits et ce qu’il me dit par rapport aux lits de briques me fait rire.

SKY : « Hahaha t’es horrible. Et leur faire manger que du pain sec pendant une semaine avec ça? »

Bon, ce n’était pas toujours facile avec quatre enfants, je savais de quoi je parlais également car mine de rien, c’était moi qui s’en étaient occupés continuellement pendant que Colton était dans le coma. Je pris place sur le coin du lit, devenant aussitôt émotionnelle lorsqu’il se mit à me caresser le dos tout doucement. Disons que je n’avais pas beaucoup dormi et j’avais les émotions à fleur de peau en sachant ce qui m’attendais pour la suite de la journée. Je décidai de me confier à Colton mais au final, ce ne fut peut-être pas une bonne idée car ce qu’il était en train de me dire, me fit serrer mon coeur vraiment fort.

SKY : « Colton, me dis pas quelque chose comme ça… s’il te plaît. On… on peut pas, c’est vraiment pas une bonne situation pour ça et tu le sais aussi. J’ai pas envie que ça soit compliqué et puis, tu quittes la ville et… et il y a cette autre femme aussi. Je, non… »

Je me levai du lit en secouant la tête, séchant mes larmes. Je ne voulais pas qu’il ajoute quoi que ce soit car ma décision était prise et il allait me remettre dans le doute et c’était pas ce que je voulais. Nous étions à une signature de ne plus être mari et femme. Comment pouvons-nous élever un autre enfant alors qu’on était même pas capable de se se rendre heureux l’un l’autre? Ça me semblait impossible à vrai dire, déjà que c’était pas facile la garde partagée. Ça serait quoi avec deux enfants? Non…

SKY : « Allez, viens, c’est l’heure de partir. »

Je quittai la chambre pour retourner au rez-de-chaussé. Je ne voulais pas cacher que j’étais encore plus à l’envers parce qu’il venait de me dire, même si techniquement, c’était assez évident.

sky et colton.

Il est important pour moi de savoir où vit mon enfant pendant qu’il n’est pas avec moi à la maison. Comme n’importe quel parent, je suis curieux de le savoir et c’est totalement normal. Sky ferait sans doute la même chose si c’est moi qui avait une nouvelle maison et je lui ferais visite avec grand plaisir. Je ne fais pas ça pour l’espionner, je le fais pour rassurer le papa-poule que je suis.

Il faut parfois montrer à nos enfants qu’est-ce que la vraie misère. Mes enfants sont souvent turbulents, le silence à la maison ça n’existe pas. Il y a de la vie dans une maison avec trois et même quatre enfants qui courent, crient et rient. Ce n’est pas toujours facile lorsque les garçons décident de faire peur à Cassandra. Ils la font souvent pleurer et crier la pauvre petite. Elle est toute seule comme fille au milieux de trois garçons. Une chose est certaine c’est qu’elle aura toujours trois frères pour la défendre et la protéger à l’école.

COLTON : « Je n’y avais pas pensé! »

On s’entend que jamais je ferai une telle chose à mes enfants, mais c’est un truc qui pourrait être intéressant à expérimenter lorsqu’ils seront des adolescents et qu’ils ne diront qu’il n’y a rien à manger dans le frigo alors que celui-ci est plein.

Dans la chambre pour mes trois plus vieux, je regarde Sky et je lui explique qu’elle pourrait donner la vie à cet enfant qu’elle porte. Je ne sais pas si elle se rend compte de la chance qu’elle a d’avoir encore des règles alors que plusieurs femmes deviennent ménopausées avec leurs traitements. Elle a la chance, la possibilité d’avoir un autre enfant. J’aimerais qu’elle le garde, mais si elle ne se sent pas prête, si elle croit qu’elle n’en a pas la force je ne peux pas la forcer et tout ce que je peux faire c’est d’accepter son choix.

COLTON : « Les seules femmes que j’ai dans ma vie c’est ma fille, ma mère, ma sœur et toi, personne d’autre que vous quatre. »

Je ne suis pas avec Brooke et ce même si elle est enceinte de moi. C’est arrivé une fois et elle est tombée enceinte, ce n’était pas planifié, ce n’était pas voulu. C’est un accident et je vais en prendre mes responsabilités parce que je suis un homme bien, je ne suis pas un salaud. Je me lève donc et je la suis au rez-de-chaussée où je m’arrête pour lui prendre les mains.

COLTON : « Je t’aime. »

sky et colton.

Visiblement, la chambre des enfants a fait fureur avec le père, restait plus qu’à voir si les trois autres partageaient son avis là-dessus. J’aurais aimé leur offrir plus d’espace mais le nombre de chambre était restreint dans la maison donc bon, c’était mieux que rien non? Quoi qu’il en soit, les lits étaient confortables, on s’y installa un bref moment, Colton et moi. C’est à ce moment, après un petit silence que l’émotion prit sur moi, au point où je n’arrivais pas à me contrôler. C’était quand même la vie d’un futur bébé que j’allais éteindre, d’un bébé que j’aurais pu avoir si les choses avaient été différentes avec Colton. Oui, il y avait encore ma fin de traitement pour mon cancer mais le plus gros de tout ça, c’était vraiment notre divorce. Je me voyais pas avoir cet enfant, ça aurait l’air de quoi notre vie? Il me semblait que c’était déjà assez compliqué comme ça non? Fallait pas en plus en inclure un enfant de plus là-dedans à mon avis. J’avais quitté la chambre, en entendant toutefois bien qu’il tentait de me faire comprendre qu’il n’y avait pas de nouvelle femme dans sa vie. Ça avait donc été simplement une histoire d’un soir tout ça? Visiblement! Une fois au rez-de-chaussé et alors que je récupérais mes choses, prête à quitter la maison, Colton vint me rejoindre, me prenant les mains en me disant qu’il m’aimait. Mes yeux se fermaient quelques secondes car autant que ça faisait du bien d’entendre ça, autant que ça me faisait du mal en même temps. Mes mains dans les siennes, j’en profitai pour le tirer vers moi dans le but de me fondre dans ses bras quelques instants. Je restai immobile, à simplement profiter de cette proximité et du fait que j’étais chanceuse de l’avoir toujours dans ma vie malgré tout.

SKY : « Je te mérite tellement pas! » soufflais-je en me décollant tout doucement de lui.

Je croisai son regard puis, j’ouvris la porte pour que nous quittions tous deux vers sa voiture. Je pris une grande respiration de l’air frais avant d’y entrer, regardant par la fenêtre le paysage qui passait à toute vitesse en essayant de me changer les idées pendant la route jusqu’à la clinique mais impossible, j’avais encore le coeur gros. J’avais tellement peur de regretter. En se stationnant, je pris un petit moment avant d’y entrer, mon rendez-vous était encore dans une quinzaine de minutes de toute façon. Je me détachai pour je me tournai vers Colton.

SKY : « J’ai vraiment besoin que tu me dises que je prends la bonne décision Colton, j’ai vraiment besoin que tu me dises que c’est la meilleure chose à faire, s’il te plaît! »

Je me sentais seule là-dedans, c’était un secret qu’entre lui et moi et j’avais tellement l’impression que j’étais la seule au final, à vouloir mettre fin à ma grossesse alors qu’on savait tous deux que c’était tout simplement ridicule d’avoir un autre enfant ensemble.

SKY : « Je suis désolée d'ailleurs, si au fond, c'est pas ce que tu veux... J'ai l'impression que peu importe ce que je fais, je serai jamais à la hauteur de toi. » 

sky et colton.

Cette chambre est tout simplement plus que parfaite. Il est évident que les enfants vont adorer parce que moi-même je l’adore. Je suis presque jaloux de cette magnifique chambre. À l’âge de mes enfants, j’aurais plus qu’adorée d’avoir une chambre comme la leur. Il est une évidence qu’ils ne voudront plus revenir dormir chez moi après ça... même Loïc risque de ne plus vouloir revenir alors que celui-ci n’a jamais été proche de Sky. Je ne sais pas si un jour il sera proche d’elle. Personnellement, j’ai l’impression que non, mais bon ce n’est pas non plus la fin du monde. Je tente de régler es problèmes de mon garçon du mieux que je peux. Il va bien depuis un an, mais je sais qu’il reste fragile et sans doute qu’il le sera toujours.

Nous descendons puisqu’il semblerait que ce soit le temps pour nous de partir. Il est important pour moi de lui dire que je l’aime parce que je ne veux pas qu’elle pense que je ne l’aime plus. Je l’aimerai toujours, à la vie, à la mort peu importe ce qu’elle pense. Un avortement ce n’est pas rien et je sais que ça l’affecte énormément tout comme ça m’affecte moi aussi. Je la regarde donc dans les yeux alors qu’elle me dit qu’elle ne me mérite pas. Pourquoi dire une telle chose? Elle le mérite autant que je la mérite. Nous sommes faits pour être ensemble malgré ce moment difficile entre nous. Nous ne pouvons pas se laisser abattre quand même. Nous valons beaucoup plus que ça, non?!

COLTON : « Tu me mérites plus que n’importe qui, je ne veux plus jamais t’entendre dire ça mon amour. »

Dis-je en la regardant.

La route entre la maison et l’hôpital est plutôt longue en raison de ce silence qui vit dans la voiture. C’est pour détendre un peu l’atmosphère que j’ouvre la radio jusqu’à ce que nous arrivions à destination. Je stationne la voiture et je coupe le moteur avant de tourner la tête vers la femme que j’aime. Ce qu’elle me dit me fend le cœur. Je prends d’ailleurs une grande respiration pour ne pas craquer parce que ce n’est pas le moment idéal. Je suis l’homme, je suis supposé être fort, mais j’avoue que présentement c’est difficile de l’être parce que Sky me demande de lui dire quelque chose que je ne peux pas lui dire.

COLTON : « J’aimerais te le dire, mais je ne suis pas capable de te le dire. Tout ce que je veux c’est que tu sois heureuse, que tu ne regrettes pas ta décision. Ton bonheur passe avant tout. »

Je ne peux pas lui mentir en lui disant qu’elle fait le bon choix si je ne le pense pas. Qui suis-je pour lui dicter quoi faire?!

COLTON : « En as-tu parlé à ton médecin? Qu’est-ce qu’il t’a dit? Que c’était mieux d’y mettre un terme pour sa santé et son développement ou est-ce qu’il n’a rien dit de tout cela? Tu sais que j’attends uniquement que nous revenions ensemble tous les deux. Toi, moi, les enfants, une belle petite famille, notre petite famille. »