Ca l'épuisait, tout ça, le fait que Chris se pose des questions. Et peut-être bien que si ça le fatiguait autant, c'était parce que tout au fond de lui-même, il savait très bien que son ami avait raison. Il comprenait très bien qu'il y avait un problème quelque part. Mais il avait refoulé tout ça, il y a bien longtemps d'ailleurs. A quoi cela pouvait-il servir de se faire du mal avec des idées de ce genre, alors qu'il pouvait simplement se voiler la face et se persuader que tout allait bien dans sa vie, pour au moins ne pas trop souffrir. Alors la partie de lui qui comprenait tout ça, elle s'était planquée bien au fond, et il l'ignorait entièrement. Il était persuadé à cent pourcent de ce qu'il disait, de toute façon, et il s'y accrochait comme à une bouée de secours. Il ne pouvait pas souffrir, tant qu'il se persuadait que c'était normal. Alors sa colère à ce moment-là, elle venait surtout de là, parce qu'il sentait le danger, et il ne comprenait pas pourquoi Chris voulait le faire souffrir. Peut-être que Chris lui-même ne comprenait pas que tout ça, que prendre conscience de la réalité, ça risquait de détruire Erwan. Il ne devait pas s'en rendre compte. Alors, le jeune homme se murait dans ses convictions, se protégeait inconsciemment, comme il le pouvait. Chris eut la violente réaction de claquer son poing dans le mur, et Erwan sursauta, très subtilement. Penses-tu sérieusement ce que tu viens de dire Erwan? Evidemment qu'il le pensait. Ses réactions, tous les détails possibles de son attitude avec un client, ça n'avait pas d'importance. C'était des petits fragments de pensées et il ne voulait pas que Chris en tire des conclusions. Ce qu'il pensait pendant qu'il travaillait, ça n'avait pas d'importance. Il hocha la tête, pour répondre positivement. Moi je ne m'en fou pas Erwan! Ce que j'ai vue dans tes yeux et entendus dans ta voix, c'est NON bordel! T'était pas là, t'étais même pas dedans putain, t'en avait pas envie merde! Il s'énervait encore, et son poing heurta le carrelage. Il allait se blesser, et Erwan était partagé entre sa colère et son envie de le supplier d'arrêter ça, parce qu'il ne voulait pas qu'il se casse quelque chose. En temps normal, il se serait bien plus soucié de la main de Chris, mais là, la colère et la peur étaient trop présentes, envahissantes. Il avait envie d'exploser, de devenir lui aussi un monstre de rage, comme il en avait connu tellement et en connaissait encore. Ces gens qui n'hésitaient pas à hurler, à érailler leur voix et cracher au visage des autres. Ceux qui frappaient dans les murs ou les objets, qui explosaient. Il aurait voulu exploser, et peut-être que ça allait arriver, parce que plus Chris parlait, et plus ses mots étaient dénués de sens. Plus il réalisait que Chris ne comprenait rien à sa vie. T'es pas un putain d'objet Erwan, t'as des sentiments merde, il faut les respecter! Je comprends pas que tu puisses t'en foutre autant! ajouta encore Chris. Ce fut peut-être la cerise sur le gâteau, la goutte de trop. « Non tu comprends pas ! » il sortit, déchiré par la colère, une rage désespérée plutôt qu'agressive. « Tu crois que les types qui me baisent tous les soirs me font tous envie ? Tu crois qu'ils m'excitent tous ? C'est ce que tu penses... que tout le temps, j'prends du plaisir avec tous ces hommes » il lança, parce que visiblement, c'était ce que Chris s'imaginait. « C'est pas ça le métier de pute, Chris ! C'est pas du sexe comme... toi et moi ! C'est autre chose, c'est différent, c'est un travail et un service et parfois c'est pas agréable mais faut le faire quand même ! » C'était dingue, et il réalisait que Chris avait une image complètement idéalisée de la vie. Il ne comprenait pas la réalité, il devait s'imaginer qu'Erwan aimait énormément le sexe, qu'il était comme ces personnes qui sortaient tous les soirs pour faire des rencontres et s'envoyer en l'air avec des inconnus. Mais non, Erwan travaillait, et travailler ce n'était pas toujours agréable, mais même les choses désagréables, il fallait les faire. « Pourquoi t'essayes de me convaincre que mon travail est mauvais pour moi ? Tu peux pas me faire ça Chris ! » il termina, à la fois en colère, mais aussi blessé, et c'était un cri de détresse, une plainte. Il voulait que tout ça soit oublié, rapidement, pour ne pas que les paroles de son ami puissent lui mettre le moindre doute. Pour ne pas souffrir.

Il ne comprenait pas comment son ami pouvait ne pas comprendre sa façon de penser. Il venait d'être violé sous ses yeux et cela n'avait pas l'air de l'affecter plus que cela. Pire encore, Il trouvait cela normal. Chris entendait bien que son ami avait une part enfantine en lui, mais là, il avait surtout besoin d'être secoué. Alors, il essaya encore et encore de le raisonner, de lui dire que c'était mal. On pouvait aimer coucher avec des gens, mais on ne pouvait pas accepter de se faire violer. « Non tu comprends pas ! » il sortit désespéré. « Tu crois que les types qui me baisent tous les soirs me font tous envie ? Tu crois qu'ils m'excitent tous ? C'est ce que tu penses... que tout le temps, j'prends du plaisir avec tous ces hommes » il lança alors touchant dans le mille le coeur de Chris. « C'est pas ça le métier de pute, Chris ! C'est pas du sexe comme... toi et moi ! C'est autre chose, c'est différent, c'est un travail et un service et parfois c'est pas agréable mais faut le faire quand même ! » Chris regarda alors son ami dans les yeux et y lut toute la vérité de ses paroles, ce qui l'attrista et l'enragea encore plus. S'il n'aimait pas son travail, pourquoi y restait-il? S'il préférait le sexe entre eux, alors pourquoi ne lâchait-il pas son boulot pour rester avec lui? « Pourquoi t'essayes de me convaincre que mon travail est mauvais pour moi ? Tu peux pas me faire ça Chris ! » il termina en laissant paraitre toute sorte d'émotions qui bouleversèrent encore plus Chris. "Mais si tu n'aimes pas ton travail, quitte le!" Dit-il alors un peu a bout. Il était sincère en disant cela mais, il voyait qu'Erwan allait protester et lui trouver encore une excuse à la con. Il l'interrompis alors et enchaina. " J'ai quitter mon travail parce qu'il ne me satisfaisait plus, t'as peut-être pas les moyens  mais je suis là pour t'aider! Ma maison t'es grande ouverte, t'as juste a dire stop Erwan! Quitte ton travail et viens à la maison! Tu pourras tout recommencer de zéro sans personne pour te dire ce que tu dois faire! Tu aura tout le temps de réfléchir à ce que tu veux faire! Tu pourras même te prendre des vacances, on pourra partir à la montagne ou à la mer! Juste tout les deux!" Dit-il désespéré, complètement à court d'idée pour retenir le jeune homme. Il voulait juste qu'il admette qu'il avait raison mais tout ça était en train de partir complètement en live. Il pensait qu'Erwan aimait son travail mais visiblement c'était tout le contraire. "Dit moi ce que tu veux Erwan."

Erwan était débordé par ses émotions, par tout ce qui se bousculait dans sa tête en entendant les mots de Chris, et voilà qu'il explosait et en révélait un peu trop. C'était bien plus qu'il n'en avait dit jusque là, et pour la première fois il parlait de son vrai ressenti vis-à-vis de son travail. Jamais encore il n'avait évoqué son avis sur ses occupations, et Chris avait donc pu s'imaginer qu'il se plaisait au Birdcage, qu'il faisait ce travail parce que a le remplissait de joie. Erwan ne se qualifierait pas comme malheureux, il n'irait même pas jusqu'à dire qu'il souffrait de son job, mais il y avait des clients plus compliqués que d'autres, des nuits plus difficiles. Il était lui-même retourné faire le trottoir, alors qu'il n'avait pas besoin d'argent, et il avait atterri au Birdcage sans vraiment chercher à éviter ça. Alors bon, il n'en était pas au point de se lamenter, pas du tout. Il acceptait simplement les mauvais côtés, et les clients plus compliqués, et les nuits plus difficiles. Il le fallait. Alors effectivement, il avait pour habitude de laisser les choses se faire, d'être passif et de laisser la vie aller. Mais ce soir, il osait tout de même faire comprendre à Chris que son quotidien n'était pas tout rose, que les centaines de types qui le baisaient n'étaient pas tous beaux et gentils. Dans un dernier cri du coeur, il lui demanda encore de cesser de tenter de le convaincre. Mais si tu n'aimes pas ton travail, quitte le! Mais non, c'était impossible. Erwan secoua la tête, s'aprêtant même à répondre, mais Chris reprit. J'ai quitter mon travail parce qu'il ne me satisfaisait plus, t'as peut-être pas les moyens mais je suis là pour t'aider! Ma maison t'es grande ouverte, t'as juste a dire stop Erwan! Quitte ton travail et viens à la maison! Tu pourras tout recommencer de zéro sans personne pour te dire ce que tu dois faire! Tu aura tout le temps de réfléchir à ce que tu veux faire! Tu pourras même te prendre des vacances, on pourra partir à la montagne ou à la mer! Juste tout les deux! fit Chris, désespéré, et c'était un beau discours. Ca donnait envie à Erwan de tout plaquer, d'aller vivre avec lui. Ca donnait envie, mais pas au point de lui faire croire une seule seconde que c'était une possibilité. Sa vie était au Birdcage désormais, sa vie c'était se faire baiser, parce que c'était là-bas qu'était sa place. Il avait cru une fois pouvoir vivre une vie normale, et il avait échoué de façon spectaculaire. A quoi ça servait de se laisser emporter par l'espoir si c'était pour que tout retombe soudain ? Dit moi ce que tu veux Erwan. C'était comme une dernière tentative, une supplique désespérée. Ce qu'il voulait ? Il n'en savait rien du tout, il avait cessé il y a bien longtemps de se projeter dans l'avenir, de faire des plans, de désirer quoique ce soit qui de toute façon n'était pas voué à arriver. Il ne voulait rien de dingue. « Je veux... rien de plus que ce que j'ai déjà » il répondit simplement, doucement, haussant les épaules. « Ma vie est pas extraordinaire, mais ça me va comme ça, Chris... et de toute façon, je peux rien y changer » il répondit, un peu triste, parce que c'était comme refuser quelque chose, c'était le sentiment qu'il avait. Il s'approcha lentement de Chris pour le prendre dans ses bras. « Je veux juste... que tu viennes la semaine prochaine... ou dès que tu peux. Je veux qu'on se revoie » il souffla doucement, avant de s'éloigner à nouveau. « J'ai besoin de toi, tu rends ma vie un peu plus facile là-bas » il avoua enfin, ayant le sentiment de lui avoir déjà dit quelque chose de semblable.

Pourquoi cette relation entre Erwan et lui qui était aussi simple, était en train de devenir compliqué? Chris était en train de griller littéralement ses neurones pour essayer de le comprendre. Il voulait aussi lui faire comprendre que le viol, c'était mal et qu'il pouvait s'il le voulait quitter son travail et venir chez lui. La porte lui était grande ouverte et Chris l'accueillerait avec grand plaisir. Erwan était quelqu'un de spécial qui comptait énormément à ses yeux, il ne pouvait et ne pourrait jamais le laisser tomber. Tout ce qu'il voulait dans le fond, c'était le protéger. Mais là, il ne comprenait pas la réaction du jeune homme. Si ce dernier n'aimait pas son travail, pourquoi y restait-il bon sang? clairement à bout, il demanda à son ami ce qu'il voulait. C'était comme un appel, un cri du coeur désespéré qui lui demandait clairement la solution. « Je veux... rien de plus que ce que j'ai déjà » il répondit simplement en haussant les épaules ce qui n'aidait pas du tout le jeune homme a comprendre. Il attendit néanmoins voir s'il y avait une suite. « Ma vie est pas extraordinaire, mais ça me va comme ça, Chris... et de toute façon, je peux rien y changer » D'une voix un peut tristounette ce qui désarçonna Chris. Il ne comprenait pas vraiment Erwan. Celui ci lui disait qu'il n'aimait pas son métier mais il lui avouait qu'il aimait bien sa vie comme ça!? C'était totalement contradictoire! Il vit le jeune homme s'approcher ensuite et le prendre dans ses bras. Il le serra alors pendant qu'il lui parlait et inspira sa douce odeur.  « Je veux juste... que tu viennes la semaine prochaine... ou dès que tu peux. Je veux qu'on se revoie » il souffla doucement, avant de s'éloigner à nouveau. « J'ai besoin de toi, tu rends ma vie un peu plus facile là-bas » Face à ses paroles, il sent l'émotion lui monter, mais il se retint. À la place, il préféra embrasser le jeune homme. Un long baiser doux mais qui montrait la puissance de ce qu'il ressentait. "Moi aussi j'ai besoin de toi Erwan, sans toi, je suis clairement rien! Tu m'a redonner l'envie de vivre!" Avoua-t-il alors en regardant le jeune homme dans les yeux. Mais cela ne changeait malheureusement rien a la situation. Chris ne pouvait pas accepter ce qu'il c'était passé quelques instant plus tôt. Il pris alors le visage du jeune homme dans ses mains et, après l'avoir regarder un long moment, il ajouta : " Il n'empêche que ce qui c'est passer plus tôt avec ton client c'est mal Erwan et je ne peu pas l'accepter! Il a profité de toi alors que tu as dis non bon sang!" IL caressa son visage de nouveau et lui demanda " Donne moi une bonne raison de croire que cela ne se reproduira pas! Que quand tu dira non, tu fera tout pour les repousser et leur faire savoir que non, c'est non!"

Ce qu'il voulait ? Ca faisait bien longtemps qu'il avait cessé de se poser cette question. Il vivait au jour le jour et essayait de survivre à chaque journée, d'en tirer ce qu'il pouvait de bon, et de mettre derrière lui le mauvais. Voir Chris une fois par semaine était son petit moment de bonheur, une présence tendre et bienveillante dans sa vie compliquée. Il était seul la plupart du temps, n'avait personne au Birdcage, à part peut-être son ami Janko, et menait une vie solitaire. Une fois par semaine, il se retrouvait en totale sécurité et en très bonne compagnie. Mais si ce bonheur était constant, alors sans doute que ce ne serait plus exactement le bonheur ? Les soirées avec Chris étaient exceptionnelles, spéciales, et il adorait attendre impatiemment que son ami vienne le chercher, les soirs où c'était arrangé ainsi. Puis, pendant les six nuits suivantes de la semaine, il pouvait se passer n'importe quoi, Erwan le vivrait bien, parce qu'il savait déjà que Chris allait le chercher bientôt, et que ce serait une belle nuit avec lui. Sa vie n'était pas parfaite, en effet, mais rien que ça, ça lui suffisait. Il ne voulait rien de grandiose ou d'extravagant, juste ce qu'il avait déjà. Ce n'était pas comme s'il pouvait se permettre de vouloir quoique ce soit d'autre. Sa place était au Birdcage. Il terminait sa petite explication après le câlin, et Chris s'approcha pour l'embrasser doucement. Erwan se laissa faire, un peu dépassé par tous ces bisous. Moi aussi j'ai besoin de toi Erwan, sans toi, je suis clairement rien! Tu m'a redonner l'envie de vivre! C'était beau d'entendre ça, et Erwan se sentait important et utile pour quelqu'un, ce qui n'était pas rien. Il osa un petit sourire, mais sans aller plus loin, car il savait que ça allait retomber. Il savait que Chris n'allait pas s'arrêter là et que leur conversation n'était pas finie. Il le sentait. Il sentait le "mais" arriver. Ce n'était pas un pressentiment agréable. Il n'empêche que ce qui c'est passer plus tôt avec ton client c'est mal Erwan et je ne peux pas l'accepter! Il a profité de toi alors que tu as dis non bon sang! Donne moi une bonne raison de croire que cela ne se reproduira pas! Que quand tu dira non, tu fera tout pour les repousser et leur faire savoir que non, c'est non! Et voilà que ça recommençait, encore des paroles qui n'avaient pas de sens. Chris faisait toute une histoire de quelque chose d'aussi insignifiant et stupide. Erwan allait bien, pourquoi est-ce que son ami s'entêtait à vouloir le convaincre que ce n'était pas le cas ? Il n'avait pas envie de douter à ce sujet. Il fit un petit pas en arrière, pour mettre une distance, parce que ce qu'il avait à dire, c'était difficile, ça allait être difficile à entendre. C'était la vérité brutale. « Une pute ça dit pas non. Là, c'est parce que t'étais là, ça m'a perturbé, j'aurais pas du dire non. Ca arrivera plus. » il dit catégorique, convaincu. On le lui avait assez répété pour que ça lui rentre dans la tête et dans la peau. Leo le lui avait assez répété encore et encore, et il l'avait fait en s'assurant qu'Erwan n'oublierait pas. Il avait eu raison. De toute façon, Erwan réalisait peu à peu au fil du temps que Leo avait eu raison sur beaucoup de choses. Il ne savait pas si c'était rassurant ou le contraire. « On peut oublier tout ça ? » il demanda, nerveux, parce que repenser à son ex, ça l'avait perturbé, et il voulait simplement ne plus penser à tout ça, ne plus rien remettre en question, vivre sa vie tout simplement.

Il était un peu perdu. Ce à quoi il venait d'assister venait clairement de le boulverser. Il avait vu et surtout entendu Erwan se faire violer, mais n'avait pas pu agir. Il s'en voulait pour être resté là sans rien faire, en voulait à Erwan pour ne pas avoir appelé à l'aide et en voulait surtout à ce connard de l'avoir violé. Cela avait brisé quelque chose en lui et sa petite bulle de bonheur avait explosé comme un ballon touché par une aiguille. Le jeune homme devant lui, à son plus grand désespoir, affirmait qu'il n'avait pas été violé. Chris avait envie de le secouer et de l'emmener très loin d'ici. Il avait envie qu'il vienne chez lui et que plus jamais il n'ait à vivre cela. Erwan avait pris beaucoup plus de place dans sa tête qu'il ne le pensait. Il ne voulait plus entendre ou voir ce genre de chose, il voulait le protéger comme on protège la chose la plus précieuse. Il lui demanda alors de lui promettre que cela ne se reproduirait jamais. Que la prochaine fois qu'il dirait non, il ferait arrêter la chose. Il ne voulait plus voir ce regard. Jamais. « Une pute ça dit pas non. Là, c'est parce que t'étais là, ça m'a perturbé, j'aurais pas du dire non. Ça arrivera plus. » il dit catégorique, convaincu ce qui désarçonna Chris d'avantage. Il ne comprenait pas comment Erwan pouvait dire cela! Cela le révoltait aussi. "Mais t'es pas une PUTE, t'es mon ami merde!" Il passa alors ses mains dans ses cheveux et essaya de trouver une solution. Pour le moment, il avait l'impression de tourner en rond, que chacun restait campé sur sa position. Il voulait lui faire comprendre que le viol était quelque chose de mal, qu'il fallait mettre un terme à quelque chose quand on disait non! « On peut oublier tout ça ? » il demanda avec de la nervosité dans la voix. Chris prit alors le visage d'Erwan dans ses mains et le regarda. Il chercha à trouer quelque chose dans son regard, un truc qui lui dirait, comment lui faire recouvrer la raison. Mais tout ce qu'il vit dans son regard lui donnait juste envie de le couver encore plus et de l'embrasser. Il ferma alors les yeux et prit une profonde inspiration. "J'peux pas..."dit-il a comme a bout de souffle. Ce qui était paradoxale puisqu'il venait de prendre une profonde inspiration juste avant. Il ne savait pas comment exprimer son ressenti alors il laissa parler son coeur avec des images plutôt explicites. " Imagine Elizabeth te dit qu'elle ne voulait pas coucher avec Edward mais qu'elle la fait quand même parce que c'est sa femme, tu considères ça aussi comme normal?" Dit-il en voyant le regard du jeune homme. " C'est comme si tu me disais non là tout de suite mais que je te prenait quand même Erwan! C'est pas normal!" Il se mordilla la lèvre en le regardant toujours dans les yeux. Il ne voulait pas le froisser, mais il fallait employer les grands remèdes. Alors que Chris allait lui dire autre chose, ils furent pris de court quand le client d'Erwan frappa à la porte. Chris, dans un dernier désespoir, attrapa le visage du jeune homme pour l'embrasser comme si sa vie en dépendait. Il le regarda ensuite un long moment et lui demanda : "Je peux pas passer a côté de ça, laisse moi prendre soin de toi et péter la gueule a cet enfoirée, viens vivre a la maison, arrête se métier de merde ou retourne avec lui mais nous ne nous reverrons pas avant un petit moment, le temps que je digère tout ça..."dit-il limite suppliant. La balle était dans son camps et Chris espérait que le jeune homme lui demanderait de partir avec lui...

Ils ne se comprenaient pas. N'avaient pas les mêmes idées, pas les mêmes principes, pas les mêmes histoires. Pourtant, Erwan était tellement convaincu d'avoir raison, parce que tout ce qu'il disait faisait sens. Smithson était son client ce soir, et c'était entièrement normal qu'il débarque dans les chiottes avec une envie de se faire du bien, c'était totalement normal qu'Erwan soit là pour le servir, et le seul élément perturbateur, c'était la présence de Chris. Parce que Chris n'aurait pas du être là, et sa présence avait perturbé Erwan. C'était la seule raison pour laquelle les choses s'étaient passées étrangement. Et heureusement, rien de grave n'était arrivé. Smithson aurait pu s'énerver, être agacé et lui promettre qu'il se plaindrait chez son boss. Il aurait pu sentir que quelque chose n'était pas normal et essayer de lui tirer les vers du nez, ou fouiller les toilettes. Heureusement, vraiment, que ce n'était pas arrivé. Tout allait bien, et il ne comprenait pas pourquoi Chris essayait tant de le convaincre qu'il y avait un problème. De toute façon, même s'il venait à réellement réaliser qu'il y en avait un, ça ne changerait rien, ça n'empêcherait pas sa soirée de finir avec ce type, et ça ne modifierait rien à sa vie. Pourquoi s'entêter alors ? Chris tenta de lui faire promettre qu'une prochaine fois, s'il n'en avait pas envie, il se défendrait, et encore une fois ils ne se comprenaient pas. Ce n'était pas la même réalité dans laquelle ils vivaient, alors Erwan lui répéta catégoriquement quel genre de personne il était et quelles étaient donc ses obligations. Mais t'es pas une PUTE, t'es mon ami merde! s'exclama Chris, et là, il était visiblement en déni total de la réalité. Il était peut-être son ami, mais il était aussi une pute. L'un n'empêchait pas l'autre. Du moins... il espérait. Il espérait que Chris resterait toujours son ami. Qu'il ne se retrouverait jamais sans lui. Il n'avait pas envie de répondre, ne voulait pas lui tenir tête, même s'il savait qu'il avait raison et que Chris se voilait la face. Il voulait juste passer à autre chose, sachant que bientôt il devrait retourner auprès de son client, et ne voulant pas quitter son ami sur une dispute. Chris saisit son visage, le regarda dans les yeux, et Erwan se laissa simplement faire, fixant Chris avec la même intensité. J'peux pas... il lâcha. Imagine Elizabeth te dit qu'elle ne voulait pas coucher avec Edward mais qu'elle la fait quand même parce que c'est sa femme, tu considères ça aussi comme normal? ... C'est comme si tu me disais non là tout de suite mais que je te prenait quand même Erwan! C'est pas normal! Ca n'avait rien à voir, et Erwan en voulait instantanément à Chris d'essayer de le convaincre de choses fausses en utilisant ses amis contre lui, avec des arguments et des situations qui n'étaient pas les mêmes. « Ca a rien à voir, je te dirais pas - » Il fut coupé par quelques coups à la porte. C'était Smithson. Agaçant d'ailleurs, de les couper en pleine discussion. « Je me sens pas bien, deux minutes... j'arrive » il dit, plus fort histoire qu'on l'entende. Il était si désespéré par tout ce qui était en train d'arriver qu'il n'eut même pas à simuler un malaise dans sa voix, celui-ci était naturellement présent. Il n'eut même pas l'occasion de terminer sa phrase, de s'expliquer, car Chris l'embrassa soudainement, comme si c'était la dernière fois avant un long moment. Ca peina Erwan autant que le baiser le rassura. Je peux pas passer a côté de ça, laisse moi prendre soin de toi et péter la gueule a cet enfoirée, viens vivre a la maison, arrête se métier de merde ou retourne avec lui mais nous ne nous reverrons pas avant un petit moment, le temps que je digère tout ça... Tout ça eut l'effet d'un coup de poignard. En plein dans son estomac. Est-ce que Chris était en train de lui demander de faire un choix ? Comment pouvait-il, et pourquoi ? Il n'y avait rien à digérer, tout allait bien, tout allait juste aussi bien que les mois précédents, mais Chris voulait s'éloigner de lui. Nous ne nous reverrons pas avant un petit moment, qu'il disait. Erwan le fixa, presque choqué, effrayé. « Comment ça on se verra pas avant un petit moment ? » Il avait peur de comprendre, il avait peur d'avoir très bien compris et que Chris allait prendre ses distances. Ca le paniquait. « Je- Je- » il tenta, incapable d'articuler une phrase, bégayant presque. Ce chantage lui faisait peur, et il resta simplement bloqué sur l'idée que Chris puisse le laisser. Ca semblait si facile pour lui, de simplement s'éloigner d'Erwan, de le laisser tout seul. « Je suis désolé, me laisse pas » il supplia, sous le choc de cette situation, en réalisant peu à peu tout ce qu'il avait à perdre. C'était un choix impossible à faire, et il n'y pensait même pas de toute façon. Quitter le Birdcage et aller vivre avec Chris, ce n'était pas la réalité. C'était un beau rêve, mais ça restait un rêve. Il devait arrêter de rêver, ça faisait bien longtemps d'ailleurs qu'il avait cessé, mais Chris depuis son arrivée dans sa vie n'arrêtait pas d'apporter un peu de rêve avec lui. C'était une mauvaise habitude, et Erwan devait se ressaisir. Il devait se contenter de la réalité, il ne méritait pas mieux et il n'était pas né pour avoir mieux. Tout ce qu'il pouvait espérer et la chose la plus précieuse qu'il puisse avoir, c'était simplement Chris, une fois par semaine. Sa petite dose de bonheur, il ne demandait rien de plus.

Le jeune homme n'avait pas l'air de comprendre où Chris voulait en venir. C'était pourtant simple, ce qu'il venait de voir là, quelques minutes auparavant n'étaient pas normales. Il comprenait bien qu'Erwan travaillait, mais il avait dit non et le client ne s'était pas arrêté. C'était ni plus ni moins qu'un viol et il voulait en faire prendre conscience au jeune homme. Il utilisa des images qui pourraient plus le marquer en prenant Elizabeth et Edward comme exemple même s'il savait que ce genre de chose n'était pas dans l'habitude du couple. Il voulait juste qu'Erwan imagine et qu'il comprenne. « Comment ça on se verra pas avant un petit moment ? » Chris se contenta de le regarder dans les yeux pour lui faire comprendre que même si cela le peinait, il était très sérieux. Cela lui ferait du mal de ne plus voir son ami chaque semaine, celui qui lui redonnait le sourire et lui donnait le courage de se lever chaque matin. Celui qui l'avait sorti de sa dépression et l'avait fait redevenir un homme normal. « Je- Je- » il tenta, incapable d'articuler une phrase, bégayant presque. « Je suis désolé, me laisse pas » Supplia-t-il ce qui fit quelque chose a Chris. Il encadra alors son visage et l'embrassa de nouveau pour effacer cette peur sur son visage. Il voulait le revoir sourire, le voir heureux comme il l'était quand ils étaient ensemble. Mais il voulait le bien de son ami aussi, lui ouvrir les yeux sur le fait qu'il ne fallait pas accepter quelque chose qu'on avait pas envie de faire. "J'ai pas envie de te laisser crois moi!" Dit-il le plus sincèrement du monde. Il ne voulait pas laisser son ami. Il voulait l'emmener avec lui, lui faire découvrir le monde, aller dans tout les Disney du monde, aller à la plage ou encore au ski, bref, être heureux quoi. " Je veux juste que tu comprennes que ce qu'il c'est passer tout a l'heure c'est mal et que tu ne dois pas accepter ça!" dit-il en posant son front contre le sien. Il en avait mare de se battre, il voulait juste que pour une fois la vie soit simple! Qui avait-il de moins compliqué que le bonheur? Ce n'était pas grand-chose. Il chercha alors un long moment les mots qu'il devait employer pour que le jeune homme accepte sa demande. Il savait qu'Erwan était quelqu'un de plutôt sensible et il ne voulait pas le peiner. "Je ne t'abandonnerais jamais Erwan!" Dit-il en se redressant et le regardant dans les yeux pour que le jeune homme comprenne que c'était plus qu'une promesse. IL ne le ferait jamais, quoi qu'il est besoin, il serait toujours là pour lui! " Quoi que tu es besoin, n'importe quand, il te suffira de m'appeler et je ferais tout ce qu'il sera possible de faire pour t'aider. Mais si tu ne viens pas avec moi ou que tu acceptes que ce qu'il c'est passer se reproduise encore a l'avenir, je ne pourrais plus venir pendant un petit temps. " Dit-il tristement. " C'est pas pour te punir, mais voir ce que j'ai vue et savoir que tu acceptes ça, ça me bouche la dedans Erwan" Dit-il en montrant son ventre et son coeur. " T'es mon ami et je tiens beaucoup a toi, je ne veux pas qu'il t'arrive du mal tu comprends?" Il espérait de tout son coeur que le jeune homme comprenne et qu'il lui dise qu'il vienne avec lui ce soir même.

Est-ce que c'était du chantage ? Est-ce que Chris était réellement sérieux ? Erwan se disait que vraiment, ce n'était pas son genre de bluffer, de dire de telles choses juste pour avoir une réaction, de jouer avec ses sentiments de cette manière. Mais en même temps, il se disait aussi que jamais il n'aurait pensé que Chris puisse aller jusque là. Il était paniqué, l'idée de ne plus revoir son ami pendant une certaine période l'effrayait énormément. Chris lui demandait de quitter son travail pour venir vivre chez lui, mais c'était complètement insensé. C'était quelque chose qu'on lisait dans les livres ou qu'on voyait dans les films, dans les histoires pour enfants. La réalité, ce n'était pas comme ça. Même si Chris avait de l'argent et un toit, et tout ce qu'il fallait pour entretenir Erwan. Peut-être bien qu'Erwan n'avait pas envie d'être entretenu. Au Birdcage, il avait une place, une utilité pour la société. La panique qui le prit le fit même bégayer, et quand enfin il réussit à supplier Chris de ne pas le laisser, celui-ci prit son visage dans ses mains pour l'embrasser encore une fois. J'ai pas envie de te laisser crois moi! Je veux juste que tu comprennes que ce qu'il c'est passer tout a l'heure c'est mal et que tu ne dois pas accepter ça! Mais Erwan ne comprenait pas, et être abandonné ne l'aiderait pas à comprendre. Pourquoi est-ce que tout était si compliqué ? Pourquoi est-ce que maintenant qu'il avait quelque chose qui le rendait heureux, il fallait que tout s'écroule ? Il ne trouva rien à dire, fixa juste son regard désespéré dans celui de son ami. Je ne t'abandonnerais jamais Erwan ! Quoi que tu es besoin, n'importe quand, il te suffira de m'appeler et je ferais tout ce qu'il sera possible de faire pour t'aider. Mais si tu ne viens pas avec moi ou que tu acceptes que ce qu'il c'est passer se reproduise encore a l'avenir, je ne pourrais plus venir pendant un petit temps. Mais... c'était trop injuste pour Erwan, d'entendre ça. Puis, il savait bien que jamais il n'appellerait Chris. Parce qu'il n'avait pas de téléphone sous la main, premièrement. Puis parce que s'il fallait partir du principe qu'il devait l'appeler dès qu'il avait besoin de lui, alors Erwan passerait sa vie entière au téléphone avec son ami. C'est pas pour te punir, mais voir ce que j'ai vue et savoir que tu acceptes ça, ça me bouche la dedans Erwan. T'es mon ami et je tiens beaucoup a toi, je ne veux pas qu'il t'arrive du mal tu comprends? Il comprenait bien sûr, mais il ne lui arrivait rien, et tout allait bien. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais Smithson toqua à nouveau à la porte, demandant à Erwan si ça allait, s'il avait besoin de quelque chose. « Non, ça va aller » il répondit plus fort à nouveau pour que son client l'entende. Et il se tourna vers Chris avec un petit sourire. « Je vais bien Chris, il m'arrive aucun mal » dit-il en prenant la main de son ami dans les siennes, pour jouer un peu avec. « Je dois y aller... C'est important pour moi. C'est ma vie... Mais j'ai besoin de toi... et... il faut qu'on se voie, très bientôt, s'il te plait » il dit, suppliant encore un peu sur la fin. Il serra Chris dans ses bras, entendant la voix à moitié inquiète de son client. « Je vais vraiment bien Chris, tu me manques déjà » et après avoir déposé un baiser sur sa joue, il se précipita vers la porte, prenant un air réellement malade pour faire face à son client qui l'attendait dehors. Celui-ci fut plus que compréhensif, et il décida sur le champ de quitter la soirée et de monter dans la chambre qu'il avait réservée pour la nuit, afin qu'Erwan puisse s'allonger un peu et qu'ils profitent ensemble de la nuit. Dans l'ascenseur, le jeune homme ne cessa de repenser à Chris, à cette conversation. Et il espérait de tout son coeur que son ami l'eût cru, et que dans quelques jours, sur son planning, il lise le nom de Chris Johnson.