Les journées se ressemblent et s'assemblent. Depuis bientôt quelques mois, j'avais du mal à concevoir les raisons mêmes qui me poussaient à me lever le matin. Steve pourrait être très bien mort et moi je continue sans cesse de mener des recherches et de soulever la terre entière, choses qui mènent peut-être à rien du tout. J'étais assise sur mon lit depuis plusieurs minutes déjà, ne bougeant absolument pas et je contemplais le sol comme s'il allait me donner une réponse que j'attendais depuis toujours. Pourtant, j'étais simplement perdue. J'allais devoir bientôt me faire une raison, étant donné que j'étais attendue quelque part ce matin. Faiblement, je me leva de mon lit en me dirigeant d'un pas robotique vers la salle de bain. Je ne prenais plus les minuscules cinq secondes de ma vie pour ouvrir les rideaux qui recouvraient ma fenêtre de chambre. La lumière du jour était trop dure. Elle me rappelait une réalité que j'avais du mal a accepter. J'étais seule et sans réponses de la plupart de mes questions du moment. La robe que je portais le jour du mariage était encore cachée sous mon lit, de façon à renier cet évènement traumatisant qu'était ce jour. J'avais attendu là, seule devant l'hôtel que mon fiancé se présente. Aucun signe, aucun appel, personne ne savait. J'avais simplement été abandonnée. Comme toute personne normale, j'aurais fait une crise, disant que le jeune homme en question était un con ou n'importe quoi d'autres. Cependant, connaissant très bien Steve, cette situation s'était avérée simplement inquiétante. Nous y voilà aujourd'hui. Étant présentement devant le miroir de la salle de bain, je tâcha de me faire une beauté pour être présentable à mon rendez-vous de la matinée. Plus tôt dans la semaine, on m'avait contacté en me disant que je devrais rencontrer un journaliste, afin de parler de cette histoire avec Steve. Au départ, l'idée ne me plaisait guère et je n'avais pas envie que la terre entière soit au courant de ma peine astronomique. En revanche, une partie de moi avait apprécié l'idée que les gens se mettraient peut-être aussi à chercher ou même s'informer. Qui sait ? Cette entrevue aurait pu attirer des foules. Traînant encore sur le téléphone, sur Netflix ou n'importe quels autre outils qui auraient attirer mon attention, je réussi encore une fois à me mettre en retard. J'enfila donc une tenue plutôt basique, jean foncé et t-shirt pâle, que je rehaussais d'un bijou plutôt somptueux. Ce que j'aimais avec celui-ci c'est qu'il mettait ma poitrine en valeur et mes interlocuteurs avaient tendance à ne pas perdre un seul mot de ce que je disais lorsque je le portais. Heureux hasard? Bien fait pour moi, mes cheveux, non lavés pour la quatrième journée de suite, ondulaient parfaitement et semblaient tout propres. J'avais fière allure malgré ma nonchalance.

On m'avait donné rendez-vous au Starbuck's café du coin. Bel endroit simplement pour discuter et rédiger un article. Je me présenta alors une dizaines de minutes en retard, à la recherche du jeune homme que je devais rencontrer. Personne ne semblait attendre un invité ou chercher quelqu'un, j'en conclus donc que j'étais la première arrivée malgré mon retard. Je profitais de cette avance pour aller me commander un Caramel Machiato et m'installer à une table au fond du café. C'était une des seules places qui restaient et heureusement pour moi, elles se trouvaient reculées du reste des gens. Je pris la peine d'avertir les Baristas que si un jeune homme se présentait et recherchait quelqu'un pour une entrevue, ce serait moi et il me trouverait au fond de la salle. J'allais donc m'installer, sirotant mon breuvage chaud. Après quelques minutes d'attente et de pianotage sur mon téléphone portable, j'entendis une voix qui dirigeaient quelqu'un vers moi. Il était donc arrivé. Je ferma alors mes applications, puis mon téléphone en me levant afin d'accueillir mon hôte. Rien ne m'avait préparé à ce que j'allais vivre à l'instant présent. Joshua Cooper, se trouvait debout devant moi, probablement aussi surpris que je l'étais. Je sentis le sol se dérober sous mes pieds, emportant tout avec lui. Maladroitement, je replaçais ma crinière blonde, cherchant mes mots jusque dans le fond de mon estomac. Mon coeur semblait avoir arrêté de battre, mais vouloir aussi se faire aller plus que jamais.« Josh..Jo.. Salut. Si je m'attendais à cela .. » dis-je la voix tremblante et pleine de tristesse.

La soirée avait été plutôt agitée pour moi la veille. J'avais fêté comme il se doit la promotion d'un de mes collègues, qui se voyait attribuer une meilleure place dans un autre pays, et j'étais rentré tard, bien trop tard. Si ca me semblait un choix évident sur le coup, j'avoue que le réveil me fit réaliser que ça ne l'était pas. Mon portable sonne, et je viens d'ailleurs à le faire chuter en tentant de l'attraper, je soupire et viens glisser mon oreiller sur mon profil, espérant que ça parviendra à me faire oublier cette sonnerie qui persiste. J'entends cependant mon téléphone fixe sonner l'instant d'après. La personne qui m'appelle n'a sûrement pas compris que je jouais simplement au mort et que je ne voulais pas répondre. Ma conscience me pousse cependant à sortir les pieds du lit, les trainant pour atteindre la cuisine alors que la tonalité de mon répondeur se met finalement en route. " Josh c'est Casey..." je hausse les sourcils, entendre mon supérieur au réveil ne semblait pas me faire plus plaisir. Une voix féminine m'aurait fait plus plaisir "... je sais que t'es pas censé venir ce matin, mais puisque Peter doit préparer son départ, il faudrait que tu reprennes un de ces dossiers en cours..." je baille devant ma cafetière, qui me semble plus énergique que moi. "C’est pas grand chose, juste un article à réaliser pour le prochain numéro, un mec disparu, sa nana devait être interviewé à 10 heures au starbuck, je t'envoie quelques infos par message, je compte sur toi..." Eh merde! Je passe donc la vitesse supérieure, réalisant qu'il est moins le quart et que je suis clairement pas prêt. Je me dois cependant de passer par la case douche qui est non négociable, un petit brossage de dent, et je prends les premières fringues qui me viennent sous la main, un tee shirt gris et ce jean que j'apprécie sûrement trop. Je me passe une main dans les cheveux, ayant bien conscience que je fais un peu négligé comme ça, mais elle devra s'en contenter. Sur la route, j'entends la sonnerie de mon téléphone m'alertant du sms reçu. Je prends ce dernier entre les mains, jonglant un instant entre la route et l'écran. J'ai cependant l'impression de jouer avec le danger et me décide à balancer mon téléphone sur le siège passager pour me concentrer sur le trajet. Je me gare, embarquant mon macbook sous le bras l'instant d'après. Je passe la porte d'entrée et jette un coup d’œil sur cette salle qui est comme d'habitude bien bondée. Comment retrouver quelqu'un là dedans. J'imaginais une femme trentenaire, mouchoir à la main, prête à confier ses malheurs, à pleurer... et j'étais pour ma part plutôt insensible à ça. Mon métier et mon passé m'ont poussé à avoir une certaine carapace, ca me passe au dessus la tête, et c'est souvent pas plus mal. Mon impatience va cependant se faire sentir alors que je tape légèrement du poing, comme s'il s'agissait d'un toc sur le comptoir. Je suis en retard, j'espère juste que la personne aura daigné m'attendre, sinon, je serais grillé par mon boss. J'entends la voix d'une serveuse derrière moi, et me résigne finalement à demander de l'aide. On m'indique que la femme en question se trouve dans l'arrière salle, et je me satisfais d'avantage de ce choix judicieux qu'a pris ma "cliente". On me fait un signe de la main pour désigner la table alors que je me trouve encore à quelques mètres de celle-ci. Et dans un réflexe non maitrisé, mon corps s'arrête subitement en découvrant le visage de la femme en question. Pire, il s'apprête même à rebrousser chemin. Tout se précipite dans ma tête alors que je suis prêt à faire passer ma personne avant ma carrière. Je grimace, sachant que je risque de payer cher ma fuite, mais je vois cette silhouette féminine se lever, n'ayant pas encore eu l'occasion de réaliser le malaise que tout ça allait impliquer. Trop tard pour fuir je suppose. J'attends juste qu'elle croise mon regard pour réaliser que c'est bien elle, je peine vraiment à y croire là. « Josh..Jo.. Salut. Si je m'attendais à cela .. » me lance t-elle alors que je remarque l’émotion qu'il semble l’envahir. Et clairement je déteste ça. Cette fille m'a brisé à deux reprises, elle est parvenue à me faire flancher, et aujourd'hui en constatant sa détresse, ma colère s'estompe subitement pour laisser place à une forme de pitié. Je ne suis pas du genre à souhaiter le pire à mon prochain, loin de là, mais les personnes qui sont parvenues à tenir une place importante à un moment de ma vie restent des personnes que je serais prêt à secourir et réconforter. Conscience de merde. Je regarde un instant,en soupirant discrètement, en direction de la porte du café, comme si la chance de pouvoir la passer cette fois était la dernière, que si je ne partais pas tout de suite, je n'aurai plus la chance de le faire. Et même si cette femme a été comme une sorte de poison pour moi, je suis prêt à prendre le risque, je suis prêt à planter mon regard dans le sien, à me montrer professionnel. J'espère juste que je serais assez fort pour ne pas éprouver plus longtemps cette compassion. "Salut." dis-je sans parvenir à y mettre une quelconque émotion. Je suis doué pour paraître indifférent. Un autre moment délicat va cependant prendre la place de celui-ci, son fiancé disparu...je suppose qu'il s'agit de Steve, il avait toujours été question de cet homme qui était parvenu à gagner son cœur plus que moi à chaque fois. Et je me maudis...je suppose que toutes ces informations, tous ces noms, je les avais dans ce foutu message que j'avais négligé. '"Je.." ma voix fait des siennes, me forçant à me racler la gorge avant de poursuivre. "Je suppose que tu aurais preferé quelqu'un d'autre..."

Une impression de mauvais film américain me traversait tout le corps. J'avais l'impression de me trouver dans une scène au ralenti où tous les personnages autour s'étaient estompés graduellement, une musique dramatique et stressante faisait son entrée et où les deux principaux acteurs se lançaient un regard cliché interminable. J'avais lancé une phrase complètement vide de sens et juste basique, faute de trouver quoi dire réellement. « Josh..Jo.. Salut. Si je m'attendais à cela .. » Je m'attendais à me faire présenter un journaliste bourru, vieux et adepte de la politique pour s'intéresser à ce genre d'article. Il faut croire que j'allais être beaucoup plus surprise que prévu en me retrouvant nez à nez avec Joshua. Il y a des gens qu'on ne peut oublier. Ce genre de personne qui crée une fascination dans tout notre corps et toute notre âme pour de multiples raisons, mais qui pousse notre cerveau à crier que c'est une mauvaise idée. Je continuais de fixer mon interlocuteur, la tête se bousculants de souvenirs bons ou mauvais, de questions et de déceptions. Il brisa mes pensées lorsqu'il ouvrit la bouche. "Je suppose que tu aurais préféré quelqu'un d'autre..." avait-il dit. Ma tête et mon coeur avaient envies de hurler que non. Que j'avais justement besoin de le voir lui. Au lieu de ça, j'agita simplement la main pour lui faire signe que ce n'était pas grave. J'avais préféré ne pas mettre de mots sur cette réponse, au cas ou mon cerveau préférerait divulguer ce que mes pensées disaient.

J'avais brisé cet homme. Non seulement une fois, mais deux. Il avait été un des premiers avec qui j'avais eu une relation stable et probablement la plus sérieuse avant Steve. J'étais encore très jeune à l'époque de notre première relation et dans ma tête de jeune fille amoureuse, je me voyais passer le reste de ma vie avec Joshua. Cependant, rien ne nous avait préparés à l'arrivée de Steve Jensen, celui pour lequel nous étions tous les deux présents aujourd'hui. J'avais brisé le coeur de Joshua de façon monumentale et malgré moi. Le pire, c'est qu'il y a quelques années, alors que je traversais une rupture temporaire avec mon fiancé, j'avais tenté d'accorder une nouvelle chance à mon ancien couple. Il m'avait fait confiance et y avait cru, beaucoup plus que moi. Je me demande comment il faisait pour se trouver devant moi à ce moment-ci, sans vouloir m'insulter ou même simplement partir.

Après une ou deux minutes de moment malaisant, je fis signe à Joshua de s'asseoir. Il fallait bien qu'on commence la raison de présence. Après tout, plus vite nous finissions, plus vite nous étions sortis et on ne se reverrait plus jamais. Jusqu'à quand ? Je venais de reprendre place sur la chaise, la rapprochant ainsi de la table. Je ne pouvais m'empêcher de regarder Joshua faire chacun de ses gestes, jusqu'à ce qu'il se retrouve complètement assis, à ma hauteur. J'avais un peu chaud et je ne pouvais déterminer s'il en était la cause à cause de l'effet qu'il créait, ou si c'était le stress. Je me raclais la gorge pour briser le silence qui planait. « Alors .. Tu eum.. Tu veux savoir quoi ? » Je plantais mon regard dans le sien, prenant une grande respiration. Il me donnait envie de crier, de joie de le voir, de stress, de colère, de toutes sortes de façon différente. Je me surpris à avoir la simple pensée qu'il me répondait quelque chose du genre ; On s'en fout, embrasse-moi. Cela me surpris moi-même et je clignais plusieurs fois des yeux pour chasser cette pensée.

Mon retour ici semble avoir des effets bénéfiques sur moi. Il a fallu que je revienne pour que sache que c'est ici que je veux vivre ma vie, que je veux évoluer...J'ai passé tellement de temps à voyager que j'avais oublié ce sentiment si fort d'être à la maison lorsque je suis dans cette ville. Alors certes, ca ne m'offrira peut être pas une évolution professionnelle fulgurante, mais est ce vraiment ce que j'attends de la vie finalement? Mon poste de journaliste me convient amplement. Je ressens cette même adrénaline que lors de mes débuts, ce qui me pousse à donner le meilleur de moi même pour avoir de la reconnaissance dans ce métier, et jusqu'à présent, j'ai plutôt bien été récompensé par mes efforts. Preuve en est, je me retrouve à avoir cette mission de dernière minute alors que je n'étais normalement pas en poste. Si l'envie de profiter d'une matinée à flemmarder était tentante, je ne parviens pas à refuser. Cette conscience professionnelle persiste malgré tout. Me voilà donc sur le lieu de rendez vous, j'y vais avec cet ordi et ce look casual qui donne un aspect un peu négligé mais qui me va si bien. Je m'attends à rencontrer une femme banale, vêtue de noir, qui pleure la perte de sa moitié, parce que soyons franc, au vu du dossier, la probabilité de voir réapparaître l'homme en question semble inexistante, il y a malheureusement beaucoup d'affaire qui sont classées, faute d'élément, je m'attends donc à prendre sa version des faits, écrire cet article demandé, et peut être qu'un jour une dépouille sera retrouvé et que j'en serai tenu au courant, mais pour moi, rien ne débouchera sur une fin heureuse, et j'imagine que la femme sera tout autant dans cet état d'esprit, même si elle preferait bien évidemment que ce ne soit pas le cas. Quoiqu'il en soit, même si je pense très fort tout ça, je suis assez expérimenté pour savoir mentir, laisser planer l'espoir pour faire parler l'autre d'avantage, pour qu'il tente de survivre le temps que cette douleur s'atténue. Malheureusement pour moi, cet entretien risque d'être tout sauf banal. Elle est là, sous mes yeux, les traits tirés par le manque de sommeil et la tristesse. Cette femme m'a brisé le coeur à deux reprises, et j'ai pourtant ce vieux reflexe de l'observer comme la victime. Bon, pour le coup elle en est une, mais cela n'empêche pas qu'elle s'est assez joué de moi pour obtenir ma pitié ou de l'affection. Je prends un grand souffle avant de me lancer, parce que je sais qu'il va me falloir beaucoup de courage pour passer outre ce que nous avons vécu elle et moi. La vie privée ne doit jamais interferer sur le boulot, pas vrai? Je me contente simplement de lui demander si elle preferait une autre personne pour cela, pas pour rassurer mon égo qu'elle a sacrément pietiné avec le temps, mais plus pour lui faire savoir que le malaise qu'elle ressentait était partagé face à la situation. Je opte pour l'indifférence, du moins, en apparence. A l'intérieur c'est le chaos. Cette femme m'a plus a mainte reprise, elle a ce petit quelque chose que je ne saurai expliqué mais qui me fait chavirer à chaque fois. Je me suis guéri d'elle, et j'ai peur que ce moment face à elle, le son de sa voix, son regard perçant, me poussent à replonger dans le passé, et éprouver de nouveau ce douloureux sentiment. Je sais à quel point je peux être idiot et faible, et je tente de me proteger contre moi même alors que je prends place. Mes yeux ne parviennent plus à se poser sur elle. je me focalise sur mon ordi que j'allume, le regard perdu sur cet écran. J'ai l'esprit ailleurs, mais je sais qu'il faut que je me reprenne. Sa présence me trouble, mais j'imagine que ce sont ces retrouvailles surprises qui me mettent dans cet état. « Alors .. Tu eum.. Tu veux savoir quoi ? » Je relève le regard vers elle en prenant une grande inspiration, comme si je puisais au plus profond de moi pour me mettre dans cette histoire dont je ne sais finalement pas grand chose. "Il va falloir que tu me donnes les circonstances avant la disparition, si il y a eu des détails intriguant à tes yeux, quand tout ca s'est passé...." résumais-je en plongeant finalement mon regard dans le sien. "Ca fait combien de temps que tu ne l'as pas revu?" Demandais-je, pas vraiment à l'aise en sachant que l'homme disparu que j'évoquais été celui qui m'avait privé de cette femme que j'aimais beaucoup à l'époque. "Je veux dire...Steve?" Je savais qu'elle avait très bien compris que je parlais de lui, mais étant donné que j'avais lancé le programme d'enregistrement sur mon ordinateur, je me devais d'être un minimum clair, même si je me serais bien passé de le dire à voix haute. Je sens déjà la nervosité dans ces gestes, et je détourne un instant l'attention pour faire signe à la serveuse de m'apporter une boisson chaude. "Tu en veux une, ou bien?..." Aucun sourire sur mon visage. je me montrais extrêmement froid, ce qui ne me ressemblait pas du tout, j'étais plutôt du genre à prendre les choses à la légère en général, mais peut être que la situation me forçait à adopte ce comportement,...ou peut être que la rancune était toujours aussi présente, qui sait.

Jusqu'à maintenant, Miami semblait me réserver des surprises de jour en jour. J'avais cependant l'impression que ce n'était pas le genre de surprises que les gens aimaient recevoir. La première chose à laquelle j'avais tout de suite pensé et que toute personne dans ma situation aurait probablement fait, était de re-faire ma valise et de repartir à New-York ou même Washington! Cependant, il ne fallait pas que je me laisse abattre par tout ce qui se passait dans ma vie, je ne voulais pas sembler faible. La journée d'aujourd'hui me réserva encore une nouvelle surprise que je ne pouvais éviter. Je devais me présenter devant un journaliste pour parler de Steven, de sa disparition et tout ce qui avait avec, mais je me retrouvais face à face avec un homme qui avait marqué ma vie à jamais. Je lui avais probablement fait tant de peine, que de plonger mon regard au sien me noyait de culpabilité. Je m'étais au préalable assise à une table, ayant commandé une boisson chaude qui n'avais pas tenu plus de cinq minutes, étant donné mon énorme stress à devoir déballer l'histoire de mon fiancé, carte sur table. Lorsque le visage de mon ancien petit-ami, si nous pouvons appeler cela de cette façon, m'apparut, je fus particulièrement contente d'être déjà assise. Je ne pouvais tout simplement pas être indifférente face à cet homme. Je sentais une sorte de frisson malaisant, mélangé à une fascination énorme pour sa personne. Il me semblait tout aussi beau que la première fois que je l'avais vu et tout mon être se sentait coupable de la façon dont je l'avais traité. Lorsqu'il se retrouva à ma hauteur, je lui demandait simplement ce qu'il voulait savoir, afin de terminer cet entrevue le plus vite possible. Alors qu'il me posait toutes ces questions, je compris que la compagnie qui l'engageait n'avait pas eu tous les détails des derniers avancement. Lorsqu'il termina sa phrase, un sourire nerveux se forma à la commissure de mes lèvres. Joshua semblait à l'aise de me parler de Steve, pourtant cela devait sembler difficile pour lui, était donné que c'était en partie à cause de celui-ci que ma relation avec Joshua avait été houleuse. « Un an .. » dis-je simplement en guise de sa réponse à sa question. Je marquais un petit moment de pause, réfléchissant à sa question quelques secondes plus tôt. « Je n'ai noté aucun détails bizarre, rien ne semblait étrange » Avais-je poursuivis.  Il ne savait décidément pas les dernières nouvelles. Je baissa la tête et regarda tristement le sol. « Il est mort, il n'est pas simplement disparu. » Mon ton de voix s'était brisé lorsque j'avais prononcer le mot «mort». Mais il fallait que Joshua le sache avant de continuer. Il avait fait signe à la serveuse de venir me voir et mon interlocuteur me demanda si je désirais quelque chose. Je regarda rapidement ma tasse, qui se trouvait maintenant vide, puis je levais la tête vers la serveuse. « Je prendrai simplement un thé vert ! » . Une fois que celle-ci repartit vers son comptoir et que Joshua semblait vouloir reprendre ses questions. Je posa ma main sur l'écran de son ordinateur, que je ferma doucement. Je m'arrangea pour attirer le regard de Josh au mien, puis je pris ses mains entre les miennes. Ce contact me fit frissonner de haut en bas puis j'avala ma salive pour cacher ma nervosité qui me semblait déjà si flagrante. « Tant que toi et moi n'avons pas une conversation, cet entrevue ne se passera jamais bien! » dis-je spontanément, soudainement plus assurée. Nous devions absolument s'expliquer, sinon la tristesse, la nostalgie et la colère allait nous dévorer.

je ne vais pas dire que Ellina était celle qui m'avait brisé. Disons qu'elle avait fait parti de mes déceptions, et d'une certaine façon, j'avais clairement eu du mal à vouloir me lancer avec une autre après ça. Je sais que ça ne partait pas d'une mauvaise attention, qu'elle n'avait pas voulu me faire du mal...Bon, c'était un peu plus compliqué d'y croire lorsque c'était arrivé la seconde fois, mais j'imagine qu'il y a tout simplement des personnes qui ne sont pas faite pour être ensemble, d'autant plus lorsque le mauvais timing s'en mêle. J'aurai peut être pu vivre une belle histoire d'amour avec elle, mais il y avait toujours eu l'ombre de ce Steve entre nous, et c'est tout naturellement que j'avais donc été rangé dans la catégorie du deuxième choix. Mon égo en a prit un coup, c'est vrai. Ca n'enlève pas ce que je pense de Ellina, cette femme est attachante, adorable, elle est bienveillante.... mais ca ne me fait pas oublier ce qu'elle m'a fait, et j'ai appris à toujours plus me protéger d'elle. Plus de contact, plus de message.  Le parfait sevrage. Il n'empêche que je n'avais pas prévu que je la retrouverais ici, et surtout pas dans ces conditions. C'est compliqué pour moi de penser à ce que je dois faire ou ce que je dois. Une partie de moi veut continuer à me comporter avec elle comme si c'était une simple "cliente", une "source". Mais l'autre ne parvient pas à rester insensible à ce qu'elle peut vivre. La situation est compliquée, je sais à quel point elle tenait (tient?) à lui, et voilà que je suis pousser au premier plan pour l'aider à gérer ça. Mon côté protecteur me met des bâtons dans les roues, il est plus présent que jamais alors que je ne parviens pas à faire comme si de rien était. J'ai l'impression d'être tout autant concerné par cette histoire, d'où pourquoi il va m'être difficile d'être objectif dans cette affaire. C'est la raison pour laquelle je ne parviens même pas à avoir des mots gentils là dedans, parce que ca impliquerait forcement une partie de l'homme que je suis, et non du journaliste qui fait son boulot. Je donne l'impression d'être indifférent, allant même jusqu'à employé le prénom de son fiancé, mais dans le fond, ca me demande beaucoup. Je lui demande d'ailleurs plus de précision, essayant de me concentrer d'avantage sur la mission qui m'a été confié. Mon regard lui ne cesse de se perdre sur la blonde qui n'en reste pas moins jolie, malgré les traits tirés. « Je n'ai noté aucun détails bizarre, rien ne semblait étrange »Je fronçe les sourcils, parvenant à me contenter de cette réponse l'instant d'après. je n'étais pas flic après tout. « Il est mort, il n'est pas simplement disparu. ». Je relève le regard de mon clavier sur lequel je m'étais affairé depuis quelques secondes. Je me demande si son côté défaitiste, femme en manque d'espoir qui parlait ou si mon patron avait oublié de m'émettre certains détails. "Attends...je...". dis-je, pris de cours. Je devais suivre cette histoire, et j'ai l'impression que depuis le départ, j'ai finalement tout loupé. "Il y a eu des preuves pour avancer ça?" Non pas que je mette en doute sa parole, mais les femmes désemparées pensent souvent à une sorte de sixième sens qu'elle développe avec leur "moitié", et il y a toujours cette fameuse "mauvaise sensation" qui vient brouiller les pistes. J'ai besoin de m'aérer l'esprit, et un café sera le bienvenue pour me sortir de tout ça. Je me tourne vers la jeune femme qui ne tardera pas à passe commande à son tour. Et alors que je me frotte nerveusement le front pour anticiper les effets de la boisson chaude, le geste de Ellina vient à attirer mon attention. Elle ferme mon écran, me forçant à oublier l'écran pour me concentrer sur elle. Mes mains viennent à se retrouver protégées par les siennes alors que j'observe ce contact qui me laisse perplexe, et distant malgré tout. C'est exactement par ce genre de geste qu'elle m'avait fait céder la seconde fois. « Tant que toi et moi n'avons pas une conversation, cet entrevue ne se passera jamais bien! ». Je soupire avant de relever le regard dans le sien, et approche mon visage un peu plus du sien pour créer une forme d'intimité entre nous. Ca va être nécessaire pour l'échange que nous allons avoir avec tout ce monde qui nous entour. " Tu veux dire quoi?" demandais-je d'une voix basse en haussant les sourcils. "Tu m'as quitté pour lui, pour venir à nouveau te faufiler dans mes bras lorsque ca n'allait pas dans ton couple...." lâchais-je en soupirant une fois de plus. "...Et dès qu'il a repointé le bout de son nez, tu es partie, pour la seconde fois pour lui... " dis-je en guettant son regard, comme si je prenais enfin plaisir à lui balancer ça et à pouvoir la voir mal à l'aise face à ça, la voir mal pendant quelques instants, comme moi j'avais pu l'être lorsqu'elle m'avait laissé. Ce n'était peut être pas malin de ma part, sachant ce qu'elle vivait, je devrais avoir plus de tact, et je le savais. "Je vois pas ce qu'on pourrait ajouter à ça..."dis-je en me calant dans le fond de ma chaise alors qu'une pensée furtive et surement déplacé me vient à l'esprit. "Ah si!" dis-je en regagnant ma position initiale, mon visage à proximité du sien. "Est ce que tu as éprouvé ne serait-ce qu'un minimum d'affection pour moi? Ou est ce que je me suis contenté d'être le pansement dans l'histoire?" Je n'étais pas sûr de vouloir entendre sa réponse, même si ca ne changerait rien pour moi au final

EN COURS

Je me souviens de cette journée comme si c'était hier. Cette douloureuse et triste journée.. J'étais au salon avec Noah, en train de jouer avec ses jouets préférés, lorsque j'avais entendu une voiture se garer à l'avant. C'est un choc énorme pour tout le corps lorsqu'on regarde par la fenêtre et qu'on entrevoie une voiture avec le drapeau américain dessus. Je me souviens encore de la façon dont je m'étais reculée, adossée au mur, le visage pâle. J'avais demandé à Noah d'aller poursuivre ses jeux dans sa chambre, tout en entendant des pas lourds et rythmés s'approcher de ma porte. De pénibles secondes s'étaient écoulées avant que j'aille répondre à la porte. Le bruit qu'avait fait la sonnette semblait résonner plus fort qu'à l'habitude dans ma tête. Rapidement, je secoua la tête pour oublier le terrible souvenir qui tentait de refaire surface et je repris mes esprits. L'entrevue. Joshua avait sûrement dû se demander pourquoi j'avançais de tel propos. Je soupira longuement après sa façon de me répondre. Il devait me prendre pour une femme triste et en manque d'espoir. Le visage toujours abaissé vers le sol, je répondis tristement. « L'armée. Elle est venue me prévenir un matin .. »  J'eu mal au coeur en prononçant ses mots. J'avais tellement de mal à m'en remettre, je ne savais même pas si cela allait être possible. Notre conversation fût momentanément coupée alors qu'on commanda deux boissons chaudes. La serveuse avait probablement dû ressentir tout ce malaise qui planait autour de nous. C'est justement cette ambiance lourde qui me poussa à fermer l'écran de l'ordinateur portable de Joshua. Il fallait bien évidemment faire le point sur ce qui était arrivé, même si je savais que ce n'allais pas être la conversation la plus agréable du monde. Il ne tarda pas à rapidement me remettre ce que j'avais fais sur la gueule. J'avala nerveusement ma salive en regardant autour de moi, voir si quelqu'un nous regardais. Lorsqu'il me posa la question à savoir si j'avais vraiment eu des sentiments pour lui, je lui adressa un regard noir, un peu furieuse de sa question. D'un côté je le comprenais, mais je me demandais aussi comment pouvait-il passer à côté de tout ce que nous avions vécus. J'approcha alors ma chaise de la sienne afin qu'on puisse se parler un peu plus proche et éviter les regards des autres, bien trop présents déjà. « T'es sérieux ? Tu me pose vraiment cette question ? Tu sais très bien que j'ai été amoureuse de toi Joshua. Ce qui est arrivé n'est une pas une question de ne pas avoir d'affection! J'ai juste eu simplement du mal à gérer ce qui est arrivé.. » D'une main, je poussa son ordinateur et ses choses près de son sac et me releva. « Cette entrevue est terminée. Tu diras à ton patron que je ne voulais pas collaborer. »