J’avais vraiment l’impression que ma vie présentement c’était du grand n’importe quoi. Ma vie était un film, voilà tout! Mais pas une comédie ou un petit film vraiment agréable, non… un bordel de film d’horreur! Brooke était enceinte de deux hommes en même temps, j’en étais l’un deux. J’avais encore du mal à me faire à l’idée et probablement que ça n’allait jamais arriver : de m’habituer. Non mais, moi qui était un grand romantique, qui voulait rencontrer LA BONNE, construire quelque chose de fort, et après avoir des enfants. Eh bien non, j’allais devenir père d’un jeune femme que j’avais baisé contre un arbre et  dont je ne connaissais même pas le nom de famille. Nathaniel allait me tuer car Brooke, c’était sa meilleure-amie et je ne lui avais pas encore parlé de cette situation à la con. Et c’était vraiment pas le temps non plus car pour ajouter à cette grosse merde, Alexie et Liam étaient disparus depuis quelques jours. Mon meilleur pote était en train de perdre la tête et je m’étais invité chez lui, pour veiller sur lui pendant cette dure épreuve. Je m’inquiétait également beaucoup pour eux, Alexie et Liam étaient des membres de ma famille, depuis le temps… du moins, pour Alex et pour ce qui était du bébé, c’était mon petit filleul! Il était beaucoup trop jeune pour vivre quelque chose comme ça et j’osais vraiment espérer que tout était sous contrôle, qu’on s’imaginait indirectement le pire et qu’au final, on allait les retrouver sains et saufs.

Cette journée là, j’avais décidé d’aller faire quelques courses car il ne restait plus rien à manger chez Nathaniel et à défaut de ne pas vraiment dormir, je me chargeais d’au moins m’assurer qu’il bouffe un peu. J’étais donc passé à l’épicerie pour acheter quelques trucs faciles à faire. Je poussais mon cadis entre les fruits et légumes jusqu’à ce qu’au loin, je remarquai April. Je me figeai sur place prenant la première rangée pour éviter de la croiser. Disons qu’entre nous, les choses étaient devenues… étranges? Étrange était bien le mot oui! Je ne savais plus trop comment me comporter par rapport à elle, c’était délicat. Mais alors que je fus au bout de la rangée, je fis face à face avec elle, impossible de l’éviter une fois de plus. J’utilisai ma panique comment sentiment de surprise en haussant les sourcils.

« Oh April! Salut… »

Je lui fis un petit sourire en coin, la regardant légèrement de bas en haut. Elle était toujours aussi jolie.

« Ça fait un bail quand même. Comment ça va? »

Je ne savais pas trop quoi lui dire, aussi bien commencer avec une question de base, non?

Je ne voulais tout simplement pas penser au pire. Et même si c’est un réflexe de se faire des idées dans ce genre de situation, je voulais continuer à croire qu’Alexie et mon filleul étaient en pleine forme et surtout, en vie. C’était mon devoir d’essayer de garder la tête froide à Nathaniel mais également, de ne pas lui faire perdre totalement le moral. Ce qui était plutôt difficile, dès qu’on connait un peu mon meilleur-ami. Je savais bien qu’il ne dormait déjà pas beaucoup, mais je ne pouvais qu’être là pour essayer de l’aider sur d’autres aspects. Disons que je manquais un peu de sommeil aussi, je devais avoir les cernes jusqu’au menton facilement. Je déambulais dans les rangées sans grande énergie… mais ça, ce fut avant que je ne vois April au loin. Là, j’utilisais le peu d’énergie que j’avais pour essayer de l’éviter le plus possible mais malheureusement, c’était pas bien grand et comme de fait, on fit nez à nez au bout d’un moment. Ma surprise ne fut pas une surprise mais plus une petite panique. Je ne savais pas comment me comporter par rapport à elle, par rapport à ce qui s’était passé. J’étais déjà mal et là, je l’étais encore plus. Elle me fit néanmoins un petit sourire, que je lui rendis.

« Je m’attendais pas non plus. »

Il faut dire que je ne venais jamais dans ce coin ici, je vivais un peu plus loin donc je ne faisais pas mes courses dans cet epicerie. Je décidai de lui demander comment elle allait, c’était la moindre des choses… elle disait aller bien mais je ne pouvais pas en dire de même, lorsqu’elle me retourna la question.

« Hum, pas vraiment. » dis-je en affichant la mine bien basse, naturellement cette réponse négative la fit me questionner du regard. Je ne pouvais pas croire qu’elle savait pas. « T’as pas vu? C’est partout à la télévision et à la radio… »

Bon après, fallait regarder la télévision et la radio, mais c’était aussi sur les médias sociaux, elle devait bien se douter de quoi je voulais parler non?

« Alexie et Liam sont portés disparus depuis plusieurs jours maintenant. Je dors chez ton frère depuis pour m’assurer qu’il soit ok… et naturellement, il l’est pas… avec raison. C’est vraiment pas une situation facile! »

Je n’étais pas trop d'humeur à tomber sur April aujourd’hui. Non pas que je ne l’aimais pas en tant que personne, il était justement là le problème, je l’appréciais énormément mais on avait gaffé tous les deux. On s’était laissé emporter dans un moment qu’il ne fallait pas. Nathaniel était comme un frère pour moi et je savais qu’il m’en voudrais terriblement d’apprendre ça. J’avais rapidement su mettre fin à tout ça, pour les bien de tout le monde dans cette histoire. Il y avait assez de drame comme ça, on pouvait bien en éviter un, non? Je ne savais pas trop ce que pensait April de tout ça, nous n’avions pas vraiment eu le temps d’en parler mais j’osais espérer que cette décision lui allait également. Quoi qu’il en soit, la jeune femme n’était pas au courant de ce qui se passait présentement avec son ancienne meilleure-amie ainsi que son nerveu, ça devait alors être un choc lorsque je lui appris le tout. C’était assez étonnant d’ailleurs qu’elle n’avait pas vu : c’était pourtant partout : radio, télé, journaux. On rigolait pas quand un enfant était porté disparu.

« Pourquoi est-ce que tu ne peux pas aller le voir? Vous êtes encore en froid tous les deux? Ça serait peut-être le temps de régler tout ça, tu ne penses pas? »

J’avais entendu cette histoire de secret, de mère, de tout ce qui s’était passé avec Alexie. Je savais aussi que ça dérangeait beaucoup Nathaniel de ne plus avoir sa soeur dans sa vie comme autrefois mais bon, il était têtu et il ne voulait pas forcément faire les premiers pas et quand un Wilson avait quelque chose dans la tête, il ne l’avait pas dans le cul, comme on le dit. Donc essayer de faire réconcilier deux Wilson… je vous dis bonne chance!

« Oui, je tente de faire de mon mieux c’est pour ça que je suis ici, j’essaye de lui faire au moins à manger et être un support moral, mais je m’inquiète beaucoup. Il dort pas et il ne prend plus sa médication donc…  enfin bref, on espère tous que cette situation se règle au plus vite et qu’Alexie et Liam soient ok! »

Je soupirai.

« Sinon… toi, il se passe quoi de bon de ton côté? »

Bon, c’était bizarre de lui demander ça après la bombe que je venais de lui lancer mais elle était en droit de savoir aussi la réalité de la vie de son frère. Disons que mon petit monde s’était pas ma arrêté lorsque j’avais su la nouvelle et je ne faisais qu’être là pour lui depuis plusieurs jours maintenant.

C’était assez surprenant que la soeur de Nate ne soit pas au courant de la disparition d’Alexie et Liam mais bon, ce n’était pas impossible non plus. C’était pas trop génial d’avoir à le faire mais je n’allais pas non plus lui cacher le tout : elle était en droit de savoir, c’était sa famille. Je compris que le fait qu’elle ne semblait pas reparler au couple devait bien jouer là-dedans aussi.

« Amber, ne dit pas ça. T’es sa soeur, tu seras toujours importante pour lui et je suis certaine que tu lui manque terriblement, même s’il fait son gros entêté. »

Ça semblait soulager la jeune femme d’apprendre que son frère n’était toutefois pas seul pour affronter le tout, que j’étais là pour m’assurer qu’il se porte bien, même si ce n’était pas vraiment le cas étant donné la situation, c’était impossible de bien aller. Elle souhaitait toutefois que je ne lui parle pas de cette rencontre pour ne pas énerver ou provoquer encore plus l’état actuel de Nate, j’avais hoché la tête, je respectais amplement tout ça.

« Arrête, faut pas penser ça et puis, il n’y a jamais rien de perdu. C’est toujours possible d’arranger les choses, tu sais. Si tu fais références à Alexie et Nathaniel, ils t’aiment à la folie, ils ont toujours besoin de toi et  c’est clair qu’après une longue conversation, tout finira par se placer! »

J’appuyai le tout d’un petit sourire en coin, comme pour lui montrer mon support. Il n’y avait rien de plus puissant et vrai que la famille, cette mauvaise entente n’allait clairement pas durer éternellement!  Mais bon, c’était facile, de l’extérieur de me prononcer là-dessus mais je savais très bien au fond que c’était pas aussi simple que ça. La preuve : je cachais à mon meilleur pote que j’avais déjà couché avec sa soeur et je repoussais également le fait que j’avais tout bonnement mise enceinte sa meilleure-amie. Parfois, c’était plus facile de se retirer que d’affronter ce genre de situation où on se retrouvait vulnérable. C’est surtout lorsqu’April me retourna ma question que je réalisai réellement le tout, à vrai dire. Je soupirai donc, haussant les épaules.

« Ouais, bon... je dis ça mais j’ai un peu la même impression de mon côté quoi! Je bosse comme un malade pour ne pas trop penser, je crois qu’on est un peu pareil au final. Au moins, j’ai pas replongé, je tiens bon… j’espère que c’est de même pour toi aussi hein? »

Il fallait se serrer les coudes puisqu’au final, on était pas mal les seuls qui pouvaient se comprendre l’un et l’autre et malgré tout ce qui s’était passé, j’osais espérer que ça soit toujours le cas, que je puisse encore et toujours compter sur elle comme elle pouvait compter sur moi. J’appréciais énormément April.

Bon, c’était pas une situation bien évidente : non seulement de tomber face à face avec April, mais de lui informer ce qui se passait - de ma foi, terrible- dans la vie de son frère. Cette dernière fut naturellement choquée par l'intensité de la situation mais également par le fait qu’elle ne lui parlai plus réellement et qu’elle ne savait pas trop comment réagir envers tout ça. Naturellement, je l’encourageai à aller de l’avant, à reprendre contact avec lui car il était son frère, ils s’aimaient tous les deux et c’était triste de se bouder ainsi. En même temps, je n’étais pas dans cette situation, dans le conflit mais je me disais qu’au final, tout devait bien finir par se régler un jour ou l’autre, surtout lorsqu’on adore la personne et qu’on a besoin de cette dernière. La jeune femme se résigna à admettre qu’elle allait attendre un peu mais qu’elle allait probablement être en mesure de mettre sa fierté de côté pour faire le premier pas, tout ça, avec un petit sourire en coin qui me fit sourire quelque peu également.

« Bon, t’es pas aussi entêtée que je pensais finalement! » dis-je à la blague.

Elle avait l’air bien, ça me faisait plaisir de la voir ainsi. Je lui informai que de mon côté aussi, c’était le cas… que je me plongeais surtout aussi dans le boulot pour garder le contrôle. Ma carrière était pour moi, une vraie source de bonheur donc c’était pas du tout un problème. Ça semblait être son cas également.

« C’est gentil, je sais que je peux compter sur toi! Hésite pas toi aussi! » lui répondis-je en souriant doucement. « Bon, je crois que je vais continuer mes trucs, j’aime pas savoir ton frère seul chez lui trop longtemps. Il a la tête qui roule sans arrêt! On va se revoir bientôt, je suis certain. En attendant, n’aies pas peur de reprendre contact avec Nate, tu lui manque beaucoup! »

Il n’y avait pas de doute là-dessus. Je m’approchai de quelques pas d’elle, son parfum était destabilisant pour moi, il me rappelait certains souvenirs que je ne voulais pas me souvenir, malgré le fait qu’ils étaient très plaisants. Je me sentais mal d’avoir flanché avec elle, sachant que mon meilleur-ami n’allait clairement pas apprécier la chose. Je lui fis donc rapidement la bise me reculant doucement.

« Heureux d’avoir eu de tes nouvelles et si je peux me permettre : t’es toujours aussi magnifique!»

April était une très belle femme remplie de qualité, une vraie petite parle. Je savais que sa vie n’allait pas toujours dans la direction qu’elle le désirait, c’était comme ça pour plusieurs d’entre nous mais elle était forte et je savais qu’un jour, elle allait avoir la vie dont elle a toujours rêvé. En attendant, je lui souhaite d’être heureuse, tout simplement et de s’épanouir dans toutes les petites choses qui pouvait lui arriver. Un dernier petit sourire à la jeune femme, puis je poussai mon caddie plus loin pour continuer à prendre quelques trucs rapidement et rentrer chez Nathaniel.