Je n’étais pas prête. J’avais beau avoir programmé ce diner une semaine auparavant, je n’arrivais pas à me dire que ça allait vraiment avoir lieu. Je ne savais pas trop ce qui m’avait pris de vouloir faire rencontrer mon frère et William de manière aussi formelle. J’aurais très bien pu faire en sorte qu’ils tombent par hasard l’un sur l’autre finalement. Ça m’aurait évité tout ce stress inutile. Et pourquoi diable est-ce que je stressais comme ça ? Peut-être parce que l’approbation de mon frère était importante à mes yeux ? Peut-être parce qu’il était important pour moi que William et lui s’entendent ? Peut-être aussi parce que c’était la première fois que je me retrouvais à lui présenter un homme avec qui j’avais une relation sérieuse à Reid ? Au fond de moi, je savais que ce diner n’avait aucunes raisons de ne pas bien se passer, mais je ne pouvais m’empêcher d’imaginer tous les scénarios catastrophes qu’ils pouvaient y avoir. Je redoutais un peu du comportement de mon frère. Je lui faisais confiance pour être sympa avec mon petit-ami mais en tant que grand-frère un peu protecteur envers sa petite-sœur j’espérais qu’il ne ferait pas subir à Will un interrogatoire gênant. Pour éviter de trop penser à ce qui pouvait arriver, j’avais décidé de préparer le diner de ce soir toute seule et j’avais bien insisté sur ce point auprès de mon frère et Reid qui m’avaient proposé leur aide. Au moins seule j’en aurais pour plus longtemps, donc moins de temps pour cogiter. Le menu serait simple : melon avec jambon de parme en entrée, suivie de lasagnes maison avec de la salade verte et en dessert un tiramisu au chocolat. J’avais misé sur l’italien car ce n’était pas tombé à côté de mon oreille que Reid avait apprécié leur cuisine lorsqu’il avait voyagé en Italie. Avec un peu de chance il serait trop concentré à manger plutôt que de poser des questions …
 
Finalement comme le menu n’était pas très élaboré, j’eu vite fait de terminer la cuisine. J’en profita alors trouver quoi me mettre ce soir. Dans ma chambre, un t-shirt que mon frère avait oublié au moment de son emménagement dans son nouvel appart’ appuya l’angoisse que je pouvais ressentir. Je fouillai ma penderie et attrapa un jean noir avec un chemisier rouge. Rien de bien extravagant. Autant que je me sente à l’aise dans mes habits au cours de ce diner. Habillée, coiffée et maquillée je m’installai dans le salon en attendant que les garçons arrivent. D’abord je m’assis dans le canapé, mais je ne tenu pas en place et commença à faire les cent pas dans la pièce. Je retouchai la table que j’avais dressée même s’il n’y avait pas besoin de cela. On sonna et je me précipitai vers la porte d’entrée. Je pris une grande inspiration et ouvrit la porte pour y voir mon frère. Je sais pas ce qui était le plus rassurant, de le voir arriver en premier ou non. Peu importe, il était là. « Salut frangin ! » Je lui offris mon plus sourire d’angoissée et le fis rentrer dans l’appartement avant de renfermer la porte derrière lui. « T’as pas eu trop de mal à trouver, ça va ? » lui demandai-je pour plaisanter tandis qu’il se défaisait de sa veste. « Tu es venu seul ... » J’étais presque déçue qu’il n’ait pas changé d’avis et n’ait pas ramené de fille. Même si je n’approuvais pas vraiment sa relation de colocataire avec Jaime, j’aurais presque aimé attablée avec nous. Elle aurait pu servir de diversion si jamais les choses tournaient mal. J’avais pourtant insisté plus ou moins discrètement pour qu’il soit accompagné mais cela n’avait pas eut l’effet escompté. Ce n’était pas grave. De toute manière tout irait bien c’était certain !
 
La sonnette retentit et je senti mon cœur faire un bond dans ma poitrine. Mon pouls s’emballa. J’avais l’impression que j’étais sur le point de faire une crise cardiaque. J’ouvris la porte et me retrouva face à William. Je lui offris un sourire aussi stressé que celui que j’avais fait pour accueillir mon frère. Je pouvais sentir le regard curieux de mon frère depuis le salon. « Hey ! Je suis contente que tu sois là … pas que je pensais que t’allais pas venir mais … je suis contente. » dis-je d’une voix un peu tremblotante de stress. Je posai mes lèvres sur celles du jeune homme très furtivement, un peu mal à l’aise de m’afficher ainsi devant mon frère. Je fis rentrer le jeune homme et referma la porte derrière lui. Je m’avançai dans le salon où mon frère nous attendait sagement. « Reid je te présente William. William, mon frère. » Ma gorge se noua un peu tandis que les deux hommes se saluaient mutuellement. Bon, première étape de faite. Mais ce n’était qu’un petit bout sur ce qui allait suivre. Afin de mettre tout le monde à l’aise, sauf moi peut-être, je décidai de renseigner mes invités sur le diner de ce soir : « J’ai cuisiné italien, j’espère que ça va à tous le monde … De toute façon y a pas autre chose. » Je me mis à rire puis me sentis un peu ridicule avec ma mauvaise blague vieille comme le monde. Je me passai une main dans mes cheveux, toujours aussi nerveuse. Pitié, seigneur venez-moi en aide …

Merde l'heure ! Il n'avait pas vu le temps passer, bien trop occupé à essayer de trouver la faille dans le moteur qu'il avait sous les yeux. Il avait passé toute la journée au boulot, les mains dans le cambouis, comme à peu près tous les jours depuis une semaine déjà. Reid avait accepté quelques jours plus tôt de venir donner un coup de main à Noah dans son garage, histoire de combler l'absence d'un de ses mécanos qui avait déménagé, le laissant dans l'embarras et avec une surcharge de travail non négligeable. Et comme il continuait également à bosser dans le garage de son premier employeur, Reid avait un peu une vie surchargée ces derniers temps, passant pratiquement plus de temps au boulot que chez lui. Ce n'était pas pour lui déplaire, il adorait ça pour être honnête, d'autant plus que maintenant, il pouvait travailler avec l'un de ses meilleurs potes. Alors pour lui, c'était le pied. Cependant, ce rythme effréné commençait sérieusement à avoir raison de lui et de sa forme, il savait pertinemment qu'il ne pourrait pas mener ce train de vie éternellement. Dans tous les cas, il comptait pour le moment continuer à bosser dans le garage de Noah, envisageant même de venir travailler ici sur un poste fixe s'il en avait la possibilité. Mais là tout de suite, c'est à autre chose qu'il pensait. Il devait se grouiller de rentrer chez lui afin de se préparer pour cette fameuse soirée qu'il attendait depuis son arrivée à Miami. Reid savait que ce soir il rencontrerait enfin ce fameux William, le petit-ami de sa sœur, autour d'un dîner que Kathelyn avait spécialement organisé. Pas plus nerveux que ça pour sa part, Reid se doutait bien que pour sa sœur, à l'inverse, ces présentations étaient un peu le moment redouté. Sûrement parce-qu'elle craignait ce que Reid pouvait dire ou faire si jamais il jugeait que le prétendant en question n'était pas assez bien pour elle. Être protecteur était dans la nature de Parks, c'était plus fort que lui, il ne pouvait pas concevoir que sa sœur puisse tomber sur quelqu'un de malveillant, quelqu'un qui pourrait être susceptible de lui faire du mal. Alors il restait sur ses gardes. Parce-que c'était comme ça qu'il marchait... Lorsqu'il ne connaissait pas, il se méfiait. Tout simplement.

Arrivé chez lui, il s'empressa de prendre une douche et de s'habiller de façon adéquate pour la soirée. Il savait que le dîner s'apprêtait à être plutôt formel mais ce n'était pas pour autant qu'il se prendrait au jeu et débarquerait chez sa sœur en étant tiré à quatre épingles. Il voulait rester simple, montrer qu'il n'était pas impressionné et surtout éviter de rajouter de la pression à sa sœur, dont il pouvait déjà deviner d'ici l'état un peu désastreux. Il y pensa d'ailleurs un instant et ne put s'empêcher de laisser un sourire amusé s'installer sur ses lèvres. Reid la connaissait aussi bien qu'elle le connaissait elle-même. Il quitta rapidement les lieux pour prendre la route vers l'appartement de sa sœur, satisfait d'avoir finalement rattrapé le retard qu'il avait accumulé, prenant même le temps de faire un détour dans une épicerie où il acheta une bouteille de vin français. Reid arriva sur les lieux, montant les escaliers un à un pour retrouver cet appartement qu'il ne connaissait que trop bien pour y avoir résidé quelques temps lors de son arrivée en ville. « Salut frangin ! » La porte s'ouvrit plus rapidement qu'il ne l'aurait pensé, confirmant les soupçons qu'il portait sur l'état de stress de sa sœur. Il la salua à son tour, lui offrant la bouteille avant de pénétrer dans l'appartement en premier. « T’as pas eu trop de mal à trouver, ça va ? » Il se défit de sa veste pour se mettre à l'aise avant de se retourner vers Kath et son visage... crispé ? « Je pensais être en retard, faut croire que je suis un peu plus pointilleux sur la ponctualité que lui. » Reid, tu l'aides pas là... Il se rendit compte que ce n'était pas avec ce genre de remarques que la tension de sa sœur allait baisser. Il s'approcha d'elle, posant ses mains au niveau de ses épaules en lui offrant un sourire rassurant. « Hey détends-toi, ça va bien se passer. Puis au pire, si je juge qu'il est nul, ben il rentre chez lui et c'est fini. » Dit-il, tentant une nouvelle plaisanterie avant de s'approcher de sa sœur et de poser ses lèvres sur son front de manière affectueuse. « Tu es venu seul ... » Il secoua positivement la tête, haussant les sourcils face à la déception qu'il lisait sur le visage de sa sœur. « Eh oui, ton plan n'a pas hyper bien fonctionné on dirait. » Dit-il, pouffant légèrement avant que la sonnerie retentisse pour la deuxième fois de la soirée, annonçant l'arrivée de William et leur rencontre imminente. Reid laissa sa sœur se charger d'ouvrir la porte, curieux de mettre un visage sur ce nom qu'il avait déjà beaucoup entendu. « Reid je te présente William. William, mon frère. » Reid tendit sa main vers l'homme en question, un sourire poli ornant ses lèvres. « Enchanté William, on m'a beaucoup parlé de toi... et quand je dis "on", c'est surtout venant d'elle en fait. » Ajouta-t-il, détournant le regard vers Kathelyn qui semblait se mortifier sur place. « J’ai cuisiné italien, j’espère que ça va à tous le monde … De toute façon y a pas autre chose. » Il percevait la nervosité dans la voix de sa sœur et dans ses agissements, elle avait l'air d'une pile électrique à bouger comme ça. Elle en filerait presque le tournis. « Kath... respire. Ça va bien se passer. » Dit-il, appuyant sur chaque mot comme pour lui prouver que tout irait vraiment bien et qu'elle n'avait pas à s'en faire. « N'est-ce pas William ? » Il s'était retourné vers le jeune homme, lui tendant la perche pour que celui-ci vienne confirmer ses propos.

J’aurais pu être stressé mais à vrai dire, je ne l’étais pas vraiment. Kathelyn voulait que je rencontre son frère et ça me faisait un plaisir de le faire, sérieusement. Je trouvais que c’était un beau geste de sa part pour me faire comprendre qu’on était quelque chose de sérieux tous les deux, ça ne pouvait que me faire plaisir. J’avais un travail très social, j’étais continuellement en contact avec les gens et je savais que j’avais un certain charisme, disons que c’était pas arrivé souvent que quelqu’un me déteste - et heureusement car en revanche, ça arrivait également très rarement que je déteste quelqu’un également. J’aimais les gens… au point où j’en avais fait un métier et mon devoir, de les aider et les soigner. Lorsqu’on doit annoncer de mauvaises nouvelles continuellement, rencontrer le frère de la fille qu’on aime, ce n’est pas trop la mer à boire, en toute honnêteté. Naturellement, j’espérais que tout se passe bien. Il faut dire que lorsqu’elle m’avait informé du fait qu’il était en ville pour la retrouver, j’avais un peu paniquer intérieurement. J’avais d’abord imaginé le pire des scénarios : celui qu’il allait la ramener dans leur secte et tout mais heureusement, ça ne semblait pas être le cas. En fait, le frère Parks - dont je ne connaissais pas le prénom, encore - avait décidé de faire de Miami, sa nouvelle maison également. Ça rendait Kathelyn très heureuse, je l’avais bien vu… et l’important, c’était son bonheur. C’était toujours important d’ailleurs, d’avoir sa famille près de soi, à mon avis. Elle même disait qu’il fallait qu’elle retrouve ses repères dans ce nouveau monde donc d’avoir ce visage familier qu’elle avait depuis toujours, n’allait que l’aider à mon avis.

J’étais donc arrivé à l’heure à laquelle la jeune femme m’avait demandé d’y être. Et puisqu’on m’avait toujours dit de ne jamais arrivé les mains vides, je tenais dans mes mains, un petit carton contenant diverses pâtisseries. Je n’avais pas eu le temps de les faire moi-même mais j’étais arrêté au meilleur endroit en ville, à mon avis. Devant la porte de l’appartement de Kath, je raclai ma gorge un bon coup avant de sonner. J’entendis des pas arriver derrière la porte et à peine cette dernière ouverte, que je souris à la magnifique brunette qui se trouvait devant moi. Aussitôt, je remarquai qu’elle était plus que nerveuse, ça avait son côté mignon et je ne pouvais que lâcher un petit rire. « Eh bien je suis content d’être là également! » lui répondis-je en me penchant pour venir lui voler un baiser. Ce fut rapide, mais je pouvais comprendre… on était pas seuls! Je fermai donc la porte de l’appartement en suivant Kathelyn qui s’avançait vers un homme, son frère… assurément! Je lui serrai la main immédiatement pendant qu’il faisait une petite remarque comme quoi il avait souvent entendu parler de moi. « J’espère que c’était en bien! » déclarais-je dans un rire tout en tournant la tête rapidement vers la jeune femme dont il était question. « Très heureux de faire ta connaissance! Ton arrivé en ville a provoqué beaucoup de joie, je te confirme! » Et j’avais envie de le remercier pour ça, de faire briller les yeux de sa soeur ainsi par sa présence. Note hôtesse de la soirée nous informa ensuite qu’on allait manger italien et qu’elle espérait qu’on aime ça car sinon, y’avait rien d’autre. Étant témoin lui aussi de sa très grande nervosité, il jugea bon de la rassurer un peu comme quoi tout allait bien se passer. Ici, elle était la plus nerveuse de nous trois et pourtant, elle… elle connaissait tout le monde! « Certainement! Tout se passe déjà très bien… qui sait, ça deviendra peut-être la meilleure soirée de ta vie! » Bon, j’en mettais trop, mais c’était surtout pour la faire rire un peu et la détendre, idéalement. D’ailleurs, je tenais toujours ma petite boite dans mes mains moi. « Au fait, j’ai apporté le dessert tout droit sorti des fourneaux de la meilleure pâtisserie en ville! Je peux déposer ça là? » demandais-je à Kathelyn en pointant le comptoir. Je voulais pas m’étendre partout non plus. « Si tu as besoin d’aide avec quoi que ce soit, fais-moi signe! » Je ne savais pas si c’est le repas était déjà terminé mais bon, j’étais là pour aider! Je tournai ensuite mon attention vers Reid, sur qui je pouvais enfin mettre un prénom. On était là pour apprendre à se connaître tous les deux non? Eh bien voilà… je me risquai donc une question. « Alors, comment on trouve Miami jusqu'à présent? T’as eu la chance de visiter un peu? »

J’étais stressée. Moi qui était souvent nerveuse, je l’étais davantage ce soir. En même temps, ce qui allait se passait n’était pas anodin. Je présentais quand même mon petit-ami à mon frère. C’était une première pour moi. Au complexe, il n’était pas utile de présenter de façon si officielle les personnes qui étaient importantes, tous le monde se connaissait déjà. Reid n’avait pas eu besoin de nous présenter Nora par exemple. Nous avions fait une fête pour célébrer les fiançailles mais cela s’arrêtait là. Là, en l’occurrence, William et Reid ne se connaissaient pas et je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Quand la sonnerie de la porte d’entrée retentie, je sentie mon cœur s’affoler. Le premier arrivé était mon frère, une bouteille à la main. Alors que je voulais faire une blague pour me détendre, celle-ci tomba légèrement à l’eau quand Reid me répondit par un sarcasme. Je le regardai, un peu paniquée par ce jugement sur la ponctualité de Will. « Il va surement arriver … Il est peut-être dans les bouchons … ou tu sais comme il travaille à l’hôpital il a peut-être eu une urgence … » bredouillai-je comme je pouvais pour défendre le jeune homme. Oh non ça commençait mal. La première impression de la part de mon frère était mauvaise ? Comment allait se passer le diner si déjà il se mettait à le juger pour quelques minutes de retard et en dehors de sa présence ? Les mains de mon frère se posèrent sur mes épaules et me dit quelques paroles plutôt rassurantes cette fois-ci, du moins pour le début de sa phrase. Je le foudroyai du regard quand il ajouta que dans le pire des cas William n’aurait qu’à retourner chez lui s’il ne plaisait pas à mon frère. Je décidai de changer de sujet en commentant l’absence de partenaire à notre diner. « Eh oui, ton plan n'a pas hyper bien fonctionné on dirait. » J’avais pourtant tenté le coup, mais mon plan machiavélique n’avait pas fonctionné ce qui fit rire mon frère. Dommage, cette fille aurait pu servir de diversion de temps à autre si les choses se passaient difficilement bien. Je me précipitai ensuite pour ouvrir la porte d’entrée à William quand la sonnerie se fit entendre. Il n’était pas arrivé les mains vides lui non plus. Il tenait une boite de gâteaux provenant d’une pâtisserie dont l’enseigne me disait vaguement quelque chose. Après l’avoir accueilli par un baiser furtif, je le présentai à mon frère qui attendait dans le salon. Je fis rapidement les présentations car chacun savait qui était l’autre. Ils s’échangèrent quelques mots avec humour. Je décidai de les informer du diner qui allait suivre, tentant même une petite blague, un peu nulle. Mon frère me demanda de respirer et m’assura que tout allait bien se passer, cherchant même l’appui de l’autre jeune homme. « Certainement ! Tout se passe déjà très bien… qui sait, ça deviendra peut-être la meilleure soirée de ta vie ! » répondit Will. Je ne pu m’empêcher de sourire sur ses mots. Meilleure je n’en étais pas sûre mais une bonne, je ne pouvais que l’espérer. Je devais faire pitié à être aussi tendue pour un simple diner. Les garçons étaient très loin de s’en faire et semblaient avoir pleinement confiance dans le déroulée de cette soirée. Au moins c’était rassurant. « Merci à vous deux. »  Merci pour quoi exactement ? Je ne savais pas trop. D’être là ce soir, et aussi d’être aussi sereins également. Je suivis les conseils de mon frère et respira profondément. Je sentis mes épaules se détendre un petit peu. « Au fait, j’ai apporté le dessert tout droit sorti des fourneaux de la meilleure pâtisserie en ville ! Je peux déposer ça là ? » J’acquiesça d’un signe de tête. Il enchaina en me proposant son aide si j’avais besoin. « Je te remercie mais ça ira. » Je lui offris un sourire en le regardant. C’était agréable qu’il soit là. En même, ce diner était en parti fait pour lui, ce serait donc étrange s’il était absent … Mais cette assurance qu’il avait me rassurer, pas seulement ce soir, mais tout le temps. Encore une fois je me rendais compte de l’effet qu’il exerçait sur moi, sans qu’il ne le sache forcément. Il s’adressa à Reid, lui demandant s’il avait pu visiter Miami depuis son arrivée et comment est-ce qu’il trouvait la ville. Je devançai mon frère avec une petite pique en guise de réponse. « Oh il a fait bien plus que ça ! Il a carrément visité l’Europe ! » Je regardai mon frère avec un sourire qui en disait bien long sur cette petite rancœur que j’avais mais que je savais être illégitime. Je posai ma main sur son avant-bras affectueusement tout de même pour lui montrer que je ne lui en tenais pas non plus véritablement rigueur. Après-tout j’avais pas suivis le plan alors il en avait fait de même. « Asseyez-vous, je vais aller chercher un tire-bouchon. Tu bois du vin Will ? J’ai du soda ou bien du jus de fruit sinon. » Je me risquai à lui poser la question en sachant très bien que la réponse avait peu de chance d’être positive. « William est très prudent. Il boit jamais quand il conduit. » Enfin, j’avais jamais réellement posé la question en fait, mais c’est ce que je j’en avais conclus après plusieurs rendez-vous. Mais bon, j’étais quand même pas mal fière de pouvoir valoriser mon petit-ami sur quelque chose face à mon frère, histoire de lui faire gagner quelques points. Je m’en allai prendre un tire-bouchon dans la cuisine ainsi que du soda et une brique de jus de fruit. Au moins tout serait à portée de main. Je tendis le tire-bouchon à Reid pour qu’il ouvre la bouteille de vin. « Tu peux s’il te plait ? » Je ne voulais pas m’y risquer de peur de faire de créer une catastrophe.

C'était peut-être un peu sadique de sa part, mais c'était assez amusant pour lui de voir Kathelyn dans tous ses états. Il voyait sa nervosité, elle peinait à la cacher et elle agissait de manière vraiment... étrange, ne tenant pas une seconde en place. On avait presque l'impression qu'elle s'apprêtait à recevoir l'homme le plus influent du monde à sa table et que le moindre faux pas conduirait à sa perte. Et pourtant, ce n'était "qu'eux". Et même s'il tentait de ne pas y prêter attention, Reid savait bien que l'enjeu de la soirée était un peu plus important que ça pour Kath. Pour n'importe qui d'autre, ça paraissait être un simple dîner de rencontre, mais si on grattait en profondeur, sa sœur et lui savaient pertinemment que c'était plus que ça. Parce-qu'il connaissait l'importance que Kath accordait à son avis, et ce soir, c'était l'occasion pour qu'il puisse en savoir davantage sur l'homme qui était entré dans la vie de sa sœur. Et autant dire que de nombreuses questions lui brûlaient déjà les lèvres. « Il va surement arriver … Il est peut-être dans les bouchons … ou tu sais comme il travaille à l’hôpital il a peut-être eu une urgence … » Ok, c'était pas sympa de ta part ça Reid... Il hocha la tête, faisant mine d'emmagasiner toutes les possibilités et excuses que Kath débitait pour défendre William. « Ou il a peut-être rencontré une autre patiente. » Ajouta-t-il, amusé par ses propres propos jusqu'à ce qu'il intercepte le regard noir de sa sœur. « Ça va, je blague. » Dit-il, pour essayer de se rattraper comme il le pouvait. L'arrivée de William le sauva un peu, annonçant le début de leur "italian party" un peu tendue du point de vue de Kath, beaucoup moins du point de vue des deux jeunes hommes. « J’espère que c’était en bien! » Encore heureux, le cas contraire, Reid n'aurait certainement pas pris la peine de se déplacer pour le rencontrer. « Ça l'était. » Lui répondit-il, sur ce même ton déconneur que lui. « Très heureux de faire ta connaissance! Ton arrivé en ville a provoqué beaucoup de joie, je te confirme! » Reid lui répondit par un sourire poli, lâchant la main du jeune homme après ce serrage de mains toute en formalité. Du coin de l’œil, il pouvait sentir le regard de Kath sur eux, comme si elle scrutait leur moindre réaction avec appréhension. « Certainement ! Tout se passe déjà très bien… qui sait, ça deviendra peut-être la meilleure soirée de ta vie ! » Reid n'en était pas aussi certain, fallait pas non plus abuser. Ce qui était néanmoins sûr, c'était qu'il n'y avait aucune raison pour que cette soirée soit catastrophique. Ils étaient tous les trois adultes et matures, et savaient -normalement- se comporter comme tels. « Alors, comment on trouve Miami jusqu'à présent? T’as eu la chance de visiter un peu? » Reid reposa son attention sur le jeune homme, se demandant s'il s'intéressait vraiment à lui ou bien s'il agissait par pure politesse. Il réfléchissait sûrement trop, il le savait, mais son côté méfiant refaisait toujours surface à un moment ou à un autre. Et il aura fallu que ce moment arrive plus tôt que prévu. « Oh il a fait bien plus que ça ! Il a carrément visité l’Europe ! » Kath prit les devants, ne se gênant pas au passage pour lui rappeler qu'il avait visité l'Europe sans elle. Instantanément, son regard se posa sur elle, avec cet air interrogateur du style "on va vraiment parler de ça maintenant ?". « Hm oui, j'ai eu un peu le temps de visiter les alentours, c'est très sympa. Et puis... je suis encore ici, donc c'est bon signe. » Lui répondit-il, faisant abstraction de la remarque de sa sœur et sous-entendant le fait que Miami avait su calmer un tant soit peu son âme de vadrouilleur. « Asseyez-vous, je vais aller chercher un tire-bouchon. Tu bois du vin Will ? J’ai du soda ou bien du jus de fruit sinon. William est très prudent. Il boit jamais quand il conduit. » Les deux jeunes hommes s'exécutèrent et prirent place. Reid hocha la tête à la remarque de sa sœur, se tournant vers William et s'emparant de la bouteille de vin. « C'est bien d'être prudent, vraiment. Mais faut au moins que tu goûtes ce vin ; un verre, ça n'a jamais fait de mal à personne. » Il avait fait exprès d'acheter un vin d'exception pour l'occasion, originaire d'un pays qui avait pas mal marqué son esprit, il serait clairement déçu si William ne le goûtait pas. Il attrapa le tire-bouchon que sa sœur lui tendit afin d'ouvrir la bouteille puis s'arrêta avant de servir, observant le jeune docteur. « Alors, partant ? » Il ne lui forcerait pas la main s'il ne voulait vraiment pas boire d'alcool, ce n'était pas son genre. « Alors, dites-moi... ça serait indiscret de vous demander comment vous vous êtes rencontrés ? » Ben oui, c'était pour ça qu'ils étaient venus après tout, non ? Reid n'était pas du genre à tourner autour du pot, il voulait en savoir plus sur William et maintenant que les présentations étaient faites, il pouvait aisément se laisser aller à quelques questions.

Tout allait bien aller, on avait pas besoin de stresser, nous allions tous ensemble, passer une très belle soirée. C’est ce que je me disais et c’est ce que je voulais que Kathelyn croit également. On avait pas à s’en faire, si son frère était aussi sympathique et adorable qu’elle, je ne vois pas pourquoi il y aurait un problème. Naturellement, la jeune femme m’avait fait part du fait qu’il aimait bien jouer les grands frères protecteurs mais jusqu’à maintenant, de première vue, il ne semblait pas vouloir m’intimider ou quoi que ce soit, seulement apprendre à me connaître. J’informai notre hôtesse de la soirée que j’avais pensé apporter le dessert, c’était la moindre des choses à mon avis, surtout qu’elle acceptait de nous recevoir comme ça et de préparer toute seule le repas. Je savais que c’était une soirée importante pour elle et par conséquent, ça le devait aussi pour moi. C’est pourquoi je décidai de faire un peu la conversation avec son frère, au sujet de son adaptation à Miami, comment il trouvait le tout et tout quoi! J’imaginais qu’il devait bien s’y plaire puisqu’il avait décidé d’élire domicile. Ma copine le devança en affirmant qu’il avait fait mieux que simplement visiter les environs, qu’il avait été jusqu’en Europe. Intéressé, je haussai les sourcils. « Très beau continent! T’es allé dans quel coin? » Puis, ce dernier me répondit qu’il avait eu la chance de visiter un peu les environs, sans pour autant entrer dans les détails.

La conversation coupa assez court lorsque Kathelyn nous demanda de passer à la table tout en nous offrant quelque chose à boire. On se mit à parler de vin… et du fait que je ne buvais pas quand je conduisais, que j’étais du genre responsable. Puis là, le frère se montra un peu insistant et ça me rendait mal à l’aise car clairement, j’allais pas accepter de boire un verre complet de vin, ça me faisait terriblement peur, l’alcool, désormais. Surtout que je ne connaissais ma sensibilité à rechuter. Bien que là, c’était une boisson alcoolisée assez douce, rien à voir avec les whisky et les vodkas de ce monde. « Ah tu sais, c’est pas seulement en conduisant. J’ai réalisé avec le temps que l’alcool, c’était tout simplement pas fait pour moi donc je n’en bois jamais!  Mais je peux toujours voler une gorgée du verre à Kathelyn, si ça lui dérange pas, bien sur! » déclarais-je en regardant cette dernière en souriant. Comme ça, j’allai faire plaisir à Reid… et je comptais à peine y tremper mes lèvres, pas question de me laisser tenter par plus. Ce dernier continua la conversation en nous demandant la fameuse question typique de comment nous nous étions rencontrés tous les deux. Visiblement, Kath n’en avait pas parlé avec lui. « Non pas du tout! En fait, Kathelyn avait prit rendez-vous à l’hôpital et après avoir discuté avec elle, j’ai réalisé que je ne pouvais personnellement rien faire pour elle donc je l’ai transféré à un de mes collègues. En finissant ma journée de boulot, je suis passée en voiture devant l’arrêt d’autobus où elle semblait attendre depuis un moment sous la pluie. Y’a eu des travaux près de l’hôpital et des changements dans les horaires d’autobus donc je lui ai proposé de la raccompagner chez elle! » Je souris à Reid avant de tourner la tête vers la principale concernée, et ça avait été une très bonne proposition à faire, vu où on en était aujourd’hui. Si Kath voulait ajouter quoi que ce soit à ce que j’avais commencé à dire, je n’étais pas contre. Même que je trouverais ça intéressant d’entendre son point de vue de la suite de l’histoire. Après tout, la question nous était adressé à tous les deux.

J’étais contente de voir que Reid et William faisaient tous deux des efforts pour se présenter l’un à l’autre en instaurant bon climat. Chacun avait ramené un petit quelque chose pour la soirée. Mon frère le vin et mon petit-ami le dessert. C’était adorable de leur part. Malgré tout, je restais un peu nerveuse. Je voulais que tout soit parfait ce soir et que les deux jeunes hommes puissent s’apprécier. Je ne pu m’empêcher d’envoyer un pique à mon frangin quand William le questionna sur ses visites en ville en précisant que Reid avait déjà fait le tour de l’Europe. Non j’étais pas rancunière, pas du tout. Bon d’accord peut-être un peu. Ce dernier me lança un regard un peu désapprobateur et je lui souris en signe de défi. Je n’allais pas ajouter autre chose. Je savais que cette conversation pouvait être épineuse et nous énerver tous les deux alors je me tus et laissa parler mon frère. « Hm oui, j'ai eu un peu le temps de visiter les alentours, c'est très sympa. Et puis... je suis encore ici, donc c'est bon signe. » J’étais bien content qu’il soit d’ailleurs toujours en ville. Je n’aurais pas voulu qu’il disparaisse de ma vie aussi vite que je l’avais retrouvé. J’avais été séparé de lui pendant un an et je tenais à rattraper cette longue année d’absence. William lui demanda où il était allé. Je proposai aux garçons de s’installer à table afin de continuer cette conversation le plus agréablement possible. Je leur demandai ce qu’ils souhaitaient boire, proposant une alternative au vin pour William. Je savais qu’il ne buvait jamais quand il conduisait et je flattai cette prudence auprès de mon frère. « C'est bien d'être prudent, vraiment. Mais faut au moins que tu goûtes ce vin ; un verre, ça n'a jamais fait de mal à personne. » Je regardai les garçons tour à tour attendant la réponse de William pour savoir si je devais prendre autre chose que du vin dans la cuisine. « Ah tu sais, c’est pas seulement en conduisant. J’ai réalisé avec le temps que l’alcool, c’était tout simplement pas fait pour moi donc je n’en bois jamais !  Mais je peux toujours voler une gorgée du verre à Kathelyn, si ça lui dérange pas, bien sûr ! » J’apprenais quelque chose de William en écoutant ses paroles. Moi qui pensait qu’il ne buvait pas parce qu’il conduisait, finalement il en était autrement. Je souris à mon petit-ami en acquiesçant d’un signe de tête. « Tu peux, tu peux, ça me dérange pas et puis comme ça mon frère ne sera pas vexé. » Je me mis à rire doucement avant d’aller le nécessaire pour le début de ce diner dans la cuisine. Quand je revins, assez rapidement, mon frère ne se gêna pas pour nous demander comment on s’était rencontrés. C’est vrai que je ne lui avais jamais raconté les détails de notre rencontre, étant assez discrète sur ma vie sentimentale. Il savait que Will était médecin mais cela s’arrêtait là. Je m’assis sur une chaise et laissa le jeune homme répondre pour nous. Il expliqua que nous nous étions rencontrés à l’hôpital et qu’après le rendez-vous il m’avait aperçue attendant le bus sous la pluie. Au fur et à mesure où il expliquait notre histoire, un léger sourire se glissait sur mes lèvres. C’est vrai que c’était quand même une rencontre un peu originale et sans l’assurance du médecin et de sa gentillesse on en serait pas là où nous en étions aujourd’hui. « Et puis je t’ai invité à boire un café à la maison quand même. Sans ça il n’y aurait peut-être pas eu de diner qui sait. » Je souris et posa une main sur celle de William, un peu fière d’ajouter une initiative personnelle à notre histoire. Je servis un verre à William en ajoutant : « Tu sais qu’il m’a invité à diner chez lui et m’a demandé de lui faire à manger ? » Je me mis à rire, amusée par la situation que cela avait été. Ça avait été un super diner tout de même. Original mais bien sympa. En y repensant, ce diner aurait pu aussi être le soir de notre premier baiser si je n’avais pas été une trouillarde en manque de confiance. Je saisis le verre de vin que mon frère me tendait et le leva légèrement en l’air pour trinquer. Je me sentais déjà un peu plus détendue et mon estomac c’était libéré de quelques grammes d’anxiété. « Je suis contente de vous avoir à diner tous les deux. Merci beaucoup. » Je bu une gorgée de mon vin et tendis ensuite mon verre à William pour qu’il puisse goûter à son tour. Il était légèrement fruité. Je n’étais pas une grande fan des vins mais celui-ci était vraiment bon. « Français ? » demandai-je à mon frère. Je savais que la France était quand même assez réputée pour sa production de vin mais peut-être qu’un autre vignoble étranger avait réussis à voler la vedette ?
 

Avoir dévié la conversation sur le voyage en Europe de Reid était une plus ou moins bonne idée. Parce-qu'il s'agissait d'un sujet sensible entre sa sœur et lui. Une promesse rompue des deux côtés qui avait laissé quelques traces de rancœur au fond d'eux. Alors, c'était préférable d'éviter d'en parler. « Très beau continent! T’es allé dans quel coin? » William n'aidait pas vraiment puisqu'il jugea bon de le questionner un peu plus. Après tout, le pauvre, il ne pouvait pas savoir qu'il touchait du doigt leur corde sensible et Reid n'avait aucun droit de lui tenir compte de cette maladresse involontaire. « Honnêtement, j'ai essayé de faire le plus de pays possibles en m'étendant dans tous les coins du continent. » Ajouta-t-il, pas certain que cet aveu ne plaise réellement à Kathelyn. Mais bon, il se voyait mal mentir au jeune docteur juste pour amortir la déception de sa sœur et de toute façon, il était très mauvais lorsqu'il s'agissait de ne pas dire la vérité. Les deux jeunes hommes finirent par s'installer autour de la table après demande de leur hôtesse et Reid s'occupa de servir le vin. « Ah tu sais, c’est pas seulement en conduisant. J’ai réalisé avec le temps que l’alcool, c’était tout simplement pas fait pour moi donc je n’en bois jamais! Mais je peux toujours voler une gorgée du verre à Kathelyn, si ça lui dérange pas, bien sur! » Reid regarda William, se demandant si cette volonté de ne pas boire d'alcool cachait une addiction antérieure ou un problème lié à la boisson en général. Pas vraiment de quoi rassurer le grand frère protecteur... Il haussa les épaules, regardant Kath avec cet air amusé avant de remplir le verre de sa sœur. « Bon ben, y'en aura plus pour nous deux alors ! » Il lança un clin d’œil à Kath, riant à sa rétorque. « Hé ! Me fais pas passer pour celui qui prend facilement la mouche. » Lança-t-il, sur un ton léger et blagueur. Néanmoins, Reid et sa curiosité légendaire se mirent rapidement à questionner le jeune couple sur la façon dont ils s'étaient rencontrés. Parce-qu'il fallait quand même avouer que ça l'intriguait pas mal cette histoire. « Non pas du tout! En fait, Kathelyn avait prit rendez-vous à l’hôpital et après avoir discuté avec elle, j’ai réalisé que je ne pouvais personnellement rien faire pour elle donc je l’ai transféré à un de mes collègues. En finissant ma journée de boulot, je suis passée en voiture devant l’arrêt d’autobus où elle semblait attendre depuis un moment sous la pluie. Y’a eu des travaux près de l’hôpital et des changements dans les horaires d’autobus donc je lui ai proposé de la raccompagner chez elle! » Il hocha la tête, prêt à répliquer lorsque sa sœur vint ajouter des détails supplémentaires. « Et puis je t’ai invité à boire un café à la maison quand même. Sans ça il n’y aurait peut-être pas eu de diner qui sait. » Il finit de remplir son verre, silencieusement, sans reposer ses yeux sur sa sœur et son petit-ami. « Et du coup, c'est la première fois que tu sors avec une de tes patientes ? » Le blanc qui s'installa le fit soudainement relever les yeux. Il prit cet air faussement innocent, regardant Will et Kath à tour de rôle. « J'ai dit quelque chose qu'il fallait pas ? » Ben fallait s'y attendre honnêtement, Reid n'était pas du genre à jouer les fines bouches, surtout s'il s'agissait du copain de sa sœur. Il but une première gorgée, en profitant pour guetter la réaction de William sans pouvoir prédire s'il allait vraiment répondre à sa question. « Je suis contente de vous avoir à diner tous les deux. Merci beaucoup. » Il adressa un sourire tendre à sa sœur, lui faisant comprendre que c'était normal qu'il soit présent et que ça lui tenait autant à cœur qu'elle. « Français ? » Il hocha la tête alors que ses yeux se perdirent sur la robe de ce vin d'exception. « Y'a pas meilleur. » Et c'était vrai. Il avait parcouru des kilomètres de chemin et il pouvait aisément affirmer que les français étaient les meilleurs viniculteurs qu'il ait rencontré. « Bon William, t'es médecin, responsable, galant... va falloir que je te trouve des défauts sinon je vais commencer à trouver ça suspect. » Il lança, pour essayer de se rattraper de sa précédente gaffe.

Reid chercha à n’en savoir plus sur notre première rencontre, à Kathelyn et moi. C’est donc tout en souriant je me remémorai ces beaux moment, commençant le premier par expliquer le début de la situation. La pauvre Kathelyn tout droit arrivée ici, c'était tout bonnement fait dire par quelqu’un qu’elle avait un problème avec son cerveau et avait jugé bon de venir voir en chirurgie, si quelqu’un pouvait l’aider. Après quelques tests, j’avais compris que le problème n’était pas réellement au niveau de son cerveau mais qu’il serait bien pour elle d’avoir l'appui d’un psychologue durant ce grand changement dans sa vie. J’étais heureux qu’elle le consulte encore aujourd’hui, j’avais vu beaucoup de changement, surtout au niveau de sa confiance, tout au long de ces mois. La jeune femme ajouta ensuite qu’elle m’avait invité à boire un café ici même et qu’un repas s’en était suivit, informant son frère que je lui avais demandé de me faire à manger. « Hey oooh, c’est certain que dit comme ça, j’ai l’air d’un salaud! » dis-je en riant avec elle. « Tu oublies de dire qu’on avait longtemps parlé de notre passion commune pour la cuisine et que j’étais curieux de voir ça. Et puis, je t’ai fait un super dessert par la suite, vilaine! » Je lui avais d’ailleurs proposé si un jour, ça lui disait d’embarquer avec moi dans un projet de restaurant. C’était toujours une idée que je gardais dans ma tête, un rêve que je voulais réaliser éventuellement. Puis, le frère de ma copine se mit à me questionner à savoir si elle était la première patiente avec qui je sortais.

Je ne savais pas trop pourquoi, mais sa question ne me surprenait pas du tout. Il faisait vraiment grand frère protecteur typique… j’avais jamais eu affaire à ce genre de situation puisque ma seule autre petite-amie qui j’avais eu autrefois n’avait pas de frangin.  En voyant probablement mon visage surpris et celui de Kath également, ce dernier demanda s’il avait dit quelque chose qu’il fallait pas. Il le savait très bien que c’était plutôt moyen comme question, il avait probablement fait exprès pour me tester. « Non, non… absolument pas. » J’allais tout de même pas dire oui, il voulait s’assurer que sa soeur était pas avec un sale profiteur j’imagine. J’aimais pas trop avoir l’impression de devoir faire mes preuves devant quelqu’un, de devoir me prouver mais bon, je me disais que tant que je restais moi-même dans tout ça, ça allait. « Kathelyn n’est techniquement pas ma patiente. Elle avait prise rendez-vous en trauma alors que je suis cardio, j’aidais un collègue qui avait un horaire chargé et au final, je l’ai transféré dans le bon département. Je suis professionnel avec mes patientes, en tout temps donc non, je suis jamais sortie avec l’une d’entre elles. » lui expliquais-je, suivit d’un sourire en coin. « Puis si tu veux tout savoir, je n’ai eu qu’une copine dans le passé. Je préfère la qualité à la quantité. » J’étais pas un sale dragueur qui voulait que baiser à gauche et à droite, j’étais pas ce genre de mec. Bien sûr, j’avais eu des périodes un peu plus difficile où je n’avais pas envie de m’attacher pour souffrir mais j’avais toujours eu un grand respect pour les femmes. Kathelyn changea un peu le sujet en nous indiquant qu’elle était heureuse qu’on soit-là ici ce soir, je ne pu que sourire à son petit commentaire, je voyais bien que ça lui faisait plaisir et de rencontrer son frère me faisait d’autant plus plaisir. En dehors du fait qu’il souhaitait absolument trouver des bobos chez moi, il était sympa. « Je suis heureux d’être là! J’avais hâte de rencontrer Reid, après tout ce que tu m’as raconté sur lui! » Et la joie qu’elle avait eu en apprenant qu’il comptait rester vivre ici. Entre frère et soeur, ils se mirent à parler du vin alors que je pris la coupe que ma copine me tendis pour y tremper que le bout de mes lèvres. Pas question d’en prendre une vraie gorgée, de toute façon, on pouvait pas savoir la quantité que je venais de prendre. Le petit commentaire suivant du jeune homme à mes côtés me fit rire. « Ouf, crois-moi, j’en ai! Mais ça serait pas intelligent de te les exposer dès notre première rencontre, pas vrai? » lâchais-je à la blague en lui faisant un clin d’oeil.  « Disons simplement que je suis compétitif et assez mauvais perdant. Il m’arrive bien souvent d’être très surprotecteur… moi aussi!» 

Le sujet du vin arriva au centre de la conversation. Mon petit-ami expliqua qu’il ne buvait pas tellement de vin car il n’aimait pas vraiment ça. Moi qui pensait juste que c’était quelqu’un de prudent, voilà une nouvelle information en ma possession. Pour ne pas froisser mon frère, il nous dit qu’il boirait une gorgée dans mon verre. Reid me regarda après avoir haussé les épaules, ne trouvant rien à redire de cela, s’amusant même du faite qu’il y en aurait plus pour nous deux. Je souris amusée tandis qu’il protesta de vouloir le faire passer pour un homme susceptible. William raconta à mon frère l’histoire de notre rencontre dans les grandes lignes. Un rendez-vous médical qui avait pris une toute autre tournure une fois sortis de l’hôpital. J’ajouta mon petit détail concernant un café qui avait peut-être lancé l’idée du diner. Je ne pu m’empêcher également de signifier que, lors de ce diner, c’était moi qui avait cuisiné, chez lui. Je voulais aussi pouvoir dire que j’avais eu moi aussi un peu d’influence. Le jeune homme ajouta que j’avais oublié d’ajouter que c’était parce que nous avions parlé de notre passion commune pour la cuisine et qu’il m’avait quand même fait un super dessert. « C’est pas faux, c’était vraiment bon. »  
 
Reid bu silencieusement son verre de vin avant de nous lâcher une grosse bombe que je n’avais pas sentis venir. « Et du coup, c'est la première fois que tu sors avec une de tes patientes ? » Je me replaçai sur ma chaise nerveusement en regardant mon frère puis William. Je passai une main dans mes cheveux légèrement gênée par sa question. Mon frère nous demanda l’air de rien s’il avait dit quelque chose qu’il ne fallait pas. J’étais persuadée qu’il avait fait exprès de dire cela, on ne sortait pas une telle question sans arrière-pensées. Je foudroyai mon frère de mes yeux, culpabilisant du comportement de mon frère envers Will. C’était à cause de ce genre de questions embarrassantes que j’avais redouté ce diner. Cependant, il ne se laissa pas démonter et assura à mon frère que ce n’était pas dans ses habitudes de sortir avec ses patientes. « Kathelyn n’est techniquement pas ma patiente. Elle avait prise rendez-vous en trauma alors que je suis cardio, j’aidais un collègue qui avait un horaire chargé et au final, je l’ai transféré dans le bon département. Je suis professionnel avec mes patientes, en tout temps donc non, je suis jamais sortie avec l’une d’entre elles. » Je ne m’étais jamais demandé si le comportement qu’il avait eu avec moi c’était quelque chose qu’il avait pu avoir dans le passé avec une autre. J’aurais pu douter que notre rencontre ne soit qu’un énième plan drague mais je ne l’avais pas fait. Peut-être par instinct car je sentais que ce que nous vivions c’était sincère. Ce qu’il ajouta ensuite me toucha. « Puis si tu veux tout savoir, je n’ai eu qu’une copine dans le passé. Je préfère la qualité à la quantité. » Je découvrais William. Moi qui le pensait avoir eu une floppée de petites-amies, finalement ce n’était pas le cas. Après il y avait petites-amies et des filles juste comme ça … En tout cas, ce qu’il venait de dire était vraiment mignon. Il sous-entendait que j’étais de bonne qualité alors.
 
Un sourire se glissa sur mes lèvres et je décidai de détourner la conversation en les remerciant de leur présence. Malgré la question légèrement déplacée de mon frère j’étais satisfaite d’avoir les deux hommes les plus importants de ma vie à table avec moi. « Je suis heureux d’être là ! J’avais hâte de rencontrer Reid, après tout ce que tu m’as raconté sur lui ! » C’est vrai que je portais mon frère dans mon cœur et que je ne m’étais pas empêché de lui parler de lui. J’avais hésité un peu avant de les faire se rencontrer, mais je m’étais dit qu’il valait mieux que j’organise les choses plutôt qu’ils tombent l’un sur l’autre par hasard. Surtout que Reid allait rester dans le coin pendant un moment ! Je questionnai celui-ci sur le vin qui m’affirma être du français. « Y'a pas meilleur. » me dit-il. Je n’étais pas très au point en vin. Nous n’en avions pas toutes une panoplie au complexe. Seulement du vin rouge à table, avec un goût un peu âcre en bouche. Surement un vin bon marché. Mon frère nous avait choisis un vin d’exception pour ce diner. « Bon William, t'es médecin, responsable, galant... va falloir que je te trouve des défauts sinon je vais commencer à trouver ça suspect. » Je ne pu m’empêcher de sourire. C’est vrai que je n’avais moi-même pas trop découverts les mauvais côtés de sa personnalité. En avait-il au moins ? Je me levai de ma chaise pour aller vérifier le four dans lequel cuisait doucement les lasagnes, en tendant l’oreille vers le salon. « Ouf, crois-moi, j’en ai ! Mais ça serait pas intelligent de te les exposer dès notre première rencontre, pas vrai ? » J’esquissa un sourire avant de revenir avec les garçons et de reprendre place sur ma chaise. « Disons simplement que je suis compétitif et assez mauvais perdant. Il m’arrive bien souvent d’être très surprotecteur… moi aussi ! » Surprotecteur … Protecteur oui surprotecteur je n’avais pas vu ça chez lui. C’est vrai qu’avec moi il avait toujours le mot ou le geste attentionné qu’il fallait. J’aimais sa prévenance à mon égard c’était vraiment toujours très mignon. « Heureusement que j’ai fait exprès de perdre au bowling alors, sinon tu n’aurais plus jamais voulu me voir. » glissai-je en le taquinant. J’étais bien loin d’avoir fait exprès de perdre, c’était tout de même la première fois que je jouais à ce jeu. D’ailleurs, je trouvais que je ne m’en étais pas trop mal sortis avec ces grosses boules. Mon regard croisa celui de William et je me perdis quelques instants dans son regard. Dieu, qu’il avait de beaux yeux. Je craquerais toujours pour eux je crois. Je détournai ma tête vers mon frère et lui souris doucement. J’étais heureuse, il n’y avait de mot plus juste. « Tu sais la question à poser à William, c’est pas s’il a des défauts, mais comment il fait pour supporter les miens. » J’avais un paquet de défauts sur lesquels je travaillais. Reid, mieux que personne ne pouvait le savoir. J’étais maladroite dans la vie et avec la vie. J’étais peureuse, toujours à me freiner pour la moindre chose. J’avais du mal à m’ouvrir sur ce que je pouvais ressentir. J’étais des fois trop naïve et trop gentille. Et tant d’autres choses qui faisait de moi, moi. Et pourtant cette personnalité avait plut à Will je ne sais trop comment. « Bon, je vais chercher les lasagnes. Je sais pas vous, mais moi j’ai faim ! Vous entretuez-pas avec vos couverts. » Je me levais de ma chaise pour retourner dans la cuisine et y préparer la salade et sortir le plat de lasagne légèrement dorées. Lorsque j’ouvris le four, l’odeur me pris le nez et mon ventre gargouilla aussitôt. J’étais plutôt fière de ce que j’avais fait, du moins en apparence. Je rapporta le tout sur la table et dit aux garçons de se servir.