| ( #)Sujet: Re: I have been one acquainted with the night. (elizabeth) | Lun 3 Sep - 15:24 | I have been one acquainted with the night. Erwan était absolument perdu. Evidemment, faire souffrir les gens qui l'entouraient était le dernier de ses souhaits. Il aurait simplement voulu disparaître, et être oublié facilement, pour que sa non-existence ne fasse de mal à personne. Qu'il n'y ait plus le moindre souvenir, la moindre trace de lui, pour que ça ne cause pas de peine. Mais c'était impossible, et il le savait bien. Seulement, Elizabeth avait Edward, et Chris avait son travail et ses amis... alors non, Erwan ne pensait pas que sa mort puisse leur infliger des blessures telles. Il comprenait qu'il s'était trompé, que son amie s'accrochait à lui désespérément et essayait de le maintenir à flot. Peut-être que pour Elizabeth, il allait essayer de tenir un peu. « Mais c’est normal Erwan qu’on soit triste que tu aies le souhait de nous quitter, on t’aime beaucoup. » Il hocha tout lentement la tête, un geste discret et à peine perceptible. Et ensuite, il faisait part à son amie de ses pensées concernant le sujet. Vivre pour les autres alors qu'on était terriblement fatigué de tout... il ne savait pas si c'était supportable, combien de temps il pourrait tenir ainsi avant de craquer et de devenir le plus égoïste de l'histoire. Il avait cédé une fois en essayant de se vider de son sang, c'était certain qu'à un moment ou un autre, il craquerait à nouveau. « Je sais bien Erwan… je sais. Mais c’est parce qu’on sait bien ce que c’est d’être ceux qui restent en bas et à qui tu vas terriblement manquer. » Il savait ça, ou du moins, il l'imaginait. Il n'avait jamais vécu de grand deuil, perdu dans la mort quelqu'un de très proche. Beaucoup de ses connaissances avait fini par y rester, mais au final, il ne s'agissait que de personnes vaguement croisées. Pas assez pour lui faire réellement mal. Il ne voulait pas imaginer ce que la mort d'Elizabeth par exemple pourrait lui faire. Il resta là, silencieux, sans rien dire. Il était fatigué, de tout, et venait de le faire savoir avant de se murer dans ce silence. C'était un état d'épuisement total qui avait pris possession de son être, élu domicile en lui et s'était installé pour de bon. Il semblait que le chemin inverse n'était pas faisable. Elizabeth s'était allongée à ses côtés, sa main touchant son bras et lui apportant une chaleur dont il avait besoin sans le savoir. Il la regarda un moment. Elle était vraiment précieuse, un de ses seuls bijoux, une pierre précieuse au-delà de toute valeur. « Je suis désolée d’être égoïste et d’avoir envie que tu continues d’être dans ma vie mais j’y peux rien, c’est plus fort que moi. J’espère que tu m’en veux pas pour ça. » Il esquissa un petit sourire. Il était incapable de lui en vouloir. « Non » il chuchota. Une part aurait préféré l'inverse, qu'elle ne soit pas attachée ainsi à lui, pour partir tranquillement sans se poser de questions. Mais il l'aimait fort, et l'idée qu'elle tienne à lui à ce point lui faisait du bien. Son pouce caressa la joue d'Erwan, qui se contentait de la regarder en attendant la suite. « Je vais te laisser, j’ai pris assez de ton temps et je te remercie d’avoir eu cette conversation avec moi. Je veux juste que tu me promettes quelque chose… » Il aurait pu lui dire que du temps, il en avait à foison, qu'il s'ennuyait comme un rat mort ici, que du temps il en avait trop, que tout ce qu'il voulait justement, c'était l'écourter, et si c'était impossible, alors au moins le perdre. Rapidement. Il se tut. « Je veux que tu me promettes que c’est pas la dernière fois qu’on se voit. » Erwan s'était attendu à une demande de ce genre-là, et il n'avait pas envie d'y répondre. Il ne voulait pas faire de fausse promesse, et de toute façon, Elizabeth aurait pu lire en lui, s'il avait menti. Il en était certain. Il la regarda un moment, réfléchissant, cherchant une solution ou au moins une réponse. Puis, il se dit qu'il allait essayer. S'il pouvait rester là, à attendre que son amie revienne le voir, alors peut-être bien qu'il pourrait tenir. Il leva les yeux vers les siens et décida de faire cet effort. « D'accord. Je promets » il dit, sincère, mais terrifié. Il s'engageait dans quelque chose, et il espérait profondément qu'Elizabeth reviendrait le voir avant de le faire mentir. Il déposa un petit baiser sur son front, et la regarda se lever et rassembler ses affaires. Ils s'échangèrent encore un sourire. « A bientôt » souffla-t-il, alors qu'elle quittait la pièce.
FIN. |
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