La journée avait été éreintante. Liam et moi nous étions entrainés pour la dernière fois avant les régionales. Ce n’était pas une compétition très importante, mais nous c’était un passage obligatoire. Liam était très enthousiaste. Moi un peu moi… C’était un retour à la case départ, et les JO et les grands championnats me semblaient bien loin ! Il fallait que je positive ! Notre programme était parfait et nous avions de grandes de chance de finir dans le trio de tête. De toute façon nous n’avions pas vraiment le choix si nous voulions aller plus loin !

Je venais de terminer mon entrainement et j’avais bien besoin d’un petit café. Voilà pourquoi je décidai de m’arrêter au starbuck. J’avais encore une heure devant moi avant d’aller chercher Ania’ chez la nounou. J’avais eu de la chance d’en trouver une rapidement. Bon, en même temps, c’est James qui me l’avait conseillé. Elle s’était occupée de Logan et apparemment, avant mon accident, j’avais déjà envisagé de la prendre. Voilà qui était chose faite maintenant. Du coup, j’avais une bonne heure devant moi, ce qui me laissait le temps de boire mon café tranquillement.

Lorsque je fus servie, je me dirigeai vers le fond de la salle et tombai nez à nez avec Ugo. Oups… Plongé dans un tas de paperasse, il ne m’avait pas vu. Je pouvais toujours repartir l’air de rien, mais ça ne serait pas correct… Lors de notre dernier entrevu j’avais été odieuse avec lui… Disons que parfois ma franchise était poussée à l’extrême. Depuis ce jour-là, je m’étais calmée, même si je ne comprenais toujours pas son point de vu. Je comprenais très bien qu’on puisse faire passer sa carrière avant tout le reste. Jusqu’à la naissance d’Anastasia, j’avais toujours fait du patinage ma priorité. Néanmoins, je ne m’étais pas pour autant éloignée des mes amis au point de me retrouver seule. Il y avait un juste milieu à toute chose. Prenant une grande respiration, je m’approchai de sa table. « Je peux ? » demandais-je en montrant la chaise. Je me demandais bien ce qu’il pouvait faire là, dans un lieu public, mais au final, qui pouvait bien le connaitre ici ?
 

( Pando )

Il faisait beau dehors et j'avais envie de sortir du bureau. Il fallait que je bosse ma stratégie et je n'arrivais pas du tout à me concentrer dans ce cabinet. Je décidais de prendre mes clic et mes clac et de me casser dans le starbucks pas loin. J'y allais souvent, je savais que j'aurais ma place là-bas. Je prenais donc un café et une pâtisserie avant de me poser au fond de la salle avec toutes mes affaires. Je prenais de la place, je ne comptais pas partager ma table. Au moins ici, j'avais encore le soleil qui tapait de la fenêtre mais personne pour m'empêcher d'avancer correctement.
Je ne pensais pas rencontrer quelqu'un que je connaissais ici, c'était sûr. C'était d'ailleurs pour ça que  j'étais venu ici. Pourtant, même ici, j'entendais une voix me sortir de mes pensées. Je levais la tête. J'espérais vraiment connaître la personne parce que sinon je lancerais un scandale. Heureusement, je reconnaissais vite Aloysia. Je n'avais donc plus les mots, j'étais étonné qu'elle se montre un tant soit peu amicale. Du coup, je me voyais difficilement refuser. Je fis "oui" de la tête en faisant un peu de place pour elle. désolé, j'suis un peu étonné. lui avouais-je alors. C'est vrai, elle m'avait envoyé boulet la fois où on s'était retrouvé. Elle n'avait pas compris mon point de vue. J'avais cru que je ne la verrais plus. comment tu vas? je n'avais pas tellement envie de revivre notre dernière conversation, à vrai dire.

( Pando )

Je venais souvent au starbuck, soit le matin avant l’entrainement, soit en sortant de celui-ci et aujourd’hui n’échappait pas à la règle. J’avais encore une heure avant de récupérer Anastasia. Bien sûr, je pouvais la récupérer avant, mais elle demandait tellement d’énergie que je pouvais bien m’octroyer un petit moment détente seule. Ma boisson à la main, je m’avançais vers le fond de la salle et tombai sur Ugo. Je ne lui avais pas parlé depuis notre dernière rencontre qui s’était soldé par une dispute. Nos points de vus étaient divergents et nous n’avions pas hésité à dire ce que nous pensions tout deux. Je l’avais vexé, il m’avait vexé. 1 partout, balle au centre. Ugo était un ami de longue date, et même si nous ne nous étions pas vu ces 7 dernières années, ça me blesserait de ne plus le compter parmi mes proches. Avec mon amnésie, j’avais besoin de retrouver certains repères et j’étais persuadée qu’il en faisait partie.

Après avoir pris une grande respiration, je lui demandai si je pouvais m’installer à ses côtés. Peut-être n’avait-il pas envie de me parler et après tout, ça serait légitime de sa part. Je n’étais pas du genre à faire le premier pas en général, mais je crois que ça en valait la peine. « Pas autant que moi, je t’assure… » répliquais-je dans un léger rire avant de m’asseoir. « Ca va… et toi ? » Ugo était apparemment en plein travail et je m’en voulais de l’avoir interrompu. « Hum… désolé, j’espère que je ne te dérange pas trop. » répliquais-je en buvant une gorgée de mon café qui était encore bien trop chaud. « Tu sais, je m’en veux pour l’autre jour… Je ne suis toujours pas d’accord avec ton point de vu, mais c’était pas une raison pour m’énerver comme je l’ai fait. Je suis désolé… » Et je l’étais vraiment.

( Pando )

Je bossais comme un dingue : comme toujours. Mais je m'étais isolé dans le starbucks d'à côté du bureau. Trop de bruits, trop de relous dans ce bureau. J'avais préféré prendre mes cliques et mes clacs comme on dit et m'isoler au fond du café le plus connu du monde. Personne ne viendrait m'embêter ici. Enfin, c'est ce que j'avais cru. Et au final, quand je voyais la tête d'Aloysia au dessus de moi, je ne crisais pas. Au final, je m'étais rendu compte qu'elle n'avait pas totalement tort. Même si je refusais de suivre son point de vue, je le comprenais. Alors instinctivement je décidais de ne pas me sentir dérangé et d'être amical. Alors qu'elle s'asseyait, elle m'expliquait qu'elle s'en voulait de m'avoir parlé ainsi même si elle ne comprenait quand même pas ma vision des choses. Je levais les épaules. je comprends. Je vis une vie peu commune. mais disons que c'est oublié. lui fis-je alors en rassemblant mes papiers en un tas pour les laisser de côté. tu ne me déranges pas. Après tout, on peut faire une pause de temps en temps fis-je en lui lançant un clin d'oeil et reprenant mon café et ma viennoiserie face à moi. j'ai beaucoup repensé à notre conversation et j'ai décidé de faire une exception. j'ai pas envie de mourir con. j'ai envie de voir ce que ça peut être d'avoir des amis et de continuer d'être le pire avocat de cette Terre. fis-je alors en souriant. Je lui tendais mon café. sans rancunes? lui proposais-je alors de trinquer. on recommence. tiens Aloysia qu'est-ce que tu fais là? tu es mariée et tu continues la patinoire? je suis content pour toi! fis-je avec un peu d'humour en lui souriant. Eh merde. Tant qu'à faire, autant prendre un peu de ses conseils et d'en faire le milkshake que je voulais.

( Pando )

Je ne croyais pas vraiment au hasard. Si je me retrouvais là, devant lui, c’était forcément pour une raison. Le destin nous avait rassemblé pour que nous puissions prendre un nouveau départ. Soyons franc, sans cette rencontre impromptue, j’aurais surement mis un long moment avant de rechercher son cabinet pour lui rendre visite. Et peut-être que cela ne serait même pas arrivé ! Voilà pourquoi, en me retrouvant devant sa table, je décidai de rester. J’avais mal agi lors de notre dernier entrevu et je ne voulais pas perdre mon ami si rapidement après l’avoir retrouvé. Alors oui, je ne comprenais toujours pas son point de vu mais qu’importe. Cela arriverait peut-être un jour ! Je préférai me faire envoyer boulet plutôt que de partir. Au moins, je serai fixée !

Ugo se montra agréable et tout comme moi, il n’avait pas très envie de revenir sur ce qu’il s’était passé quelques jours plus tôt à la patinoire. « Sans rancune. » souriais-je en trinquant avec lui. Au moins les choses étaient à plat et nous pouvions espérer recommencer sur de nouvelles bases. Je laissais échapper un léger rire alors qu’il se mit à agir comme si le passage à la patinoire n’avait pas eu lieu. « Exactement ! Et j’ai une petite fille aussi. » souriais-je avant de sortir mon téléphone de ma poche puis lui montrer une photo d’Anastasia. « Elle s’appelle Anastasia. Elle va bientôt faire 3 ans. » souriais-je. C’est en partie grâce à elle que je n’étais pas tombé en dépression après ma perte de mémoire. Je m’étais raccroché à ce petit ange que je ne connaissais pourtant plus. Quand on dit qu’un enfant change la vie, c’est totalement vrai. « Et toi alors ? Pas de femme ? ni d’enfants cachés ? » plaisantais-je. J’étais persuadée qu’il pourrait faire un bon père de famille, mais c’était loin d’être le moment pour lui. En fait, je me demandais bien quand cela pourrait-il être le moment pour lui !

( Pando )

Me voilà parti dans une conversation amicale normale. C'était trop bizarre. Enfin, de temps en temps j'en avais en fait. Aloysia n'était pas la seule "amie", j'avais Alexie aussi. M'enfin, ce n'était pas pareil. Aloysia me connaissait de longtemps. J'avais peur qu'elle en apprenne trop. Mais il fallait que je reste naturel si je ne voulais pas que ça arrive. Alors je lui proposais qu'on fasse la paix, tous les deux, dans ce Starbucks. Elle acceptait. Je mettais mes affaires de côté, ce pour quoi j'étais venu. Comme ça, on pouvait avoir une vraie conversation. Je ne pensais pas qu'on y arriverait, d'ailleurs. Après notre dernière conversation, rien ne promettait une conversation calme et amicale comme celle qui allait arriver.

Après avoir trinqué à notre nouveau départ, on reprenait une conversation normale. J'embrayais sur sa vie, sur son mariage et le patinage. Elle me parlait d'une petite fille, aussi. Elle me disait qu'elle avait trois ans. c'est avec ton mari du coup, que tu as eu cette petite fille? si j'avais bien suivi, elle s'était mariée un peu après. Je plissais les yeux. C'était un tableau vide que je remplissais, là. Il me manquait des éléments pour bien comprendre son quotidien. c'est mignon Anastasia fis-je alors en souriant. J'aimais bien ce prénom, c'est vrai. elle est mignonne lui fis-je alors qu'elle me la montrait sur son téléphone. C'était vrai, et heureusement. Imaginez quand on trouve le gosse moche et qu'on est obligé de dire qu'il est chou, haha. Enfin là c'était la fille d'Aloysia, forcément elle était adorable. Faut dire, Aloysia est une belle femme. Elle commençait alors à plaisanter en me demandant si j'avais une femme ou des enfants cachés. Je riais avec elle. peut-être! fis-je en parlant d'enfants cachés. Je partageais sa blague. mais non, je suis toujours célibataire. enfin je change pas, j'ai toujours été comme ça. elle savait que j'étais volage. je l'avais toujours été. je ne passe que quelques heures avec les femmes, pas plus.

( Pando )

Maintenant que les choses étaient à plat, nous pouvions avoir une conversation plus calme. Peut-être que le sujet sur son mode de vie reviendrait plus tard, un autre jour, mais au moins, j’aurais eu le temps de m’y faire et par conséquent, serait plus calme. Je lui annonçai alors que j’étais maman d’une adorable petite fille de quasiment 3 ans. Logiquement, il la relia à mon mari. Comment expliquer la situation simplement ? Impossible… Elle était de Blake, oui, mais elle n’avait pas été conçue « normalement ». « Non, tu te souviens de Blake, mon ancien partenaire ? » lui demandais-je. Bien sûr qu’il devait s’en souvenir puisqu’à l’époque c’est le cabinet où il était stagiaire qui s’occupait de nos intérêts. « C’est son père. C’est assez compliqué à expliquer et d’ailleurs, je ne saurais pas tout te dire, vu que je ne m’en souviens absolument pas… » C’était bien triste d’ailleurs. Je pouvais exposer les faits bien sûr, mais absolument pas mon ressenti. « On a pas été ensemble longtemps de toute façon. » Et puis, comme il me l’avait gentiment dit, il n’était pas sûr d’avoir eu des sentiments pour moi. Bien sûr, que cela me peinait… mais pas plus que d’avoir oublié les éléments importants de la vie de ma fille : ses premiers mots, ses premiers pas, sa naissance, … mais je devais faire avec, je n’avais pas le choix !

Je demandai alors au jeune homme si lui n’avait pas de femme ou d’enfants cachés. Pour les enfants, il n’en serait probablement jamais sûr ! Je savais avant même de poser la question ce qu’il allait me répondre. « Pouah, t’as probablement raison dans le fond. Ne pas s’attacher c’est sûrement plus simple. » Et j’étais vraiment sincère dans mes propos. Il ne dépendait de rien, ni de personne et pouvait vivre sa vie comme il le souhaitait. S’il avait envie de sortir un soir, il pouvait, sans avoir de compte à rendre à personne. Remarque, je n’avais pas à me plaindre, Julien était plutôt cool et n’était pas du genre à me fliquer ou à me faire la tronche car je sortais avec une amie.

( Pando )

On finissait par donner de nos nouvelles, enfin surtout elle. Moi de toute façon, déjà je n'aimais pas parler de moi mais en plus il n'y avait pas grand chose à dire. Elle savait que j'étais seul, que je vivais seul et que seule ma carrière comptait. Dans ce Starbucks, on reprenait les choses à zéro. Après huit ans à ne pas se voir et une retrouvaille assez forte quelques jours plus tôt, on décidait de faire table rase de tout ça. Alors, je lui posais des questions sur sa vie, sur ce qu'elle me disait. Je lui demandais qui était le père de cette petite fille, puisqu'elle m'avait dit être mariée que depuis un an. Elle me parlait de son ancien partenaire, Blake. Je plissais les yeux, cherchant dans ma mémoire un long moment avant de me souvenir. ah oui! oui. il vit ici lui maintenant? C'est dingue, vous vous suivez ou quoi? fis-je en souriant, trempant mes lèvres dans ma boisson. Je me souvenais qu'ils étaient complices, c'est vrai. De là à avoir un enfant ensemble, c'était beau. Pourtant, elle n'avait pas l'air de le voir comme ça. Enfin, elle était mariée à quelqu'un d'autre, après tout. Et avec sa perte de mémoire, ce n'est pas elle qui allait comprendre pourquoi. Elle me disait juste que c'était compliqué. Je plissais les yeux encore une fois, me demandant les scénarios possibles. Elle ajoutait qu'ils n'avaient pas été ensemble longtemps. Alors là, c'était bien curieux. vous avez eu une fille alors que vous n'avez pas longtemps été ensemble? c'est bizarre ça! c'est vrai, en général on n'attends pas un enfant avec quelqu'un de passage. Puis ça n'avait pas l'air d'être quelqu'un de passage, en fait. Je le lisais dans ses yeux. Mais je n'allais pas appuyer là dessus, je ne savais pas si c'était sensible ou pas et je ne comptais pas encore me la mettre à dos.

Elle me demandait quand même si j'avais des enfants, et si j'avais quelqu'un. Elle savait ce que j'allais répondre mais c'était pas politesse je suppose. Ce qu'elle me répondit me tiltait encore plus. Je m'avançais vers elle genre pour prendre sa température. t'es sûre que ça va? fis-je pour me moquer d'elle gentillement. Après ce qu'elle m'avait dit quelques jours plus tôt, c'était inquiétant! sérieusement. c'est ma façon de vivre de ne pas m'attacher. ça va avec mon caractère. j'te vois mal vivre comme ça. pus si tu dis ça c'est que tu viens de vivre un truc qui t'a fait du mal. tu veux pas en parler? bon ouai on venait juste de se "réconcilier", mais je restais une oreille pour elle.

( Pando )

J’essayais d’expliquer à Ugo ma vie, mais ce n’était pas évident de parler de quelque chose dont on ne se souvenait pas. J’étais comme détachée de mes propos alors que je ne devrais pas l’être. C’était tout de même 7 ans de ma vie ! Je lui expliquai que j’avais une petite fille de presque 3 ans, mais que contrairement à ce qu’on pourrait penser, mon conjoint actuel n’était pas le père. Je lui parlai alors brièvement de Blake. « Oui, il vit ici. » dis-je simplement sans répondre à ses propos sur le fait que nous nous suivions. Blake avait juste pris conscience qu’il n’était plus seul et qu’il avait une petite fille formidable. Alors il s’était simplement rapproché d’elle. Une nouvelle fois, sans rentrer dans les détails, je lui expliquai brièvement que nous n’étions pas restés ensemble bien longtemps : 6 mois… quasiment rien si on le rapportait à une vie entière. « C’est compliqué… De ce que je sais, on fait Anastasia avant d’être ensemble. » Au regard de mon ami, je compris qu’il allait falloir que je sois un peu plus claire pour qu’il comprenne un tant soit peu l’histoire. « En fait, cliniquement parlant, c’était le moment ou jamais pour moi de faire un enfant. Du coup, je lui ai demandé d’être le père, enfin le géniteur. Ce n’est qu’après qu’on s’est mis ensemble. Ouais, je sais, c’est compliqué. Ca l’est encore plus pour moi. » riais-je. Oui, oui, l’amnésie était encore plus compliquée à gérer face à tout ça !

Je lui retournais la question, même si j’en avais déduit qu’il en était plus au moins toujours au même point : célibataire, sans enfant, ni attache. C’était sa vie, et peut-être qu’au fond, il n’avait pas tout à fait tort. « Oh non, tout va bien dans ma vie. » souriais-je et c’était le cas. Du moins dans ma vie actuelle car dans ma vie passée, je n’en avais aucune idée… En fait, je savais que j’avais vécu des trucs moches, très moches, mais James refusait de m’en parler, sous prétexte que cela faisait partie du passé ! « Ne te méprend pas. Je suis très heureuse dans ma vie. Je me dis juste que parfois, ça doit être plus simple de n’être attachée à personne. Pas de compte à rendre, tu fais ce que tu veux, quand tu veux. Tu vois qui tu veux et seulement si tu en as envie. Mais clairement, ça ne me correspond pas. » Nous étions au moins d’accord sur ce point.

( Pando )

Là, j'avais carrément zappé de comment j'étais arrivé ici. J'avais l'impression que j'avais fait ce chemin pour la voir, alors que nous nous étions croisés. On reprenait les choses du bon côté, contrairement à la première fois que nous nous étions retrouvés. Elle me parlait de sa fille, de Blake aussi. Je me demandais comment il était arrivé là et elle me racontait. Je mettais ma tête sur mon poignet, accoudé à la table. J'étais à fond dedans. non mais attends lui fis-je alors qu'elle avait fini son histoire de fécondité. Je ne comprenais rien à son affaire. Mais elle avait perdu la mémoire, elle n'y pouvait rien. Elle aurait du mal à m'expliquer correctement, en fait. tu as demandé ça à un mec pour qui aujourd'hui tu me dis que c'est pas si important que ça. tu te souviens sûrement pas mais je pense qu'il devait être important pour toi si tu lui as demandé ça. en sortant ou pas avec lui, d'aileurs. fis-je, les sourcils froncés. Il y avait un mystère là dedans. Elle ne pourrait pas y répondre à cause de son soucis mais je savais qu'elle allait trouver autre chose. Que Blake ne lui dise pas était étrange aussi, d'ailleurs. Enfin bref.

Après ça, elle me disait qu'elle enviait presque ma situation, dans tout ça. La situation sans attache, sans attentes, sans personne pour qui on doit se casser en quatre. Je lui faisais une remarque mais elle me disait que ça doit être pas mal même si elle n'était sûrement pas faite pour ça. Je levais les épaules. peut-être. chacun a sa façon d'aimer vivre. fis-je alors. Je concluais de cette manière notre première dispute. je vais avouer un truc de fou. des fois je me demande aussi. je faisais une pause parce qu'avouer le reste allait pas être simple. Mais je sentais qu'elle voulait que je le dise à voix haute, elle avait très bien compris. Je souriais. Je baissais les yeux pour le dire, faut pas abuser. être normal... fis-je alors. avoir quelqu'un dans ma vie, une maison, un chien, des projets. j'en ai des projets, mais pour moi seul. enfin j'ai jamais dis que je voulais pas que ça m'arrive. c'est juste que personne m'a jamais donné envie lui fis-je alors en riant. puis j'suis pas simple. j'ai pas envie de faire vivre ça non plus. fis-je alors en riant de plus belle. Je reprenais ma boisson à mes lèvres, en souriant. alors, je vais la rencontrer cette petite? lui demandais-je alors, tout à coup.

( Pando )