(#)Sujet: like I wanna drown | ft. R.J | Mar 12 Mar - 18:09
like I wanna drown
Les vagues venaient doucement terminer leur course sur le bord de la plage. Le son que cela faisait était définitivement mon préféré de tous les sons de l'univers. Il m'apportait calme et sérénité. Depuis l'ouverture de ma boutique de location de surf, je passais beaucoup de temps sur la plage et je me sentais nettement mieux depuis. Les derniers mois avaient été assez mouvementés et mon énergie en avait pris un coup. Les évènements passés m'avaient aussi un peu séparé de ma fille Ava. J'avais utilisé l'aide d'une baby-sitter presque tous les jours pendant que je restais enfermé dans ma chambre à ruminer les mensonges et les cachotteries que Craig m'avait racontés. Le départ du New-Jersey était probablement la meilleure chose que j'avais pu faire et de toute manière, le soleil de Miami était l'une de mes choses préférées. Ce matin, j'étais sortie du lit plutôt tôt et je m'étais rendue sur la plage avec Ava, le levé du soleil était magnifique, laissant de milliers de petits points lumineux sur l'eau. La petite était près de moi, tentant de faire de petites sculptures avec le sable. Rien de très artistique vu son âge, mais mieux que rien. « C'est très joli mon coeur ! » lui dis-je alors qu'elle se sentait toute fière de son oeuvre. Le sourire innocent aux lèvres, elle ne parlait pas encore mais faisait tout de sortes de sons pour représenter son bonheur. Venant mettre un voile lumineux sur la scène, les rayons de soleil perçaient au travers des nuages. Le jour se levait. Prenant la petite sur mes genoux, je sortis un petit chapeau de mon sac de plage. « Je ne te laisserai pas avoir un coup de soleil ma belle! » Posant le petit chapeau bleu sur sa tête, je posa mes lèvres sur sa joue, lui faisant un énorme baiser. Pour le moment, elle ne ressemblait en rien à son père. Ses yeux étaient brillants, remplis de bonheur et de douceur. Bien sûr, ce n'était encore qu'un bébé mais j'avais connu Craig presque toute ma vie et déjà jeune il avait des tendances méchantes et violentes. Le vent se leva soudainement, emportant le petit chapeau bleu sur son passage. « Non, non non non ! » m'exclamais-je en me relevant. J'avais doucement posé Ava assise sur le sable, me mettant à courir après le vêtement. Rapidement, il fût trop long de moi pour que je puisse m'éloigner encore plus de la petite. Je soupira longuement, passant une main dans ma crinière blonde. « Merde .. » Retournant près de ma fille, je retirais mon chandail à manches longues, restant en bikini. Je repris place sur le sable, Ava sur les genoux. « Nous allons utiliser une méthode plus .. funny! » Je mis alors le chandail sur sa tête, entourant les manches ensemble. Elle avait l'air d'avoir un turban et c'était assez rigolo. Je ne put m'empêcher de pouffer un rire énorme, la faisant aussi rire au passage. « Oh Ava, je suis désolé! C'est mieux que rien » Elle s'agita soudainement, regardant quelque chose derrière moi. Je me retourna, visage contre-jour au soleil. Je pouvais déceler une silhouette, masculine vu les muscles mais je ne voyais pas le visage de celui-ci à cause des rayons qui m'aveuglaient lentement. Je cru apercevoir un bout de tissu dans la main de l'homme en question. Le chapeau peut-être ? Je me releva, tentant de mieux voir mon nouvel interlocuteur.
panic!attack
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(#)Sujet: Re: like I wanna drown | ft. R.J | Jeu 21 Mar - 3:49
► Vendredi 8 mars. Tidal waves won't save my world.
Like I wanna drown
Heather & Ryker
Le bruit des vagues avait toujours eu quelque chose de rassérénant. Le roulement régulier de l’océan, le claquement caractéristique de l’eau et son glissement sur le sable étaient une musique à laquelle il réagissait aisément. Ryker avait passé tant de temps sur les côtes qu’il ne s’imaginait plus vivre loin d’une quelconque étendue aqueuse. Il avait grandi entre les bras du Mississipi, les pieds baignés par la vase du fleuve qui bordait Belle Chasse et se jetait dans le Golfe du Mexique. Enfant, il n’avait jamais vu la couleur de l’Atlantique, ne connaissant que celle, froide et lisse, des grands lacs qui ceignaient la Louisiane et ne suffisaient pas à tarir son besoin d’aventure et de découverte. Qu’il l’eût voulu ou non, son père lui avait légué une fascination pour les mers – en plus de lui avoir offert de savoir encaisser les raclées. L’eau avait longtemps été une seconde nature, un élément qui lui seyait à merveille du temps de l’Académie, et qui le suivit durant des années, jusqu’à ce que ses pas l’exilent sur les terres brûlées de soleil du Moyen-Orient et de l’Asie centrale.
Ryker aimait le calme de la plage au matin, les grincements du sable mouillé sous ses pas et l’odeur iodée des vents. La côte était peu fréquentée à cette heure de la journée, peu d’âmes venaient s’y perdre au réveil, la majorité préférant le confort d’un canapé ou l’ambiance déjà électrique d’un café proposant ses boissons à emporter pour les plus pressés. Le trentenaire s’était accordé une matinée de repos mérité, quelques précieuses heures pour savourer l’instant avant de retourner au travail. Pour autant, son esprit ne s’éloignait jamais pleinement du bureau. Ses pensées, quand bien même elles étaient inondées par le son des vagues, n’en restaient pas moins tournées vers les affaires. Il ne parvenait pas à décrocher, mais n’essayait pas réellement de le faire non plus.
Le brun jeta un coup d’œil à son poignet. L’aiguille des minutes du chronographe de sa montre, parquée sur le chiffre trente-cinq, lui indiqua qu’il avait passé le temps d’une course tranquille. Il accéléra le pas, modulant sa respiration pour éviter tout épuisement inutile. L’ancien seal avait perdu sa forme depuis qu’il s’était éloigné du terrain. Si la Division des Activités Spéciales avait accentué l’exercice, les deux années passées loin de l’action pesaient rudement. Le manque de sommeil, la malbouffe et le rythme de vie indécent avaient achevé d’entacher son physique. Il avait beau s’exercer plusieurs fois par semaine, Ryker manquait la rigueur et l’adrénaline du terrain qui sculptait le mental autant que le corps. A bien des égards, troquer un gilet tactique et des bottes militaires contre le nœud coulant d’une cravate et les derniers richelieus à la mode transformait un homme.
Attentif à son environnement même lorsqu’il essayait de s’aérer l’esprit, le coureur ne put faire fi du duo qui se profilait à quelques mètres de lui. Il ne discernait de l’une des protagonistes qu’une masse de cheveux blonds et un vêtement de plage à manches longues. Mais sa silhouette, à mesure qu’il se rapprochait, se dessinait de manière connue. Il fronça les sourcils, son cœur manquant un battement. Un coup de vent plus violent qu’un autre força la jeune femme à se lever pour courir après le petit chapeau dont elle venait d’équiper l’enfant qui l’accompagnait et que la bourrasque avait emporté. Elle abandonna la traque pour ne pas s’éloigner davantage, revint sur ses pas l’air bredouille. La blonde retrouva la fraîcheur du sable, abandonnant son chandail qu’elle noua en fichu autour du crâne de ce qui semblait être une petite fille.
Ryker dévia de sa trajectoire. Il ramassa le couvre-chef, l’épousseta pour le dégager des grains de sables qui s’y étaient glissés, redressa sa montre que le poids et la gravité entraînaient toujours sur l’extérieur du poignet et arrêta le chronographe pour ne rien perdre de sa progression. Dans un geste machinal, le brun resserra légèrement le bracelet textile autour de son bras avant de trottiner jusqu’aux propriétaires du bob.
L’impression de reconnaître l’inconnue se confirma quand la distance qui les séparait se réduisit. Elle était partie il y avait un moment déjà. Les années s’étaient écoulées à une vitesse fulgurante, laissant traîner une vie entre leur histoire et cet instant précis. Il n’était qu’un enfant lorsqu’elle avait mis les voiles, sa planche de surf et son sourire doux sous le bras. Jeune homme utopiste, il pensait alors pouvoir recoller ses rêves et ambitions brisés en acceptant de vendre son âme à l’Agence, négligeant une vie privée déjà mise à mal par ses années dans les rangs de l’armée. Il avait progressivement vu les couleurs s’estomper, s’était aigri quand ses mains se couvraient de rouge, s’était habitué à la réalité en nuances de gris qui fauchait tous les membres de la Division des Activités Spéciales, au point d’enterrer une bonne fois pour toutes l’idée ridicule de pouvoir tenir une relation. Au bout du compte, Ryker n’avait pas tenté de retenir la blonde quand elle avait eu besoin d’ailleurs. Il avait toujours été trop pragmatique pour songer qu’il pourrait se contenter d’une jolie femme et d’une vie bien rangée. Il laissait le travail de cadre, la maison en banlieue ainsi que le monospace aux sièges recouverts de poils de labrador et de la bave du dernier enfant à d’autres. Ne comptaient à ses yeux que l’adrénaline et la satisfaction d’une mission effectuée avec brio.
Son cœur avait pourtant manqué un battement en apercevant la jeune femme. Mais ce n’était pas tant la nostalgie des moments passés que la surprise de voir un fantôme du passé resurgir qui avait détraqué son rythme cardiaque.
Elle se redressa sans paraître le reconnaître. Avait-il donc tant changé ? Il lui semblait que c’était hier qu’il rejoignait Miami. Hier qu’il n’avait pas vingt-cinq ans. Hier encore qu’il la rencontrait pour la première fois et qu’elle lui souriait, de ce sourire beau et lumineux qu’elle avait toujours.
« Heather. »
Son intonation avait été bien plus froide qu’il ne l’aurait désirée. Il lui tendit le chapeau sans rien ajouter de plus. Ryker n’était pas connu pour être loquace.
