Si je suis là ce n'est pas par hasard, je n'ai pas « fui » New York juste pour plaisir. Ma raison première porte le prénom d'Elisha. Je sais que je joue toutes mes cartes en débarquant comme une fleure comme-ci de rien était après tant d'années. Quatre ans exactement … Ça paraît une éternité quand même. Qu'est-ce que j'espère réellement, je ne sais pas. J'ai l'envie de la revoir, j'ai envie d'avoir des réponses à mes questions, j'ai envie de changer ma vie et peut-être un peu la sienne aussi finalement. Il y a quelques mois de ça j'ai engagé un détective privé pour retrouver sa trace, savoir ce qu'elle était devenu, où elle était, quel est sa vie aujourd'hui. J'ai eu plus ou moins toutes les informations que j'attendais. Avec tout ça entre les mains, il ne me restais plus qu'à jouer mes cartes, je n'ai pas tardé à prendre quelques affaires et à partir. Durant tout le trajet je me suis demandé comment j'allais faire pour l'aborder, qu'elle pouvait être la meilleure manière et finalement … Je pense qu'il n'y a pas de « meilleure manière » que d'être direct.
Le fameux jour J est arrivé, je sais qu'elle possède une galerie et je sais également que ce soir c'est une soirée spéciale dans son établissement. C'est le cœur battant à tout rompre que j'enfile un costume et sort de mon hôtel en direction de cette fameuse adresse. Une fois devant la boutique, je manque de tomber dans les pommes lorsque j'aperçois son visage souriant au loin. Elle est toujours aussi belle, encore plus belle que dans mes souvenirs et ressemble trait pour trait à notre fils … Soufflant un bon coup il est temps de prendre mon courage à deux mains. Je pousse la porte, pénètre au milieu de la foule déjà présente, toujours le cœur prêt à sortir de ma poitrine.

Une journée de plus qui sera bien chargée. Elles le sont toutes dernièrement. Peut-être que inconsciement, c'est une excuse pour échapper à ce qui peut se passer à côtés, cette solitude que je parviens à contourner en me donnant corps et âme dans cette galerie que je tiens depuis presque un an déjà. Après plusieurs heures à traiter la paperasse, je parviens à quitter les lieux afin de me rendre dans mon appartement, souhaitant me rendre d'avantage présentable pour la soirée qui s'annonce. Forcée de constater que le bouche à oreille fonctionne plutôt bien, voilà que je suis parvenue à attirer un photographe hors paire pour qu'il veuille bien m'accorder quelques clichés sur mes murs, des oeuvres qui ne tarderont pas pas à disparaître au fil des heures. Je sais aussi que pour faire la différence, je dois parvenir à me démarquer, que ce soit pas le service, l'accueil, ou encore la présentation dont je dois faire preuve. C'est la raison pour laquelle j'arbore une robe noire et une belle paire d'escarpins. Mes cheveux ondulés retombent sur mes épaules, laissant tout de même apparaître une vue imprenable sur ce dos nu qui caractérise à lui tout seul cette tenue. C'est cependant avec un léger retard que je découvre l'espace, qui a été une fois de plus aménagé afin de permettre aux invités de déguster des petits fours et se déshydrater avec quelques coupes de champagne. L'ambiance est au rendez-vous, et régulièrement, je viens à me perdre auprès de certaine personne, ne pouvant empêcher le côté sociable dans ce genre d’événement. Il est cependant temps de lancer officiellement cette soirée et de présenter ouvertement Kane, le nouvel artiste de la galerie. C'est avec une aisance particulière que je parviens à prendre la parole. Cela devient plus facile avec le temps, je garde cependant cette peur constante lorsque je m'apprête à élever la voix face à tant de monde. Tout se déroule pourtant à merveille ce soir, enfin, presque.."...Un grand merci à Kane de partager son talent avec nous, ca nous fait extrêmement plaisir, et je suis sûre que vous serez d'accord avec moi pour avouer que son travail est tout simplement spectaculaire." Mon regard se balade à travers la foule, comme si je cherchais à obtenir des confirmations. Je n'en ai pourtant pas besoin, je sais très bien que son talent n'est plus a prouver. Mon grand sourire vient cependant se figer alors que mes yeux se pose sur cette silhouette que je connais trop bien. J'ai l'impression de vivre une halucination, et mon sang mettra peu de temps à me monter à la tête, alors que mon coeur manquera un battement. Mais les secondes passent, et je réalise finalement qu'il est bien là, à quelques mètres de moi, vêtu d'un costume qui le rend inévitablement plus viril qu'à l'époque. Je détourne le regard, ayant malheureusement perdu le fil. "Je...hmm... Je vous laisse désormais profiter du service, et Clara se fera un plaisir de vous venir les informations nécessaire. Merci" parviens-je à dire avec un sourire, nécessaire à cacher ma détresse. Ni une, ni deux, je passe sur le côté de la foule, tâchant d'éviter d’éventuel rencontre alors que mon esprit se bouscule dans tous les sens à cet instant précis. Que fait t-il là? Pourquoi? Tant de question qui m'omnibule désormais. Je m'accorde un instant dans les toilettes, soupirant devant ce miroir qui me donne l'impression de redevenir cette jeune femme de l'époque, cette femme un peu naïve qu'on avait brisé par des décisions drastiques. Je me dois de l'affronter, même si cela signifie le pousser hors de ma galerie, je suis prête à le faire. Je retrouve la grand pièce, mon regard se balade à travers celle-ci, nerveusement. Et je le reconnais, malgré qu'il me tourne le dos, cherchant probablement lui aussi mon visage à travers les invités. "Je peux savoir ce que tu fiches ici?" Je hausse les sourcils, tâchant de cultiver d'avantage ce sentiment de haine à son égard, plutôt que de tristesse. Mes bras se croisent devant ma poitrine. "Je pensais avoir été plutôt clair la dernière fois lorsque je disais ne plus jamais vouloir te voir" lui rappelais. C'est étrange, notre relation avait connu tant de statut différent, gagnant finalement en profondeur; et voilà que je le considérais comme un ennemi désormais.

Je me pose des questions, des tas de questions. Je ne sais pas réellement si j'ai bien fait de venir ici, je ne sais pas je ne devrais pas faire demi-tour, reprendre un vol pour New York et oublier cette idée de remuer le passé, je doute jusqu'au dernier moment. Je me retrouve dans cette galerie, une coupe de champagne à la main au milieu de cette foule, la gorge noué où même le champagne n'arrive pas à descendre. Alors que tout tourne dans ma tête, je reconnais la voix d'Elisha qui vient d'ailleurs de prendre la parole. Je suis figé, pétrifié, les yeux rivés sur elle incapable de regarder ailleurs, pendu à ses lèvres, elle ne m'a pas vue. Elle fait son petit discours et je n'ai toujours pas bougé, "Je...hmm... Je vous laisse désormais profiter du service, et Clara se fera un plaisir de vous venir les informations nécessaires. Merci" Elle m'a remarqué, je ne peux plus faire marche arrière à présent c'est trop tard je suis obligé d'assumer et d'aller au bout de mes idées et de prendre mon courage à deux mains pour affronter ce que je suis venu lui dire. Elle disparaît, je me retrouve à sillonné la foule à sa recherche, mais c'est elle qui me retrouve. "Je peux savoir ce que tu fiches ici?" En même temps je m'attendais à quoi ? Elle n'allait pas me sauter dans les bras et me dire à quel point j'ai pu lui manquer. Je suis certain que je suis la dernière personne sur terre qu'elle a envie de voir. "Je pensais avoir été plutôt clair la dernière fois lorsque je disais ne plus jamais vouloir te voir" J'ai bien eu raison elle ne me supporte pas et je vais devoir déployer les armes pour arriver à lui parler. Des gens autour de nous ont les yeux braqués directement sur nous.

« Tu n'aurais pas envie qu'on discute dans un endroit plus … discret ? »

En réalité je ne sais pas encore comment commencer cette conversation, ce n'est pas simple il va falloir trouver les bons mots et honnêtement je ne sais pas s'ils seront bons pour elle. Elle accepte malgré tout de nous retrouver à l'écart de ce monde dans une pièce à part, je sais que là je ne peux pas faire marche arrière et que les prochains mots que je vais prononcer vont être décisif pour la suite.

« Je sais que tu ne veux plus me voir, mais on doit parler tous les deux et je te promets qu'après ça si tu le souhaites toujours, je disparaîtrais pour toujours ... »

L'apparition de son visage à travers la foule me projette dans le passé de façon instantanée, il me ramène à New-York, me mettant face à cette vie que j'ai soudainement quitté pour démarrer un nouveau chapitre. Les souvenirs sont nombreux, ils ne sont malheureusement pas toujours agréables, et Aaron a joué un rôle majeur dans ces derniers. Nous nous sommes rencontrés pourtant il y a bien longtemps. Il était cet ami avec lequel j'aimais passé du temps, ce garçon qui ne se prenait pas la tête, qui semblait prendre la vie comme elle venait, se souciant peu des conséquences derrière. Il était également connu pour son côté Don Juan, il avait déjà à l'époque un physique des plus agréables et ce dernier lui avait permis d'allonger cette liste de conquête sans grande difficulté. Je parvenais tout de même à passer au dessus de cela pour ma part. Au delà de l'image qu'il donnait de lui, il avait quelque chose que beaucoup n'avait pas, et je savais que d'une certaine façon, je pouvais compter sur lui. J'avais également déjà eu l'occasion de constater qu'il répondait présent lorsque j'en avais besoin, faisant naître en moi un sentiment de sécurité et de réconfort puissant, peut être trop puissant...Il y aura cette soirée durant laquelle nous nous sommes pas quittés, riant aux éclats, verre à la main. Et il y aura surtout ce baiser. Surprenant dans un premier temps, puisque l'idée que nous puissions être plus que des amis ne m'avait jamais vraiment traversé l'esprit. Mais la magie avait semblé opérer, nous amenant à un moment plus charnel dans l'une des chambres. le lendemain avait été plus compliqué à gerer. Je tenais bien trop à lui pour prendre le risque de le perdre, mais sa façon de me regarder, de me faire sentir différente...parvenait à me faire replonger à chaque fois. Il m'apportait ces moments de douceur, et je parvenais à me convaincre que ce n'était que physique, que rien ne pourrait exister entre nous, parce qu'il n'était définitivement pas prêt pour cela. La révélation surprise de ma grossesse avait cependant troublé cette pseudo relation...

Je sens mes jambes faiblir face à ce miroir, les palpitations de mon coeur résonnent à travers mon corps, ne laissant plus aucun doute sur l'effet que cela provoque en moi. Je m'accorde quelques secondes, inspirant un bon coup avant de me ressaisir et rejoindre la salle dans laquelle se déroule l'exposition. Je souris face aux différents invités, mais la seule envie que j'ai c'est de partir lâchement, loin de tout ça, mais surtout loin de lui. Il se trouve d'ailleurs sous mes yeux, élégant, et paraissant plus mature qu'à l'époque. Un instant d'hésitation, et me voilà à m'approcher de lui, prenant cette assurance qui m'a toujours caractérisé. Mon regard se perd dans le sien, réalisant combien j'aimais me perdre dans ce dernier à l'époque.« Tu n'aurais pas envie qu'on discute dans un endroit plus … discret ? » J'observe autour de nous, remarquant quelques regards interloqués. Effectivement, l'endroit n'est malheureusement le plus adapté pour la situation.
« Je sais que tu ne veux plus me voir, mais on doit parler tous les deux et je te promets qu'après ça si tu le souhaites toujours, je disparaîtrais pour toujours ... » Je hoche de la tête, claquant ma langue sur mon palet avant de croiser les bras contre ma poitrine et tourne les talons, attendant qu'il me suive. Je pousse la porte de mon bureau, l'observant refermer derrière lui pour cette notion d'intimité. Je le scrute. "Eh bien je t'écoute, qu'est ce que tu peux avoir à me dire après tout ce temps?" Je paraissais froide et impassible, à l'intérieur de moi, c'était pour l'hécatombe.

Je suis mal, je crois bien que c'est la première fois que je me sens aussi mal d'ailleurs et encore plus face à une femme. J'ai toujours plus ou moins cette facette de « tombeur », alors qu'en réalité j'ai réellement aimé Elisha et je crois que je l'aime toujours d'ailleurs. En fait non, je crois pas, j'en suis certain puisque là, en face d'elle, j'ai le cœur qui s'emballe comme au premier jour et l'envie de l'avoir près de moi comme pour la première fois. Malgré tout, même si je me retrouve tout aussi fragile qu'elle à ce moment précis, je dois me resaisir, me tenir droit et fort sur mes deux jambes pour ne pas flancher. En même temps je ne veux pas qu'elle me pense froid, distant ou alors même méchant, tout se bouscule dans ma tête et tout est extrêmement compliqué. Elle est toujours aussi belle, voir même encore plus belle que dans mes rêves. N'étant pas seul et remarquant des tas de paires d'yeux autour de nous, je lui demande s'il est possible de nous isoler quelques minutes au moins pour pouvoir discuter. Elle accepte, de son air dur et insensible alors qu'au fond je sais qu'elle est tout autrement. Je la suis, et c'est dans un bureau que nous nous retrouvons tous les deux, certainement le sien d'ailleurs. "Eh bien je t'écoute, qu'est ce que tu peux avoir à me dire après tout ce temps?" C'est vrai, j'aurais pu venir plus tôt, ne pas attendre tout ce temps ça rend les choses encore plus compliqué. Je serre les dents, j'inspire et expire desserrant mes poings, c'est maintenant ou jamais, je ne peux pas faire marche arrière.

« J'ai des choses à t'avouer … Je sais. Je sais, j'aurais dû venir plus tôt, ne pas attendre aussi longtemps … Je dois te parler de … Ce qu'il sait réellement passé lors de notre séparation. »

Notre relation m'avait laissé un goût amer. Bien que j'avais nié tout attachement à son égard, les faits avaient parlé d'eux même à l'époque. Je m'étais retrouvé à passer tout ces moments à l'époque, à ressentir un manque lorsqu'il n'était pas à mes côtés, à oser imaginer que cette "famille" puisse fonctionner, bien qu'elle n'était pourtant pas souhaité. Je pensais également que Aaron avait changé, qu'il était parvenu pour une fois à s'attacher, à voir les choses de façon responsable et de façon individuelle. Forcée de constater que je m'étais relativement trompé à son sujet. Il n'était pas prêt, il n'était définitivement pas l'homme sur lequel je pouvais me reposer, il restait...lui. Un homme qui ne souhaitait que s'amuser. J'avais eu la rancoeur bien tenace après notre dernière rencontre. Je m'étais jurée de ne plus jamais le revoir, et mon caractère m'avait permis de m'y tenir. La colère et le dégoût avaient eu raison de moi, et mon esprit avait fini peu à peu par oublier nos souvenirs communs, comme un trace laissée dans le sable qu'une vague aurait fini par emporté. Mon arrivée ici m'avait changé. Je n'étais plus cette femme instable, influencée par le jugement de ses parents. J'étais devenue une jeune femme qui savait ce qu'elle voulait, mais aussi ce qu'elle ne voulait pas. Mon passé ne me rendait malheureusement pas plus facile à vivre, ma dernière histoire d'amour pouvant en témoigner. Je peinais à lâcher prise dans mes relations amoureuses, préférant la retenue à une éventuelle souffrance. Peut être étais-je devenue trop difficile, va savoir.

Je ne parviens pas à calmer cette tension alors qu'il se trouve près de moi. Si la révélation de ma grossesse passée remonte désormais à plusieurs mois, la rumeur avait fini par s’essouffler, et je m'étais chargée d'apporter des informations à ce sujets à qui voulait bien l'entendre, mais surtout à ce que j'étais disposée à livrer. Tout ça s'était finalement bien vite dissout, me laissant reprendre ma vie présente, et oublier ce passé qui m'avait si souvent hanté. Et voilà qu'il se trouve à mes côtés, plus élégant que jamais, avec cet air sérieux et un brin désolé. Je semble lui accorder peu d'attention, peu de temps. La femme accomplie que je suis devenue paraît plus insensible que jamais. Je suis pourtant bien là, prête à l'écouter, moi qui m'était jurée de m'en tenir éloigner il y a maintenant plusieurs années. « J'ai des choses à t'avouer … Je sais. Je sais, j'aurais dû venir plus tôt, ne pas attendre aussi longtemps … Je dois te parler de … Ce qu'il sait réellement passé lors de notre séparation. » Je lâche une sorte de rictus, un soupire moqueur, cherchant à le désarmer. "Quelle séparation?! On a jamais véritablement été ensemble toi et moi". Mes mots sont forts, emprunts d'une certaine amertume. Je cherche simplement à le blesser, au même titre qu'il a pu le faire à l'époque. Et bien qu'effectivement le statut de couple n'a jamais réellement établie, ce fût une réelle relation, avec ces hauts et ces bas, quelque chose qui ne demandait qu'à être exploité. La grossesse ne nous en aura pas laissé le temps malheureusement...."Je t’écoute, viens en au but...J'ai des invités qui m'attendent." Personne ne m'attendait réellement, mais j'avais l'excuse pour me précipiter à l'extérieur de la pièce d'un moment à l'autre si je le souhaitais.

Je ne peux pas le nier, j'ai toujours des sentiments pour elle et c'est en l'ayant en face de moi que je le réalise forcément. Je suis ici dans un but précis et je ne dois pas m'éloigner de cet objectif présent maintenant qu'elle est devant moi. J'ai l'impression d'avoir attendu ce moment toute ma vie et maintenant que je suis en train de le vivre je me demande si c'est réellement une bonne chose, mais c'est trop tard, le retour en arrière est impossible. Nous sommes dans un bureau, probablement le sien, et il est temps pour moi de lui dire le pourquoi je suis ici. Je pourrais lui dire que je suis là simplement pour elle, parce qu'en réalité c'est tout aussi possible, mais je n'ose pas, pas maintenant et puis pas comme ça puisqu'elle est très en colère après moi. Sa colère je la comprends, elle est légitime et je ne suis personne pour la contredire. Je ne rentre pas encore dans les détails, mais je lui explique vaguement de quoi je vais parler. "Quelle séparation?! On a jamais véritablement été ensemble toi et moi" Au moins, ça a le mérite d'être clair. Je sais que c'est une sorte de protection pour elle, peut-être qu'elle réagit comme ça, aussi agressivement pour se protéger de quelque chose. Je sais qu'au fond elle n'est pas méchante, que ces mots sont sûrement qu'une protection.

« On s'est tout de même aimé, tu ne peux pas dire le contraire ! »

Et ça je le sais, elle ne peut prétendre le contraire nous nous sommes aimé, certains gestes, certains regards ne peuvent pas trahir. ."Je t’écoute, viens en au but...J'ai des invités qui m'attendent." Je reste un moment silencieux, je ne dois pas m'énerver ça serait faire une énorme erreur, je dois prendre sur moi et je dois tout simplement garder le contrôle.

« Ta mère m'a menacé pour que je te quitte. »

Je m'étais faite une raison. Après toutes ces années, j'étais parvenue à le chasser définitivement de mon esprit. Je ne parvenais même plus à réellement me souvenir de son visage avec précision. Comme si le temps s'était chargé de faire son travail. Le voir là est véritablement déroutant, même pour la femme forte que je suis parvenue à devenir. Je me montre froide, insensible, bien décidé à rester de marbre, peu importe sa présence ou les choses qu'il auraient à le dire. Mais forcée de constater que je ne suis pas...L'Hécatombe surgit en moi, me rendant imprévisible d'un moment à l'autre, mais je suis pourtant là, prête à l'écouter alors que ma carrière se joue de l'autre côté du mur. Pourquoi? Je n'en sais rien, je sais juste que j'ai besoin de le faire. Mes mots sont forts, et mon regard l'est tout autant. C'est un mur qui s'est dressé entre nous, et je le garde en place à travers mon attitude et ces reproches lancés sur un ton plutôt calme. Une façon de le déstabiliser, de le forcer à rebrousser chemin, parce que finalement son arrivée ici, dans ma galerie n'est qu'une erreur, tout comme notre rencontre. « On s'est tout de même aimé, tu ne peux pas dire le contraire ! » Jamais il n'a prit le temps de me dire l'attachement qu'il me vouait par le passé, et jamais je n'aurais pu imaginé qu'il puisse éprouver de l'amour à mon égard. Un attachement fort, probablement, mais pas de l'amour... Un léger nœud se forme dans ma gorge, comme s'il était parvenu un instant à me toucher." Je t'en prie, tu n'as jamais aimé personne" lançais, effectuant quelques pas pour canaliser cette énergie qui me dépasse. La situation en était bien la preuve, il était à l'époque bien trop égoïste et solitaire pour envisager de former cette famille. Et puis...Je refuse de rentrer cette discussion. Peu importe ce qui a pu se passer, tout ca est derrière moi, et je ne semble pas vouloir revivre ce moment douloureux. Je tente donc d'y mettre court, avec la maladresse qu'il me connait. L'air imperceptible, les bras croisés, j'attends ses paroles, me formalisant déjà ce que cela ne soit qu'un bref dialogue, qui sera oublié avant même qu'il n'est passé la porte. « Ta mère m'a menacé pour que je te quitte. » Mon coeur manque un battement, mes yeux semblent se figent, j'oublie tout. Avec ces quelques mots, il vient de mettre le doigt sur la faiblesse que représente ma mère. Si il m'a fallu pas mal de temps pour me défaire de son emprise, je constate que je n'en suis pas totalement défaite. J'ai peur. Peur de ce que je pourrais entendre désormais, peu que ma vie vienne à prendre un autre coup face à une nouvelle révélation. Les sons peinent à sortir de ma bouche. Mon regard perdu dans le sien, je me lance finalement. "Comment ça?" demandais-je finalement. Il doit savoir qu'il a désormais mon attention, bien que cela pourrait lui retomber dessus. Il s'apprête à me répondre lorsque Cassie cogne la porte et l'ouvre. "Elisha j'suis désolée de te déranger mais Mr Herman aimerait te voir." Mon regard se détourne sur la sihouette blonde qui reste dans l'encadrement de la porte. "Pas maintenant" lançais-je, reportant mon attention sur Aaron. "Il dit que c'est très important..." Je lui coupe la parole "J'ai dis pas maintenant!" lançais-je sur un ton autoritaire. Elle hoche brièvement de la tête, acquiesçant le coup. J'inspire un bon coup, attendant que Aaron veuille bien m'accorder cette réponse, non sans une certaine appréhension.

Par le passé, je pense ne jamais avoir réalisé à quel point j'ai pu être avec elle, ou plutôt comment elle me voyait. Est-ce que j'ai été si … froid, si distant, si … connard finalement ! Je ne m'en suis jamais aperçut et peut-être qu'elle a raison, certainement … Je ne sais pas. Cette gifle je me la prends maintenant, je n'en avais pas conscience à l'époque je pensais qu'elle avait compris que je l'aimais sans avoir besoin de lui dire forcément, je pensais que c'était clair. J'ai toujours eu du mal à dire je t'aime, comme un blocage, je dois dire que dans ma vie j'ai rarement, voir jamais entendu ce mot de la bouche de qui que ça soit à mon égard alors ce n'était pas simple, ça ne l'est toujours pas aujourd'hui d'ailleurs. " Je t'en prie, tu n'as jamais aimé personne" Oui, là c'est une énorme gifle pour moi, je reste surpris, je n'arrive même plus à bouger et je crois même avoir le cœur brisé en mille morceaux une nouvelle fois.

« Waouh … Je suis donc passé pour un si mauvais garçon … C'est donc comme ça que tu ne voyais durant tout ce temps ? »

Je pense que je ne peux pas lui en vouloir, je pense que je dois en vouloir qu'à une seule personne : moi-même, ou peut-être mes parents pour ne pas m'avoir donné l'amour qu'il fallait, je ne sais pas trop après tout aujourd'hui, après tout ça, je crois bien que je doute de tout. Devant me reprendre, je lui annonce ce que je devais lui dire, le pourquoi j'étais là et je balance la bombe dans un silence de cathédrale. Tout ça, c'est finalement la faute de sa mère ! En tout cas notre rupture et l'abandon de notre fils. "Comment ça?" Elle semble tout aussi retourner que moi, et pourtant elle a le droit de savoir. Je ne sais pas qu'elle est sa relation avec sa mère aujourd'hui, mais il fallait que ça sorte tout de même. Alors que je m'apprête à répondre je suis coupé par une personne qui appelle Elisha et avec insistance malgré son refus.

« Je peux t'attendre ici si c'est vraiment urgent … On est une à quelques minutes près maintenant. »

J'ai attendu des années, alors c'est sûr que je peux attendre quelques minutes ou une heure de plus s'il le fallait. Elisha semble être autoritaire aujourd'hui et la personne nous ayant interrompu retourne au milieu des autres, probablement, nous laissant seul tous les deux.

« Pour elle je n'étais pas digne de toi et avoir un enfant avec moi était impensable pour elle. Soit je te quittais et te forçais à laisser notre enfant, soit elle me menaçait d'aller voir mon père pour que je perde tout. J'ai essayé de résister, mais elle a été plus forte que moi ... »

Peut être que durant une période j'avais espéré le voir ici. Pour dire vrai, c'était régulièrement arrivé, jusqu'à ce que j'arrive au terme de cette grossesse. J'avais osé esperer qu'il débarque devant chez moi, qu'il me dise que tout ça n'était qu'une erreur, et que cet enfant méritait d'être élevé avec ces deux parents. Mais malheureusement pour moi ce jour n'était pas arrivé. Peut être que mes mots avaient été assez fort pour qu'il réalise qu'il avait de toute façon tout brisé, ou peut être que cette décision était la plus réfléchie de sa vie...La femme que j'étais à l'époque n'est plus. Je suis bien loin d'aspirer à une vie de famille. Les nombreuses déceptions que j'ai pu affronter tout au long de ma vie m'ont clairement rendu insaisissable, et peu peuvent prétendre me connaître réellement et m'entendre parler de sentiment...

Je suis face à lui, plus froide que jamais. Une partie de moi meurt d'envie de le voir disparaître. L'autre elle, me dépasse....Je me déteste d'être prête à lui accorder du temps, d'autant plus dans un pareil événement. Que puis-je attendre de lui? Il n'y a plus rien a sauver, plus rien à dire sur le sujet.« Waouh … Je suis donc passé pour un si mauvais garçon … C'est donc comme ça que tu ne voyais durant tout ce temps ? » Je fais mine de réfléchir. Il est vrai qu'avec moi, il savait se montrer différent. Il ne l'avait pas fait par la parole, bien trop fier pour ça, mais les différentes attention à mon égard, ces gestes et ces regards échangés semblaient parfois dépasser cet accord entre nous, celui de donner de l'affection et de ne pas s'attacher réellement. "Les trois quart du temps oui...Et ton pas en arrière face à cette grossesse en était la preuve. Tu n'étais pas prêt pour quoique ce soit à l'époque." Pouvait t-il seulement me contredire là dessus? Visiblement oui...Il ouvre la bouche, laissant échapper ces mots qui m'empêchent immédiatement de respirer, laissant mon coeur en suspend, alors que le temps semble se figer un instant. Moment dans lequel mon assistante décide de faire son entrée. Je me montre autoritaire, montrant un visage auquel je l'ai peu habitué jusqu'à présent. Ca ne me ressemble pas, mais je ne peux faire autrement, alors que tout semble m'échapper soudainement. « Je peux t'attendre ici si c'est vraiment urgent … On est une à quelques minutes près maintenant. » Mon air insensible persiste, contredisant chaque personne qui m'entoure présentement. "Non!" C'est suffisant pour retrouver cette intimité et ainsi poursuivre cette conversation, qui a coup sûr risque de bouleverser ma vie entière. J'essaie de comprendre, d'excuser ma mère, bien que finalement j'ai compris avec les années la manipulatrice qui somnolait en elle, mais comment pourrait t-elle interferer également dans mes relations de couple? « Pour elle je n'étais pas digne de toi et avoir un enfant avec moi était impensable pour elle. Soit je te quittais et te forçais à laisser notre enfant, soit elle me menaçait d'aller voir mon père pour que je perde tout. J'ai essayé de résister, mais elle a été plus forte que moi ... » Ma gorge se noue , rendant ma déglutition impossible, ma vue se trouble face aux flots d'émotions qui me submergent. "Mai....Mais comment? Je..." Mes jambes menacent de s’effondrer. Je suis effondrée,mon monde s'écroule, et Aaron est soudainement le spectateur de ma chute, lui qui m'a pourtant vu si forte jusqu'à présent. "Comment t'as pu me faire ça...." je lutte avec force pour ne pas laisser échapper cette tristesse qui m’inonde avec force. "Sors d'ici" criais-je un peu plus fort pour qu'il sache à quel point je désire cela là tout de suite. Mes mains viennent se presser avec force sur son torse, le poussant à prendre la porte. "T'as pas entendu, je veux que tu dégages d'ici Aaron!" hurlais-je, me préoccupant peu de la soirée qui se déroule de l'autre côté du mur. "CASSE TOI!"
"