La journée avait été longue, très longue ! J’avais enchainé ma journée de boulot de 12 h avec une réunion très importante qui s’était éternisée jusqu’à 22h. Autant dire que j’étais épuisé ! Mais ça en valait le coup ! La décision était prise, les plus jeunes partirait en voyage et j’étais le responsable de se projet. Il était loin d’être finalisé, mais j’étais content qu’il puisse se réaliser. Cela faisait 3 ans que je me bâtais pour que les plus jeunes puissent partir et chaque année on me répondait la même chose : cette année ce sont les plus grands qui partent. Bref, j’aurais du boulot en plus et il fallait que je monte rapidement une équipe, mais ça le ferait.

En rentrant chez moi, j’avais grignoté avant de prendre une bonne douche relaxante. J’avais ensuite filé dans mon lit et n’avait pas mis longtemps à m’endormir. J’étais vraiment épuisé ! Par chance, je ne travaillais pas le lendemain. C’est aux alentours de 2h30 que mon portable se mit à vibrer. Je raccrochai sans prendre la peine de regarder quel nom s’affichait à l’écran. Surement un ami en soirée qui voulait que je le rejoigne. Hors de question pour ce soir. Il se mit à vibrer deux, trois fois, et je le laissais ainsi avant de me rendormir. Le réveille en fanfare se fit moins d’une heure après. On sonnait et tambourinait à ma porte. J’enfilai un tee-shirt et un pantalon avant d’aller ouvrir. J’avais encore la tête dans le c*l comme on dit.

« Qu’est ce que tu fous là ? » fut ma première réaction en découvrant Abigail devant ma porte. Je ne l’avais pas revu depuis noël dernier. En même temps depuis la fin du lycée, c’était les seules occasions où l’on se voyait. Mon regard dévia alors sur sa valise à sa droite. Okay, j’avais loupé un épisode. Peut-être était-elle en voyage et faisait une escale à Miami. C’était possible, non ?

En me couchant, j’étais loin de me douter que j’allais être réveillé en plein milieu de la nuit par Abigail. La dernière fois qu’on s’était vu c’était pour noël. On était pas du genre vraiment très proche, alors oui j’étais surpris de la trouver devant ma porte et je n’étais pas très accueillant. J’avais bien vu sa valise, mais je ne m’attendais pas à ça… Puis comment avait-elle eu mon adresse ?... Ma mère évidemment ! « T’es pas ma demi-sœur. » Oui, ce n’était peut-être pas le plus important dans ses propos, mais pour moi si. Je détestais qu’on la nomme ainsi. Nous n’avions pas de lien de sang, donc elle n’était rien. Ce qui était quand même fou d’ailleurs, car au contraire, je considérais Jasmine comme ma petite sœur. Peut-être était-ce car nous étions bien plus proche qu’Abi’ et moi !

Maintenant que j’avais mis ce petit détail au clair, (pour la dix millième fois), je pouvais m’attarder sur le reste de ces propos. Même pour une nuit, je savais que ça n’allait pas fonctionner. Déjà, j’étais bordélique et elle, plus que maniaque. Et même si nous passions ce détail, nos remarques l’un contre l’autre allaient fuser ! Et puis, en toute franchise, pour certaines raisons, je n’avais juste pas envie de la voir. Il y avait tout un tas de souvenirs qui revenaient et pas des meilleurs…

Néanmoins, il était 3h du matin et je n’allais pas la laisser dehors. J’avais été stupide une fois, je n’allais pas l’être une deuxième fois. Je me décalai sur le côté, la laissant entre, non sans un soupir. Je refermai la porte et remarquai qu’elle observait mon appartement. Je savais pertinemment ce qu’elle pensait. A savoir que j’étais toujours aussi désordonné. Elle devait surement mourir d’envie de ranger ma veste poser sur le bar de la cuisine ou encore le courrier entassé sur le meuble d’entrer. « Je répète ma question : Qu’est ce que tu fais ici ? Et pourquoi je n'ai pas été informé avant? »

Non ce n’était pas ma demi-sœur. Elle ne l’avait jamais été et ne le serait jamais. Et ce n’était pas parce que nos parents étaient ensemble et qu’ils allaient se marier prochainement que cela allait changer les choses. Ce fut d’ailleurs ma première remarque sur ses propos. Bien sûr elle en rajouta une couche. C’était quoi cette manie de vouloir toujours mettre un mot sur tout. Je soupirai. « En effet pas maintenant. » Comme si j’allais réfléchir à ça.

Je la laissai finalement entrer. Je n’allais pas la laisser dehors à une heure aussi tardive. On avait beau ne pas être d’accord sur tout, j’étais loin d’être un monstre. Puis elle n’était sûrement pas à Miami pour longtemps. Après tout c’était une Newyorkaise pure souche ! Elle était sûrement simplement là pour des vacances. Du moins je l’espérai.

Abigail était loin d’avoir sa langue dans sa poche et je savais pertinemment ce qui m’attendait : un reproche sur le désordre de mon appartement. Seulement c’était un désordre très organisé dans lequel je me retrouvais facilement. Puis merde, c’était mon appartement, non ? « Putain j’en étais sûr ! » lâchais-je face à sa remarque. « Tu ne peux vraiment pas t’en empêcher. Il faut que tu critiques ! Ranger, t’as que ce mot à la bouche. » Il fallait que tout soit parfait avec elle. Néanmoins, je n’allais pas la virer tout de suite. J’aurais au moins la décence d’attendre qu’il fasse jour. Rester calme, cela avait toujours été ma devise en sa présence.

J’eus enfin l’explication de sa présence à Miami. Okay… elle allait rester plus longtemps que prévu… « Non, il ne m’a rien dit… » pour le coup je lui en voulais, à lui et à ma mère d’ailleurs. Entre Vancouver et Miami, elle avait fait le choix de Miami… c’était tout de même pas de chance de se retrouver dans la même ville alors que le pays était grand, non ? « Tu m’étonnes… » Abigail me fit alors tout un discours sur le fait que si je ne voulais pas l’héberger, elle pouvait très bien se trouver un hôtel. Mais bien sûr… Si elle avait vraiment voulu trouver un hôtel elle l’aurait cherché avant de venir me réveiller, non ? « Si je te dis oui, tu pars ? » lâchais-je ironique avant de reprendre « Tu sais très bien que si je te laissais partir, ma mère me tuerait dès demain ! » Ce qui au fond, n’était pas totalement faux ! « Puis t’es là, alors reste. Mais je te préviens, tes réflexions sur mon bordel organisé tu les gardes pour toi ! »

Oui, elle m’avait réveillé, mais ce n’était pas pour cela que j’étais énervé ! Elle débarquait ici sans me prévenir. Je devais l’héberger et en plus me farcir ses remarques ?! Ah ça non ! Il ne fallait pas abuser non plus. Je voulais bien me montrer correct, mais il fallait qu’elle le soit aussi. « Ca sonne pareil dans ta bouche ! » Comme si ce n’était pas un reproche venant d’elle… Elle ne savait faire que ça, du moins à mon égard. Mais je ne pouvais pas vraiment lui reprocher puis j’agissais de la même façon envers elle.

Quoi qu’il en soit, j’allais devoir faire avec car elle allait passer au minimum une nuit ici. Je n’allais pas la laisser repartir sous peine de m’en vouloir et de me faire tuer par ma mère. Cependant, je m’étais une condition à cette « cohabitation » : elle devait garder ses réflexions pour elle. En cas contraire, je n’étais pas sûr de pour la supporter bien longtemps. Déjà que cela s’annoncer difficile….

La jeune femme s’installa sur mon canapé, déjà très à l’aise apparemment. « Fais comme chez toi, je t’en prie… » ironisais-je. Quelques instants plus tard, la jeune femme finit par me remercier. « Waouh, il va neiger demain. C’est bien la première fois que tu me remercies ! » Bon j’en rajouter un peu. Elle avait dû déjà le faire par le passé, mais je ne m’en souvenais pas. Puis j’aimais bien en rajouter des tonnes.

Ces propos suivants me surprirent. Je ne m’y attendais pas vraiment. Nous avions toujours été dans une relation détestable et malheureusement pour elle je n’avais pas envie que ça change. Je ne voulais simplement pas me rapprocher d’elle. C’était plus simple en la maintenant à distance de lui mentir et de ne pas lui révéler ce qu’il s’était passé il y a 8 ans. C’était aussi bien pour elle que pour moi. « On sera jamais ami Abi’. On est adulte comme tu le dis, donc sois réaliste. » dis-je simplement. Vexée ? Probablement, mais j’étais tout aussi franc qu’elle. « Quant au fait d’apprendre à se connaitre, on a vécu quasiment 4 ans sous le même toit, alors je pense te connaitre. » Et c’était vrai. Du moi j’avais bien connu l’adolescente qu’elle avait été. Mais peut-être avait-elle changé ? J’y croyais peu. Elle avait quand même critiqué mon désordre dès son arrivée, preuve qu’elle n’avait pas vraiment changée !

« Je vais te montrer ta chambre. » Enfin chambre, cela n’en était pas vraiment une. A la base, c’était un bureau puis cela c’était vite transformer en « range tout ». J’étais persuadée qu’elle allait faire une mini attaque en voyant le désordre bien plus prononcé que dans le reste de mon appartement. En même temps si elle avait prévenu à l’avance, je l’aurais peut-être rangé. Ou alors, je lui aurais réservé une chambre d’hôtel… Par chance pour elle, j’avais un clic-clac dans ce pseudo bureau. « Ouvre-le, je vais te chercher des draps et une couverture. » dis-je en retournant dans ma chambre.

Je n’aimais pas qu’on touche à mes affaires, surtout pour les « ranger ». Je mémorisais visuellement ou je posais les choses et les retrouvais du coup rapidement. C’est quand je me décidais à ranger que je perdais tout. « Ahaha, je dois rire là ? » ironisais-je. J’étais encore chez moi, non ? Elle pouvait comprendre que je n’aimais pas qu’on critique ma façon de vivre. « Ecoute, tu débarques en pleine nuit, sans m’avoir prévenu, alors ne t’attends pas à mieux. » Mon appartement n’était pas un hôtel quatre étoile dans lequel on pouvait débarquer à toute heure !

Elle s’assit sur mon canapé, et je ne pus m’empêcher de faire une remarque, pas bien méchante, mais juste ce qu’il fallait pour piquer. Elle me le rendrait bien ! Quant à la possibilité d’apprendre à se connaitre, c’était totalement absurde. On s’était côtoyé bien trop longtemps pour ne pas se connaitre ! Bien sûr on pouvait changer sur certains points, mais pas sur tout ! Tout ça pour dire que j’étais certain de bien la connaitre. « On a pas besoin de se supporter. Tu vas pas rester là éternellement. » On avait pas réussi à trouver un terrain d’entente en 4 ans, ce n’était pas maintenant que ça allait commencer ! « On change… Pas sur tout apparemment ! » dis-je en faisant allusion à sa maniaquerie.

Pour mettre fin à cette discussion et aussi parce que j’avais envie d’aller me coucher, je décidai de lui montrer ce qui lui servirait de chambre. C’était le bazar bien évident et je savais que ça n’allait pas lui convenir, mais elle n’avait pas vraiment le choix. Si ? Je partis chercher des draps et une couverture. « T’es pas sérieuse ?! » demandais-je alors qu’elle essayait de m’amadouer pour après me demander si elle pouvait ranger. Apparemment elle l’était ! Je soupirai. Vraiment pas possible. « Tu touches à rien, okay ? » Elle pouvait survivre à un bureau surmonté de paperasses, des cartons de déménagements non défaits ou des instruments de musique positionnés ici et là, non ?