Je ne travaillais pas aujourd’hui et j’avais décidé d’aller courir. J’avais enfilé un short et un tee-shirt avant de me mettre à déambuler dans les rues de Miami. Je ne choisissais jamais mon parcours à l’avance. Je me laissais aller aux grés de mes envies et quand je commençais en avoir marre, je reprenais le chemin inverse.

Cela faisait bien une heure que je courrais lorsque accident se produisit sous mes yeux. Une cycliste s’était faite renverser par une voiture à un feu rouge. Elle était responsable car elle ne s’était pas arrêtée au feu rouge, mais j’étais tout de même surpris que le conducteur de la voiture ne s’arrête pas, au moins pour savoir comment allait la jeune femme. Pour ma part, je me précipitai vers la blessée. Je n’étais pas docteur mais j’avais mon diplôme de premier secours. Cela pouvait peut-être aider… ou pas. Quoi qu’il en soit, je l’aidai à se relever. Elle n’avait pas l’air d’avoir des blessures graves, mais semblait choquée. « Il vaut mieux votre casque que votre tête. » lâchais-je avant qu’elle ne finisse par me remercier. « Vous devriez peut-être vous asseoir. » dis-je en lui montrant le banc. « Au moins 5 minutes. » Et avant qu’elle n’ait accepté, je l’accompagnais jusqu’au banc. « Vous avez mal quelque part ? " J'étais bien tenté par appeler les pompiers mais je ne voulais pas les faire venir pour rien. D'un autre côté, elle avait peut-être reçu un coup à la tête.

Je venais d’être témoin d’un accident banal, qui aurait pu être évité, si la jeune cycliste n’avait pas grillé le feu rouge. Je n’étais pas là pour juger ou critiquer ! Moi aussi j’avais eu plusieurs accidents par connerie. De toute façon, un accident était généralement dû à une connerie. Quoi qu’il en soit, je stoppais mon jogging du matin pour porter secours à la jeune femme. Je n’étais ni pompier, ni médecin mais pour une chute à vélo, je pouvais tout de même être utile.

J’aidai la jeune femme à s’asseoir près d’un banc se trouvant non loin. Comme elle me le signalait, il n’y avait que son genou qui était amoché. Rien de bien méchant en soit, heureusement pour elle. « Oui j’imagine, et en plus le conducteur ne s’est même pas arrêté ! » Je trouvais d’ailleurs cela inadmissible.

Le plus surprenant et ce qui me fit d’ailleurs sourire, c’est qu’elle avait tout le nécessaire pour se faire soigner. « On moins, vous êtes prévoyante. » dis-je dans un léger rire. J’espérais qu’elle ne le prenne pas mal. Ce n’était pas de la moquerie. Puis pour le coup, c’était plutôt utile. Je pris alors son sac et trouvai rapidement le spray et les pansements. J’utilisai le tout pour la soigner avant de remettre l’équipement dans le sac. « Vous alliez où comme ça ? » demandais-je avant de me rendre compte que ça pouvait être impoli et qu’elle n’avait peut-être pas envie de me répondre. « Pardon, c’est peut-être indiscret. » dis-je avant de rajouter « Au fait, moi c’est Gabriel. »

Je me présentai enfin à la jeune femme et ses propos le firent sourire. Ce n’était pas la première fois qu’on faisait cette référence. « Oui, c’est pour ça que ma mère m’a appelé ainsi. » souriais-je. Au départ j’étais censé m’appeler Eliott, puis ce 29 février et sa grosse tempête de neige était arrivés. Et moi aussi par la même occasion alors ma mère avait dit « c’est un ange tombé du ciel » Puis pouf Gabriel. Bref, c’était la petite histoire de l’origine de mon prénom.

Dans son sac à dos, je récupérai de quoi la soigner. Elle n’avait qu’une égratignure, rien de bien sérieux, mais il était tout de même préférable de désinfecter. Elle se présenta alors, m’expliquant qu’elle s’appelait June, comme le mois de juin… Sans cette précision, il est clair que je ne l’aurais pas compris… Ironie du jour, bonjour ! Comme il n’était pas très sympa de se moquer, je gardai mes pensées pour moi. Après tout, elle venait de faire une lourde chute à vélo et peut-être que ses propos, plus que bizarres étaient liés à tout ça. « La vie est faite d’accidents. Si on reste tout le temps chez nous par peur qu’il nous arrive quelque chose, on arrête de vivre. » Et ca ce n’était pas ma philosophie. Je préférai largement mourir jeune d’un stupide accident que mourir à 80 piges totalement gaga sans avoir rien vécu ! « Oui, ce n’est pas bien grave. » dis-je en me relevant et jetant le coton dans la poubelle.

J’étais plutôt du genre à dire : pouah un casque, ça ne sert à rien ! Parce que tout simplement, je n’en mettais jamais à vélo, mais le sien lui avait probablement sauvé la vie alors, je ne pouvais pas me permettre de genre de réflexion. « Il y en a des pas trop chers maintenant. » dis-je simplement.