Enfin, ils étaient sortis de là, s'étaient trouvé un taxi et étaient en route pour l'hôpital. Une fois qu'il était parvenu à quitter le corps de Leo, Erwan avait réalisé que Chris n'allait pas bien, qu'au-delà des maux évidents, il avait l'air de souffrir au niveau du torse. Alors Erwan prit un peu les rênes de leur expédition, comme si un courage et une force nouvelle lui étaient venus. Il avait mis de côté sa panique et son chagrin, prêt à aller au bout, parce qu'il allait devoir être solide pour traverser les épreuves à venir. Il ne pouvait pas flancher. Qu'allait-il dire ? Pouvait-il se permettre de garder quelques secrets ? Ilne savait pas encore exactement dans quoi il se lançait. "Tu... Reste avec moi hein?" Erwan tourna la tête vers Chris. Il semblait tout fragile, presque comme un enfant, et ce n'était pas quelque chose que Erwan avait l'habitude de voir. Chris avait passé beaucoup de temps à l'infantiliser, depuis le début de leur amitié, et aujourd'hui... c'était Erwan qui faisait l'adulte. Ce n'était pas un rôle qui lui faisait peur, contre toute attente. Il adressa un sourire à Chris, hochant la tête pour confirmer. Ils arrivaient sur le parking de l'hôpital.
Une fois à l'intérieur, les choses se compliquèrent un peu. Erwan ne savait pas à qui s'adresser, comment expliquer ce qui venait d'arriver. Il finit par être conduit vers quelqu'un, et raconta. Il dit à cette jeune femme que lui et son ami avaient été séquestrés par un ex-compagnon, qu'ils avaient été agressés, que son ami était blessé. Que pour s'en sortir, il avait du tirer à bout portant sur son agresseur. Il fournit l'adresse du lieu où ils avaient été retenus, précisant que le corps et l'arme s'y trouvaient, ainsi que des preuves. La jeune femme fut douce et compréhensive, lui disant qu'ils allaient appeler la police. Qu'il fallait aussi faire des prélèvements. Chris et Erwan furent conduits dans une pièce, allongés sur des lits, sur lesquels on leur fit ces prélèvements et une inspection corporelle. Les marques des menottes sur les poignets, les bleus sur le torse de Chris, les quelques marques de cravache sur le corps d'Erwan. Le médecin informa Chris que dès qu'une place se libèrerait, il serait conduit pour un examen plus poussé et des soins. Puis, on les laissa seuls dans leur petite pièce. « Leo... Je sais pas s'il a de la famille, ou quelqu'un qui va venir réclamer son corps » il dit doucement, pensif, se demandant ce qu'il allait advenir de ce corps, tout ce qu'il restait de Leo dans ce monde, après sa mort. « J'ai envie de dormir jusqu'à... demain » il souffla, se tournant sur le côté en position foetale. Le jour se levait dehors et le monde n'était plus tout à fait le même.

Il se sentait de moins en moins bien, même s'ils étaient sorti de cet enfer. Le voyage jusqu'à l'hôpital parut lui duré une éternité même si, en réalité, cela n'avait pas durée plus de quinze minutes. Il resta ensuite accroché à la main d'Erwan comme un enfant à celle de sa mère. Il ne voulait pas qu'il s'en aille, ou qu'il le laisse. Il voulait rester près de lui. Quand on demanda à les séparer la première fois, Chris s'y refusa et c'est ensemble qu'ils racontèrent ce qu'il s'était passé, Chris hochant plus souvent la tête qu'il ne parla. Et puis vint le moment de l'examen, Chris s'attendait à se retrouver seul avec le médecin, mais curieusement, on les examina ensemble. Peut-être que cette dame plus tôt avait averti les médecins. Cela importait peu, il était prêt d'Erwan, même juste séparer par un simple bout de tissu, il savait qu'il était là. On lui enleva tous ces vêtements et on lui enfila une de ses horribles chemises d'hôpital. C'était douloureux, de bouger ainsi, même un minimum, il avait juste envie que cela s'arrête. Malheureusement, tant qu'on ne savait pas l'étendu de ses lésions, on ne pouvait pas lui administré d'antidouleurs. Il vit les flashes de l'appareil photo et il ferma les yeux, bougeant quand on le lui demandait, obéissant comme le parfait patient. Et puis on les laissa seul. Ils se tournèrent alors l'un vers l'autre, en boule comme des enfants dans le ventre de leurs mères et Erwan parla doucement. "Ne t'inquiète pas, les flics préviendront qui de droit." Il souffla tout aussi doucement que son ami. Il tendit ensuite la main vers lui pour qu'il place la sienne et qu'ils entremêlent leurs doigts. "Dors, on est en sécurité ici." Il dit esquissant un très faible sourire. Il le regarda alors fermer les yeux et respirer doucement. Il resta ainsi sa main dans la sienne pendant un long moment. Des minutes? Des heures? Il ne savait pas. Il dut lâcher la main du jeune homme quand on l'emmena pour un scanner. Il paniqua un peu et on lui donna un calmant pour qu'il s'apaise. C'était l'examen le plus simple, il ne bougea pas pendant les trente minutes que dura la manœuvre. Il attendit ensuite qu'un médecin vienne l’ausculté pour l'examen de viol. Quand il les vis approcher, le médecin et ses infirmières, il paniqua. Il paniqua tellement qu'il eu du mal a respirer. On du l'attacher et lui administrer une dose tellement forte de calmant qu'il finit par sombrer dans le néant. Là il était bien, il ne ressentait plus rien. Il avait envie d'y rester et il s'accrocha si fort à cet endroit qu'il resta deux jours.