Sa relation avec Clyde était indescriptible. Ils avaient été ennemis, puis le destin les avait réunis, plusieurs fois, et tout s'était un peu mélangé. Clyde n'était pas son ami, mais... Antey avait-elle vraiment des amis ? Ce n'était pas le genre de relation qu'elle entretenait. Alors Clyde, sur son spectre relationnel un peu hors du commun, il entrait peut-être d'une certaine façon dans ce qui pouvait être la case "amis". Ou du moins, ce qui était sûr, c'était qu'il était un allié. Surtout ici, dans cette pièce, en appliquant une loi très simple : les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Alors, Anteynara ne savait pas trop comment définir Clyde en terme relationnel, mais elle était tout de même bien décidée à le préserver un maximum. D'où le refus catégorique qu'il y laisse un oeil. Ce n'était qu'une question de timing, un travail de précision comme elle savait le faire. Ils lui brisèrent quatre doigts, sur sa main gauche, heureusement, celle qui n'était pas sa dominante. C'était... supportable. Dans le sens où ce n'était pas suffisant pour la faire craquer. Elle en avait vu d'autres et savait garder la tête froide et rester concentrer, même dans les pires situations. La donne changea quand ils menacèrent Clyde de mort. Le canon du flingue sur sa tempe, quelques secondes à peine pour lui sauver la vie. Et après tout ça, elle savait qu'elle serait crédible, qu'ils en étaient arrivés à un point où elle pourrait donner une réponse et où on y croirait. Elle balança l'adresse d'un ex-partenaire qui avait fini par la trahir. Dans le meilleur des cas, le logement serait vide, dans le pire, elle venait de sacrifier quelqu'un qui le méritait au moins un tout petit peu. Qui le méritait largement plus que Clyde. Les types ne mirent pas en doute sa parole, certainement persuadés qu'elle n'irait pas jusqu'à parier ainsi avec la vie de Clyde. Mais au moment de quitter la pièce, l'homme leur adressa tout de même une menace des plus claires, et qu'il ne fallait pas prendre à la légère. Sept heures, ça pouvait sembler plus que suffisant, mais il suffisait que l'homme parvienne à contacter quelqu'un déjà sur place, pour vérifier les dires d'Anteynara. Il ne fallait pas perdre de temps, car rien ne pouvait assurer que le mensonge tiendrait si longtemps. T'as assuré Antey. Il était charmant comme tout. Elle zieuta même en sa direction pour lui adresser un vague sourire en coin. Elle aussi trouvait qu'elle avait pas mal assuré. Du coup, t'as un plan pour qu'on puisse se sortir de là ? Ah. Oui. Elle lui lança un regard appuyé, qui voulait dire "Oui, mais laisse moi souffler trente secondes". Faudrait déjà qu'on arrive à se détacher, qu'il grogna, tout en se mettant à tirer à nouveau. Ca n'avait pas le moindre intérêt. « Arrête-ça. Si ça s'infecte et qu'on sort d'ici, faudra encore t'amputer » lui dit-elle. C'était peut-être un peu extrême, mais véridique malgré tout. Il reste un type sûr devant notre cellule. Peut-être qu'on pourrait trouver un truc pour le faire rentrer, et on pourrait toujours essayer de le faire s'approcher de nous, et lui foutre un coup de pieds ou que sais-je encore ? Comme quoi, Clyde en avait dans le crâne quand il voulait. « Exactement, ils se sont tous barrés en Australie. Le bâtiment a l'air silencieux, mais il reste peut-être du monde aux autres étages... » elle chuchota avant de tendre l'oreille. Il y avait bien un type derrière la porte, et il ne fallait pas attendre trop longtemps avant de faire quelque chose. Anteynara se mordit la joue, d'un coup sec qui la fit grimacer. Le sang jaillit dans sa bouche instantanément. Elle se plia alors en deux et commencer à tousser. « Ah. Au secours... HEY ! J'ai b'soin d'aide ! » hurla-t-elle en toussant en conduisant un numéro digne de l'Actors Studio. Visiblement, Clyde ne suivait pas totalement, et elle se chargea donc de lui lancer un regard bien appuyé pour l'inviter à participer au jeu. Le garde finit par ouvrir la porte, et tomber sur Antey, recroquevillée sur elle-même, à tousser et cracher du sang. Une vision qui pouvait faire perdre ses moyens à un bon nombre de personnes. Il s'approcha, et quand elle jugea qu'il était assez près d'elle, elle lui mit un coup dans les jambes qui le fit tomber immédiatement. Anteynara saisit la chaîne qui liait ses mains et la passa autour du coup du garde. Quasi-allongée sur le dos, l'homme couchée sur elle essayant de se débattre. Elle se servit de ses jambes pour le bloquer un maximum, et quand elle eut une bonne prise, elle tira d'un coup sec qui brisa tout simplement la nuque du geôlier. Technique connue et approuvée par le passé, gestes calculés et effectués avec précision et efficacité. Il était mort. Elle fouilla ses poches une à une, jusqu'à tomber sur une clé, dans la dernière des poches, évidemment. Anteynara la glissa dans le cadenas qui serrait ses liens, mais après deux tentatives, elle réalisa que cette clé n'ouvrirait pas ses chaînes. « Putain » Elle leva la tête vers Clyde. « Ca doit être les tiennes » fit-elle en lui lançant la clé... qui ouvrit effectivement son cadenas. Elle avait fait les poches, toutes les poches, du cadavre, et il n'y avait pas de deuxième clé. « Essaye de voir si tu trouves l'autre clé, ou un truc pour ouvrir ça... » elle lança à Clyde, désignant d'un coup de tête la porte ouverte qui donnait sur le couloir. Anteynara était plutôt certaine que la clé qui ouvrait son cadenas n'était pas là, mais plutôt dans la poche d'un des gars qui était présentement en train de s'envoler vers Perth. « Et si y'a rien, traînes pas dans le coin trop longtemps, et pars chercher de l'aide. J'te fais confiance » elle ajouta. Il ne fallait pas qu'il reste dans ces couloirs trop longtemps, c'était plus prudent de revenir avec des renforts. Comme Antey venait de le lui dire, elle lui faisait confiance. Et elle avait confiance en lui, assez pour mettre sa vie entre ses mains à ce moment-là et se dire qu'il n'allait pas se barrer comme un connard et la laisser en plan. Elle ne jugea pas utile de lui adresser la moindre menace, dans le cas où il ne reviendrait pas. « Je t'attends ici » elle lança, comme si elle avait le choix, alors qu'il passait la porte.
Tout était arrivé si vite. En un rien de temps, cette cellule dans laquelle vous vous retrouviez s'était transformée en une salle de torture. Un bon nombre d'hommes avaient fait leur entrée dans cette pièce. Parmi eux, vous aviez fait la rencontre de la personne qui vous tenez en captivité ici, en Thaïlande, avec un but précis, mettre la main sur l'homme qui se trouvait sur la photo qui t'avais été présentée à plusieurs reprises. Malheureusement, tu ne leur avais pas été d'une grande aide, puisque tu ignorais l'identité de cet individu. Ne l'entendant pas de cette oreille, vous aviez subi les foudres du geôlier qui ne s'était pas gêné pour s'acharner sur vous de la manière des plus barbares qui soit. Dans la bataille, tu y avais laissé une dent, tu t'étais pris de sacrés coups, et non seulement tu avais manqué d'y perdre un oeil, mais en plus de cela, tu avais encore la sensation du canon du revolver collé sur ta tempe que tu sentais battre à tout rompre. Anteynara de son côté avait la main dans un sale état. Ils n'y étaient pas allés avec le dos de la cuillère. Tu entendais encore le craquement de ses doigts et ses hurlements de douleur. Tu ignorais s'il s'agissait d'une fracture ou d'une foulure car tu n'étais pas médecin, mais rien qu'à voir l'état de sa main... Cela ne présageait rien de bon. C'est d'ailleurs pour cette raison que tu la laissais souffler quelques minutes, le temps que chacun de vous puisse reprendre ses esprits, pour ensuite lui demander quel était le plan. En tout cas, tout ce que tu pouvais constater, c'est qu'Anteynara était vraiment une femme forte, qui savait parfaitement bien contrôler ses émotions pour ne rien laisser paraître. Car outre les hurlements, elle était rester de marbre face aux hommes de main, et elle avait été tellement sûre d'elle et tellement convaincante que ni une ni deux, vos ravisseurs avaient tourné les talons pour prendre l'avion en direction du pays des kangourous. Ainsi, les minutes pendant lesquelles Anteynara reprenait ses esprits, toi tu cherchais une solution pour vous sortir de là. Visiblement, la majorité des hommes avaient suivi leur mentor pour l'escorter jusqu'en Australie, il ne devait donc par conséquent plus y avoir grand monde. Cependant, tu entendais du bruit juste derrière la porte, ce qu'il signifiait que malgré tout, il n'avait pas oublié de vous laisser quelques gardes afin de vous surveiller. Quand Anteynara fut en condition pour discuter, tu lui lançais l'idée que tu venais d'avoir. Ca t'avais traversé l'esprit car durant votre altercation, quelques minutes auparavant, tu t'étais rendu compte qu'ils vous avez peut être menottés de sorte à difficilement pouvoir vous en sortir seuls, mais ils avaient toutefois oublié de vous ligoter les pieds, ce qui vous serez utile pour la suite. Et en effet, il semblerait que pour l'une des rares fois où Anteynara et toi deviez coopérer, elle semblait d'accord avec toi. Vos idées pour vous sortir de cette cellule étaient similairement les mêmes. C'est alors que sans te prévenir de quoi que ce soit, et sans que tu n'aies eu le temps de calculer son geste, elle se mit à appeler au secours, puis à tousser jusqu'à cracher du sang. Connaissant Anteynara un minimum, tu fis vite le rapprochement qu'elle était entrain de simuler quelque chose pour attirer l'attention du garde, qui, comme un bleu, tomba dans le panneau. Il faut faire quelque chose, elle est entrain de faire une hémorragie. Peut-être que tu en rajoutais un peu trop, mais sur le principe, et vu les proportions de la scène, ça pouvait être parfaitement crédible. Heureusement que tu connaissais Anteynara, toi-même, tu aurais été capable de tomber dans le panneau tant elle jouait si bien le jeu. Cette fille était d'une crédibilité remarquable, c'était comme si elle avait fait ça toute sa vie. Mais en un rien de temps, elle saisit le mec contre elle, en passant la chaîne qui liée ses poings autour de son cou, et de la manière aussi fluide et naturelle qui soit, elle vint lui briser la nuque. Le bruit t'avais littéralement fait froid dans le dos. Elle était d'une rapidité sans failles. Elle se mit alors à fouiller ses poches, pour y trouver une seule et unique clé, qui visiblement n'était pas faite pour la détacher elle, mais pour te détacher toi. Tu rattrapais en vol la clé qu'elle te balançait et en un rien de temps, tu te retrouvais désormais libéré. T'avais peine à croire que tu étais enfin parvenu à retrouver ta liberté. Tes poignets étaient dans de sales états, et toute à l'heure tu ne les avais pas arrangé en tirant dessus comme un dératé. Si je sors d'ici, c'est avec toi. Ta phrase était claire et nette. Ton regard était plongé dans le sien, rendant ta phrase encore plus profonde. Vous vous étiez retrouvés là tous les deux, et c'est ensembles que vous sortiriez d'ici. Il était hors de question que tu la laisses ici avec ces timbrés. Tu ne tardais pas à quitter la cellule, tu avançais doucement dans les couloirs pour ne pas te faire chopper. C'était un véritable labyrinthe cet endroit. Tout en t'avançant pas à pas, tu entendais des voix. Deux hommes étaient entrain d'échanger. Il fallait que tu fasses diversion. Tu fouillais tes poches et y trouvais par surprise un briquet. C'était la seule chose qui te permettrais de faire diversion, alors tu le choppais et le lançais contre le mur un peu plus loin de toi. Tu restais le dos collé au mur, et évidement, le type arrivé, là, tu le choppais par derrière, plaquant ta main contre sa bouche et pinçant ses narines, et sans remords ni scrupules, tu éclatais sa tête contre le mur, le faisant tomber à terre, dans une flaque de sang. Manque de chance, l'autre type en question arrivait par derrière et te plaquer un flingue sur la tempe. Tu croyais vraiment que t'allais t'en sortir aussi facilement ? lâchait-il d'une voix rauque. Il était temps de jouer le tout pour le tout. Le temps était compté. Et tu tentais, tu balançais violemment ta tête en arrière pour venir lui éclater le nez, puis tu le faisais reculer jusqu'à le plaquer contre le mur. Dans votre course, il en avait fait tomber le revolver qui avait lâché une détonation. Heureusement, pas de blessés. Par contre, tu ne tardais pas à te pencher d'un coup sec en avant pour le faire passer par dessus toi, pour ensuite lui adresser un joli coup de pied dans la tête. Il était désormais inconscient. Tu t'emparais en premier du flingue, avant de fouiller leur poche. Malheureusement, aucuns d'entre eux n'avaient de clés dans leur poche. Rien à foutre, tu faisais demi tour pour regagner la cellule où se trouvait Anteynara. Faut qu'on se dépêche. Je viens d'éclater deux types, mais un coup de feu a retentit quand le flingue est tombé par terre, alors s'il y en a d'autres, ils risquent de débarquer d'un moment à l'autre. Tu t'approches d'elle et plonge ton regard dans le sien. Tu me fais confiance ? lui demandes-tu avec le plus grand des sérieux. J'ai pas trouvé les clés, ils n'avaient rien sur eux, mais je peux toujours tirer sur la chaîne. Tu seras toujours menottées, mais au moins tu seras détachée et on pourra se tirer, lui proposes-tu alors. En même temps, vous n'aviez pas vraiment d'autres choix. Tu avais déjà vu ça dans des jeux vidéos, et tu espérais que cela marcherait aujourd'hui. Visiblement, elle semblait te faire confiance puisqu'elle acceptait que tu le fasses. Tu lui demandais alors de se décaler pour éviter qu'il ne lui arrive quoi que ce soit. Et tu pointais la chaîne du revolver. Tu n'étais franchement pas sûr de toi. Mais tu essayais de ne rien laisser paraître. C'était le seul moyen pour que vous puissiez vous échapper. Tu n'avais pas pour habitude de manipuler ce genre d'armes, mais là, tu devais te foutre un coup de pied dans le derrière et le faire. Dans ta tête, tu comptais. Un. Deux. Trois. Ca y est. La détonation avait fait vibrer les murs. Ca avait résonné tellement fort. Mais. Surement grâce à l'adrénaline, tu étais parvenu à tirer dans la chaîne pour exploser quelques maillons et faire d'Anteynara une personne plus ou moins libre. Vous vous occuperez plus tard de lui péter les menottes. Putain, soupirais-tu, relâchant une nouvelle fois toute la pression qui planait sur tes épaules. Là maintenant, le plus important, c'était de vous tirer d'ici le plus vite possible. Attends. Tu l'arrêtais dans sa course, juste pour t'assurer qu'il te restait encore des balles dans le flingue. Par chance il en restait à l'intérieur. Il nous reste trois balles, il pourra toujours nous être utile, lâchais-tu à l'attention de la jeune fille. C'est bon, on peut y aller, ajoutais-tu, avant de quitter cette pièce, et de la suivre. Maintenant, tu espérais qu'il n'y ai pas autant de garde que ça, et que vous puissiez vous échapper rapidement d'ici.
Si Anteynara n'était pas devenue une criminelle, elle se serait certainement lancée dans le cinéma. Les arts dramatiques faisaient partie de ses talents, et elle ne s'était jamais autant amusée à s'exploser volontairement l'intérieur de la joue. Il faut faire quelque chose, elle est entrain de faire une hémorragie. Clyde s'était lancé lui aussi dans un épisode d'Urgences, et leur petit show eut le succès escompté. En quelques secondes à peine, elle avait immobilisé le garde et lui avait brisé la nuque dans un geste calculé et précis. Elle fouilla les poches mais ne trouva qu'une clé : celle qui libèrerait Clyde. Elle devait maintenant compter sur lui, et bizarrement, elle s'était pas vraiment inquiète. Si je sors d'ici, c'est avec toi. C'était bien gentil de sa part. Une fois qu'il fut sorti, elle réalisa tout de même qu'il s'agissait de Clyde, qu'elle avait tout de même réduit en bouillie quelques années plus tôt, qui ne lui devait rien et qui pouvait tout à fait se tirer d'ici et la laisser en plan. Tant pis, dans le pire des cas. Elle était une grande fille et trouverait un moyen de se tirer de là toute seule. M'enfin, il venait de lui dire qu'il comptait sortir d'ici avec elle, donc tout ce qu'il lui restait à faire, c'était attendre sagement, le cul posé sur le béton, que Clyde devienne un adulte. Quelques minutes passèrent, et soudain, un coup de feu retentit. Clyde n'avait pas d'arme, il était certainement tombé sur quelqu'un. Il y avait de grandes chances pour qu'il soit blessé ou mort, alors Anteynara dut prendre une décision rapidement. Si Clyde était mort, les types allaient rappliquer d'ici peu. Le seul doigt en bon état qu'il lui restait à la main gauche était le pouce, et en dernier recours, elle le replia doucement vers l'intérieur de sa paume, s'apprêtant à donner une pression pour le briser lui aussi. Et là, cet enfoiré de Clyde, contre toute attente, se présenta à la porte. Avec un SIG Sauer dans la main droite. Ce garçon était surprenant par moments. Faut qu'on se dépêche. Je viens d'éclater deux types, mais un coup de feu a retentit quand le flingue est tombé par terre, alors s'il y en a d'autres, ils risquent de débarquer d'un moment à l'autre. Oui, très intéressant, est-ce qu'on peut s'activer ? Tu me fais confiance ? il demanda, et sa façon d'être avait déjà vendu à Anteynara son idée foireuse avant même qu'il ne l'énonce. « Et toi tu t'fais confiance ? » elle lui répliqua, car son air de gamin perdu ne donnait pas du tout l'impression qu'il savait ce qu'il était en train de faire. J'ai pas trouvé les clés, ils n'avaient rien sur eux, mais je peux toujours tirer sur la chaîne. Tu seras toujours menottées, mais au moins tu seras détachée et on pourra se tirer, expliqua-t-il, comme s'ils avaient toute la vie devant eux pour débattre. « Dépêche-toi » elle le pressa, tirant la chaîne au maximum et s'éloignant de celle-ci. Elle aurait bien cherché à tirer directement dans le cadenas, mais elle ne savait pas quel genre d'expérience Clyde avait avec les armes à feu. Il lui restait une main dans un état convenable, et l'autre était tout de même destinée à retrouver toute l'étendue de ses capacités. C'était mieux d'éviter de se prendre une balle. Elle était tout à fait consciente qu'elle prenait des décisions un peu audacieuses et franchement dangereuses en ce qui concernait Clyde, disons que c'était beaucoup de responsabilités qu'elle lui donnait subitement pour aucune raison apparente. Lui laissant son quart d'heure de gloire à la Bruce Willis, elle se contenta s'attendre qu'il tire, ne regardant même pas comment il s'y prenait pour ne pas se faire peur à elle-même. Le coup de feu retentit, et elle était libre et entière. Quant à lui, il avait l'air sous le choc. Putain. Ouais, putain. Pendant qu'il se remettait de son propre exploit, elle se leva et arrangea un peu les bordel métallique qui alourdissait ses mains. Anteynara marcha vers la porte mais la voix de Clyde l'arrêta. Il nous reste trois balles, il pourra toujours nous être utile. C'est bon, on peut y aller. Evidemment que le flingue pouvait leur être utile. D'ailleurs, Anteynara le lui prit des mains sans lui laisser le choix. « Donne ça » Elle avait une main bousillée, et l'autre attachée à la première ; elle avait bien le droit à la priorité sur le flingue. Et de toute façon, elle était à peu près certaine qu'elle savait mieux s'en servir que Clyde. Il avait surement appris... en jouant à Call of Duty. Elle prit la tête en sortant de là. Les coups de feu avaient alerté les autres, c'était sûr et certain, quant au bâtiment, ce n'était pas non plus un labyrinthe, mais les couloirs se ressemblaient tous. Une fois devant les escaliers, elle fut rassurée de trouver une pancarte qui indiquait les étages. Ils se trouvaient au sous-sol... et l'étage supérieur n'était autre qu'un parking. Un fucking parking. Cet endroit venait de se transformer en hôtel de luxe. « Regarde ça. Ils nous ont même mis des flèches vers la sortie » elle lança en souriant, très amusée par la situation, visiblement. Elle monta, et ils arrivèrent dans le fameux parking. C'était rempli de bagnoles toutes plus surprenantes les unes que les autres, à croire que sa vie était devenu un opus un peu douteux de Fast & Furious. Il y avait un type, qu'elle descendit sans se poser de question. « Viens » elle ordonna à Clyde en l'embarquant vers une voiture qui avait l'air performante. « Tu roules » lui lança-t-elle. Avec ses mains liées, elle risquait d'avoir un peu de mal. Anteynara ouvrit la boîte à gant et y trouva deux chargeurs pleins qui correspondaient à son SIG. A peine furent-ils installés et eurent-ils démarré qu'un groupe de cinq types lourdement armés se pointa. Ils se plantèrent droit devant eux, entre la voiture et la sortie, armes automatiques dirigées en leur direction. « Roule, et baisse-toi » dit-elle en se planquant derrière le tableau de bord. Les tirs heurtaient la carrosserie, brisèrent la vitre, leur passèrent au-dessus... ils fauchèrent deux hommes qui ne s'étaient pas poussés à temps. Tant pis pour eux. La voie était libre, mais ils risquaient d'être poursuivis. Elle se tourna et tira en arrière, à travers la vitre déjà brisée, parvenant à descendre les trois types restants. « Wow. Ca m'avait manqué ! » déclara-t-elle, sourire aux lèvres, se remettant en place dans son siège et lâchant un soupir. Ils étaient libres et personne ne semblait les suivre. C'était sûr qu'après tous ces mois à s'initier au bouddhisme sur les plages thaïlandaises, un peu d'action lui faisait le plus grand bien. Elle remit un chargeur complet dans son arme, ainsi que la sécurité, et ouvrit la boîte à gant à nouveau pour se mettre à fouiller. Anteynara tomba sur une pince coupante relativement solide, qu'elle parvint à utiliser pour défaire la chaîne qui liait ses menottes. A présent libre de ses mouvements, elle plongea la main dans la boîte à gants où elle trouva des cigarettes. Elle en sortit une et se l'alluma avec le briquet qui se trouvait également dans la boîte. L'image lui rappela à nouveau sa première rencontre avec Clyde, lui arrachant un sourire alors qu'elle sortait une autre clope pour la lui tendre. « Cigarette ? » Comment ne pas se souvenir de la première cigarette qu'elle lui avait offerte, en lui disant que ce serait peut-être sa dernière, à lui qui était suspendu dans son hangar et qui se vidait de son sang. Elle tendit la flamme vers lui pour allumer sa clope. Cette fois-ci, la cigarette avait un sens bien différent.
Maintenant qu'Anteynara était parvenue à faire diversion en envoyant les types à des kilomètres d'ici, il ne vous restait plus qu'à essayer de trouver une solution pour vous échapper. Cette dernière n'ayant peur de rien, n'hésitait pas à se faire du mal pour vous sortir de ce pétrin. D'ailleurs, tu étais loin d'être le meilleur des comédiens, mais tu avais fais en sorte d'entrer dans son jeu, de sorte à faire croire au garde qu'elle était vraiment en danger, alors qu'au final, elle s'était juste mordue l'intérieur de la joue. Cette nana était vraiment incroyable. Elle était dotée d'une imagination sans fin. Le pire, c'est qu'elle n'avait pas peur de se faire mal pour sauver sa peau, bien au contraire. Evidement, face à cette mise en scène des plus crédible qui soit, le garde était tombé dans le panneau, il n'avait toutefois pas fait long feu, puisque la ténébreuse n'avait pas perdu de temps à le choper entre ses jambes, pour lui passer la chaîne autour de cou afin de l'étrangler et le laisser tomber à terre. La clé étant celle de tes menottes, tu fus libéré le premier. Voilà que tu portais une lourde charge sur les épaules, celle de trouver l'autre trousseau de clés pour trouver celles qui libéreraient Anteynara. Tu n'avais pas pour habitude de te retrouver dans ce genre de situation, mais visiblement et étonnement, la jeune femme semblait plutôt confiante. Ou alors, elle essayait de se montrer convaincante pour te prouver que tu pouvais en être capable, pas dit qu'elle croyait forcément en toi à 200%. Quoi qu'il en soit, tu lui avais promis que vous sortiriez d'ici à deux, et tu étais déterminé à ce qu'il en soit ainsi. Il était hors de question que tu la laisses ici. Tu quittais alors au plus vite la cellule pour aller chercher de quoi la libérer. Le chemin ne fut pas des plus simple qui soit, car même si le geôlier était parti avec une bon nombre d'homme avec lui, il n'en demeure pas moins qu'il en avait laissé quelques uns pour surveiller les couloirs, ainsi, tu te retrouvais à te battre avec des hommes, jusqu'à avoir de nouveau un canon sur la tempe. A croire que c'était devenu presque une habitude. Etant donné que tu n'avais plus rien à perdre, tu tentais le tout pour le tout, et ça marchait. Bien que le coup de feu qui venait de résonner dans tout le bâtiment t'avais surpris. Fort heureusement, personne n'était blessé suite à cet incident, toutefois, tu ne te retenais pas de faire en sorte de mettre ces types sur le carreau. Très vite, tu t'emparais de l'arme avant qu'il ne soit trop tard, et retournais rapidement dans la cellule où tu t'apprêtais à faire une chose que tu n'aurais surement jamais imaginé faire un jour dans ta vie. Tu te retrouvais là, face à Anteynara, arme en main, prêt à tirer sur la chaîne pour la briser afin que vous puissiez vous échapper. Clairement, lorsqu'elle t'avait demandé si toi, tu avais confiance en toi, on ne va pas se mentir, tu savais ce que tu faisais et les risques que tu encourais, mais tu n'avais absolument aucune confiance en toi. Ca aurait été la situation inverse, tu aurais eu confiance en Anteynara les yeux fermés. Quoi qu'il en soit, tu n'avais plus le choix, c'était maintenant ou jamais. Un bruit sourd retentit. Ca y est, c'était fait. Tu avais appuyé sur la gâchette. C'était assez surprenant, mais tu y étais parvenu. Une petite montée d'adrénaline t'avait fait lâcher un "putain" qui était sorti tout seul. Mais ça y est, elle était libre. Ni une ni deux, elle prenait possession du flingue, avant même que tu n'aies le temps de le lui donner, et voilà que vous vous mettiez en route pour quitter cet endroit. Elle avait vraiment des années d'expérience derrière elle pour se sentir aussi à l'aise dans une telle situation. Elle savait exactement ce qu'elle faisait et où elle allait, c'était assez surprenant. Résultat, vous vous retrouviez dans un putain de parking, avec des putains de voitures. Mais vous n'aviez pas le temps pour faire le tour de toutes les bagnoles, rapidement, vous sautiez dans l'une d'entre elles. Comme Anteynara avait encore les mains liées, c'était à toi de conduire cette voiture. T'avais un putain de bijou entre les mains. Malheureusement, tu n'eus pas vraiment le temps d'apprécier la chose qu'il était temps de prendre la poudre d'escampette. Des tirs se faisaient entendre, tandis que les vitres de la voiture se brisaient, et la carrosserie en prenait pour son grade. Tu allumais le contact, et faisais ce qu'Anteynara te disait, à savoir, te baisser et appuyer sur l'accélérateur comme un fou. Pied collé au plancher, tu ne savais pas vraiment où tu allais mais tu fonçais, entendant par moment des boums. Ca, c'était les types qui s'étaient mit sur ta route et que tu avais percuté de plein fouet. Après tout, t'en avais strictement rien à foutre, là, le plus important, c'était de vous tirer de là. T'avais toutefois le palpitant au max de ses capacités. Ce que t'étais entrain de vivre, c'était un truc de dingue, digne d'un film américain. Soudain, la voix d'Anteynara te fit prendre conscience que c'était fini, et que tu pouvais enfin te relever. Bonjour le jour. Tu regardais autour de toi. Toutes les vitres de la voiture étaient brisées en mille morceaux. Il y avait des éclats de verre partout sur les sièges, et mêmes dans tes cheveux. Tu secouais la tête, et passais ta main dedans pour les sortir. Putain, c'était dingue. C'était la première fois que tu vivais un truc pareil. Pourtant, des courses poursuites, tu en avais vécu, mais des comme celle-là, c'était bel et bien la première fois. Mais c'était dingue. Tu sentais encore ton coeur battre comme un dingue suite à la montée d'adrénaline que tu t'étais tapé. Anteynara quant à elle était tout bonnement satisfaite de ce que vous veniez de vivre. Sa remarque t'avais même fait sourire. Elle avait le goût du risque, et elle aimait ce genre de situation. Et il fallait avouer que même si c'était riche en émotion, t'avais bien kiffé. Dommage pour la caisse, lâchais-tu cependant. C'était la première fois que tu conduisais une voiture dans ce genre, et malheureusement, tu n'auras pas la chance de pouvoir la garder vu l'état dans lequel elle se trouve désormais. Tandis que tu conduisais dans une direction complètement aléatoire, tant que tu t'éloignais au mieux de cet endroit. De toutes les façons, plus personne ne semblait vous suivre. Anteynara te proposait alors une cigarette. Son regard voulait en dire long. Ca me rappelle quelque chose, ça. Tu lâchais simplement, en lâchant un petit sourire en coin, tes pupilles plongeaient durant quelques secondes dans les siennes. Tu voyais pertinemment où elle voulait en venir, une fois de plus. C'était une drôle de situation que de vous voir parler de cette rencontre comme si c'était... tout bonnement anodin. Alors qu'en fait, votre première rencontre avait été une véritable torture. Et pourtant, vous vous retrouviez là à presque en rigoler. Si on te connaissait pas, on pourrait te penser psychologiquement dérangé. Quoi que parfois... On pourrait se poser de sérieuses questions à ton sujet. Quoi qu'il en soit, tu t'emparais de la cigarette que tu plaçais entre tes lèvres. Anteynara t'approchais le feu pour que tu puisses l'allumer. Dieu que cette dose de nicotine te faisait du bien. Tu aspirais une longue latte, avant de la recracher quelques secondes plus tard. Tu lâchais un long soupire. Tu me fais visiter ? lui lançais-tu de manière amusée. Il fallait bien relativiser face à cela. Vous vous en étiez normalement sortis, du moins, pour le moment. Je ne sais pas si tu comptais rester ici, mais moi, je ne compte pas rester ici, lâchais-tu, tout en fixant la route, et en consumant ta cigarette. Tu ignorais si elle souhaiterait rester ici, mais toi, tu n'en n'avais guère envie. D'autant plus que la Thaïlande n'était pas forcément un pays que tu affectionnais tout particulièrement. Et les terres américaines te manquais presque à l'instant même où tu parlais à Anteynara. La Thaïlande pour y passer quelques jours ok, mais pas pour y vivre. C'était bien trop calme et détendu pour toi. T'étais plutôt un nerveux toi, autant dire que ce n'était pas fait pour toi. Ca va ta main ? repris-tu en jetant un oeil sur cette dernière, qui ne semblait pas être dans un bon état. Au même titre que ta gueule qui commençait à légèrement gonfler puisque, rappelons-le, tu t'étais quand même fait arracher la dent sans anesthésie ni rien, comme ça, d'un coup sec. Tout en l'écoutant, tu sentais que la voiture commençait à avoir une drôle de tenue sur la route, et à légèrement pencher vers la droite. C'est alors que tu réalisais que vous aviez surement crevé. C'était surement dû à une balle qui était venue se loger dans l'un des pneus. Il manquait plus que ça. Tu lâchais ça d'un air blasé, avant de te foutre sur le bas côté de la route pour t'arrêter et constater qu'en effet, les deux pneus étaient crevés. En même temps, ce n'était guère étonnant quand on sait qu'ils vous ont accablé de coup de feu. Bon, bah. On a plus qu'à marcher ! t'exclames-tu, en regardant autour de vous. Tu ignorais clairement où est-ce que vous vous trouviez.
Après leur petite échappée digne d'un film US, il ne restait évidemment pas grand chose de la voiture, juste assez pour continuer à rouler et s'éloigner de l'endroit où ils avaient été retenus. Les vitres étaient en miettes, les sièges avaient subi les tirs, et la carrosserie était probablement dans un état tout aussi lamentable. Mais surtout, c'était un véritable retour aux sources pour Anteynara, un retour à elle-même, et elle était franchement satisfaite de ce qui venait d'arriver. Fière de leur fuite, mais aussi boostée par les événements qui avaient redonné un coup d'électricité à son quotidien. Comme quoi, chassez le naturel, il revient au galop. L'arme reposait contre sa paume comme l'extension de son bras, comme si elle y avait été greffée. La sensation de la crosse dans sa main lui faisait un bien fou. Putain, c'était dingue. Et clairement, elle ne connaissait que très peu Clyde, elle ne savait pas ce qu'il aimait dans la vie et qu'est-ce qui le rendait heureux ou lui procurait de bonnes sensations, mais vu sa tête et sa réaction, elle était plutôt certaine à ce moment-là qu'il était tout aussi shooté à l'adrénaline qu'elle-même pouvait l'être. Un peu moins expérimenté, sans doute, mais après cette aventure, il n'allait plus pouvoir reprendre le cours normal de sa vie sans chercher cette brûlure bien spéciale. Elle se laissa glisser confortablement contre son siège en souriant, avouant que tout ça lui avait manqué. Que foutait-elle en Thaïlande, à s'exercer au bouddhisme et à regarder la mer à longueur de journée ? Il fallait qu'elle retrouve sa vie, qu'elle retourne à son existence et à ce qui lui importait vraiment, et tant pis pour les mesures de sécurité et les volontés de protection de ses supérieurs à la CIA. Dommage pour la caisse, commenta Clyde alors qu'elle s'occupait de se libérer avec ce qu'elle trouva dans la boîte à gants. Typique. Elle ne répondit pas, se contenta d'une moue qui voulait dire qu'elle s'en foutait royalement de la bagnole, et que si Clyde y tenait, elle était en mesure de lui en fournir une bien plus intéressante que ce tas de ferraille. Elle sortit des cigarettes et un briquet, proposa une clope à Clyde avec un petit regard appuyé qui voulait tout dire, car les souvenirs que cela lui évoquait, il ne pouvait pas non plus les ignorer. Ca me rappelle quelque chose, ça. Evidemment. Ils se fixèrent un instant. Antey aimait bien, au fond, ce truc bizarre qu'il y avait entre eux. L'étrangeté de leur relation... pouvait-on appeler ça une relation ? Elle aimait bien les bases chaotiques qu'ils avaient, et la possibilité ambitieuse que le destin les mène vers quelque chose qui tienne à peu près la route. De l'amitié, c'était peut-être exagéré, mais elle avait la sensation que Clyde allait jouer un rôle important dans son avenir, et peut-être elle dans le sien. C'était un instinct, rien de plus, mais jusqu'à présent, le hasard avait fait beaucoup pour eux. Ils venaient une fois de plus de coopérer pour se soustraire à la mort. Et jusqu'à nouvel ordre, ils étaient ensemble dans une voiture, ou du moins, ce qu'il en restait. Elle se décida à regarder la route devant eux, tout en fumant sa clope. Tu me fais visiter ? Je ne sais pas si tu comptais rester ici, mais moi, je ne compte pas rester ici, dit Clyde. Ils étaient au milieu de nulle part, dans la campagne thaïlandaise, entre deux villes, sur une route peu fréquentée. Déserte en fait. Il n'y avait pas d'intersection, rien d'autre qu'une route qui filait vers l'horizon. « Nah. Faut qu'on rentre. J'en ai marre des vacances. Mais d'abord va falloir trouver une façon de faire ça sans se faire descendre dès qu'on mettra les pieds dans un endroit où on pourrait nous chercher » elle répondit simplement. Le boss et tous ceux qui l'avaient suivi en Australie n'allaient pas tarder à comprendre que rien ne s'était passé comme prévu, que leurs deux otages s'étaient échappés. « Si ces gens ont pu t'enlever aux Etats-Unis et t'emmener en Thaïlande si facilement, s'ils ont pu me localiser malgré tous les efforts, va falloir être intelligent pour leur échapper et quitter le pays » elle dit simplement, essayant de réfléchir à une possible solution. Ils roulèrent encore, tout droit, en silence, chacun savourant sa clope. Anteynara zieuta quelques fois en direction de sa main gauche. A un moment ou un autre, elle allait devoir inspecter les dégâts de plus près, mais ce n'était pas le moment. Il fallait du calme et de la concentration, et de préférence, une trousse de secours. Ca va ta main ? demanda-t-il, comme s'il avait lu dans ses pensées. « Mmh » fit-elle, le visage fermé, sans quitter la route du regard, un son qui voulait à la fois dire oui, et non. Ca n'allait pas vraiment, mais ça ne servait à rien de s'inquiéter maintenant, ou de se plaindre. Clyde pouvait bien s'imaginer qu'elle n'était pas au top de sa forme. Et lui, avec sa dent en moins, il n'allait pas tarder à ressentir les sales effets de ce qui venait de lui arriver. Anteynara connaissait bien le sujet, elle aussi était passée par là, quelques années plus tôt. Il allait gonfler, devenir bleu jusqu'à l'oeil... la totale. Sa chance, c'était que ça venait d'arriver il y a peu, et que maintenant qu'ils étaient dehors, ils allaient rapidement pouvoir trouver de quoi soulager la douleur. Elle-même n'avait pas eu cette chance, la fois où elle y avait laissé une dent. Le souvenir de cet épisode n'était pas des plus agréables, et elle était si concentrée là-dedans et dans ses pensées qu'elle capta un peu en retard qu'il y avait un souci au niveau de leur véhicule. Ils s'arrêtèrent finalement, et Clyde descendit le premier pour inspecter la bête. Anteynara comprit assez vite que ça ne servait à rien qu'elle reste à l'intérieur, et effectivement, en sortant à son tour pour se poster à l'avant de la caisse, elle constata également que les pneus étaient HS. Bon, bah. On a plus qu'à marcher ! Chouette alors. Très franchement, elle aurait préféré faire sa flemmarde jusqu'au bout et se laisser conduire, mais la marche n'était pas non plus infaisable, et elle savait où ils étaient. Elle retourna vers la portière pour se pencher et ramasser tout ce qui pouvait être utile. L'arme à feu et toutes les munitions, le paquet de cigarettes et le briquet, un couteau qu'elle balança à Clyde. Il fallait se débarrasser de la voiture, et vu l'endroit où ils se trouvaient, c'était plutôt évident. « Aide-moi » Il s'agissait de pousser la voiture hors de la route, pour lui faire dévaler la paroi rocheuse jusque dans la mer. Ils s'y mirent à deux, et la caisse finit comme prévu par couler et disparaître sous l'eau. Parfait. Anteynara lâcha un soupir. Elle se mit en marche, se disant qu'il allait la suivre. « C'est par là. On a trente minutes, peut-être trois quarts d'heure de marche. On est pas loin de chez moi. » Elle était plutôt sereine, se disant qu'on n'irait pas les chercher là-bas, mais plutôt en direction de Bangkok, vers les aéroports, peut-être l'ambassade américaine. Sa main la faisait souffrir, et même si la marche n'était pas supposée être une activité qui en demandait beaucoup à la main gauche, chaque pas semblait lui envoyer comme une décharge dans son membre aux fractures multiples. Il n'y avait pas grand chose à faire, à part serrer les dents. Une fois chez elle, ils pourraient s'occuper de leurs blessures et de se tirer de cette situation. Elle avait un téléphone d'urgence qui lui permettrait de contacter directement l'agence, et s'il y avait bien un avantage à sa situation professionnelle, c'était ça. En tant qu'indépendante, elle n'était pas forcément habituée à avoir quelqu'un quelque part de dévoué à sa survie. Là, c'était le cas, du moins, elle espérait que ce n'était pas des promesses en l'air. Sinon, cette affaire confirmerait définitivement son choix de ne dépendre que d'elle-même. Bref, une fois chez elle, ils auraient de quoi s'occuper, mais en attendant, il fallait marcher et à part regarder le paysage, il n'y avait rien de plus à faire. Elle s'alluma une autre cigarette. « Ca fait dix ans que j'fais ce métier » elle lança en recrachant sa fumée, l'air de rien, histoire de faire la conversation. « C'est plutôt long, dans ce milieu, généralement, ça s'arrête avant » Façon sympa de dire que la plupart ne vivaient pas jusque là. Peut-être que c'était le fait de ne pas prévoir sur la durée qui l'avait en fait tenue en vie jusqu'à présent. Vivre au jour le jour l'avait poussée à donner tout ce qu'elle avait à chaque épreuve, sans économie, sans plan pour l'avenir. Elle tourna la tête vers Clyde pour lui adresser un petit sourire, sincère, presque doux. « On va s'en tirer, on a fait le plus dur. Une fois chez moi on pourra appeler mon contact. » dit-elle doucement. Ils marchèrent encore une bonne trentaine de minutes avant d'arriver dans le petit village de pêcheurs qu'elle connaissait si bien. Au bout d'un chemin, une maison traditionnelle, à moitié sur pilotis, au bord de l'eau, semblant modeste et ouverte sur le monde. C'était son chez-elle depuis quelques mois. Elle croisa sa voisine, devenue son amie, qui veillait sur la maison et ne posait pas de questions, lui adressa un petit sourire, et entra en embarquant Clyde avec elle. Une fois dans l'espace qui servait de cuisine, elle ouvrit le congélateur et en sortit un sac de glace qu'elle mit dans la main de Clyde, avant de lui arranger la main de façon à ce qu'il plaque la glace contre sa joue. « Tu devrais t'asseoir » elle conseilla vivement en donnant un coup de tête vers le tas de coussins et couvertures qui servait de canapé. Quant à elle, Anteynara s'affaira encore à travers la maison pour revenir avec une trousse de secours, un sac d'urgence contenant plusieurs téléphones et d'autres objets utiles, ainsi que des armes de calibres variés. « Bon. » elle lâcha en s'installant elle aussi sur un coussin, devant une table basse sur laquelle elle posa sa main gauche, et rassembla ses forces dans l'idées d'inspecter les dégâts. Il n'y avait pas de fracture ouverte, mais malgré ça, certains doigts avaient vraiment une forme douteuse, l'un d'eux en particulier, l'auriculaire... qui partait dans un sens on ne peut plus anti-naturel. Il ne lui fallut pas plus d'une minute pour établir qu'elle n'arriverait pas à grand chose seule et qu'elle aurait besoin de Clyde.
Les coups de feu étaient assez rapprochés, tandis que tu pouvais entendre les bruits des balles s'écraser sur la carrosserie. Les vitres étaient explosées. Des petits bris de glace logeaient désormais à l'intérieur de la voiture. Sur les sièges arrières, sur le sol de la voiture, tu en avais même sur toi, mais pas le temps de les enlever à l'instant T. C'était la première fois que tu vivais une course poursuite aussi dingue que celle-ci. Tu venais d'atteindre l'apogée de ton adrénaline. Ton coeur battait si fort dans ta poitrine, que tu avais l'impression qu'il allait bondir de cette dernière d'un moment à l'autre. Quant à tes tempes, ça tambourinait à l'intérieur. Au bout de bonnes grosses minutes, la voie était enfin libre. Les coups de feu avaient cessé, et plus personne ne semblait être à votre poursuite, ou sur votre chemin. Tu relevais légèrement le pied sur l'accélérateur pour retrouver une vitesse à peu près correct. Anteynara quant à elle, affichait un petit sourire de satisfaction quant à la situation que vous veniez de vivre. C'était son quotidien finalement. Pas étonnant qu'elle ait autant aimé ce moment. Quant à toi, tu n'en revenais pas. Ouais, t'avais l'impression d'être un gosse. Si on t'avait dit un jour que tu vivrais ce genre de situation, tu n'y aurais jamais cru. C'était digne d'un film américain à la Fast & Furious. Toutefois, ce que vous veniez de vivre t'avait fait prendre conscience que tu étais loin d'être le crétin que tu pensais être. Il est vrai que l'ancien Clyde, celui que Anteynara avait connu, aurait clairement baissé les bras, et se serait laissé crever. Mais là, tu avais été différent, c'est comme si tu étais une autre version de toi-même, une version que toi même tu ne connaissais pas. Bien que tu n'avais clairement pas confiance en toi, parce que tu t'étais toujours dénigré, tu n'avais toujours vu que le côté le plus néfaste, le plus noir de ta personne, étonnement, aujourd'hui, et ce, il fallait l'avouer, grâce à Anteynara, tu t'étais fait confiance. Et ça avait marché. Tu t'étais fais confiance parce que tu avais pu voir en Anteynara qu'elle te faisait confiance en te laissant une lourde responsabilité sur les épaules, celle de tout faire pour la sortir de là. Il fallait l'avouer, cette fille avait eu un putain d'impact sur ta vie. Votre relation était loin d'être banale. Bien au contraire, elle était tout sauf ça. Elle était, on ne peut plus atypique dirions-nous. Toi-même, tu ne savais pas ce que vous étiez. Amis ? Ca sonnait tellement étrangement quand tu y pensais. Au final, je pense qu'aucuns mots ne seraient à la hauteur de votre relation. Vous étiez Clyde et Anteynara. Anteynara et Clyde. Antyde. Un putain de duo improbable. Le genre de personne qu'on aurait jamais pensé qui puissent s'entendre un jour, et coopérer pour leur survie. Et pourtant. Vous en étiez là. Mine de rien, vous en aviez traversé des choses ensembles. Et pas des moindres. Mais étonnement, tu avais vécu des putains de moments avec elle. Et si tu étais devenu l'homme que tu es aujourd'hui, et bien tu le devais en parti à Anteynara. Il est vrai qu'elle a toujours été dure avec toi, mais ça, c'est dans son tempérament, mais grâce à ça, elle t'avait inconsciemment aider à grandir, et à t'élever. D'ailleurs, son petit clin d'oeil à propos de la cigarette t'avais intérieurement fait sourire. Ainsi, tu t'emparais de la cigarette et clopait tranquillement. Ca te faisais un bien fou, c'est comme si toute la pression était retombée. Fumer, c'était quelque chose de relaxant. Si tu avais eu ce qu'il fallait, tu te serais bien fait un petit joint. Ca te manquais un peu. Mais bon, tu te contentais de cette cigarette en guise de réconfort. Je te fais confiance pour ça, lâchais-tu à son égard. Elle savait bien mieux que toi ce qu'elle faisait, et visiblement, elle avait vécu pendant plusieurs mois dans ce pays, elle le connaissait bien mieux que toi. Et surtout, elle devait bien connaître les endroits qui vous permettrez d'être à l'abri de vos ravisseurs. Il est vrai qu'elle marquait un point, s'ils avaient été fichus de te trouver sur les Terres Américaines, et de t'amener ici, ils seraient capables de vous retrouver n'importe où. D'autant plus que le mentor devait désormais être au courant de votre petite fuite, et ne tarderait surement pas à faire le rapprochement avec la supercherie d'Anteynara. Ce qui voulait tout simplement dire qu'il serait de retour plus rapidement que prévu en Thaïlande. D'ailleurs, en pensant à tout ça, tu demandais à Anteynara comment allait sa main. Visiblement, ça n'avait pas l'air d'aller bien, en même temps, rien d'étonnant quand on sait ce qu'elle avait subi. De ton côté, tu commençais à ressentir quelques douleurs au niveau des joues et de la gencive qui avait subi l'extraction de ta molaire de la manière des plus violentes qui soit. Malheureusement pour vous, durant la bataille, vous aviez perdu deux pneus, et la voiture n'avait tenu que quelques kilomètres avant de vous lâcher, vous laissant sur le bas côté de la route. En descendant, tu constatais des faits, c'est alors que la jeune fille te demandait de l'aider pour faire glisser la voiture jusque dans la rivière. Ca te faisais presque de la peine. C'est qu'elle était cool cette petite voiture. Par la suite, il semblait qu'Anteynara savait où vous vous trouviez, mais pour regagner son logement, vous aviez bien quarante cinq minutes maximum de marche. Façon, on a pas vraiment le choix, et avec un peu de chance, en faisant du stop, on est capable de tomber sur les autres cons. Tu hausses les épaules, avant de t'emparer d'une seconde cigarette. Et vous voila en route à marcher pour rentrer chez la brunette qui se trouvait à tes côtés. Il faisait relativement chaud, et ça te faisais presque bizarre de voir le jour. Tu ne te souvenais presque plus de ce que c'était, tant tu étais resté plusieurs jours, voir mois, enfermé dans cette cellule, dans le noir. Mais ça faisait du bien de voir le jour, d'autant plus sous un ciel bleu ensoleillé. Sur la route, Anteynara se mit à te parler un peu plus d'elle. Ce n'était pas grand chose, mais au vue de votre relation, c'était plutôt surprenant. Au final, tu ne savais pas grand chose de cette dernière. Tu te souvenais si, qu'une fois elle s'était confiée à toi sur un certain Noah, lors de votre petite prise d'otage dans le supermarché, mais sinon, tu ne connaissais rien de sa vie. Juste ce qu'elle faisait, ou du moins, juste en surface. Mais tu trouvais ça plutôt cool qu'elle te parle de ça. Même si encore une fois ça parlait de son activité. Elle te faisait d'ailleurs comprendre que peu de gens avaient sa chance de tenir aussi longtemps dans le métier. Ca commence à faire. Tu as commencé à quel âge dans ce milieu ? Tu la questionnes, histoire de faire la conversation, et quelque part, d'en apprendre un peu plus à son sujet. Tu t'intéresses à elle. Oui, dans le fond, t'as envie d'en savoir plus sur elle. D'apprendre à la connaître. De la comprendre un peu plus. Et toi, c'est quoi ton petit secret pour avoir tenu aussi longtemps, alors ? Tu souris légèrement avant de terminer ta seconde cigarette que tu resserres entre tes doigts pour l'éteindre, et glisser le mégot dans ta poche une fois refroidit. Ce qu'elle te dit par la suite semblait sincère, elle avait cette voix que tu n'avais encore jamais entendu. Cette voix qui était plus douce que d'habitude. Moins cinglante comme elle pouvait l'avoir par moment. C'est comme si tu faisais face à une autre facette d'Anteynara. C'était plutôt une bonne surprise. Comme quoi, elle savait être douce et agréable quand elle le voulait. Bien que tu aimais bien l'autre facette aussi. C'est comme ça que tu l'avais rencontré. Merci d'avoir cru en moi. Tu n'avais pas pour habitude d'être reconnaissant. T'étais plutôt ingrat comme mec d'ailleurs. Mais, comme elle disait, le plus gros était fait, et c'est aussi parce qu'elle avait cru en toi, quand toi-même tu ne croyais pas en toi. C'est alors qu'après plusieurs bonnes grosses minutes de marche, tu te retrouvais dans un petit village pêcheur. On se serait cru dans le dernier Tomb Raider. Quand elle se retrouve dans le village, et que trois abrutis lui piquent son bien. Tu regardais de part et d'autre. Il fallait l'avouer, c'était sympa comme coin. Sa petite maison sortait du lot. Elle était sur pilotis. D'un extérieur très joli, et en rentrant à l'intérieur, ça l'était tout autant. C'était assez simple, mais suffisamment simple pour se sentir bien à l'intérieur. T'avais l'impression d'être apaisé, à peine avoir franchi le seuil de la porte. Ca donnerait presque envie de rester là. Non en fait, bien que ce soit sympa, tu plaisantais, tu n'avais aucunement envie de rester là. Tu espérais d'ailleurs qu'Anteynara vous permettrez de regagner assez rapidement les Etats-Unis sans grand mal. Tout en la suivant, elle faisait une escale dans la cuisine, où elle choppait une poche de glace qu'elle vint placer dans tes mains, t'aidant à bien la positionner contre ta joue qui visiblement commençait à gonfler, tandis que la douleur commençait à prendre de plus en plus d'ampleur. Maintenant que l'adrénaline était redescendue, elle laissait place aux douleurs qui s'installaient de plus en plus. Merci. Tu la suivais ensuite, et te posais sur des petits coussins, plutôt confortables, tu ressentais d'ailleurs des douleurs au niveau de côtes, ce qui eu pour don de te couper le souffle pendant un court instant, te faisant grimacer. Elle s'éclipsait le temps de quelques secondes, avant de revenir avec une trousse de secours. Elle se posait alors face à toi, sa main gauche sur la table. Elle n'était vraiment pas en super état. Tu devrais peut-être voir un médecin, suggérais-tu auprès de la jeune femme qui ne semblait pas vraiment de ton avis. Tu n'étais pas médecin mais tu t'emparais toutefois de sa main, doucement, en essayant de ne pas être trop maladroit pour ne pas lui faire doublement mal. Tu peux bouger les quatre autres doigts ? Je ne te demanderais pas de bouger l'auriculaire... En effet, même si les autres étaient dans un sale état, il faudrait être bête pour ne pas constater que l'auriculaire était particulièrement désaxé. Mais tu n'avais aucune connaissance dans le domaine pour pouvoir imaginer une simple foulure ou une fracture. Ceci dit, ce n'était pas beau à voir, et elle devait surement souffrir. Tu devrais mettre un peu de glace toi aussi, reprenais-tu en lui tendant la poche de glace. Tu plaçais alors ta main sur ta joue que tu sentais légèrement gonflée. Putain je vais me payer une de ces gueules demain, lâchais-tu avant de passer ta main sur tout ton visage, pour constater qu'effectivement, ta joue commençait à bel et bien gonfler.
Alors, oui. Peut-être qu'elle avait juste un peu l'impression de traîner son enfant à travers la campagne thaïlandaise. Contrairement à un môme cependant, Clyde obéissait sans poser de question à tout ce qu'elle lui disait, et elle était ravie de ce manque totale d'esprit de contradiction. Oh, elle était certaine qu'il allait redevenir agaçant à un moment ou un autre, mais pour l'instant, il semblait avoir compris qu'ils avaient un objectif commun et qu'elle avait les capacités de les mener au bout de leur quête. C'est ainsi qu'ils abandonnèrent la voiture en l'offrant en pâture aux fond marins, et se mirent à marcher. Façon, on a pas vraiment le choix, et avec un peu de chance, en faisant du stop, on est capable de tomber sur les autres cons. Tout à fait. Elle ne répondit pas vocalement, mais lui adressa un bref regard qui montrait bien à quel point elle était du même avis. Ils se mirent en marche, clope au bec, et au bout de quelques minutes, Anteynara fut prise d'une envie de papoter. Elle n'était pas toujours très bavarde, mais là, la situation s'y prêtait, ils n'avaient rien d'autre à faire pour tuer le temps. Ces derniers mois loin de chez elle et de son mode de vie l'avaient évidemment fait réfléchir. Et au-delà de ça, depuis son arrivée à Miami quatre années plus tôt, les choses avaient évolué d'une façon un peu étrange, inattendue. C'était bizarre, de repenser à tout ça en arpentant ce chemin en bordure d'océan. Ca faisait dix ans qu'elle avait enterré ses parents. Enfin, enterré... elle n'était pas restée assez longtemps pour assister à la mise en terre. Dix ans depuis Jay. Ca commence à faire. Tu as commencé à quel âge dans ce milieu ? Oui, ça commençait à faire, mais elle n'avait vraiment pas besoin de lui pour lui dire qu'elle était vieille et qu'elle avait passé sa date d'expiration. « Seize. » qu'elle répondit simplement en détachant sa cigarette de ses lèvres. Elle allait sur ses 27 ans. Elle ne se sentait pas 27 ans, elle se sentait à la fois bien plus agée, et bien plus jeune. Et puis merde, ça ne voulait rien dire, se sentir son âge. Comme s'il y avait une sensation particulière associée à un nombre. Et toi, c'est quoi ton petit secret pour avoir tenu aussi longtemps, alors ? il fit en souriant, et elle se demanda quelle connerie elle pouvait bien lui répondre à ça. Elle n'était pas certaine d'avoir un secret. « Le talent. » elle fit simplement avant de lui adresser un sourire en coin. C'était libérateur, d'une certaine façon, de vivre en sursis, mais ça, elle pouvait difficilement le lui expliquer. Elle ne le connaissait pas assez pour entrer dans des discussions métaphysiques. Et surtout, ils n'allaient pas tarder, probablement tous les deux, à se retrouver avec un sale mal de crâne, une folle fatigue, et l'envie de se poser dans le silence. Elle lui adressa quelques mots plus doux, sa façon à elle de dire qu'ils allaient s'en tirer. Merci d'avoir cru en moi. il répliqua quelques instant plus tard. C'était beaucoup de sentimentalisme tout à coup, pour Antey, même si elle comprenait bien d'où venait ce petit remerciement. C'était gênant. Elle grimaça. « Oh... y'avait personne d'autre » fit-elle pour balayer le sujet, lui adressant un regard presque complice, qui traduisait tout à fait ce qu'elle voulait dire. C'était sa façon à elle d'accepter son petit remerciement. Cela suffit d'ailleurs à imposer un silence, et voilà que de longues minutes plus tard, ils arrivèrent à l'entrée du village. Ils entrèrent chez Anteynara, une maison traditionnelle qui n'avait absolument rien à voir avec son palace à Miami. Elle avait peut-être des goûts de luxe quand elle pouvait se le permettre, mais elle savait bien évidemment s'adapter. C'était peut-être ça, son secret, au final. Ca donnerait presque envie de rester là. Ok, donc monsieur s'invitait. « Mmmh non » commenta-t-elle simplement. De toute façon, ce n'était pas dans les plans, et c'était loin d'être raisonnable. Les vacances étaient bel et bien finies. Antey fit le tour de la maison pour se procurer ce dont elle avait besoin, filant au passage une poche de glace à Clyde pour qu'il la tienne contre sa joue. Une fois installée elle aussi, Anteynara commença à examiner sa propre main. Le plus inquiétant était l'auriculaire. Tu devrais peut-être voir un médecin, proposa Clyde, mais elle secoua simplement la tête. Pas maintenant, ce n'était pas une priorité. Evidemment, elle savait que seule, elle n'allait pas pouvoir s'aider. De plus, elle avait bien peur d'avoir légèrement aggravé le problème en se servant de sa main malgré les blessures. Clyde, tout en délicatesse, s'improvisa docteur. Tu peux bouger les quatre autres doigts ? Je ne te demanderais pas de bouger l'auriculaire... Bouger, oui, elle y arrivait vaguement. La douleur était atroce, et elle serrait la mâchoire comme une cinglée pour vaincre le mal. Tu devrais mettre un peu de glace toi aussi, Docteur Clyde conseilla en lui filant la poche. Pas certaine de l'utilité de la manoeuvre. « Il me faut surtout des atèles en fait » elle répondit finalement, lui redonnant la poche de glace. Putain je vais me payer une de ces gueules demain, qu'il se plaignait. De son côté, elle fouilla parmi les quelques téléphones portables pour trouver le bon. « Pauvre chéri » répondit-elle simplement, avant de composer le numéro. De l'autre côté, la sonnerie retentit quelques fois. Quand on décrocha enfin, elle balança quelques codes d'identification, puis se retrouva enfin avec la bonne personne en ligne. « J'ai été repérée. Enlevée par des types. J'ai besoin d'une exfil. Enfin, on est deux. Oui, on peut lui faire confiance » Elle adressa un bref regard à Clyde. L'échange se poursuivit après ça. Quand elle raccrocha au bout de quelques minutes, on l'avait mis en contact avec un agent dormant se trouvant dans la région. « Un type va arriver d'ici une heure pour nous apporter des passeports. Il est médecin aussi, enfin, plus médecin que nous » dit-elle à Clyde, compte rendu de son coup de fil. Une heure à tuer. Elle zieuta en direction de Clyde, qui avait grimacé en s'asseyant, et qui le faisait à nouveau à chaque mouvement. Bon. Décidée à utiliser cette heure, elle fouilla dans la trousse médicale pour en sortir des comprimés codéinés, se débrouilla à une main pour en extraire un de la plaquette d'alu et l'avaler avant de balancer le paquet à Clyde. Anteynara se leva, retourna vers l'espace cuisine, ouvrit le frigo et inspecta ce qu'il y avait à manger. Un reste de riz d'il y a trois jours. Parfait. Elle saisit le saladier ainsi que deux fourchettes, posa tout ça sur la table basse avant de passer une des fourchettes à Clyde et de se mettre à manger directement dans le plat, l'invitant implicitement à faire la même chose. Son instinct avait été bon, car à peine eut-elle avalé la première bouchée que sa faim se confirmait. Quant à Clyde, elle le voyait encore grimacer. « Enlève ton t-shirt » elle ordonna. Sa remarque était inattendue, visiblement, puisqu'elle dut insister. « Enlève-le » elle dit encore en posant sa fourchette et se levant. Lorsque enfin il s'exécuta, elle s'approcha de lui pour regarder ses côtes, passant ses doigts méthodiquement sur celles-ci, à l'endroit où elle suspectait une blessure. Jusqu'à presser sur la côte coupable, et la réaction de Clyde était plutôt claire. « Oh. Fêlée. Cassée peut-être » Elle ne pouvait rien faire, il fallait attendre le "médecin" et encore, elle n'était franchement pas certaine qu'il puisse aider, à part en donnant à Clyde des cachets. Il fallait se tirer de ce pays maudit. Elle se releva pour retourner à sa place. « Mange ton riz, s'ils nous remettent la main dessus, tu seras content d'avoir l'estomac plein » Pragmatique, toujours, mais c'était une des premières règles après tout. Se nourrir quand c'était possible, surtout quand l'éventualité de ne pas avoir de repas avant longtemps était présente. C'était pessimiste, de se dire qu'ils retomberaient entre les mains de leurs geôliers, mais Anteynara préférait être honnête et prévenante. De retour à sa place, elle se remit à déguster son repas.
Comme si vous n'étiez pas assez épuisés tant physiquement que moralement, voilà que la voiture vous lâchez. Deux pneus sur quatre étaient à plat. Autant dire que même avec la roue de secours, il vous aurait été impossible d'aller plus loin. Anteynara eut alors la brillante idée de réunir vos forces pour pousser la voiture afin qu'elle rejoigne les fonds marin. Maintenant, il ne vous restait plus qu'à trouver le chemin pour rentrer chez cette dernière. Heureusement, et encore une fois, Anteynara savait exactement où vous vous trouviez. Seulement voilà, vous aviez facile une bonne quarantaine de minutes à marcher. Mais bon, si tel était le prix pour vous rendre dans un endroit plus sûr, alors tu le ferais. D'autant plus que comme tu venais de lui dire, faire du stop était bien trop risqué. Surtout quand on sait que vous étiez recherchés. Pour peu que vous ne tombiez sur vos ravisseurs, et ça aurait de nouveau été la fin pour vous deux. Alors, comme tu préférais éviter le pire, tu te mis à marcher aux côtés de la jeune fille. Vous étiez vraiment mal en point. Physiquement, tu battais Anteynara. T'étais littéralement dévisagé. T'avais du sang sur tes fringues, et sur le visage. En même temps, tu avais pas mal perdu de temps lorsqu'ils t'avaient arraché la dent de sang froid. Anteynara quant à elle, était un peu plus présentable. Quelques traces de sang sur ses vêtements, mais rien de bien alarmant. Et puis, ta joue commençait à gonfler progressivement. Maintenant que l'adrénaline commençait à s'estomper, les douleurs étaient tout doucement entrain de faire leurs apparitions à divers endroits de ton corps. Mais tu gardais la tête haute. Il était hors de question que tu ne montres quoi que ce soit à Anteynara. Et puis, avec tout ce qu'elle t'avait fait subir quelques années auparavant, au final, c'était presque rien tout ça. C'était bien plus supportable que les blessures qu'elle t'avait provoqué. Clope au bec, et perdu dans tes pensées, Anteynara t'en sortie pour te raconter un peu son expérience dans le domaine. Il est vrai qu'elle était incroyablement douée en la matière. Et au vue de ce qu'elle te disait, rares sont les personnes qui restaient vivantes aussi longtemps dans ce milieu. Tu voulais bien la croire, c'est comme si chaque jour, la faucheuse se rapprochait d'elle pour mettre fin à ses jours. Mais à chaque fois, elle semblait plus maligne, puisqu'elle réussissait toujours, par quelconque moyen qui soit, de l'échapper et de s'éloigner d'elle. Il faut dire qu'elle avait plus d'une ressource en elle. Curieusement, tu lui avais demandé depuis combien de temps elle exerçait ses fonctions, c'est alors qu'elle te dit seize ans, et rapidement, tu fis le calcul, et réalisais qu'elle avait commencé tôt dans le domaine. Elle n'était même pas majeure. Sa réponse quand tu lui demandais quel était son petit secret pour avoir réussi à tenir aussi longtemps te fis sourire du coin des lèvres. C'était du grand Anteynara. Sa réponse était loin d'être étonnante, c'est presque si tu ne connaissais pas la réponse avant même de lui avoir posé. Tu ne relevais pas, parce qu'il n'y avait rien à dire de plus. Quelque part, il faut dire qu'elle avait du talent pour ça. C'était indéniable. Tout en poursuivant votre marche, tu l'avais toutefois remercié d'avoir cru en toi. Encore une fois, ce qu'elle te répondit te fis particulièrement rire. Le jour où Anteynara aurait le malheur de te faire un quelconque compliment... N'est en fait pas près d'arriver. Après de bonnes longues minutes, le village pointait le bout de son nez. C'était tellement plus agréable que l'endroit d'où vous veniez. Il y avait cependant un peu trop de monde à ton goût, mais par chance, Anteynara te faisais passer là où il y avait le moins de monde, et rapidement, tu venais à entrer dans son cocon. C'était assez léger en terme de déco. Il n'y avait pas grand chose. Principalement une table et des couvertures, ainsi que des coussins sur le sol. C'était plutôt zen comme endroit. Le calme faisait du bien, tu sentais un mal de tête arriver. Il était surement dû aux douleurs dentaires. Car oui, maintenant que toute l'adrénaline était partie, la réalité te frappait en pleine face. Et si l'adrénaline t'avais permis de ne pas trop souffrir, c'était désormais ton heure. Ainsi, tout en te posant sur les couvertures, après que Anteynara t'aies donné de la glace pour te la plaquer contre ta joue, tu grimaçais de part un peu toutes les douleurs qui se réveillaient tranquillement. A savoir sur le torse. Il faut dire qu'ils n'y étaient pas allés de mains mortes quand ils t'avaient rué de coup dans le torse. Tu avais également de sacrées blessures. Et même sur ta joue, quand il t'avait coupé avec le scalpel. Ca ne ferait que des cicatrices supplémentaires. Ton corps n'était plus à ça près désormais. Anteynara quant à elle, était entrain de constater l'étendu des dégâts sur sa main. Tu t'approchais pour voir un peu. Tu lui conseillais de voir un médecin, bien que tu connaissais déjà la réponse. Comme si mademoiselle comptait aller voir un médecin. Tu veux qu'on te fasse des atèles comment ? Tu as ce qu'il faut ? la questionnes-tu, tout en reprenant la poche de glace pour te la mettre sur le visage. Tu grommelais face à la gueule que tu allais avoir le lendemain, ce à quoi Anteynara te répondis pauvre chéri, de manière ironique. Et voilà qu'elle s'emparait d'un téléphone portable pour joindre quelqu'un. Tu écoutais sans trop écouter. Tout ce que tu avais principalement entendu, c'est qu'elle disait pouvoir te faire confiance. Tu attendais tranquillement, en t'étant adossé contre le mur, la tête posée contre ce dernier et les yeux fermés. Anteynara revint assez rapidement de son échange téléphonique. Elle te rendait alors brièvement compte de l'appel. Une de ses connaissances allait se ramener pour vous apporter des passeports afin que vous puissiez vous échapper de ce continent pour regagner le votre. Elle ajoutait qu'il était plus médecin que vous. A savoir qu'il vous ausculterait surement afin de prendre connaissance de vos éventuelles blessures, et vous prescrire de quoi apaiser les douleurs. Parfait, lâchais-tu simplement avant de poser la poche de glace sur la petite table face à toi. En réalité, ça te faisais littéralement chier de devoir tenir ce truc glacé dans tes mains et contre ta joue. Quoi qu'il arrive, que tu gardes cette poche de glace ou non sur la joue, cela ne l'empêcherait pas de gonfler malgré tout, et encore moins de devenir bleue. Certes cela estomperait les gonflements et le côté hématome, mais ça ne l'empêcherait pas pour autant. Elle te filait toutefois le paquet de comprimés te faisant comprendre d'en prendre un pour prévenir la douleur. Tu n'étais pas convaincu de la marchandise, mais tu en prenais un, te levant pour aller choper un verre d'eau pour l'avaler. En revenant dans la pièce principalement, Anteynara vous avez ramené du riz. La base quand on est en Thaïlande. Tu commençais à manger mais tu ne pouvais t'empêcher de grimacer, pour la simple et bonne raison que tu avais presque oublié que tu t'étais violemment fait arracher une dent, mais pas de panique, ta première bouchée de riz te l'avais rappelé. En réalité, tu aurais été seul, tu aurais clairement recraché la bouchée, mais tu te contentais de l'avaler, avant de repousser l'assiette. Pour le moment, tu n'étais pas près à manger. Tu reposais ta tête contre le mur, dans le plus grand des silences, quand soudain, Anteynara et sa douce voix vinrent te tirer de tes songes. Douce voix, c'était bien entendu ironique, surtout quand on sait le ton sec qu'elle avait pu prendre. Elle te demandait d'enlever ton tee-shirt. Tu la regardais en mode wtf. Mais elle reprenait d'un ton qui voulait dire que si tu ne le faisais pas, elle serait obligée de le faire pour toi. Tu l'enlevais alors, non sans mal, te tordant presque de douleur, te retrouvant torse nu face à cette dernière. Ton regard se baissait alors sur ton torse complètement rempli d'ecchymoses. Il était tout violacé. Anteynara s'approchait de toi, déposant le bout de ses doigts sur ta peau, provoquant des frissons dans tout ton corps. Elle avait le bout des doigts gelés, ce qui expliquait la réaction que ton corps venait d'avoir. Elle y allait doucement, avant de donner une légère pression sur l'une de tes côtes. Ah ! Putain ! t'exclames-tu avant de légèrement te reculer. Manque de chance, tu ne pouvais pas aller plus loin puisque le mur t'arrêtais. Tu ne voulais pas donner l'impression d'être une chochotte, mais les côtes restent un endroit très douloureux. Et chaque mouvement que tu faisais provoquait en toi une violente douleur qui en venait à te couper le souffle. Anteynara quant à elle était satisfaite d'avoir trouvé le pourquoi de tes grimaces. Voilà qu'une fois que Docteur Anteynara avait fait son examen, elle retournait comme si de rien était se poser à sa place initiale. Quant à toi, tu sentais la douleur t'empêcher de respirer. Tu plaçais instinctivement ta main contre la côte en question, avant de te rasseoir, et d'attendre tranquillement l'arrivée de la connaissance de cette dernière. Je n'ai pas vraiment faim. Ce n'était pas difficile. Il fallait savoir que tu n'étais pas un gros mangeur, et tu pouvais facilement tenir plusieurs jours sans manger. Et puis comment te dire qu'avec ma dent, j'peux encore moins manger. Tu soupires car Anteynara insiste sur le fait de manger. J'ai l'habitude. Il est vrai que tu avais l'habitude de ne pas beaucoup manger. Comment dire en plus de cela, qu'avec ta dent et ta côte, ça allait être difficile de pouvoir manger. Tu penses que tu pourrais me filer ton téléphone pour que j'appelle une amie ? Tu tentais. Tu ne sais pas si elle serait d'accord, mais tu voulais prévenir Mack que tu étais vivant, elle devait surement penser qu'il t'était arrivé quelque chose. Et surtout, tu voulais qu'elle puisse rassurer ta mère et ta soeur qui devaient se faire un sang d'encre, de ne plus avoir aucunes nouvelles de toi. De plus, tu savais que si tu disais à Mack que tout allait bien, qu'elle n'avait pas à s'inquiéter et que tu serais bientôt de retour pour tout lui expliquer, elle ne t'en demanderait pas plus, et saurait se montrer patiente. Tandis que si tu venais à envoyer un message à ta mère ou ta soeur, le portable d'Anteynara croulerait sous les messages de ces deux là pour en savoir plus. Tout simplement par inquiétude.
Ils étaient enfin arrivés, plus ou moins en sécurité à l'intérieur de ce village qu''elle connaissait, et dans cette maison qui était son cocon depuis plusieurs mois. Il y avait le minimum pour mener une vie tranquille, et ça n'avait rien à voir avec sa maison à Miami. Elle savait qu'elle passait là ses derniers instants entre ces murs, car d'ici quelques heures elle quitterait cet endroit et n'y reviendrait pas. Mais avant de penser à tout ça, il fallait s'installer, prendre des anti-douleur, inspecter les blessures, se nourrir, se reposer. Evidemment, l'état de sa main était inquiétant. Elle espérait simplement ne pas avoir de dégâts définitifs, et retrouver l'usage total de sa main. Le plus inquiétant était le petit doigt. Elle ne pouvait de toute façon rien faire de plus, et même si elle commenta au sujet d'atèles, elle savait que c'était une très mauvaise idée de toucher à ça toute seule. Tu veux qu'on te fasse des atèles comment ? Tu as ce qu'il faut ? demanda Clyde, rempli de bonne volonté. Elle secoua juste la tête. Ce n'était pas la peine de perdre du temps. Elle mit de côté sa douleur pour s'emparer de l'un des téléphones et passer un coup de fil important, celui qui, si tout allait bien, les sortirait de cette merde. Son téléphone de secours, dédié à son contact à la C.I.A. Au bout du fil, on lui demanda si la personne qui l'accompagnait était digne de confiance, on prit quelques informations, et on lui fit savoir qu'un autre contact se trouvant dans la région allait venir la rejoindre. Ils n'avaient plus qu'à attendre maintenant. C'est ce qu'elle dit, plus ou moins, à Clyde une fois l'appel terminé. Elle ne savait pas exactement à quel point cet homme pourrait les aider sur le plan médical, mais elle osait espérer qu'il puisse au moins fair en sorte qu'ils soient tous les deux en état de quitter la Thaïlande pour aller ensuite poser leurs jolis petits culs dans un hôpital digne de ce nom, à Miami, avec si possible vue sur la mer. Une fois assise devant le plat de riz, elle remarqua assez vite que Clyde avait mal, que quelque chose d'autre que sa dent le gênait. Effectivement, il s'était pris plusieurs coups bien placés, bien calculés, au niveau du torse et du ventre. Elle lui ordonna de retirer son t-shirt, et répéta même lorsqu'il lui adressa un regard surpris. Elle se doutait que ça ne devait pas être tout beau là-dessous, et outre les anciennes cicatrices, il y avait quelques blessures fraiches. Elle s'appliqua avec une grande précision à glisser ses doigts sur ses côtes... et évidemment, Clyde y allait à fond dans le drama. Il commença par sursauter au moment où elle posa ses doigts sur sa peau. Puis il continua en gesticulant comme un cochon qui essaye d'échapper à l'abattage. Elle leva les yeux au ciel, se demandant pourquoi le destin avait choisi de la placer dans une telle situation. Enfin, il poussa un hurlement qui arracha un demi tympan à Anteynara, et elle se retint de lui claquer un "ta gueule", ou de lui claquer la gueule tout simplement. Elle avait l'impression de gérer le mauvais caractère d'un gamin de cinq ans auquel on demande de prendre un sirop pour la toux dont le goût ne lui convient pas. Ah ! Putain ! qu'il hurla. Bon, elle avait constaté ce qu'elle voulait, et effectivement un des coups de pied avait bien amoché sa cage thoracique. Bref, elle retourna à son riz, pendant que lui poursuivait sa scène dramatique en se tenant les côtes et en grimaçant de douleur. Elle refusa de lui donner la moindre attention pendant qu'il continuait dans son rôle d'Hamlet, et lui conseilla simplement de bouffer son riz. Je n'ai pas vraiment faim. Et puis comment te dire qu'avec ma dent, j'peux encore moins manger. Comptait-il encore se plaindre longtemps ? Le riz ce n'était pas bien difficile à manger, il suffisait d'avaler, il n'y avait rien à mâcher. « Tu veux que j'te le pré-mâche peut-être ? » elle claqua, sarcastique, puisqu'il continuait à faire l'enfant. Puis elle insista, plus simplement, en lui expliquant que s'ils finissaient par être à nouveau captifs, c'était une bonne idée d'avoir mangé, d'avoir des forces, pour pouvoir s'en tirer ensuite. C'était logique, ça tombait sous le sens. Pas pour lui visiblement. J'ai l'habitude. L'habitude, évidemment. Qu'est-ce qu'il pouvait être stupide et immature quand il voulait. Egoïste aussi peut-être. Visiblement, il n'avait pas vraiment compris qu'elle n'appréciait pas vraiment l'idée d'avoir un poids mort à traîner, et que si elle insistait ainsi, c'était pour leur faciliter la tâche à tous les deux. Ca ne servait à rien de toute façon de débattre, il était si convaincu. Elle se contenta de soupirer en posant son front sur sa main, histoire de se contenir, d'éviter de s'énerver. Elle lui lança un vague regard. Quelques secondes passèrent, elle se contenta de déguster son riz. Puis... Tu penses que tu pourrais me filer ton téléphone pour que j'appelle une amie ? Evidemment, quand il voulait quelque chose, il savait mettre les formes et faire oublier sa crise d'ado d'il y a cinq minutes. Et Anteynara avait du mal à dire non, son regard se balada entre Clyde et le téléphone, incertaine. « C'est mieux d'attendre qu'on soit dans l'avion... C'est plus sûr. Mais dès qu'on aura décollé, oui, bien sûr » dit-elle. Dans le sac, elle avait un téléphone satellite qui ferait l'affaire. « Si tu veux dormir, ou essayer de dormir, le lit est juste à côté » elle lui proposa, en désignant les rideaux qui séparaient en deux la pièce. Elle-même comptait rester là à attendre leur rendez-vous. Celui se pointa une heure plus tard. Il inspecta Clyde, puis Anteynara, et leur donna à chacun de quoi tenir pour les jours à venir. Elle se retrouva avec la main dans un bandage qui maintenait ses doigts en place. C'était ce qu'il fallait. Une fois à Miami, elle se ferait soigner. L'homme sortit deux passeports prêts à l'emploi, qui n'attendaient plus que leurs photos. Rapidement, Anteynara passa par les réseaux sociaux pour imprimer deux photos d'eux qui ressemblaient suffisamment à des photos d'identité. Et comme ça, avec une facilité déconcertante, leurs ID étaient prêtes. « Y'a un souci quand même. Pour les passeports ça allait, mais ils refusent d'exfiltrer ton ami. Ils te prendront toi en charge, et personne d'autre » Et ça, c'était inattendu. En fait non, elle aurait pu s'y attendre, mais tout était si bien parti qu'elle était persuadée qu'ils avaient leur ticket de sortie. Finalement, ce n'était pas le cas, et c'était seulement après plusieurs heures de travail en commun que le type finissait par lui avouer cela. Avouer, même pas, non, car il donnait cette information sans la moindre gêne, comme si c'était normal. Pas du tout dérangé par le fait d'abandonner quelqu'un en milieu hostile, avec des mercenaires à ses trousses. « Pardon ? » elle fit simplement, lançant un regard furtif vers Clyde avant de se concentrer sur son contact. « On peut pas s'occuper de lui, c'est pas un des nôtres. Il reste ici » répéta l'autre, comme si elle n'avait pas bien compris. Anteynara n'était pas sourde. « Non » Le déni, peut-être. « C'est pas moi qui décide, je peux rien faire de plus » C'était acté. Anteynara, qui avait plutôt pour habitude de tout contrôler, se trouvait là entièrement dépossédée. Ce n'était pas de son ressort, ses "employeurs" comptaient laisser Clyde ici car il n'était pas l'un de leurs employés, et elle ne pouvait strictement rien faire. Et là, la rage lui montait vraiment, après tout ce qui venait d'arriver et toutes les occasions de se mettre en colère, c'était la goutte de trop. Clyde n'était personne pour elle, peut-être. Ou peut-être pas. Ce n'était pas le sujet. Peut-être qu'elle s'était attachée, c'était assez évident en fin de compte. La simple idée de le laisser derrière elle lui retournait les boyaux. C'était Clyde, ça aurait pu être n'importe qui d'autre. Mais elle était en colère, en colère contre cette putain d'agence gouvernementale supposée oeuvrer pour le bien des citoyens américains, agence pour laquelle elle avait commencé à travailler en mettant de côté certains de ses principes personnels, agence qui au final n'était qu'une autre machine à fric et à pouvoir, gavée de protocoles et de bureaucrates. Et qui allait laisser Clyde crever ici parce qu'il ne faisait pas partie de leur petite organisation. Pendant que ces pensées se bousculaient dans sa tête, qu'elle tentait de contenir sa colère pour ne pas exploser, elle faisait des aller-retours dans la pièce. La tension était montée en flèche, ne passait pas inaperçue. Personne ne parlait, pendant qu'elle tournait en rond comme un lion en cage. Elle s'arrêta au bout d'un moment, resta plantée là, le regard posé sur Clyde qui se trouvait à une petite dizaine de mètres. Comme si elle pesait le pour et le contre. « Okay » elle déclara, avant de revenir vers la table. Là, elle prit les passeports pour les mettre dans sa poche, et remballa tout le reste, qu'elle rendit à l'homme. « Merci pour les I.D. On va se débrouiller autrement » elle dit simplement. C'était stupide, ce qu'elle était en train de faire, et elle le savait pertinemment. On lui offrait une exfiltration sur un plateau d'argent, et elle déclinait pour rester dans la galère avec un type qu'elle connaissait vaguement et qu'elle ne supportait que 30% du temps. « C'est pas une bonne idée. Vous sortirez jamais d'ici en vie et si ces gens t'ont trouvée une première fois, vous avez quelques heures peut-être, grand max, avant qu'ils vous tombent dessus et qu'on retrouve vos cadavres en petits morceaux dans des sacs poubelle au fond du port » Il avait raison sur toute la ligne, elle le savait, et il savait qu'elle savait. Cela dit, elle se voyait quand même mal laisser Clyde seul avec son absence totale d'auto-préservation. « Je trouverai une solution pour nous deux. Hors de question de partir sans lui » Elle était décidée. Quant à l'autre, il n'avait rien de plus à ajouter, il haussa les épaules et prit ses affaires. « Je te laisse une heure pour changer d'avis. Après ce sera trop tard » dit-il en posant sur la table un papier avec son numéro, puis il s'en alla. Anteynara le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse, puis elle fut à nouveau seule avec Clyde. Elle venait de passer à côté de l'opportunité de se débarrasser de son boulet, et pourtant, elle était convaincue d'avoir pris la bonne décision. Pendant un temps, elle ne dit rien. Tous ses espoirs de se tirer de Thaïlande sans encombre venaient de s'envoler. Il n'y avait pas de plan, pas de solution. Elle s'approcha de la table, tentant de se contenir, mais la tension dans son corps trahissait son agitation. Elle s'appuya quelques instants sur la table, puis claqua un coup dans le saladier de riz, l'envoyant valser dans un coin de la pièce. Il n'y avait plus rien sur la table, à part le petit papier avec le numéro de téléphone, qui comptait lui faire de l'oeil pendant l'heure à venir. Anteynara tenta un regard vers Clyde mais le détourna rapidement. Elle ne savait pas quoi lui dire. Se contenta de marcher vers le lit et se laisser tomber assise ici, la tête dans sa main droite, se remettant vaguement de sa déception, essayant de passer au-dessus du néant total qu'était devenu leur panel d'options pour se sortir de là. Elle restait avec un goût amer dans la gorge, la sensation qu'elle venait de se condamner elle-même et l'impression d'avoir signé son propre arrêt de mort.
Vous étiez tout deux dans un piteux état. La main d'Anteynara était loin d'être jolie à voir. Quelque peu déformée. Elle parlait d'atèles, et ton sourcil s'arqua naturellement. Tu jetais un oeil de part et d'autre de la maisonnette. Il n'y avait rien que vous puissiez utiliser en guise d'atèle, cependant, cela ne semblait pas la gêner plus que ça. Elle comptait sur son contact pour s'occuper de ça. De ton côté, tu te mis à manger, mais, une douleur vive vint se loger au niveau de tes côtes, te coupant la respiration, et te faisant grimacer par la même occasion. Détail qui n'échappa à cette dernière. Finalement, tu aurais préféré qu'elle ne s'en rende pas compte. Aussitôt elle s'en rendit compte, aussitôt elle t'ordonna de retirer ton tee-shirt. Tu n'avais aucunement envie de le faire, mais malgré toi, tu n'eus d'autre choix que de le faire. Elle savait se montrer persuasive avec son regard insistant, et sa voix relativement sèche. Tu t'exécutais en te relevant. Tu posais le tee-shirt sur un bout de table libre, et la laissais t'examiner, de manière assez minutieuse, il fallait l'avouer. Ce genre de moment était loin d'être agréable puisque lorsqu'elle sentie l'endroit douloureux, elle enfonça son doigt, juste pour être sûr. Tu ne pus te retenir d'échapper des jurons. Puisqu'il est bien connu que les côtes sont un endroit sensible, et une côte cassée peut souvent être quelque chose d'handicapant, le temps que cette dernière se reconsolide. Surtout quand on sait qu'il n'y a strictement rien à faire, si ce n'est du repos, de la patience, et des anti-douleurs pour calmer la douleur. En même temps, tout ceci n'était guère étonnant quand on sait la raclée que tu t'es pris dans cette cellule. Ils n'y étaient pas allés avec le dos de la cuillère. On pourrait même dire qu'ils s'en sont donnés à coeur joie, et que tu leur as clairement servi de punching-ball. En baissant le regard sur ton torse, tu pouvais le voir rempli d'ecchymoses. De grosses ecchymoses violettes vives, par-ci par-là. Ceci dit, c'était presque devenue une habitude. Tu en avais vu des vertes et des pas mûres, et ça n'était surement pas prêt de s'arrêter, puisque les types devaient déjà être à votre poursuite. Anteynara avait un plan avec son réseau. C'étai l'avantage d'avoir de gros contacts. En l'attendant d'ailleurs, tu avais ré-enfilé ton tee-shirt, et t'étais rassis devant ton assiette. Tu n'avais toutefois pas faim, bien qu'Anteynara te forçait à manger. On aurait dit un gamin avec sa mère. C'était tellement cliché. Mais tu n'allais pas te forcer pour lui faire plaisir. Sa remarque te fis lever les yeux au ciel. Encore une fois, du grand Anteynara. T'avais l'habitude toi, de ne pas manger. Et comme tu n'avais pas envie de manger, tu demandais à Anteynara s'il était possible qu'elle te prête son téléphone portable pour envoyer ne serait-ce qu'un petit message à ta meilleure amie. Mais voilà qu'elle refusait, du moins, elle refusait tant que vous étiez ici, elle apportait une note positive, en ajoutant qu'elle te laisserait son téléphone une fois dans l'avion. Tu acquiesçais d'un signe de la tête, et n'ajoutais rien de plus. C'est alors qu'elle t'informait que si tu voulais te reposer un peu, il y avait un lit pas loin d'ici. En effet, ça ne te ferais pas de mal de te poser un peu, de t'allonger plus exactement, et de laisser tout ton corps se relâcher et se détendre. Vous ne saviez pas quand le contact d'Anteynara arriverait, mais le temps que vous auriez pour vous reposer un peu ne vous ferait pas de mal. Avant ça, tu passais par la salle de bain histoire de te passer un coup sur le visage. En te regardant dans le miroir, tu constatais que les gonflements prenaient de l'ampleur sur ton visage et surtout, ce dernier changeait de couleur. Tu parvins à enlever le sang sur la coupure, près de ton oeil qui longeait tout le côté droit, puis allais te poser un peu sur le lit. Autant dire que la position couchée te fis le plus grand bien. Bien que tu évitais de trop bouger car ta petite côtelette te rappelait à l'ordre. Tu parvins à sombrer pendant une petite demi-heure avant que des bruits t'interpellent. Tu compris rapidement que la personne que vous attendiez était enfin là. Ainsi, tu les rejoignais, et c'est à ce moment là qu'il prit le temps pour vous ausculter à tous les deux. Pas grand chose à dire de plus, si ce n'est de prendre des anti-douleurs. Tandis que tu attendais patiemment, son contact finit par émettre un problème de taille. Alors que vous pensiez enfin quitter cet enfer, voilà que ses contacts ne voulaient pas te prendre en charge, parce que tu n'étais pas des leurs, comme il l'avait si bien dit. Voilà qu'Anteynara ne l'entendait pas de cette oreille. C'est bon, lâchais-tu simplement pour faire comprendre à la jeune fille que ce n'était pas grave si tu restais là. Tu apprendrais à te démerder seul. Tu n'aurais clairement pas le choix. Quoi que Anteynara puisse dire, il était absolument hors de question qu'on s'occupe de toi, qu'on te sorte de ce continent. Et pour Anteynara, il était absolument hors de question de partir sans toi. Tu ne comprenais pas vraiment pourquoi elle réagissait ainsi. Elle aurait toutes les raisons de saisir cette chance et de s'en aller, et pourtant, elle s'y refusait catégoriquement. Il fallait savoir qu'elle avait un caractère très fort, et même si tu ne la connaissais pas en profondeur, là, tu savais que si elle avait décidé ça, elle ne retournerait pas en arrière. C'était comme ça et pas autrement. Quand tu voyais que le ton montait entre les deux, puisqu'elle n'en démordait pas, tu t'éclipsais sur le petit balcon, et t'accoudais sur la petite barrière, laissant ton regard se perdre dans le paysage. Tu ne voulais pas qu'elle se prive pour toi. Tu espérais qu'elle finisse par accepter, au moins pour que l'un de vous deux s'en tirent bien. Seulement voilà, ce que tu venais d'entendre laissait clairement présager qu'elle venait de décliner toutes propositions, et donc toutes chances de pouvoir partir d'ici saine et sauve. Le type en question lui laissait une heure pour qu'elle change d'avis. Tu le laissais partir, puis re-rentrais à l'intérieur. Anteynara était vraiment dans un état dans lequel il valait mieux éviter de l'approcher ou de ne dire quoi que ce soit. Tu aurais voulu lui dire qu'elle n'avait pas à s'en faire, et qu'elle devait saisir cette chance. Mais ce n'était absolument pas le moment de converser avec elle, sous prétexte qu'elle ne t'en foute plein le visage. Ainsi, tu préférais la laisser se calmer. D'autant plus lorsqu'elle se mit à envoyer tout valser. Là, tu réalisais que tu avais pris la meilleure des décisions en la laissant tranquille. Elle te regarda, mais rapidement détourna le regard. Tu la laissais s'éloigner et nettoyais rapidement le riz qui se trouvait un peu partout dans la pièce. C'était la moindre des choses. Au bout d'un certain temps, tu décidais d'aller la voir. Elle n'avait qu'une heure après tout, et il était hors de question qu'elle rate cette chance. Tu te calais dans l'encadrement de la porte. Elle était là, allongée sur ce lit. Tu pouvais sentir toute l'amertume qu'elle dégageait. Vas-y. Rappelles-le. Tu lâchais, purement et simplement. T'as l'opportunité de te débarrasser de moi, fais le tant qu'il est encore temps. Voilà que tu essayais d'amener un semblant d'humour dans cette situation. Même si tu savais que ce n'était pas le moment. Tu essayais de lui apporter une note positive à son échappatoire. Plus sérieusement, ne fais pas le con Anteynara. T'as rien qui te retiens ici. C'était vrai, elle n'avait pas sa famille ni rien, et elle était la première à dire qu'elle ne voulait pas rester ici et qu'elle voulait rentrer à Miami. Et tu ne voulais pas que par ta faute, elle rate cette opportunité. J'vais me démerder, t'en fais pas pour moi. Tu t'éloignais de la pièce, la laissant tranquillement réfléchir aux quelques mots que tu venais de lui échanger. La situation était d'autant plus étrange que d'ordinaire puisque tu venais d'échanger des mots sérieux. Outre la petite note d'humour. Tu étais sérieux sur toute la ligne, tu voulais qu'elle parte. Tu voulais qu'elle sauve sa peau. Façon, on naît pour mourir, alors au pire des cas, si tu venais à crever, c'était la continuité. C'était ça la vie. Tu choppais une cigarette dans son paquet que tu t'allumais, puis te dirigeais de nouveau sur le petit balcon pour prendre ta dose de nicotine. Tu ne savais pas comment tu pourrais réussir à la convaincre de quoi que ce soit. Tu passais ta main dans tes cheveux qui se voulaient être un peu plus longs que la normale.