“Hope was layering awfully thin” Essayer de faire le point sur sa vie, sur soi, sur ses projets d’avenir est absolument épuisant. Et ce n’est pas le genre de fatigue qui passe après une bonne nuit de sommeil, loin de là. Ça fait une semaine que Liam s’est lancé à fond dans ce projet de reconquête de sa vie et de sa personne, une semaine qu’il dort vraiment très mal. Mais ça va, il est heureux. En quelques sortes. Pas malheureux, en tout cas. Après tout, il n’y a rien au monde qu’il aime plus que sa propre personne, alors consacrer chaque seconde de sa vie à son propre bien-être, c’est forcément agréable. Il est toujours un peu préoccupé, la tête ailleurs comme on dit, mais c’est sympa. La voix narquoise d’Aiden ne hante presque plus ses pensées et il a déjà défini le premier point de la longue to-do-list “William Burbank Junior 2.0”, à savoir : s’offrir au moins deux choses qui lui font vraiment du bien chaque jour. Histoire de penser positivement et d’être épanoui, au lieu de réfléchir sans arrêt à tout ce qui ne va pas et ce qu’il doit changer. Mais il y pense quand même, beaucoup, presque tout le temps. Alors il mérite bien deux petits moments de bonheur par jour, non ?

Son cadeau de lui à lui, pour aujourd’hui, est plutôt simple. Des livres. Des dizaines et des dizaines de livres qu’il n’a pas encore lu pour venir compléter la collection déjà trop large qui encombre son appartement. Il est déjà heureux quand il entre dans la librairie du centre commercial et s’empare d’un panier qu’il compte bien remplir à ras-bord. Et plus il se perd dans les rayons, mieux il se sent. Les gens font un peu trop de bruit, mais bon, même lui ne peut pas tout avoir. Il se fait à la présence du petit peuple dans l’arrière-plan de sa vie, fin de l’histoire.

Après une heure à tourner en rond, Liam retourne près de l’entrée où les dernières sorties choisies par les employés sont exposés sur un immense présentoir. Sur la couverture de chaque livre, quelqu’un a épinglé une petite fiche cartonnée avec un commentaire sur le livre. Il les regarde toutes et jette finalement son dévolu sur quatre bouquins qu’il garde contre lui puisqu’il n’y a plus de place dans son panier. C’est le signe que l’heure de rejoindre la caisse vient enfin d’arriver, raison pour laquelle il pivote sur lui-même avec la ferme intention de passer cette épreuve rapidement. Ce ne sont hélas pas les caisses qui entrent dans son champ de vision en premier. Elias. Un instant, le visage de Liam se décompose et affiche un air quelque part entre agacement, surprise et… peut-être un peu, juste un peu d’excitation. En un rien de temps, il a retrouvé un visage neutre, un air vaguement supérieur. “Elias.” salut-il, charmeur et moqueur à la fois. “Est-ce que tu me suis ?” demande-t-il, même s’il est absolument certain que la réponse sera non. Même son ego surdimensionné ne peut imaginer ça. Ce qui l’inquiète surtout, c’est de réussir à prendre la fuite rapidement. Alors pourquoi est-ce qu’il reste planté là, exactement ? Non parce qu’il en a vraiment envie, mais de toute évidence, ses jambes ne fonctionnent plus.


 

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Le premier jour j’avais cru simplement à la possibilité qu’il puisse avoir une journée trop chargée pour passer ici, ou une gueule de bois, le deuxième, je continuais à me rattacher à cette possibilité et ce jusqu’à ce que sept jours se soient écoulé sans que je ne le vois. À croire qu’il était aussi invisible que Lucy ces derniers temps. Aurais-je eu le courage de lui dire si elle avait été là de toute façon ? Les problèmes juridique de cette vieille amie Laura m’arrangeait presque… Seulement je ne pouvais pas profiter de ça, pas quand lui était absent et que ça commençait lentement à me rendre fou. Il y avait comme un manque et le pire c’est que j’aurais pu me réfugier derrière le manque sexuel, mais même pas, lui, en tant qu’individu, me manquait. Même si il n’était pas toujours très cool, même si il me jugeait clairement crétin de ne pas plus me battre pour moi, pour ce que j’étais, il s’intéressait à moi, à mon bonheur, à pourquoi je m’enfermais là. Il n’était pas extérieur, il avait prit la peine de me donner du temps et ça… Je pouvais dire ce que je voulais, mais ça me touchait bel et bien.

Préoccupé, mais étant de repos aujourd’hui, j’avais décidé d’aller faire un tour au centre commercial pour acheter une nouvelle perceuse pour finir quelques travaux et puis changer d’air ne me ferait sans doute aucun mal, du moins c’était l’idée, mais après plusieurs minutes à marcher dans le centre, je fus attiré par une silhouette dans un magasin. Liam, il était là, absorbé dans la lecture d’une couverture. Je ne saurais pas trop expliquer pourquoi, mais j’avançais vers lui pour finalement pousser la porte du magasin et m’arrêter devant lui. Si je ne comprenais pas pourquoi je faisais ça, je n’étais de toute évidence pas le seul. Il était surpris et pas agréablement visiblement. Alors lorsqu’il me demanda si je le suivais, je répondis un peu en panique, « Non, non, absolument pas. », de toute façon ça ne changerait rien, mais je préférais le rassurer. J’étais pitoyable au final non ? Il était là, j’étais incapable de réagir autrement qu’en étant presque heureux de le revoir. Ça confirmait toutefois juste le fait qu’il ne voulait plus me voir moi et ça… Je préférais éviter de m’agacer sur un détail. « J’étais là pour acheté une perceuse et je t’ai vu et je sais pas pourquoi je me suis dit que ça serait une bonne idée de venir te voir, mais c’est trop tard maintenant. », déclarais-je dans un sourire un peu stupide,

« T’as l’air ailleurs dès que t’as un livre dans les mains. » lui confiais-je alors sans vraiment comprendre pourquoi j’avais eu besoin de dire ça. J’étais nerveux, agacé aussi d’être aussi… Aussi incapable de rester maitre de moi. Il me rendait définitivement différent et c’était peut-être ça qu’il me fallait non ?

“Hope was layering awfully thin” S’il sait d’avance qu’Elias va assurer ne pas le suivre, Liam est assez surpris de la façon dont il le dit comme s’il s’inquiétait réellement que l’ingénieur croit à une chose aussi stupide. Bien sûr, ce dernier se contente de hausser un sourcil avant de secouer la tête. Il n’aura fallu que deux secondes avant qu’il soit de nouveau exaspéré par la simple présence d’Elias. Ce type a besoin de se détendre de toute urgence, c’est pratiquement une question de vie ou de mort là. “C’était une blague, Elias.” coupe Liam quand l’homme se met à s’expliquer sur les raisons de sa présence. “Tu n’as pas besoin de me raconter ta vie, je me fichais juste de toi.” Comment il fait pour être aussi innocent et premier degré, sérieusement ? Et cette fois, il est sûr que ce n’est pas un truc qui vient de l’armée. Cela dit, ils sont d’accord sur un point, probablement le plus important : l’ancien soldat n’aurait jamais dû venir lui parler. Il n’a vraiment pas l’air de comprendre que Liam ne veut rien avoir à faire avec lui. D’accord, il reste planté là au lieu de retourner vivre sa vie, mais ça ne veut rien dire du tout. Il ne va pas non plus faire comme s’il ne connaissait pas Elias, ce n’est pas son genre. Il se souvient de la nuit qu’ils ont passé ensemble, elle est terminée, mais il n’a pas l’intention de prétendre que ce n’est jamais arrivé.

Elias, quant à lui… Il semble désespéré à l’idée de dire quelque chose et il s’y prendre vraiment très mal. “C’est la première fois que tu me vois avec un livre dans les mains.” souligne Liam à la remarque la plus étrange de toute cette conversation. Il sait que l’homme est mal à l’aise et qu’il ne l’aide pas en agissant comme il le fait, mais… C’est plus fort que lui. Peut-être parce qu’il n’est pas tout à fait serein, lui non plus. Pourtant, c’est son rôle d’être le plus malin ici, non ? Le plus expérimenté, le plus indifférent. Celui qui a l’habitude de ce genre de relation, des malaises et des lendemains. Il savait s’y prendre, il n’y a pas si longtemps. Pourquoi faudrait-il que ça change ? “Ecoute, Elias, je sais que tu n’es pas venu pour me parler de ce à quoi je ressemble quand je regarde un livre ou de la météo ou de je ne sais quelle autre connerie tu vas lâcher si tu continues de me regarder comme ça plus longtemps. Alors, essaye d’aller droit au but, d’accord ?” Il n’est plus tout à fait dur, même s’il n’a clairement pas le talent d’un diplomate, là tout de suite, mais à sa façon très personnelle il essaye vraiment d’aider l’autre homme. Après tout, rien ne l’oblige à entendre ce qu’Elias a à dire, rien ne l’oblige à l’encourager non plus.

“Respire un grand coup, arrête de te prendre la tête et dis juste ce que tu veux dire. On s’intéressera de savoir si c’était une bonne idée ou pas après.” Liam est prêt à parier que c’est une mauvaise idée, mais il veut quand même bien donner une chance à Elias de venir tout foutre en l’air dans sa parfaite petite vie qu’il a tant de mal à garder à flots. D’un geste de la main, il invite l’homme à s’exprimer, de toute évidence impatient et un peu agacé, mais peu importe.


 

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Pourquoi j’étais comme ça face à lui ? Pourquoi je me prenais autant la tête. Je me sentais con, à chaque mot qu’il pouvait dire et c’était agaçant. Il n’y alla d’ailleurs pas par quatre chemin quand il réclama à ce que je pouvais avoir réellement à dire. Ça me surprenait encore et pourtant, qu’y avait-il de plus proche que ça de sa personnalité ? Ou du moins de ce qu’il en ressortait. Le fixant un instant, j’avouais avoir du mal à faire le tri dans ce que je pouvais vraiment avoir envie de lui dire, avoir du mal dans ce que je pouvais lui dire, dans ce que j’avais le droit de lui dire au vu de la situation, au vu de mon silence aussi envers Lucy. J’étais perdu. Après est-ce que ça changeait de d’habitude ? Non. Enfin si en quelque sorte, car aujourd’hui, quelqu’un le voyait vraiment. « Aussi étrange que ça paraisse, tu me manques. » déclarais-je donc assez incertain quant à la façon de dire les choses. Le fait est qu’il me manquait vraiment, que je ne pouvais absolument pas le nier, mais que ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps, si ce n’est toujours. Et là encore c’était lui, pas ce qu’on avait fait le problème.

Et en parlant de ça… Je m’avançais, juste pour être certain que ce que j’allais dire, il serait le seul à l’entendre, « Si j’avais su que coucher avec toi t’aurait réellement fait fuir… Je l’aurais pas fait. » et je ne remettais pas en question tout ce que ça représentait, aussi bien d’un point de vu épanouissement que la porte que je venais d’ouvrir sur moi-même. En plus de dix ans, la seule véritable expérience que j’avais apprécié était avec un homme, avec lui et si le côté humain devait très certainement jouer, je n’allais pas mettre ça uniquement sur son dos. Pour une fois, j’assumais. « J’aimais bien t’écrire des blagues sur les gobelets, ou attendre que t’ai fini pour fermer et bien au delà de ça, juste t’écouter, même si c’était pour pointer l’évident échec de ma vie… » concluais-je avec un humour un peu triste, « Je suis sans doute entrain de dire un truc extrêmement égoïste Liam et j’en suis désolé, mais avec toi j’avais pas l’impression d’être invisible, j’avais l’impression que je pourrais m’en sortir et si coucher avec toi aller rendre tout ça impossible, je pense que dans un sens j’aurais préféré que ça arrive pas. », dans le fond c’était pas ça le problème, c’était les confessions qu’il y avait eu après, j’avais du dire une connerie, ou me révéler trop banale. J’avais forcé involontairement sur un terrain que je ne maitrisais pas, « Et je dis pas que c’était pas super, je pourrais te complimenter, mais on est dans un lieu publique et je suis pas sûr que quelqu’un veuille apprendre ce que j’ai à dire. », si je n’avais pas été désespéré, j’aurais un peu attendu et rien n’aurait explosé et il serait encore là.

Coucher n’était qu’un problème parmi d’autres. « Je suis pas le bon gars, je le sais et tu cherches pas un ami, j’ai compris aussi et si j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas je suis désolé. Je voulais pas raviver un mauvais souvenir en parlant de tes grands parents, c’est juste que c’est presque mon sujet préféré car j’ai encore une grand mère paternelle qui est géniale et je ne fais pas une fixation sur les personnes âgées, simplement c’est souvent grâce à elles qu’on a les meilleurs souvenir d’enfance et le sujet était juste important. », je présumais toujours, j’étais à côté de la plaque. Mais je ne voulais pas que ça continue, même si ça me faisait apparaitre comme pathétique en cet instant.

“Hope was layering awfully thin” Le moins qu’on puisse dire, c’est que quand Elias va droit au but, il ne le fait pas à moitié. Son aveu tombe presque comme un cheveu sur la soupe, il est assez inattendu pour laisser Liam sans voix, en tout cas, ce qui arrive assez rarement pour être souligné. Comme peut-il lui manquer ? C’est à peine s’ils se connaissent. Cette déclaration fait son petit effet cela dit et en un clin d’oeil, Liam se retrouve étrangement mal à l’aise et… Il ne sait pas trop comment expliquer vraiment ce qui lui arrive, mais il jurerait que son coeur vient de manquer un battement. Le pire, c’est bien qu’une fois qu’il est lancé, Elias ne semble pas vouloir s’arrêter et rien de ce qu’il dit n’est très facile à entendre. Une part de Liam voudrait lui dire toute la vérité, dans l’espoir peut-être de tout simplifier. Une autre sait d’avance que s’il dit quoi que ce soit, Elias voudra le convaincre quand même de continuer à le voir et il refuse de lui donner de bons arguments pour ça. “Je ne suis pas un enfant, Elias.” lâche-t-il un peu plus froidement que nécessaire quand l’autre homme en a fini avec ses explications et qu’il est obligé de répondre quelque chose. “Le sexe n’a rien à voir avec ce qui se passe ou non entre nous. Ce n’est pas ce qui m’a fait fuir, comme tu dis.” Evidemment, ce n’est pas le sujet le plus important de toute cette conversation, mais c’est presque plus fort que Liam : il faut qu’il mette ça au clair.

Ce n’est pas la seule chose qu’il doit mettre au clair, malheureusement. Et même s’il ne veut pas raconter toute sa vie à Elias, il faut qu’il s’explique un minimum, pas vrai ? Sans quoi, il le sent, il ne va jamais réussir à se débarrasser de l’homme. Il pourrait le repousser d’une façon beaucoup plus efficace en mentant, mais il n’arrive pas à s’y résoudre non plus. “Le problème ne vient pas de toi, d’accord ?” reprend-t-il donc, nerveux. “Je suis venu ici pour prendre un nouveau départ, je te l’ai dit. Et toi…” Un rire sans joie lui échappe et il secoue la tête, visiblement désespéré de tout ce qui se passe entre eux. “Tu n’as vraiment aucune idée de ce que tu me fais.” De la façon dont il le dit, c’est impossible de savoir si c’est positif ou non et honnêtement, il n’en est pas sûr lui-même. C’est juste… Trop. Et ça va forcément mal finir. Parce que ça finit toujours mal, pas vrai ? Pour lui, en tout cas. “Je ne peux pas être là quand tu vas te rendre compte que, finalement, tu veux rester marié à ta femme ou que je ne suis pas la personne que tu croyais ou que tu ne pourras plus supporter les choses qui te plaisent chez moi aujourd’hui. T’es à des kilomètres de savoir qui je suis vraiment, crois-moi.” Et de toute façon, ça ne l’intéresse pas vraiment de connaître Liam, il l’a dit en quelques sortes, non ?

“Ce n’est pas moi que tu veux, c’est juste l’attention que je te donne.” souffle le jeune homme en baissant enfin les yeux, incapable d’en supporter plus. “Et je comprends, je t’assure, mais ça te passera.” C’est ce que Liam espère en tout cas, de tout son coeur, car s’il arrive encore à dire non pour le moment, il est à peu près sûr que ça ne va pas durer. Il tient à ses bonnes résolutions aujourd’hui, mais il les a déjà balancé par la fenêtre une fois pour Elias et s’il s’écoutait réellement, il recommencerait. Il a presque envie que l’homme trouve quelque chose à répondre qui vienne à bout de tout ce raisonnement. Non, pas presque. “Tu n’as pas besoin de moi pour t’en sortir, faut juste que tu te lances.” Il lui a déjà donné les bases, de toute façon, il a toutes les cartes en main pour changer sa vie lui aussi, Liam n’a pas besoin d’être là pour voir ça.

 

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Je continuais à enchainer les conneries, à dire ce qu’il ne fallait pas. Certes je n’étais pas le problème, mais il était venu pour prendre un nouveau départ et visiblement je n’allais pas dans son sens. Le problème était visiblement Lucy, le fait que je puisse me rendre compte que je voulais rester marier avec elle. Ça et une succession de chose le concernant plus directement comme le fait de réaliser qu’il n’était pas comme je croyais, le fait que je ne supporte plus les choses qui me plaisaient aujourd’hui. Ok je ne le connaissais pas, ok je ne savais rien de lui, mais il y avait quelque chose qui me poussait vers lui et il avait peut-être raison, mais je refusais d’y croire vraiment, je refusais de m’accrocher à ça. Ok son attention semblait importante, ok ça pouvait passer et peut-être que j’avais pas besoin de lui, mais ça semblait difficile à croire pour le moment. J’avais réellement cette envie, celle qu’il ne soit pas juste une ombre passant et disparaissant dans ma vie. J’avais besoin que les choses changes, j’avais besoin de prendre confiance et ça, je n’y étais pas arrivé depuis longtemps.

« Ok je ne sais pas de quoi sera fait demain, je te l’accorde et oui peut-être que je veux que de l’attention, je t’avoue que j’en sais rien, mais je suis quand même pas invisible là, maintenant. Ça fait désespéré, j’en ai conscience, mais tu crois que j’ai envie de tirer un trait sur la seule personne qui me fait me sentir différent ? Mieux ? », vouloir de l’attention c’était si réducteur, mais c’était une étape, une belle étape. « Tu crois aussi que je suis parfait ? Y’a plein de chose qui énervent les autres chez moi. », j’étais sur un terrain si glissant que j’avais peur de m’y perdre, de donner l’impression que je voulais tout tout de suite, mais je voulais de temps, juste plus de temps avec lui. « Et j’espère bien ne pas encore te connaitre, ça serait chiant que tu te limites qu’à quelques adjectifs, mais j’ai justement besoin de savoir qui tu es, non pas pour définir si t’es vraiment un gars bien, mais juste parce que j’ai envie… Je sais pas comment te le dire ou te l’expliquer, juste je veux plus de toi… Enfin j’aimerais. », parce que là je passais pour quelqu’un d’égoïste, d’égocentrique, « Je veux pas t’imposer ce que je veux, je me dis juste que toi et moi on a besoin de passer à quelque chose d’autre et j’aimerais le faire avec toi, même si ça implique des trucs pas forcément bien dans un premier temps, chercher à aller mieux, à être heureux ça peut-être qu’un bon projet non ? », même si ça impliquait d’assumer, d’aller de l’avant, de tourner le dos aux convenances.

« Parce quoi oui j’y arriverais seul sans doute et oui peut-être que ça passera, mais pour la première fois depuis longtemps, j’ai envie d’être moi et c’est quand je suis avec toi, même si ça implique être quelqu’un de normal sans grande saveur. » soufflais-je dans un sourire triste avant d’enfin reprendre ma respiration. Tout ça n’avait pas une grande logique. J’aimais bien ce mec, j’étais marié, mais j’étouffais, est-ce que j’avais réellement besoin d’une nouvelle page dans ma vie ? oui. Même si ça allait faire mal.

“Hope was layering awfully thin” Il y a deux solutions : soit Elias n’a pas écouté ce que Liam vient de lui dire, soit il n’en a vraiment rien à faire. Difficile de décider laquelle est la pire. Toujours est-il que toute cette conversation continue d’être à propos de lui et de ce qu’il veut. Liam en a bien conscience, c’est même la première conclusion qu’il tire de tout ce petit laïus. Jusqu’à ce que ne soit plus qu’un bref souvenir, jusqu’à ce que le plus important devienne tout simplement que quelqu’un a envie d’être auprès de lui. Ça prouve bien qu’il ne s’en sort pas si bien que ça dans son grand projet de grandir et de prendre les bonnes décisions, mais est-ce vraiment important au fond ? Il doit juste faire attention le temps qu’Elias change d’avis ou regrette. Et généralement, il est très doué pour faire regretter rapidement aux gens d’avoir essayé de lui parler. Dans un soupir, rapidement suivi d’un hochement de la tête, le jeune homme abandonne donc la bataille. “Il faut que je passe à la caisse.” lâche-t-il, de toute évidence dépité, quand il relève les yeux vers l’homme une seconde plus tard. Il n’attend pas de réponse pour contourner Elias et se diriger vers la caisse la plus proche, mais s’arrête pourtant après trois pas pour se tourner vers l’homme. “Tu viens ?” Il n’y aura pas d’invitation plus chaleureuse pour l’instant, pas non plus de réponse plus profonde sur tout ce que l’homme vient de dire pour le convaincre de commettre cette erreur. Il considère faire déjà suffisamment d’efforts comme ça.

Dans la file, Liam ne dit rien et c’est à peine s’il jette un regard à l’homme à ses côtés. Il pourrait parler pourtant, des choses à dire il en a des tonnes, mais il a besoin d’un peu de temps pour réfléchir réellement à ce qu’il fait. L’homme qu’il était il n’y a pas si longtemps n’aurait jamais perdu de temps à se prendre la tête comme ça : ce mec lui plait, il le prend, fin de l’histoire. Et peut-être que l’ancien lui ne prenait que de mauvaises décisions, mais hormis la période Aiden, il était plutôt heureux, non ? Ca ne sert à rien de craindre l’avenir, de toute façon. Chaque chose en son temps. “Alors,” reprend-t-il donc quand il a payé pour ses livres et qu’il sort du magasin. “Tu t’es renseigné pour ton inscription à l’Université de Miami ?” demande-t-il, comme s’ils continuaient une conversation que Liam semble pourtant avoir eu seul. “Leur programme n’est pas vraiment le meilleur du pays, mais de ce que j’ai vu, c’est plutôt sympa. Et puis, tu as droit à une bourse en tant que vétéran, ça ne te coûtera rien du tout.” De toute évidence, lui, il s’est intéressé à cette question au cours de cette semaine qu’ils ont passé sans se voir. Il était pourtant déterminé à ce que leurs routes ne se recroisent jamais, mais ça n’empêche pas la curiosité, n’est-ce pas ? Et puis, c’est toujours mieux que de demander à l’homme s’il a parlé à sa femme de leur petite aventure d’une nuit ou de tout ce qui a l’air de clocher dans leur couple de manière générale.

“Tu es bien un vétéran, pas vrai ? Je veux dire, on ne t’a pas renvoyé ou quelque chose comme ça ?” Il ne leur faut pas très longtemps pour rejoindre le parking et la voiture de Liam dont il ouvre la portière arrière pour déposer ses livres sur la banquette. C’est avec le même naturel qu’il s’installe derrière le volant et attend sagement qu’Elias vienne le rejoindre sur le siège passager. Quand c’est le cas pourtant, il ne fait pas le moindre geste pour démarrer. Il sait qu’il ne devrait pas, mais la question le hante et un jour ou l’autre, il aura besoin de savoir. Mieux vaut que ce soit maintenant, quand il gère encore plus ou moins, que dans quelques jours ou semaines après qu’il se soit torturé avec ça à l’infini. C’est ce qu’il se dit en tout cas. Alors, ses deux mains posées sur le volant, son regard résolument fixé sur le pare-brise, il ose. “Tu as parlé à ta femme ?” Il a un peu peur de connaître la réponse à cette question, mais il faut qu’il soit sûr. Qu’il sache au moins dans quoi il met les pieds. Non pas qu’il veuille qu’Elias lui promette quoi que ce soit, seulement… Il a le droit de savoir que s’il tente la moindre approche, ce sera avec le risque de blesser quelqu’un.

 

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Il ne dit rien sur ce que je venais de dire justement, il se contenta d’aller à la caisse en m’invitant à le suivre, ce que je fis sans trop lutter. Je supposais que si il m’invitait à sa suite c’était pour une bonne raison non ? C’était car je n’avais pas dit que des conneries. Lui suivant donc de nouveau lorsqu’il paye ses livres, je ralentis toutefois le pas quand il me demande si j’avais fait quelques démarches pour l’université, avançant que le programme n’était pas le meilleur, mais qu’avec une bourse de vétéran je n’allais pas m’engager dans des frais énorme. Il avait fait des recherches ? J’avouais être un peu surpris, si bien que lorsqu’il me demanda si j’étais bien vétéran et pas autre chose, une réponse assez vague me sortie de la bouche, « C’est pas l’envie qui manquait à certain de me renvoyer. », si Jacobs me savait encore dehors, je pense qu’il serait encore plus exécrable qu’il ne l’était déjà. Après il devait le savoir, mais que je sois au fond du gouffre aurait du lui plaire, « J’ai été réformé pour invalidité. », même si avec lui ce n’était pas flagrant et que de toute façon pour connaitre la vérité il faudrait me voir à l’oeuvre. C’était peut-être la que reprendre des études serait compliqué, comment concilier les deux sans que cela ne me porte préjudice. « Je n’avais pas vraiment cherché les avantages à être vétéran, mais j’y regarderais. » répondis-je simplement en m’arrêtant devant sa voiture.

J’oubliais un peu ce que je venais de faire et comment j’étais venu pour finalement monter dans sa voiture et fixer le tableau de bord. Il voulait savoir si j’avais parlé à Lucy. Tout pouvait dépendre de ça, soyons honnête, alors je n’allais pas mentir, « Elle n’a pas été la de la semaine, elle aide une amie. Je me voyais pas lui dire au téléphone. », même si on ne représentait rien l’un pour l’autre, on devait se respecter. Si je l’a trompé, alors je devais lui dire et inversement, c’était comme ça que ça fonctionnait non ? Même si j’avais toujours autant de mal avec l’idée de le faire, l’avouer finirait par rendre les choses moins compliqués, surtout si il se passait quoi que ce soit d’autre avec Liam. « Mais je lui dirais, de la bonne façon. » elle restait ma meilleure amie, elle devait être traité avec respect.

Son absence à lui n’avait clairement pas aidé. Affronter ça sans rien derrière, c’était lui faire mal en me faisant mal. « C’était pas la réponse que tu voulais je me trompe ? » lui demandais-je alors en tournant la tête vers lui. Il ne me regardait pas, il fixait devant lui comme dans l’attente d’une autre réponse. Il aurait sans doute voulu que ce soit déjà fait, mais tout plaquer… Je n’étais pas lache, seulement fatigué et un peu effrayé à l’idée de tout détruire sur mon passage, mais j’avais le droit à une vie meilleure.

“Hope was layering awfully thin” Donc l’épouse ne sait rien. Clairement, ce n’est pas une surprise. Ça n’empêche pourtant pas Liam de serrer la mâchoire et ses mains sur le volant. Il inspire aussi discrètement que possible, tandis que dans son crâne les questions s’accélèrent. Est-ce vraiment important ? D’une certaine façon, c’est plutôt une bonne chose. Pas d’engagement, pas de prise de tête. Il peut voir tout ça comme un moyen simple de profiter de la vie jusqu’à ce qu’il trouve une façon de réellement changer. Un hochement de tête presque imperceptible vient conclure sa conversation silencieuse avec lui-même et dès que la décision est prise, il parvient à se détendre presque immédiatement. Assez, en tout cas, pour relever les yeux vers Elias. “Je ne voulais aucune réponse en particulier,” assure-t-il le ton neutre, “seulement la vérité.” Et il l’a eu, alors tout va très bien. “On se connaît à peine, je ne vais pas te demander de quitter ta femme au troisième rencard, ce serait complètement dingue.” Contre toutes attentes, il parvient à lâcher un petit rire qui sonne presque vraiment amusé. Non pas qu’il le soit, bien loin de là. L’idée d’être l’amant n’a vraiment rien d’excitant ou d’amusant, c’est juste rageant, mais… Plutôt approprié quand on connaît vraiment Liam, non ? Il aurait dû le voir venir, ça lui semble presque évident que sa vie prendrait ce chemin au moins une fois. Le rire qui lui échappe à cette pensée est un peu plus sincère, cette fois.

“On ne va pas se marier dans les prochaines semaines, on n’est même pas ensemble. Tu t’emmerdes dans ton mariage et moi dans ma vie, c’est tout ce qu’il y a ici.” Les mots lui échappent plus durement qu’il ne l’aurait voulu, mais ça lui semble important de les dire quand même. Que ce soit clair, qu’ils s’évitent tous les deux un sentiment trop pesant de culpabilité. “On est seulement deux adultes qui apprécient de passer du temps ensemble et si ça dérape parfois… On avisera en temps voulu.” Ne pas se prendre la tête. Liam savait faire ça à la perfection, il n’y a pas si longtemps que ça. Aiden a peut-être tout foutu en l’air dans sa vie, mais il peut se retrouver. Il peut revenir en arrière, à l’époque où tout était tellement plus simple. Il a encore le temps, toute la vie devant lui pour découvrir ce qu’il veut vraiment. Et rien ne l’empêche de continuer à regarder ailleurs, à jouer sur plusieurs tableaux lui aussi, comme le fait Elias. Ils ne sont pas ensemble, ne sont pas amis. Il n’y a rien, rien qu’un compagnon d’infortune pour combler les silences quand ça devient trop difficile.

“On est d’accord ?” demande-t-il pourtant, parce que même si sa décision est prise, il n’en reste pas moins prévoyant. Ce serait dommage qu’Elias s’imagine qu’ils sont sur le point de construire quelque chose de sérieux et de sincère ou qu’il doit faire quelque chose pour prouver à Liam son intérêt. “On devrait aller visiter le campus de la fac, qu’est-ce que t’en penses ?” propose-t-il ensuite, parce qu’il se voit mal ne pas perdre la tête s’ils se contentent de rester assis dans sa voiture pour les prochaines heures. Et puis, de toute façon, Elias a besoin de lui pour trouver le courage de vivre sa propre vie, non ? Plus vite il parvient à devenir enfin l’homme qu’il est réellement, plus vite il se lassera de la présence de Liam dans sa vie et ils pourront chacun reprendre le cours de leur existence. “En fait, sans vouloir te vexer, je me fiche de ce que tu en penses, on va aller visiter le campus, peut-être même retirer un dossier d’inscription. Tu ne deviendras jamais un architecte de quarante ans au chômage si je te laisse prendre les décisions.”

 

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Il ne voulait aucune réponse en particulier, mais son comportement me laisser quand même entrevoir autre chose, du moins je l’avais pensé. Il finit par me détromper en affirmant qu’il ne voulait que la vérité et qu’il n’allait pas me demander de quitter ma femme maintenant sans que cela paraisse complètement dingue. La suite en revanche fut un peu plus brutale, comme si il tenait absolument à ce qu’aucun doute ne soit possible quant à la suite. Alors je n’allais pas dire que ça me déranger car je savais bien ce que tout ça impliquait, mais la façon de le dire était un peu brutale, comme si il se retenait encore une fois de penser à quoi que ce soit. De toute façon j’avais surtout envie de passer du temps avec lui, de ne plus être frustré, de ne plus avoir à rester inerte pour trouver mon courage. Je pourrais avancer, me dire que j’existais au moins pour quelqu’un. Alors lorsqu’il me demanda si on était d’accord, j’hochais la tête, acceptant de laisser les choses venir pour agir en temps voulu. Juste reprendre sa vie, ne plus la forcer. « D’accord. », déclarais-je donc verbalement avant de froncer les sourcils quand il me proposa d’aller visiter le campus de la fac avant d’affirmer que nous allions y aller pour retirer un dossier d’inscription.

C’était moi ou une fois de plus il en faisait plus pour moi que n’importe qui d’autre ici ? Secouant légèrement la tête, je retiens un rire face à cette déclaration, car même si elle était parfaitement incongru, elle semblait réellement lui tenir à coeur, « Ok allons y, mais va falloir que tu m’expliques pourquoi ça te préoccupe autant cette histoire. » soufflais-je en regardant de nouveau devant moi. Il avait cherché pour les bourses, il avait cherché la qualité du programme, bref il ne s’était pas contenté de donner un conseil, il avait été plus loin. Ca restait définitivement perturbant d’avoir ce genre de comportement à côté de soit, mais c’était loin d’être désagréable. Vraiment loin.

« Et avant d’être un architecte de quarante ans au chômage, je serais sans doute le stagiaire le plus vieux en architecture. » rigolais-je en essayant de chasser au loin le véritable problème. Ces tremblement, ce pourquoi je n’étais plus opérationnel. « Allons y, car c’est pas que j’aime pas ce parking, mais c’est un peu sombre. » déclarais-je en me redressant légèrement avant de chercher la ceinture. Il fallait qu’on bouge et qu’on retrouve au moins l’extérieur, « C’est que tu travaille dans ce genre de domaine ? Enfin je dirais pas que t’aide les gens à chercher du travail, mais ça a l’air assez simple pour toi, du coup t’as déjà eu une expérience dans le milieu ou t’es juste plus doué que moi ? », parce qu’au final, je n’avais aucune idée de ce qu’il faisait comme travail et si ca semblait assez important vu la masse de chose qu’il laissait trainer sur la table, j’ignorais parfaitement ce qu’il en était, « Promis après j’arrête les questions bateau ! » lui assurais-je alors dans un sourire. J’avais bien parlé des questions à se poser à un premier rencard la dernière fois et celle là en faisait partie, juste ici, dans ce contexte, elle avait du sens.