Bien plus qu’un simple prénom, un héritage. L’héritage de papy, se faire bien voir par la belle-famille, telle était le but de maman. C’est pour ça que tu portes ce prénom particulier, un peu trop original, très peu connu, Galaad. Une prononciation propre à chacun, tu ne prends même plus la peine de reprendre les gens se trompant, perturbés par ces deux ‘a’. Galaad, ayant pour signification faucon en bataille, définition assez fidèle à ta personnalité. S’en suit un deuxième prénom largement plus commun, qu’avec recul, tu aurais largement préféré porter comme premier prénom, Devon. Cette fois-ci, aucune raison particulière pour un tel prénom. C’est ce qui se faisait de mieux au moment où tu as pointé le bout de ton nez. Et, enfin, Robb. Clair, net et précis. Pourtant, ce ne sont pas les fautes d’orthographe et la mauvaise énonciation qui manquent. En bref, un patronyme complexe pour une personnalité et une personne encore plus complexes.

Un avenir dans la médecine que tu as compromis, tout seul, comme le grand idiot que tu as pu être dans le passé. Parce que oui, dès ton plus jeune âge, tu as voulu être médecin, peut-être un peu trop influencé par E.R. Seulement, les erreurs de jeunesse et les mauvaises décisions, tel était ton modjo. Heureusement, tu as pu compter sur l’entreprise de papa. Alors dès que ton rêve de gosse a été raillé de la carte, tu as fait des études dans un tout autre but : celui d’être architecte et d’être à la tête de l’empire des Robb. Ça fait maintenant cinq ans que tu occupes un double-poste, à la fois architecte et PDG de cette firme nationalement connue, commençant à doucement se faire un nom en dehors des États-Unis. Pour la première fois de ta vie, tu as l'occasion de rendre fier ton père après tout ce que tu lui as fait vivre. Du coup, c’est vrai que tu évites de faire foirer tout ça. C’est un peu la seule chose qui te reste, actuellement… En plus d’un portefeuille très bien fourni.

C’est un sujet sensible, délicat. Comme ça l’est toujours quand quelqu’un passe par la barre des quarante ans. C’est ce qui t’est arrivé. Sans presque t’en rendre compte, un jour, tu t’es levé et tu fêtais tes quarante ans. Étant né le 2 novembre 1979, les quarante-et-un ans t’attendent de pied-ferme. Un autre anniversaire à subir, des cadeaux à accepter avec un sourire gêné parce que tu détestes toute cette fausse-attention dont l’élite américaine et surtout étatsunienne fait preuve lors de ces fêtes mondaines que sont toujours tes anniversaires. C’est à Seattle, dans un de ces hôpital privé absolument hors-de-prix que tu es né, histoire que tu sois toujours habitué à un certain luxe dès ta naissance avant même que tu ne saches ce qu’est la richesse… si ce n’est pas pathétique. Typique de l’américain de base que tu es.

Si tu en crois les dires de ton père, les relations foireuses font partie intégrante de ta vie. Les demoiselles qui ne sont pas faites pour toi, toi qui n’es pas fait pour ces femmes. En bref, tu es un hétérosexuel maudit. Seulement et uniquement attiré par les femmes que tu prends un malin plaisir à faire souffrir et vise-versa. Ta dernière relation amoureuse en date est une relation des plus interdites avec ta psychologue que tu as réussi à faire virer par ses supérieurs en ne faisant que l’aimer. Elle t’a largué, littéralement jeté après t’avoir insulté de tous les noms. Une fatalité que tu as accepté, en la comprenant parfaitement. Maintenant, tu es un célibataire tourmenté par un passé dont tu ne te souviens que vaguement. Tu es peut-être même père. Pour faire simple ; c’est le bordel dans ta vie, comme bien (trop) souvent.

Le toi d’avant ton ‘accident’, tu ne t’en souviens que très furtivement. De brèves souvenirs, peu flatteurs, effrayants. Avant, tu étais un privilégié par ta belle gueule et ta situation confortable. Imbu de toi-même, rebelle, hautain, violent et manipulateur de géni, capable de retourner le cerveau des plus méfiants et malins, tu n’étais pas un enfant de cœur. Tu étais un sale gosse et tu te servais de la bonne image, de la bonne réputation de tes parents pour excuser ton arrogance et ta possessivité. Avant, tu ne faisais pas dans la délicatesse. Même avec les gens que tu aimais, arrivait forcément le moment où tu te montrais mauvais, sous ton plus mauvais jour : impulsif et violent, ne sachant rien régler autrement que par les poings et les mots blessants. Malgré ces critères très peu flatteurs, tu réussissais à séduire. Un séducteur et charmeur dans l’âme. Imbattable dans ton genre. En plus d’avoir cet esprit dominateur, cette image de bad-boy qui plaisait à toutes les demoiselles à la recherche de liberté et de sensations fortes. Téméraire et irréfléchi comme tu étais, ce n’était pas le souci du risque. Tout simplement parce que tu étais le risque, tu étais le danger. Pourtant, tu avais ce côté irrésistible, imprévisible. Toutes ces parties de ta personnalité empiré par ton addiction de la drogue, de l’alcool et les jeux. Des addictions qui t’ont littéralement bouffé. Qui t’ont rendu comme étant le monstre que tu étais, à ta vingtaine.

Seulement, maintenant, ce type, il est loin derrière toi. Si loin que c’est à peine si tu t’en souviens. Parfois, par de brèves cauchemars, tu te vois faire ces trucs horribles que tu faisais subir aux gens que tu aimais, du moins, tu te sens avoir ressenti un certain attachement. Toi qui es du genre à aimer tout contrôler, gérer, ne jamais rien laisser au hasard, savoir qu’à une époque, rien de tout ça n’était à ta portée, avoir ces mauvais souvenirs, ça t’engoisse, ça te stresse, ça t’inquiète. De penser à cette partie de toi que tu ignores, dont tu ne sais encore que très peu de choses, ça t’a déjà causé des crises d’anxiété. Généralement, cette souffrance, ça cause aussi un besoin et une nécessité à la solitude et un immense silence concernant tes sentiments qui se résolvent par une indépendance obligatoire si tu ne veux pas te sentir oppresser par autrui. Jamais, ô grand jamais, tu ne déclareras ta flamme à quelqu’un et cela même si tu l’aimes sincèrement. Secret et pudique, si tu es passionnel dans tes relations, tu préfères laisser place à tes actes, à tes preuves d’amour plutôt qu’à des paroles qui, parfois, sont bien creuses, au final. Si tes relations n’ont jamais abouties en un grand et somptueux mariage, lors de tes relations passées, tu restais un homme fidèle, un partenaire passionné, un amant imaginatif mais un amoureux possessif avec cette mauvaise tendance à manipuler et à mentir lorsque la situation y est propice. Ce n’est pas que dans tes relations amoureuses, d’ailleurs mais bien dans tout type de relations. Ce que tu essayes de changer. Il faut dire que tu es habitué aux changements, parfois drastiques. Tu as de l’énergie à revendre, tu te sais capable de tout reprendre à zéro. C’est ce qui est certainement ta plus grande force, ta plus belle qualité. Cette énergie et cette détermination à croire en ce qui te motive, ce que tu aimes. Dynamique, certes mais parfois, tu peux être sur la réserve, calme et en retrait. Tu ne cherches pas à attirer l’attention, contrairement à ce que tu cherchais, de toute évidence, de faire dans ton passé, à ta folle vingtaine. Pourtant, tu attires, encore aujourd’hui, sans tout ce côté rebelle et bad-boy. Tu as ce côté mystérieux mais qu’on devienne assez dominant assez excitant pour certains, cette force de caractère que tout le monde voit juste par ta prestance et ta posture confiante. Peut-être un peu orgueilleux par moment, tu es sûr de tes valeurs dans ton boulot, ce qui peut te rendre un brin tyrannique mais ton intelligence, ta force de travail et ton charisme réussissent à te pardonner tes excès de perfectionnisme. Tu es un travailleur acharné, en partie parce que c’est bien l’une des rares choses qui te restent, actuellement. Ambitieux, tu attends toujours tes objectifs. C’est essentiel pour toi. Tu ne laisses aucune place à une seule déception. Tu es intransigeant mais tu es aussi juste. Du moins, tu l’es d’après tes valeurs et tes morales. Pour toi, la vie, elle est en noir et blanc. C’est presque à en oublier les nuances de gris. Tu ressens une immense méfiance envers toutes les personnes que tu rencontres et cela immédiatement. Après connaissance, tu es un bon ami, serviable et tu peux aller jusqu’à te priver toi-même de tes propres plaisirs. Tu sais être cette épaule réconfortante en cas de peine pour autrui. Surtout pour ta famille (qui n’est que ton père, au final), ta famille, c’est ta priorité.

Enfin… Tu te pensais comme ça, tu te pensais être une bonne personne jusqu’à ce que ces flashs, ces rêves te viennent à l’esprit pour détruire toute cette confiance que tu avais en toi. Cette confiance qui te disait que tu n’étais pas une si mauvaise personne. Au final, maintenant, tu as l’impression d’être l’une des pires personnes que cette Terre n’est jamais portée. Cela même si ton père te rassure en te disant et te répétant que tu as énormément changé du sale môme que tu étais jadis. Des dires durs à croire lorsque tu as les images que tu as dans ta tête. Une vie de débauche qui n’a pas aidé, c’est certain. Mais ça n’excuse pas, à tes yeux, tes actes. C’est bien parce que tu as cette capacité de remise en question que tu as souhaité tout lâché pour aller à Miami. Ce qui n’est pas l’étape la plus compliquée de ce voyage. Cependant, la complexité de la situation se trouve dans ta fameuse incompétence à constater ou même à considérer ces nuances de gris rythmant les actions de l’Homme.