Life is not a long quiet river

Chris & Khira

La semaine avait été particulièrement dur. J’étais allé me recueillir plusieurs fois sur la tombe d’Erwan pour « parler » avec lui sans grand succès. Il me manquait atrocement. La douleur était toujours présente malgré les médicaments et mon suivis régulier. J’avais failli déraper ce soir-là au bar. Mais heureusement qu’une âme charitable était venue à mon secours. Je lui devais beaucoup, car s’il n’était pas arrivé à temps, j’aurais sans aucun doute replongé dans l’alcool ce soir-là. Mais nous étions une toute autre journée. J’avais rendez-vous en fin de matinée avec mon addictologue, je devais donc un peu bousculer mon programme de la matinée pour ne pas être en retard. Je commençais donc par un petit footing avec Max et son skate pour l’échauffement. Je devais reprendre ma forme physique pour essayer de redevenir l’homme que j’étais avant alors il fallait que je travail mon cardio. Une fois rentré, j’allais ensuite après un bon petit déjeuné équilibrer jusqu’à la salle de sport. J’enchainais tous les exercices possibles, passant des pompes aux tractions, en passant par la musculation et l’endurance jusqu’à une bonne séance de frappe. Cela me prit plus d’une heure trente pour tout faire, si bien que je devais courir à toute vitesse pour avoir le temps de prendre une douche et de me rendre à mon rendez-vous à l’heure. La douche fut prise rapidement, je sautais dans un jean et une chemise, enfilais mes chaussures et prit la route jusqu’au cabinet. J’arrivais avec trois minutes de retard quand elle m’appela au moment même ou je passais la porte du secrétariat. « Désolé, j’ai un peu trop trainé à la salle, cela ne se reproduira plus. » je pris place dans le fauteuil habituel en face du docteur, puis la séance commença. « J’ai failli craquer dans la semaine. Je n’en suis pas fier. J’essaye de m’occuper comme je peu mais je me sens bien seul. Alors j’ai atterri dans se bar sans même y réfléchir. J’ai essayé de me persuader de prendre un soda, mais ma bouche à commander un whisky. Alors que j’allais le boire pour apaiser, enfin du moins essayer de d’apaiser ce vide ou cette douleur, un homme m’a parler, me coupant l’envie de boire. Je crois que j’ai plus envie de boire quand je me sens très seul doc. » Et je ne savais pas comment combler se sentiment. J’attendais toujours un signe de Lukas et d’Emily pour que l’on se revoit, mes amis faisant trop la fête, je les évitais pour ne pas être tenté. Les autres travaillant a des heures différentes des miennes étaient tout simplement indisponible. Je ne savais pas comment occuper mon temps libre. Peut-être allait-il être le temps que je reprenne des activités différentes pour combler ces vides.

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Chris & Khira

Aujourd'hui, j'étais au cabinet, pour une nouvelle journée de travail et je devais revoir un patient, Chris Johnson. Celui-ci arriva un poil en retard et je l'attrapai au vol en le voyant passer devant le secrétariat. Bonjour, Chris. Il s'excuse en disant qu'il avait trop trainé à la salle. Je penche légèrement la tête en le regardant s'asseoir avant de prendre place moi aussi de l'autre côté du bureau. J'ai envie de réagir face à sa phrase qui laissait entendre qu'il venait de faire une bonne séance de sport au point d'être à la bourre pour notre rendez-vous. C'était un point positif. Néanmoins, je ne lui dis pas pour le moment. De quoi voulez-vous parler pour cette entrevue ?[\b] Je lui demande calmement en sortant les notes. J'écris "reprise du sport" sur une ligne pour ne pas oublier de lui en toucher un mot, un peu plus tard. Je pose le stylo et je l'écoute maintenant très attentivement. Il m'avoue alors qu'il a failli craquer dans la semaine. Qu'en entrant dans un bar au lieu de vouloir commander une boisson neutre il prit un whisky. Chose qui est naturelle je dirais puisque c'est ancré dans ses habitudes. Un verre ne ferait pas de mal à personne mais il est vrai que c'est déconseillé puisque ça peut faire replonger le patient dans son addiction. Jusque là rien ne m'alarme vraiment j'attends la suite de son histoire. Il me raconte alors qu'au moment où il allait porter le verre à ses lèvres un homme est intervenu. Je fronce les sourcils. Ça lui a passé son envie de boire et il m'avoue tout de go qu'il a plus tendance à vouloir user de sa drogue quand il est seul. [B] Alors pour un temps efforcez vous de ne plus être seul ? Je sais bien que ça peut paraître trop facile comme idée mais vous avez la solution. Quand vous vous sentez seul sortez, voyez du monde. Faites une activité de groupe. Évitez les endroits peut être trop alcoolisé mais ça ne vous fera pas de mal de vous renouer des relations sociales. Vous n'êtes pas timide ça ira très bien on a ça à guérir en moins. Je lance cette phrase à la blague pour le détendre. Sa moue est encore triste. Vous n'avez pas quelqu'un chez qui aller quelques temps ? Un ou une amie ? Même chercher une coloc ça vous fera de la compagnie ? Incrustez vous chez quelqu'un ! Je ne veux pas pour autant vous faire passer auprès de vos connaissances pour le relou de service en disant ça mais vous verrez si ça marche des fois faut oser ! Et puis ce n'est pas pour la vie c'est pour un temps défini. Une fois que vous pourrez boire un verre de temps en temps sans avoir envie de finir la bouteille, vous pourrez regagner vos pénates. Ça paraît simple mais certaines solutions le sont réellement. Vous n'aimez pas être seul, ça vous angoisse alors ne le soyez plus. Il doit bien y avoir quelqu'un dans cette ville qui pourrait vous héberger. Qui ne tente rien n'a rien après tout.

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J’étais seul. S’était une triste réalité mais elle était ainsi. Comme le dit un proverbe, ses amis, ont les comptes sur les doigts d’une main ! S’était affreusement vrai. Au bien sûr il y avait bien ses « amis » de fêtes, mais je n’avais pas envie de retourner dans mes travers. J’étais trop bien partie pour que ça marche alors autant éviter les sensations. Je raconte ensuite tout ce qu’il s’est passer en une semaine à ma docteure et à l’air plutôt sereine. En même temps, tous les médecins n’affichent-ils pas cet air neutre ? « Voyez vous, je ne vois personne qui puisse faire cela. Mon meilleur ami dit qu’il faut qu’on se revoie quand je le contacte mais ensuite malgré mes relances, ils ne donnent plus signe de vie. Ensuite les potes de fêtes, ils font la fête, donc ils n’hébergent pas. Non franchement je ne vois pas qui pourrait faire cela. Le seul ami que j’ai, est aussi celui qui s’occupe de moi au club, mon maitre.  Et comme vous voulez que j’évite se lieu sauf pour y bosser, je ne peu pas vraiment lui demander de m’héberger au club… » Non, je ne me voyais pas du tout chez Devil. La tentation serait là aussi trop grande et puis, je n’avais pas envie de l’embêter. « En revanche, on m’a dit que les refuges organisaient des canicross, je suis aller voir le week-end dernier et c’est vrai. Du coup, j’ai repris la course avec les chiens du refuge. Ça nous sort tout les deux. J’ai déjà ma petite préférence pour un Staff, mais je tache de changer de chien à chaque sortie. » Je souris au médecin qui note des trucs dans son carnet. « Alors bon, je sais bien que les animaux n’ont pas la parole, mais avec eux, quand je cours, je me sens un peu moins seul. Je dois avouer aussi que je n’ai pas envie de boire pendant que je cours ou que je suis au refuge. » Cela avait été une grande découverte qui m’avait poussé à y aller plus de fois par semaine. J’essayais d’y aller deux fois après le boulot en semaine et j’avais d’en l’idée de passer mon samedi après midi avec les chiens histoire de les faire jouer, courir et de les amuser un peu en leur apprenant quelques tours.

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Chris & Khira

Aujourd'hui, un nouveau rendez-vous était prévu avec Chris Johnson, ce jeune trentenaire en prise avec ses démons intérieurs. J'espérai que depuis notre dernier entretien il y avait eu une petite évolution. Je vois que le conseil que je lui donne pour ne plus être seul ne va pas être une mince affaire mais il faut qu'il persévère. Même répondre à une annonce de colocation pourra toujours être meilleure que rester seul. Quand il me parle de son "maître" au club, je fais la grimace. La tentation est toujours là. Il vaut mieux éviter, on va dire ça comme ça ... Puis il laisse le sujet coloc pour passer à un autre qui le ravit un peu plus. "On" lui aurait conseillé d'aller à la SPA pour donner de son temps en faveur de cette bonne cause. J'apprends donc qu'il y fait du canicross. Reprendre la course dans cette optique est une très bonne chose et je note tout ça sur mon carnet. Ce "on" vous a donné un bon conseil. Les animaux, le contact avec les animaux sont une très bonne thérapie. Vous voyez du monde et vous venez en aide à ces bêtes abîmées par la vie un peu comme vous l'êtes. Vous vous aidez mutuellement. C'est un soutien sans failles. Je replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille alors que je renote quelques pistes sur la feuille devant moi. Est-ce que vous avez envie de parler de ce "on", Chris ? Pour que ce "on" vous donne ce genre de conseils je me doute qu'il doit être proche de vous plus ou moins ? Que vous lui avez parlé de vos problèmes ? Je l'incitais à m'en dire un peu plus et j'étais curieuse de savoir qui lui avait dit ça parce que c'était une bonne idée et la preuve ça lui faisait du bien. Son visage en parlant de ce sujet se détendait quelque peu alors il ne fallait pas relâcher ses efforts et continuer.

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Chris & Khira

Je dois l’avouer, voir mon addictologue me fait du bien. Depuis que je la vois, je ne bois plus. Bien sûr c’est difficile, j’ai eu un gros bas il y a quelques jours, mais maintenant je vais mieux. Je peu me permettre de courir de nouveau sans que je ne pleure au milieu et m’effondre de tristesse. A la place, j’ai commencé le cani cross, j’ai repris les entrainements réguliers à la salle de sport, et même si je suis seul, ma forme physique fait son grand retour. Le docteur est d’accord sur le fait qu’il ne faut pas que j’aille au club autrement que pour le travail. J’avoue que parfois j’ai envie d’y aller pour une petite séance, mais quand je pense à comment je suis depuis un mois et aux progrès que je fais, je vais plutôt plébisciter le sport à la place. Ensuite, nous le docteur Arana me parle de Sasha. Il va être temps que je révèle encore une autre par de mon côté sombre. « Et bien, il s’agit de Sasha, une ex avec qui j’ai merdé. » Je soupire tristement. Parce que même si Nightmare est en grande partie responsable, je suis responsable de l’autre partie. « Quand je l’ai rencontré, s’était vraiment chouette. Se n’était que l’histoire d’une nuit mais quelle nuit ! » Je vois au regard de la docteure que je pouvais me passer de se commentaire. « Je ne sais pas si vous avez entendu parler de Nightmare, mais elle porte bien son nom. Elle venu foutre son petit grain de sel dans l’histoire. Je devais dire une énormité, comme quoi que j’avais été une femme avant, pour ne pas quel révèle l’un de mes plus sombre secret. Alors j’ai menti, je me suis fait passer pour ce que je n’étais pas, croyant qu’elle était protégée. Nous avons coucher ensemble et il est arrivé ce qui arrive dans ses cas-là, elle est tombée enceinte. Elle a découvert mon mensonge du coup et elle a finit par avorter avant de s’en aller très loin. » Je n’étais pas fier de moi en me rappelant se douloureux souvenir et je ne doutais pas que la femme devant moi allait en remettre une couche. Elle n’avait sans doute jamais eu affaire a cette folle de Nightmare, mais voulant passer outre des commentaires, j’enchainais sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. « Je l’ai rencontré par hasard sur la plage à un de ses moments ou je n’étais pas bien. Je me suis excusé, je l’ai même invité à diner, mais elle m’a traité de menteur à raison, c’est parti en couille et elle a claqué la porte au nez. Je comprends ce qu’elle ressent, c’est quelqu’un de bien que j’aie blesser mais j’étais jeune à l’époque et con, j’ai pas vu la douleur qu’elle aurait pu et qu’elle a ressenti, j’ai agit sans réfléchir. Bien sur je lui ai dit, et je lui ai promis de ne plus jamais lui mentir, mais malheureusement, elle ne me croit pas. » Voilà, j’avais avoué quelque chose que je regrettait et pour lequel je me sentais encore bien coupable.

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Chris & Khira

J'exhorte un peu Chris à me parler de ce "on" que je soupçonne de bien le connaître et effectivement. Ce "on" qui se révèle être une femme est une ex de mon patient. J'écoute alors le début de leur histoire avant de faire les gros yeux quand il se permet un petit commentaire. Je n'ai pas besoin d'entrer dans ce genre de détails, du moins pas pour l'instant. J'apprends alors que c'est un coup de Nightmare. Je serre les dents mais pour moi l'issue avait été plus bonne. Elle l'avait permise de faire une belle rencontre, avec Chad. Enfin, je reviens à ce que me dit Chris. Ce n'était pas très joli mais je pouvais comprendre que certains seraient prêts à aller très loin pour sauver leurs plus sombres secrets. C'était le cas avec lui. Je prends note. Puis ils continue son récit. Il l'a revue récemment. Elle est revenue à Miami. Son retour est une bonne chose cela peut vous permettre de réparer vos erreurs. Certes le fait qu'elle ait avorté ne vous rendra pas votre enfant cela est sûr mais vous serez sur la bonne voie c'est important de rétablir une connexion avec elle si elle compte pour vous. Visiblement elle est de bons conseils pour vous alors tout n'est pas perdu. Ce qu'il me disait me rendait quand même optimiste. Il fallait voir chaque petit grain de positif dans toute situation. Pour le fait qu'elle ne vous croît pas pour le moment ... Cela me semble évident. Même si elle a voulu fuir cette situation, être en votre présence fait tout ressurgir. Il lui faudra du temps pour vous refaire confiance. Mais il faut rester optimiste, hein ? Surtout ne pas la brusquer, ne pas insister et la laisser revenir vers vous petit à petit. Une idée me vient en tête. Je pourrais rester à votre disposition par sms si vous le souhaiter pour vous épauler dans cette démarche. Qu'en dites-vous ? Ça peut faire partie de mes méthodes controversées de converser par sms. Il paye déjà mes séances et on n'a pas terminé loin de là alors je pouvais bien faire des heures supp par téléphone. Je vais me rendre le plus dispo possible pour mes patients qui en avait le plus besoin. C'était comme ça et pas autrement, peu importe ce qu'on peut penser de moi.

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Je sais que j’ai merdé avec Sasha et je m’en veux assez pour ça. Mais mon addictologue me dit qu’il lui faudra du temps mais que je peu profité de ce temps pour réparer mes erreurs. Je me demande bien comment je vais pouvoir réparer mes mensonges. J’ai bien prévu de ne plus lui mentir, et je vais m’y tenir, mais il faut déjà que je trouve une excuse pour la revoir parce que je doute qu’elle veuille me revoir de sitôt." Oui bien sur, vous serrez un peu ma roue de secours, comme au alcoolique anonyme, une sorte de parrain en fille."  Une fois le sujet clôt pour Sasha je me dois de lui avouer que je suis retourné au club. J’ai un peu le trac de le lui avouer, parce que je sais qu’elle est contre le fait que je retourne là-bas. Mais s’était une bonne soirée, et je dois avouer que cela m’a fait du bien même si j’ai appris des choses de cette rencontre. « Je dois vous avouer un truc. » Je vois qu’elle m’interroge du regard. Je joue avec mes doigts, signe de stress. J’inspire profondément et me lance. « J’y suis retourner, au club. Je sais que vous ne vouliez pas, mais j’en avais besoin. » Je vois son regard désapprobateur et je baisse les yeux. « J’avais besoin… Un besoin primaire… Et je ne me voyais pas aller dans un club ou dans un bar pour ça… J’ai préférer un endroit que je connaissais bien, avec des gens propres sur eux, histoire de ne pas avoir de mauvaise surprise. » Je lui laisse quelques seconde pour intégrer l’information. D’habitude, j’aurais balancer le mot sexe, comme ça, sans aucune hésitation. Mais là, devant la docteure, je n’arrivais pas à dire que j’avais besoin de sexe après cette longue abstinence. « J’ai rencontré un homme, Nathan. Un soumis. On avait des points communs et il avait besoin d’un dominant tout comme j’avais besoin d’un soumis. J’avais besoin de se contrôle pendant l’acte, besoin de diriger. Je n’ai pas bu une goutte, je suis resté sobre et maitre de moi-même. Mais s’était bon. L’acte je veux dire. Parce que le reste, je pense que je n’en ai pas besoin, j’avais juste besoin de… ça... » Encore une fois, le mot sexe ne sort pas. Etrange. Je ne sais pas pourquoi et cela m’agace. Peut-être parce que c’est une docteure ou parce que c’est une femme et que j’ai un minimum de respect.

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Chris & Khira

Je suis contente qu'il accepte ma proposition de l'aider à distance avec cette femme ou pour tout autre problème qu'il rencontrera d'ailleurs. Je veux me rendre disponible pour lui s'il en a besoin. C'est important qu'il puisse compter sur moi et qu'il sache que je suis là pour lui. Psychologiquement sentir qu'on a ce genre de soutien peut grandement aider. S'il a un moment d'angoisse à n'importe quelle heure il sait que je serais là. Si un soucis plus important survient à un moment où je ne suis pas joignable au cabinet, je serai à même de le gérer avec lui n'importe quand. Quand il me parle de roue de secours je tire un peu la gueule mais ce qu'il me dit ensuite devient plus juste. Je n'aime pas l'idée de la roue, Chris, clairement pas. Mais un parrain en fille en fait c'est tout simplement une marraine. Là, oui ça me va un peu plus mais je reste votre thérapeute. Une thérapeute plus largement joignable que d'ordinaire. Je n'interfère pas dans votre vie. Vous me demandez conseil et j'interviens. Rien de plus. Je pense qu'il a bien compris le message.

L'entrevue se poursuit ensuite et il m'avoue qu'il est retourné dans ce club où je l'avais surpris la dernière fois. Je le regarde et il doit bien sentir que cette nouvelle ne me fait pas plaisir puisqu'il baisse les yeux. Il continue sa narration et jamais n'emploie le terme bien précis qui pourtant doit brûler ses lèvres. De sexe, Chris. C'est bien de ça qu'il s'agit ? Vous pouvez le dire. Je vois des addicts au sexe tous les jours et ils font bien moins de manières. Je penche légèrement la tête sur le côté et je pose mon menton sur mes mains. Vous savez que le sevrage ne se fait pas en un jour, Chris. Votre corps est en manque et vous avez voulu le combler. C'est comme n'importe quelle autre drogue. On ne peut pas arrêter du jour au lendemain. Mais ce que je peux noter cette fois-ci c'est que c'est vous étiez en dominance comme si vous vouliez reprendre le contrôle des choses. Reprendre le contrôle de votre sexualité et par extension de votre vie. J'y vois là un aspect positif. Le tout n'est pas de retomber dans les excès. Il ne faut pas vous priver de sexe. Ce n'est pas le but du tout. Il faut réussir à revenir dans une sexualité maîtrisée, consentie et aboutie. Je voyais bien tous ses efforts pour redevenir l'homme qu'il était avant que ça ne foire quelque part. Il fallait maintenant l'encourager à progresser dans cette voie. Il lui restait pas mal de chemin à faire mais j'étais bien plus confiante sur sa réussite qu'à notre premier rendez-vous.

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Lui avouer que j’étais retourné au club me bouffait littéralement. J’avais peur de sa réaction mais heureusement elle avait l’air de comprendre. Mais elle n’avait que la moitié des données et je devais lui parler du reste. Et quel reste. Culpabilité, sensation de tromperie. Erwan était revenu comme un boumerang en plein face et ça faisait mal. Quand est-ce que j’allais pouvoir vivre librement ? Quand est-ce que j’allais pouvoir faire quelque chose sans tout reporter à lui ? S’était la grande question et je n’avais toujours pas la réponse. « Ce n’est pas tout… Y’a Erwan encore dans l’équation. » Je vois bien qu’elle se demande ce que je vais bien pouvoir lui sortir encore et je ne sais pas comment aborder la chose. Peut-être qu’en lui expliquant tout j’allais pouvoir lui faire comprendre ? Je soupirais lasse. Eh bien, tout se passait bien, j’avais le contrôle de tout, puis nous avons jouie et là l’image d’Erwan s’est imposée en moi. Je me suis senti coupable d’avoir prit du plaisir, d’avoir jouie en quelqu’un d’autre que lui, d’avoir eu du plaisir sans lui. C’est avec lui que je faisais tout ça avant, là, j’ai comme l’impression de l’avoir tromper alors que putain il est mort… » Je sentis les larmes ouvrirent les vannes et la docteure me tendit des mouchoirs. Je me sentais mal, très mal. Je savais que sa me rongeait mais je n’avais pas imaginé que s’était à ce point-là. « Putain il est mort et je l’ai encore dans la peau malgré tous ses mois passés. J’aimerais passer à autre chose, mais il est toujours là, enfin, son fantôme. Il me hante encore et encore et je ne sais pas comment faire docteure… » Je me mouchais alors bruyamment et jetais le mouchoir dans la poubelle non loin de moi. J’avais envie que sa cesse mais les larmes traitresses elles, n’en avaient pas finit avec moi. « C’était un moment très bien pourtant, l’homme avec qui j’étais était super, mais je me suis pourtant senti terriblement mal. Pourquoi sa me prends encore comme ça ? Pourquoi à ce moment-là ? Pourquoi est-ce que je ne peu pas vivre une vie normale comme le commun des mortels ? » C’était ça la grande question, quand allais-je aller mieux ?

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Chris & Khira

J'essaye de faire prendre conscience à mon patient que son envie de sexe est normale s'il ne retombe pas dans ses excès. Il faut qu'il retrouve une sexualité qui lui convienne et qui convienne à ses partenaires. Mais alors que je pensais pouvoir passer à un autre sujet il me révèle que ce n'est pas tout et qu'autre chose ou plutôt quelqu'un est apparu dans l'équation. Cela à dû le surprendre puisque vu comment il m'en parle, il ne s'attendait pas à ça. Il m'explique que le rapport avec cet homme qu'il a rencontré se passait bien jusqu'à la délivrance finale où il a vu l'image de son ex lui traversé l'esprit. Il pense qu'il l'a trompé et il se sent coupable. La culpabilité est un sentiment humain. Dans ce cas précis, vous vous auto flagellez encore. Comme vous le dites votre ami est mort et vous vous sentez coupable d'être en vie. Vous priver de vivre ne fera qu'empirer les choses. Mais cette réaction indique que vous n'avez toujours pas fait le deuil de votre relation et de votre amant. Vous avez encore ce chemin à faire avant de pouvoir atteindre un certain bonheur dans votre vie. Je regarde Chris pleurer et c'est purement évident. Il faut qu'il fasse ce travail de deuil sinon il ne passera jamais à autre chose et sera en souffrance même s'il retrouve l'amour. Il faut accepter de faire ce deuil. Il faut accepter de laisser l'autre en paix même si on y repense même si ça nous fait du bien de revoir des souvenirs. Il faut se forcer à se dire que c'est fini. C'est un processus plus ou moins long selon les personnes, Chris. Ça ne se fait pas du jour au lendemain et en général plus la relation a été forte, fusionnelle ou longue et plus long sera ce travail. Mon patient avait ouvert les vannes et il avait du mal à les refermer. Pleurer est un bon moyen d'évacuer alors il faut qu'il se laisse aller. Il se demande ensuite quand est-ce qu'il pourra être heureux et revenir à une vie "normale". Chaque chose en son temps Mr Johnson et sachez que toute souffrance a un but. La souffrance permet à l'humain d'évoluer, de ne plus vouloir refaire les mêmes erreurs du passé et tout un tas d'autres choses. On s'endurcit aussi. Elle est parfois nécessaire pour se rendre compte qu'au final la vie vaut tout de même la peine d'être vécue parce qu'on arrive à passer au-delà de cette douleur et on en devient plus fort, plus résistant. On se sent prêt à affronter les autres épreuves de la vie parce que justement on a réussi à surmonter tout ça. Je lui souris avec bienveillance en espérant que ce que je viens de lui dire fasse son petit bonhomme de chemin dans sa tête. J'attends qu'il me réponde tout en mettant des annotations sur mon carnet.

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