à la base c’était sensé être une bonne journée. T’avais pas cours à cause de toute cette merde. C’était le moment de passer quelques heures de qualité. Ton appartement est vraiment pas dégueulasse et c’était le moment parfait de vraiment te l’approprier. Vu qu’il t’appartient, tu comptais bien repeindre deux trois murs et recouvrir certaines surfaces des paroles de tes chansons. Alors t’as acheté de gros pots de peintures, quelques marqueurs... T’étais franchement parée pour la guerre à venir. Salopette, pinceaux et tutti quanti. C’est d’ailleurs l’aurore qui t’as réveillé très tôt ce matin. L’air frais de l’automne est venu te chatouiller le nez et il ne t’en as pas fallu moins pour trouver la motivation nécessaire afin de te lever.

Mais y’a toujours un problème Wendy
C’est ça être grand.

T’as pas vu l’heure tourner, il faut dire que tu crèves la dalle. Tu décides d’abandonner fin art subtil pour te faire cuire des pâtes à défaut de pouvoir aller te chercher une pizza. Oui tu vois pas l’utilité de payer le double en livraison uber alors que tu descends à vingt mètres pour être servie. Enfin, passons. Ça t’arranges pas vraiment de cuisiner, parce que tu détestes ça. En plus d’être très mauvaise. Mais faire cuire des nouilles ça doit pas etre bien sorcier. T’as mis la casserole sur le gaz, l’eau, les spaghettis. Comme papa dans maman, tu retournes peinturlurer gaiement l’entrée. Puis y’a un truc qui te chatouilles le nez. Et de la fumée. Et merde. T’es une foutue calamité pour de vrai.

Euh allô les pompiers?
Je crois que mon appart brûle.

Franchement ce qu’on dit sur les hommes du feu? Tu valides tout. Le mec qui débarque pour te sauver de toute cette galère semble tout droit d’une série. Mais t’es saine d’esprit, tu ne le remarques pas toute suite. T’es quand même occupée à essayer d’étouffer un minimum ta connerie. Histoire de fierté. Jusqu’à ce que t’abandonnes en cédant très clairement à la panique. Môsieur le pompier lui, avec une dextérité sans pareilles éteint ça en deux deux. Quelques courbettes et plus de vilaines flammèches. C’est à cet instant que tu te promets solennellement d’acheter leur calendrier pour la prochaine année. Ils sont sacrément doués. T’en aurais encore la gueule qui pend que ton preux chevalier de l’instant s’inquiète à ton sujet. Attentionné en plus?

Si c’est pas beau ça.
C’est qu’on cracherait pas dessus.

« Pardon? » Ouais le temps d’un instant t’étais occupée à remarquer ce qui ce cachait derrière cet uniforme. « Mhh ça doit faire deux semaines? » Que tu réponds en haussant les épaules. Et t’as encore des cartons qui traîne un peu partout. Ta mère s’arracherait les cheveux si elle voyait ça, pas étonnant que tu réponds pas aux textos qu’elle t’envoie. C’est du propre miss Darling. Ton nez pique, ta gorge gratte. Ça sent le plastique brûlé mélangé aux vapeurs de peintures fraîches de l’entrée. Fais chier, t’aurais dû commander. Maintenant tu passes pour une de ces bourges idiotes et incapables. Tu te grattes le crâne, maladroite au possible. Si il ne se moque pas de toi en rentrant à la caserne franchement. Le parfait cliché que tu es. Tu finis par hausser les épaules à nouveau, penaude. « J’suis vraiment désolée de vous avoir fait déplacer pour... ça. » T’as marqué une pause Oona. Le temps de contempler tout le bordel que ça a pu foutre en si peu de temps. T’es franchement pas un exemple à suivre. Ça c’était il y a longtemps. Si longtemps que tu ne t’en souviens plus vraiment. C’est comme difficile à atteindre. Comme effacé.

Mais tu te souviens d’un vague passé,
D’un temps où tu avais tout d’une princesse.
Alors tu relèves les yeux.
Et tu souris doucement.