Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. »J’étais de congé aujourd’hui. J’avais une journée entière pour me consacrer à Aaron et j’avais décidé de lui faire découvrir mes endroits préférés. Des plus insolites ou plus touristiques, tout allait y passer. Bon peut-être pas tout car on allait sans doute manquer de temps, mais on ferait ce qu’on pouvait. Nous avions passés notre matinée au Vizcaya Museum and Gardens, un chouette endroit que j’aimais particulièrement pour son côté paisible. Ça me tenait à cœur de lui faire découvrir ce lieu. Une fois cette visite faite, le temps étant plutôt clément, j’avais trainé Aaron jusqu’au lac de Miami pour y pique-niquer. J’avais installé une petite couverture sur l’herbe et y avait déposé les différents tupperware que j’avais mis dans mon sac à dos. Des crudités, des petits biscuits et des fruits en tout genre. Je nous avais même préparé des sandwich maison jambon, beurre, fromage, cornichon. Je m’installai en face de mon ami, en tailleur et le regarda avec un large sourire. « Ça me fait plaisir de passer un peu de temps avec toi. » lui dis-je. Depuis que nous étions rentrés du complexe avec William, je n’avais pas eu vraiment de temps à lui consacrer. On était souvent ensemble tous les trois à la maison ou bien j’étais au travail. Ça m’avait tenu à cœur de pouvoir consacrer une journée à mon futur ex-mari. Les évènements s’étaient enchainés si rapidement que ca me paraissait encore presque irréel de l’avoir à mes côtés, ici à Miami. Je pris une carotte que je trempai dans de la sauce. « On a pas eu le temps de se poser pour se parler ces derniers temps … Comment vas-tu ? Est-ce que tu t’y fais à cette grande ville ? » Je me rappelle lorsque j’avais mis pour la première fois les pieds dans une grande ville. J’avais eu l’impression de me perdre dans la foule de gens, de ne pas savoir où aller. Tout cette effervescence le donnait le tournis. Encore aujourd’hui, il m’arrivait parfois de me sentir en manque d’oxygène quand il y avait trop de monde. « Je n’arrive pas à réaliser que tu es là. »
 

 
Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. »Aujourd'hui c'était prévu, Kath avait réservé sa journée pour moi, pour me faire découvrir les endroits qu'elle aimait. Depuis que j'étais arrivé à Miami on n'avait pas vraiment eu le temps de se retrouver elle et moi. Je pense qu'on en avait besoin. Le matin c'était visite de ses lieux favoris et j'appris beaucoup de choses. C'était vraiment fascinant tout ce qu'il y avait à découvrir ici. Quand je pense au reste du monde, je suis sûr que toute une vie ne serait pas suffisante pour tout voir si déjà là une ville me semble immense. Je m'émerveille de ce que je vois et ne manque pas de jeter un œil partout où je le peux. Tout me semble intéressant. Le temps passe super vite et on se dirige vers le lac pour manger un peu. Kath avait prévu un petit pique-nique. On pose une couverture pour s'installer et elle sort tout ce qu'elle a préparé. Je prends alors un sandwich et croque dedans. Oui ça fait plaisir. On n'a pas eu trop le temps de se voir depuis que je suis là. C'était vrai. Soit on était à trois avec William, soit elle n'était pas là et j'en profitais pour aller vadrouiller à droite, à gauche pour découvrir la ville. Elle me demande ensuite comment je vais et si je me fais à cette nouvelle vie. Ça va. Tout est tellement dépaysant ici. Tout va vite ... C'est très tumultueux comparé au complexe mais tellement plus fascinant. Tous les jours je rencontre des gens très différents. Le Directeur nous avait bien dit que ceux de l'extérieur étaient tous corrompus par le Mal mais je me rends bien compte que c'est lui qui l'était bien plus que le reste du monde. Les gens ne sont pas comme il les a décrit. Loin de là. Oh je me doute bien que certains sont pas sympas mais de là à dire que tous sont mauvais je me rends bien compte que non. Pas ceux que j'ai rencontré en tout cas. Je mords encore dans le pain garni et mange avec plaisir. Ma future ex femme me dit alors qu'elle n'en revient toujours pas que je sois là avec elle. Moi non plus. Si on m'avait dit il y a quelques mois que je serais ici avec toi, si loin de "chez nous", je ne l'aurais pas cru. Je le voulais. Je savais au fond de moi que je voulais partir de là-bas mais ça s'est fait si vite ! A peine le temps de penser que j'étais déjà dehors avec vous dans la voiture. C'était fou. Heureusement dans un sens que je n'ai pas réfléchi sinon peut-être que je ne serais pas parti. Je me demande quand même comment ça se passe là-bas ... Ma famille me manque. J'espère que je ne leur ai pas causé du tort en partant. Je me doute bien que je les ai déshonoré mais j'espère que le Directeur sera clément avec eux. Ce n'est pas de leur faute. Je regarde tristement Kath. Et toi ta famille te manque ? Je supposais que oui tout comme moi.
 

 
Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. »Vivre ce moment que nous vivions actuellement, je l’avais rêvais tant de fois, mais tellement tant de fois que j’en avais perdu l’espoir de le voir se réaliser. Ça me semblait encore tellement irréel par moment d’avoir Aaron de nouveau à mes côtés. Malgré les années qui avaient passées, j’avais retrouvé le même homme, gentil, doux et patient que j’avais connu pendant toute ma vie. Je demandais à mon ami comment il allait, si cette nouvelle vie dans laquelle il allait s’intégrer n’était pas trop difficile. Je savais bien que c’était un gros changement, très radical. Sa réponse ne me surpris pas, j’avais ressenti la même chose lors de mon arrivée en ville. Il me dit aussi que les choses s’étaient enchainées très rapidement et qu’il n’avait pas eu tellement le temps de se questionner. « J’ai défendu longtemps notre vie au complexe en sortant de là-bas, mais maintenant je me rends compte que cet endroit est nocif et tu as bien fait d’en sortir. » Si j’avais pu j’aurais sorti toute ma famille de là-bas, mais je savais que le risque était bien trop grand. Les années avaient passées et je ne savais pas si mes sœurs et mon frère auraient été prêt à me suivre dans un autre monde que le leur. Ma sœur ainée surement pas, mais mon frère ainé et ma sœur cadette peut-être … Mais je ne pouvais pas prendre le risque qu’on se retrouve coincé au complexe pour toute notre vie alors j’avais pris la décision de ne pas me manifester auprès d’eux. Alors que mes pensées s’égaraient légèrement sur cette nuit d’évasion et sur ma famille, Aaron me demanda si celle-ci ne me manquait pas. Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine. « Oui, énormément. Il ne se passe pas un seul jour où je me demande ce qu’ils deviennent, ce qu’ils font, comment ils vont. Mes neveux et mes nièces doivent tellement avoir grandit et les savoir emprisonner là-dedans … Ca me met en colère … » Je sentis les larmes me monter aux yeux, pas à cause de la tristesse mais plutôt provoqué par la rage. Je pris une carotte que je cassais en deux entre mes doigts avant de la tremper avec colère dans la sauce et de la porter à ma bouche. Ce que j’avais appris sur mon passé m’avait fait me demander si mes neveux et nièces n’allaient pas subir le même sort que moi. Est-ce qu’Aaron avait vécu la même chose que moi ? Il ne m’en avait jamais parlé, jamais il n’avait fait allusion à une quelconque malveillance de notre dirigeant suprême envers lui. « Quand je suis sorti du complexe, j’ai été prise d’insomnies. J’avais peur qu’on me retrouve, qu’on vienne me récupérer pour me ramener là-bas. J’ai commencer les arts-martiaux pour me défouler mais aussi, ça me donner un sentiment de protection. Je me disais que si jamais ils venaient me chercher je saurais me défendre … Et puis le temps est passé et je suis allée mieux grâce à des séances de thérapies avec un psychologue. » Je levais les yeux vers Aaron. Il y aurait tant à raconter sur mon parcours depuis mon évasion à aujourd’hui mais j’essayais d’être le plus concise possible. J’avais besoin de savoir mais je ne savais pas vraiment comment aborder la chose. Je continuai mon histoire avec mon psychologue, cela me semblait un bon moyen, simple et efficace d’aborder mon questionnement. « On a beaucoup travaillé sur moi mais il a toujours pensé que mon mal-être intérieur, ma personnalité cachait quelque chose de plus profond et il m’a proposé de faire de l’hypnose afin de découvrir peut-être des souvenirs enfouis, des traumatismes que j’aurais oubliés et qui pourraient expliquer certaines choses … » Je pris une grande inspiration, détourna les yeux du jeune homme qui me faisait face et mes mains commencèrent à tortiller nerveusement le bas de ma chemise. « J’ai découvert que j’avais enfouis un lourd souvenir traumatisant du complexe. Lorsque j’avais peut-être sept ou huit ans, on m’a emmené de force voir notre dirigeant et … » ma gorge se noua légèrement sous le coup de l’émotion. « Il m’a fait du mal, il m’a … il a abusé de mon innocence de petite fille pour assouvir des pulsions dégueulasse d’adulte pervers. » Les larmes jaillirent de mes yeux et j’enfouis ma tête entre mes mains. La colère s’amplifia en moi. « Quand je me dis que mes neveux et mes nièces sont encore enfermés là-bas, j’ai peur qu’ils leur arrivent la même chose qu’à moi … et qu’à toi peut-être ? » Je relevais ma tête et croisa son regard.
 

 
Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. »Ce moment rien qu'à deux avec Kath me fait vraiment du bien. Enfin on peut se retrouver comme avant, comme quand on était seuls au complexe, dans le cocon qu'on s'était formé pour s'évader de tout ça. On commence à parler de comment se passe ma vie ici avant de se demander si nos familles nous manquent. La réponse est évidente. On pense surtout aux petits restés là-bas et qui n'ont pas choisi cette vie, ceux qui la subissent plus qu'ils ne la vivent et je vois la colère dans les yeux de ma femme. Les larmes ne sont pas loin mais je pose ma main sur la sienne pour la calmer. Je sens qu'elle a besoin de me parler je l'ai rarement vu comme ça alors je me contente de l'écouter. Elle me parle d'insomnies, de peur qu'ils viennent la retrouver, de pratiquer un art martial pour se défendre et qu'elle a vu un spécialiste pour faire une thérapie. C'est étrange parce que je ne ressens pas ça. Je fronce les sourcils. Je n'ai pas peur qu'ils viennent puisqu'ils n'ont pas cherché à retrouver Kath. Bien sûr que l'idée à été énoncé mais comment, où ? Elle pouvait être n'importe où quand ils ont su qu'elle était partie. Je ne dis rien pour le moment et je la laisse enchaîner. Elle m'explique alors qu'elle a pas mal travailler avec ce psy et qu'elle avait même fait de l'hypnose. J'avais entendu ce terme déjà au complexe. Le prêtre je crois était capable de faire ça. Je m'étais toujours demandé à quelle fin d'ailleurs. Je suppose que c'était bien différent de la thérapie de Kath. Certaines choses ? laissais-je échapper malgré moi. Elle m'avoue alors qu'elle cachait un lourd secret depuis tout ce temps. Je vois rouge quand elle lâche enfin le morceau. Je me relève d'un bond. Il ... Il a fait ça ?! Sur toi ?! Mais je vais le ... Je serre tellement fort la mâchoire que je me fais mal. Si tu me l'avais dit je crois que j'aurais fait un meurtre ! Je crois que je vais faire un meurtre si j'y retourne Kath ! Je sens la colère me traverser de part en part et si j'avais cet homme en face de moi je le tuerai en le faisant bien souffrir avant pour ce qu'il lui a fait. Je ne supporte pas l'idée qu'il ait pu la toucher surtout si jeune, si innocente. Je ne savais pas ... J'ai compris plus tard qu'il faisait son choix il ne le fait pas sur tous ... Mais on ne sait rien sur ses victimes. Elles ne parlent pas. Comme toi, comme ... Je ne finis pas ma phrase. Moi c'était rien comparé à elle. J'aurais pu tout endurer à sa place si j'avais pu. Je reviens auprès d'elle en tentant de me calmer. Je n'ai pas envie de lui faire peur. Je ne t'ai pas assez protégé ... Je m'en voulais tellement de ne rien avoir vu. Je la prends dans mes bras. Je suis désolé Kath. Mais je vais le calmer ... Il le faut. Il faut vraiment qu'il arrête ça ! Il faut vraiment que toute cette merde s'arrête ! J'étais plus que déterminé à en finir. S'il y avait bien une chose que je ne pouvais pas supporter c'était qu'on lui fasse du mal et là c'était bien au dessus de mon seuil de tolérance. Il allait payer pour tout ce qu'il avait fait. Je m'en fais la promesse.
 

 
Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. »Je venais de révéler à Aaron mon terrible secret, un terrible souvenir enfoui au plus profond de moi. J’avais besoin de lui dire afin de savoir si lui aussi avait vécu les mêmes choses que moi. Je le sentis se mettre en colère, tellement qu’il explosa en disant qu’il pourrait tuer les dirigeant s’il venait à retourner au complexe. Je le regardai, presque terrifié par cet accès de colère. Je ne l’avais jamais vu de la sorte. « Arrête de dire des choses comme ça ! Tu ne vaudrais pas mieux qu’eux si tu agissais comme un meurtrier, de plus ça n’effacerait pas ce que j’ai vécu … » Je posais mes yeux sur le visage de Aaron. Il fut pris alors de culpabilité. Il regretta de ne pas m’avoir assez protégée à l’époque. Je secouai ma tête négativement. « Tu n’aurais rien pu faire. J’étais jeune à l’époque et c’était la responsabilité de mes parents que de me protéger, et malheureusement ils ne l’ont pas fait. » Je me blottis dans les bras de mon mari, enroulant mes bras autour de lui. Je le sentis s’apaiser un peu ce qui me fit du bien. Je n’aimais pas le voir dans une telle rage. Aaron souhaitait mettre un terme à tout ça, à ce complexe. Je le souhaitais aussi, mais j’avais peur. Peut-être qu’avec son courage je trouverais enfin la force de dénoncer tout ça. Une procédure était en place avec la police du Texas mais elle avançait lentement et je savais que sans nos témoignages cela pouvait durer bien plus encore. Aaron savait ce que c’était que de vivre au complexe, contrairement à William. Il pouvait me comprendre mieux que quiconque dans mes réticences à vouloir dénoncer leurs agissements. « Tu sais il y a toujours eu des histoires comme quoi des gens qui s’opposaient aux dirigeants disparaissaient … Personne n’en parle vraiment, mais tout le monde le sait. Tu te rappelles de ce bon vieux Hector Sprakbles ? Il avait osé dire que le dirigeant pensait avant tout à ses intérêts avant ceux de la communauté. Quelques jours plus tard, une nuit, il avait disparu du complexe. Sa famille n’a plus jamais eu de nouvelles de lui … Et en plus ca été pareil pour Marie Hangloo … Du jour au lendemain plus de traces d’elle quand elle a dit ne pas croire que Dieu s’exprimait au travers de notre dirigeant. » Je le regardai, la peur au ventre. « Tu sais, j’ai essayé de chercher sur internet leur trace et bien il n’y a rien à leur sujet. Bon ok, je suis pas une grande détective, mais avec les réseaux sociaux à notre disposition il y aurait du avoir quelque chose, mais rien … Ils ont juste … disparut … D’accord, tu vas dire que moi aussi j’ai disparu du jour au lendemain, mais je n’avais pas de petits-enfants ni d’enfants … eux oui. » Ma fuite paraissait moins suspecte que la disparition de ces deux personnes. Et encore pour n’en citer que deux … Il y en avait eu d’autres, que je connaissais, plus ou moins bien. Tout cela me faisait penser que les dirigeants faisaient taire ceux qui parlaient trop … alors il était tout à fait normal que j’ai peur à vouloir dénoncer leurs agissements. S’ils savaient que c’était moi, ma famille ne serait-elle pas en danger ? « Je ne veux pas attirer d’ennuis à mes parents, ni à mes sœurs ou mon frère et encore moins aux enfants. Je m’en voudrais s’il leur arrivait quelque chose, tu comprends ? » Je posai ma main sur son avant-bras et le serra légèrement. Lui-même avait encore sa famille là-bas alors je savais qu’il allait comprendre. Il tenait à eux tout autant que je tenais à mes proches. « Avec l’arrivée de William et qui s’est suivie de sa fuite ainsi que de la sienne, j’ai encore plus peur. Ils vont renforcer la sécurité pour empêcher les gens de sortir … Et j’ai peur qu’ils essaient de mettre la main sur nous afin de nous empêcher de parler. » J’avais vu des reportages sur les différentes sectes qui agissaient aux Etats-Unis et même plus largement dans le monde, et ceux-ci m’avaient clairement fait comprendre à quel points ces organisations étaient néfastes et terriblement dangereuses. Alors je n’exagérais pas avec mes angoisses … Il se pouvait que pour préserver leurs avantages, leur communauté, les dirigeants essayent de nous faire taire. Ils avaient tellement de pouvoir. « Pendant longtemps après ma sortie du complexe, j’ai refusé de voir la réalité de ce qui se passait là-bas. J’avais juste peur qu’on me retrouve et qu’on m’y ramène, mais maintenant j’ai peur qu’on me retrouve et qu’il m’arrive bien plus grave que d’être enfermée … » Tout cela m’amenait même à me faire douter de ma propre foi en la religion Chrétienne. Comment pouvait-il se passer des choses aussi terribles au nom d’une religion ?

 
Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. » Je venais juste d'apprendre que Kath avait subi des abus de la part de votre dirigeant et ça me rendait fou. Comment avait-il pu la toucher de cette façon ? Elle, qui n'était qu'innocence et joie de vivre. J'avais envie de faire un meurtre, là. Je voulais aller le retrouver pour lui faire payer tout ce qu'il avait pu faire mais Kath me raisonna. C'est vrai que je perdrais beaucoup à faire ça mais l'envie est bien présente. Je me sens ensuite désolé de ne pas avoir pu la protéger mais elle me répond que c'était à ses parents de le faire. Si c'est comme pour les miens ... Ils n'étaient pas prêts de faire quoique ce soit. C'était un honneur pour nos familles d'être choisis par cette ordure ! J'avais bien essayé de leur dire que je ne voulais plus y retourner après la première fois mais rien n'y a fait. Ils n'écoutaient rien. Juste la parole du dirigeant qu'ils pensaient tout droit dictée par le Seigneur lui-même. Mensonges. C'était juste pour satisfaire ses envies perverses. Quand j'y pense, j'en ai des frissons d'effroi. J'écoute ensuite Kath parler des personnes qui disparaissaient et j'étais bien d'accord avec elle. C'était vrai que c'était suspect. On n'est pas de bons enquêteurs certes mais ça doit bien se trouver non ? On va chercher quelqu'un qui pourrait nous aider à y voir plus clair. Si mon témoignage peut invalider notre mariage, il doit bien pouvoir être utile à autre chose non ? On peut peut être le faire tomber comme ça ? Ça serait plus ... Enfin moins stupide que d'aller le tuer, je le reconnais. Je baisse la tête, honteux. Elle s'inquiète aussi du sort de sa famille. Je ... Ne t'inquiètes pas. S'ils avaient voulu faire quelque chose ils l'auraient fait depuis longtemps je pense. Ça fait un moment que tu es partie et ils ne savent toujours pas ce qui nous est arrivé. C'était tellement soudain mon départ et la fuite de William qu'on n'a pas eu le temps de bien préparer ça. On aurait pu nous faire passer pour morts et il n'y aurait pas eu de soucis. Maintenant ce qui est fait est fait mais ils ne feront pas ça. Faire disparaitre quelqu'un de gênant au sein du complexe c'est facile nous retrouver beaucoup moins ... Non ? Ils ont tellement "peur" de l'extérieur qu'ils n'oseront pas missionner quelqu'un pour nous retrouver. Je n'y crois pas trop. J'avais peur de lui révéler quelque chose que je savais, quelque chose que moi même j'avais "organisé". J'y pensais trop en ce moment. Ça me tiraillait beaucoup. J'avais envie de lui dire. Je ... Ne vas pas te mettre en colère contre moi Kath s'il te plaît ... Mais je ... J'ai laissé un mot à ta sœur, Cassie, en partant dans un endroit qu'elle seule pourra trouver. Elle va sortir de là, Kath. C'est la prochaine. Je vois bien que ce que je lui dis lui fait l'effet d'une bombe. Je la rassure alors tant que je peux. Elle m'en parlait tout le temps après ton départ. Tu sais on s'est beaucoup rapprochés elle et moi. Elle va avoir 21 ans tu le sais il fallait qu'elle parte. Dès mon arrivée ici j'ai parlé avec Lina et elle m'a conseillé une association qui vient en aide aux personnes comme nous. Ce sont des gens habilités, spécialisés y aura pas de bavures. Ils vont nous la ramener. Très bientôt. Début du mois de janvier. Je la vois cogiter à fond et je la prends par les bras pour qu'elle me regarde. Kath ... Ça va aller. Je serais en contact avec eux en permanence quand ils iront la chercher. Ça va aller ! C'est trop risqué qu'on y retourne comme ça mais j'ai confiance en eux. Ils vont nous la ramener. Et s'il faut faire ça pour toute notre famille alors on le fera ! Tout a été préparé, je suis au courant de leurs actions, ça va aller elle sera bientôt là avec nous. J'avais hâte qu'elle nous revienne mais je ne pouvais pas dire que j'étais à 100% serein. J'essayais de l'être pour Kath mais au fond je ne pouvais être sûr que tout se passerait sans accroc. Je l'espérais fortement.

 
Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. »Aaron avait raison, même si c’était plus terrible à admettre, mais faire disparaitre une personne du complexe état plus facile que de venir rechercher un ancien fidèle qui se cachait quelque part aux Etats-Unis ou même dans un autre pays. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’un jour ou l’autre ce risque pourrait arriver. Je ne pouvais m’empêcher de rester sur mes gardes malgré que les années passent. Et puis Aaron me pria de ne pas me mettre en colère. Je le regardai un peu surprise, en haussant un sourcil. Il m’avoua avoir laissé un mot à ma sœur cadette avant de partir pour l’aider à quitter le complexe. « Tu as fait quoi ? Ca pourrait la mettre en danger Aaron … » Je sentais mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine. Lorsque je l’entendis me dire qu’ils s’étaient tous les deux rapprochés, je ne pu m’empêcher d’éprouver comme de la jalousie, voir même presque un peu de colère envers ma petite sœur d’avoir voulut essayer d’être un soutien pour mon meilleur ami et mari. Aaron m’expliqua qu’il avait monté une opération avec l’aide de Lina et une association pour faire sortir Cassandra de là-bas en toute sécurité. « Aaron, je ne veux pas qu’il arrive quoi ce soit à ma sœur. On a jamais été super proches mais je l’aime plus que n’importe qui au monde et je m’en voudrais s’il lui arrivait quelque chose. » Il tenta de me rassurer en disant que leur mission était bien rodée et que tout se passerait bien. J’espérais qu’il dise vrai et que tout se passe bien. Je n’avais pas pu revoir ma famille lors de mon expédition de sauvetage au complexe, ma sœur devait avoir bien changé. M’imaginer l’avoir à mes côtés ce serait merveilleux. Libre de ces diktats sectaires, elle pourrait être qui elle voulait. « Merci Aaron. » Je lui devais bien ça, un remerciement. Même si j’avais peur et qu’une énorme boule de plomb m’écrasait les tripes. J’espérais juste que le reste de ma famille reste en sécurité, enfin autant que possible, au complexe. Que nos fuites à toutes les deux n’auraient pas des conséquences désastreuses sur eux.
 
Je saisis une carotte crue et en croqua un bout entre mes dents tout en songeant à ma sœur qui devait se préparer à quitter la vie qu’elle avait toujours connue pour une nouvelle. Je me demandais bien comment elle pouvait être aujourd’hui. Plus mature ? Un peu plus grande ? Aurait-elle gardé la même image que dans mon esprit ? Je ne savais pas. Une question me trottait dans la tête et je crois que j’avais besoin de la poser à Aaron, même si j’allais sans doute passer pour ridicule … « Est-ce que … toi et Cassie … » Je regardai un instant mon mari, un peu gêné de lui demander cela. C’était stupide dans fond. « Il s’est passé quelque chose entre vous pendant mon absence ? » J’avais besoin de savoir, même si honnêtement je n’avais pas envie d’entendre une certaine réponse. J’espérais tout au fond de moi que sa réponse serait négative. Après, si ce n’était pas le cas, je ne pourrais lui en vouloir. Je l’avais abandonné et j’avais refais ma vie. Il serait normal qu’il en est fait de même …

 
Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. »Je venais de lâcher une bombe à Kath en lui avouant que j'avais tout organisé pour que sa sœur Cassandra nous rejoigne ici. J'avais vraiment tout prévu, contacté l'association dont m'avait parlé Lina, j'avais leur numéro de téléphone, je serais en contact avec eux pendant toute l'opération. Mais je comprends que ma femme soit inquiète. Je la rassure encore et la rassurerais autant qu'il le faudra jusqu'à ce que Cassie soit saine et sauve avec nous. Je prends sa main dans la mienne et je la sens se calmer quelque peu avant qu'elle ne me dise merci. J'esquisse un sourire. Je ferai n'importe quoi pour vous et tu le sais. Vous êtes ma famille. J'ose caresser sa joue tendrement mais je la vois pensive. Elle me pose alors une question à laquelle je 'e m'attendais pas. Je la regarde surpris. Elle me demande vraiment si entre Cassie et moi il y a eu quelque chose ? Hmmm. Sérieusement ? Je me pince les lèvres avant de lui répondre. Non, Kathelyn Gates. Ouais, elle n'utilisait plus ce nom depuis qu'elle avait refait sa vie ici et ça me fait bizarre de le prononcer. Légalement, je suis toujours marié à toi. Je suis attaché à toi et tu le sais. Je n'ai même pas pensé un seul instant à être avec ta sœur. Cassie est ta sœur. Ça ... enfin ... ça serait bizarre, non ? Je ne comprenais pas bien pourquoi elle me demandait ça. D'ailleurs, ça me fait penser à une autre question bien moins réjouissante. Et pour nous ... Tu veux qu'on fasse les papiers quand ? Il fallait qu'on soit divorcés pour qu'elle puisse épouser Will. Je ne sais pas encore quand vous avez prévu de vous marier et je ne sais pas combien de temps prend une procédure d'annulation de mariage alors peut être qu'il faut s'y prendre le plus vite ? Je n'avais pas vraiment envie de faire ça, si je le faisais c'était uniquement pour son bonheur à elle et qu'elle soit heureuse avec son médecin si c'était ce qu'elle souhaitait. Je n'avais aucun pouvoir là dessus et je ne pouvais surtout pas la forcer à rester mariée avec moi si elle voulait être avec un autre même si ça me faisait souffrir.

 
Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. »J’avais besoin de m’assurer de sa réponse, même si je n’avais aucune légitimé de donner mon vis sur une quelconque relation amoureuse entre mon mari et ma sœur. Je ne pourrais m’en prendre qu’à moi si la réponse se trouvait être positive. Lorsqu’Aaron employa mon nom de femme mariée, je sentis comme un frisson me parcourir le long de la colonne vertébrale. Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu ce nom de famille associé à mon prénom. Aaron me répondit qu’il ne s’était jamais rien passé entre lui et Cassandra. J’en fus soulagé au fond de moi et je ne pu m’empêcher de dissimuler un léger sourire qui se glissa furtivement sur mes lèvres. J’espérais qu’il ne l’ait pas remarqué. « Bizarre peut-être mais pas impossible … » dis-je dans un murmure. Je chassais rapidement l’image qui commençait à me venir en tête. Savoir Aaron et Cassandra vivre une histoire d’amour c’était un peu trop pour moi. Heureusement ce n’avait pas été le cas. Je savais qu’il ne me mentait pas, Aaron ne m’avait jamais menti. C’est bien une des plus belles qualités chez lui que j’appréciais, sa sincérité. Et puis vint la question sur nous. Ma main droite vint arracher nerveusement une petite touffe d’herbe. Pourquoi penser à annuler mon mariage avec Aaron me faisait ressentir des choses que je ne devrais pas ressentir ? Je devrais plutôt être soulagée que mon mari comprenne mon envie de me marier avec William et donc de rompre notre union. Mais au lieu de ça, je ressentais comme une sorte de peine. Je pris quelques secondes pour ne pas laisser l’émotion transparaitre dans ma voix. Je me raclais discrètement la gorge. « J’ai un avocat ecclésiastique à qui j’ai parlé de toute l’affaire déjà. On a juste besoin de ton témoignage écrit afin qu’il puisse entamer les procédures. Aux yeux de l’église comme aux yeux de la loi, ce mariage sera effacé comme s’il … » une petite pause. « … n’avait jamais existé. »  Je jetai la touffe d’herbe avec laquelle je jouais depuis quelques secondes et engloutis ma tristesse dans un mini-sandwich que je volais dans un des tupperwares. Je m’en voulais terriblement de la situation que je lui imposais. J’avais refait ma vie alors que lui avait sans doute attendu que je lui revienne un jour. Ou peut-être pas en faite … Je n’avais posé la question que pour ma sœur, mais peut-être avait-il retrouvé l’amour auprès d’une autre femme et cela dans le plus grand des secrets ? C’était égoïste de ne pas vouloir savoir ? Peut-être un peu, alors que lui se trouvait forcé de vivre mon histoire d’amour avec William. « Je prendrais rendez-vous avec lui pour qu’il nous reçoit. » Je m’efforçai d’esquisser un sourire. « J’espère que ce nouveau départ sera aussi bénéfique pour toi, qui l’a été pour moi. » dis-je à mon meilleur ami en posant une main sur la sienne.
 
On termina notre pique-nique en parlant de la vie à Miami. De tout ce qu’il y avait à découvrir, de toutes les choses extraordinaires que j’avais pu faire, comme partir en formation à Paris ou bien encore visiter Prague. J’avais profité de ma liberté acquise suite à ma fugue de la meilleure des façons. J’avais toujours mis un point d’honneur à faire en sorte que cela n’ait pas servit à rien. J’avais parcouru du chemin dans ma vie et j’étais pas mal fière de moi. J’espérais qu’il en serait de même pour Aaron.

 
Le passé construit l’avenir« Oh, I could feel the change a'coming. So, so much past inside my present. Maybe everything's just turning out how it should be. » Ça ne m'avait pas fait plaisir de demander à Kath pour notre divorce mais il le fallait. On devait passer par là pour son bonheur à elle. Elle me révèle alors qu'elle a fait appel à un avocat déjà et qu'il faut juste mon témoignage pour que que notre union soit invalidée aux yeux de la loi. Elle emploi les termes comme s'il n'avait jamais existé et ça ce sont les mots de trop. Ça me blesse bien plus que je ne l'aurais cru et voulu. Voilà tout ce que c'était pour elle. Voilà comment ça allait se finir. Je n'ai même plus envie d'être là auprès d'elle mais je fais comme si et je l'écoute d'une oreille. J'ai envie de partir loin d'elle en cet instant. Je ravale difficilement ma peine et je n'arrive même plus à vouloir de ce bon sandwich que j'avais entamé quelques minutes plus tôt. Je le repose sur la couverture et mon regard se perd sur l'eau imperturbable du lac.

Notre conversation ensuite s'enchaîne en parlant de tout et de rien mais mon cœur n'y est franchement plus. Je fais semblant comme pendant toutes ces années où on était ensemble. Quand mon cœur lui criait son amour en silence et qu'on entretenait des discussions stériles. Pas d'avenir entre nous, je le savais bien depuis longtemps mais là c'était plus que réel et ça me déchirait. Je l'entends me parler de tout ce qu'elle avait fait depuis qu'elle était parti et je ne pouvais plus supporter. Je comprenais à chaque phrase, chaque mot qu'elle ne me reviendrait plus jamais, que jamais elle n'avait été à moi et que je n'avais été que l'instrument de sa protection au sein de la secte et de sa fuite vers sa vie rêvée. Je ne suis rien de plus que ça. Je ne serais rien de plus que ça pour elle. Tout en essayant de garder un doux visage comme celui qu'elle a toujours connu je lui demande : Tu as toujours ton alliance ? Je lui montre alors la mienne sagement attachée à une chaîne autour de mon cou. Elle sort la sienne de son sac et j'ai un pincement au cœur. Je détache la preuve de ma fidélité pour elle et la garde un instant dans ma main puis je prends la sienne avant de me relever et de les jeter loin dans le lac. Elle n'a pas eu le temps de bouger ni de faire quoique ce soit. Je serre les poings et la mâchoire une seconde avant de la regarder non sans avoir les larmes aux yeux et de répéter ces mots qui tournent en boucle dans mon crâne à m'en filer la migraine. Comme si ça n'avait jamais existé ... Je détourne mon regard et décide de partir sans me retourner. J'allais sûrement rentrer chez elle pour prendre mes affaires et quitter sa maison. Pour aller où et faire quoi je n'en savais rien et je m'en fichais pas mal. Je voulais juste que cette fichue douleur dans la poitrine s'en aille.