Le chant des oiseaux me réveilla ce matin de bonne humeur. Je n'avais pas dormi aussi bien depuis longtemps, et je savais pourquoi. J'avais enfin pris des vacances ! Mon métier me prenait beaucoup de temps, mais je l'avais choisi... Je voyageais souvent, je ne faisais finalement que très peu de pauses chez moi. Alors, ce genre de période de vacation changeait beaucoup de chose dans mon planning habituel. Je n'avais tout simplement, rien de prévu. Le soleil traversa la baie vitrée de ma chambre pour venir se poser sur mes paupières fermées. La lumière du jour m'aveugla quelques instants avant que je regarde mon réveil digital qui m'indiquait " 09:23 ". Je m'assis alors en tailleur sur mon lit, frottant mes yeux, et m'étirant avec de grands gestes. J'entendais mon chien "Buck" frotter son dos sur la porte de ma chambre. Il faisait ça à chaque fois qu'il entendait que je me levais. C'était un assez gros chien, un beau berger allemand. Il avait un collier rouge avec une médaille en argent en forme d'os où son nom était inscrit.

Il aboyait avant de me sauter dessus quand j'ouvrai la porte.

Eh beh salut mon pépére ! Ca va ?

lui dis-je, lui faisant quelque peu la fête avant qu'il parte vaquer à ses occupations de chien. Je me dirigeai alors vers la cuisine, et commençai à me préparer un œuf avec du bacon grillé, je me préparai également un bon café bien noir. Si la journée s'annonçait tranquille, les informations qui passaient à la télévision ne l'étaient pas vraiment. Il y avait eu un gros accident de voiture sur Miami Beach, un poids-lourd s'était couché sur le flan alors qu'il prenait un virage. Les images des journalistes sur place faisaient froid dans le dos. Cependant, aucun mort n'était à déplorer, seuls des embouteillages étaient assurément prévus. Je décidai de me mettre sur mon patio, la lumière y était naturelle au moins. Parfois, je redécouvrais ma maison tellement je n'y suis jamais. C'était une belle et grande villa, comme il y en avait beaucoup dans ce quartier de Miami. Il n'y avait pas d'étage, c'était un plain-pied que j'avais décoré avec soin. Sur les murs apparaissaient des œuvres d'art de peintres inconnus pour quiconque, mais néanmoins côtés pour les fanatiques. Les meubles étaient tous quasiment blancs ou ivoire. Cette couleur était très salissante mais tellement belle que j'avais craqué pour cette nuance.

Mon petit déjeuner enfin terminé, je fumais ma première cigarette de la journée. Je ne suis pas un gros fumeur, j'ai mes habitudes disons. Je ne fume jamais au réveil car cela me brusque dés le matin et me met de mauvais poil pour la journée. Du coup, j'attend d'être réellement réveillé pour profiter des effets de la nicotine. Le facteur passa, déposant le journal au pied de la porte d'entrée. Mon gros cabot passa par la terrasse du patio où je me trouvais pour aller chercher le journal et me l'apportait. J'avais engagé un dresseur pour Buck. Il m'en avait fait un véritable chien de garde et un compagnon exceptionnel. Je lisais alors le journal tranquillement, terminant ma cigarette et écrasant mon mégot dans le cendrier posé sur la table.

Un bruit de moteur me fit sortir de mes pensées. Il y avait peu de circulation ici. De plus, le bout de ma rue était en impasse, donc je connaissais forcément ce véhicule et son propriétaire, sinon c'était encore un touriste qui s'était perdu. Je voyais enfin la voiture. Elle ne m'était pas du tout familière, et il avançait au pas comme si le conducteur cherchait sa route. Encore un foutu touriste, qu'est-ce que je disais ! Je l'ignorai, replongeant dans mon journal, il allait bien repartir de toute façon. Et non en fait... je fus surpris quand je vis que le véhicule se garait juste devant chez moi. Les gens sont vraiment sans gène c'est aberrant. Je posai mon journal sur la table. J'étais encore en pyjama, mais peu importait. Je ne pouvais pas laisser ce type squatter mon trottoir.

Je peux savoir ce que vous faites là monsieur ? Vous savez que c'est une propriété privée ici ?

disais-je le plus calmement possible, j'avais du mal à me contenir dans ce genre de situation, mais là j'étais en vacances donc il ne fallait pas que je m'énerve.

Le véhicule qui venait de se garait devant chez moi m'avait agacé. J'avais eu un merveilleux réveil, j'étais de bonne humeur et voilà qu'un type vient se garer devant chez moi. Parfois les gens me rendent fous à faire des trucs comme ça, surtout que je peux être assez impulsif et désagréable au premier abord avec ces personnes. Là, je me jetais sur lui, enfin façon de parler. J'étais venu à sa rencontre pour avoir des explications, de façon un peu brusque. Alors, un inconnu sortit de la voiture, il n'eut pas le temps de claquer sa portière que j'étais là, planté devant lui, les sourcils froncés, et un visage énervé. Je lui demandais des comptes, je voulais surtout savoir pourquoi il s'était foutu devant ma maison et pas devant celle du mec en face ou celle de la nana à côté. Soit il avait une raison, soit il était juste con. Il me regarda, comme s'il m'analysait quelques peu. Quoi ? J'avais un bout de bacon dans les dents ? Il me dévisageait, et je n'aimais pas tellement ça, enfin c'était mon impression. Il répondit finalement en me demandant de confirmer mon identité. Identité qui était juste, mais bordel... il me connaît d'où ce type là ? Il débarque chez moi sans prévenir et en connaît beaucoup plus sur moi que j'en connais sur lui.  Il est des flics ou quoi ? Des tonnes de questions se brouillaient dans ma tête. J'ai même pensé à un gars de la brigade des stups de Washington qui m'aurait retrouvé vingt ans après mes années de débauche en faculté. Oui non mais... parfois je pars un peu loin dans mes délires. Il ajouta sans me laisser répondre une phrase à laquelle je ne m'attendais pas du tout.

Si c'est vous, je suis Maël Johnson... Votre fils !

Mon quoi ?! Je le regardai, les yeux écarquillés, et un sourcil arquait, penchant légèrement la tête en avant. J'étais étonné, perturbé, tout ce que vous voulez mais... cette annonce m'avait fait un choc. Et lui il m'annonçait ça comme ça. Il avait cet air stressé et détaché en même temps, bizarre ce type. Il devait faire quelques centimètres de plus que moi, il était brun aux yeux marrons. Et il avait cette espèce de classe naturelle qu'ont tous les hommes de la famille. Impossible. Mon regard d'étonnement se changea en quelque chose de beaucoup plus fermé. Le sujet de mon fils était un sujet tabou. Je n'aimais pas en parler, j'avais été trahi à ce moment là de ma vie.

Je vous demanderai de partir, monsieur. Ce sujet n'est pas un sujet avec lequel j'ai envie de rire.

lui dis-je, complétement déboussolé. Je baissais les yeux, me retournant et commençant à marcher vers ma maison. Je n'avais aucune envie qu'un charlatan vienne se payer ma tête à ce sujet là. C'était impossible que ce soit lui. Même s'il me "ressemble" par certains traits, mon fils que je n'avais jamais connu, ne pouvait pas se retrouver à Miami aujourd'hui. Presque vingt sept ans après, comment aurait-il pu me retrouver ? Sa mère l'avait emmené en France, la seule chose que j'avais vu de lui était son extrait d'acte de naissance que j'avais signé, et sa bouille de nouveau né à l'hôpital.

Mes yeux avaient presque versaient des larmes, en tout cas ils étaient vitreux. Je n'étais pas loin de la crise de nerfs. Cela faisait un moment que je n'avais pas pensé à tout ça. A mon fils perdu, à mon ex copine qui s'était bien foutue de moi. A toutes ces choses qui m'auraient changer la vie si j'avais eu un fils à mes côtés depuis tout ce temps. Quand quelqu'un me demandait si j'avais un enfant, je n'osai jamais dire oui. Je disais non, d'un air décomplexé pour ne laisser rien paraître. Cela ne servait à rien que les gens sachent que je me suis fait avoir par une gonzesse à dix-sept ans, qui m'a volé mon fils et qui n'a jamais voulu me le présenter. Je frottais mes yeux, m'asseyant sur un siège du patio. Je me tenais les deux extrémités de mon front avec une main, cachant mes yeux avec la paume de ma main. Maël ? Je ne le voyais même plus, je ne savais pas s'il était encore là ou pas. Peu importait, je n'avais pas la tête à ça, j'avais été trop perturbé d'un seul coup. J'allumai alors une cigarette, j'avais les mains qui tremblées et le regard dans le vide. C'est dingue que son annonce me fasse cet effet là. Pourquoi ? Pourquoi j'avais si peur de savoir la vérité ? Si ça se trouve c'était bien lui... Mais... Je n'arrivais pas à me le dire.