☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Il ne voulait pas s'éterniser. Orion avait beau être sympa, Andrea sentait comme un petit malaise, sans doute du au fait que le jeune homme en revenait constamment à son béguin pour lui. C'était lourd, à force, et Andrea ne savait pas comment réagir. De toute façon, il n'avait pas prévu de passer la nuit au bar, et leur soirée touchait à sa fin. Peut-être qu'il pourrait rentrer et se coucher tôt pour une fois, histoire d'être en forme de bonne heure le lendemain matin. Fumant sa clope, il fit de son mieux pour faire la conversation. « Oh tu sais moi tant que je suis avec toi je me sens bien. C'était parfait. Il me tarde de te revoir. » Il était tellement insistant que ça ne donnait absolument pas envie à Andrea de le regarder autrement que comme Orion, ce type un peu lourd qui ne savait pas ce qu'il voulait, même s'il prétendait le contraire. Ils se séparèrent après ça, et Andrea prit le chemin de son appartement. Alec n'était pas là ce soir, et Andrea allait retrouver Hector, sa tortue. A quelques pas de chez lui, il sentit son téléphone vibrer et en profita également pour sortir sa clé. Il se stoppa net, sursauta presque, en lisant les premières lignes du message qui s'affichait sur l'écran verrouillé de son portable. Le choc fut si violent qu'il en lâcha sa clé. Il n'y prêta pas attention, pas de suite, plus perturbé par le message qu'il venait d'avoir. Sa mère ne l'avait pas contacté une seule fois depuis son départ, qui remontait à plusieurs années. Il ne savait pas pourquoi subitement elle décidait de lui écrire. Ce qu'il lisait ne le réjouissait absolument pas, et sa main tremblait à tel point qu'il était impossible de continuer à lire. Il se baissa pour ramasser sa clé, et constata que celle-ci était tombée entre les grilles d'une bouche d'égout. Il soupira, une boule dans la gorge, abattu par le tournant désespérant que venait de prendre cette soirée. Evidemment, rentrer chez lui était impossible, et il n'avait qu'une envie, c'était se poser dans un canapé bien confortable. Il n'avait pas mille options, et il reprit son téléphone pour appeler au secours la première personne qui lui viendrait. Dans ses derniers contacts, il y avait Orion, et ils étaient amis, non ? Andrea n'avait pas énormément de relations, personne en tous cas qui pourrait l'héberger naturellement. Il lui envoya un message, lui demandant s'il était toujours réveillé. Et suivi de ça, un message lui demandant s'il pouvait l'héberger pour la nuit. Et c'est ainsi qu'une demi-heure plus tard, il était devant la porte. Il avait pu parcourir le campus et arriver jusque là, et après hésitation, il toqua doucement à la porte. Celle-ci s'ouvrit. « Re. » il fit doucement. Il était complètement paumé, et ça devait se lire sur son visage. Il espérait simplement qu'Orion soit compréhensif, qu'il n'essaye pas de le questionner sur des choses dont il n'avait pas envie de parler. « Merci, de me laisser dormir ici... ma clé est tombée dans une bouche d'égout » il soupira en rentrant.

☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Le beau brun n'est pas intéressé par toi. Tu tentes de t'y faire une raison même si ça te peine énormément. Tu n'es pas habitué aux refus et pourtant Andy fait tout pour t'y habituer. Toi tu tentes de le séduire, de lui faire comprendre qu'il représente énormément à tes yeux mais lui à chaque fois que tu le fais il te fait redescendre bien rapidement en te faisant comprendre que tu n'es rien ni personne pour lui.

Et là tu arrives chez toi et tu files prendre une douche. Sous la douche tu pleures parce qu'en fin de compte même si tu l'as vu une fois encore le brun a trouvé le moyen de te montrer que tu n'avais aucune importance pour lui et effectivement ça te fait du mal. Tu ne pensais pas que Andrea serait aussi dur avec toi et pourtant il l'est.

Lorsque tu sors de sous la douche tu reçois un texto de quelqu'un, tu consultes ton iPhone et il s'agit de Andrea te demandant s'il peut venir chez toi parce qu'il a un souci. Tu lui réponds rapidement de se dépêcher de venir, que tu l'attends.

Tu files te poser sur ton lit et tu ouvres ton bouquin avec pour but de lire au moins un chapitre avant l'arrivée de ton amour. Tu lis le bouquin et ça te fait du bien. Tu aimes ce livre, il est très agréable à lire. L'histoire d'amour entre Achille et Patrocle est tout simplement passionnante.

Et là alors que tu termines ton chapitre tu entends que l'on toque à ta porte. Tu te lèves aussitôt, mettant un marque page dans ton livre à l'endroit où tu t'es arrêté puis tu files ouvrir. Andrea semble désespéré, tu l'invites à rentrer tandis qu'il te remercie en t'expliquant sa situation.

« C'est la galère ça. » Tu dis en grimaçant. « Ne t'en fais pas. Je suis sûr qu'il y a une solution pour récupérer ta clé. » Tu dis histoire de le rassurer même si tu n'es pas sûr de ce que tu avances. « Tu veux boire un coup ? Une bière ? Un jus de fruits ? » Tu proposes joyeusement...

☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Recevoir un texto de la part de sa mère n'était pas quelque chose qu'il aurait pu prévoir. Ils ne s'étaient pas vus, ne s'étaient pas même adressé la parole, depuis des années. Andrea était tout à fait content de cette situation, et il n'avait pas besoin que ses parents lui rappellent leur existence. Sa vie était mille fois meilleure sans eux, leur présence n'était liée qu'à des mauvais souvenirs. Entre Tijuana, Phoenix, ses mois en thérapie... Ces années-là de sa vie avaient été un pur enfer et il était heureux que ce soit maintenant derrière lui. Cependant, si sa mère lui écrivait, il devait y avoir une raison. Il n'osa pas ouvrir le message. Il s'en occuperait demain. Pour l'instant, il avait réussi à paumer ses clés, ce qui signifiait qu'il ne rentrerait pas ce soir, et qu'il irait dormir chez Orion, puisque ce dernier avait accepté de l'héberger. Andrea se présenta devant chez lui, un peu gêné, mais tellement déboussolé qu'il n'était plus à ça près. Il toqua, et entra sur invitation de son ami. « C'est la galère ça. Ne t'en fais pas. Je suis sûr qu'il y a une solution pour récupérer ta clé. » dit Orion, compatissant. Andrea hocha un peu la tête en se débarrassant de ses affaires. « Ouais. Mon coloc a sa clé, et on a un double dans l'appart', de toute façon. Mais il est pas là ce soir » expliqua brièvement Andrea. Récupérer sa clé, ou du moins une clé, n'allait pas être bien difficile. « Tu veux boire un coup ? Une bière ? Un jus de fruits ? » Andrea trouva une petite place sur le canapé et s'y installa, toujours un peu hésitant dans un nouvel environnement qu'il ne connaissait pas. « Je veux bien un chocolat ou un café. Ou du thé, peu importe. Un truc chaud, si tu as » Miami n'était pas connu pour des hivers particulièrement rudes, mais il ne faisait pas spécialement chaud non plus, et Andrea n'était pas sorti équipé. Il avait un peu froid, sans doute était-ce la fatigue et le contre-coup de cette soirée pas spécialement réussie. « Tu dois avoir des trucs à faire... Je veux pas te gêner dans ton programme, je vais me faire discret » il dit, parce qu'avant que les choses ne prennent cette tournure, il avait lui aussi eu un petit programme pour sa soirée. Programme tombé à l'eau, du coup. Heureusement, ce n'était rien de très urgent.

☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Tu es surpris par l'arrivée pour le moins soudaine de ton amoureux. Il est là, debout devant toi visiblement emmerdé par sa situation et tu le comprends parfaitement. A sa place tu serais sûrement très énervé aussi d'avoir fait tomber ta clé dans une bouche d'égouts. Mais il ne te dérange pas et puis avoir la chance de dormir dans le même lit que toi tu ne dis définitivement pas non.

Tu lui souhaites de trouver une solution et il te dit qu'il a un coloc et que ce coloc n'est pas là ce soir tu acquiesces alors tout en le scrutant longuement. Tu ignorais qu'il vivait avec quelqu'un. Un mec qui plus est. Cette idée te déplaît fortement mais tu n'ajoutes rien préférant taire cette jalousie qui s'immisce petit à petit dans ton esprit.

Est-ce que ce coloc le baise ? Est-ce qu'il y a quelque chose entre eux ? Non apparemment il est célibataire et il est heureux de l'être et vu ce qu'il t'a dit il n'est pas du genre à se faire baiser, plutôt à baiser l'autre. Du coup est-ce que ton amour baise ce mec ? Tu devrais cesser de trop réfléchir ce n'est pas bon pour toi et ta jalousie.

Tu lui demandes alors s'il veut boire quelque chose et il accepte quelque chose de chaud, tu acquiesces alors te rendant dans la cuisine en vous préparant du lait au chocolat chaud, le vrai, celui qu'on prépare à la casserole pas celui qu'on fait directement cuire dans un micro onde. Tu t'occupes de ça puis tu verses le tout dans deux mugs et tu en donnes un à ton amour.

« Détends toi. Tu ne me déranges pas. Je suis content de t'avoir ici plutôt que tu sois dehors dans le froid. » Tu dis histoire de le rassurer tandis qu'il te dit qu'il doit sûrement gêner ton emploi du temps de ce soir tu secoues alors la tête. « Pas du tout. Je n'avais pas grand chose à faire mis à part lire. J'étais sur le Chant d'Achille. » Tu dis en souriant. « Tu avais des choses de prévue toi ? » Tu demandes alors histoire de lui faire la conversation...

☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Débarquer chez Orion ainsi, à cette heure-là, après qu'ils se soient quittés un peu plus tôt, ce n'était pas dans ses plans. Mais il n'avait pas vraiment eu le choix, et c'était la première option qui s'était présentée à lui. A croire que le destin faisait tout son possible pour les réunir. Il avait beau être réticent, il appréciait tout de même le jeune homme. Sinon, cela ferait longtemps qu'Andrea lui aurait fait comprendre qu'il ne souhaitait plus le revoir. Il était juste très confus par ce type, et ne savait comment gérer leur... amitié ? Ils n'étaient pas vraiment amis. Ils étaient autre chose, ça, c'était certain. Il y avait quelques petites choses qu'Andrea détestait : qu'on vienne s'incruster dans sa vie, qu'on le dérange quand il préfèrerait travailler et être productif, qu'on mette en bordel ses plans. Et en squattant là chez Orion, il avait l'impression de faire tout ça, et c'était très désagréable. Il ne pouvait que s'excuser avant même qu'on lui fasse un seul reproche. « Détends toi. Tu ne me déranges pas. Je suis content de t'avoir ici plutôt que tu sois dehors dans le froid. » Il esquissa un sourire. « Pas du tout. Je n'avais pas grand chose à faire mis à part lire. J'étais sur le Chant d'Achille. Tu avais des choses de prévue toi ? » Le nom du bouquin attira l'attention d'Andrea, il releva les yeux vers son hôte et sourit plus franchement. « Oui quelques petits trucs... mais tant pis. Alors, t'en es où dans le bouquin ? T'as bientôt fini ? J'peux te spoiler, non... ? C'est genre l'histoire la plus connue au monde » il dit, soudainement plus joyeux. Il était passé en vitesse sur son programme de la soirée, pour en venir à ce qui importait vraiment : le bouquin qu'il avait conseillé à Orion (pour rire, pour le provoquer, initialement... il n'aurait pas mis sa main à couper que le jeune homme allait le lire) et qu'il était désormais en train de découvrir. Et effectivement, l'histoire était connue, la fin était la même que dans l'Iliade. Le monde entier savait comment finissait l'aventure d'Achille. Andrea se débarrassa de sa veste et en sortit machinalement son téléphone, son visage s'assombrissant un peu en regardant l'écran et se remémorant la raison de sa venue. Il verrouilla le portable après l'avoir mis en mode silencieux, et le glissa dans sa poche.

☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Tu es heureux, d'une certaine façon, de l'avoir avec toi chez toi ce soir. Bien sûr tu aurais aimé que sa soirée se passe mieux. Andrea ne dit rien sur le pourquoi il a perdu sa clé mais tu te doutes bien que quelque chose a capté son attention et qu'il a été désorienté un moment.

Tu ne poseras pas la question. S'il veut en discuter il le fera de lui-même. Tu as cru comprendre qu'il avait vécu des choses difficiles dans sa vie et tu préfères ne pas poser de questions qui pourraient être jugées comme indécentes ou trop curieuses. Tu ne veux pas le mettre mal à l'aise, tu veux simplement profiter de sa présence dans ton appartement étudiant.

Ainsi il s'excuse à sa façon de te déranger en plein dans tes occupations mais tu le rassures assez vite à ce propos en lui disant que tu n'avais rien de prévu d'autre que lire le bouquin qu'il t'a conseillé et tout de suite ça éveille sa curiosité ce que tu voulais absolument. Il semble perdu dans ses pensées à s'imaginer qu'il te gêne et on en passe des meilleures donc parler de ce livre était la meilleure chose à faire pour qu'il cesse de penser qu'il est un squatteur.

« Ce bouquin est merveilleux. Mais j'en connais déjà la fin... Vu que ça reprend l'histoire de la guerre de Troie c'est connu. Achille finit tué par Pâris d'une flèche cochée dans son talon... Ce qui devint donc la célèbre expression : le Talon d'Achille. Pour Patrocle par contre je ne sais pas ce qu'il devient. Dans la légende troyenne je n'ai pas souvenir d'avoir lu qu'il se faisait tuer. Mais j'imagine une fin à la fois romanesque et tragique pour ces deux amants dans ce livre. » Tu dis en scrutant ton amour longuement en soupirant. « J'me trompe ? » Tu demandes juste pour lui faire comprendre qu'il peut te spoiler un petit peu.

A la suite de ça tu le vois se perdre sur son mobile et son visage s'assombrit, il semble vraiment mal. Tu passes ta main sur son poignet que tu caresses doucement en affichant une mine gênée.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Je vois bien qu'il y a un truc avec ton mobile ... Tu l'as pété en faisant tomber ta clé ? » Tu demandes alors en scrutant ton amant longuement de tes grands yeux bleus...

☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Evidemment qu'Orion lui assurait qu'il ne dérangeait pas, cela aurait été impoli de dire l'inverse, mais Andrea se doutait quand même un peu que cette arrivée imprévue perturbait sa soirée. En tous cas, si cela avait été à lui d'ouvrir sa porte, il l'aurait fait de bon coeur, mais le fait de voir son planning perturbé l'aurait embêté. Peut-être qu'Orion n'avait rien d'autre de prévu qu'une soirée chill, il était plutôt tard après tout, Andrea avait tendance à oublier ce genre de détail. Heureusement, ils en vinrent à évoquer le bouquin qu'Andrea adorait et qu'il avait conseillé à Orion il y a de ça quelques temps déjà. Il avait entièrement oublié ce détail, et était un peu surpris au final que le jeune homme n'ait pas encore fini. Mais s'il y avait une chose dont il avait envie de parler maintenant, c'était probablement ça. Ils avaient peu de choses en commun, c'était peut-être la seule. « Ce bouquin est merveilleux. Mais j'en connais déjà la fin... Vu que ça reprend l'histoire de la guerre de Troie c'est connu. Achille finit tué par Pâris d'une flèche cochée dans son talon... Ce qui devint donc la célèbre expression : le Talon d'Achille. Pour Patrocle par contre je ne sais pas ce qu'il devient. Dans la légende troyenne je n'ai pas souvenir d'avoir lu qu'il se faisait tuer. Mais j'imagine une fin à la fois romanesque et tragique pour ces deux amants dans ce livre. » Andrea écouta attentivement Orion alors que le jeune homme relatait l'histoire d'Achille, sans doute une des plus connues de l'Iliade. Achille était un personnage populaire, et Orion avait tout juste à son sujet... Mais Patrocle. Andrea ne put s'empêcher de sourire un peu en coin en entendant Orion en parler. « J'me trompe ? » Andrea haussa les épaules, amusé, ne sachant exactement que répondre. « Au sujet de la fin tragique... non, tu as tout juste » il confirma. « Pour ce qui est de Patrocle, tu verras bien » il ajouta finalement, car si Orion ne connaissait pas son histoire, il allait être surpris. Quelques secondes plus tard, se débarrassant de sa veste, il se retrouva avec son téléphone entre les mains, et il n'avait plus trop envie de plaisanter. Non, c'était mieux de ne pas penser à ça, de s'en inquiéter le lendemain. Il rangea son portable. La main d'Orion sur son poignet le surprit et vint le tirer de ses pensées. Il n'aimait pas être touché, n'était clairement pas une personne tactile, mais à cet instant-là, il n'eut pas la réaction attendue, et laissa la main de son ami reposer sur son avant-bras. « Qu'est-ce qu'il se passe ? Je vois bien qu'il y a un truc avec ton mobile ... Tu l'as pété en faisant tomber ta clé ? » Andrea secoua la tête. Raconter ses histoires de famille ne semblait pas être un super plan pour passer une bonne soirée, mais tout compte fait, sa soirée était déjà pourrie, alors autant s'enfoncer encore un peu. Il n'avait pas le courage de dresser ses murailles et de résister à Orion. « Non. J'ai reçu un message qui m'a tellement pris au dépourvu que j'en ai fait tomber ma clé, justement » il répondit, un peu sarcastique sur la fin, parce que la situation était ridicule, pathétique. Il avait la poisse, tout simplement. « Euh. Mmh. C'est ma mère. J'ai pas ouvert. Je sais pas ce qu'elle dit. Mais vu que ça fait plus de quatre ans qu'on s'est pas vus, parlé, ou écrit... Je sais pas quoi faire. Je pourrais juste ignorer. Ou bien ça pourrait être important. Mais je vois pas exactement qu'est-ce qui pourrait me concerner. Je fais plus partie de leur vie, et eux de la mienne. » C'était idiot de ne pas ouvrir le message, mais d'y penser continuellement, d'imaginer des scénarios. Mais pas ce soir, il voulait oublier cette histoire : tant qu'il ne lisait pas le message, tout ça n'était pas tout à fait réel. Il ne pourrait plus nier une fois le texto lu. « Je l'ouvrirai demain matin. J'ai pas envie ce soir » il conclut, se laissant tomber contre le dossier du canapé, son avant-bras glissant vers Orion sans qu'il en s'en rende compte, cherchant à prolonger inconsciemment le contact avec sa main rassurante.

☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Vous parlez du bouquin qu'il t'a conseillé. Tu prends ton temps pour le lire, tu as tes périodes où tu lis beaucoup et tu en as d'autres où tu peines à lire ne serait-ce qu'un seul bouquin. Là celui qu'il ta conseillé tu as du mal à le lire et même à le finir, ça fait des mois que tu bloques dessus mais tu persévères tentant malgré tout de le terminer parce que l'histoire te plaît.

Mais sans doute que le fait est de savoir plus ou moins comment ça va finir c'est à dire avec la mort de Achille et sans doute celle du petit Patrocle ça te démotive. Cette période de la vie n'a pas été glorieuse donc tu imagines facilement que dans ce livre ils finissent tous les deux par mourir d'une ignoble façon. La mort de Achille est connue mais celle de Patrocle tu as comme un trou à ce sujet.

« Je te dirai ça quand je l'aurai terminé. Mais je sens le truc vraiment douloureux. Et j'ai tendance à chouiner comme un faible lorsque je lis ce genre de bouquins qui commence avec une histoire d'amour passionnante et qui se termine dans le sang et les larmes. Larmes pour moi évidemment. » Tu confies en soupirant.

Tu vins ensuite poser ta main sur le bras de ton amour. Tu vois bien que quelque chose se passe qui semble le contrarier. Tu t'inquiètes donc à propos de son mobile lui demandant s'il l'a pété mais visiblement ce n'est pas le cas. Ton amour te fait savoir qu'il a reçu un message de sa mère et que ça le perturbe énormément malgré qu'il n'ai pas encore lu le message.

Face aux aveux de ton amour tu grimaces tout en scrutant longuement ton beau dont tu caresses toujours le bras très tendrement. Après quoi le beau se laisse tomber contre le dossier du canapé et son bras reste toujours posé contre toi. Tu souris puis tu viens te poser près de lui et tu mets ta tête contre son épaule.

« Pourquoi ne changes-tu pas de numéro ? De cette façon tu aurais la paix et ils ne pourraient pas te retrouver. Je suis mal placé pour te dire quoi faire parce que ça ne me regarde pas mais vu ce que tu m'en as dit tu aimerais avoir la paix... Qu'ils te laissent tranquille. Je me trompe ? » Tu suggères en levant des yeux curieux vers ton beau. Puis tu soupires. « Si tu ne veux pas en parler je comprendrai... Mais je veux juste que tu te sentes bien. Que tu te détendes et que tu songes à autre chose. » Tu dis en gémissant tout en fixant ton amour longuement..

☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Parler d'Achille et de Patrocle lui faisait plaisir, et le tirait loin de ses soucis du moment. Il était passionné par cette histoire. C'était évidemment énorme pour lui de pouvoir se référer à ces personnages mythiques et de pouvoir affirmer avec une certaine certitude qu'ils avaient une relation qui dépassait largement l'amitié. Il y avait peu d'histoires dans ce genre, dans la littérature, mais en réalité... plus qu'on ne le croyait. Il fallait juste essayer d'être un peu attentif. Pour le coup, le bouquin dont ils parlaient était une réécriture contemporaine, donc c'était bel et bien évident. Ils s'aventurèrent à discuter du côté dramatique de l'histoire, et Andrea refusa de trop en dire pour ne pas spoiler, puisque Orion ne savait pas ce qui arrivait à Patrocle. « Je te dirai ça quand je l'aurai terminé. Mais je sens le truc vraiment douloureux. Et j'ai tendance à chouiner comme un faible lorsque je lis ce genre de bouquins qui commence avec une histoire d'amour passionnante et qui se termine dans le sang et les larmes. Larmes pour moi évidemment. » Confia alors Orion, ce qui arracha un petit rire à Andrea. Il était mignon. Ok, cette pensée fut rapide, fulgurante, et Andrea la chassa aussi vite qu'il le put. Mignon n'était pas un mot qu'il utilisait, surtout pas pour décrire Orion. Il haussa les épaules. « Mmh... tu verras bien, j'en dis pas plus » répondit-il finalement avec un sourire amusé. Lui-même n'était pas si émotif, même si l'histoire l'avait évidemment touché. Après cela, il se retrouva à nouveau à penser à la raison même de sa présence ici, et il se débarrassa de son téléphone, non sans éveiller la curiosité d'Orion. Andrea ne le repoussa pas lorsqu'il posa sa main sur son poignet, lorsqu'il vint le questionner et s'inquiéter sur son état. Invité à parler de ce qui le troublait, il le fit, et dévoila quelques bribes de sa petite histoire, sans entrer dans trop de détails. « Pourquoi ne changes-tu pas de numéro ? De cette façon tu aurais la paix et ils ne pourraient pas te retrouver. Je suis mal placé pour te dire quoi faire parce que ça ne me regarde pas mais vu ce que tu m'en as dit tu aimerais avoir la paix... Qu'ils te laissent tranquille. Je me trompe ? » Evidemment la suggestion n'était pas idiote, mais c'était plus compliqué que ça. « Bah disons que jusqu'à maintenant, ni elle ni mon père ou mon frère n'avaient essayé de me contacter. C'est nouveau... C'est justement pour ça que c'est perturbant » dit-il, parce que ce n'était pas une situation de harcèlement. Au contraire. Orion était maintenant proche de lui, sa tête sur son épaule. Andrea était tendu, mais doucement, il se relaxait. « Si tu ne veux pas en parler je comprendrai... Mais je veux juste que tu te sentes bien. Que tu te détendes et que tu songes à autre chose. » Il hocha la tête doucement, sentant le regard du jeune homme en sa direction, et tournant donc la tête pour le regarder en retour. Après ces quelques mois, après avoir appris à connaître le jeune blond, Andrea le voyait sous un jour nouveau. Plus fragile, plus doux. Bien différent de l'image qu'il donnait, quand il ne faisait encore qu'emmerder Andrea à l'université. « Ca va. Je suis plutôt bien ici. Ton canapé est confortable en tous cas » il répondit en reposant sa tête. Andrea poussa un petit soupir. « Ma famille... c'est clair qu'ils font plus partie de ma vie, et ils me manquent pas. Mais ça m'arrive quand même de me demander ce qu'ils deviennent. Je suis curieux de nature. Parfois j'espère aussi que les choses vont aussi mal que possible pour eux » il avoua en fixant le plafond. « Genre... qu'ils ne soient jamais heureux. Surtout mon frère » ajouta-t-il. Ce n'était pas un sujet de conversation qu'il abordait souvent, et surtout pas de cette façon-là. Mais il se sentait tout à fait en sécurité avec Orion ce soir.

☾ WEEKS AFTER AND WE'RE STILL THE SAME.

Tu n'es pas qu'un con. Tu as aussi des qualités. Qualités que tu n'as pas beaucoup montré depuis que tu le connais. Sauf ce soir bien sûr. Ce soir tu lui montres réellement qui tu es pour que peut-être il comprenne que derrière le queutard il y a aussi un mec sensible et doux qui n'a pas eu une vie facile.

Et ça... Ça c'est un sérieux pas en avant dans votre relation parce que tu ne montres jamais ton côté sensible de peur que l'on te questionne sur ta vie, sur ton passé. Tu as peur qu'on réalise que tu es plus fragile que tu n'en as l'air. Mais ton passé t'as forgé une carapace. Avoir des membres de ta famille qui ont mal tournés dans la drogue ça t'a détruit.

Du coup, depuis que c'est arrivé, une dizaine d'années, tu fais attention, tu t'es forgé une carapace de mec insensible, de mec insupportable, vulgaire, pervers, queutard. Une image moche pour qu'on ne transperce pas ta carapace. Pourtant devant lui tu l'envoies chier ta carapace parce que ce mec tu l'aimes et tu es prêt à tout pour lui.

Ainsi tu lui montres réellement qui tu es et ça semble lui plaire bien plus que tu sois ce mec fragile plutôt que le bad boy sans cœur. Tu avoueras bien que ça te surprend parce qu'habituellement les gens aiment et préfèrent le bad boy en toi plutôt que le petit gars brisé et sensible qui pleure la nuit face au passé tragique qu'il a.

Andrea semble préférer ce mec sensible qui pleure dans son lit plutôt que l'enfoiré qui fait du mal aux autres, l'enfoiré qui baise a tout va. Andy il préfère ce mec tendre qui est perdu dans sa vie. Oui c'est surprenant mais ça ne te déplaît pas de lui montrer qui tu es parce que tu sais qu'il ne fera rien pour te refaire du mal comme il l'a fait les fois précédentes en te rejetant toi comme tes sentiments pour lui...

Et là ton amour te parle, te parlant de sa famille avec qui c'est délicat. Il est chamboulé par ce SMS qu'il a reçu parce que c'était soudain, il ne s'y attendait vraiment pas. Il t'explique alors qu'ils ne font plus partie de sa vie, qu'il ne manque pas d'eux mais que parfois il pense à eux, qu'il espère que tout va mal pour eux aussi, tu acquiesces alors qu'il te dit qu'il espère qu'ils ne soient pas heureux puis il te parle de son frère ce qui te fait grimacer.

« Je ne juge pas... Je comprends parfaitement ta position Andrea... J'ai des moments comme ça où je souhaite le pire aussi à mon géniteur et mon oncle. Moi non plus je n'ai pas eu une vie facile. » Tu dis en grimaçant. « Tu ne m'as jamais parlé de ton frère... Surtout de tes parents en fait... Il fut le pire ? » Tu demandes essayant d'en savoir plus.

Tu caresses son bras tendrement tentant de le détendre un petit peu et qu'il ne se mette pas mal comme il l'était tout à l'heure. Tu le gardes contre toi, laissant ta tête sur son épaule tandis que tu le scrutes longuement de tes yeux bleus...