@Rose St Clair

Une voix calme et apaisante m'enlève des bras de Morphée. C'est désormais au tour de Rose de me faire le plus beau des cadeaux. Cette déclaration d'amouritié comme on pourrait l'appeler, est d'une splendeur à en couper le souffle. Chaque mot est aussi précis que les pas de danse qu'elle maitrise à la perfection. Toutes les phrases utilisées viennent apaiser mes craintes, mes inquiétudes. Désormais, c'est certain, nous ne sommes pas amoureuses l'une de l'autre. C'est un autre sentiment, peut-être juste avant cette route de l'amour, qui nous habite. Quelque chose de fort, de puissant, d'indestructible est né ce soir. Un lien que, ni Rose, ni moi, avons envie de rompre. Puis ces mots, si touchants, tournent en boucle dans ma tête. Je t'ai embrassé pour ce que tu es. Ce qui signifie que lorsqu'elle a fait ce geste, malgré tout l'alcool bu, il y avait une vraie volonté de me témoigner son admiration, sa fascination à mon égard. Ce que je suis, c'est encore cette petite fille, forcée de devenir grande alors qu'elle n'y était pas préparée. Cette petite fille, qui continue d'être chahutée par la vie alors qu'elle a toujours voulu suivre les règles, ne pas faire de vagues, se faire la plus discrète possible. Cette petite fille qui ne veut pas assumer qui elle est, sortir de sa coquille pour enfin devenir une femme. Tout cela, Rose l'a accepté, et a scellé sa décision par ce baiser. Oui, il y a encore du chemin avant le grand envol. Mais dorénavant, je sais qu'il y a une personne sur qui je peux compter quoi qu'il arrive.

En ouvrant les yeux, je m'aperçois que le jour est déjà en train de se lever. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. Très vite, je constate que Rose est toujours là. Le stress monte, comment va-t-elle réagir ? Finalement, de manière plutôt positive. Elle semble avoir oublié quelques passages de la soirée. Je te cache pas que pour moi aussi, c'est flou. Avec son aide, me voilà sur mes deux jambes, ancrée dans le sable. Mais tu vois, autant je pense avoir oublié des passages dans le bar, autant depuis qu'on est sur la plage... Je n'arrive pas à finir cette phrase. Est-ce que je dois tout lui raconter, au risque de la faire fuir ? Ou plutôt garder pour moi cette déclaration pleine de tendresse dans un coin de ma tête ? Enfin bref. Je frotte mes bras de tout le sable incrusté dessus, idem pour les jambes. Un rapide coup d'oeil sur la plage me permet de voir que toutes mes affaires sont encore là. En consultant mon téléphone, je m'aperçois qu'il est encore tôt. Oui, j'veux bien qu'on passe chez toi. Un paracétamol et une douche me feront le plus grand bien. Si tu m'autorises à prendre une douche bien sûr. Je lui souris, tandis que je rassemble mes effets personnels. Une fois prête, j'attends le signal de Rose pour prendre la route.

La nuit avait été rapide. je ne me souvenais même pas d'avoir fermé les yeux. Je me souvenais être là à regarder les étoiles aux côtés de ma nouvelle amie, Jasmine, puis plus rien jusqu'au réveil avec les rayons du soleil. ça m'était arrivé rarement de dormir sur une plage, dans la rue oui mais une plage... je devais dire que c'était agréable. Dommage qu'il n'y avait pas plus de plages à Paris haha. Je pensais ça et ça m'amusait. Souvent au réveil, j'ai du mal à faire le tri dans mes pensées. Mais j'arrive à proposer à Jasmine de passer chez moi se faire un brin de toilette avant qu'elle ne rentre. J'avais pensé à son frère et à son bébé... ça le ferait moyen de savoir qu'elle avait fait la fête jusqu'à pas d'heures et qu'elle rentrait pleine de sable. J'attrapais son bras pour qu'elle m'accompagne. bien sûr que tu pourras prendre une douche. allons y pour la semi marche de la honte fis-je en riant. je faisais référence aux marches des nanas qui rentrent d'on ne sait pas où après on ne sait quelle soirée tôt le lendemain matin. c'était connu, ils en parlaient d'ailleurs dans ma série New Girl que j'adorais.

Elle avait mentionné ce qu'il s'était passé la veille et en réalité, je m'en souvenais très bien. J'avais appris à la connaître de plus en plus et j'avais fini par l'embrasser tellement j'aimais sa personnalité. Qu'est-ce qui m'avait pris? Je suis très sociable, c'est vrai, à souvent frôler les border lines mais à ce point là c'était quand même l'alcool qui avait joué. ça avait été sincère, attention, je ne reviendrais pas là dessus mais bon, un peu limite quand même. Je me souvenais de ce qu'elle m'avait dit à ne pas ressentir plus que de l'amitié pour moi. En m'en souvenant, je souriais, alors qu'on arrivait en bas de mon appartement. bienvenue chez moi! fis-je en sortant mon pass de ma poche et en ouvrant la porte de mon appartement. Directement, Bunny bougeait dans sa cage pour réclamer de la bouffe. fais comme chez toi lui fis-je alors en la regardant, souriant tendrement et allant chercher une carotte pour la filer au gros sac. c'est comme ça qu'on dit bonjour à maman? lui fis-je alors à l'animal avant de caresser sa tête entre ses deux grandes oreilles et de lui faire un bisous avant de me retourner vers Jasmine. J'allais dans ma trousse à pharmacie, je servais deux verres d'eau et lui en tendait un des deux avec un cachet. bon c'est pas le même verre qu'hier soir mais on peut trinquer quand même déconnais-je alors en lui venant mon verre d'eau. à notre premier baiser fis-je alors sans crier gare, attendant sa réaction faciale et je riais légèrement. bien sûr que je m'en souviens. et je me souviens de ce que tu as dis après, d'ailleurs. et je souligne encore, c'est la chose la plus mignonne qu'on m'ait jamais dite. fis-je, lui lançant un clin d'oeil et j'avalais mon eau et mon cachet.

Petite grimace en reposant mon verre, j'aimais vraiment pas cette impression quand on sent ce qu'on avale. bref. J'allais vers la salle de bain et ma chambre. si tu veux des fringues pour te changer, sers toi, tu me les rendras plus tard bah oui c'est ma copine maintenant, une vraie amie, et ça, c'est le mélange des fringues assuré entre amies. Je te prépare une serviette, hop, une douce et rose juste pour assortir tes yeux magnifiques et voilà. fis-je en préparant tout comme dans un hôtel avant de me retourner vers Jasmine. et voilà votre altesse. tu utilises les produits que tu veux, c'est un bordel à cosmétique ici. je me retournais vers elle en souriant. je sais que tu meurs d'envie de faire un câlin à Bunny. Mais tu es trop sale pour ça regarde toi. lui fis-je alors en faisant mine de la frotter avant de rire doucement. Oh tu sais ce qu'on pourrait faire? Allez au parc avec ton bébé et Bunny! Tu en penses quoi? moi, envie de la lâcher? non.

@Rose St Clair

Au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers l'appartement de Rose, la confusion de mon esprit se fait de plus en plus insistante. Pour le moment je n'ose pas reparler de ce baiser sur la plage. Nous marchons, échangeons quelques mots, quelques rires, quelques banalités. Mais sans que tout cela prenne une tournure un peu plus mélodramatique. C'est la première fois que mon professeur particulier, très particulier, m'invite chez elle. D'accord, les circonstances s'y prêtent. Si nous n'avions pas bu autant d'alcool, je serai déjà dans mon salon, en trian de m'occuper de mon petit ange. Sympa comme appartement. Me sentant moyennement à l'aise, mon corps n'avance pas beaucoup plus loin que l'entrée, alors que je vois la maitresse des lieux pleine de dynamisme, d'énergie, comme si tout ce qui s'était passé la veille était déjà rangé dans un petit tiroir de sa mémoire. Je ne peux m'empêcher de sourire quand je la vois agir avec son lapin. Sacrée bestiole. Peut-être que ça pourrait être cool d'en avoir un aussi à la maison. Pendant que Rose me prépare un cachet, j'observe attentivement les lieux. Il n'y a pas à dire, elle a du gout. La décoration est épurée, plutôt chaleureuse, on s'y sent bien. Je la remercie pour le verre d'eau, mais je manque de m'étouffer quelques secondes après lorsque Rose souhaite trinquer à notre premier baiser. C'est à cet instant qu'elle me dévoile qu'elle a absolument tout entendu de ce que j'ai pu lui dire juste avant de m'endormir contre elle. A notre premier baiser alors...

Soudain, dans la complexité de mes pensées, un éclair vient remettre de l'ordre. Si Rose se souvient de tout, et que je suis quand même dans son appartement, il y a deux solutions. Soit nous sommes sur la même longueur d'ondes. Soit elle essaye de me séduire. Pour le moment, je préfère partir du principe de la première solution. C'est de loin la plus simple à gérer. J'aime cette façon qu'elle a de vouloir s'occuper de moi. Au delà de notre baiser, il s'est vraiment passé quelque chose entre elle et moi hier soir. Comme si les prémices d'amitié semés durant des semaines venaient d'éclore au grand jour, laissant exploser nos émotions. Merci pour les vêtements. Et pour la serviette. Au moins, Rose met un point d'honneur à bien traiter ses invités. Je me dirige donc vers la salle de bain, non sans avoir récupéré au préalable une tenue empruntée à mon amie. L'heure n'est pas à faire la difficile, et de toute façon, niveau style vestimentaire, je suis loin d'être la fille la plus exigeante du monde. J'vais réfléchir pour la proposition du parc. Je peux dire oui. Je dois dire oui. Mais si je le fais, je prend à nouveau une décision pour moi, pas pour Sapphire. Cette soirée a été parfaite, ce lendemain de soirée également, mais toutes les bonnes choses ont une fin. Oui, j'ai envie de rester encore un peu avec elle. Mais non, ce rôle de mère que j'ai laissé hier soir pour quelques heures m'attend. Quelques minutes plus tard, après être bien plus fraiche qu'au réveil, je retourne voir Rose dans le salon. Et ben, ça fait du bien une bonne douche. On aurait presque pu la prendre ensemble. Oups, j'viens de dire une énorme connerie. Bravo Jasmine. Je sens mes paumettes se colorer de façon très rapide, et dans la précipitation, j'essaye de nuancer mes propos. Enfin j'veux dire, pas nues hein, avec un maillot de bain ça aurait été mieux. Clairement je suis en train de m'enfoncer, ça ne va pas du tout. Et pour ce qui est de ton idée du parc, j'adorerais venir, mais je peux pas. Je me suis occupé de moi hier soir, et tu m'as bien aidé. Mais aujourd'hui, c'est de ma fille que je dois m'occuper. Ne voulant pas la décevoir, je tente de lui expliquer que par contre, elle est la bienvenue chez moi n'importe quand dans la semaine et que je serai ravie de lui présenter ma fille. Tu m'en veux pas hein ?

Je la sentais un peu... étrange depuis le réveil. Je lui proposais d'aller se rincer chez moi. Je me souvenais très bien de ce qu'il s'était passé la veille. Je n'en avais pas trop parlé simplement parce qu'on s'était déjà tout dit, ça avait été adorable d'ailleurs. J'avais beaucoup aimé sa sincérité et le fait qu'elle ne veuille pas me perdre. Je l'avais embrassé un peu sous le coup de l'alcool, j'avais omis une limite certes mais ça avait été sincère dans le sens où je l'adorais vraiment énormément. J'adorais sa personnalité, sa façon de parler, de danser même, d'être. J'aimais son parcours, son courage, sa force intérieure. C'était ce qui m'avait poussé à l'embrasser. Je l'avais un peu perturbée la veille et c'est pour ça qu'elle m'avait fais ce petit monologue d'ailleurs pour me dire tout de suite qu'elle ne voulait pas ce genre de relation avec moi et je l'avais très bien pris. Pourtant, une fois à l'appartement, une fois que je lui montrais la salle de bain, que je lui préparais de quoi se sécher et se changer, elle avait l'air... ailleurs.

Je lui proposais d'aller faire un tour après avec sa fille que j'adorais rencontrer et elle me disait réfléchir. de rien, c'est normal. et, ok pas de soucis à toute. lui fis-je alors un peu interloquée en lui laissant la salle de bain pour elle. Elle aurait même très bien pu allumer l'enceinte, elle faisait comme chez elle. Depuis que j'étais à Miami, je me faisais petit à petit des amies comme j'avais à Paris, même mieux je trouvais et retrouver cette copinade comme ça me faisait vraiment du bien. j'attrapais mon lapin pour danser dans le salon avec lui, je lui donnais une carotte puis je faisais deux trois trucs dans l'appartement le temps que Jasmine se lave. Elle sortait et fit une réflexion qui me fit rire. tant mieux. C'est vrai, ça aurait été un gain de temps et pour la planète! riais-je alors qu'elle précisait en maillot de bain. Je fronçais les sourcils. Ok elle venait de se vendre, elle était clairement perturbée encore par la veille. Elle continuait en me disant qu'elle voulait s'occuper de sa fille aujourd'hui. Oui bon ça, j'ai jamais dis le contraire en fait. Je ne comprenais pas bien. Elle me demandait ensuite si je ne lui en voulais pas. Je remettais le lapin dans sa cage et je faisais un pas en avant. pas trop parce que j'avais l'impression limite qu'elle avait peur de moi. ça marche. j'pensais justement faire un truc avec elle et toi mais, je comprends. Non, je ne t'en veux pas du tout. lui fis-je alors en souriant. Mes vêtements te vont hyper bien, en passant lui fis-je alors en riant légèrement mais en fait fallait que j'en parle. j'ai l'impression que t'es mal à l'aise, avec moi. j'suis désolé pour le bisous d'hier, j'aurais jamais dû. C'était ma façon de te montrer que j'suis hyper admirative face à toi, c'était une borderline j'aurais pas dû. j'suis contente d'avoir une amie comme toi. j'suis nouvelle ici, j'avais pleins de copines à Paris, j'adore ça. Faire des après-midi shopping, des soirées comme hier, des potins, garder leurs enfants avec elles... J'ai Jade qui a deux jumeaux ici, on va souvent prendre des piques-niques au parc c'est pour ça que j'ai pensé à ça. mais non je t'en veux pas, je te comprends. à ta place je voudrais aussi m'occuper de.. enfin voilà. sauf que j'avais perdu un enfant avant d'arriver ici. Donc moi, j'étais juste une jeune danseuse française avec son lapin dans un appartement de Miami. bref lui fis-je alors en me forçant à sourire cette fois-ci. je ne te retiens pas plus longtemps. fis-je en allant lui ouvrir la porte après lui avoir donné un sac pour ses affaires de la veille. t'inquiètes pour les vêtements, j'en ai une tonne. bonne journée à toi et à ta petite fille sûrement adorable. lui fis-je alors en souriant encore un peu forcé et je fermais doucement ensuite la porte derrière elle quand elle s'en allait. Je restais un moment contre la porte avant de souffler un bon coup et de commencer à penser à ce que j'allais, du coup, faire de ma journée maintenant.