Je tapais une voiture dans mon garage en musique. Personne ne me voyait alors j'avoue que je me tapais des petits pas de danse et je chantais quelques brides de chansons qui passaient sur la Google Home. Ok Google, mets le son à fond! lui lançais-je alors en attrapant l'écrou qu'il me fallait. C'était la vie que j'avais choisi en venant ici. Être tranquille, seul, je m'amusais parfois avec des collègues ou des gens rencontrés depuis que je suis arrivé mais jamais de prises de tête. Il y a un moment dans la vie où on a tellement vécu qu'une pause s'impose. Je ne sais pas si je finirais ma vie avec ce mood-là, peut-être pas, mais c'était ce qu'il me fallait sur le moment.

Mon téléphone se mit à sonner. Je fronçais les sourcils, curieux de savoir ce qui pouvait le faire fonctionner à cet heure-ci. Il était quand même tard, un petit neuf heures trente du soir tout de même et en général je n'avais plus de textos à cet heure-ci ou alors c'était au bar que quelque chose clochait. Ok Google, pause. Pauvre Freddy Mercury, je venais de faire taire une légende en trois mots. J'attrapais mon Huawei de la main gauche et je regardais, passant une main dans mes cheveux. Je m'attendais à voir un des noms de mes barmans mais non, c'était Théa qui m'avait écrit. Elle ne devait pas le faire avant deux jours, puisque c'était là qu'on devait se revoir. C'était ce qu'on avait convenu. Quelque chose n'allait pas, je le sentais tout de suite. J'ouvrais le texto et je lisais les mots plage vite qu'elle m'avait envoyé. Ni une ni deux j'attrapais mes clés, je quittais mon garage et je montais dans la voiture.

Je n'avais même pas réfléchi. je fonçais vers la plage où je voyais qu'une petite fête était organisée. Elle devait sûrement y être, elle m'avait dit avoir découvert la mer pas longtemps auparavant et ayant su qu'il y aurait eu une fête elle a dû avoir eu envie d'y aller. Comme la dernière fois, son frère a dû la laisser y aller avec un Uber à la clé. Sauf que là, elle avait dû faire quelque chose sans s'en rendre compte et quelqu'un avait dû le prendre autrement. Quand on ne sait pas d'où elle vient, on peut vite se méprendre. Je me garais et sortais dans la même seconde. Je me mis à courir partout, la cherchant. Je finissais enfin par la voir, entourée de trois mecs qui semblaient insister vers elle. Elle était en short taille haute, débardeur et baskets à la mode. Jusque là rien de choquant. tu as accepté l'argent alors c'est bien que tu en es une, allez fais nous ton numéro je finissais par être assez proche pour entendre. Il la prenait pour une prostituée? Oh god elle ne devait même pas savoir ce que c'est alors forcément.. Et personne pour l'aider parce qu'elle a dû faire quelque chose sans le vouloir pour le faire croire. hey. laissez la tranquille hurlais-je alors à quelques mètres de là, approchant. oh on est peut-être pas ton genre de clientèèèle je vois et un poing dans sa gueule à celui-là. Ah j'avais fais l'armée, fallait pas me chercher. j'ai dis. Laisse. La. Tranquille. lui fis-je alors qu'il était au sol. Un autre essayait de me taper par l'arrière et j'attrapais son bras pour le retourner. faites pas les malins, retournez à votre petite fête avant que ce soit les flics qui interviennent. mais c'est elle la pu- et un autre coup. ferme ta putin de gueule et dégage! bon ok là, la colère se faisait sentir. Ils finissaient enfin par déguarpir et ils nous laissaient à deux. Je me tournais doucement vers Théa, me redressant. J'attrapais ses bras doucement. hey c'est tout tout va bien. lui fis-je alors avant d'instinctivement la prendre dans mes bras.

@"théa dion"
( Pando )

Il fallait bien que ça arrive un jour. Théa avait croisé des âmes charitables depuis son arrivée à Miami. Naïvement, elle commençait à croire que dans la ville du soleil, tout le monde était bon. Elle avait suivi des hommes qui lui avaient parlé d’une fête. Il lui avait parler que si elle était partante, ils la payeraient même pour s’amuser encore plus.
Elle avait quelques verres sous le nez, elle était persuadée d’avoir commandé les options sans alcool comme son cher ami Andrès lui avait fait découvrir dans son bar.
Pourtant son esprit s’évaporait doucement, elle ne se sentait pas comme elle l’avait été au bar d’Andrès.
Elle les suit tout de même parce qu’elle aime ce qu’ils lui proposent. Qui ne voudrait pas faire un peu d’argent en plus de s’amuser? Elle ne réalise pas qu’elle les suit directement vers quelque chose qui pourrait être tragique.
C’est seule avec eux qu’ils commencent à apprécier de plus en plus sa peau. Insistant qu’elle se dénude pour aller dans l’océan et naïvement, elle avait terminé en sous-vêtements alors qu’ils n’avaient plus envie de la mer. C’est là que désespérée elle réussit à envoyer deux mots à son ami avant qu’on lui arrache son portable pour le lancer dans le sable.
Elle ne sait pas comment il est arrivé si rapidement, mais elle ne sera toujours pas reconnaissante. Un à un, ils tentaient de lui enlever ce qui lui restait de vêtement pendant que doucement elle sentait son corps s’endormir malgré l’adrénaline qui pompait dans ses veines. Elle avait été droguée, chose qu’elle ne réalise pas, mais son esprit est de retour dans la secte. À deux doigts d’arrêter de se battre pour se défendre puisque là bas, elle devait les laisser faire en silence quand il arriva.
Gardant le peu de lumière en Théa qui brille à travers les craques de son cœur brisé malgré son histoire. Elle se referme sur elle dans le sable alors qu’ils se dispute avec Andrès avant de fuir. Elle réalise qu’elle tremble quand il la serre contre elle. Je savais pas. Je voulais pas.... Je ne comprends pas... Elle se perd dans ses pensées qui essaient de toutes sortir en même temps. Elle s’était agrippé à son chandail le couvrant vite de larmes le pauvre. J’suis vraiment désolé. Elle ne voulait pas le mettre dans cette position, mais elle craint bien de la tête de son frère s’il apprend dans quelle situation elle a sauté à pieds joints.

@andrès muñoz
( Pando )

Je voulais venir sauver la mise de Théa. Elle avait gardé mon numéro au cas où. C'était une jeune femme qui venait d'un milieu très sectaire et qui ne connaissait rien à notre société. Son grand frère voulait faire au mieux et lui laisser découvrir en toute liberté mais malheureusement, il y a des choses dont elle ne se méfie pas. Notre monde n'est pas tout rose non plus, malheureusement. Elle a sûrement quitté un monde bien pire mais ce n'est pas pour pouvoir baisser toutes ses gardes. J'avais fais exprès de lui laisser mon numéro car je pouvais aisément comprendre qu'elle ait du mal à systématiquement devoir compter sur son grand frère. Elle a besoin d'une autre ancre, quelqu'un qui peut-être l'infantilisera moins. Je ne blâmais pas son frère, au contraire, mais c'était naturel d'être si familial avec elle s'il lui arrivait un soucis. Avec moi, elle ne risquait pas tout ça.

Quand j'avais reçu le SMS j'avais pas réfléchi. Ni une ni deux je me retrouvais à l'endroit où elle était au dernier SMS et je la cherchais partout. Je finissais par localiser la bande autour d'elle : en sous-vêtements. Automatiquement, je les menaçais pour qu'ils partent (non pas sans un ou deux coups pour bien faire comprendre) et je lui enfilais ma veste sur le dos. Elle avait un petit coup dans le nez et était terrorisée, ce qui ne faisait pas bon ménage. chhhht tout va bien ne t'excuse pas tu n'y es pour rien lui fis-je alors en la serrant contre moi. Je cherchais autour de nous une trace de ses vêtements dans le sable. Elle pleurait et j'aurais dû mal à la consoler rapidement. tu vas bien, tout va bien, ne t'en fais pas. je suis là pour toi d'accord? tu n'as plus rien à craindre lui fis-je alors qu'elle était collée à moi à m'empêcher de bouger pour ramasser ses vêtements. on va ramasser tes vêtements et on va aller dans la voiture, hmm? prête? lui fis-je sans la lâcher mais me tournant de manière à pouvoir marcher, ramasser ses affaires. Je lui donnais et je plaçais ma main sous ses genoux pour la porter. Elle titubait trop, on mettrait des heures à arriver à l'auto. Je l'asseyais sur le siège passager, histoire de pouvoir lui faire face un petit moment. J'essuyais ses joues trempées et rouges de larmes. tout va bien.. dis moi tu préfères quoi? prévenir ton frère que tu dors chez une copine et je te prends avec moi ou tu préfères aller te débarbouiler à la maison puis que je te raccompagne comme si de rien était? j'avais peur qu'elle ait du mal à réfléchir à ce choix là tout de suite mais il fallait prendre une décision rapide. A la limite, je la prendrais pour elle si c'était trop compliqué mais j'étais là pour la protéger et c'étaient les deux solutions que je voyais pour ne pas éveiller le soupçon chez son frère et qu'elle n'ait pas d'ennuis. j'avais peur qu'il ne l'empêche de sortir après ça, même si je lui donnerais bien quelques conseils quand elle aurait dépassé le stade d'alcoolémie, que ça ne recommence pas. J'avais peur qu'un jour son frère ou moi ou personne ne soit là pour elle, vraiment. Je la regardais dans les yeux, cherchant à ce qu'elle rassemble ses esprits au moins quelques secondes. Je l'aidais à se rhabiller doucement.

@"théa dion"
( Pando )

C’est si facile de retomber dans l’horreur de la secte. Théa est un être de lumière. Elle voit sa vie à Miami comme une seconde chance, une aventure remplie de surprises et de premières fois. Voilà que des hommes cruels ont abusé de sa naïveté et de son côté enfantin. Étrangement, avant cet incident près de la mer,  elle avait voulu croire que le reste du monde était bon. Elle sait qu’il y a beaucoup de noirceur dans l’univers. Elle vient d’un endroit bien sombre. Des abus, elle en a vécu depuis la tendre enfance. Des larmes, elle en a tellement pleurer qu’elle ne les goûte plus quand elles perlent sa peau fine. Ces hommes sur la plage venaient de briser sa confiance aveugle devant le reste du monde.  Briser cette seconde chance qu’elle donnait si gratuitement à l’univers. Piétiner son coeur et son désir de grandir heureuse. Ils n’ont pas réussi à abuser d’elle, mais ils l’ont ramené émotionnellement à une place dans son passé où c’était bien réel. Ils ont fait bien pire que profiter de son corps, ils lui ont rappelé tous les hommes qui l’ont fait avant eux.
Figé devant tous ses démons  pour qu’elle se défend avant l’arrivée de son chevalier. Elle pleure tout le mal qu’on lui a déjà fait à présent. Comme s’ils avaient ajouté la goutte de trop pour bien briser l’être fragile que Théa est vraiment en mille morceau. La voix d’Andrès la rassure quand même à travers ses sanglots, elle s'agrippe à sa veste qui la couvre un peu. Elle ne réalisait même pas le froid dans son corps vu la panique qui grimpait en elle.
Tout était flou et l’alcool n’aidait en rien. Elle ne pensait pas avoir bu énormément, mais qui sait, on l’avait peut-être même drogué vu ce qu’ils lui réservaient. Elle ne sait pas trop comment elle s’est rendu à la voiture, mais elle les mots du barman l’avait soulagé alors qu’elle lui avait céder le contrôle total dans ses bras.
Des fantômes de son passé la trouble encore assise sur le banc passager. Elle sourit quand même quand il chasse des larmes de son visage. L’idée de rentrer à la maison la remplie d’une peur irréaliste. Elle vient d’un monde où les hommes prenaient toutes les décisions pour elle. Et elle sait que son frère veut ce qu’il a de mieux pour elle, mais la crainte de perdre sa nouvelle liberté la submerge. Dans le moment, elle résonne comme la prisonnière qu’elle a toujours été et croit qu’il lui enlèvera cette seconde chance qu’on vient de détruire pour elle. J’peux pas rentrée, j’aurais plus jamais le droit de sortir. Elle ne voulait pas déranger Andrès non plus, mais elle ne voulait pas être seule. Tu peux me laisser au centre jeunesse si tu préfères. Elle serait entourée là-bas, ils connaissent sa situation. J’voulais pas te déranger, j’ai assez pris de ton temps. Elle tente de se calmer. Compartimenté ses émotions qui prennent trop de place. Pendant tellement de temps, on l’a empêché de les vivre et maintenant c’est elle qui les chasse. Les sanglots remontent quand même comme une nausée incontrôlable. Une partie d’elle veut mourir comme elle l’avait longtemps voulu à la secte au Canada.
J’suis idiote vraiment, j’ai osé croire que les hommes sont pas tous comme dans la secte. Elle souffre, elle ne pense pas vraiment ce qu’elle dit. Ugo ne lui a jamais fait de mal. Andrès est venu à sa rescousse si rapidement. Alec est un amour, comme son nouvel ami Aaron qui a été d’une douceur à leur rencontre. Reste qu’elle sent encore les mains de ses agresseurs sur sa peau. Et je ne parle pas de ceux de la plage. C’est vraiment ça les relations sexuelles hein? Que de la violence? Les films qu’elle a découvert depuis sa sortie ne sont peut-être que des histoires pour faire rêver les femmes naïves comme elle. Reste que chaque homme qui s’est intéressé à elle de ce niveau là à fini par la brutaliser.
C’était pareil dans la secte, sauf que personne est jamais venu me sauver. C’est la première fois qu’elle parle de cet aspect depuis son arrivée à Miami. Elle avait tout fait pour ne pas y penser elle-même. Les traumatismes sont toujours en elle et ils remontent à la surface pour la noyer même si elle était à présent loin de l’eau salée de la mer.

@andrès muñoz
( Pando )

Dans la voiture, je l'aidais à remettre ses vêtements et ma veste par dessus pour ne pas qu'elle ait froid. Elle a l'air en état de choc mais il faut que je sache ce qu'elle préfère faire. Je veux qu'elle se sente à l'aise après un choc pareil, qu'elle ait le meilleur environnement pour elle. Je proposais chez son frère ou chez moi, histoire qu'il n'apprenne pas ce qu'il était arrivé. Je pouvais comprendre qu'elle ait peur qu'il soit radical et l'empêche de sortir après ça. Je sais qu'en temps que frère, je ferais peut-être ça. Là, j'étais venu en tant qu'ami et je voulais trouver la meilleure solution pour elle. Elle me parlait du refuge où elle était arrivé la dernière fois, ne voulant pas me faire perdre plus de temps. Je fronçais les sourcils. Je ne savais pas si c'était une bonne idée. Avait-elle de vrais amis à qui se confier là-bas, près de qui s'endormir plus apaisée, après s'être confiée ou juste être resté là à rien dire mais sentir une présence avec elle? Je pensais que c'était ce dont elle avait besoin. je ne perds pas mon temps avec toi, Théa. lui fis-je alors très clairement. J'avais du mal à me dire que j'allais la laisser au centre. Je n'avais pas envie, en fait. ça ne me dérange pas que tu dormes chez moi, devant n'importe quel film que tu voudras, que tu saches que quelqu'un qui te connaît et qui sait ce qui est arrivé soit là pour toi... c'est surtout moi que ça rassurait, non? Mais je devais respecter sa volonté alors je l'emmènerais où elle voudrait. Si elle insiste pour le centre après ça, c'est là où je l'emmènerai, non sans laisser mon numéro pour avoir des nouvelles fréquemment si c'était le cas.
Puis, ce qui venait ensuite de sa bouche me glaça le coeur et les tripes. Elle disait, parlant à voix haute comme après un choc, que tous les hommes ici n'étaient pas forcément différents de la sexe, elle demandait si le sexe c'était juste de la violence et avant que je puisse réagir elle me disait que c'était toujours comme ça dans la secte sauf que personne ne venait la sauver. J'avalais fortement, la regardant intensément. Les larmes vinrent automatiquement à mes yeux. J'avais du mal à avaler cette nouvelle. J'aurais pu m'en douter, dans une secte rien était facile, surtout pas les relations humaines. Mais qu'elle puisse croire, à son âge, tout ça, être persuadée à cause de personnes qui lui ont fait volontairement du mal et qui l'ont manipulée autant physiquement que mentalement me torturait le coeur à l'instant précis. Je perdais mes mots l'espace d'un instant. je n'osais pas la prendre dans mes bras de peur qu'elle ne me repousse vu ce qui venait de lui arriver. Maintenant que j'avais perdu le contact physique avec elle c'était mort. on rentre fis-je alors en me redressant pour aller au volant après avoir fermé la portière pour elle. Je l'amenais donc à la maison parce qu'après ça je ne pouvais définitivement pas la laisser seule avec des gens qu'elle ne connaissait pas. Je n'avais encore jamais invité personne chez moi depuis que j'habitais ici. Je la laissais entrer. fais comme chez toi lui fis-je alors. J'avançais pour lui montrer la salle de bain, je lui laissais des affaires à moi si elle voulait être plus à l'aise même si c'était des affaires masculines pendant que j'allais lui faire mon lit tout propre. Je dormirais dans le canapé, pas grave. Je lui allumais la télé sur Netflix. J'attendais qu'elle revienne de la salle de bain, nettoyée de tout ce qu'il venait de lui arriver ça devait lui faire du bien. Elle n'avait pas eu de papiers à remplir ou quoique ce soit comme elle aurait eu au foyer. Je savais qu'elle était en sécurité au moins. tu veux quelque chose à manger, à boire? Je vais te laisser une bouteille d'eau près du lit. Je serais dans le salon, si tu as une angoisse, si ça ne va pas, hmm? fis-je alors doucement, sous le choc moi-même encore. Il fallait vraiment que j'avale ça car elle avait besoin d'entendre la vérité et de ne pas continuer de croire ça. Je revenais avec ce qu'elle m'avait demandé et une bouteille d'eau. Je m'asseyais au bord du lit, loin mais pas trop d'elle. Théa, je... Je voulais juste te dire que tous les hommes ne sont pas comme ça. Ce qui t'est arrivé, je te promets que c'est quelque chose de "rare". Oui il y a des hommes mauvais, et ce sont ce genre d'hommes qui ont fondés cette secte. Mais il y a des hommes bons, comme ton frère par exemple, qui aime profondément une femme et une seule femme et qui la chérissent. Je suppose que tu as déjà vu des petits gestes d'amour, des signes entre ton frère et sa petite amie? c'est ça, c'est ça l'amour entre un homme et une femme, rien d'autre. Et les relations sexuelles, les vraies, celles qui découlent d'une union sont douces, vraies, intenses et sont positives. lui fis-je alors en essayant d'être le plus simple et clair possible. le problème avec le sexe c'est que certaines personnes l'utilisent d'une mauvaise manière. Soit juste pour le plaisir de la chair, donc plutôt positivement mais sans amour, soit pour profiter du corps de quelqu'un d'autre en ignorant son âme, comme ces hommes et ceux de ta secte. Ces hommes là méritent de lourdes sanctions, et elles existent. Tu pourrais poursuivre ces hommes pour qu'ils le paient. C'est illégal, ici, tu comprends? lui fis-je alors. Je repensais au fait que son frère était avocat, en plus. ton frère a déjà dû avoir plusieurs cas pour défendre des femmes de ton cas, d'ailleurs. C'est comme ça qu'il t'a retrouvé.. Je me mettais à penser que je parlais trop, qu'elle ne pourrait de toute façon pas y croire parce que je lui aurais dis, moi. Enfin, c'est ce que je voulais te dire avant de te laisser tranquille. N'hésites pas si tu as besoin, d'accord, tu ne m'embêtes pas du tout. lui fis-je alors en me relevant. ça me faisait penser aux cauchemars de ma fille et je secouais légèrement la tête.

@"théa dion"
( Pando )

Théa est soulagée de le suivre jusqu’à chez lui. Elle a peur de la solitude plus que jamais et ne voudrait pas se retrouver seule avec ses pensées. Seule avec les fantômes de son passé qui ont tellement abusé de sa douceur qu’elle a du mal à marcher seule ce soir.
Elle l’a suivi dans son appartement silencieusement. Son sac avait été vidé et les mots étaient maintenant trop lourds pour se rendre à sa bouche. Vite, elle est laissée à elle-même dans la salle de bain et ce simple instant la terrifie. Elle passe toute de même sous la douche espérant faire partir le toucher de tous les hommes qui ont pu abuser d’elle.
Dans la chambre, elle apprend vite qu’elle dormira seule. Elle attrape son portable pour aviser son frère qu’elle dormira chez Alec. Un petit mensonge, mais elle sait qu’il y a que là, qu’il ne paniquera pas. Elle comprend l’attention du propriétaire du bar et en est très reconnaissante. Elle allait lui demander de rester avec elle jusqu’à ce qu’elle ferme l'œil à son retour de la cuisine quand il prit la parole.
Son cœur palpite devant tous ses mots. Il est clair et elle comprend tout. Brisée en mille miettes, elle croit qu’elle n’aura jamais cette chance. Si peur que les larmes remonte. Pardon. Un seul mot s’échappe de son corps. Sa main attrape celle de l’ancien soldat quand il se relève.
Je ne veux pas être seule. Restes s’il te plait. Elle n’a pas conscience de la grosseur du poids qu’elle met sur ses épaules. Des blessures qu’elle réveille. Il s’assoit dans le lit le dos contre le mur et elle pose sa tête contre son torse sous son bras gauche. La télévision est allumée et elle regarde ce qui y défile dans vraiment suivre. J’espère que tu trouveras ce genre d’amour un jour. Elle ne connait très peu, mais il est ici avec elle dans une demeure qui semble n’habiter que lui. Il est beaucoup trop bon pour ce monde bien sombre qu’elle pense.
Elle laisse les battements de son cœur la guider vers un sommeil profond comme une berceuse. Un sommeil interrompu par moment par des cauchemars, mais la présence de Andrès la gardait assez calme pour retourner au pays des rêves. Ils avaient fini par s’allonger, mais elle c’est dans ses bras qu’elle trouve un semblant de paix.
Sa tête faisait mal au réveil vu l’alcool consommé la veille, se redressant pour utiliser la bouteille d’eau. Une partie d’elle souhaite vraiment que la nuit précédente faisait partie des cauchemars qui la retrouve chaque nuit, mais sa présence dans le lit d’Andrès lui prouvait bien que son cauchemar était réel. Je crois pas avoir la force de poursuivre qui que ce soit tu sais, je veux pas les revoir. Que ce soit les gens de la secte ou les hommes de la veille. La nuit l’avait tout de même assez apaisé pour être capable de faire des phrases plus claires.

@andrès muñoz
( Pando )

Théa avait vécu une soirée très difficile. Elle avait eu besoin de moi et j'avais répondu présent sans même réfléchir. C'était peut-être mon instinct protecteur, militaire, j'en savais trop rien. Je me demandais souvent quand elle n'était pas dans les parages si elle allait bien, si elle se faisait bien à la vie en société normale. Evidemment, elle tombait sur des embûches. Notre monde fait de libertés ne peut pas amener que du bon et elle s'en rendait vite compte. Le problème, c'est qu'elle était comme un enfant à ce stade-là, elle n'avait pas le retour nécessaire pour faire la part des choses et se dire qu'heureusement des connards comme ceux qu'elle a croisé la veille reste peu nombreux comparé aux gens censés. Elle m'avait demandé si c'était ça, finalement, les relations entre les gens, si tout n'était pas fait que de violence, que de méchanceté, puisqu'elle avait déjà vécu la chose dans la secte. Elle n'avait visiblement jamais été aimée comme elle le méritait et inversement. Elle voyait tout ces films de notre monde et devait se demander si ce n'était pas que du conte de fée. Tout ça me faisait du mal, bien plus de mal qu'elle ne pouvait imaginer. Je n'avais jamais eu la chance d'expliquer ça et là, je tentais tant bien que mal à le faire avec Théa.

Pour ne pas qu'elle soit seule ce soir, je la ramenais à la maison. Ce n'était pas comme si elle allait déranger quique ce soit puisque je vis seul dans ma maison de Miami. Je l'installais comme je pouvais, dans mon lit, lui proposant que je reste dans le salon si elle avait besoin. Elle m'avait retenu la main, désirant que je reste avec elle cette nuit. J'aurais dû m'en douter mais je ne voulais pas la forcer à ma présence. La gorge nouée, j'acceptais de rester et à peine étais-je assis dans le lit qu'elle se collait contre mon torse, sous mon bras. Je la regardais un moment, la serrant contre moi, posant ma joue sur le sommet de son crâne pour la rassurer de ma présence. Je regardais la télé sans la regarder, dans le flou de mes pensées. Beaucoup de souvenirs se bousculaient dans ma tête. Des souvenirs amoureux, des souvenirs familiaux, des souvenirs déchirants. Toute cette situation mélangeait le tout et c'était assez perturbant. Mais il fallait que je sois présent pour Théa, elle en avait besoin. On finissait par bouger de position pour s'allonger tous les deux sans qu'elle ne me lâche. De temps en temps, elle se réveillait d'un cauchemar. Je gardais un sommeil léger, facilement au réveil, déformation professionnelle. A chaque fois, je caressais derrière son bras pour la rassurer et elle se rendormait. Moi, je mettais plus longtemps à chaque fois. Déjà, j'attendais qu'elle soit rendormie et de plus, je n'arrêtais pas d'avoir d'affreux flash backs. Et puis, sa phrase sur son souhait que je trouve ce genre d'amour un jour m'avait aussi un peu bouleversé. Pour moi, j'estimais que j'avais eu ma chance.

Le lendemain matin, je m'éclipsais du lit trente secondes afin d'aller lui chercher un verre d'eau et un aspirine pour le réveil. Je faisais chauffer le petit déjeuner et quand je revenais dans la chambre, elle se réveillait doucement. Je lui tendais le verre d'eau. ça te fera du bien lui fis-je alors que je la voyais déjà se tenir la tête entre les mains. Puis, elle me parlait de ce que je lui avais dis la veille sur les poursuites possibles. Souvent, les victimes d'abus sexuels avaient du mal à lancer des poursuites. Je n'avais pas à la forcer à le faire, je voulais juste lui dire que c'était possible. d'accord. quoiqu'il en soit, tout ça ça reste entre nous. si jamais tu changes d'avis, je serais là pour le faire avec toi. Même si tu souhaites voir un autre avocat, pour que ton grand frère ne sache pas. Quoiqu'il en soit tu pourras compter sur moi. lui fis-je alors avant de me pincer les lèvres et de respirer un bon coup. je me disais que ça te ferait du bien de manger un peu dans une autre pièce plus lumineuse. j'ai commencé un petit déjeuner européen pour te faire découvrir. lui fis-je en lui adressant un petit sourire afin de tenter vainement de lui remonter le moral. Je caressais doucement sa main. allez viens lui fis-je alors en l'accompagnant dans la cuisine ouverte avec le bar où j'avais installé les couverts. En Espagne on dit desayuno pour petit déjeuner. y'a la version salé et la version sucré bon... j'ai fais des churros et je vais te faire un cafe con leche ou café au lait comme t'en boiras jamais. lui expliquais-je alors en vérifiant la couleur de mes churros. J'avais bien aéré, la baie vitrée sur le jardin était ouverte parce qu'après la friture, voilà l'odeur... Puis bon à Miami c'est comme Madrid fait pas souvent froid. Je lui servais son café, je servais les churros dans un panier et je lui servais une dose de chocolat. je m'installais près d'elle. les churros rien de plus simple. Tu prends ton beignet et hop tu le trempes tout plein. Bon, pas ouf pour le régime mais pour le moral rien de mieux. Goûte et dis moi! lui fis-je alors en lui faisant la démonstration puis en mâchant je la regardais goûter mon petit déjeuner traditionnel, tout ça pour déjà lui faire découvrir mon pays et puis pour lui changer les idées.

@théa tremblay
( Pando )

Sortir de la secte était une bouffée d’air frais pour la jeune canadienne. Un brin naïve, elle avait cru que hors de ce village improvisé elle pourrait vivre pleinement. Tant de misère s’est affligé sur elle si jeune, elle voulait croire qu’elle avait vu toute la noirceur que l’univers avait prévu pour elle, mais la réalité l’a vite retrouvée la veille.
La ramenant presque dans le temps, faisant saigner des blessures qu’elle avait mal pansées. Les cicatrices étaient encore bien neuves et s’étaient ouvertes sans prévenir.
Heureusement qu’elle avait des gens comme Andrès à Miami qui lui rappelaient qu’il y a de la lumière même dans les moments les plus sombres.
À son réveil, il quitte la chambre pour revenir avec des cachets qu’elle prend sans questionner. Merci. Un mot qu’elle dit avant de lui avouer qu’elle se sent incapable de poursuivre qui que ce soit. Elle veut être heureuse, c’est tout ce qu’elle demande à cette seconde chance. Elle n’a même pas la force de faire payer les gens qui l’ont fait survivre. Elle a perdu trop de temps dans la secte, elle veut que le reste soit parsemé de joie et de fou rire. Merci. Un mot qu’elle répète en riant un peu puisqu’elle pourrait passer la journée à le remercier de son grand coeur.
Ses mots lui rappellent de contacter son frère qui doit s’inquiéter même s’il a eu droit à un message la veille. Souriant devant la caméra de son téléphone pour lui envoyer un selfie, elle n’a jamais vraiment compris cette habitude que les gens ont, mais elle se se dit de voir son visage le rassurer. Puis le textos qui suivait lui rappelait qu’elle était bien en vie et en un morceau. Ugo n’avait pas besoin de savoir que son coeur était en miette.  
Déjeuner européen? Ça sonne délicieux! La nuit l’avait quand même aider, son corps était plus réveiller et son esprit plus pétillant, comme à ses habitudes. Desayuno? Un mot qu’elle répète alors que l’espagnol agrandi son vocabulaire. Assise de son côté du bar, elle l’observe faire captivé par ses mouvements. Tu as une sacré vue ici! Avant aujourd’hui, elle avait même pas osé penser à vivre seule et même si elle est loin d’être prête, à voir l’endroit où le propriétaire du bar vie, elle se dit qu’un jour, elle sera peut-être apte à prendre soin d’elle dans un endroit si lumineux.
Ça sent si bon! Qu’elle dit alors qu’il prépare les assiettes. Du café hein? J’ai beaucoup d’énergie, mon frère dit que c’est dangereux dans mes veines la caféine! Parler d’Ugo la ramène à des moments joyeux. Son premier café, elle avait parlé si vite quelque heures qu’elle lui en avait donné mal au crâne.
Régime hein? Peut-être que je devrais m’y mettre tout le monde parle de ça à Miami. Pour le moment, elle n'en avait pas vraiment envie. Pas devant des churros et ce délicieux chocolat. Imitant Andrès, ses yeux sont devenus ronds quand les saveurs se mélangent dans sa bouche. Miammm!! L’envie de déménager en Espagne lui vient vite en tête s’ils mangent toujours des sucreries de ce genre pour déjeuner. Je prends jamais le temps de déjeuner, je devais m’y mettre plus souvent! Son cœur lourd était temporairement bien plus léger. Savourant le déjeuner en bonne compagnie, elle ne pensait plus au moment où elle devra retourner dans le vrai monde.
Faudra que tu me montres comment faire! Théa est à sa place dans la cuisine, c’était là qu’elle était à la secte et elle adorait apprendre à faire autre chose que des bouillis ou des purées comme on lui faisait toujours faire là-bas.
Je pense pas être capable de te faire un repas si succulent, mais c’est mon tour la prochaine fois, tu es beaucoup trop gentil avec moi! Elle n'a pas l’habitude de faire la rencontre de gens si généreux. Il lui faisait presque oublier la noirceur de ce monde.
Tu sais que tu peux compter sur moi toi aussi? Bien évidemment qu’elle est pas en mesure de le soutenir comme elle le voudrait, mais faut soutenir les gens qui nous sont chers et vite, Andrès est devenu très précieux pour la jeune femme.
Tu t’ennuies parfois de l’Espagne? Entre leur rencontre, elle avait fait des recherches sur son pays et l’endroit est si beau, elle se demande bien ce qui l’a poussé à partir. Vivre dans un tel pays, elle ne voudrait jamais le quitter.
Ça va toi? On parle beaucoup de moi depuis hier, mais je suis bien entouré grâce à la gentillesse. Toi, qui prend soin de toi? Voilà que sa naïveté enfantine remonte. Elle ne pose pas toujours les bonnes questions. Pourtant, elle lit dans le regard d’Andrès une lourdeur qu’elle connaît trop bien parce qu’elle l’habite elle aussi. S’il est en ville depuis peu, elle espérait qu’il soit bien entouré lui aussi.

@andrès muñoz
( Pando )