- messages : 261 - feat. & crédit : zoey deutch (Chlor) - anniversaire : 02/04/1995 - activité : le petit papillon s'est posé dans un champs de fleurs pour s'épanouir (vendeuse chez un fleuriste depuis le 13/08/21). - double compte : Eden, le calme avant la tempête.
(#)Sujet: Re: be a light in my world ✤ | Mar 6 Juil - 10:25
Il y avait encore bien des choses que la belle allait devoir apprendre pour s'acclimater à ce monde - normal pour le commun des mortels - hostile à ses yeux. Les codes de la société, le fonctionnement de cette dernière, et la façon de se conduire avec ses semblables. Ugo, son grand frère, n’était pas épargné. Avec lui également, la belle allait devoir faire des efforts pour trouver la bonne mélodie, celle où ils pourraient évoluer ensemble, sans faire souffrir l’autre à cause d’une personnalité différente de la sienne. Dans un autre univers, ils pourraient être aussi soudés que les doigts d’une main, se comprendre sans prononcer un seul mot, juste en échangeant un regard. Sauf que dans ce monde-ci, c’était encore une mission quasi impossible, car ils n’avaient pas vécu dans le même monde, car ils avaient une vision globale différente, et que ça allait prendre du temps pour s’accorder. Jusqu’à très récemment, Juliet avait peu d’espoir de trouver cet accord, mais grâce à l’intervention de Chad, qui était extérieur à tout ça, la belle voyait une éclaircie. Elle devait seulement apprendre à faire taire les voix dans sa petite caboche, et écouter un peu plus son instinct. S’ouvrir plus à Ugo, lui laisser une place dans son cœur, sans condition. Quelque chose qu’elle pourrait faire plus tard, car pour l’heure, c’était en compagnie de ce coach sportif qu’elle se trouvait. La glace était délicieuse, et sa cheville se portait déjà bien mieux. Plus de peur que de mal, comme on disait souvent, ici ou ailleurs. Toutefois, l’expérience était suffisante à Juliet pour revoir ses préférences pour se chausser. Elle avait beau développer une admiration pour les jolis modèles, les escarpins lui semblait-elle, ce n’était pas encore ça pour marcher avec à ses pieds. Une question d’équilibre, lui disait April lors des rares essais. « J’aime marcher pieds nus, c’est ce que je faisais le plus souvent. Ici, avec vos routes et vos trottoirs, c’est moins évident, ça a tendance à brûler les pieds. Par contre, dans l’herbe comme dans le sable, c’est super agréable sous la plante des pieds. » À bien y réfléchir, ça avait un côté apaisant, relaxant. Pour Juliet, tout du moins. Le reste de la population n’était peut-être pas de cet avis, et pouvait avoir un ressenti complètement différent de celui de la brunette. Chad lui posa alors une question assez évasive, sur ses impressions - positives ou négatives - de la ville, de la vie. Une question assez complexe, à laquelle Juliet parvient à répondre, sans utiliser le moindre filtre. Ses pensées étaient brutes, en aucunement travaillées, elles sortaient comme elles venaient, sans que la belle ne fasse un travail d’organisation au préalable. Ça ne semblait pas gêner son interlocuteur, ou bien elle n’était pas assez attentive aux signes non-verbaux. La lecture était vraiment ce qui la caractérisait le plus, son activité favorite. Mais ça changeait, doucement, un pas à la fois. La belle s’ouvrait à de nouvelles expériences, à son échelle. Après les +, elle passa aux -. Le climat, le rythme et cette addiction aux nouvelles technologies. Juliet était larguée de ce côté, peinant déjà à se servir correctement d’un téléphone. Si elle avait toujours vécu en ville, dans cette société, elle serait certainement une copie conforme de ces filles accros à ce petit écran, obsédées par l’idée de capturer toutes les images d’une journée, sans y voir le moindre souci. Chad sortit son propre smartphone, et montra à Juliet comment s’en servir pour avoir une réponse en quelques secondes, sans bouger le petit doigt. Si elle n’avait pas déjà assisté à cette scène avec son frère, elle serait probablement ébahie par cette façon de faire. À la place, son regard se mit à flirter avec le ciel, tandis qu’elle secouait légèrement sa tête de droite à gauche. « Vous êtes des paresseux. De petits oisillons qui ouvrent grand le bec en attendant que maman oiseau vienne déposer la nourriture prémâchée directement à l’intérieur. » dit-elle, amusée par ses propres propos. En utilisant le vous, elle ne désignait pas Chad personnellement, mais la société d’une manière générale. Juliet était en ville depuis plusieurs mois, et c’était ce qui ressortait le plus dans les modes de fonctionnement. Ce besoin d’avoir tout en claquant des doigts, et sans bouger. Presque des enfants capricieux qui ne daigneraient pas bouger un doigt, mais qui attendent que les réponses soient servies sur un plateau en argent. « Oh, tu ne pourras donc pas m’expliquer cette lubie de photographier son assiette, pour ensuite la mettre sur les réseaux sociaux. Prendre quelqu’un, un paysage ou capturer un moment, c’est évident à mes yeux mais une assiette… ça tombe sous le sens ! » Il allait certainement lui parler de mode, de ce besoin presque obsessionnel de tout partager avec une communauté. Juliet avait déjà entendu ces explications, mais ça ne suffisait pas pour faire la lumière dans son esprit. C’était bizarre, pas naturel à ses yeux. Elle ne comprenait pas l’intérêt de garder un souvenir d’un met que l’on pourrait manger tous les jours de la semaine. Il n’y avait rien de sentimental dans ce genre de clichés.
Après cette conversation fort passionnante, Juliet avoua ce qu’elle n’avait jamais osé faire pour l’instant. Son choix était assez simple, presque surprenant, car il se porta sur l’océan, celui-là même qui s’étendait à perte de vue. Il n’y avait que ça ici, à Miami. Peu importe la direction choisie, l’immensité aquatique n’était pas loin. Les occasions avaient été nombreuses pour apprivoiser l’élément naturel, mais Juliet n’avait pas encore sauté le pas, non pas par peur de l’eau, mais pour une toute autre raison, qu’elle exposa sans gêne à Chad. Par ailleurs, ils n’avaient qu’à tourner légèrement le regard pour que les propos de la belle deviennent concrets. À cette heure, les jeunes femmes en maillot étaient nombreuses sur la plage. Mais la voix du brun la fit sortir de ses pensées, la laissa un peu perplexe et surprise, surtout quand elle le vit tendre une main vers elle. Il y a encore une demi-heure, elle aurait repoussé cette invitation silencieuse. Or là, au bout de quelques secondes à peine, elle accepta cette main tendue pour l’aider à se relever, et le suivre, laissant derrière elle ses chaussures, et le sac de glaçons qui n’avait plus tellement d’utilité désormais. Il lui parlait des Everglades, et du fait qu’il partageait ses impressions. C’était agréable à entendre, rencontrer une personne qui ne se plaisait pas tant que ça au milieu de la foule, mais qui préférait les espaces verts. C’était ce qui manquait le plus à Juliet, ce sentiment de liberté, ne plus se sentir oppressée par le vacarme et l’agitation de la ville. « D’accord… » dit-elle, toujours aussi perplexe. Elle lâcha la main de Chad, et rassembla les pans de sa robe pour les relever, et ainsi ne pas mouiller son vêtement. Arrivée près de bateau, une fois encore, elle accepta l’aide du jeune homme pour grimper à bord, un sourire amusé récemment apparu sur ses ourlets. Et au bout de quelques secondes, ils étaient partis pour une balade en mer.
En évoquant ce vaste bassin aquatique, Juliet n’avait pas à l’esprit cette perspective, celle de voguer à la surface. Mais l’alternative était toute aussi plaisante. Elle était comme une enfant le matin de Noël, des étoiles dans les yeux, l’excitation difficile à contenir. Ou bien une enfant qu’on avait amené dans un parc d’attractions, pour la première fois de sa vie, après des mois de supplications. Tantôt debout aux côtés du capitaine, tantôt assise pour pouvoir effleurer la surface de l’eau du bout de ses doigts. Ici, presque au milieu de nul part, à bonne distance de la ville, elle se sentait apaisée, comme si un poids venait d’être retiré de ses épaules. Ce n’était pas comparable à l’endroit où elle était avant, mais ici, il n’y avait plus cette opulence de bitume et de technologies. Il y avait seulement le ciel, l’eau, et une sérénité absolue. « L’autre fois, je regardais des… brochures ? Celles pour les endroits qualifiés comme paradisiaques. Finalement, Robinson Crusoé n’était pas si malheureux. Il détenait peut-être la clé pour vivre en paix. Une île, vierge de toute trace humaine, avec des fleurs et des fruits exotiques. Aucune technologie, juste l’harmonie avec la nature. Ça fait rêver. » Juliet pourrait totalement adopter ce mode de vie, de façon éphémère ou définitive, ça serait suffisant à ses yeux pour s’épanouir. Mais bon, entre le rêve et le passage à l’acte, il y avait un fossé. Peut-être qu’elle pourra évoquer l’idée avec Ugo un de ces jours. Non pas pour y vivre, mais pour un séjour ailleurs, le temps de quelques jours, ou une semaine, pour s’éloigner un peu de Miami, et se rapprocher de ce qu’elle préférait. Durant l’été, ce serait une idée. Mais avant d’arriver à la saison la plus chaude de l’année, comme si ce n’était pas déjà suffoquant, Juliet demanda à Chad d’arrêter le bateau, ce qu’il fit sans trop poser de questions. Il n’y avait personne, ils étaient seulement deux, et la belle sentait bien assez de courage en elle pour tenter quelque chose, sans se poser mille questions. Aussi, elle se remit sur ses pieds, eut un court moment de doute, puis finalement, se délesta de sa robe pour se retrouver en sous-vêtements. « Je sais nager, il y avait un lac là où j’étais. » dit-elle alors au jeune homme, qui devait avoir saisi ses intentions. Ici, l’eau était relativement calme, pas de grosses vagues comme elle avait pu avoir au cours des derniers mois. C’était l’occasion rêvée pour une première rencontre avec l’eau de Floride. D’autant que la jeune Tremblay en avait envie, alors sans trop réfléchir, elle quitta le bateau, sautant dans la moindre hésitation dans l’océan. Au bout d’à peine quelques secondes, Juliet ressortit la tête de l’eau, et passa ses mains sur son visage pour mettre en arrière sa chevelure désormais aussi trempée que le reste de son corps. « C’est juste génial. » dit-elle, un rire dans la voix. « Tu ne vas quand même pas me laisser seule dans l’eau par contre ? C’est un énorme pas que je viens de faire, je dois bien le partager avec quelqu’un ! »
( Pando )
Chad Tate
Chanel
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(#)Sujet: Re: be a light in my world ✤ | Mar 6 Juil - 19:13
On mangeait une glace tranquillement sur le banc en discutant de ce qu'elle aimait et aimait moins dans notre société. je trouvais ça intéressant de savoir ce qu'une personne extérieure à tout cela pouvait bien penser. Au final, j'aurai pu l'imaginer : elle aimait la nature et ne comprenait pas la technologie. Comme quoi, l'être humain n'est pas fait de façon primaire pour ces choses-là. Je lui avouais que je n'étais pas tellement fort technologie comme d'autres peuvent l'être mais que je sais quand même l'utiliser. Je lui montrais un exemple avec l'assistant Google, avant de rire à sa comparaison. C'est vrai que c'est un peu ça. Tout nous ait dû, comme si on méritait de ne pas avoir à se prendre la tête pour quoique ce soit. fis-je alors en levant les yeux au ciel. C'était quelque chose avec lequel je n'étais pas d'accord, bien évidemment. Je n'étais pas quelqu'un de paresseux, bien au contraire. J'ai toujours bossé pour avoir ce que je voulais, pour fuir ce que je ne voulais pas. Je n'ai jamais attendu que tout vienne à moi, mais c'est mon enfance qui a fait ça. Je ne suis pas une de ces personnes nées avec une cuillère en or dans la bouche, comme on dit. Si ça avait été le cas, je ne serais peut-être pas l'homme que je suis aujourd'hui, tout comme Juliet d'ailleurs. Elle me disait ne pas comprendre le fait de prendre son assiette en photo, et anticipait bien que ce n'était pas tellement mon genre. Je ris encore. les gens aiment montrer leur vie, quand ce n'est pas insignifiant et pour faire croire qu'ils sont hyper fun et à connaître. Alors dès qu'ils sortent boire un café, qu'ils sortent leur chien, qu'ils vont au restaurant ou au parc, il faut le prouver au monde entier en faisant une photo sur les réseaux. je levais les épaules. c'est comme si là tu avais pris ta cheville en photo, la glace, que tu m'avais ajouté sur le réseau pour me mentionner et montrer que tu avais fais une nouvelle rencontre. Certains auraient fait ça. lui fis-je alors en faisant "sisi" de la tête vu comment elle me regardait quand je lui décrivais un comportement possible de quelqu'un qui utilise bien les réseaux. Elle me parlait de la mer, qu'elle l'aimait en ayant peur d'y aller car le côté maillot de bain en public la gênait encore trop. Ce n'était pas dans la nature d'où elle venait de faire ça devant des inconnus. Alors je pensais au bateau. Je l'invitais à me suivre. Finalement, je prenais les chaussures à la main pour les mettre à bord. On jetait le sachet de glaçons dans une poubelle proche.
Nous voilà à l'eau. Je la laissais découvrir, regarder autour d'elle. Elle avait l'air d'aimer cette sensation. Elle ne l'avait peut-être pas imaginé, au final. Je suppose qu'elle n'avait jamais eu l'occasion d'aller sur l'eau, d'où elle venait. C'était une manière de s'éloigner, de profiter de la mer sans forcément s'y prêter. Elle me parlait de Crusoé, d'une île, de solitude, de retrouver les bases de la vie. Je souris. je ne dirais pas sans personne parce qu'on est fait pour être sociabilisé, mais sans technologie, je signe. Il y a quelques îles ou même des criques sympas où il y a rarement de monde, seuls les résidents qui aiment la mer les connaissent. Il y a des moyens de profiter tranquillement, ici, dans des endroits restés en état sauvages. lui fis-je alors en souriant, lui montrant de loin quelques banc de sable sur les côtés autour de nous. Elle me demandait d'arrêter le bateau, je le faisais sans poser de questions. Sans le bruit du bateau, on profitait encore plus du paysage et de la nature. En paddle, c'était génial aussi, mais je doutais que la jeune femme sache en faire. J'en avais à bord. Puis, elle se mit sur ses pieds et commençait à retirer sa robe. J'étais un peu étonné, vu sa réflexion plus tôt sur les maillots de bain mais apparemment c'était juste le public inconnu qui la gênait. Elle me dit directement qu'elle avait un lac où elle était et savait nager. J'avais évidemment compris ce qu'elle allait faire ensuite. Je ne réagissais pas, sur le coup, lui souriant vivement et la regardant plonger dans l'eau de Miami, ressortir la tête en mettant ses cheveux à l'arrière. Elle commentait vivement puis ajoutait qu'elle avait fait un grand pas et qu'elle méritait de la compagnie. je fis mine d'être choqué. ah ça me force à aller dans l'eau en plus? j'suis outré mademoiselle. lui fis-je évidemment pour déconner. Je me levais, retirais mon tee-shirt, mon jean et mes chaussettes avant de sauter dans l'eau. la bombe! fis-je alors avant d'entrer en contact avec l'eau, assez loin d'elle pour ne pas la heurter mais près pour l'arroser un peu. Je ressortais de l'eau, me frottant légèrement les yeux pour me débarrasser de l'eau avant de me tourner vers elle. bon par contre y'a des requins ici. lui fis-je alors avant d'exploser de rire. je déconne, je ne t'aurais jamais laissé faire sinon! fis-je alors en riant de sa réaction. je suis heureux de t'avoir fait découvrir ça. C'est à portée de mains, comme tu vois. Tu peux faire un tas de choses dans l'eau. Du jet ski, du paddle, du ski nautique, de la voile, de la plongée... Même dans d'autres endroit autour de Miami tu peux faire des sauts à l'élastique dans des falaises ou espace montagneux, du saut en parachute, de la tyrolienne... Si tu aimes la nature, y'a des tas de choses à vivre. J'suis allé en Australie l'année dernière, j'ai fais presque tout ce que je viens de te citer, c'était génial. C'est ça, la vraie vie. lui fis-je alors en montrant autour de nous, rien, de l'eau à perte de vue et juste profiter. au début que j'habitais ici, je venais la nuit. Je faisais comme on dit "la planche" dans l'eau, je flottais, et je regardais les étoiles sans bouger. lui racontais-je alors. peut-être que de voir notre société de cette manière là, dans les possibilités qu'on lui donne dans la nature lui plaira davantage. On aurait même pu manger sur le bateau, au milieu de l'eau, tiens. Tout est possible lui fis-je alors. tu as l'air tellement bien là que j'vais te laisser ici. riais-je alors en lui lançant un peu d'eau vers elle pour l'embêter. Je ris. Je remontais sur le bateau pour replonger comme un gamin. à ton tour lui fis-je avant de rire. tu sais plonger la tête en avant comme les sirènes là sans aucune goutte? lui demandais-je alors en riant.
( Pando )
Juliet Tremblay
Desigual
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(#)Sujet: Re: be a light in my world ✤ | Lun 12 Juil - 14:14
Juliet aimait apprendre de nouvelles choses, découvrir ce monde qui était désormais le sien, afin de l’apprivoiser en douceur. Pourtant, certaines informations étaient difficiles à entendre, et encore plus à comprendre. Elle venait d’ailleurs, un endroit plus fermé, avec beaucoup moins de préoccupations, et bien plus de simplicité. Ici, que ce soit à Miami ou dans le monde de façon générale, il y avait une multitude de détails, de subtilité dans chaque mot, chaque parole, chaque geste, chaque regard. Le paradoxe était trop complexe pour Juliet. D’un côté, cette société voulait en faire le moins possible, s’appuyait sur les nouvelles technologies pour gagner du temps et de l'énergie. Mais à contrario, les habitants faisaient une analyse complète de tout, à s’en faire des nœuds dans le cerveau, et un ulcère dans l’estomac. Ils ne devaient pas se prendre la tête pour les recherches, la culture générale, mais le faire pour le reste ? Le sens des priorités de cette société était… surprenante. Et malheureusement, pas de façon positive. Juliet avait bien entendu parler d'Instagram, un réseau social où on pouvait partager des clichés. Sur ce point, la jeune femme était curieuse, admirative, ça lui semblait être comme une sorte d’album photos, mais où les personnes acceptées pouvaient y avoir accès, sans devoir se déplacer pour consulter les feuilles de papier glacé. Par contre, l’idée d’utiliser ce support pour partager les moindres détails de sa journée, la belle trouvait cela malsain. C’était comme permettre aux autres d’entrer dans son intimité, alors qu’elle avait vécu jusque là avec une optique d’avoir son jardin secret. Pour vivre heureux, vivons cachés.
Heureusement, Chad ne semblait pas être l’une de ces personnes. Ça devait faire moins d’une heure que la rencontre avait eu lieu, mais c’était amplement suffisant pour la jeune femme pour se faire un premier avis. Il n’avait presque jamais eu son téléphone entre ses mains, à part au moment de lui montrer comment ce bel objet pouvait donner des réponses en quelques secondes à peine. Il n’avait pris aucune photographie à poster sur Instagram - ou non - et n’avait en fait jamais consulté l’objet. En fait, toute son attention était uniquement focalisée sur Juliet, comme si elle était au centre de son univers. D’accord, les mots étaient un peu trop forts, mais après avoir passé plusieurs mois à se sentir invisible, ou semi-invisible, c’était étrange de tomber sur quelqu’un qui la traitait avec respect, plutôt qu’un être à moitié présent, le regard trop absorbé par l’écran digital. Et cette attention complète n’était pas prête de s’arrêter. Si les confessions de Juliet avaient pour unique but de répondre à la question de Chad, elle n’avait pas pensé un seul instant qu’il puisse concrétiser l’une de tentation en un claquement de doigts. Et pourtant, c’était bien au milieu d’une vaste étendue d’eau cristalline, sur un bateau, que la belle se trouvait, sans la moindre appréhension. « Non, bien sûr. Il faudrait au moins quelqu’un. Se parler à soi-même, c’est bien un temps, mais ça devient vite lassant. » Juliet parlait peu, trop habituée à ce que son avis soit laissé de côté. Mais malgré ça, elle ne pourrait pas vivre à l’écart de tout le monde, en tête-à-tête avec elle-même, sans personne pour lui faire la conversation. Au début, ce serait reposant, une sorte d’aventure à faire en solo, sans ressentir la pression d’un regard extérieur. Mais à la longue, le manque de présence humaine, d’échanges sociaux serait trop pesant pour savourer le moment. L’excitation deviendrait l’ennui. La joie de la déprime. Si les mots de Chad n’étaient pas tombés dans l’oreille d’une sourde, ce n’était pas l’envie de découvrir l’une de ces criques qui passait en priorité chez Juliet, mais plutôt celle de faire un grand pas en avant, un progrès personnel. Une fois le bateau immobilisé dans l’eau, et délestée de sa robe, la jeune femme eut le plaisir de goûter aux eaux de Floride, sur un coup de tête inatendu. Parfois, pour avancer dans la vie, on avait besoin d’une aide extérieure, quelqu’un capable de nous mettre un petit coup de pied aux fesses. Le jeune homme avait été cette personne. En moins d’une heure, il avait réussi à trouver les mots justes pour retirer un poids chez Juliet, même momentanément, pour ignorer ses peurs, et faire un pas vers l’inconnu. Un exploit que la belle voulait partager avec quelqu’un, et le choix était vite fait, sachant qu’ils étaient seuls au milieu de l’océan. « Forcer est un grand mot, monsieur. Je dirais plutôt… du chantage affectif et innocent. » Là encore, le mot n’était pas adéquat à la demande de Juliet, car elle n’avait pas évoqué un réel chantage. L’association des mots, les choix de ces derniers étaient le chantage en lui-même. Cependant, même en cas de réponse négative, elle n’aurait pas abandonné son sourire pour autant. L’entrée dans l’eau du coach sportif était propice à l’amusement, tellement il n’y avait aucune délicatesse dedans, si bien que Juliet se retrouva arrosée, obligée de passer ses mains sur son visage pour retirer l’eau. Elle allait répliquer quelque chose, mais Chad fut plus rapide pour prendre la parole, et parler de la présence de requins. Une information qui modifiait les traits du visage de Juliet, prête à réagir, mais là encore, il ne laissa pas l’inquiétude s’installer, et et assura que l’eau était sûre. Elle ne disait rien, mais son regard en disait long sur le fond de sa pensée. La joie du jeune homme faisait plaisir à voir, pour la brunette en premier, mais dans son empressement, il semblait oublier qu’elle n’était pas d’ici, n’avait pas eu la même éducation et que… son monologue n'avait que très peu de sens dans les oreilles de Juliet. « J’ai absolument rien compris à ce que tu viens de dire Chad. C’était juste du bruit, une sorte de “blabla”. » lui confia-t-elle, cette fois-ci, sans ressentir de honte. Un sourire était d’ailleurs déjà de retour sur ses lèvres, car si elle n’avait pas saisi les termes évoqués, elle avait le pressentiment que c’étaient des choses biens, et qu’avec un peu de recherches personnelles, Juliet pourrait tester plusieurs de ces activités. Qui sait, elle pourrait peut-être en parler à son frère, et lui proposer un moment en tête-à-tête, sans prise de tête, juste de l’amusement, où cette fois, Juliet en serait à l’origine. « L’atmosphère doit être différente la nuit, mais je crains que Ugo ne fasse une attaque. À moins que je lui dise que je n’y vais pas seule, et qu’il connaisse la personne. Ce que je comprends parfaitement. » Dernièrement, frère et soeur avaient réussi à parler, à ouvrir un peu leurs coeurs. Juliet savait que l’angoisse était encore présente chez Ugo, qu’il avait toujours la crainte que sa petite sœur disparaisse à nouveau. Un sentiment qui devait le peser au quotidien, et qui incitait la belle à ne pas trop sortir de la maison, pour ne pas être responsable des angoisses d’Ugo. Mais dans les moments où elle se sentait intrépide, elle faisait en sorte qu’il soit au courant de tout, notamment quand elle se rendait chez son meilleur-ami, et qu’elle était absente au retour de l’avocat. « Hey ! » se plaigna-t-elle gentiment, quand elle reçue de l’eau, et qu’il la menaçait de l’abandonner au milieu de l’eau. « Ça ne serait pas plus mal, ça mettrait un terme à bien des complications. » dit-elle sans réfléchir, comme il lui arrivait parfois de faire. Sauf que, si au début elle ne prenait pas conscience du poids de ses mots, elle y parvenait aujourd’hui, et là, elle sentait que ce n’était pas des mots à dire à haute voix. « Désolée, j’ai parfois des idées lugubres qui me passent dans la tête. D’habitude, je les inscris dans un journal mais là… ça va être compliqué. » Juliet faisait des progrès pour s’adapter, pour comprendre le monde qui l’entourait, mais pour son état psychologique, elle faisait un peu du surplace. Les écrits dans ses journaux se ressemblaient. Il y avait toujours autant de noirceurs, de propos négatifs à son encontre. L’image renvoyée était bien différente du reflet qu’elle voyait dans le miroir.
Alors elle nageait, un peu, sans trop s’éloigner. Elle souriait à Chad en le voyant remonter dans le bateau pour replonger aussitôt dans l’eau, avec toujours autant de douceur. S’il y avait des poissons autour d’eux, ils allaient avoir la peur de leur vie. « Hum non, je n’ai absolument rien d’une sirène. » Juliet devait se baser sur les livres qu’elle avait lu, n’ayant pas encore réellement mis le nez dans les films et les séries. Elle pouvait seulement imaginer la scène, se comparer à ces femmes, et affirmer qu’elle n’avait rien en commun avec elles. « En fait, je ne serais même pas l’héroïne de ma propre histoire, mais plutôt un personnage secondaire je crois. Pas de sirène, de princesse, de reine ou impératrice. Si tu voulais une princesse, tu t’es trompé de fille je crois. Je suis juste moi, ou l’ombre de moi-même. » Les mauvaises pensées étaient toujours bien plus fortes que le faible esprit de la jeune femme, qui décida de remonter à bord du bateau pour s’y asseoir. Le soleil lui permettait de ne pas frissonner, et serait d’une grande aide pour sécher un peu. « Je crois que j’ai envie de rentrer, ça fait beaucoup de nouveautés et d’expériences pour aujourd’hui. » dit-elle alors, sentant la déception pointer le bout de son nez, de la déception envers elle-même, et ses vieux démons qui ne voulaient pas la lâcher ne serait-ce qu’une minuscule journée.
( Pando )
Chad Tate
Chanel
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(#)Sujet: Re: be a light in my world ✤ | Mer 4 Aoû - 9:31
Juliet semblait être bien plus à l'aise et ça faisait vraiment du bien à voir. Depuis quelques semaines, j'étais pas mal renfermé sur moi-même. Depuis que Libby avait décidé de me quitter, comme ça, du jour au lendemain, j'avais décidé que rien ne pourrait m'arriver de vraiment bon. Je ne faisais plus grand chose, ou du moins je mettais moins de coeur à l'ouvrage. J'allais toujours à la salle évidemment puisqu'il s'agit de mon business que je dois faire tourner, mais je fais le minimum syndical. Je prends mes rendez-vous, je coach quelques clients. A l'asso, je cherche à changer de nom. Rien ne me vient, c'est assez horrible et rien que l'endroit me rappelle sa présence. Je n'arrive à rien de constructif et ça commence vraiment à me rendre barge. Moi qui suis si dynamique, si entrepreneur, faire du sur-place comme cela ne m'aide pas du tout. Au contraire. J'ai l'impression d'être un poisson dans son mini-aquarium et de ne pas trouver la sortie.
Cette rencontre me faisait du bien. C'était nouveau et inédit. Elle ne me connaissait pas et ne me collait donc pas l'étiquette de "abandonné du jour au lendemain par l'amour de sa vie" sur le front que faisaient bien trop mon entourage ces derniers temps. je ne leur en veux pas, attention. Jamais je n'en voudrais à Dani ou à ma meilleure amie pour ces choses-là. Elles veulent faire bien. Mais le regard de Juliet sur ma personne me faisait du bien. Lui changer les idées aussi, me faisais du bien. Etre au milieu de l'eau avec elle, lui parler de requins, de sports nautiques et de sirènes me faisait du bien. Elle finissait même par trouver une manière de me dire qu'elle ne comprenait pas sans avoir honte comme elle me disait plus tôt. Je ris à sa remarque. oooook on le notera sur un bout de feuille que tu pourras montrer à ton frère. D'ici la fin de l'année, je viendrais voir toutes les cases cochées! riais-je alors en, prenant sa remarque pour une blague, bien que j'avais évidemment compris qu'elle n'avait pas saisi le sens des termes que je venais d'utiliser. C'était normal, tout cela était bien nouveau pour elle. Alors lui parler de sport nautique... J'avais poussé sur l'abus. Mais elle ne le prenait pas mal et ça me faisait plaisir. Etre dans sa situation devait être horrible et je comprenais son état de désespoir face à tout cela. Il lui faudrait énormément de temps pour s'adapter à un monde qui devait lui être présenté bébé pour le saisir pleinement.
Soudain, je sentais que je la perdais peu à peu. Alors que j'avais fais quelques vannes innocentes, elle semblait être rattrapée par autre chose. Elle ne répondait plus sur le même ton, finissait même par devenir lugubre. Je fronçais les sourcils. Elle me l'avouait, d'ailleurs, me disant qu'elle avait l'habitude d'écrire quand ça lui arrivait. Je la vis alors remonter à bord du bateau après m'avoir dit qu'elle ne se pensait même pas l'héroïne de sa propre histoire. Alors que je la suivais, elle me demandait de rentrer maintenant. Elle pensait avoir fait son quota de nouvelles expériences pour la journée. Je prenais une serviette de mes affaires pour la poser sur ses épaules. Puis je m'asseyais près d'elle. Juliet, tu... tu sais je ne cherche rien en toi. personne n'a rien à chercher en toi. on ne te demande pas d'être l'héroïne de ta propre vie, à vrai dire. Personne n'a à te demander quoique ce soit, en fin de compte. lui fis-je alors, posant mes coudes sur mes genoux. tu sais... je pense que tu as le droit de savoir mon histoire, à moi aussi. lui fis-je alors d'un coup. je me rendais compte que je l'avais beaucoup entendue parler. peut-être que de savoir que toutes les histoires ne sont pas faciles l'aiderait à se dire qu'elle n'était pas seule et puis aussi à en savoir plus sur moi. Je mettais en route doucement le moteur pour nous ramener tranquillement sur la plage. je viens d'une grosse ville de ce pays appelé New York. Plus au Nord. Je vivais là-bas avec ma petite soeur et... mes parents. Mon père était à la tête d'un... la mafia ne lui dirait rien. à moins qu'elle en ait vu dans des films avec son frère. Il fallait que je parle de façon simple. d'un groupe de personnes malfaisantes et il m'a fait entrer là-dedans de force. Il nous frappait, ma soeur et moi. et ma mère... ma mère se droguait et vendait son corps, si tu vois ce que je veux dire. lui fis-je alors en termes simples. j'ai tout fait pour ramasser assez d'argent pour qu'à la majorité, je puisse faire fuir ma petite soeur et moi ici, nous construire une vraie vie. C'est pour ça que le concept de grand frère protecteur, tu vois, je connais. lui fis-je alors en souriant. ici j'ai vécu beaucoup de choses. j'ai même retrouvé celle que j'aimais à New York. Elle venait d'un autre pays, elle aussi, je me suis battu pour qu'elle puisse rester. On s'est marié, il n'y a pas si longtemps et puis... il y a quelques semaines, je me suis réveillé un matin et elle était partie. lui fis-je alors très brièvement mais clairement. Je levais les mains. alors est-ce que je peux vraiment dire que je suis le héros de mon histoire, moi aussi? sûrement pas. mais toutes ces choses-là, ces choses que j'ai appris à apprécier et qui me font du bien, comme toi lire ou écrire. lui fis-je en lui montrant le bateau, la mer et pensant à ma soeur aussi. des idées lugubres on en a tous. il faut juste apprendre à accepter qu'on ne mérite pas de les laisser prendre le dessus. lui fis-je alors simplement en lui souriant en conclusion.
On arrivait à bon port et je stabilisais et garais le bateau avant de l'aider à en descendre, où nous avions pieds, ainsi qu'un petit bout de papier avec mon numéro de téléphone et un petit mot indiquant "quand tu voudras revoir la mer" dessous. je te laisse retrouver ton frère. garde ça, et n'hésites pas à l'utiliser si jamais... si jamais ton frère te laisse passer du temps avec tes propres amis. lui fis-je en lui souriant. Je me disais que de lui montrer qu'elle avait lié cette relation humaine avec moi seule, sans l'aide de son frère, pourrait l'aider psychologiquement à se sentir capable d'y arriver. Evidemment, s'il fallait se présenter à son frère pour le et la rassurer, je pourrais le faire sans problèmes. Mais selon moi, elle devait créer son propre cercle seule, sans que son frère soit derrière à valider les candidatures. Même si oh dieu je sais comme moi même j'aurais été incapable de le faire pour Dani.
( Pando )
Juliet Tremblay
Desigual
- messages : 261 - feat. & crédit : zoey deutch (Chlor) - anniversaire : 02/04/1995 - activité : le petit papillon s'est posé dans un champs de fleurs pour s'épanouir (vendeuse chez un fleuriste depuis le 13/08/21). - double compte : Eden, le calme avant la tempête.
(#)Sujet: Re: be a light in my world ✤ | Mer 4 Aoû - 21:38
Le souci, lorsqu’on avait passé presque l’intégralité de son existence dans une sorte de secte, à l’abri du monde réel, c’était l’état psychologique. Personne ne pouvait en ressortir intact, plus fort(e) que jamais. Juliet se sentait totalement brisée de l’intérieur, physiquement, psychologiquement, émotionnellement. Elle se sentait comme une équilibriste, marchant sur une corde raide au-dessus du vide, avec le risque de tomber à tout instant qui planait au-dessus de sa tête. Ses émotions étaient aussi variables que la météo, le vent pouvait tourner à tout instant, aussi vite que ses humeurs. Un éclat de rire pouvait précéder un lourd état de solitude, des pensées sordides à l’esprit, des envies funestes dans la tête. Le bon moment qu’elle passait avec Chad, loin de son quotidien éreintant, venait de prendre fin, et c’était entièrement sa faute. Une simple plaisanterie, parfaitement comprise, qui avait su allumer le côté sombre de la belle, et la faire replonger dans ses tourments, comme enveloppée dans la couverture presque rassurante de la mélancolie. Elle s’en voulait d’être aussi changeante, trop à fleur de peau pour contrôler ce qui osait passer dans son esprit, même parfois de façon furtive, mais elle était ainsi Juliet, encore une jolie poupée brisée de l’intérieur, avec beaucoup trop de morceaux à recoller pour que ça se fasse en quelques jours, quelques semaines. De retour sur le bateau, elle énonçait son envie de rentrer, de couper court à ce doux moment. C’était un souhait à contre-coeur, car elle aimait la compagnie de Chad, ne pas sentir un regard de jugement sur elle, mais de la compréhension et de la bienveillance. Néanmoins, elle ne pouvait faire autrement. Elle n’était pas assez forte pour gagner le combat, la lutte incessante qu’il y avait en elle chaque jour depuis qu’elle avait posé un pied sur le sol de Floride. Le jeune homme, toujours aussi attentionné, déposa une serviette sur ses épaules. Un geste qui avait amené de la proximité, et pourtant, la belle n’avait pas jugé bon de sursauter, ou de s’éloigner. Elle l’écoutait, simplement. Buvait ses paroles comme si elles pouvaient lui apporter la réponse à tous ses maux. Mais il n’en était rien. Comme à chaque fois. Des sons qui n’avaient pas encore l’impact suffisant pour déclencher une réaction chez la Tremblay. Elle perdait espoir Juliet, voulait baisser les bras, mais son doux regard se décrocha de ses mains pour trouver les yeux de Chad, qui lui confessait sa propre histoire. Elle voulait l’arrêter, lui dire qu’il n’était pas obligé, mais les mots restèrent dans sa gorge, le récit pénétrant déjà les chastes oreilles de la jeunette. Il faisait attention à ses mots, et Juliet appréciait cette attention, assez pour qu’un sourire se dessine sans qu’elle ne le remarque elle-même. Ce qu’elle retenait de son histoire ? Que la vie n’était pas forcément un fleuve tranquille, qu’il pouvait y avoir de nombreuses épreuves à surmonter, et que malgré tout ça, il ne fallait jamais baisser les bras. Toujours se relever, et plus fort qu’avant le dernier coup. Enfin, c’était de la théorie. « J’entends ce que tu me dis, mais il y a un truc là-haut… » dit-elle en désignant sa tête. « Quelque chose qui bloque pour l’instant. J’entends les mots de mes proches, ils veulent me rassurer, m’assurer que je ne suis pas une petite chose brisée mais une jeune femme qui a beaucoup de choses à découvrir mais… c’est effrayant, et je crois que je me met une pression monstre toute seule. Je voudrais tout savoir le plus vite possible pour ne plus être jugée, me sentir idiote de ne pas savoir certaines choses évidentes pour vous et… ça a juste l’effet inverse. » Comme quoi, il ne fallait pas forcément aller chez un psychologue pour dire à haute voix ce que l’on refusait d’admettre. Il était possible de le faire avec un parfait inconnu, qui avait cru durant un instant que vous étiez en danger. « Je voudrais juste pouvoir appuyer sur un bouton pour tout stopper. Ou ralentir le temps, afin d’apprendre à mon rythme. Mais c’est impossible, et je vais juste devoir apprendre à faire avec. » Ou pas, mais ça, c’était une pensée encore plus lugubre qui ne pourrait pas franchir le seuil de ses lèvres.
Après quelques minutes de navigation, le bateau était de retour sur la plage, s’immobilisait près du sable. Toujours aussi galant, Chad aida la pauvre Juliet à descendre de l’embarcation, qui avait troqué la serviette contre sa robe, même si ses sous-vêtements n’avaient pas eu le temps de sécher. Un détail minuscule dans le monde de la belle tourmentée. Les pieds ancrés dans le sol, ses affaires dont ses chaussures dans une main, elle accepta le morceau de papier tendu par le jeune homme où était inscrit son numéro de téléphone. Elle se promettait de l’ajouter à son répertoire dès qu’elle aurait rechargé son mobile pour ne pas prendre le risque de le perdre. « Ce n’est pas lui le problème, c’est moi. Lui voudrait me voir m’épanouir, m’intégrer sauf que… c’est une source d’angoisses pour le moment. Mais, comme on a passé un moment ensemble, ça ne devrait pas être trop compliqué pour envisager de te revoir. Je ne promet juste pas que ça se fasse rapidement… » Elle préférait être honnête avec lui, il y avait très peu de chance qu’elle le contacte dans les prochains jours. Avec Juliet, c’était un pas en avant, et trois en arrière. Alors, il fallait espérer que Chad soit quelqu’un de très patient, et qu’il ne passe pas ses journées pendues à son téléphone dans l’attente d’un message. Avant de partir, la jolie blonde redemanda à Chad le meilleur chemin pour retourner chez son frère. Maintenant qu’il était au courant de sa situation, les mots étaient plus simples à comprendre. « Merci Chad pour ce moment. Et pour m’avoir aidé. Je pense que sans toi, je serais encore avec mon nouvel ami le chat. » Un ami très mignon, mais source d’allergie. À ses mots, Juliet ajouta une marque d’affection assez inattendu et spontané. Un baiser, déposé sur la joue du jeune homme. Elle était la première surprise par ce geste, ne le comprenait pas forcément, mais elle avait ressenti l’envie de le faire. Sans attendre davantage, elle adressa un geste de la main au coach sportif, et s’éloigna de lui, ses instructions précieusement ancrées dans sa tête pour revenir à bon port. En rentrant, il ne fallait pas douter qu’elle raconterait ses aventures à son frère, mais en omettant quelques détails comme la blessure et le fait qu’elle se soit perdue. Pour le reste, elle pourrait lui dire le cœur léger qu’elle avait su faire confiance à un inconnu, et que ça lui avait permis de passer un agréable moment.