Olten B.-H. Hernández

I'm untouchable darkness, a dirty black river to get you through this. In the mouth of madness, down in the darkness

Qu’est-ce que c’est qu’un caractère ? Je ne sais pas vraiment. Je suis forte mais aussi détruite par ma propre vie. Je n’arrive jamais à rester en place, à me poser pour réfléchir, j’agis toujours sous l’impulsion. Je suis inerte depuis peu de temps, je suis complètement déconnecté de la vie. Parfois je me lève avec la plus grande envie de café du monde et au final je me sers un verre d’eau. Il n’y a pas si longtemps j’étais une fille pleine de joie et complètement enfantine. Tout le monde me trouvait attachante et hyperactive, mais maintenant ça a bel et bien changé, je suis la fille qui fait peur à sa famille et à son ex, je suis celle qui n’arrête pas de prendre la mauvaise direction, les mauvaises décisions. Je suis celle qui boit du champagne toute une soirée sans même déguster pour se soûler et oublier sa vie. Faire semblant d’être quelqu’un d’autre pour ne plus avoir mal constamment. J'aime le fait de pouvoir être libre durant une soirée.


De long cheveux bruns, ils sont ondulés voir même bouclé la plupart du temps. J’aime les lisser parce que ça me donne un côté plus mature, un côté plus sombre et plus mystérieux. Quand ils sont bouclés, c’est comme si je suis la fille la plus adorable du monde. Et quand je les laisse naturel on dirait une délinquante. Une vraie bonne délinquante. J’ai les traits du visage assez prononcés même vraiment bien prononcé, ça se voit quand on regarde ma mâchoire, de près comme de loin. J’ai un nez fin, des yeux clairs et un corps assez squelettique. J’ai des petits seins qui sont assez imposant à mes yeux. Mes fesses sont plates selon mes copines mais pas selon mon ex. D’après lui, j’étais parfaite. Je pense que l’amour rend vraiment aveugle. J’ai de petits pieds, de petites oreilles et des doigts prêts à accueillir n’importe quelle bague. Ma bouche est pulpeuse quand elle a du rouge à lèvre, et toujours très attirante quand elle est nue. Je me suis fait un tatouage à mon vingt-deuxième anniversaire, lorsque mon frère est partit pour le front. Dessus il y a ses initiales. Ce tatouage se trouve sur mon poignet. Je le regarde à chaque fois qu’il me manque. Et je le regarde de plus en plus.

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Derrière l'écran

Histoire

La vie, qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qu’on sait exactement dessus ? Rien. Elle est si injuste, et pourtant beaucoup de personne la voie comme miraculeuse et bénis des dieux. Les dieux. Quelle bonne blague ceux-là. Je n’en peux plus de me dire qu’ils m’ont abandonné dès mon premier anniversaire. Je me souviendrais toujours de tout ce qui m’est arrivé dans ma vie, parce que c’est ce qui fait qu’aujourd’hui je suis perdue, je suis l’ombre de moi-même. On peut dire que jusqu’à mes six ans j’ai eu une vie plutôt calme. Parce qu’à cette nouvelle année qui commençait pour moi, pour ma vie, ma mère m’a trouvé dans le jardin très mal et très faible. Je faisais une crise de tachycardie. Mon cœur c’était accéléré considérablement et je souffrais de douleurs thoraciques. Je m’étais couché par terre pour me calmer et ça n’avait rien fait d’extraordinaire, j’avais quand même dû aller à l’hôpital, où mes parents ont eu la pire nouvelle de leur vie. « Votre fille est tachycarde et il y a une malformation cardiaque apparente sur sa radio. Regardez ici, on dirait un trou béant. Et selon les tests ont peut vous confirmer qu’elle l’a depuis sa naissance, donc ce n’est pas alertant, ni même dangereux. Ne vous inquiétez pas. » En entendant tout ces mots compliqués, j’avais cru que mon heure était sonnée, que ma vie allait enfin se terminer et que je n’allais plus jamais revoir mon frère. Mais mes parents m’ont ramené chez moi, et m’ont mis au lit. Je me souviens du baiser de ma mère sur mon front. Je me souviens de la douceur de sa caresse sur ma joue. Je me souviens de son sourire quand elle refermait la porte derrière elle. Mais ce qui m’avait le plus fait peur, c’était que je ne me réveille jamais, alors j’avais attendu dix minutes avant de me lever et de rejoindre Graham dans son lit, le serrant contre moi, laissant les larmes enfermées depuis un moment s’écouler de mes yeux. J’avais passé la pire nuit de ma vie, mais j’avais quand même terminée par m’endormir dans ses bras. À mes douze ans, j’avais compris qu’il fallait que je me méfie des journées qui semblaient parfaites. Quand on fait un château de sable sur la plage avec sa mère à demi présente parce qu'en même temps de t'aider, elle arrive à lire un livre et que toi tu admire ton grand-frère jouer avec ses amis, on ne pense pas qu'à un moment donné, quelqu'un appèlerait ma mère pour lui dire d'aller tout de suite à l'hôpital. Non, on ne pense pas qu'en une si belle journée on devrait ce rendre dans ces couloirs sinistres et effrayant. Les médecins disaient que mon père était partit et ma mère disait qu'il avait rejoint grand-père. Elle pensait que je ne comprendrais pas, elle pensait que j’étais encore une petite fille, mais j’avais bien compris qu’il n’avait pas choisit de rejoindre les cieux, j’avais compris que voilà, mon père n’allait plus jamais revenir. Et c’est là que le calvaire de ma mère a commencé, elle a dû travailler plus fort pour qu’on puisse continuer notre train de vie. Et je lui en serais toujours reconnaissante. Dieu détestait notre famille, il nous détestait tous, parce que ma mère n’avait jamais fait de mal à personne et du jour au lendemain elle se trimballe un cancer du sein. Quelques années après seulement. J’avais voulu tout casser dans le bureau de son médecin. J’avais voulu détruire son visage. Ma mère ne pouvait pas continuer de souffrir comme ça, elle ne pouvait pas avoir encore une mauvaise nouvelle, ça allait l’achever. Graham prenait sur lui aussi, il faisait tout pour aider la famille, pour prendre des responsabilités. Je le respectais pour ça, et je n’arrivais pas à leur annoncer que je séchais les cours, que je faisais le mur pour ne pas me coltiner des professeurs assommants. Pour ne pas avoir à expliquer à mes camarades que ma vie craignait depuis toujours. Pour ne pas pleurer à chaque question qu’on me posera. Je ne voulais pas leur cacher, leur mentir, je voulais vraiment leur avouer ça, mais ce n’était jamais le bon moment. Surtout que j’avais beaucoup eu de crises de nerf après ma prise d’otage au supermarché. À ce moment, j’avais été très affolée parce que j’avais peur d’avoir une nouvelle crise de tachycardie sur le dos, et ça avait bien commencé pour quand les fusils tiraient vers le plafond. Mais une chance, j’étais sortie de là à temps. J’étais sortie avant que mon cœur ne batte trop vite. J’étais sortie avant que ma respiration ne devienne trop difficile. Les policiers avaient même appelés une ambulance quand ma mère avait dit que j’étais malade. Je m’étais sentie assez inutile. Je m’étais sentie observé de tous. Et j’avais peut-être mieux fait de rester chez moi ce jour-là, parce que c’est ce qui a donné envie à Graham de rejoindre l’armée. À cette annonce, j’avais l’impression de mourir. Je pouvais le perdre en un instant. Je pouvais ne plus jamais revoir mon frère. J’avais cette peur au ventre. À chaque fois qu’il revenait j’étais la fille la plus heureuse du monde, mais quand la lettre de son nouveau départ arrivait, j’avais des crises de panique, que je ne lui montrais pas. Surtout que là-bas, on ne sait jamais ce qui peut arriver. « Madame Hernández, votre fils est porté disparu, nous faisons tout notre possible pour le retrouver, on vous le promet. » Quand la vie vous afflige une peine de plus. Quand la vie vous montre que jusqu’à la fin, vous ne serez qu’une cible sur laquelle elle s’acharne. Quand votre monde s’effondre et que vous passez des jours à vous lamenter sur vous-même. Quand finalement, vous vous relevez. Quand vous lancez vos propres recherches parce que vous avez trop peur que celle de l’armée ne le retrouve jamais. J’étais dans le flou total avec ma vie. Je ne savais pas quoi faire ni même quoi penser. J’étais une goutte dans un vaste océan. Mon frère venait de disparaître et allez savoir pourquoi ça ma préoccupait comme pas possible. Juste avant de savoir pour sa disparition, j’avais accepté de me fiancé avec un homme formidable, un homme qui m’aimait depuis deux ans maintenant. Et depuis, je suis la pire peste qu’il pouvait avoir un jour aimé. Je ne mangeais presque plus, je l’envoyais balader. Je gâchais ma vie parce que je me sentais seule. Je ne savais pas quoi lui dire pour qu’il s’en aille loin de moi, il s’accrochait tellement fort et je l’aimais trop pour le dégoûter à vie. Si tout cela n’était jamais arrivé, je me serais mariée en robe blanche et Graham m’aurait amené jusqu’à l’autel dans son uniforme. On aurait enfin eu une bonne chose dans nos vies, mais à l’annonce de sa disparition, j’avais rapidement fait une croix sur la possibilité d’un bonheur futur. Peut-être que je n’allais jamais retrouver mon frère. Peut-être qu’il valait mieux que j’abandonne toute ma vie et que je ne m’occupe que de mon couple. Mais ça me semblait si égoïste. Tellement égoïste, que j’avais engagé un détective privé pour le retrouver et que la seule piste qu’il m’avait donné, c’était une possible correspondance à Miami. Je n’avais pas attendu deux minutes que mon billet était déjà réservé et que j’allais m’envoler pour cette ville merveilleuse. Deux mois c’était écoulé depuis sa disparition, fallait-il vraiment que j’attende encore ? Non. Je ne pouvais pas l’abandonner, pas maintenant, pas comme ça. Pas sans revoir mon frère.

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