little talks

Celestina était arrivée en ville il y a de cela un mois. Je lui avais dégoter un boulot au sein de mon cabinet privée. J’étais contente de la retrouver auprès de moi après ces années de séparation. Elle était ma meilleure amie et savait tout de moi. C’était certainement la seule à en savoir autant à mon propos. Sept mois auparavant j’avais eu vent d’un poste de cardiologue qui allait se libérer pour l’année 2016 à l’hôpital. Sautant sur l’occasion, j’avais contacté mon amie Charleen pour lui faire part de la nouvelle. Ce n’était pas sans réfléchir que j’avais proposé ce poste à Charleen. Elle était l’amie la plus proche de ma meilleure amie avec moi et je savais que si Charleen venait à s’installer à Miami, Celestina ferait peut-être de même. Quelle manipulatrice je faisais des fois. Je savais que c’était mal, mais en ce moment j’avais plus besoin que tout d’être entourée par mes amies. Après ma rupture avec Derek, j’avais décidée de suivre un séminaire à New-York histoire de prendre du recul sur ce qui venait de chambouler ma vie. J’avais passé le nouvel an avec les filles et avait parlé à Celestina d’un poste dans mon cabinet privé. Charleen, embauchée à l’hôpital, poussa Celestina à venir nous rejoindre.

J’avais très peu vue Charleen depuis son arrivée à Miami en janvier. Chacune de nous avaient été très prises par son boulot respectif, et moi d’autant plus que je bossais sur deux postes, voire trois postes en même temps. Le poste de gynécologue n’avait toujours pas trouvé preneur à croire que les gynéco préféraient les montagnes enneigées aux belles plages de Floride. En plus avec ma rupture avec Derek, l’internement de Violette en hôpital psy, et il y a peu l’arrivée d’Ethan en ville, j’avais coupé les ponts avec un peu tout le monde, me plongeant dans mon travail et dans des réflexions intérieures afin de prendre de bonnes décisions sur la vie personnelle. Charleen m’avait contacté pour me demander de déjeuner avec elle ce que j’avais accepté aussitôt. Une part de moi, la part dépressive au possible, avait juste envie de refuser et de se planquer sous sa couette, mais je luttai contre elle et accepta pour mon bien et le bien de mon amitié avec la jeune femme.

« Charleen ! Oui vient à la maison, je ne travaille pas cette après-midi, je serais chez moi vers treize heures. »

Je ne travaillais jamais le vendredi après-midi et cela tombait très bien. Je raccrochai le téléphone pour composer le numéro de la livraison à domicile d’un fast-food végétarien. Je commandais des bagels avec des frites et des boissons, le tout pour treize heures dix, au cas où je serais en retard chez moi. Je ne savais pas cuisiner alors les livraisons à domicile c’était mes meilleures amies. Je quittai le cabinet à midi quinze et rentrai chez moi. Une demi-heure plus tard j’avais troqué ma tenue élégante de travail pour un short, un débardeur et une paire de tong. Je regardais mes sms et vit un ancien texto d’Ethan auquel je n’avais pas répondu : une vielle photo de nous deux datant d’au moins des années 2000. Je devins soudain très nostalgique mais heureusement la sonnette de ma porte d’entrée me ramena à la réalité. Je posais mon portable et alla ouvrir à mon amie qui attendait sur le pas de ma porte. Nous habitions dans le même immeuble, et pourtant il était difficile de se croiser. Je lui fis la bise avec un sourire.

« Vas-y entre. Comment tu vas ? T’as l’air un peu fatiguée, les gardes de nuit t’achèvent ou quoi ? » plaisantai-je en rigolant.

Je la fis entrer dans mon appartement et regarda l’heure sur ma montre. La livraison de nos plats devraient arrivée d’ici peu. Je la suivis jusque dans le salon, où je bifurquai vers ma cuisine ensuite. Je pris deux verres et une carafe d’eau bien fraiche que j’avais mise au frigo, et rapporta le tous dans le salon.