I'm sorry for being me.

Je n'étais pas capable d'arrêter de pleurer, c'était comme si tout sortait d'un coup et qu'il n'y avait aucune fin à tout cela. Je m'en voulais et surtout je trouvais que ma vie était vraiment nulle. Pas étonnant que les gens ne veulent même pas s'approcher de moi ou bien ne veulent pas devenir mon ami. J'étais fou. C'était tout ce que je pouvais dire. Elizabeth devait regretter de m'avoir fait entrer chez elle maintenant. Je m'écrasai au sol et je continuai de pleurer et Elizabeth essayait de me calmer, mais je n'y arrivais pas... Je voyais tellement de négatif à présent qu'il était difficile de se calmer. Je pense qu'il valait mieux que je parte d'ici, je ne voulais pas faire subir tout ça à Elizabeth... Déjà que je l'avais abandonné pendant 3 mois, je n'allais pas non plus en rajouter... Pourtant, j'étais incapable de me lever. C'était comme si mon corps pesait une tonne. Mon amie vint s'installer à côté de moi, puis sans m'y attendre, elle posa ses mains sur mes épaules, ce qui eut don de m'apaiser un instant, puis je sentis ses bras contre moi pour m'envelopper. Je regardai mon amie les yeux rempli de larmes, ma vision avait beau est brouillée, mais je voyais tout l'effort qu'elle venait de mettre dans ce geste. Au lieu de la repousser, je posai ma main sur mon bras et je la laissai continuer à me faire un câlin, parce qu'après tout, c'est tout dont ce que j'avais besoin. Ça faisait des années que je n'en avais pas eu droit et je dois dire que c'était tellement le meilleur sentiment au monde. Mon pouls diminua et mes larmes cessèrent de couler peu à peu, ça faisait tellement de bien d'avoir quelqu'un pour me rassurer. Je fermai les yeux un instant avant de prendre une grande inspiration et je revis maintenant ces mêmes images qui m'avaient troublés la dernière fois qu'on s'était vu. Ma main quitta le bras de mon amie et je dû m'extirper de son câlin avant de me tourner vers elle. C'était comme si tout d'un coup j'avais réaliser que je la touchait et mes visions étaient venues.

- Merci... Je sais que ça dû être difficile pour toi de faire ça.

J'avais senti également de la tristesse, la peur que je ne me contrôle pas, que je fasse une crise, c'est pourquoi je voulu tout de suite rectifier ça. Je m'essuyai alors les yeux pour pouvoir parler plus calmement à mon amie. Ma voix était légèrement tremblante, mais elle allait pouvoir mieux me comprendre maintenant.  

- Je.... Je fais pas de crises quand on me touche... c'est si on me provoque et que je me mets en colère... Tu n'as pas à avoir peur de moi... Jamais...

J'avais blottis mes genoux contre moi et je la regardai toujours. Il y avait une chose dont je voulais lui parler et ce depuis la dernière fois. Je voulais lui parler de ce que je voyais quand elle me touchait parce que ça me faisait vraiment peur.

- Quand je touche les gens, je vois des choses... des images de leur vie passée, je ressens ses émotions et quelques fois j'ai droit au futur... Quand tu m'as touché la dernière fois qu'on s'est vu et maintenant.... j'ai revu la même chose... et je n'aime pas ça Eli!

Mes sourcils s'était froncés pour montrer mon inquiétude....

- Je n'ai jamais fouillé dans ta tête, j'ai toujours respecté ce qui t'es arrivé sans rien te demander... mais j'ai vu et j'ai vécu ta détresse et je suis encore tout chamboulé de ce mal être que tu as vécu...... Tu n'es pas obligée de m'en parler.... Je peux.... Je peux te toucher aussi et "voir" si tu ne veux pas utiliser des mots....

Parce que je ne m'étais jamais permis de voir plus loin par soucis d'intimité. Parce qu'Elizabeth est mon amie et que je la respecte énormément. Je ne savais pas quel option elle allait choisir, mais si elle ne voulait pas m'en parler, je ne forcerai rien. J'étais prêt à la toucher pour qu'elle me dévoile son passé, mais je savais déjà quel effet cela allait avoir sur moi. Bref, j'avais peur peu importe ce qu'elle choisirait parce que je savais qu'elle avait vécu de vilaines choses.

I'm sorry for being me.

Je ne savais pas ça remontait à quand la dernière fois que j’avais donné ou reçu un câlin. Ça m’avait pris beaucoup pour pouvoir toucher Edward. Pas qu’il me faisait peur ou me dégoutait, pas du tout. Ce n’était pas personnel à lui, c’était de plus de manière générale. J’avais toutefois enroulée mes bras autour de lui. J’avais pris mon courage à deux mains, j’en avais pas beaucoup de courage dans mon petit corps… mais j’avais saisit le plus que je pouvais pour lui offrir mon support et je pensais bien que c’était une bonne manière de lui montrer que je tenais à lui… car il savait tout comme moi à quel point c’était difficile de pouvoir avoir un contact physique. J’avais le cœur qui battait à une vitesse folle et c’est après un petit moment qu’Edward y mit fin.

Il se tourna vers moi et me remercia car il savait que c’était difficile pour moi. Je me contentai de lui sourire très légèrement. J’aurais pu lui répondre que pour lui, je me sentais capable de faire bien des choses mais je ne le fis pas, ce n’était pas approprié et j’étais mal à l’aise de dire tout ça. Il m’expliqua alors que je n’avais rien à craindre, que ce n’était pas quand on le touchait les crises, c’était lorsqu’on le provoquait.

« Je n’ai pas peur de toi Edward. »

Je voulais qu’il soit persuadé de ça car s’il y avait bien d’une personne dont je n’avais pas peur, c’était bien lui. Je le regardai ramener ses genoux vers son corps. J’étais à genoux et je me laissai tomber sur les fesses. J’avais l’impression qu’il avait encore à me dire et mon impression ne fut pas fausse puisqu’il enchaina en me parlant encore une fois, de son histoire de don que je n’avais pas trop compris quelques minutes plus tôt. J’avais haussé les sourcils à ce qu’il m’avait dit. J’étais au courant que certaines personnes avaient des dons et je m’étais toujours promis que lorsque j’aurai l’argent, j’irai voir quelqu’un pour communiquer avec ma mère. J’étais toutefois plus que surprise que mon ami soit un médium. Du moins, c’est ce que je compris avec ce qu’il me disait. Mes sourcils se froncèrent en même temps que lui lorsqu’il me dit qu’il avait vu des choses qu’il n’avait pas aimées dans ma tête. Je n’aimais pas l’idée qu’on puisse voir en moi alors que je ne le souhaitais pas.

Il avait donc une idée de ce que j’avais bien pu vivre. Mais qu’est-ce qu’il avait vu exactement? C’était un peu triste à dire mais j’avais vécu tellement de chose dans ma pauvre petite vie que c’était difficile à voir. Je me doutais toutefois de ce qu’il avait vu et voilà que maintenant, il voulait essayer d’en savoir d’avantage. J’avais ouvert la bouche pour la refermer aussitôt. Je haussai les épaules puis commença à passer ma main contre ma cuisse, mal à l’aise.

« Je… euhm… je sais pas si j’en ai… envie. »

Je me pinçai les lèvres en ramenant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je relevai la tête pour regarder Edward puis fronçai les sourcils.

« J’aimerais que tu me dises ce que tu as vu jusqu’à maintenant… C’est pour ça que tu t’es enfui la dernière fois? »

Et peut-être ainsi, j’allais changer d’avis. On dirait que j’étais encore un peu septique à ce qu’il me disait. S’il avait bien raison, j’allais voir ensuite si j’allais lui en parler. Je n’en avais jamais parlé à personne mais ce n’était pas impossible. Je voulais juste être certaine que ce n’était pas uniquement une tactique pour me faire parler à propos de mes problèmes. Je faisais confiance à Edward, plus qu’à n’importe qui mais j’étais quelqu’un de méfiante de nature.

I'm sorry for being me.

Bien entendu qu'elle ne voulait pas en parler, je n'aurais tout simplement pas dû lui dire ça, je m'en voulais déjà et je ne voulais surtout pas qu'elle le prenne mal. Elle venait de m'aider et moi je venais de lui dire que je savais pour elle. Je la voyais déjà inquiète et je dirais que je me sentais déjà encore plus mal à cause de ça. Je pinçai mon bracelet au poignet pour recommencer à jouer avec de plus belle. Maintenant, elle voulait savoir ce que j'avais vu et je me sentais mal de lui raconter tout ça, car je sais que c'était vraiment personnel.

- Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée que je te dise ça, je n'aurais pas dû... je m'excuse... Je n'ai pas les idées claires depuis mon retour! J'ai du mal...

J'avais envie de pleurer à nouveau, mais Elizabeth m'invita vraiment à me prononcer sur ce que j'avais vu alors, je ne pouvais plus vraiment faire machine arrière...

- Je te vois une nuit, enfin, il fait noir, courir le long des terrains de maisons... Tu pleures, tu as peur, tu te sauves d'une personne en particulier. Tu paniques.... Tu pleures tellement, tu es détruite!

C'est comme ça que je m'étais senti et en prononçant ses mots, elle s'est mise à pleurer à son tour et je savais que je venais de lui rappeler son passé et lui faire du mal. Je m'en voulais tellement. Je crois qu'il valait mieux que je ne reste pas. Je m'étais levé, mais en même temps, je ne pouvais pas la laisser là. J'étais tellement malhabile que je laissai échappé un juron.

- Esti! Excuse-moi! Je n'aurais pas dû te parler de ça!

Je me remis à genoux devant elle pour lui faire face et je la regardai attentivement tout en étant compatissant. Je lui demanda de me regarder.

- Hey, c'est du passé, tu peux passer à autre chose Eli, ce que je vois, je ne le contrôle pas du tout... Et je n'ai pas rien vu d'autre si c'est ce que tu as peur...

Parce que je n'allais pas forcer les choses si elle ne voulait pas en parler ou s'en souvenir. C'était sa vie personnelle, pas la mienne. En même temps, ça ne pouvais pas être pire que moi... Enfin, j'en sais rien, on ne pouvait pas comparer la vie des gens avec d'autres. Tout est différent.. chaque personne a ses limites, ses expériences, son vécu...

I'm sorry for being me.

Ma réaction fit ne sorte qu’Edward regrette immédiatement ce qu’il venait de dire. Je ne voulais pas qu’il se sente mal mais c’était plus fort que moi. J’avais jamais parlé de tout ça avec personne et voilà qu’il me disait avoir vu des choses dans ma tête. J’étais déjà déstabiliser par ses « dons » et voilà qu’il me sortait un truc dans le genre. C’était difficile à assimiler mais je demandai néanmoins à mon ami de me faire part de ce qu’il avait vu. Je voulais qu’il me dise ce dont il était au courant bien que je savais que ça allait être difficile pour moi. Je ne parlais pas de tout ça car c’était trop difficile à dire, trop facile à assumer. Moi, je n’avais pas eu le droit à de l’amour comme tout le monde… la vie avait fait en sorte de donner un gros coup d’hache dans mon enfance et dans mon innocence, pour toujours.

Mon cœur s’emballa peu à peu à ce qu’Edward me disait. Sa vérité me fendait le cœur en deux et mes larmes se remplissaient de larmes. Tant de souvenirs horribles, tant d’évènement que j’aurais préféré oublié. Je m’étais mise à trembler, ma bouche devenait sèche et j’essayai d’avaler comme si ça allait me permettre de faire passer le tout mais c’était inutile. J’avais baissé la tête, honteuse de mon passé que je n’avais pas pu contrôler et voilà que mon ami s’en voulait alors qu’il n’avait pas raison d’avoir exposé la vérité. Je lui avais demandé… il l’avait fait et voilà qu’il avait raison. J’avais secoué la tête lorsqu’il s’était placé devant moi.

« Ce passé-là me poursuit comme la peste. Elle m’empêche d’avancer. Je fais du surplace depuis tellement longtemps Edward…. Tellement longtemps! »

Je me pinçai les lèvres en fermant les yeux. Probablement une tactique pour essayer d’arrêter de pleurer. Je passai le revers de ma main sous mes yeux pour effacer mes larmes. Puis, je recroisai le doux regard de mon ami, son petit regard inquiet. Les situations s’étaient inversées en un rien de temps.

« Personne n’est au courant… j’ai toujours tout gardé pour moi donc c’est très difficile de savoir que maintenant, tout ça ne m’est plus exclusif. » Je reniflai ma peine. « Mais je préfère que ça soit toi qui soit au courant… plutôt qu’un autre. »

Je lui faisais confiance à Edward. Je lui faisais confiance comme jamais je l’avais fait. Je ne comprenais pas trop pourquoi mais Eddy était en quelque sortes un baume sur mon cœur en peine. Il me faisait beaucoup de peine et il n’avait pas besoin de faire grand-chose pour que ça soit le cas. Sa présence, son sourire… sa compréhension. Edward était magique… et pas juste à cause de son don.

« Ça te ferait sentir mieux par rapport à moi si je te laissais tout voir? » demandais-je ensuite, croisant son regard à nouveau.

I'm sorry for being me.

Je vis trembler de peur mon amie, même que la voir pleurer me fit mal directement au coeur parce que ce n'était pas mon intention de la blesser. Je m'en voulais de lui avoir tout dit, mais je ne pouvais pas lui mentir sur les choses que je ressentais, sur le fait que j'étais au courant d'une partie de sa vie. Je m'étais donc installé devant elle pour la regarder d'un air désolé. Moi aussi, j'aimerais arriver à l'entourer de mes bras, mais maintenant qu'elle savait pour moi, elle ne voudrait sans doute pas me toucher. C'est pourquoi, je m'étais rapproché sans la toucher pour respecter son choix de m'avouer ou pas. J'étais rassuré qu'elle me dise qu'elle aimait mieux que ça soit moi qui soit au courant et pas un autre. ELle pouvait compter sur moi pour garder son secret si elle voulait se confier. Puis, elle me posa une question sur le fait que je pouvais me sentir mieux si je pouvais tout voir.

- Non... Je ne me sentirais sans doute pas mieux, je me sentirais sans doute mal pour toi. Je vais vivre les émotions que tu as vécu et je ne pourrais pas te dire que je me sentirais mieux parce que ça ne sera pas vrai.

Elle savait comment s'était quand je touchais les gens, je lui avais décrit la dernière fois qu'on s'était vu et c'était loin d'être une partie de plaisir.

- Je veux juste te dire que peu importe ce que tu as vécu, je suis là pour toi et tu n'as peut-être plus confiance en moi parce que j'ai été interné, mais je veux te dire que peu importe ce que tu as vécu, tu es mon amie et que je ne te jugerai pas. Pour une fois dans ma vie, j'ai trouvé quelqu'un qui pouvait comprendre le fait que de toucher était troublant.

Je regardai mon amie, si elle ne voulait pas le dire ou me laisser la toucher, je n'allais rien dire. Elle avait le droit de garder sa vie privée. Je la voyait les yeux encore baignés de larmes et j'étais en train de me dire que tout ça aurait pu être évité, si je n'avais pas ouvert ma bouche sur ce que j'avais vu...

I'm sorry for being me.

C’était une journée très forte en émotion, autant pour Edward que pour moi. L’un après l’autre, on faisait face à nos problèmes mais on se comprenait et on tentait de s’aider. Je l’avais pris dans mes bras et je devais avouer que j’étais encore secouée par ce geste, bien que je ne le touchais plus depuis un moment. Il avait commencé à me parler de ce qu’il avait vu en moi. Les images qu’il me mentionnait me rappelaient de mauvais souvenirs. Je m’étais mise à pleurer, bien malgré moi. C’était difficile de se contrôler dans ce genre de situation. Je n’aimais pas pleurer... et pourtant, je ne faisais que ça dernièrement. J’écoutai Edward me parler, il me faisait du bien, je repris quelques peu sur moi.

« T’es unique Edward et t’es réellement important pour moi. Je veux que tu le saches. Ça m’est arrivé rarement au courant de ma vie. Je ne peux pas te laisser ressentir tout ce que j’ai vécu car c’est horrible et je ne souhaite pas ça à personne. » Je pris une pause pour penser. « Je vais tout te dire… ça sera plus simple. »

Mais je ne le fis pas dès maintenant. J’avais besoin d’un petit instant pour reprendre sur moi. Je regardais mon ami à genoux devant moi. J’avais la vue un peu trouble à cause des larmes et c’est pourquoi je fermai les yeux afin de les faire rouler le long de mes joues et les essuyer avec mes mains. Je me mordis la lèvre quelques secondes en baissant le regard.

« C’était… dans… dans ce que tu as vu, c’était euhm… »

Je tremblais, je courrais après ma respiration et c’était bien pour ça que je dû m’arrêter pour me concentrer sur ce que j’allais lui dire. Je pris une grande respiration en fermant les yeux. Je pratiquais cette relaxation souvent depuis qu’Edward me l’avait montré la nuit où je l’avais appelé en crise de panique.

« Après le décès de ma mère. J’ai fait beaucoup de famille d’accueil. De 17 à 21 ans j’étais chez les McCallister. Une petite fille à New-York avec un fils un peu plus vieux que moi. Je n’ai jamais été forte sur le contact physique depuis ma mère. Je me suis beaucoup renfermée sur moi-même et encore plus... après tout ce qui se passait là-bas. » J’ouvris la bouche, la referma à quelques reprises. « Monsieur McCallister avait des problèmes avec l’alcool, chaque fois qu’il buvait il devenait violent… et il perdait le contrôle. Il perdait souvent le contrôle. Surtout avec moi. Il disait qu’il aimait beaucoup les blondes…Que j'étais plus belle que sa femme... »

Je serrai les dents en secouant la tête à quelques reprises. Je recommençai à pleurer.

« Tout le monde dans la maison savait ce qu’il me faisait… personne bougeait le petit doigt… personne parlait… personne m’a aidé pendant toutes ces années. Je me suis enfui… la journée de mes 21 ans. Une voisine se doutait de quelque chose, elle ne m'a jamais posé de question mais m'a offert son aide… lorsque la nuit est tombée… il est entré dans ma chambre comme à l’habitude et j’ai tout juste le temps de passer par la fenêtre et me sauver, tout était prévu depuis un moment.  Il me criait par la fenêtre qu’il allait me retrouver, que j’étais qu’une merde… Je… La voisine m’a amenée à la gare d’autobus et je suis arrivée ici, avec l’argent dans la petite boite que ma mère avait gardée pour moi. »

I'm sorry for being me.

Elizabeth avait décidé de me dévoiler le tout, mais elle avait choisi de me parler plutôt que je vois en elle ce qu'elle avait vécu. Elle ne voulait pas que je ressente tout ce qu'elle avait vécu, parce qu'elle ne souhaitait pas ça à personne. Je pouvais bien comprendre, mais un jour où l'autre je pouvais très bien ressentir à nouveau cette douleur. Peu importe, j'appréciais vraiment qu'elle me fasse confiance et qu'elle me parle de ce qu'elle avait vécu. Je m'étais donc installé, toute ouïe et je savais que je n'allais pas aimer, mais je savais que ça allait pouvoir l'aider en quelque sorte. Je la voyais qui tremblait, qui avait honte ou je ne sais pas trop, j'avais dû mal à saisir quels émotions elle vivaient en ce moment. Je savais qu'Elizabeth avait perdu sa mère, elle était venue me voir à plusieurs reprises quand j'étais avec Elizabeth, elle me raconta alors que ça avait été difficile pour elle de s'ouvrir aux autres, mais aussi de toucher... Ça partait donc de là son problème.... Mais au fur et à mesure qu'elle racontait son histoire, j'eus vraiment mal à mon coeur. Le fait qu'elle mentionne qu'elle vivait chez un type violent, c'était choquant! Puis, je compris vite que ce n'était pas juste une question de violence physique, mais aussi sexuelle et ça me dégoûtait encore plus. Ce qu'Elizabeth avait vécu, c'était horrible! Elizabeth pleurait et moi j'étais là devant elle et je ne savais pas quoi lui dire tellement j'étais sous le choc. Je n'en revenais pas qu'elle ait dû subir ça pendant si longtemps! Pas étonnant qu'Elizabeth ne voulait pas toucher les gens!

- Je ne sais pas quoi te dire Elizabeth, mais je trouve ça... affreux... en fait, il n'y a même pas de mots pour décrire ce que je ressens en ce moment.

J'étais vraiment mal pour elle, que je l'accompagna dans les pleurs. J'étais quelqu'un d'hyper sensible et quand on ressentait des émotions fortes à côté de moi, je les ressentais.

- Tu n'as jamais porté plainte? Pourquoi tu ne t'ai pas enfui avant?

J'avais des questions qui se bousculaient dans ma tête parce que je ne comprenais pas pourquoi Elizabeth avait endurer ça pendant longtemps. Je ne pouvais pas croire qu'elle avait pu tout surmonter ça aussi! Je la trouvais forte et je devais dire qu'elle avait fait beaucoup de progrès! En quelque sorte, j'étais fier d'elle, de vouloir continuer à vivre. Je me rapprochai un peu plus d'elle, j'aurais voulu moi aussi la prendre dans mes bras, mais ce n'était pas le bon moment, car je savais que si je la touchais, j'allais tout vivre ce qu'elle m'avait raconté. Donc beaucoup trop d'émotions d'un coup pour moi.

- C'est bizarre quand même, mon coloc, Kenneth, il est un McCallister...

C'était troublant, mais sans doute juste une coïncidence. Il y avait des tonne de McCallister aux États-Unis. Et de toute façon, Kenneth m'avait dit qu'il venait de New York...

I'm sorry for being me.

J’étais confuse. J’avais un mélange de tellement d’émotion en moi pendant que je racontais ce bout horrible de ma vie. J’avais de la peine, j’avais de la colère… de la honte… bref, un gros mélange de bien des choses qui ne donnait clairement pas un beau résultat. Contre tout attente, je réussie à tout lui raconter. Je pleurais toujours et Edward s’était mis à pleurer aussi. Je ne voulais pas le troubler à ce point avec mon histoire mais mon ami était quelqu’un de très sensible et peut-être aussi que son don fonctionnait à distance aussi. J’étais d’ailleurs encore tellement troublée par tout ça. J’avais toujours su qu’Edward était unique… mais pas à ce point. Il trouvait ça affreux et avec raison, c’était affreux. Je renfilai quelque peu en essuyant mes larmes. J’étais toujours assise en face d’Edward et j’avais juste envie d’aller me fondre dans ses bras, mais je ne pouvais pas. Mon ami me demanda pourquoi je n’avais pas porté plainte.

« Ce n’était pas aussi facile que ça… il me menaçait. Il disait que j’avais des problèmes mentaux et que je m’imaginais souvent des choses. Il me faisait passer pour une folle et il disait toujours qu’il allait m’aider avec ça, qu’il ne jugeait pas mon état et qu’il m’aimait comme sa propre fille malgré tout. Sa femme et son fils n’étaient pas mieux, ils ne disaient strictement rien alors qu’ils m’entendaient crier constamment. »

C’était peut-être horrible d’en reparler mais ça me faisait du bien aussi au fond. J’avais gardé ça pour moi-même pendant tellement d’années que de sortir ça à Edward comme ça, c’était juste… indescriptible comme sensation. C’était Ed que j’avais choisis pour partager ça car je me sentais lui comme jamais s’était arrivé depuis ma mère. Il me faisait sentir spécial et ça, c’était le plus beau des sentiments pour une fille qui a constamment été rejeté et traitée comme une moins que rien. Quand il posait son regard sur moi, je me sentais brillé et je me sentais terriblement bien. Ce dernier m’annonça ensuite que son coloc’ s’appelait Kenneth et que c’était un McCallister. J’avais froncé les sourcils.

« Kenneth? Est-ce qu’il a une sœur au prénom de Geane? »

C’était positif. Je n’en revenais tout simplement pas. Le monde était petit. J’avais croisé Geane et Kenneth à quelques reprises dans des fêtes de famille et j’avais beaucoup apprécié Geane, elle était gentille en plus d’être d’une grande beauté. Pour ce qui était de Kenneth, je le connaissais beaucoup moins mais il m’avait paru sympathique. Il faut dire que je me faisais toujours toute petite aussi dans ces fêtes de famille. Ça n’avait jamais été ma famille, jamais au grand jamais je voulais m’identifié à eux et ce, à cause de mon père d’accueil.

« Je connais Kenneth et Geane. C’était leur oncle en fait…Mais ils ignorent tout de tout ça je crois bien. »

I'm sorry for being me.

Je n'en revenais pas, Elizabeth qui croyait qu'elle avait des problèmes mentaux? J'étais vraiment triste pour elle, parce que ce qu'elle avait vécu c'était de la violence psychologique, mais aussi de la violence physique. Je ne pouvais pas croire qu'elle s'était faite violer aussi. Elle pleurait encore et je sentais vraiment la détresse intérieure qu'elle avait pu vivre. J'étais en colère contre les gens qui lui avaient fait ça. Mes parents m'avaient abandonné sans problème, mais Elizabeth, elle avait vécu la pire chose de toute... L'abus de confiance! Pas étonnant qu'elle soit comme ça aujourd'hui, méfiante et surtout timide avec les gens. Le fait qu'elle me dise qu'elle criait, me faisait vraiment mal à mon coeur une fois de plus. Je l'avais alors regarder dans les yeux...

- Tout va bien aller maintenant Elizabeth, tu es forte! Tu es ici, à Miami et il te reste tellement de belles choses à vivre. Et j'y veillerai!

Lui entendre dire tout ça m'avait fait mal, mais elle aussi elle avait tellement mal à son âme que ça me bouleversait. Je voulais la réconforter, la prendre dans mes bras et lui dire que tout va bien aller, mais dans ce monde cruel, je ne pouvais pas être certain. Mais j'allais veiller sur elle peu importe ce qui arrive. Puis, le fait qu'elle mentionne la famille McCallister, ça m'avait troublé puisque mon coloc en était un. Puis, elle me demanda si sa soeur c'était Geane. Alors, je compris que c'était de la même famille! J'étais choqué une fois de plus.

- Je l'espère bien qu'ils ne savent rien de tout ça, parce que garder le silence, ça les rendrait aussi coupables!

J'étais un peu révolté, je dois bien l'avouer, mais je ne pouvais pas croire que Kenneth était au courant et qu'il n'avait pas réagit. Je n'avais pas l'intention de parler d'Elizabeth à Kenneth pour le moment, je ne lui avais jamais parlé encore d'elle et je ne voulais pas briser la confiance de mon amie. Maintenant que nous savions tout l'un sur l'autre (ou presque), je me sentais mieux, car Elizabeth n'avait pas fui en lui disant que j'étais fou et elle semblait vouloir qu'on continue de se voir.

- Je suis désolé de t'avoir déçu Eli! En fait, tu n'es sans doute pas la seule que j'ai déçue en allant là-bas et je ne sais pas quoi faire pour réparer le tout, car j'ai peur de dire qui je suis vraiment...

Si je disais à Lys que j'avais été enfermé à l'institut Jackson, elle ne voudrait plus me voir et surtout que j'avais peur, puisqu'elle et moi on était supposément en couple et j'avais tout gâché. Ça me rendait vraiment triste de la revoir et que je lui ai fait du mal. J'avais peur, comme j'avais peur pour Elizabeth qui ne veule plus me voir. J'étais soulagé de constater qu'elle voulait toujours être mon ami.

I'm sorry for being me.

C’était très troublant de savoir qu’Edward vivait avec le neveu de mon agresseur. En même temps, je n’en voulais pas à Kenneth car en dehors de la famille exclusive, personne n’était au courant de ce qui se passait. Bon, il y avait quelques doutes mais rien de très concret.

« Non, ils savent rien mais j’aimerais que tu n’en parles pas à Kenneth. Je veux dire de…  tu comprends? »

Je ne voulais pas qu’il dise tout ce qu’il savait. À personne. Mais pour ça, je lui faisais confiance. À qui est-ce qu’il pourrait aller dire ça de toute façon? Il avait quelques amis… mais je ne croyais pas qu’il allait en glisser un mot à tout le monde quand même. Il savait que c’était personnel comme je me doutais bien qu’il tenait à ce que je garde le silence à propos de lui et c’était normal.

« Écoute Edward, ça vaut pas la peine de cacher qui tu es et c’est justement de cette manière, en étant honnête avec les autres que tu verras qui tiens réellement à toi. Les gens qui ne seront pas en mesure de comprendre et d’accepter tout ça, ne valent même pas la peine de rester dans ta vie. Au début, je t’en voulais car je pensais que tu me donnais plus de nouvelles volontairement mais t’étais là malgré toi, ce n’est pas de ta faute. »

Je pris une petite pause en regardant mon meilleur ami qui avait toujours la tête penché vers ses mains. C’était nouveau chez lui de jouer avec celles-ci de la sorte. Il semblait stressé, nerveux… apeuré et j’avais l’impression que ce petit séjour lui avait fait beaucoup plus de mal que de bien.

« À qui as-tu peur de te confier comme ça? »  

Car s’il ne voulait pas décevoir cette ou ces personnes, ils devaient être extrêmement importants dans sa vie. D’un autre côté, il ne fallait pas non plus qu’il devienne quelqu’un qu’il n’est pas uniquement dans l’intention e bien paraître et de plaire. Parce que c’est ce que j’aimais le plus chez lui : il était authentique. Il n’était pas parfait et il n’essayait pas de l’être à tout prix. Il était Edward et en étant parfaitement imparfait, il était merveilleux.