Coincé dans un ascenseur...

Un service de nuit, je déteste les services de nuit, la nuit, j’ai d’autres préoccupations beaucoup plus joyeuses comme les soirées avec les amis, dormir, m’amuser, faire du sport de chambre. Oui, toutes ces petites occupations sont beaucoup plus intéressantes que de travailler dans l’hôtel de mon père de nuit. Surtout que les services de nuit sont souvent les plus énervants, il faut souvent savoir garder son calme, ne pas trop répondre aux clients enivrés d’alcool, ne pas vouloir penser amèrement d’eux s’ils changent d’avis toutes les trente secondes. La soirée avait pourtant bien démarré, je n’avais pas eu trop de plaintes des clients aux sujets d’Orel Judith, un serveur de l’hôtel. Il avait manqué de perdre son travail dans ce lieu plus d’une fois et plus d’une fois, j’avais pris son partie pour qu’on lui accorde une nouvelle chance. Pourquoi ? Aucune idée, on n’était pas ami, on n’était pas amant non plus, j’en étais encore moins amoureuse. Pour moi, ce n’était qu’un jeune homme qui devait avoir des problèmes et manqués de sommeils, bon, après, c’est sûr que l’histoire de la levrette, c’était un peu trop, surtout que d’après ce que j’avais entendu dire c’était la femme d’un client. Après il n’était pas complètement en tort, la cliente y était forcément pour quelques choses, à moins que le mari ne savait pas s’y prendre, je ne vois pas pourquoi elle se taperait le gars du room-service.

Beaucoup de personnes pensaient que sous prétexte que j’étais la fille du patron, je n’étais pas soumise au même règlement, seulement, il avait tout faux. Comme tous les employés, je me devais de porter un tailleur composé d’une chemise blanche dont le badge se trouvait dessus et d’une jupe noire, ainsi que des talons aiguilles noires. Puis comme tous les employés également, je ne pouvais pas garder mon téléphone sur moi non plus. Bref, j’étais soumise aux mêmes règles. L’accueil, comme à mon habitude, c’était mon poste attribué, même si j’aimerais bien voir autre choses, en ce moment, je me trouvais seule, mon collègue était partie chercher quelques choses. Le téléphone sonna, la suite maritale réclama des fraises. Sérieusement, des fraises à 2h du matin, puis en plus, Orel était déjà partie pour la suite. Je n’avais cas m’y rendre moi-même. Cela ne dérangerait pas puisque mon collègue était revenu de son occupation.

Je me dirigeais donc vers l’ascenseur pour me diriger vers la suite maritale. En entrant dans l’ascenseur, je remarquais la présence d’Orel. Je priais silencieusement pour qu’il ne me sorte pas un sarcasme, je n’étais pas vraiment d’humeur. L’ascenseur commença doucement sa montée vers le dernier étage quand d’un coup plus aucun mouvement de la part de l’ascenseur, les lumières éteintes, je commençais à me demander ce qu’il se passait. Aux dernières révisions, les ascenseurs étaient en parfait états et ceux-ci avaient eu lieu il y a de cela quelques semaines. Normalement, les lumières devraient allumer si c’était une coupure du générateur. Mais non, rien, nous étions dans le noir complet. Je réfléchissais, alors que j’entendais la personne qui me tenait compagnie s’énerver après l’ascenseur. Je peux comprendre qu’il soit énervé, mais de là à me parler de cette façon. « Cela t’écorcherait la langue d’être un peu plus correct ? Fille du boss ou pas, je n’ai pas demandé à me trouver ici avec toi alors c’est bon. Ne passe pas tes nerfs sur moi, puis pourquoi j’aurais un téléphone, je suis en service comme toi. Alors faut attendre. » Je me calle dans le fond de l’ascenseur contre la paroi en soufflant d’agacement. C’est bien la dernière personne avec qui j’aurais aimé être enfermée dans un ascenseur merde alors. « On peut toujours discuter ou faire un jeu pour passer le temps ? » Faire un jeu avec lui ? Je n’ai pas trouvé mieux ? Tu me diras, j’ai toujours dans la poche, le jeu de cartes que j’ai confisqué tout à l’heure.