Stop swaying when the moon is shaking thou

Je brûlais, littéralement. Les occasions se multiplaient autour de moi, et j'avais énormément d'idées pour obtenir le maximum de tous les côtés. Toutes ces escroqueries, ces chantages à venir… J'avais des frissons rien qu'en y pensant. Attention, il ne fallait pas penner que je faisais cela uniquement pour obtenir de l'argent ou un quelconque service. Il était vrai que c'était agréable de gagner sa vie presque sans bouger le petit doigt. Mais je n'étais pas quelqu'un d'avide. Si j'avais simplement voulu gagner beaucoup sans trop me fatiguer, j'aurais été trader ou quelque chose du genre. Non, ce que j'aimais par dessus tout, c'était cette sensation magnifique qui s'emparait de moi quand je remportais le tournoi, quand la victoire devenait mienne. L'escroquerie, l'arnaque, le mensonge, étaient semblables à de l'art. Tous ne pouvaient pas s'y risquer, car peu étaient assez rusé pour cela. J'aimais à penser que je faisais parti des rares qui jouaient avec le feu sans jamais se brûler. J'aimais les longues batailles et la peur dans le regard de mes victimes quand ils comprenaient que c'était fini. J'aimais les sentir céder après avoir tant résister. C'était sûrement très égoïste, mais j'adorais les savoir sous mon emprise. Savoir que je les dominais franchement, que j'étais bien plus malin qu'eux. Dans ces moments-là, mon orgueil se gonflait tel un ballon, et cette sensation ne me quittait pas avant plusieurs jours. D'ordinaire, j'utilisais cette espèce d'autorité sourde que j'avais pour obtenir ce que je voulais. J'utilisais les gens, en réalité, leur promettant diverses récompenses que bien évidemment ils n'auraient jamais ou en leur faisant du chantage. J'évitais généralement de me salir les mains. Pour beaucoup d'entre eux, j'étais une espèce d'ombre indiscernable, rôdant au dessus d'eux à chaque instant mais qu'ils ne pouvaient jamais apercevoir. Ils ne connaissaient pas mon nom et peu savaient à quoi je ressemblais, pour la simple et bonne raison que je ne leur faisais pas du tout confiance. Je savais que si la police les attrapait, ils n'hésiteraient pas une seule seconde à me balancer pour que la justice soit plus clémente envers eux. Les types de notre espèce n'avaient aucune loyauté, surtout pas envers moi.

Au fond, le gamin solitaire et réservé que j'avais été et que j'étais toujours resté était excessivement fier de ce que j'étais devenu. Autrefois, j'étais un orphelin chétif, qui n'occupait pas une place très importante dans la société. J'avais très mal vécu cette période de ma vie. Au fur et à mesure du temps, j'ai réussi à m'imposer. J'avais réussi à faire entendre ma voix pour devenir celui que j'étais aujourd'hui. J'en étais très fier. Les gens me craignaient, désormais. Je n'avais qu'à claquer des doigts pour obtenir ce que je voulais. On pouvait clairement appeler cela une réussite. Tout n'avait pas été toujours aussi simple, évidemment. Il y avait eu cette période où j'avais été sans-abri, et ces presque deux années en prison. Mais ce n'était rien. Cela ne m'avait pas abattu. J'avais l'impression d'être au sommet de mon art. Si Hayden et les stupides mais incontrôlables sentiments que j'éprouvais pour elle ne me détournaient pas de mon chemin, évidemment… Quoi qu'il en était, j'avais beaucoup réfléchi, ces derniers temps. Je ne devais pas penser à Hayden, je ne devais surtout pas la laisser me déconcentrer. Pour le moment, je devais uniquement me focaliser sur Alysse. Cette fille représentait un challenge considérable, mais grâce à Rafael, j'avais toutes les cartes en main pour la battre. Ce ne serait pas une mince affaire, j'en avais conscience. Elle avait réussi à être plus maline que Rafael, certes ; mais il ne fallait pas non plus qu'elle s'enorgueillisse de trop. Rafael, même s'il pouvait se montrer très cruel et malsain, manquait de prudence. Ses émotions le gouvernaient un peu trop. Ce n'était pas mon cas, et je savais que cela serait mon atout.

Le temps était particulièrement beau, aujourd'hui. Je devais aller faire quelques courses, aussi décidai-je d'y aller à pied. Pour une fois, j'allais faire tout cela dans les règles. Mes lunettes de soleil sur le nez, je marchais d'un pas actif, les mains dans les poches. J'étais tellement perdu dans mes pensées que je faillis bien ne pas la remarquer. Et pourtant. Elle m'avait dépassée, sans me voir. Je me retournais presque instantanément. C'était bien elle. Alysse marchait assez rapidement, ses cheveux blonds tombant sur ses épaules et rebondissant sur celles-ci au rythme de ses pas. C'était là une occasion en or que je ne pouvais pas me permettre de rater. Je la rattrapai assez rapidement, et posai ma main sur son épaule. La jeune femme sursauta, puis se retourna. Je ne pus m'empêcher de sourire. Peut-être m'avait-elle oublier, peut-être avait-elle cru que je ne reviendrais plus. Que je voulais lui faire une simple blague, l'autre jour. Eh bien, non. J'étais tenace. Je ne la laisserais pas s'en aller si facilement. « Tiens, Alysse… » commençai-je d'un ton gai, mais à voix basse. Nous étions entouré de beaucoup trop de gens. « Tu vas me suivre, d'accord ? On va aller dans un endroit plus… intime ». Je voyais bien qu'elle n'avait pas l'intention de me suivre, aussi dégageai-je ma veste d'un coup de coude, révélant mon revolver coincé dans mon pantalon. J'en gardais toujours un sur moi, c'était comme ça. Je lui attrapai le bras, et, mon sourire grandissant, je l'emmenai une ruelle déserte. « N'essaie même pas de t'en aller ou de te rebeller. C'est inutile. Je ne te veux aucun mal ».

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