Je m’étais dirigé jusqu’à la cuisine et Madison avait fini par me suivre, ce qui je devais l’avouer, me foutait un peu la pression. « Vas t’asseoir sur le canapé, je vais faire réchauffer cette pizza pour que tu puisses la manger devant ton film et je vais te cuisiner un petit plat. Je suis certaine que tu as très faim mais que tu n’as pas envie de cuisiner… Ça sera un moyen de te remercier pour tout ce que tu fais pour moi. » Décida-t-elle en m’adressant un sourire. J’avais jeté un œil sur sa main posé sur mon bras avant de l’entendre reprendre à nouveau. « Qu’est-ce que tu veux manger ? Profites en, je suis là pour l'instant... » Proposa-t-elle. Je lui avais adressé un petit sourire pour la remercier avant de poser mes deux mains sur ses épaules pour la pousser en arrière jusqu’au salon. « Tu as rencontré ma mère, Madison ! » commençais-je en la forçant à aller jusqu’au canapé avant de la faire asseoir. « Elle serait horrifiée si elle apprenait que j’avais osé te laisser cuisiner. Tu es mon invité et en tant qu’invité, je veux que laisse tes fesses posées sur le canapé et que tu te bourres de chips jusqu’à ce que j’arrive avec les pizzas. » Ajoutais-je en lui mettant le sachet entre les mains avec un petit sourire en prime avant de disparaitre à nouveau. J’avais aussitôt sortit le carton de pizza du frigidaire pour mettre les derniers morceaux de pizza dans une assiette que je fourrais au micro-onde. Quelques minutes plus tard, j’étais réapparu avec les parts de pizza chaude et une nouvelle cannette de soda pour Madison. Je m’étais posé à côté d’elle en portant mon attention sur la télévision avant de le retirer le paquet de chips pour lui donner l’assiette. Mes yeux s’étaient posés sur elle alors que je me mordais la lèvre inférieure. Je voulais lui poser des questions mais je craignais que ça ne l’embarrasse d’en parler alors je préférais me retenir. Madison était mon invitée et je ne voulais pas qu’elle le prenne mal. Surtout que la connaissant, elle serait capable de partir sur un coup de tête pour repartir dans son wagon. Je m’étais alors déplacé pour me mettre à l’autre de bout du canapé pour m’allonger. Mes jambes étaient repliées pour ne pas arriver sur les genoux de Madison. Ce n’était pas très poli mais j’étais fatigué et je désirais vraiment rester allonger. « Je n’ai qu’un canapé à te proposer pour cette nuit. Je suis désolé. » lui dis-je en grimaçant un peu. « J’aurais voulu faire un peu plus. » finis-je par rajouter.

L’ambiance était plutôt agréable et moins gênante que ce que j’aurais pu imaginer. La présence de Madison n’avait jamais été très facile sachant qu’on ne pouvait pas s’empêcher de se disputer mais les choses semblaient plutôt calmes ce soir. C’était même étrangement trop normal. Elle avait accepté ma part de pizza avant de me tendre à nouveau l’assiette pour que je puisse me servir à mon tour. Je n’avais pas prévu d’en manger mais mon estomac semblait apprécier l’idée et je n’avais pas pu résister. Je pris donc l’une des parts avant de redonner la dernière à Madison. C’était assez subtil mais son panier de course à l’épicerie était toujours dans un coin de ma tête et je savais qu’elle ne devait pas manger à sa faim tous les jours. Surtout depuis que j'avais vu l’endroit où elle passait ses nuits. Je voulais donc m’assurer qu’elle mangerait assez ce soir pour ne pas m’inquiéter de ça et sans le lui montrer. Il n’était pas question de pitié et ça c’était le plus important. Le rire de Madison m’avait fait sortir de mes pensées. Par réflexe, j’avais regardé en premier la télévision pour me souvenir du passage avant de tourner la tête vers elle. Elle était en train de sourire et je ne pouvais pas détacher mes yeux de celui-ci. Habituellement, personne n’aimait les mêmes films que moi. Toutefois, elle semblait apprécier, ce qui me fit décrocher à mon tour un sourire. Pendant quelques secondes ou minutes, je n’étais plus concentré sur la télévision mais sur ses lèvres qui esquivaient des sourires de temps à autre ou bien des rires. « Ca me touche ce que tu fais pour moi... Je ne l’oublierai pas. » me confia-t-elle finalement en buvant sa canette. J’avais voulu lui dire que ce n’était rien et que tout le monde l’aurait fait à ma place. Seulement, je savais que je ne pourrais pas m’empêcher de lui par la suite que si elle me l’avait appris plus tôt, elle n’aurait pas été obligé de vivre dans un hangar abandonné. Par chance, je n’avais pas envie de repartir dans une dispute avec elle et de la voir prendre ses clics et ses clacs. Je m’étais donc contenté de la regarder s’allonger à son tour sur le canapé. Elle semblait fatiguée, ce qui était naturel puisqu’elle avait terminé à deux heures du matin. Moi-même, je me sentais partir de plus en plus mais je n’arrivais pas à trouver une position confortable. Tout simplement parce que j’avais laissé les draps du côté de Madison et que je ne pouvais pas allonger mes jambes jusqu’au bout. J’avais donc hésité quelques minutes avant de me mettre à bouger pour aller de l’autre côté. Sans demander la permission, je me suis naturellement créé un espace entre le dossier du canapé et Madison. Puis j’avais rabattu l’un des draps sur nous avant de mettre un cousin sur l’accoudoir pour poser ma tête confortablement. Une fois la position idéale trouvée, je pouvais toujours voir la télévision entre l’épaule et le visage de Madison. Seulement, je n’étais plus autant passionné. Quand j’étais sur le point de m’endormir, j’avais tendance à vouloir parler de sujets importants avant de m’effondrer sans toujours entendre toutes les réponses. « Quand est-ce que tes comptes seront débloqués ? » murmurais-je comme si quelqu’un risquait de nous entendre, mais aussi parce que je n’étais pas certain qu’elle ne soit pas déjà endormie.

Elle était fatiguée et je sentais que je l’empêchais clairement de dormir à cause de mes questions ainsi que de ma curiosité. Une part de culpabilité avait commencé à se faire sentir avant que je ne la chasse aussitôt de mon esprit. J’avais besoin de savoir. Ce n’est pas parce que je ne voulais plus d’elle ici, même si mon coloc me demanderait sans doute sa date de départ. J’étais juste persuadé que je ne pourrais pas veiller sur elle sur du long terme. Je n’étais pas doué pour ça. Quand elle se retourna pour me faire face, je pris conscience du peu de distance entre nous. En même temps, ce n’étais pas facile sur un canapé. Ses yeux étaient en train de se fermer tous seuls mais je pouvais quand même constater qu’elle luttait pour rester éveillée. C’était mignon de sa part de faire des efforts alors que sa seule envie était de que je me la ferme pour qu’elle puisse enfin s’endormir. « Je ne sais pas… Leur enquête va durer quelques semaines je suppose. » Avait-elle répondu. J’avais hoché la tête positivement, plongé dans mes pensées. « Tu es si pressé que je m’en aille ? » Rajouta-t-elle, cette fois les yeux fermés. « Bien sûr que non. Je veux juste que les choses ne tardent pas et que ta situation puisse s’améliorer. » Répondis-je sans même réfléchir en lui adressant un sourire qu’elle ne pouvait pas distinguer. Je sentais bien qu’elle n’avait plus la force de parler pour ce soir et qu’elle luttait pour ne pas dormir. J’avais donc rapproché naturellement mes lèvres de son visage pour les poser sur sa joue. « Bonne nuit, Madison. » Murmurais-je en fermant les yeux pour m’abandonner à mon tour dans les bras de Morphée.
Un énorme coup sur mon crâne avait fini par me réveiller brusquement. Mes yeux étaient grands ouverts et la première chose qu’ils avaient pu distinguer était la tête de mon colocataire au-dessus de la mienne. Il n’avait pas l’air de très bonne humeur et vu ses traits tirés, il devait tout juste rentrer du travail. « Je ne me souviens pas t’avoir dit que tu pouvais ramener des filles chez moi sans ma permission et je pensais que tu avais une copine. » chuchotait-il à mon attention pour ne pas réveiller la fille à côté de moi. Madison. Je l’avais complètement oublié pendant quelques secondes. Un de mes bras enroulait sa taille et j’avais réussi à me dégager du canapé sans faire de gros mouvements. J’avais fait signe à mon coloc d’aller jusqu’à la cuisine pour pouvoir parler un peu plus librement sans craindre d’interrompre le sommeil de Madison. Alors qu’il attrapa une bière dans le frigo, j’avais lancé une conversation. « Comment s’est passé ta soirée ? » le questionnais-je avant de sentir un regard glacial se poser sur moi. Il n’aimait pas parler de ça. Je pouvais le comprendre. J’étais pareil à l’époque où j’étais escort boy. Je n’en avais pas honte mais ce n’était pas un sujet dont j’appréciais parler quand je rentrais à l’appartement et que je croisais Edward qui se préparait pour aller bosser. « C’est temporaire. Elle dormait dans un hangar et je ne pouvais la laisser une nuit de plus là-bas. Bientôt, elle récupérera son argent et elle ne sera plus là. Je te rembourserais pour la bouffe et le loyer quand je serais payé à la fin du mois. Laisse-nous juste un peu de temps. » le suppliais-je du regard. Il s’était contenté d’acquiescer de la tête avant de disparaître dans sa chambre. Mon regard s’était posé sur l’horloge. 8h00. Pas étonnant que je sois crevé, j’avais passé la nuit à attendre la fin de la garde de Madison. Cette dernière ne devait sans doute pas travailler ce matin mais ce n’était pas mon cas. Je pris donc la décision de la laisser tranquille. J’étais allé prendre une douche puis je m’étais préparé avant de faire deux tartines grillées – voir cramé – que j’avais posé sur la table du salon dans un plateau accompagné d’un petit mot " Je suis allé travailler. Bonne journée et bon ap’ " avant de sortir de l’appartement.