n cette matinée d’un mardi matin pluvieux, je tournais en rond chez moi. Joshua était au travail et le cabinet était fermé pour la journée à cause d’un séminaire qui avait lieu cet après-midi à l’hôpital de Miami. Je m’étais levée aux aurores alors que j’avais prévue de faire une grasse matinée, apparemment mon corps n’avait pas été de cet avis. J’avais fait mon ménage, laver notre linge, je l’avais trié et même repassé afin que tout soit en ordre jusqu’au bout. A défaut de savoir cuisiner, je savais repasser du linge ce qui ne déplaisait pas mon colocataire. Tournant en rond, je me décidai d’allumer le décodeur de la télé et d’y mettre une chaine de films à la demande. Je zappai sans trop savoir ce que je cherchais. Je n’eu pas le temps de mener ma recherche jusqu’au bout car mon interphone venait de sonner.

« Oui ? » demandais-je.

Tia se présenta à moi et j’appuyai sur le bouton qui déverrouillait la porte afin qu’elle puisse monter jusque chez moi. J’étais bien surprise de sa venue, que venait-elle faire de si bon matin un jour de semaine ? Peut-être était-elle de passage chez son frère qui habitait non loin de chez moi. On toqua à ma porte et immédiatement je l’ouvris. Avec un grand sourire j’accueillis la jeune femme qui n’avait pas l’air dans son assiette bien qu’elle semblait essayer de faire voir le contraire.

« Ca ne va pas ? »

Je lui fis signe d’entrer dans mon appartement tout en refermant la porte derrière elle. Peut-être y avait-il un souci avec son restaurant dans lequel j’investissais de l’argent ? Tia était une jeune femme que j’avais connue il y a peu de temps à mon premier gala de charité. Nous avions échangés pendant un bon moment et j’avais découvert une jeune femme pleine de projets d’avenir.

« Tu veux quelque chose à boire ? » lui dis-je lorsque nous pénétrâmes dans le salon.

Je pris la commande de la télévision et éteignis l’appareil en fonction. Cela ne servirait à rien de la laisser en route alors que personne ne la regarderait, car je doutais que Tia ne viennent pour regarder un film avec moi.

ia était passé chez moi à l’improviste ce qui m’avait surprise. Elle savait que je travaillais la semaine pourtant mais elle avait quand même sonné chez moi. Par chance aujourd’hui j’étais en congé. Je trouvais que sa venue tombait à pique étant donné que je commençai à tourner en rond. Je l’avais accueillie en lui demandant comment elle allait. A première vue sa réponse ne serait pas positive. Lorsque je lui demandai ce qu’elle voulait elle me demanda un verre de jus de pomme que je m’empressai d’aller chercher dans la cuisine. Je revins avec la boisson de la jeune femme et un café pour moi, que je posai sur la table. Je pris place à côté de Tia sur le divan en lui tendant son verre.

« Dis-moi tout qu’est-ce qui t’arrive ? »

Tia me répondit qu’elle avait fait une grosse bêtise involontairement et que maintenant elle se retrouvait dans une position inconfortable. Son teint livide ne présageait rien de bon. Je savais que Tia avait eu un passé tumultueux et qu’elle essayait bien tant que mal de changer pour devenir une femme respectable si je pouvais dire.

« On t’as droguée et profité de toi ? » demandais-je.

Je connaissais son penchant pour les fêtes et la boisson. J’avais toujours redouté les fêtes d’aujourd’hui où les jeunes ne connaissaient plus les limites. J’avais temps de fois vu aux urgences des adolescents et adolescentes arrivants aux urgences perdues et ayant subis des sévices en tout genre. Mon estomac se noua quelques peu en espérant que Tia exagérait en disant qu’elle se trouvait dans une belle merde.

e demandai à la jeune femme si quelqu’un lui l’avait touché sans son contentement et sous influence de drogue. J’avais peur que cela ne soit ca et j’espérais que ce qui inquiétait Tia était beaucoup moins grave. Celle-ci me répondit négativement et baissa la tête.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est ton restaurant ? »

Je savais que c’était un projet qui lui tenait à cœur et si quelque chose ou quelqu’un venait à le compromettre cela serait dur pour la jeune femme ambitieuse qu’elle souhaitait devenir. Si c’était parce qu’une partie de mon argent s’était envolé, je pouvais passer l’éponge, des erreurs nous en faisions tous. Malheureusement ce ne fut pas à ce propos, et j’aurais peut-être même sans doute plutôt voulut que ce soit le cas.

« Enceinte ? » demandais-je surprise.

Je me repris immédiatement ne voulant pas faire passer un mauvais message à la celle qui se tenait face à moi terriblement bouleversée. Elle me raconta, ou plutôt essaya de se justifier en me disant que ca n’était arrivée une fois et que la protection avait été oubliée. Elle eu du mal à me dire qu’elle portait un enfant. J’étais un peu sous le choc. Ce n’était pas une de mes patientes et avoir du recul sur tout ca est bien plus difficile. Je lui pris la main et la lui serra en signe de réconfort et pour lui signifier que j’étais présente à ses côtés.

« Que vas-tu faire ? Tu souhaites le garder ? »

Il n’était jamais trop tôt pour aborder cette question, en tant que professionnelle de la santé je le savais. Le temps pour un avortement était limité. Aux États-Unis après le premier trimestre de grossesse il n’était plus possible de faire machine arrière. Je me leva du divan pour me mettre face la chaise où elle était installée. Je m’agenouillai sur le sol et la regarda en lui serrant le bras. Le contact humain valait plus que tout les mots réunis quelques fois.

ans détours j’avais demandé à Tia ce qu’elle comptait faire avec l’enfant qu’elle portait. Souhaitait-elle le garder ? Souhait-elle l’avorter ? Mis à part ces deux solutions il y avait aussi le choix de l’adoption. Je ne pouvais parler en son nom, la seule qui pourrait décider de la meilleure chose à faire, s’il y avait meilleure solution, était elle-même. Elle me dit qu’elle souhaitait le garder car elle ne pouvait tuer son bébé. Nous n’avions pas les mêmes points de vues tout deux mais je respectais son choix. Je n’avais aucun problème d’ordre éthique ou moral avec l’avortement tant que celui-ci restait contrôlé et non abusif. La jeune femme baissa la tête avant de me dire qu’elle ne souhaitait pas que le géniteur soit le père de son enfant.

« Pourquoi ? Qui est-il et en quoi cela serait un problème si cela venait à se savoir ? »

Je ne voulais faire aucune hypothèse, mais dans ma tête la première chose qui me vint à l’esprit fut : c’est un homme marié. Le père de cet enfant avait le droit de reconnaitre son enfant même si Tia refusait. La jeune femme s’excusa auprès de moi pour les désagréments qu’elle me causait. Je passai une main dans ses cheveux et lui releva son menton. Elle n’avait pas répondu à ma question.

« Regarde-moi Tia. Je suis là devant toi et je serais là quoi que tu fasses, quelque soit ta décision, d’accord ? Tu n’es pas seule et on va faire face à ca ensemble. J’apprécie que tu sois venue me voir, cela me touche, vraiment. Je ne te laisserais pas tomber. »

Je pris Tia dans mes bras et la serra ni trop fort mais pas non plus trop faiblement. Je voulais lui faire comprendre que je serais là quoi qu’il se passe. Tia avait besoin de quelqu’un pour surmonter ça et je serais cette personne, je lui en faisais la promesse.

« Tu l’as dit au père ou tu ne veux vraiment plus rien avoir faire avec lui ? »

Même si elle ne voulait pas de cet homme dans la vie de son enfant, elle se devait de lui en parler. Après je ne connaissais pas toute l’histoire et peut-être avait-elle raison de vouloir l’exclure. Je ne devais pas juger sans savoir, c’est ce qu’on nous apprenait en médecine.

a détresse de Tia me touchait au plus profond au moi. Je ne pouvais la laisser aussi désemparer. Je lui promis de l’aider à surmonter cette grossesse et qu’elle ne serait pas seule. Une grossesse c’était déjà dur de base, mais quand ce n’était pas désirée encore plus et plus encore lorsqu’on devait affronter cela seul. Je lui demandai si le père avait été mit au courant car c’était une chose importante et elle ne devait pas le cacher. C’était aussi son enfant. Elle m’avoua que c’était le père d’une de ses amies et ni elle comme lui ne voulait que ca se sache.

« Le père d’une de tes amies ? »

J’avais répété ce qu’elle venait de me dire sur un ton le plus neutre possible. Intérieurement je désapprouvai ce qu’elle venait de me dire. Mais qu’avait-elle bien pu penser à cet instant ? Même si cet homme ne voulait pas que les choses se sachent il devrait assumer …

« Il va t’aider ou bien tu as coupé les ponts avec toi ? »

J’espérais sincèrement que, même s’il ne voulait pas reconnaitre l’enfant, il l’aiderait financièrement. Je pourrais m’occuper de Tia mais ce n’était pas mon rôle que de subvenir à ses besoins et celle de l’enfant.