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 family portrait (prunille)

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(#)Sujet: family portrait (prunille)  |   Dim 25 Oct - 22:19

 

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Debout au milieu de ma chambre, j'observais ce qui me semblait être les reliques d'une vie désormais perdue. Ce lit sur lequel j'avais passé tant de nuits d'insomnie, ce meuble branlant que Blake et moi n'avions pas vraiment réussi à monter, ces habits sur le sol qui attendaient depuis trop longtemps d'être rangés. Une fine couche de poussière recouvrait les étagères. Cela faisait pratiquement un mois que je n'avais pas mis les pieds ici. Personne n'avait dû le faire, d'ailleurs. Cet appartement me faisait le même effet que ces vieux châteaux où plus personne ne vit, où les choses passées ont laissé une sorte de trace indélébile. Oui, cet appartement que pourtant j'adorais me laissait une sensation de passé dans la bouche, et cela avait le même goût que des cendres. Je me sentais mal à l'aise dans ma propre demeure. Dans ma propre chambre. Je rangeais quelques affaires, pliais et ramassais quelques chemises qui trainaient, et engouffrais des bibelots dans un sac. J'avais reçu la permission de mon psychiatre pour sortir chercher quelques affaires chez moi. Curieusement, même si cet endroit me mettait mal à l'aise, j'aurais tout donné pour pouvoir y vivre encore. Je me sentais captif, à l'hôpital. Toujours obligé d'avoir une permission pour mettre les pieds à l'extérieur, laquelle je pouvais obtenir uniquement après une longue discussion avec un ennuyeux psychologue. Ce manque de liberté et de libre-arbitre était sûrement le prix que je devais payer pour avoir tenté de m'ôter la vie, je suppose. Ce n'est jamais simple de se reconstruire après un truc pareil, j'en faisais l'expérience. Je sortis de ma chambre en traînant les pieds et me rendis au salon. Globalement, la pièce était restée inchangée : toujours le même canapé, ces murs blancs, ce bordel monstre sur la table basse. Restes de nourritures, canettes vides et paperasses la jonchait. Je trouvais cela réconfortant de voir que malgré tout, malgré tous les bouleversements, certaines choses, insensibles à tout cela, restaient les mêmes à travers le temps. Le désordre de l'appartement était une invariante très rassurante. Cependant, quand je regardais dans les détails, je voyais qu'il y avait eu du changement. La feuille sur laquelle Blake et moi notions la répartition des tâches ménagères avait été arrachée. Le cendrier se trouvait désormais sur la table du salon, alors que j'avais toujours insisté pour que l'on fume à la fenêtre. Tout montrait que je ne vivais plus ici. En un sens, cela me rendait triste. Chaque endroit me rappelait un souvenir. Une plaisanterie de Blake, une soirée avec Hannah… Oui, c'était définitif, mon chez-moi empestait le passé.

J'avais fait attention de venir à un moment où j'étais certain que Blake serait absent. Je ne voulais pas le voir. Ou plutôt, je n'étais pas en mesure de le voir. Il était devenu froid et distant envers moi et je savais que tenter de renouer le contact avec lui maintenant serait pure folie de ma part. Je n'étais pas en état pour tenter de reconstruire une amitié. Surtout que j'étais convaincu qu'avec le temps, Blake changerait d'avis. Il était intelligent, seulement un peu trop impulsif par instants. Il m'en voulait parce qu'il était vexé. Vexé que je ne lui ai pas confié mes problèmes. Il devait penser que je ne l'estimais pas assez pour me confier. Ce qui bien entendu était entièrement faux. J'avais juste envie… que les choses redeviennent comme avant entre lui et moi. Je n'avais pas pu supporter son regard, lors de la soirée de Nightmare. Je ne supportais pas que Blake soit énervé contre moi, et pour une raison que je trouvais relativement futile. Il était important pour moi, même si je ne lui avais jamais dit. C'était certainement ça, mon gros soucis. Je n'arrivais jamais à dire aux gens à quel point ils comptaient pour moi, et quand ils partaient… ils me laissaient seuls avec des regrets, ceux de n'avoir rien exprimé. Je repassais tout cela dans ma tête, planté au milieu de ce salon qui me semblait si familier et si inconnu à la fois. La sonnette me sortit de la douce torpeur de réminiscences dans laquelle je m'étais installé. Je me tournai vers la porte, ne sachant que faire. C'était chez moi, et pourtant, j'avais l'impression que ce n'était pas à moi d'ouvrir. Je m'approchai et entrouvris la porte. Après avoir jeté un oeil dehors, je m'aperçus que c'était Prunille. Eh merde. Je ne lui avais pas dit pour ma tentative, mais je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle était au courant. Prunille savait tout. Sûrement une déformation professionnelle. Ça allait encore être ma fete. Et pourtant, aujourd'hui, contrairement à d'habitude, je n'avais aucune envie de me battre avec elle. J'étais fatigué de cette guerre incessante entre eux. Au fond, je l'aimais. C'était ma soeur, et une partie du peu de famille qui me restait. J'avais tout foiré avec ma jumelle et ma mère, je n'avais pas envie de foirer après elle aussi. J'ouvris la porte en entier. « Entre » l'invitai-je. Elle entra sans faire un bruit. Je lui avais toujours trouvé une démarche féline. « Avant que tu dises quoi que ce soit… Je suis désolé. Oui, vraiment, je le suis. J'ai merdé, et j'ai pas envie qu'on se batte. Ce qui est fait est fait non ? » tentai-je.  
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(#)Sujet: Re: family portrait (prunille)  |   Lun 26 Oct - 8:48

 

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Je venais d'apprendre par une source sûre que mon petit frère avait tenté de se suicider. C'est toujours très appréciable de l'apprendre par Nightmare. Dans ces cas là, on ne se sent pas conne du tout, c'est sûr. Ces derniers temps, sans savoir expliquer la raison du pourquoi, je pense énormément à lui. J'ai besoin de lui. Je commence à m'en rendre compte. Je ne sais pas si ce sont les décès récents autour de nous qui me le font rendre compte. Dans tous les cas, j'ai toujours eu besoin de lui. Il est mon petit frère et je l'aime. C'est juste que, je ne me l'étais jamais autant dis. Peut-être que j'avais senti d'une certaine manière que j'avais besoin de lui, ou qu'il avait besoin de moi. Ces derniers temps, j'avais besoin de sentir que je servais à autre chose qu'à faire la fête et à commettre la luxure. Ces derniers temps, j'avais eu besoin de me dire que même si on passe notre temps à nous chamailler, mon petit frère ne doute pas que je sois toujours là pour lui et que je suis néanmoins sa grande soeur et que ça, je ne peux rien faire contre ça, et je ne le veux pas d'ailleurs. Peut-être que c'est mon rapprochement avec Camélia qui a fait ça, j'en sais rien. J'ai besoin de me reconstruire sur de bonnes bases, et penser à mon petit frère me fend le coeur. Repenser à tous les mots qu'il m'a adressé et penser trois minutes qu'il puisse penser ça de moi, vraiment, d'un coup, ça me brisait le coeur.

Visiblement, puisqu'il avait tenté de se suicider et que je l'ai su par Nightmare, il ne comptait vraiment pas sur moi. J'avais eu un élan de peur, de compassion, d'amour même quand je l'avais lu sur mon téléphone. Je n'ai pas pu m'empêcher de prendre ma voiture le plus vite possible et de me garer devant chez lui. C'était idiot, si ça se trouve, il était encore à l'hôpital. Si c'était ça, je parlerais à la porte, ça me fera sûrement du bien. Je sonnais. Je ne savais même pas ce que j'allais dire. Qu'est-ce qu'on est censé dire à à quelqu'un qui a tenté de mettre fin à ses jours? Et quand c'est son petit frère, en plus de cela? On avait l'habitude de se crier dessus, et javais envie de le faire, de l'insulter de ne pas avoir pensé à moi mais au final, comme toujours, ce n'était qu'une preuve aveugle que je l'aimais. Et là, savoir qu'il avait tenté de faire ça, ça m'affaiblissait. J'avais l'impression que moi-même j'avais voulu le faire et, je n'avais d'un coup plus la force de l'engueuler, de lui faire la morale, non. Il n'avait pas besoin de ça, et je m'en rendais bien compte. Je n'avais pas le temps de réfléchir plus, son visage apparut dans l'encadrement de la porte et il m'invita à entrer. D'habitude, il me refermait limite la porte au nez. On commençait bien. Je ne pouvais pas crier maintenant. Mais il anticipa. Je le regardais. Il s'excusa. Il avait vraiment l'air sincère et d'ailleurs, il insistait. Il me dit ne pas avoir envie - non plus - qu'on se chamaille. Pour une fois, on était d'accord sur un point tous les deux. J’acquiesçais de la tête. Je prenais donc une voix qu'il ne me connaissait pas vraiment : ma voix douce et compatissante. Oui, car je voulais être une tendre grande soeur qui veut soutenir son petit frère aujourd'hui. Il avait fait un appel à l'aide et ça, je ne pouvais pas le nier. « Je.. Je suis d'accord, je n'ai pas envie qu'on se chamaille.. encore.. » dis-je alors. Je le regardais, je sentais que j'avais les larmes aux yeux. Je levais les yeux au ciel pour essayer de les ravaler. Je le regardais à nouveau. Je voulais le prendre dans mes bras, je n'avais pas de mots, pas de force non plus. J'avais juste.. mal au coeur. Je tentais donc l'humour pour nier cela. « Excuse-moi je n'ai pas l'habitude qu'on soit si calme tous les deux.. » dis-je en tentant un petit sourire que je baissais bien vite. « Mais je.. je m'en veux en fait et je.. je t'en veux aussi d'avoir fait ça.. J'veux dire c'est idiot. Enfin, non, si tu as voulu le faire c'est que.. tu as tes raisons mais..» Je baissais les yeux en disant tout ça. Me confier c'était vraiment pas mon truc. Encore moins dire ce que je ressentais. Mais là, je ne trouvais rien d'autre à dire. Je relevais les yeux vers lui. « J'aurais dû le voir, le sentirque tu n'allais pas bien et tout faire pour que tu t'enlèves ces idées de la tête je.. je suis ta grande soeur je.. c'est mon rôle, non? » Je lève les épaules. Ma voix s'affaiblit, je rattrape les larmes aux yeux. Je cligne pour faire disparaître ça, mais je sais que ça ne marche pas. Il fallait peut-être qu'on parle d'autre chose que de son suicide alors.. Je passais aux aveux. « Je.. je trouve ça fou qu'il ait fallu que tu.. pour que je.. » Je rebaissais les yeux. Allez Prunille, tu peux le faire. Je relevais les yeux. « J'ai repensé à tout ce que tu me reproches et tu sais, je.. ça me vient là tout ce que tu penses de moi.. » dis-je en posant ma main du côté de mon coeur. « Je veux dire, je ne m'en fiche pas, je.. Je voudrais vraiment changer ça. » Je ne trouvais pas mes mots, je nageais en essayant de tenir mais, je n'y arrivais pas, je coulais dans mes paroles. « En fait là je me rends compte que je veux juste te prendre dans mes bras et que même ça, j'ai peur de le faire alors que tu es mon petit frère. » finis-je par avouer simplement. Oui c'est bien connu, un câlin ça remplace bien des mots. Sauf qu'entre Charlie et moi les câlins, c'est encore plus rares que des mots.
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(#)Sujet: Re: family portrait (prunille)  |   Jeu 19 Nov - 22:36

 

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Je ne m'attendais vraiment pas à voir Prunille ici et maintenant. J'étais complètement... bouleversé, oui, c'était le mot. Aujourd'hui, et pour la première fois depuis longtemps, je n'avais pas envie de me battre avec elle. Je n'avais pas le coeur à lui faire encore un millier de reproches et à l'insulter, comme je le faisais parfois. J'avais eu du temps pour réfléchir, ces derniers jours. Un peu trop, d'ailleurs. Seul dans ma chambre d'hôpital, avec seulement quelques visites de médecins lambda et de psychiatres ennuyeux, j'avais pu prendre du recul sur ma vie. Me poser des questions : où est-ce que tout cela me menait ? Est-ce qu'il n'était pas temps de me bouger les fesses, et de changer ? Je n'en pouvais plus d'être entouré par tant de noirceur, par tant d'obscurité. Et c'était moi-même qui m'y était installé. C'était moi qui avait éteint la lumière. Je m'étais mis dans cet état, alors il fallait que je m'en sorte seul. Ou du moins, que l'initiative de m'en sortir vienne de moi, et non pas d'un psychiatre. J'avais longuement réfléchi à tout cela et j'avais décidé qu'il était temps de guérir, temps de faire mon deuil. Je savais que ça n'allait pas être simple, car je n'avais toujours pas fait le deuil de June. Et je devais aussi faire celui de ma mère. Mais je pouvais m'en sortir. J'en avais la conviction. J'étais plus fort que mes démons. J'avais à mes côtés une alliée de choix : Prunille. C'était celle qui ici bas me comprenait mieux que personne. Elle avait vécu les mêmes horreurs que moi, elle avait souffert elle aussi. Au lieu de l'insulter et de la repousser, j'aurais dû prendre exemple sur elle et sur sa force. Car oui, même si j'avais trop souvent dit l'inverse, Prunille était une femme incroyablement force. Une forte peut-être froide, certes, mais ma soeur avait su résister à toutes ces épreuves. Le vent avait soufflé, la tempête avait rugi, et pourtant, Prunille était toujours là, telle un phrase dans la nuit. J'avais besoin d'elle. C'était la première fois de ma vie que je ressentais cela. Une envie pressante d'être à ses côtés et de m'expliquer.

Je l'invitais à entrer, ce que je n'avais pas fait depuis très longtemps. Que je n'avais probablement jamais fait tout court, en réalité. C'était compliqué, mais je ne voulais vraiment pas que l'on se batte. Je comprenais parfaitement qu'elle puisse être en colère contre moi. J'étais son frère, tout de même, et je ne l'avais même pas prévenue que j'avais fait une tentative de suicide. La connaissant, elle avait dû se faire un sang d'encre en apprenant la nouvelle. Malgré nos disputes à répétition, Prunille restait très protectrice envers moi et envers la famille. Je m'étais rendu compte pendant mon hospitalisation que depuis le début, tout ce que ma soeur faisait était dans notre intérêt. Je lui reprochais énormément de choses, mais au fond, tout ce qu'elle cherchait à faire, c'était de reconstruire notre famille, celle que j'avais foutu en l'air. Je ne parvenais pas à me débarrasser de ce sentiment atroce de culpabilité. Cela me rongeait. Alors, certes, Prunille s'y prenait peut-être un peu maladroitement parfois, mais je ne lui facilitais pas la tâche. Je m'étais aussi rendu compte que mon attitude envers elle avait été digne d'un adolescent rebelle et trop gâté. Je n'avais jamais cessé de l'être, en réalité, mais aujourd'hui, j'avais envie de changement. Ou plutôt, j'en avais besoin. Et je devais passer par une réconciliation avec ma soeur, mon pilier même si je ne voulais pas l'admettre. Je lui annonçais directement ne pas vouloir me battre, et elle accepta presque aussi. Je fus soulagé de voir qu'elle semblait être dans le même état d'esprit que moi. « Excuse-moi je n'ai pas l'habitude qu'on soit si calme tous les deux.. Mais je.. je m'en veux en fait et je.. je t'en veux aussi d'avoir fait ça.. J'veux dire c'est idiot. Enfin, non, si tu as voulu le faire c'est que.. tu as tes raisons mais..» Ah, on en venait déjà au sujet. Je la regardai, interdit, ne sachant trop comment réagir pour l'instant. C'était vrai que tant de calme me faisait tout drôle aussi. « J'aurais dû le voir, le sentirque tu n'allais pas bien et tout faire pour que tu t'enlèves ces idées de la tête je.. je suis ta grande soeur je.. c'est mon rôle, non? » Prunille retenait ses larmes. Bon sang, cela me tuait de me dire que c'était de ma faute. Que je lui avais causé beaucoup de peine, ces derniers jours. « Non, non, ne t'en veux pas... Comment aurais-tu pu voir que j'allais mal ? Je te repoussais sans cesse... Et même si tu avais su, je ne pense pas que tu aurais pu m'aider. J'étais si déterminé à... » J'avais beau faire des efforts, il m'était impossible de dire le mot. C'était encore trop tôt.

« Je.. je trouve ça fou qu'il ait fallu que tu.. pour que je.. J'ai repensé à tout ce que tu me reproches et tu sais, je.. ça me vient là tout ce que tu penses de moi.. Je veux dire, je ne m'en fiche pas, je.. Je voudrais vraiment changer ça. » me dit-elle d'une voix tremblante. Je n'aurais jamais cru que cette entrevue serait aussi douloureuse pour moi. C'était une toute autre Prunille qui se trouvait devant moi, loin de la femme forte et autoritaire que je connaissais. Je découvrais une toute nouvelle facette de sa personnalité, ma soeur, la vraie, celle qui était profondément blessée. « Je ne pensais pas toutes ces choses, tu le sais... J'allais pas bien, j'ai juste dit n'importe quoi. Tu sais bien que je ne le pense pas, t'es ma soeur » murmurai-je, gênée. Je me sentais particulièrement mal à l'idée de l'avoir blessée. J'avais peut-être pensé ces choses à un moment, mais c'était une époque révolue. Et puis, à ce moment, j'étais déboussolé par la douleur. Je disais et faisais n'importe quoi. « En fait là je me rends compte que je veux juste te prendre dans mes bras et que même ça, j'ai peur de le faire alors que tu es mon petit frère. » Maintenant, Prunille pleurait. Ou pas. Mes yeux étaient trop brouillés de larmes qui refusaient pourtant de couler sur mes joues. Je n'y voyais rien, mais pourtant, le ton de sa voix me prouvait qu'elle était absolument bouleversée. Et je l'étais tout autant, si ce n'est plus. « C'est pas notre fort, mais on peut peut-être apprendre » fis-je doucement. Je la pris ensuite dans mes bras, et la serrai, fort. Je n'avais même plus envie de la lâcher. Pour la première fois de ma vie, je sentais qu'elle était ma soeur. Ma famille. Mon sang. Et c'était une sensation si réconfortante. J'aimais Prunille, merde, elle était tout ce qui me restait. Pourquoi avais-je refusé de l'accepter pendant si longtemps ? « Je suis désolé, tellement désolé... J'ai merdé sur toute la ligne, depuis le début. Je ne veux plus causer aucune souffrance, j'ai fait assez de mal comme ça autour de moi. Je suis désolée d'avoir voulu... d'avoir voulu me... » Je ne parvenais pas à le sortir. Alors je continuais de la serrer, et cette fois, les larmes coulaient sur mon visage.
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(#)Sujet: Re: family portrait (prunille)  |   Jeu 19 Nov - 23:12

 

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Tous les deux, nous nous faisions face. Il m'avait laissé entrer silencieusement chez lui, alors que sa porte m'était plutôt familière en temps normal. Tout était différent à présent. J'étais venue non pas pour crier, ni pour le blâmer, mais pour savoir s'il allait bien et si peut-être.. je pouvais faire quelque chose. J'avais un sentiment étrange de peur, de tristesse, d'inquiétude, d'envie de présence pour mon petit frère. Je l'ai toujours eu, mais d'habitude il reste accompagné d'une rage, d'une morale que j'ai juste envie de lui crier à la figure. Là, j'ai quand même appris qu'il avait tenté de se suicider. Et là, ça faisait mal. Mal de savoir qu'il était si mal en point, mal de savoir que la dernière chose dont il se souvenait de moi c'était une baffe. Je ne voulais pas de ça, en fait, ça m'effrayait de savoir qu'il avait ça en tête en souvenir de sa grande soeur. Non, je voulais qu'il ait une bonne vision de moi, que tout ça change. Beaucoup de choses ont évolué dans mon esprit depuis que je suis arrivée à Miami, et c'était la première. Ne pas faire la même erreur qu'avec June, la laisser partir comme ça. Non, je me rattraperais avec mon petit frère, j'en prendrais soin pour ma mère. Et là, c'est ce que je tentais de faire.

Tout de suite, nous avions réclamé de ne pas crier l'un sur l'autre. Tout de suite, une ambiance un peu gênante s'était installée. Nous ne savions pas comment agir. Nous n'avions jamais été ainsi l'un avec l'autre. Là, à essayer de dire des mots jamais dits à l'autre. Je bégayais, les mots avaient du mal à sortir. Les larmes montraient le bout de leur nez. J'avais mal, mal d'être ainsi face à lui et de me sentir aussi démunie. Ne pas savoir quoi faire en sachant la souffrance intense de mon petit frère. Être là, ne pas le connaître et savoir ce qu'il faut faire exactement pour que jamais plus, ou pour qu'il n'ait jamais eu envie de faire une chose pareille. Il ne me blâmait pas non plus, il ne me contredisais pas, au contraire. J'avais même plutôt l'impression qu'il voulait se rejeter la faute, alors que je voulais lui dire que je m'en voulais de ne pas avoir su anticiper. Il n'arrivait pas à nommer ce qu'il avait voulu faire et, ça pouvait se comprendre. Il attrapait les larmes aux yeux, lui aussi, à ce que je voyais. Ma vue se floutait de plus en plus, faut dire. Il me dit qu'il ne pensait pas une seule chose qu'il avait pu dire jusqu'à présent, et que j'étais.. sa soeur. Ces mots me firent sûrement couler ma première larme, car ils m'arrivèrent droit au coeur. C'était comme une vague de chaleur, d'espoir, d'amour, de rêve qui arrivait à moi. Je lâchais même un sourire. Je n'aurais jamais cru un jour l'entendre dire une chose pareille. Je lui disais ce que je ressentais, oui. C'était grave qu'il ait fallu une telle situation pour que je me jette à l'eau et que je lui dise simplement que je rêverais de le prendre dans mes bras, mais que j'avais l'impression de ne pas pouvoir le faire alors que ça devrait être une chose naturelle chez nous. Je lui avouais ça, moi la Prunille froide et sans coeur que je peux être en temps normal. Sauf que là, rien est normal. Le monde est quand même étrangement fait.

Il s'approchait de moi, disant que peut-être qu'il fallait qu'on apprenne à l'être. J'écarquillais les yeux. J'arrivais à peine à le croire. M'invitait-il à reprendre tout du début? A oublier nos rancunes, nos disputes, nos chamailleries et à se prendre la main? M'invitait-il à avoir une nouvelle chance d'être sa grande soeur? Il était dans mes bras, maintenant, et il me fallait un temps avant de m'apercevoir que je ne rêvais pas, il était bien là, ses cheveux contre mon visage. Enfin, je le serrais contre moi comme il me serrait déjà. Je le faisais d'un coup, quand je m'apercevais qu'il était là pour de vrai. C'était une libération, un soulagement. Je pleurais à chaudes larmes, ça faisait un bien fou de l'avoir contre moi, sans qu'il ne soit forcé. Il s'excusa alors, et pas qu'une fois. Il me donnait son envie de ne plus faire de mal autour de lui, il reconnaissait ne pas aimer voir souffrir son entourage. Il n'y avait pas que moi, évidemment, je m'en doutais. Je suis sûre qu'il avait de nombreux amis qui avaient dû s'inquiéter aussi.. Je le serrais contre moi, ses paroles me faisaient mal, il bloquait sur ce mot.. « Chhh.. » soufflais-je caressant ses cheveux. C'est mon petit frère qui est dans mes bras. Je l'embrasse sur le crâne. Je le serre encore un long moment sans rien dire, je profite. J'ai encore du mal à me rendre compte qu'il est bien là où il est. Je finis enfin par parler. « Je ne t'en veux pas, et personne ne t'en voudra jamais. » voulais-je le réconforter d'abord, pour qu'il cesse de s'excuser. « Tu es un jeune homme exceptionnel, Charlie, n'oublie jamais ça. Tout ceux qui t'aiment vraiment le savent et.. quoi de plus important que cela? Le reste, on s'en fou.. Je veux que tu saches que j'ai toujours su que tu es quelqu'un de génial.. En même temps, tu es mon frère, c'est normal que tu sois génial.. » dis-je ensuite à mon habituel réflexe, user de l'humour dans des situations atroces. Je reculais son visage, pas lui entier de mon cou pour effacer ses larmes au possible. « Je suis fière d'être ta grande soeur, même si je ne l'ai jamais montré, et pour ça, c'est moi qui suis désolé.. » lui soufflais-je difficilement, le regardant dans les yeux. « Je ne veux plus continuer sur ce chemin, sur cette horrible erreur que d'être la dernière à laquelle tu penserais pour te changer les idées, parler, avoir un avis je.. je voudrais vraiment apprendre à être ta grande soeur, et que tous les jours à partir d'aujourd'hui je me dise que je prends soin de mon petit frère.. Il m'a fallu du temps pour l'assumer mais, ça a toujours été le cas.. J'ai eu.. un déclic et.. je suis désolé d'avoir pris autant de temps pour.. enfin.. pardonne-moi. » lui dis-je, des fois en ayant la voix qui avait du mal à sortir. Ce n'était pas des mots simples. C'était terriblement dur à dire, à assumer. Mais j'en avais marre de le nier et de souffrir pour ça.
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(#)Sujet: Re: family portrait (prunille)  |   Dim 22 Nov - 21:20

 

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La hache de guerre semblait être enterrée. Cette fois, c'était juste Prunille et moi. Deux frères et soeurs qui s'ouvraient leur coeur pour la première fois. Deux écorchés vifs face à face. C'était la première fois de toute ma vie que je la voyais si vulnérable, et cela me bouleversait terriblement. C'était comme si je n'avais jamais réalisé que Prunille pouvait avoir des blessures derrière son armure. Elle était ordinairement sévère, autoritaire et avec ce besoin implacable de tout contrôler, de tout savoir, de tout comprendre. J'avais toujours trouvé cela énervant au plus au point. Et je venais tout juste de réaliser que c'était simplement sa façon à elle de survivre. D'affronter les choses, d'en ressortir vivante. Elle voulait tout contrôler car elle voulait empêcher les derniers morceaux de se péter la gueule. Ma soeur voulait remettre de l'ordre dans notre famille, elle ne voulait que du bien... Mais au fond, elle était blessée, seule, meurtrie. Elle se cachait derrière cet air hautain depuis si longtemps, et pour qu'on ne voit pas que son coeur saignait. Les larmes coulaient sur mon visage, et cette fois, je ne pouvais pas les cacher. Je ne voulais pas. Je voulais simplement que Prunille comprenne que j'avais enfin compris, que j'avais enfin vu ce qu'elle était vraiment. Je l'avais blâmé tant de fois et pour tant de choses alors qu'elle essayait de ne pas s'effondrer. Je m'étais comporté comme un imbécile, comme un gamin pourri gâté. Encore une fois, je n'en n'avais fait qu'à ma tête. Je regrettais soudainement et violemment toutes ces horreurs que j'avais pu lui balancer. Quel monstre avais-je été pour l'insulter alors qu'elle venait m'annoncer le décès de notre mère ? Je ne savais même pas ce qui m'était passé par la tête.

Mon changement de vision sur Prunille me montrait également à quel point j'étais aveuglé par la douleur par le passé. Je pensais aller bien, que j'avais repris un peu le contrôle sur ma vie, que la dépression commençait enfin à perdre du terrain. Je vivais dans une illusion, en fait. C'était bien ce que les médecins m'avaient dit : à un moment donné, fatigué de me battre, j'avais juste arrêté de croire en mes symptômes. Je les avais oublié, comme on aurait jeté un vieux jouet derrière le lit. Je m'étais construit une illusion dans laquelle je n'étais plus malade et j'essayais de m'en convaincre. Je croyais sincèrement que mon esprit s'améliorait, j'avais volontairement choisi de ne plus écouter ce bourdonnement sourd de folie qui, pourtant, résonnait toujours dans mon crâne. J'étais devenu une vraie bombe, et le choc provoqué par l'annonce de la mort de ma mère avait fait exploser le tout. Dès lors, je n'avais plus rien contrôlé. Alors même que j'insultais ma pauvre soeur de tous les noms, planté sur le palier, je pensais avoir encore tous mes sens. Ce n'était plus le cas. C'était fini pour moi. La déflagration du choc avait détruit les moindres traces de raisonnement. Mon cerveau s'était éteint pour laisser la place à toute cette souffrance que j'avais tenté d'écarter jusque là. Les médecins m'avaient très longuement expliqué cela, mais ce n'était que maintenant, alors que je serrais pour la première fois ma propre soeur dans mes bras, que je me rendais compte de la gravité de la situation. Elle m'avait toujours aimé, et moi pas toujours. Ou du moins, pas autant qu'elle le méritait. J'étais heureux d'aller mieux. Cette fois-ci, c'était la bonne. Prunille serait là, à mes côtés, et je me ferais aider. Sérieusement. « Je ne t'en veux pas, et personne ne t'en voudra jamais. ». J'aurais aimé la croire. Oh, oui. Mais je ne pourrais jamais m'enlever de l'idée qu'au fond d'elle même, une petite partie m'en voudra. Tout comme je savais que je ne serais jamais capable d'oublier cette monstrueuse part de moi. Ma partie sombre, mes démons. Ce côté égoïste, narcissique, puéril, pessimiste, possessif. Celui que j'avais été pendant trop longtemps.

« Tu es un jeune homme exceptionnel, Charlie, n'oublie jamais ça. Tout ceux qui t'aiment vraiment le savent et.. quoi de plus important que cela? Le reste, on s'en fou.. Je veux que tu saches que j'ai toujours su que tu es quelqu'un de génial.. En même temps, tu es mon frère, c'est normal que tu sois génial.. » Sa remarque eut le don de faire apparaître une bref sourire sur mon visage noyé de larmes. Comme quoi, Prunille était incroyablement forte, même dans ce genre de situation. « Exceptionnel, exceptionnel, c'est vite dit... J'aimerais juste être comme toi, être comme ma grande soeur. Avoir cette capacité incroyable de garder le contrôle et de rester forte dans n'importe quelle situation, même si je sais bien que tu en ressens plus que tu ne le montres » murmurai-je doucement. Je voulais à la fois qu'elle sache combien j'avais d'admiration pour elle et aussi qu'elle comprenne que je voyais très clairement en elle, désormais. Qu'elle n'avait pas non plus besoin de se cacher derrière ses grands airs, pas avec moi en tout cas. Je comprenais sa souffrance aussi bien qu'elle comprenait la mienne. Elle effaça doucement mes larmes, d'un geste si doux que j'en frissonnai. Je n'arrivais toujours à croire que c'était Prunille que je tenais dans mes bras. « Je suis fière d'être ta grande soeur, même si je ne l'ai jamais montré, et pour ça, c'est moi qui suis désolé.. » Sa phrase m'intrigua, aussi plantai-je mon regard dans le sien, attendant la suite. Sa voix était tremblante. « Je ne veux plus continuer sur ce chemin, sur cette horrible erreur que d'être la dernière à laquelle tu penserais pour te changer les idées, parler, avoir un avis je.. je voudrais vraiment apprendre à être ta grande soeur, et que tous les jours à partir d'aujourd'hui je me dise que je prends soin de mon petit frère.. Il m'a fallu du temps pour l'assumer mais, ça a toujours été le cas.. J'ai eu.. un déclic et.. je suis désolé d'avoir pris autant de temps pour.. enfin.. pardonne-moi. » Elle pleurait franchement, désormais. Ma gorge se serra. Être la dernière à laquelle tu penserais pour te changer les idées. C'était triste, et malheureusement, c'était ce qu'elle avait été pendant une grande partie de ma vie. Je ne voyais que June, ma soeur jumelle, nous étions dans notre cocon et nous n'avions jamais vraiment fait attention à celle que l'on appelait autrefois Lemon. Les mots me venaient à l'esprit, par milliers, tous ceux que j'avais voulu dire sans jamais trouver une oreille pour les entendre. J'aurais voulu la consoler, lui dire que je l'aimais, mais ils refusaient de sortir. Mon corps était secoué de sanglots. Ceux que j'avais trop longtemps refouler à l'intérieur de moi. Les vannes étaient ouvertes, et je n'en n'avais pas honte. Je n'avais pas honte que Prunelle soit là, bien au contraire, j'étais heureux qu'elle puisse me soutenir.

« Lemon, je... » Je me repris aussitôt. « Prunille, excuse-moi, je ne suis pas encore totalement habitué ». Tout cela était éprouvant pour moi. Et dire que les psychiatres m'avaient déconseillé les émotions fortes... J'étais servi ! « Quoi que tu puisses en dire, j'ai été l'idiot dans cette histoire, du début à la fin. Tu as essayé de te rapprocher de moi, après la mort de June, et tu as eu raison. Tu as sûrement été la seule à voir à quel point j'étais mal, parce que tout le monde était trop enfermé dans sa propre douleur pour me remarquer, moi. J'avais trop mal, mal pour les parents, mal pour tout le monde. Je me suis oublié et perdu dans toute ce chagrin et il n'y avait personne pour m'aider. Sauf toi, et tu sais pourquoi ? Parce que même si on ne dirait pas toujours, tu es une femme altruiste. Tu penses rarement à toi, je me trompe ? Les autres passent toujours avant. J'aurais pu avoir ton aide, à ce moment là, si seulement je l'avais accepté. J'étais trop perdu, trop malheureux. J'avais peur de tout et ta manière de t'approcher n'était pas la bonne. Je ne t'en blâme pas, hein, je crois que personne n'aurait pu m'aider à cette époque de toute manière » C'était extrêmement douloureux pour moi que de m'exprimer sur cette horrible période de ma vie. La mort de June, ou le début des ennuis. « Et puis tu es venue à Miami, et je crois que si ce n'était pas pour m'annoncer la mort de Maman, on aurait peut-être pu renouer des liens. Mais tu as eu le courage de faire ce que personne n'avait osé, venir annoncer à l'enfant terrible de la famille la mort de maman. Tu as osé m'approcher, moi, l'espèce de petit monstre qui avait fui, tout laissé derrière lui sans se retourner. Encore une fois tu m'as tendu la main, tu m'as offert ton aide mais je n'ai rien voulu saisir. Je ne me cherche pas d'excuse, car je me suis comporté comme une petite ordure narcissique. J'étais si empêtré dans mon propre malheur... C'était comme si je me complaisais à m'enfoncer de plus en plus dans cette tristesse sans fin » J'essuyai d'un revers de main ma joue trempée. J'avais la gorge sèche mais cela me faisait beaucoup de bien d'enfin parler de tout cela. « Et tu sais, moi aussi j'ai eu un déclic quand... enfin, tu sais. Ça m'a réveillé de cet état catatonique dans lequel j'étais plongé depuis trop longtemps. J'ai retrouvé la lumière, les sensations, les sentiments. Je te mentirais si je te disais que j'allais bien, car il me faudra beaucoup de temps pour retrouver ma vie d'avant, mais... Je sens que je veux aller mieux. Je veux que l'on m'aide, je ne veux plus rester seul face à tout cela. Je veux qu'on s'aide, Prunille, qu'on s'aide à aller mieux. Car je sais que tu ne vas pas bien non plus. Je le vois, je le sens. Je veux t'aider, et je sais que cela peut peut-être paraître invraisemblable vu mon état mais... je sens que je le peux. On peut s'aider mutuellement, et on ira mieux, je te le promets ».
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(#)Sujet: Re: family portrait (prunille)  |   Mar 24 Nov - 22:43

 

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J'avais rêvé de ce moment toute ma vie, je pense. J'ai toujours rêvé de renouer les liens avec mes frère et soeur. Entre temps, j'avais perdu June dans un accident ici, à Miami. Pour elle, c'était donc foutu. Je n'avais aucune chance qu'elle sache un jour, sauf si elle me regarde depuis de là-haut, combien je l'aimais malgré les apparences. Maintenant, il ne restait plus que Charlie. Venir ici, c'était pour dire la vérité à Charlie oui, notre mère avait succombé à sa maladie suite à la tragédie qui avait atteint notre jeune soeur. Mais d'un sens, j'avais envie de faire ce voyage. J'avais envie de me sentir proche de lui. Même s'il me criait sur la tronche, qu'on s'arrachait les cheveux et qu'on se hurlait combien on se détestait, je voulais le savoir près de moi. Savoir que quand même, j'avais un "pouvoir" pas loin de lui et que, j'empêcherais que quoique ce soit lui arrive. Qu'il me déteste, je l'acceptais. Simplement parce que je pensais largement le mériter. Je n'avais pas été une vraie grande soeur, je n'avais jamais été là pour lui, j'avais toujours été la nana hautaine et éloignée pour lui, qui nageait dans la luxure et le plaisir, rien d'autre, je le comprenais. Qu'il me hurle dessus, j'y survivais, disons.

C'est quand j'avais su pour sa tentative de suicide que tout avait basculé. Là, je n'avais pas été là. Malgré mes quelques mètres de séparation, je n'avais rien vu venir et je n'avais pas pu empêcher cela. C'est cet acte manqué qui m'avait poussé à venir ce soir là, sans aucune envie d'hurler mais juste, enfin, de lui dire que je l'aimais et que j'en avais marre de me battre. Je ne pensais pas, en venant, que j'allais entendre ces mots. Je ne pensais pas qu'il me dirait qu'il m'admirait, qu'il admirait ma force de combattre la tristesse, qu'il comprenait que j'avais toujours été là pour lui, malgré nos différents, malgré nos disputes, malgré nos haines. Il reconnaissait que j'avais toujours été là pour lui, et jamais pour moi. Il reconnaissait qu'il me comprenait, que tout cela lui avait ouvert les yeux. Finalement, ça m'avait aussi ouvert les yeux. Je ne voyais plus ce gosse égoïste dont j'étais affreusement jalouse jeune. Je ne voyais plus cet enfant pourri gâté pendant que moi je travaillais pour vivre. Tout cela, je l'oubliais peu à peu. J'avais dans mes bras mon petit frère, en détresse, qui avait plus que jamais besoin de moi et qui me disait ces mots qui me venaient droit au coeur, ce coeur meurtri, ce coeur tant de fois rompu. Je pleurais, oh ça oui, comme ça me faisait du bien et en même temps mal de reconnaître que oui, je souffrais malgré toutes mes apparences et qu'il l'avait très bien compris. Et que oui, il avait raison, je souffrais. C'est une chose que je déteste admettre.

Je le tiens dans mes bras, il s'essuie les yeux, j'essuie ses joues, et mes yeux aussi. Je ne dois ressembler vraiment à rien. Pleurer n'était pas mon truc, en réalité, je pleure très rarement. Mais bon là, c'est justifié. Il me promit que maintenant on serait là l'un pour l'autre, que lui aussi il serait là pour moi. On oubliait tout. Tout notre passé, tout. Je souris, en pleurant toujours, ne sachant pas quoi dire. La boule dans ma gorge grossissait, grossissait, j'avais du mal à parler. J'avalais tout ça pour essayer de prendre la parole. « Je crois qu'on a besoin de dormir tous les deux, qu'en penses-tu? Après ça, on apprendra à être de vrais frères et soeurs.. » dis-je en essayant de rire doucement, tout en étant complètement sérieuse. « J'ai tellement rêvé de ce moment avec toi, que tu me dises tout ça, que tu me comprennes... J'ai du mal à réaliser.. Tu as lu en moi. Je souffre, je souffre de choses et d'autres mais surtout, de ne pas avoir eu ma chance d'avoir cette conversation avec June.. » dis-je les larmes continuant de couler. Je lui fis un signe de la tête. « Viens.. » dis-je alors en nous menant dans ce que je pensais être sa chambre puis je le prenais dans mes bras, il était dos à moi et je le bordais, chantonnant doucement pour qu'il dorme, parce que j'étais persuadée que comme moi, il avait besoin d'un peu de sommeil. On dormait comme ça une grosse demi-heure avant de se réveiller. « Alors dis-moi maintenant, raconte moi un peu n'importe quoi. » lui soufflais-je lorsque je le sentais réveillé. Je lui souris quand il tourna la tête. Deux frère et soeur dans un lit des deux à papoter un soir, quoi de plus fraternel?
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(#)Sujet: Re: family portrait (prunille)  |   Sam 5 Déc - 20:01

 

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La scène semblait presque irréelle. Prunille et moi, s'enlaçant et se faisant des déclarations. Je n'aurais jamais cru qu'une telle chose se réalise un jour, et pourtant. Je n'éprouvais aucune honte à me livrer ainsi. Je n'avais jamais parlé à quelqu'un de cette manière. C'était la première fois depuis très longtemps que j'ouvrais véritablement mon coeur, que je mettais mes sentiments à nu. Je m'étais tant de fois refusé à faire cela... Et je le regrettais, désormais. Si j'avais su parler de ma souffrance à quelqu'un, peut-être que je n'en n'aurais pas été là aujourd'hui. Alors que je serrais Prunille dans mes bras, tout ce que nous avions vécu, toutes ces disputes, me paraissait soudainement ridicule. Pourquoi avions-nous passé tant de temps à nous détester mutuellement alors qu'au fond, c'était tout l'inverse ? Je l'avais toujours aimée, et ce même si je ne l'avais presque jamais montré. Prunille avait un très fort instinct de famille, malgré ses airs autoritaires ; c'était pour cela qu'elle était venue à Miami. Pour tenter de reconstruire ce qui avait été détruit. Et moi aussi, je l'avais, cet instinct. J'avais désespéré de voir ma famille, celle que je chérissais tant, se briser en morceaux au fur et à mesure du temps. Mais mon côté pessimiste m'avait fait renoncer à l'idée de la voir à nouveau reconstituée un jour. Pourtant, Prunille, elle, n'avait jamais perdu espoir. Plus que ça, elle avait réussi à me transmettre cet espoir. Oui, maintenant, j'avais envie de me battre pour ce qui restait. Moi, Pru, et notre père.

Ma tentative de suicide, même si ç'avait été un évènement atroce et que j'en souffrirais probablement pendant longtemps, m'avait fait l'effet d'un électrochoc. Cela m'avait réveillé. J'avais compris, et ce fut assez traumatisant, que ma vie n'avait absolument aucun sens. Que j'avais très souvent oublié l'ordre de mes priorités, que j'avais fait passer certaines personnes avant d'autres. Je pensais surtout à Nessa. Je l'adorais, et je m'étais mis en tête de la sauver par pur égoïsme, uniquement car je voulais oublier mes problèmes. Je pensais que sauver quelqu'un m'enlèverait cet atroce sentiment de culpabilité qui me hantait, comme une sorte d'absolution. J'essayais de me racheter. Perdu dans ma douleur, je m'étais attaché plus que de raison à Nessa. Beaucoup trop. Alors que je savais qu'il n'y aurait jamais de relation de couple entre nous, nous avions été clairs dès le début. Et pourtant, pour une raison que j'ignorais encore, j'avais été fou de rage et de jalousie quand j'avais appris qu'elle était retombée dans les bras de Wayne. J'étais certes très fier que son état se soit amélioré, mais je m'étais beaucoup trop attaché à elle et à cette relation hasardeuse que nous entretenions, et j'avais délaissé ce qui comptait vraiment à mes yeux, Joana et Prunille. C'était ces deux personnes qui auraient dû être près de moi au moment où rien n'allait. Je m'en rendais compte désormais, et je comptais bien mettre de l'ordre dans cette vie si bordélique que la mienne.

Et voilà, Prunille et moi pleurions dans les bras l'un de l'autre. C'était à la fois plaisant et très étrange, mais j'appréciais cela. Peu à peu, notre étreinte se relâcha. Prunille avait les yeux rouges, et je devinais aisément pourquoi. Elle avait beau faire la forte, je savais bien qu'elle ne l'était pas autant qu'elle voulait le faire croire. Elle était humaine, après tout, et il était bien normal qu'elle souffre après tout ce que nous avions vécu. Prunille m'emmena dans ma chambre, et après nous être installés dans mon lit, nous nous en endormîmes bien vite. Ce fut la première fois depuis des jours que je dormis bien. D'un sommeil apaisé, sans rêves. Je sentais le souffle chaud de ma soeur sur ma nuque, et cela me rassurait. Il y avait enfin quelqu'un derrière moi pour me rattraper en cas de chute, et c'était incroyablement réconfortant. Nous nous réveillâmes presque en même temps et nous restâmes un certain temps sans rien dire, appréciant simplement nos présences respectives. Encore une fois, j'avais l'impression de rêver, mais non, je venais bien de faire la paix avec Prunille. J'en avais besoin. La haine imbécile que j'avais nourris à son égard pendant si longtemps m'avait fait beaucoup plus de mal que de bien. Elle me demanda alors que je lui raconte quelque chose, comme ça, pour que l'on apprenne à être frères et soeurs. Durant toute notre vie, je crois que nous ne nous étions jamais rien confiés, ce qui était incroyablement triste, en soi. Je tournai la tête. Je ne savais pas si le sujet que je m'apprêtais à aborder allait la gêner ou non. « Je... Je t'ai vu avec cette fille, l'autre soir, enfin, à ta fête. Juste avant que je... bref » Je n'avais aucun souvenir de cette soirée, comme si tout avait disparu avec ma tentative de suicide. Néanmoins, je me rappelais distinctement avoir vu Prunille en compagnie d'une femme. « Elle était vachement belle. Est-ce que... c'est ta copine ou juste une fille comme ça ? ». Je n'avais jamais parlé de sa sexualité avec Prunille, et à vrai dire, je me fichais bien qu'elle aime les hommes, les femmes ou les deux. Mais en parler ne pourrait que nous rapprocher. « Enfin, sinon... Il y a une fille que j'aime vraiment bien. Tu la connais, je pense. Joana, tu te rappelles ? Joana Harlow. C'est son père qui... » ... qui a renversé notre soeur. Oui, oui. Je craignais un peu la réaction de Pru. Comment allait-elle réagir en apprenant que j'avais des sentiments pour la fille de l'homme responsable de la ruine de notre famille ?
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(#)Sujet: Re: family portrait (prunille)  |   Dim 6 Déc - 16:21

 

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Retrouver ou enfin.. trouver tout court la relation avec Charlie dont j'avais toujours voulu, ça c'était un rêve qui semblait enfin se réaliser. Il nous avait fallu des événements affreux pour y arriver, certes, mais enfin il était dans mes bras et ce n'était pas de force. Je sentais qu'il en avait besoin, qu'il avait besoin de sa grande soeur, pour la première fois de sa vie. Je ne pouvais pas lui en vouloir après tout ce que nous avions vécu, comment notre vie était faite, de n'y avoir jamais pensé avant. C'était comme ça entre nous et finalement, c'est ce qui faisait la force de notre relation.

Je serrais cette tête blonde dans mes bras aussi fort que je le pouvais. Je me disais que je rêvais, et pourtant non. Il était bien dans mes bras là à cet instant et je n'arrivais pas à y croire. tellement que j'en pleurais, de tristesse et de joie à la fois. Il m'avait fait la peur de ma vie avec sa tentative de suicide, je ne voulais sûrement pas perdre mon frère après avoir perdu ma soeur et ma mère d'un coup. Je ne pouvais pas supporter qu'il puisse souffrir ainsi, qu'il puisse se torturer ainsi. Je voulais être celle qui l'aiderait à s'en sortir, qui l'aiderait à retrouver son si beau sourire, sa si belle joie de vivre, ses aspirations à devenir professeur que je connaissais même si finalement, mon frère restait un total mystère pour moi.

Après avoir échangé tous ces mots que nous n'avions jamais osé nous dire, après avoir partagé des larmes, des aveux. Je décidais qu'on pouvait commencer une conversation normale de frère et soeur. Je savais que ce ne serait pas facile de construire cette nouvelle relation qui n'était basée sur pas grand chose. Mais on essaierait et finalement, on y arriverait. Je le savais très bien. On avait une force incroyable tous les deux, même s'il l'ignorait encore, il avait la même que moi. Je savais qu'il en sortirait. Je proposais de parler de choses et d'autres. Nous nous asseyions dans son canapé quand il commença à parler du premier sujet qui fait mal sans le vouloir. Je transformais une nouvelle fois mon visage en baissant les yeux. J'avalais fortement. Il ne pouvait pas savoir que ce serait un sujet qui faisait mal. Je me râclais la gorge avant de trouver la force de relever mes yeux pour lui expliquer qui avait été Camélia dans ma vie. « Heu j'ai eu une relation sérieuse avec elle mais.. ça n'a pas fonctionné on.. s'est séparé il y a quelques jours et.. enfin je perds un peu espoir pour tout t'avouer. Oui, elle est vachement belle.. » dis-je en me forçant à sourire pour ne pas pleurer une troisième fois. Je déteste pleurer. Mais heureusement, il me refit prendre pieds en me parlant de Joana. Là, un vrai sourire s'affiche sur mon visage. « Enfin je peux entendre parler d'elle, oui je la connais bien. Je l'adore, je peux te le dire. Je l'ai rencontré par hasard en ville un jour et j'ai tout de suite bien accroché avec elle avant de savoir que.. vous vous entendiez vous aussi plutôt bien.. parce que quand tu dis que tu l'apprécies vraiment.. on est d'accord que c'est vraiment, vraiment hein? » insistais-je comme première taquinerie de soeur à frère. Je l'adorais cette Joana, vraiment. Je la considérais comme une soeur depuis que j'étais ici avant même de savoir qu'elle avait le béguin pour mon petit frère, ce qui me ravissait encore plus. Je les trouvais adorable ensemble, ils seraient vraiment magnifiques en tant que couple. Limite j'avais envie d'être une entremetteuse dans cette histoire. « Tu aimes manger quoi? On a qu'à sortir se faire une bouffe et un truc pour se changer les idées et surtout, sortir! Genre le bowling, ou le cinéma, ou un laser game, dis moi où tu veux aller pour première sortie avec ta grande soeur? » proposais-je ensuite. Il fallait qu'il aille de l'avant, non? Qu'il se change les idées? Alors c'était maintenant ou jamais.
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(#)Sujet: Re: family portrait (prunille)  |   Ven 11 Déc - 14:49

 

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Et si nous devenions vraiment complices ? Et si je nouais avec Prunille les mêmes relations qu'avec June, auparavant ? Cela me semblait si irréel et si intéressant à la fois. L'amour fraternel était sans doute l'amour le plus puissant et le plus pur qui soit (sauf si l'on s'appelle Jamie et Cersei Lannister, auquel cas l'adjectif "pur" n'était plus approprié). Je n'avais jamais ressenti l'amour que j'avais porté à June pour n'importe qui d'autre. Il y avait avec elle une sorte de connexion ineffaçable, une complicité indestructible. J'ignorais si le fait que nous étions jumeaux changeait quelque chose à cela, mais j'avais réellement le sentiment que le même sang coulait dans nos veines. Que nous nous ressemblions en bien des points, et que même nos différences nous rassemblaient. Quand June était morte, c'était comme si une partie de moi l'était également. Je sais que l'on dit cela tellement souvent que cette expression a perdu tout son sens, mais c'était bel et bien ce que j'avais ressenti quand j'avais reçu ce fameux appel. L'impression que quelque chose en moi était parti, était mort. Que je ne serais plus jamais le même. Et j'y avais cru pendant longtemps. Enfermé dans mon désespoir, j'avais tourné le dos à beaucoup de gens qui auraient pu m'aider. J'avais tenté de me reconstruire seul, sans grand succès. Quant à la mort de ma mère, je savais que cette blessure mettrait encore plus de temps à guérir à cause de ce sentiment de culpabilité qui me hantait. Mais maintenant, j'avais l'espoir, l'espoir de pouvoir construire une relation saine avec Prunille, de connaître de nouveau cet amour fraternel que j'avais perdu. Peut-être que j'étais trop optimiste, car nous connaissant, les choses pouvaient très rapidement dégénérer, mais j'avais réellement l'impression que notre relation avait pris un tout autre sens.

Allongés dans mon lit, Prunille et moi tâchions d'avoir une conversation normale. Une conversation de frères et soeurs, quoi. Je m'étais dit que le meilleur moyen de briser la glace était d'aborder le sujet des amours. C'était assez personnel après tout, et pour tout admettre, je ne savais absolument rien de la vie amoureuse de ma soeur. Cependant, elle parut assez mal à l'aise, ou du moins triste. Je venais de toucher une corde sensible sans faire exprès. Je m'apprêtait à retirer ma question quand Prunille me répondit, d'un ton sincère : « Heu j'ai eu une relation sérieuse avec elle mais.. ça n'a pas fonctionné on.. s'est séparé il y a quelques jours et.. enfin je perds un peu espoir pour tout t'avouer. Oui, elle est vachement belle.. » Charlie, expert dans l'art de poser des questions gênantes sans même le savoir. J'avais trouvé la jeune femme réellement magnifique et j'étais désolé d'apprendre qu'elles avaient rompu, car j'avais ressenti qu'il y avait une réelle alchimie entre elles deux. « Oh, excuse-moi, je ne savais pas que vous n'étiez plus ensemble... J'espère que les choses s'arrangeront ». Je ne savais pas vraiment quoi lui dire d'autre. Je n'osais la conseiller, vu l'état déplorable de ma vie amoureuse. Et puis, même si nous nous étions réconciliés, je ne la connaissais pas assez pour pouvoir juger de ceci ou de cela. Je décidais de changer de sujet, et de parler pour la première de mes sentiments pour Joana. Ils s'étaient très largement développés durant ma période de convalescence. Elle avait été la seule à prendre réellement soin de moi, et j'avais été à deux doigts de tout lui dire à de nombreuses reprises. Mais c'était comme ça et ç'avait toujours été comme ça entre elle et moi ; incapables de s'avouer nos réels sentiments. « Enfin je peux entendre parler d'elle, oui je la connais bien. Je l'adore, je peux te le dire. Je l'ai rencontré par hasard en ville un jour et j'ai tout de suite bien accroché avec elle avant de savoir que.. vous vous entendiez vous aussi plutôt bien.. parce que quand tu dis que tu l'apprécies vraiment.. on est d'accord que c'est vraiment, vraiment hein? » Sa réaction me rassurait. J'avais crains qu'elle n'approuve pas cette relation étant donné le fait que son père avait tué notre soeur. Cette histoire avait ruiné ma relation avec Joana, pendant un temps. J'étais incapable de la voir sans penser à son père et à ce terrible accident. Je savais pourtant qu'elle aussi avait souffert de voir son père emprisonné. Mais c'était comme ça. Et puis, au fur et à mesure, l'affection que j'avais éprouvé pour elle était revenue au galop, remplaçant la rage du passé. « Oui, je l'aime vraiment, vraiment bien... Mais c'est très compliqué. Je ne pense pas pouvoir me permettre, vu ma situation, de m'engager dans une relation de ce type... Et puis, je ne suis même pas certain que ce soit réciproque ». Prunille me proposa de faire autre chose. « Tu aimes manger quoi? On a qu'à sortir se faire une bouffe et un truc pour se changer les idées et surtout, sortir! Genre le bowling, ou le cinéma, ou un laser game, dis moi où tu veux aller pour première sortie avec ta grande soeur? » Ma soeur semblait enthousiaste, beaucoup plus que je ne l'étais. Je n'étais pas du tout à l'aise dans les foules, maintenant, et dans les lieux publics plus généralement. « Je ne sais pas, Prunille... Je dois être rentré à l'hôpital dans une heure, et je ne crois pas être prêt... J'aurais bien aimé, mais je préfère rester là. C'est encore dur pour moi de... de voir du monde... » Je restais assez vague sur le sujet. Je préférais éviter qu'elle apprenne que j'avais développé, après ma tentative, une forme relativement légère de phobie sociale et de trouble paranoïde.
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(#)Sujet: Re: family portrait (prunille)  |   Ven 11 Déc - 17:23

 

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Cela faisait à peine quelques heures que j'avais toqué à la porte de mon petit frère et qu'il m'ouvre sans hausser le ton. C'était la première fois lui et moi que nous nous retrouvions face à face sans avoir à crier, à hurler ou quoique ce soit de la sorte. Nous parlions juste maintenant comme deux adultes après avoir partagé quelques larmes ensemble et quelques regrets. Ce n'est pas simple pour tous les deux d'avouer ce qu'on peut ressentir et surtout après toutes ces années. Nous avons survécu à énormément de choses et maintenant nous devions faire équipe malgré notre passé commun, malgré notre relation jusqu'ici chaotique. Je voulais construire quelque chose de nouveau et changer littéralement de comportement avec mon petit frère. Rien ne changerait vraiment dans mes intentions car finalement j'ai toujours voulu qu'il soit heureux, je n'ai jamais choisi le bon moyen de le faire voilà tout. Maintenant, je tentais de reprendre le contrôle et lui aussi. Nous essayions de faire un pas devant l'autre ensemble.

Nous essayions de parler de choses et d'autres du quotidien, nous voulions apprendre à nous connaître tous les deux. Oui, nous n'avions jamais vraiment pris le temps de parler, de se poser et d'apprendre à se connaître par coeur comme tous les frères et soeurs. Nous commençions naturellement par parler de nos relations. Il mentionnait Camélia, sans savoir que c'était un point sensible en ce moment même pour moi. Il semblait désolé de sa question aussi vite que j'avais répondu que nous nous étions séparées. Je lui faisais un sourire consolateur. « Tu ne pouvais pas savoir, ne t'en fais pas. » et puis il ajouta qu'il espérait que tout se termine bien. Je fis la grimace. « Je ne sais pas trop si ça pourra vraiment s'arranger un jour, malheureusement.. » lui confiais-je en baissant le regard. Ma séparation avec Camélia avait été affreuse pour moi, et j'avais eu très mal au coeur. J'ai toujours très mal au coeur d'ailleurs. J'avais ouvert une deuxième fois ce dernier pour qu'on lui plante un autre couteau droit au centre et je n'en pouvais plus. Finalement, mon masque de femme sans sentiments m'allaient bien et je m'y accrochais pour ne plus souffrir. Je savais qu'en revoyant Camélia il tomberait aussitôt mais.. Il fallait que je garde cette protection, que je ne souffre plus. Il me changeait les idées en me parlant de la fameuse Joana. Je rattrapais un petit sourire et je relevais la tête à son évocation. Je la connaissais bien en réalité et je l'aimais énormément. J'étais ravie qu'elle soit si proche de mon petit frère. Mais il ne semblait pas très sûr de ce qu'il ressentait ou faisait avec elle. Je faisais la grimace. « Je sais que ce n'est pas simple, crois moi.. Mais tu mérites d'être heureux Charlie.. Et si je suis au courant pour toi et elle, tu crois que c'est comment? Ne doute pas d'elle.. » lui soutenais-je avec le regard, en souriant légèrement pour lui faire comprendre que forcément elle devait ressentir quelque chose pour lui aussi. C'était adorable. Je les voyais juste parfaitement être ensemble, sans savoir pourquoi. Même si c'était son papa qui avait fait ça à June, elle n'y était pour rien, pourquoi lui en vouloir? Ensuite, je lui proposais de sortir un peu, de prendre l'air parce que j'estimais qu'il en avait besoin mais il déclina vite mon invitation, ce qui me rendit triste. « D'accord, comme tu veux. Tu sais que je suis là en attendant et.. si jamais tu as la soudaine envie de sortir prendre l'air. Je pense sincèrement que ça te ferait le plus grand bien. Même dans un endroit peu fréquenté s'il faut. Il faudrait juste que tu prennes l'air un peu. » lui conseillais-je en lui souriant doucement. « Et si tu as besoin de quelqu'un à l'hôpital aussi tu peux me le dire. Je suis là maintenant et je ne t'abandonnerais pas. » lui promettais-je en le regardant droit dans les yeux, histoire de montrer ma sincérité. Je voulais que tout change et j'étais prête à tout pour cela.
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