(#)Sujet: Re: family portrait (prunille) | Jeu 24 Déc - 0:39
family portrait.
C'était une sensation vraiment incroyable que d'avoir sa soeur à ses côtés. Mon avis était que peu de gens se rendaient compte à quel point avoir une fratrie était une chance, un bonheur. Beaucoup pensent que l'on ne fait que subir sa famille tout au long de sa vie, et je devais admettre que j'avais longtemps été comme ça. Après la mort de June, surtout, j'avais voulu me la jouer loup solitaire, pensant que je pourrais vivre sans ma famille, sans ceux de mon sang. Et ç'avait été tout bonnement impossible. Je pense que c'est quelque chose de physique, d'inexplicable autrement. J'étais lié avec Prunille, que nous le voulions ou non. Je m'en rendais compte, désormais ; on ne peut jamais être véritablement sans sa famille. Je ne m'en étais jamais rendu compte, mais Prunille était un pilier dans ma vie. Même si auparavant, je n'avais pas grande estime pour elle, elle avait toujours été là, tel un repère dans le brouillard. C'était à ça que servait la famille : on pouvait s'en éloigner et même la renier, et pourtant, on apercevait en permanence la lumière, elle était là. Pour l'éternité. Alors, même si l'on vit sans sa famille, même si on en est loin, on sait qu'elle est là. C'est une façon de toujours se rappeler qui l'on est, d'où l'on vient. La famille empêche cet oubli de soi. Pourquoi ne m'étais-je pas rendu compte de tout cela plus tôt ? Loin de ma famille, j'avais presque perdu leur lumière pour sombrer seul dans la nuit noire. Heureusement, Prunille avait été là. C'est assez incroyable de voir à quel point mon avis sur elle s'était modifié pendant mon hospitalisation. Les psychiatres m'avaient très clairement fait comprendre qu'inconsciemment, j'avais toujours souffert de cette distance entre elle et moi, surtout depuis la mort de June. Mais maintenant, j'étais déterminé à rattraper le temps perdu.
Nous commençâmes par nous parler de nos amours respectifs, et ce fut d'un ton plutôt naturel que je lui parlais de Camélia, avant d'apprendre qu'elles n'étaient plus ensemble. Prunille avait l'air de le vivre assez mal, elle que je connaissais si forte, voire un peu insensible. Je me représentais assez bien sa souffrance. Elle était le genre de femme à ne pas s'attacher et à parfois se montrer froide tout simplement parce qu'elle avait peur qu'on la trahisse. Oui, j'arrivais à lire en elle, à voir la vérité qu'elle essayait de cacher. Nous n'avions peut-être jamais été proches, mais elle restait ma soeur et j'avais beaucoup plus de facilités à voir en elle que les autres. La vérité était que Prunille avait peur. Elle était terrifiée. Par quoi ? Par la vie en général. Elle aussi avait énormément souffert de la mort de June, de mon départ, de la mort de maman. C'était elle qui était restée, elle qui avait dû recoller les morceaux tandis que je me la coulais douce à Miami. Elle avait été trop souvent blessée et avait cru bon de se cacher derrière son masque de femme froide. Elle faisait ce qu'elle voulait, mais avec moi, sa technique ne prenait pas. « Tu ne pouvais pas savoir, ne t'en fais pas. Je ne sais pas trop si ça pourra vraiment s'arranger un jour, malheureusement.. » fit-elle doucement. Je la regardais un instant. Je la pris dans mes bras, de façon un peu hésitante au début, puis plus franchement. C'était encore un geste qu'il me paraissait étrange d'avoir avec Prunille. Cette embrassade voulait dire : "je sais, je sais ce que tu ressens et je te comprends. Mais tout ira bien, je te le promets, tu sauras trouver la véritable force au fond de toi". Je ne savais pas comment trouver des mots assez jolis pour dire cela, aussi décidai-je de le dire avec mon corps, la seule chose qui ne mentait pas.
La discussion en vint tout naturellement à Joana. J'avais des sentiments pour elle depuis assez longtemps, mais malheureusement, je n'avais jamais osé lui dire. Prunille était d'ailleurs la seule personne qui était au courant. J'étais assez mal à l'aise quand il s'agissait de ma vie privée. Autant cela ne me gênait pas que l'on raconte à toute la ville le nom de mes conquêtes, autant je n'aimais pas quand il s'agissait de quelqu'un qui comptait réellement pour moi. Ma soeur laissa plus ou moins sous-entendre que j'avais des chances avec elle, ce qui me gonfla d'espoir. J'étais plutôt pessimiste à ce sujet, persuadé que Joana, m'ayant vu dans les pires états et situations, ne pourrait jamais éprouver plus que de l'amitié à mon égard. Enfin, le temps nous le dirait. Je lui révélais également mes doutes concernant ma santé mentale ; et si cela n'était pas compatible avec une relation decouple ? J'avais terriblement besoin de stabilité, après tout. « Je sais que ce n'est pas simple, crois moi.. Mais tu mérites d'être heureux Charlie.. Et si je suis au courant pour toi et elle, tu crois que c'est comment? Ne doute pas d'elle.. » Je souris. « Ne me dis pas qu'elle t'en a parlé... ? En tout cas, je sais pas, mais j'ai l'impression que ça ne pourrait que me faire du bien. Enfin... c'est encore une autre histoire. Je voudrais attendre de sortir de l'hôpital pour faire quoi que ce soit ». Prunille me proposa de sortir boire un verre, mais je déclinai poliment. Je n'étais pas à l'aise en public, et je n'avais pas envie de gâcher ce bon moment. De plus, je devais être rentré à l'hôpital dans peu de temps. « D'accord, comme tu veux. Tu sais que je suis là en attendant et.. si jamais tu as la soudaine envie de sortir prendre l'air. Je pense sincèrement que ça te ferait le plus grand bien. Même dans un endroit peu fréquenté s'il faut. Il faudrait juste que tu prennes l'air un peu. » Elle ignorait apparemment tout de ma maladie. « Ce n'est pas le fait de prendre l'air ou de sortir qui me gêne, c'est plutôt... les gens. Leurs regards. Cette sensation qu'ils n'ont d'yeux que pour toi, qu'ils examinent chaque détail, chaque aspect de toi. Je me sens oppressé par tout cela. Je sais qu'ils ne voient rien de bon, et ça me fait paniquer » fis-je d'une voix douce. « Et si tu as besoin de quelqu'un à l'hôpital aussi tu peux me le dire. Je suis là maintenant et je ne t'abandonnerais pas. » me dit-elle d'un ton très sérieux en plantant son regard dans le mien. Elle était vraiment belle, en fait. Je n'avais jamais pris le temps de me poser la question, auparavant. Je la voyais comme une telle asperge hautaine. Mais en vérité, ses traits de visage étaient incroyablement nobles et doux à la fois. Je soutins son regard et un léger sourire se dessina à la commissure de mes lèvres. « Merci, merci beaucoup. Ça me fait vraiment du bien. J'espère juste... que les choses s'arrangeront. Je ne veux plus de cette vie. Je veux que tu m'aides à trouver le colère d'aller voir papa et de m'excuser pour tout » murmurai-je faiblement. Cette idée me tournait en tête depuis un certain temps. J'avais tout pris à mon père, c'était moi qui lui avait causé le plus de souffrance. La moindre des choses était de revenir lui demander pardon, même si je doutais fortement de mon absolution. Au moins, mon esprit serait plus tranquille.
(#)Sujet: Re: family portrait (prunille) | Ven 25 Déc - 15:22
family portrait.
Mon frère avait finalement toujours été toute ma vie. Même si je ne lui avais jamais montré beaucoup d'attention depuis qu'il était né, cela faisait parti de notre caractère. Les Wexforth ne montrent pas beaucoup ce qu'ils ressentent en règle générale. Là, de l'avoir dans les bras, ça me faisait quelque chose d'énorme, auquel je ne m'attendais pas. De pouvoir lui parler de choses et d'autres, d'apprendre à savoir comment il réagit, ce qu'il aime ou pas, ce qu'il vit en ce moment, cela me fait beaucoup de bien. Je n'ai jamais pu avoir cette chance, finalement, bloqués chacun par nos deux gros caractères de merde. Mais là, enfin, on s'ouvrait tout les deux. Alors évidemment, cela ne se faisait pas sans problèmes, sans peurs, sans petits silences. Ce n'est pas simple de nouer une relation soeur-frère à partir de pas grand chose. Pourtant, chacun de notre côté, nous faisions un effort.
Je lui parlais de Joana, dont je connaissais déjà l'existence par tout hasard. Au début, nous n'avions pas remarqué le lien que nous avions avec Charlie que je l'adorais déjà. Puis en discutant il a été évident évidemment que moi j'étais sa soeur mais aussi qu'elle entretenait quelque chose d'électrique avec lui. Je les imaginais tellement bien ensemble que j'étais presque déjà à faire l'entremetteuse. « Oh non elle ne me l'a pas dit clairement disons que.. je l'ai compris. » dis-je en souriant doucement. « Je pense réellement qu'elle peut te faire vraiment du bien, te sortir de ta bulle, même si finalement tous les deux vous avez un peu la même. Vous vous aiderez mutuellement et y'a pas mieux comme relation. » lui dis-je très sincèrement. Bon certes j'adorais Joana et j'adorerais qu'elle fasse d'une certaine manière parti de ma famille, mais en plus c'était tout à fait vrai. Certes son père avait été responsable de la mort de notre soeur mais, elle n'y était pour rien elle. Je lui disais qu'il faudrait qu'il prenne l'air mais, j'y allais un peu à l'aveugle. Comme je dis, je le connais bien mal mon petit frère j'apprends à le connaître. Il me dit qu'il avait du mal avec les gens. Je faisais "oui" de la tête, comprenant bien. « J'te sortirais la nuit tombée alors » plaisantais-je. Je voulais le voir sourire, car je savais qu'il avait un beau sourire (comme le mien..) et j'avais eu tellement peu d'occasion de l'apercevoir. J'eue le droit à un petit sourire, qui me fit moi-même sourire. Il me remercia et me demanda de l'aider à aller vers papa et d'arranger les choses en somme. Je pris sa main doucement. « Je te promets que je t'aiderais. » lui soufflais-je.