Je savais pas vraiment ce qui se passait, mais tout ce que je comprenais, c'était que ça puait la merde. Littéralement. Depuis que j'avais appris la nouvelle, je tournais dans tout Miami à la recherche d'une quelconque information. Je devenais fou quand il s'agissait de quelqu'un que je connaissais et que j'appréciais. J'aurais tout fait pour Dani, comme je l'aurais fait pour quelqu'un de ma famille. Et elle avait des soucis, sûrement plus graves que ce qu'elle imaginait. Je venais tout juste d'apprendre que Ricardo était arrivé à Miami. Je le connaissais relativement bien -si tenté qu'il fut possible de connaître un type comme lui, évidemment. Il était complètement instable et il était impossible de prévoir ses réactions. Il pouvait facilement passer pour le cerveau du cartel, pour un mec intelligent et rusé, mais il ne l'était en vérité pas du tout. C'était un fou, sûrement le plus grand malade que j'aie jamais rencontré. J'avais rarement peur de quelqu'un mais je ne me serais jamais frotté à lui. Il aurait pu tuer sa propre famille sur un coup de tête. Et c'était avec lui que Dani avait des ennuis. Cela faisait donc plusieurs heures que je faisais le tour de Miami, que j'allais voir tous mes contacts dans la pègre mexicaine afin de savoir s'ils avaient des informations. Rien. Tous connaissaient Ricardo mais ils ignoraient ses déplacements. Forcément, un type comme lui essayait d'être discret. Je me félicitai intérieurement d'être resté dans les cartels. C'était un milieu dangereux, qui ne pardonnait pas, mais je me disais que je n'aurais jamais su que Dani courrait un grave danger sinon. En dernier recours, je me précipitai chez elle et trouvai sa porte défoncée. Pas bon, pas bon du tout. Ricardo était déjà venu dire bonjour. Après avoir fait un petit tour rapide à l'intérieur, je n'eus pas de mal à deviner qu'il l'avait emmené, et de force.

Un jour entier s'écoula sans que je parvins à trouver la moindre piste à propos de Dani, et je devais dire que je commençais sérieusement à m'inquiéter. Et puis, un de mes contacts m'informa qu'il avait vu la bande de Ricardo traîner près d'un vieux bâtiment, dans une rue craignos de Miami. Bien. Encore une preuve que le type n'était pas très malin. À sa place, je serais retourné vite fait au Mexique avant de faire quoi que ce soit. Enfin, sa stupidité jouerait à mon avantage. Je me rendis donc sur les lieux présumés, et sans surprise, trouvai garée des voitures que je reconnus bien vite. Pleine de poussière, avec des plaques d'immatriculation interchangeable et des vitres pare-balle, il ne faisait aucun doute qu'elles appartenaient à des membres de la pègre. Je m'approchai du bâtiment et me glissai sur le côté quand je me retrouvais nez à nez avec deux types blonds, dont —ô joie— Enael Tate, soit celui avec qui Hannah m'avait trompé. Qu'est-ce qu'il faisait là, bon sang ? Et c'était qui le type ? Je doutais fortement que ces deux-là soient dans la pègre, vu leurs dégaines. Nous nous regardâmes un instant, assez surpris de nous trouver là, quand je fis le rapprochement. Ils étaient ses frères, mais oui ! Dani Tate, Enael Tate, et l'autre mec devait être encore un Tate. Je n'y avais jamais pensé. « Vous venez pour Dani ? » chuchotai-je. Ils n'avaient pas froids aux yeux, en tout cas. Mais ils étaient un peu idiots, aussi. Ils pensaient vraiment qu'ils allaient pouvoir faire quelque chose ? « Vous restez dehors, d'accord ? C'est une mission suicide, là, ce dans quoi vous vous embarquez. Ils vont vous descendre dès que vous poserez le pied à l'intérieur » dis-je rapidement. Je songeai que cela ne me gênerait pas plus que ça qu'ils butent Enael, car je risquai de le faire moi-même après toute cette histoire. Ce type avait quand failli embrassé Hannah! « Écoutez, je vais y aller. Ils me connaissent, j'ai une chance de pouvoir négocier. Enfin, c'est la merde, mais peut-être un peu moins que si vous y alliez » Les deux garçons semblaient dubitatifs. Peut-être mon accent hispanique qui ne les mettait pas en confiance. « Si vous me faites pas confiance, j'vous en prie, rentrez et je donne ma main à couper que vous ne vivrez pas deux secondes de plus. Et là il sera trop tard pour tenter quoi que ce soit, ils seront sur leurs gardes. Moi, j'ai une chance. Je le jure! » terminai-je d'un ton sec.

HJ : Je me permets de répondre maintenant, vu que je serais absente la semaine pro

J'étais assez étonné de retrouver la fratrie Tate au grand complet. Je me demandais comment ils avaient été mis au courant de l'emplacement de Ricardo. J'étais déjà été assez étonné que cela ait fuite jusqu'à moi, qui avais pourtant des contacts ; mais eux ? Dans un sens, c'était rassurant qu'ils aient pu la trouver. Cela voulait dire que Ricardo et sa troupe n'avaient pas pris toutes les précautions nécessaires. Ils avaient donc quelques points faibles, et cela jouait en notre faveur. Je m'empressai de proposer un plan d'action à Enael et à celui qui était apparemment son frère, mais que je ne connaissais pas. Ils semblaient parti pour rentrer comme cela dans le bâtiment, avec leurs gros sabots, en pensant que cela allait suffire pour récupérer Dani. J'aurais bien laissé Enael y aller, étant donné que je nourrissais une certaine colère à son égard, mais je préférais les prévenir avant qu'ils ne fassent quelque chose de stupide. Ils ignoraient clairement à qui ils avaient affaire. C'était d'un bien autre niveau que ce qu'ils imaginaient. Les sbires de Ricardo n'hésiteraient pas une seule seconde avant de leur tirer dessus. Je le savais, car j'avais côtoyé des types comme eux quand j'habitais au Mexique. J'avais été comme ça, aussi. Ce n'était pas comme si j'en avais quelque chose à faire d'eux, ils étaient de parfaits inconnus à mes yeux, mais si je pouvais au moins les prévenir qu'ils partaient en mission suicide... J'étais en train d'essayer de les convaincre de m'y laisser y aller, étant donné que je connaissais un peu le milieu, quand Nessa arriva. Je ne la connaissais pas très bien non plus, mais elle avait été proche d'Hannah fut un temps. J'ignorais tout des tenants et des aboutissants de leur relation. « Mais putain tu fous quoi là, toi ?! » lâcha-t-elle. Les Tate partageaient apparemment une absence de gentillesse. Je leur proposai de me jeter dans la gueule du loup à leur place et c'était ce genre d'accueil qu'ils me réservaient ? Bon, après tout, je m'en fichais pas mal. Je ne venais pas là pour eux mais pour Dani. « J'suis venu sauver ta soeur, et tes frères aussi. Parce qu'il leur reste plus longtemps à vivre s'ils continuent de ne pas m'écouter ». Je lançai un regard noir au deuxième frère dont je ne connaissais pas le nom. Il semblait encore plus hostile qu'Enael.

« Et sans vouloir te vexer Zorro, c'est une affaire de famille là. Alors t'es bien gentil mais tu retournes t'amuser avec tes coloriages » déclara le mystérieux inconnu. Il était sérieux, là ? Il ne savait pas à qui il avait affaire, visiblement. Je me tournai vers lui, un air mauvais sur le visage. Je savais que ce n'était pas le moment de tout faire capoter en l'embrouillant, mais je ne pouvais pas rester sans rien dire. « Une affaire de famille, t'es sérieux là ? Il en va de la vie de ta soeur, pauvre abruti » lâchai-je à voix basse. J'aurais personnellement accepté l'aide de n'importe qui s'il s'agissait de sauver ma soeur. « Vous faites du grand n'importe quoi, là. Tu crois vraiment que tu vas pouvoir rentrer comme ça, ramener ta poire sans te faire zigouiller au bout d'une seconde ? C'est pas les petits caïds de maternelle de ton genre, derrière cette porte. C'est autre. Alors, je t'en prie, vas-y, entre, mais sache que tu signeras et ton arrêt de mort, et celui de Dani ».