Finalement Blake avait bien compris que son avis ne modifierait en rien le mien. Je me sentirai toujours responsable quoi que mon entourage me dise. Je souris à ses paroles, contente qu’il ne m’abandonne pas comme ça, même si je dois avouer que je restai encore un peu méfiante avec ses propos. Il avait fui tellement de fois qu’au fond de moi, je ne serais presque pas étonnée qu’il recommence…
Il me proposa de rester ici pour dormir et au fond ce n’était pas vraiment une proposition. Blake semblait s’inquiéter un peu trop pour me laisser repartir dans mon état. J’avais besoin de sommeil, mais j’avais de sérieux doutes sur l’idée que je puisse le trouver ici. Néanmoins, j’acceptai et le suivis jusqu’à sa chambre, m’excusant pour le dérangement. « J’espère… » Je n’avais pas vu Charlie depuis un long moment mais, aux vues de nos histoires personnelles, on se comprenait plutôt bien et j’imaginais mal Charlie m’en vouloir pour si peu. Ce n’était clairement pas son genre ! Après avoir simplement retiré mon jean pour ne pas être mal à l’aise, je m’allongeai près de Blake qui me prit dans ses bras. Comme toujours, je ne m’endormis pas de suite mais tentai de bouger le moins possible pour ne pas réveiller Blake. Je dû m’endormir aux alentours de 3h30 pour me réveiller seulement trois heures après. Cela pouvait semblait court, mais dans mon état, c’était une éternité.
A 7h, n’y tenant plus, je me levai et me rhabillai le plus discrètement possible avant de me diriger au salon. Je ne comptais pas m’enfuir, Blake n’aurait pas apprécié. J’avais besoin de m’occuper les mains et surtout l’esprit, alors je décidai de me mettre au fourneau pour faire des crêpes. Je dû fouiller un petit pour trouver ce dont j’avais besoin.
Aloysia avait mauvaise mine et des cernes sous les yeux. La culpabilité la rongeait tellement qu' elle devait mal dormir. Je la forçais donc à venir dormir avec moi. Et je tentais de la rassurer au mieux à propos de Charlie car elle s'inquiétait de l'avoir réveillé. Elle retira son pantalon et me rejoignit. Je la serrais dans mes bras, ne mettant pas longtemps à m'endormir à nouveau.
Je me reveillais en sentant Aloysia bouger à côté de moi. Elle quitta le lit mais j'étais encore trop endormi pour me lever et la suivre. Je restais donc tranquillement allongé un moment. La bonne odeur de crêpes avait fini par me convaincre finalement. J'enfilais un pantalon au hasard avant de la rejoindre dans la cuisine.
- T' as réussi à dormir ? demandais-je en la prenant dans mes bras.
Je la relachais et prenais une des crêpes encore bien chaude avant de l'engouffrer rapidement dans ma bouche tellement c'était chaud. Je m'asseyais ensuite , notre conversation me revenant peu à peu. Je n'avais pas voulu insister sur certains points, me disant que ce n'était pas le moment. Alors est-ce que je pouvais y revenir maintenant ? Je tenais quand même à avoir des réponses alors je me lançais.
- Pourquoi tu m'as pas dit pour la grossesse à l'époque ? Et c'est qui ce mec qui t'a mit enceinte ?
Finalement, j’avais réussi à m’endormir quelques heures. Cela était probablement dû au fait que je m’étais libérée d’un poids et que je me sentais en sécurité avec Blake. Bien sûr ces trois petites heures pouvaient sembler dérisoires mais elles m’avaient fait beaucoup de bien. Néanmoins, alors qu’il était encore tôt, j’avais décidé de sortir du lit. Je ne pourrais pas me rendormir et cela serait égoïste de réveiller Blake en bougeant sans arrêt. J’étais donc sortie du lit le plus discrètement possible. J’en profitai donc pour faire des crêpes. J’avais besoin de m’occuper l’esprit et pour cela, il n’y a rien de mieux que le ménage et la cuisine, mais sincèrement, je me voyais mal faire le ménage dans un appartement de mec ! Dieu seul sait ce qu’on peut y trouver ! Je m’étais donc tournée vers la cuisine !
J’avais déjà fait cuire une bonne partie des crêpes quand Blake pointa le bout de son nez. Il me pris dans ses bras et je lui donnai un rapide baiser sur la joue. « Beh aux vues des circonstances, pas trop mal… » dis-je dans un demi sourire, espérant que tout cela le rassurerait. Il prit alors un des crêpes avant de s’assoir à la table et d’aborder un sujet fâcheux… un sujet que je n’étais pas censé évoqué mais l’émotion avait pris le dessus et cette révélation m’avait semblé naturelle. Je soupirai légèrement avant de m’assoir en face de lui. « Pourquoi je t’en aurais parlé ? » répondis-je simplement sachant pertinemment que cette réponse ne lui suffirait pas ! Je ne pouvais pas lui mentir plus alors je pris une grande inspiration pour me donner du courage. « C’était Joshua le père. Le premier mec avec qui j’ai vraiment été. Celui qui étais plus âgé que moi. » dis-je au cas où il ne se rappellerait pas de lui. « J’en ai pas parlé à grand monde tu sais… même mon frère ne sait rien. » dis-je pour lui faire comprendre que ce n’était pas du tout un manque de confiance qui m’avait poussée à me taire. « J’avais juste besoin de prendre ma décision seule sans que personne intervienne dans un sens ou l’autre. Si je te l’avais dit, le coach aurait été au courant et… je sais très bien dans quel sens il m’aurait poussé ! Puis, je suis désolé de te dire ça, mais… ça ne te concernait pas… de toute façon, ce qui est fait, est fait… »
Je venais de me lever après avoir senti l’odeur des crêpes provenant de la cuisine. Une odeur très alléchante, même aussi tôt. J’avais donc rejoins Aloysia et rapidement piqué une crêpe avant de m’asseoir après lui avoir demandé si elle avait réussi à dormir. Le « pas trop mal » qu’elle me répondit me soulagea un peu par rapport à son état même si elle devrait se reposer plus à mon goût. J’étais bien réveillé à présent et je pouvais me remémorer notre conversation de cette nuit. Elle me semblait flou par moment, comme irréelle, certainement parce que j’étais encore beaucoup trop endormi à ce moment-là. Mais, maintenant, j’avais besoin de précision, j’avais besoin d’en savoir plus et de me prouver que ce qu’elle m’avait dit était vrai. Surtout qu’un avortement ce n’était pas rien. Et on se connaissait déjà à cette époque. Pourtant, je n’avais rien su, rien vu. Et c’est ce qui m’agaçait le plus.
Son « Pourquoi je t’en aurais parlé ? » ne me plaisait pas. Nous étions amis à l’époque, on passait énormément de temps ensemble même si c’était pour s’entrainer. Je pensais que l’on était assez proches pour se parler de certains détails. Mais non. Elle avait refusé de me le dire. Je la laissais poursuivre. Elle m’avoua que le bébé était de Joshua, qu’elle en avait parlé à peu de monde, même pas à James. Aloysia avait voulu garder tout ça pour elle et agir seule. Même si elle semblait dire que ce n’était pas par manque de confiance envers moi, ou envers les autres, ça me donnait l’impression que si.
- Tu fais toujours ça. Tu penses toujours pouvoir te débrouiller toute seule. Je veux pas que tu me mettes à l’écart comme ces derniers temps. Est-ce que tu as confiance en moi maintenant ?
Je pouvais comprendre qu’elle n’ait pas confiance en moi après mes nombreuses fuites mais, avec ce qu’on allait vivre, il fallait que ça s’améliore, qu’elle croit un minimum en moi.
- Je suis pas le petit-ami parfait, et je serai certainement pas le père parfait, mais je veux que ça se passe bien.
Blake s’était réveillé peu de temps après moi. J’avais dû probablement faire trop de bruit. Il prit de mes nouvelles et je tentai de le rassurer comme je pus ! Il prit une de mes crêpes avant de s’installer à la table. Et là, il reprit une information de la nuit. J’aurais dû m’en douter… Je ne savais pas quoi dire car j’avais l’impression que cette histoire ne regardait que moi. Je faisais confiance à Blake, bien entendu mais… au fond de moi j’avais honte de ce que j’avais fait je préférais le garder dans mon jardin secret. Malheureusement, c’était bien trop tard pour penser à cela ! « Parce que j’ai toujours fonctionner comme ça… » lui dis-je. C’est vrai que c’était une sale habitude mais depuis que le patinage avait pris une large partie dans ma vie, soit depuis mes 17 ans, j’avais appris à me débrouiller seule et je demandais rarement de l’aide… Blake ne voulait plus que je le mettes à l’écart comme j’avais pu le faire ces derniers jours. « J’ai confiance en toi Blake… j’ai toujours eu confiance en toi et j’espère que tu ne doutes pas de ça… J’ai juste celle sale habitude de me replier sur moi-même quand ça va pas… c’est tout… » dis-je en espérant qu’il me croit. Je souris à ses derniers propos. « Ca se passera bien Blake, j’en suis certaine... Je suis vraiment désolé tu sais… » Mes excuses ne changeaient rien. Ce qui été fait, été fait. Je ne pouvais malheureusement pas revenir en arrière. « Ecoute, je vais y aller. J’ai un tas de choses à faire… Si tu veux, passe à l’appartement ce soir, on se commandera quelque chose avant de regarder un film… et excuse-moi auprès de Charlie pour le dérangement… » J’embrassai tendrement Blake avant de m’éclipser.