Je savais comment il était. Je le savais depuis le début, et c’est comme ça que j’étais tombée amoureuse de lui. Je ne lui avais jamais demandé de changer, je lui avais seulement demandé d’arrêter de boire autant, de se détruire, que j’étais là pour lui, que je ne le laisserais jamais. Alors oui, je n’avais pas tenu ma promesse, je l’avais laissé, mais sûrement pas pour les raisons que j’avais pu lui donner le soir où j’avais rompu avec lui. J’étais follement amoureuse de lui. Je l’avais accepté tel qu’il était, et pour rien au monde je lui aurais demandé de changer. Je l’aimais avec ses qualités et ses défauts. Je l’aimais parce qu’il m’avait prouvé qu’il ne me laisserait jamais. Parce qu’il a toujours été là quand j’en ai eu besoin. Parce que même si rien n’a jamais été facile entre nous, il avait toujours ce regard, ou ce sourire qui me faisait fondre. Parce que même quand il fronçait les sourcils parce qu’il était en colère, j’avais une folle envie de l’embrasser. Parce qu’il avait toujours les mots, même s’il se jugeait être maladroit, il arrivait à me rassurer. Il m’a sauvé des griffes de mon père. Je l’aimais parce que même si on ne dirait pas comme ça, il était doux, il était attentionné. Il a juste réussi là où tous les autres ont échoué. Je donnerais tout pour revenir en arrière, pour revenir au lieu de notre rencontre. Pour revivre notre rencontre. Bien que rien n’ait été facile entre nous, on s’aimait éperdument. Alors s’il pensait que le quitter avait été facile, il se trompait sur toute la ligne, j’avais juste cette capacité à montrer que tout allait bien alors qu’au plus profond de moi, c’était le néant. J’ai eu du mal à trouver mes marques quand je suis arrivée au Canada, à lutter pour ne pas lui envoyer de messages. Je passais mon temps sur son instagram, ou dans mes photos. Il n’y a pas un soir où je ne me couchais pas sans avoir regardé son visage dans mes photos. Mais ça, comment lui dire, c’était tellement paradoxal. La fille le quitte, mais passe toutes ses soirées à regarder les photos du mec qu’elle a quitté, c’était insensé. Je ne sais pas comment lui avait vécu cette année. Je sais qu’il n’avait pas changé, mais c’est alors qu’il me donnait la réponse à ma question. Réponse que je n’aurai préféré ne pas avoir à entendre. Visiblement, il avait passé une année de merde et à cause de moi. Je ne pensais très sincèrement pas que notre rupture le rendrait aussi mal. Donc évidemment que lorsqu’il me dit ça, une part de culpabilité en moi se faisait ressentir. Je sentais mes yeux s’humidifier, j’avais pourtant tout fait pour que cela n’arrive pas, mais c’était sans doute la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. J’essayais de prendre de grandes inspirations pour éviter tout ça, mais là, s’en était trop. Dans le fond, je savais que j’avais tout brisé, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même, c’était bien ça le plus dur. Je me tournais alors dos à lui, je n’avais aucune envie qu’il me voit en larmes, je ne voulais pas qu’il me prenne par pitié. Cette boule au fond de ma gorge était tellement douloureuse, comme la douleur que je pouvais éprouver à l’intérieur de ma poitrine à gauche. « Je suis désolée pour tout » Voilà tout ce qui parvenait à sortir de ma bouche. Je ne me sentais pas de batailler d'avantage. Noah me dit alors qu’il préférait rentrer à pied, que de toutes les façons, il avait bien dessoûlé. Je n’avais pas la force de le retenir, même si là, tout ce que j’avais envie c’était de me réfugier dans ses bras musclés, de le sentir contre moi, de me sentir en sécurité, mais je ne pouvais pas. Je restais là, dos à lui, immobile, écoutant le bruit de ses pas qui furent rapidement lointain. Et c’est alors que je craquais en me pinçant les lèvres. Au même moment, le taxi arrivait. Le chauffeur me regardait étrangement, surement parce que j’étais tout simplement entrain de pleurer. Je montais à l’arrière et lui donnais mon adresse pour rentrer chez moi.

RP CLO.