Arrêtes tes prises …

Ethan & Lily-Anne

Je n’étais visiblement pas très douée pour trouver les mots qui pourraient réconforter mon ami de la perte de ses parents. Il était encore sous le choc de la nouvelle. Je lui dit qu’il fallait qu’il continue de faire ca vie tout en essayant de rendre fier ses parents, en arrêtant de consommer des stupéfiants. Il répliqua qu’il n’y arriverait pas et puis me posa des questions sur l’accident de voiture. Des questions auxquelles je n’avais pas de réponses.

« Je ne sais pas. Tu sais peut-être est-ce dû à la météo ou à un défaut de la voiture. N’accuse pas des gens à tords. Des fois le destin veut qu’il se passe des choses tragiques et ne sait pas pourquoi, ou du moins pas sur le moment … »

Je parlais en connaissance de cause. Max était mort lors des attentats du onze septembre. Pourquoi lui ? Il n’y avait aucune explication à cela. Je m’étais résignée au bout d’un moment à ne plus chercher de réponses rationnelles concernant sa mort. J’avais finis par me dire que tout ce qui m’était arrivé de bien ou de moins bien, et qui m’avait construite après sa mort avait été entre guillemet grâce à sa mort et que sans cela je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui.

« J’aimerais te dire que tout est faux, mais ce n’est pas le cas je suis désolée Ethan. Tes parents sont morts, ce qui s’est passé à l’hôtel est vrai. »

Il retira brusquement son bras de mon emprise qui essayait de le soigner tant bien que mal. Je posai les compresses sur le lit dans l’emballage afin de ne pas tacher plus les draps de sang qu’ils ne l’étaient déjà. Lorsqu’il me demanda de lui faire écouter le message qu’elle avait laissé sur son portable mon cœur se serra. Lorsque j’avais raccroché à sa tante je m’étais empressée d’effacer le message afin qu’il ne sache pas pour son adoption. Il n’avait pas besoin de savoir cela tout de suite et sa tante souhaitait le lui dire en face, chose que j’avais approuvée.

« Elle ne disait rien sur le message alors je te l’ai effacé. J’ai eu ta tante de vive-voix par la suite et c’est là qu’elle m’a expliqué que tes parents étaient décédés. Elle aimerait que tu la rappelles, si tu t’en sens capable. »

Je lui tendis son portable que je venais de sortir de ma poche. Il  le saisit mais avant qu’il ne fasse quoi ce soit, je posai ma main sur la sienne autour du téléphone. Je savais qu’en appelant sa tante, celle-ci tenterais de le convaincre de le faire revenir habiter auprès d’elle.

« Quoi qu’elle te dise, je serais toujours là pour toi Ethan. T’as été là pour moi quand j’étais au plus bas et je ne te lâcherais pas non plus. Je m’en veux tellement de t’avoir laissé à New-York, sans réponses. Si au moins je t’avais expliqué pourquoi je devais partir, t’en serais certainement pas là aujourd’hui. »

Je le pris dans mes bras et le serra contre moi. Mon étreinte s’éternisa peut-être un peu plus que je ne l’aurais fallu mais cela me dit du bien et j’espérais que cela fasse du bien à mon ami aussi.

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Arrêtes tes prises …

Ethan & Lily-Anne

Je me sentais impuissante face à la tragédie qu’il venait de survenir dans la vie d’Ethan. J’avais l’habitude, si je pouvais dire cela comme ca, de déclarer le décès d’une personne à ses proches, mais je n’avais pas pour habitude de m’occuper de l’après cette nouvelle et je ne savais pas trop comment faire ni quoi dire à mon ami. Je lui tendis son portable lorsqu’il me dit vouloir téléphoner à sa tante. Dans une dernière tentative, je m’excusai d’être partis de New-York sans rien dire et lui promis d’être là quoi qu’il se passe. Ethan appela sa tante et la conversation avec elle dura un petit moment. Je ne le quittai pas des yeux, sachant pertinemment que sa tante voudrait qu’il revienne auprès d’elle le temps de sa convalescence, ce que j’avais du mal à digérer. Sur le visage d’Ethan je voyais les émotions se succédait les unes après les autres. Pour moi, cet homme était comme un livre ouvert. Chacun de ses traits de son visage m’étaient familiers. Tant de fois son visage avait été pour moi source de réconfort. Il raccrocha et me tendis son portable que je posais sur ses vêtements. J’attendis que ce soit lui qui parle en premier. Je savais tous ce que sa tante lui avait dit, ou du moins je m’en doutais. Ce que je redoutais finis par sortir de la bouche d’Ethan, provoquant un pincement à mon cœur. Il m’avoua ne pas savoir quoi faire au sujet de la plus que proposition de sa tante.

« Je ne peux pas décider à ta place, elle est ta famille et je comprendrais qu’après ce qui vient de se passer tu veux être auprès des tiens. »

Je lui serrai la main alors qu’il annonçait être fatigué. Je soupirai silencieusement, la peur au ventre. Oui j’avais peur,  peur de le perdre à nouveau mais ce serait égoïste de ma part que de le retenir auprès de moi alors que j’étais la source principale de ses ennuis. Il ferma les yeux et je le senti s’endormir. Je me levais et jetai les compresses dans la poubelle. Une fois dans le couloir je demandai quelqu’un pour nettoyer la plaie d’Ethan et qu’on lui remette les perfusions. J’aurais pu le faire moi-même, mais je savais rester à ma place, et je n’avais pas à interférer dans le travail de mes collègues. Le docteur fut appelé également et il arriva une dizaine de minutes plus tard. Je me levais de la chaise depuis laquelle je veillais sur Ethan. Celui-ci se réveilla sous le ton de son médecin. Il se fit à nouveau engueuler par mon confrère et je ne put m’empêcher d’esquisser un léger sourire lorsque mon ami s’écrasa devant lui. Je laissai l’infirmière faire son travail, me reculant un peu du lit. Le médecin sortis de la chambre sans avoir trop de nouvelles à nous donner. Une fois l’infirmière sortie à son tour, je revins auprès du lit.

«  Je trouve de caractère de merde charmant par moment, mais des fois il ne joue pas trop en ta faveur ! » Lui dis-je en souriant. « Ca va ? » Demandais-je doucement en sachant pertinemment que ma question était un peu idiote.

Ça n’allait sans doute pas. Ses parents étaient morts et il venait de faire une crise cardiaque. Une question égoïste me brulait les lèvres mais je n’osais pas la poser. J’avais peur de sa réponse. Il avait dit vouloir retourner auprès de sa famille mais c’était sur le coup alors j’espérais qu’il changerait d’avis après un temps de réflexion. Mes yeux se posèrent sur le pendentif que j’avais donné à Ethan et qui avait glissé à côté de son oreiller. Je le pris et le posa auprès des vêtements de celui-ci.

« Qu’est-ce que je peux faire ? »

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Arrêtes tes prises …

Ethan & Lily-Anne

Pour une énième fois, le docteur avait engueulé Ethan sur son comportement déplacé. Je n’avais pas pu m’empêcher de lui faire une petite remarque sur son caractère de merde. Avec un peu plus de sérieux, je m’enquis de son état de santé. Ma question était un peu inutile, surtout qu’elle blessa un peu mon cœur. Je n’arrivais pas à déculpabiliser des conséquences indirectes de mes actes. Je lui demandai ce que je pouvais alors faire pour lui. La réponse fit évidente : le faire sortir au plus tôt. J’étais médecin, comme il me le dit, je pouvais réussir à libérer de cet endroit, mais il fallait que je consulte mon confrère. Je n’aimais pas abusé de mon pouvoir.

« Je ne sais pas … »

Ethan me coupa et me supplia de faire cela pour lui. Il me dit que j’étais tout à fait capable de m’occuper de lui en dehors de l’hôpital. J’haussai les épaules, hésitante. Je savais que je pouvais le faire, avant d’être spécialisée en utérus ou en bambins, j’étais avant tout médecin général. Je me pinçai les lèvres avant de lui répondre.

« Je vais voir ce que je peux faire mais je ne te certifie rien. Ce n’est pas moi qui pourrais prendre la dernière décision. Mais je parlais plutôt de quelque chose de plus … réalisable ? Tu as besoin de quelque chose ? »

Il hésita un instant avant de me demander de l’accompagner à l’enterrement de ses parents. Il se reprit très vite en me disant qu’il ne pouvait pas me demander ça. Je posai ma main sur la sienne pour l’arrêter.

« Tu peux me demander ça, au contraire. Je t’y accompagnerais. Je t’ai dit que je serais là pour toi alors je viendrais. Je profiterais pour voir mes parents en même temps. » Je me levais de ma chaise subitement et soupirai. « Bon … Je vais aller voir ton docteur,  voir si je peux faire quelque chose … »

Je déposai un baiser sur le front d’Ethan et sortis de la chambre. Je ne savais pas si c’était une bonne idée que je le sorte d’ici. Je connaissais son mauvais caractère et j’avais peur qu’il ne se retourne vers moi. Mais peut-être serait-il plus indulgent car il me serait en quelque sorte redevable de ne pas l’avoir laissé croupir dans l’hôpital ? J’interpellai une infirmière pour qu’elle aille chercher le docteur. Je savais que celui-ci n’arriverait sans doute pas de suite alors j’en profitai pour prendre un café à la machine au fond du couloir. Je revins vers la chambre au même moment que mon confrère.

« Docteur, je voulais savoir s’il était possible de faire sortir Ethan de l’hôpital ? Je sais que son état de santé est encore un peu instable, mais je ne suis pas sûre que de le laisser enfermer ici ne lui fasse du bien. Vous avez bien vu son comportement … J’en prendrais la responsabilité et il logera chez moi sous étroite surveillance. »

Mon confrère fut à la fois soulagé par ma proposition mais également un peu embêté, ne sachant pas trop quelle décision prendre. Il m’expliqua rapidement que s’il laissait sortir mon ami, celui-ci devrait être suivis autant pour sa crise cardiaque que mon son addiction à la drogue : Visite régulière chez un psy, perfusion pendant quelques jours et enfin un traitement à prendre sans faute car s’il ne le prenait pas cela pourrait me provoquer une nouvelle crise cardiaque.

« Je suis consciente de tous ca, et n’oubliez pas que je suis médecin également alors je connais l’importance de tous cela, vous n’avez rien à craindre pour lui. » Le docteur ajouta que quoi qu’il se passe une fois sortis de l’hôpital, cela incomberait de ma responsabilité. J’hochai la tête. « Je le sais. Tout va bien se passer, j’y veillerais. J’ai pris quelques jours de congé et je peux rallonger si besoin pour être auprès de lui. »

Il me dirigea vers l’accueil afin que je signe des papiers le temps qu’il aille voir Ethan lui expliquer les conditions de sa sortie. Sans une once d’hésitation j’apposai ma signature sur les papiers. Je retournai dans la chambre. Le docteur était parti et une infirmière se chargeait de lui enlever ses perfusions. Je jetai mon gobelet dans la poubelle.

« T’as intérêt à être sage. Chez moi c’est selon mes règles que tu vivras et au moindre faux pas je te jette dehors ! »

Je lui fis les gros yeux pendant un instant avant de sourire légèrement. Je plaisantais à moitié, j’étais sérieuse l’autre moitié. Je ne le jetterais pas dehors mais je ne voulais pas non plus qu’il croit que chez moi tout était permis. Ca restait mon appartement. Je le laissais se changer et nous partîmes pour la maison après que tout soit en règle.

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