Elle comptait rester chez elle aujourd'hui, bosser un peu sur son ordinateur, manger un énorme plat de pâtes carbonara devant un film, et peut-être se refaire une manucure. De toute façon, elle aimait sa solitude, et entre Arielle qui était visiblement très occupée ces temps-ci, et Noah qui faisait... elle ne savait pas ce qu'il faisait, mais en tous cas, ça semblait lui prendre beaucoup de temps et d'énergie. En bref, il ne lui restait pas grand monde, et heureusement pour elle, elle ne s'était pas attendue à ce qu'on se précipite à sa porte dès son retour d'entre les dormants. Elle n'était pas déçue, au moins, puisqu'elle ne s'attendait à rien. Sa soeur n'avait pas donné de nouvelles, et Anteynara mettait cela sur le fait qu'elle avait maintenant un enfant à gérer, que cela l'occupait et que du coup, s'inquiéter de sa cadette un peu douteuse qui venait de débarquer dans sa vie n'était pas vraiment une priorité. Quant à son frère, James, les débuts avaient été un peu rudes, mais même si Antey avait de l'espoir pour eux, elle n'avait pas eu de nouvelles non plus de sa part. A vrai dire, elle passait tant de temps à voyager et disparaître pendant quelques jours voire semaines, pour revenir l'air de rien, qu'ils s'étaient peut-être lassés. Elle n'allait pas leur en vouloir. Peut-être qu'ils ne savaient même pas qu'elle avait passé deux mois à l'hôpital, qu'ils pensaient qu'elle était en vacances, ou trop occupée pour donner des nouvelles. Peut-être aussi que s'installer à Miami pour retrouver sa famille et essayer de créer des liens, ça n'avait pas été une si bonne idée, étant donné qu'elle était incapable de se séparer de sa vie instable. Alors, pour éviter tous ces questionnements, elle se posa comme prévu devant un film avec le plat de pâtes, sans prendre la peine de se servir dans une assiette étant donné qu'elle serait de toute façon la seule à en manger. Elle avait à peine fini, en début d'après-midi, qu'on sonnait à sa porte. Elle n'attendait personne, et se dirigea donc vers la porte en passant devant une fenêtre pour zieuter, voir si elle reconnaissait la voiture. Mais non. Avant d'ouvrir, elle regarda dans le judas, et reconnut son frère, James. Elle abandonna toute idée de ne pas ouvrir, ou de le faire avec un flingue en main, et ouvrit la porte avec un léger sourire sur le visage. « Salut » elle fit simplement, un peu hésitante, ne sachant pas exactement quelle attitude prendre, quel ton employer. Certes, ils n'étaient pas très proches tous les deux, mais James était son frère, et son but en venant ici avait été de se rapprocher de cette famille et de s'y faire une place. Elle avait au moins assez de tact pour savoir que la moindre des choses pour arriver à son but était d'être aimable et accueillante.

Il était temps de sauter le pas non ? Ca faisait combien de temps que je l’avais rencontré à présent ? Presque six mois, un an peut-être, j’en sais trop rien, mais il faut maintenant que ma rancœur se mette de côté. Après tout, cette histoire ne doit pas compromettre une relation fraternelle., enfin relation… c’est vite dit, disons que notre père ne doit pas être la raison pour laquelle nous ne voulons pas nous voir… Après tout, tout est de sa faute à lui et j’ai mis longtemps à le comprendre puis disons aussi que la vie à fait dernièrement que je n’ai pas eu trop de temps à lui accorder. Entre Logan, la caserne et le bar à gérer, sans compter le côté personnel. Mais le déclic, ce qui m’a fait prendre conscience que je ne devais pas passer à côté de cette sœur, c’est justement le départ de mon autre sœur, Aloysia. Je dois dire que je prends assez mal sa décision mais je la respecte. C’est difficile d’apprendre à vivre de nouveau sans l’avoir tout près de moi et en plus d’être privé d’Anastasia me rend très triste parfois.
Alors voilà pourquoi je me retrouve sur le pas de sa porte, à frapper timidement avant d’appuyer sur le bouton de la sonnette. Là maintenant que c’était fait, je ne pouvais plus faire marche arrière et m’enfuir en courant. Je n’étais bien entendu pas venu les mains vides, mais c’est compliqué d’apporter quelque chose quand on ne connaît pas la personne en face n’est-ce pas ? La porte s’ouvre enfin et je découvre de nouveau son visage. Je dois avouer que je retrouve certains trais de son visage qui correspondent à ceux de mes parents, même d’Aloysia, mais je ne serais dire si elle me ressemble à moi ou pas… On va dire que non et que c’est parce que je suis du sexe opposé hein. Je souffle légèrement avant de répondre à son sourire qu’elle m’adresse. << Salut >> Je souris à nouveau si timidement que ça en devient ridicule. Bizarrement le stresse m’envahi doucement. Que lui dire à mon tour ? Lui faire une bise ? La prendre dans mes bras ? Outch ce serait bien trop étrange ! « Je n’savais pas ce que t’aimais, noir, au lait ou blanc… Alors j’ai opté pour un assortiment. » Lui dis-je en haussant les épaules, lui tendant la boite de chocolats. « Salut… » finis-je par lui dire alors que j’émet un petit rictus. « Nous pouvons, peut-être s’empiffrer un peu, j’suis sûr que tu as quelque chose pour nous désaltérer en plus… » ajoutais-je pour tenter de détendre l’atmosphère horrible qui planait au-dessus de nous.

Ce qui était certain, c'est qu'elle ne s'attendait pas à le voir ici. Son grand frère James, qui avait appris son existence quelques mois plus tôt à peine, alors qu'elle s'était pointée comme ça pour lui annoncer à lui et leur soeur qu'elle était la petite dernière, présumée morte, mais pas si morte que ça, du moins pour l'instant. Les débuts avec James avaient été plutôt compliqués, tandis qu'Aloysia elle avait plus facilement accepté l'arrivée d'Antey dans leur famille bien soudée. Mais enfin, voir James devant sa porte, ça lui faisait quand même plutôt plaisir. Réaliser qu'il avait pris l'initiative de venir jusqu'ici. Peut-être qu'il était venu pour des formalités après tout, lui annoncer quelque chose et repartir de sitôt. Peut-être que ça n'avait rien d'une visite de courtoisie. Elle ouvrit, et l'accueillit au mieux qu'elle pouvait : un petit sourire, un "salut" simple mais accueillant. Au moins, en l'observant quelques secondes, elle comprit que James était aussi mal à l'aise qu'elle, et c'était rassurant. Ce n'était pas son genre à Antey d'être mal à l'aise, mais là, tout était très personnel, et ça sortait un peu de ses habitudes. « Je n’savais pas ce que t’aimais, noir, au lait ou blanc… Alors j’ai opté pour un assortiment. » il dit tout d'abord, lui tendant une boîte. C'était surprenant, et elle hésita quelques instants avant de prendre celle-ci. « Merci » dit-elle doucement, juste au moment où il reprenait la parole. « Salut… » fit alors James, avec un léger rire nerveux, comme amusé de sa maladresse, et elle ne put s'empêcher de le rejoindre là-dedans et d'émettre un rire similaire. Putain, qu'ils avaient l'air cons. « Nous pouvons, peut-être s’empiffrer un peu, j’suis sûr que tu as quelque chose pour nous désaltérer en plus… » il proposa ensuite, et c'était clair qu'il cherchait à faire tomber le malaise, à briser la glace. Anteynara hocha la tête et se poussa sur le côté pour le laisser passer. « Ouais bien sûr, viens, entre » elle l'invita, puis referma derrière lui la porte, avant de traverser l'immense salon pour guider James vers la cuisine. Elle posa la boîte de chocolats sur le bar et traça vers le frigo. « Jus ? Coca ? ...Vodka ? » elle proposa, avant de sortir deux verres et de servir les boissons. Anteynara retourna vers le bar pour glisser vers James un des verres. « Installe-toi » elle dit, désignant d'un coup de tête le tabouret de bar qui se trouvait près de lui, se hissant au même moment sur son tabouret, et commençant à ouvrir la boîte de chocolats pour en prendre un, avant de la glisser un peu vers James pour l'inviter à se servir. « Alors... quoi d'neuf ? » elle demanda, le chocolat en bouche, ne sachant quoi dire, cette phrase sonnant un peu faux entre ses lèvres.

Il est vrai que moi-même je ne m’attendais pas à faire le premier pas vers elle, mais étant donné que j’étais le seul responsable de cette distance entre nous, je me devais d’être celui qui ferait la premier pas surtout au vu des circonstances. C’était si compliqué de devoir jouer les grands frères avec une jeune femme que je ne connais pas… C’est si… bizarre. Nous avons l’air si différents, complètement différents. Nous ne sommes pas du même monde, nous n’avons pas été élevé de la même façon, nous n’avons pas grandi dans le même environnement ce qui donne un aspect déstabilisant. J’ai pour habitude d’en vouloir aux mauvaises personnes, à m’emporter pour rien, mais c’est souvent à cause de mon sale caractère. Quand je suis blessé, ou que je me sens trahis, c’est souvent la colère qui surgit de moi, à mon plus grand regret. Quoi qu’il en soit, le temps a fait son travail et je me suis enfin rendu compte que je ne devais pas me priver de cette sœur qui m’a été justement privé sans que je ne le veuille.
Je me retrouve donc devant sa porte avec une boite de chocolat car j’ai su au premier regard que ce n’était pas le genre à vouloir recevoir des fleurs. La gêne est le sentiment qui règne entre nous alors que sa porte s’ouvre enfin. Un petit merci sort de sa bouche, comme si soudainement, la parole et son franc parlé n’était plus. << Ouais bien sûr, viens entre. >> Je souris quelque peu nerveux et presse le pas afin d’entrer dans son appartement que je découvre pour la première fois. Mes yeux se déportent de droit à gauche, de haut en bas afin de scruter tous les petits détails qui pourraient m’en dire un peu plus sur sa vie, sa personnalité, son caractère… << Jus ? Coca ? …. Vodka ? >> mon regard se pose alors sur la jeune femme. Dois-je être surpris qu’elle me propose de l’alcool ? « Beh allez, vodka, soyons fou, ça fera un bon mixte avec le chocolat. » lâchais-je alors que je m’approche du tabouret qu’elle m’indique pour m’installer. << Installe-toi >> J’exécute et pose mes fesses sur le siège avant que la boite de chocolat s’avance à moi avec l’aide d’Anteynara. « Merci. » dis-je alors que je croque dans un chocolat au lait fourré praliné, mes préférés pour dire vrai. << Alors… quoi d’neuf ? >> J’avale difficilement le morceau de chocolat avant de me rincer la bouche avec la boisson qu’elle venant de me servir gentiment. « Beh… j’ai une amie médecin… qui m’a raconté ce qu’il t’étais arrivé… Je venais voir comment tu allais… pis aussi…. Savoir si tu savais pour Aloysia ? » terminais-je de dire. Oui beh elle est nulle mon excuse, mais fallait bien que je trouve un sujet de discussion, nous n’allions tout de même pas nous regarder dans le blanc de yeux jusqu’à n’en plus pouvoir.

Ce n'était pas prévu, ça. Elle était loin de s'attendre à ce qu'il débarque, encore moins avec une boîte de chocolats et l'envie de s'inviter chez elle pour boire un verre. Ca aurait été quelqu'un d'autre, elle aurait presque pu se demander pour qui il se prenait à débarquer ainsi et penser qu'en plus elle allait lui servir à boire. Mais elle était un peu trop surprise pour ça, et après tout ce temps, voir James faire l'effort de venir et de briser la glace, ça lui faisait secrètement plaisir. Elle l'invita à entrer, après un épisode d'enchaînement de maladresses vraiment pitoyable et pathétique. Elle passait assez peu de temps dans sa villa, ou du moins, elle y faisait peu de choses et le bordel avait donc du mal à s'y installer. Tout était toujours plus ou moins ordonné, dépouillé d'objets inutiles. L'entrée était minimaliste, à la limite de ce qu'on pourrait qualifier de "vide", et la déco du salon et de la cuisine restait sobre. Des couleurs claires, peu d'objets, mais des objets de valeur malgré tout. Elle avait peut-être un peu le goût du luxe, l'avait développé avec ses années passées avec Jay, mais ici, chez elle, elle préférait ne pas se noyer dans trop de fioritures. Une fois dans la cuisine, elle lui proposa donc à boire, lui faisant la liste de ce qu'elle avait. « Beh allez, vodka, soyons fou, ça fera un bon mixte avec le chocolat. » il répondit, et ça fit sourire Anteynara. Ils avaient peut-être plus en commun qu'elle ne le pensait. « Bon choix » commenta-t-elle doucement. Elle sortit donc sa meilleure vodka et en versa quelques centimètres au fond de leurs verres, avant d'indiquer un tabouret à James pour qu'il s'installe, et de lui donner sa boisson. Le jeune homme remercia ensuite Anteynara, qui avait fait glisser vers lui la boîte de chocolats qu'il avait ramenée. Et voilà, ils étaient là, servis, et il fallait faire la conversation, ce qui était loin d'être une des spécialités d'Anteynara. Malgré tout, elle l'invita à lancer un sujet, n'importe quoi. « Beh… j’ai une amie médecin… qui m’a raconté ce qu’il t’étais arrivé… Je venais voir comment tu allais… pis aussi…. Savoir si tu savais pour Aloysia ? » répondit alors James, et Antey se contenta d'écouter la première partie de sa réponse en mâchant son chocolat, ne sachant trop comment réagir. C'était un peu déstabilisant, de se dire que les choses se savaient si vite, que rien n'était secret, visiblement... que même son frère (qui ne l'était pas aux yeux du monde) avait été informé de ce qui lui était arrivé. Elle aurait presque voulu se braquer, lui dire qu'il n'aurait pas du être au courant, que son amie aurait du se taire, que ça ne regardait personne. Mais, il semblait s'être inquiété un peu, ou en tous cas se poser des questions sur son état de santé. C'était... gentil, de sa part. « Ca va, merci... » elle fit, doucement, comme en marchant sur des oeufs, pas certaine de la façon de se comporter. Mais de toute façon, la question de James l'intrigua beaucoup plus. Si elle savait pour Aloysia. « Et non je suis au courant de rien du tout. Qu'est-ce qu'elle a ? Il lui est arrivé un truc ? » elle demanda, un peu inquiète. Ca faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé à sa soeur, malgré des débuts prometteurs. Elle n'était du coup pas en position de lui en vouloir pour ne pas avoir pris de nouvelles, et encore moins si elle avait eu des problèmes de son côté.