Longue journée en perspective et comme toujours c'était à cause de mon travail. Je me levais de bonne heure, pris une bonne douche et enfila le premier tailleur que je vis dans l'armoire. Je commençais à reprendre une nouvelle routine. D'après les scientifiques, il faut deux mois pour que votre cerveau s'habitue à un truc. Ils n'avaient peut être pas tort. Quoiqu'il en soit, je ne portais plus mon alliance et croyez moi c'est un véritable progrès quand on rompt avec quelqu'un (dans mon cas se faire larguer). Je ne m'en étais même pas rendu compte et ce fut ma secrétaire qui me le rappela.

Enfin passons, la dernière cliente de la journée m'avait fendu le coeur. Une jeune femme dans le début de la vingtaine mariée avec un ivrogne qui l'avait tabassé alors qu'elle était enceinte. Résultat elle se retrouvait à l'hôpital et je dû me déplacer pour la voir. Bien entendu son mari a débarqué, ça a fini en scandale et dans la bousculade qui a suivi je cassa le talon de ma chaussure. Mes pieds n'ont rien mais mes chaussures si. Pour la trace que j'allais avoir au poignet ça me fera un nouveau bijou à porter. Je sortis de l'hôpital après un long interrogatoire. Vu l'état de ma seule paire de chaussures convenable je devais en racheter d'autres. Voilà comment je me retrouve dans un magasin de chaussures, marchant pieds nus à rechercher une autre paire qui feront mon bonheur. Une fois la bonne paire d'escarpins trouvée, je les enfila. Vous devinez certainement que j'allais les prendre, parce que marcher pieds nus dans un centre commercial et qu'on me prenne pour un hobbit n'a jamais été mon rêve. Mais avant de me diriger vers la caisse, j'entendis une voix familière. Je me retournais immédiatement et un sourire illumina mon visage. Logan.... c'est vrai qu'il vivait à Miami maintenant.

"Logan!"

Je ne pus m'empêcher de le prendre dans mes bras. Je me suis reprise aussitôt.

"Disons que je ne suis pas sûre de rester longtemps, je remplace juste un confrère donc je voulais pas que tu chamboules ton emploi du temps pour moi."

Il me proposa de me payer un verre, ça ne coûtait absolument rien de prendre un verre et en plus j'étais libre comme l'air. Puis j'avais vu un bar pas très loin parce qu'un café à cette heure-ci ne me tentais pas trop.

"D'accord mais d'abord laisses moi juste payer les chaussures que j'ai aux pieds. Longue histoire enfin pas si longue que ça mais c'est compliqué..."

Je ne voulais pas qu'il s'inquiète alors j'évitais de lui raconter en détails ma journée. Une fois chose faite je lui fis signe de me suivre vers un bar à proximité que j'avais repéré quand le taxi m'a amené ici (oui il faut que je me paye une voiture). Je commandais alors une bière et le laissa prendre sa commande.

"Alors qu'est-ce qu'il y a de beau dans la vie de mon pilote préféré? Et je veux tout savoir!"

Je ne pouvais que savourer le bref instant où mes bras entourèrent les siens. Intérieurement, j'étais un peu déçue que cela soit aussi court mais il fallait garder une distance. On était déjà sorti ensemble une fois et la distance nous avait fait rompre. Une chose était certaine c'est que ce n'est pas moi qui l'a fait fuir. Le mot "pote" faisait étrange à entendre sortir de sa bouche puisque nous avions été plus que cela.

"Ca je le sais d'expérience que tu n'es jamais à un chamboulement près, tu veux que je te rappelle toutes tes visites surprises."

Je me mise à rire, c'est vrai que ce qui était génial avec lui c'était l'imprévu. Le fait que je pouvais le voir en face de moi alors qu'il était sensé retourner chez lui pour ses journées de repos. Mon rire ne fit que revenir lorsque je l'imaginais ivre, pieds nu en train de marcher sous la neige.

"Je dis juste que les gens ont dû me prendre pour un hobbit. Déjà que je ne suis pas bien grande, en plus de ça le sol est chaud mais c'est quand même plus agréable que ces escarpins. Et tu sais également que je tiens très bien l'alcool pour une fille de ma corpulence."

C'est vrai que j'en battais plus d'un lorsqu'il s'agissait de boire un verre. Dans le monde dans lequel j'ai grandi il faut savoir tenir l'alcool pendant les réceptions pour éviter d'être ridicule. Une fois ma bière en main, je ne pouvais m'empêcher de le regarder et de me demander ce qu'il se serait passé si on était resté ensemble. Mais il fallait que j'arrête de me torturer de questions surtout quand il s'agissait des hommes. Savourer ma bière tout en l'écoutant, ce n'est pas sorcier quand même
Quand il me parla de sa boîte qui fonctionnait, je ne pu qu'être heureuse pour lui. Au moins, il pouvait continuer à faire ce qu'il aimait sans que les gens qu'il aime s'inquiète pour lui tous les jours. Je ne pouvais m'empêcher de rire à ses vannes et bien entendu d'en sortir une toute aussi mauvaise.


" Tu sais que j'ai toujours rêvé de m'envoyer en l'air avec toi.... mais tu n'as jamais voulu me laisser conduire."

Bon allait surtout éviter que je pilote sinon on risquait de s'écraser. Ca valait également pour la vie. Je ne savais pas ce que j'allais faire après mon remplacement, partir à New York ou m'installer à Miami.

" Oui ça se passe plutôt bien sauf quand les maris un peu trop violent de tes clientes débarquent pour les agresser devant toi. Résultat tu te promènes pieds nus dans la ville. Au moins j'ai une blessure de guerre. Je t'avais dit qu'avocat c'était un boulot dangereux. A vrai dire j'hésite à m'installer définitivement ici même si plus rien ne me retiens à New York. Bref, assez parlé de moi, maintenant que tu en as fini avec l'armée, tu n'as trouvé personne avec qui refaire ta vie?"



 

Ce que j'adorais chez lui, hormis son humour à toute épreuve, c'était son côté imprévisible. Déjà, il ne m'a jamais prévenu qu'il était en permission. Il venait simplement à New York pour y passer quelques jours avec moi. Toutes les filles trouveraient ça énervant à la longue mais moi j'adorais les surprises. En contre-partie j'avais toujours peur que l'on m'appelle pour m'annoncer qu'il lui était arrivé quelque chose. Si j'étais ravissante, ça j'en doutais beaucoup depuis ses derniers temps. Un petit sourire ne pu s'empêcher d'apparaître sur mes lèvres.

"Merci mais c'est pas simple de s'infiltrer chez les humains. Les chaussures de femmes font vraiment mal aux pieds. Je te déconseille d'essayer."

Une chose est sûre c'est qu'avec lui je ne pleurais jamais, bien au contraire. Au moins il en avait terminé avec l'armée tout en faisant ce qu'il aimait, alors que demande le peuple. Et ne pas vouloir me laisser conduire l'hélicoptère me faisait bien rire surtout quand on connaissait mon talent pour emboutir les voitures.

" Ah, ah je te rappelle qu'on est sorti un moment ensemble donc tu as des penchants suicidaires très cher."

Je disais ça en lui tirant la langue, ce n'est pas comme-ci j'étais difficile à vivre. Je n'aimais vraiment pas me prendre la tête et c'est peut-être ce qui a mis fin à ma dernière relation. Enfin, je le saurais quand il m'aura enfin expliqué. En attendant, je prenais une bière avec un ami (on peut l'appeler ainsi) et je m'amusais comme une personne normale. Mais il fallait revenir à New York et le pourquoi du comment rien ne voulait se passer comme prévu chez moi.

"Disons que je n'ai pas vraiment d'attache et je n'ai plus envie de passer mon temps dans le cabinet de mon père... "

Je retirais alors ma veste pour me mettre à l'aise laissant alors apparaître ma "blessure de guerre". Bon ce n'était qu'une marque au poignet mais ça allait prendre une semaine avant de disparaître. Savoir qu'il n'avait pas retrouvé quelqu'un pour une relation stable fut perçu comme un soulagement. Pourquoi? J'en ai pas la moindre idée, ça faisait quatre ans que l'on ne s'était pas vraiment vu. Quand ce fut mon tour de me lancer sur ma vie sentimentale j'essayais de trouver les mots histoire de ne pas lui mentir sans trop lui en dévoiler.

"Disons que ma dernière histoire c'est très mal terminé, d'où mon arrivée à Miami. Pour ta gouverne on a toujours le temps pour l'amour il faut simplement ouvrir les yeux. Mais bon je ne peux pas t'en vouloir, ça fait un très long moment que je ne me suis pas fait aborder par un homme."

Je terminais ma première bière et je fis signe au serveur de nous en ammener deux autres.

"Tu avais quelque chose de prévu ce soir ? Si non ça te dit de passer la soirée ensemble? Je comprendrais que tu ne veuilles pas... enfin c'est comme tu veux. "

Il fallait que je me mette de nouveau à paniquer et à pouffer de rire comme une idiote pour une simple proposition.

 

Me marrer de tout et de rien, ça faisait un moment que ça ne m'était pas arrivé avec un homme qui n'était pas membre de ma famille. Mes amis ne me manquaient pas, ils n'étaient pas capable de parler à des personnes dont les parents n'avaient pas des millions sur leurs comptes en banque. Avec Logan, la vie était beaucoup plus simple et pourtant il avait sûrement vu des horreurs. Il ne m'en avait jamais parlé même aujourd'hui. Quand il me parlait de talons hauts, je ne pus m'empêcher d'avoir un fou rire.

"Je voudrais bien te filer les miennes mais elles sont trop petites."

Puis le sujet dériva sur nos vies sentimentales qui semblaient tout aussi désastreuses. Au moins, il n'avait pas fini plaqué le jour de son mariage. Je ne voulais pas lui en parler, il serait capable de retrouver Aaron pour lui en mettre une et je me réservais ce privilège.

"Correction pas suicidaire mais amoureuse... Tu as même été le meilleur petit ami que je n'ai jamais eu."

C'est vrai que je ne pouvais pas dire que je ne perdais plus dans ses yeux en lui parlant. Son regard plein de malice qui ne pouvait avoir que pour effet de me faire sourire. C'est d'ailleurs son regard qui m'avait fait craquer la première fois qu'il m'avait abordé. Rester ami avec lui semblait simple mais pas réellement. Sa remarque sur ma marque de guerre ne le fit pas rire bien au contraire, j'étais même surprise qu'il ne me demande pas le nom du pourri qui avait osé me toucher.

" Je trouve qu'il va bien avec la couleur de mes yeux."

Il fallait bien en rire. Bon j'avais encore mal au poignet et à la cheville mais je ne voulais pas lui montrer, je ne voulais pas qu'il s'inquiète. C'est vrai qu'il m'avait abordé et c'était bien le seul.

"C'est bien ce que je te disais tout à l'heure, tu as des tendances suicidaires mais je n'en reste pas moins flattée."

Je tirais légèrement la langue avant de prendre le temps de réfléchir à ce que l'on pouvait bien faire. Ma coloc invitait des amis et leur amener Logan risquait de déranger tout ses projets. Nous connaissant on allait boire et rire mais elle avait besoin de travailler dans le calme. Puis je voulais le garder pour moi toute seule. Puis des bières et des films semblait être une bonne idée même si on ne passait jamais la soirée à regarder les films. Je souriais alors à sa proposition.

"Ca me va, par contre je cuisine parce que tu ne vas pas me laisser acheter les bières. Laisses moi deviner tu as oublié d'en acheter."

Je le connaissais mieux qu'il ne voulait l'avouer. Je terminais alors ma bière avant de retirer mes chaussures, les chaussures neuves ça fait vraiment mal aux pieds. Je pris alors le soin de me lever et de payer l'addition avant qu'il ne réagisse. Puis sans m'en rendre compte je passa mon bras autour du sien tout en continuant de nous promener dans le centre commercial en direction d'un autre magasin.

"Au fait tu veux manger quoi?"