Ça faisait pas plus d’une semaine que j’étais de retour à Miami suite aux incidents lors de mon voyage d’affaire en Allemagne. J’avais énormément de travail à faire sur moi-même depuis. Entre les chocs post-traumatiques, les cauchemars et la peur constante de sortir de la maison, je ne menais pas un bon train de vie, je le savais. Le mieux pour moi, était de prendre sur moi immédiatement afin de régler le tout le plus rapidement possible. Je voulais pas que tout ça reste en séquelle non plus. Au moins, être entourés de mes enfants me faisaient un bien fou et je savais que j’allais parvenir à passer par-dessus tout ça. La vie me faisait rarement des cadeaux donc des épreuves à surmonter, j’en avais l’habitude. Je devais voir mon psychologue aujourd’hui, en amour qu’il était, Colton s’était proposé pour me déposer et je n’avais qu’à l’appeler lorsque j’aurais terminé et il repasserait ensuite. C’était jamais une grande joie d’aller se faire analyser le comportement, de devoir se confier ainsi à des gens qu’on connaît à peine mais des fois, je me disais que c’était plus simple. Je voulais tellement protéger les gens que j’aime que j’osais leur en dire peu, j’essayais de me montrer forte, comme toujour, pour pas qu’ils ne s’inquiètent trop pour moi. Je savais que c’était peut-être pas le meilleur comportement à avoir mais j’étais comme ça, c’est tout. Cette journée là, ma rencontre s’était pas super bien passé, on avait fait remonter des trucs que j’aimais pas trop… j’étais rapidement devenue mal. Bref, j’avais pas trop apprécié le moment. Je savais que c’était nécessaire, mais je ne pouvais pas non plus contrôler comment je me sentais. Je me dirigeai vers l’ascenseur afin de descendre de l’étage de psychiatrie au rez-de-chaussé où je comptais téléphoner à Colton. Je voulais à tout prix sortir d’ici, je me sentais mal, comme si j’étouffais. « Attendez! » m’écriais-je pour faire ouvrir les portes de l’ascenseur à quelques pas de moi. La jeune femme à l’intérieur appuya sur le bouton pour les ouvrir de nouveau. « Merci! » lui dis-je simplement en replaçant mon sac à main qui s’était glissé de sur mon épaule dans ma petite course. C’est lorsque je remontai la tête, question de regarder si l’ascenseur s’arrêtait au rez-de-chaussé que je remarquai qui j’avais devant moi. Je le savais trop bien, j’avais entendu parlé d’elle et pour la seule et unique fois où je l’avais eu devant moi, elle ne s’était pas trop montré agréable à mon égard. La meilleure-amie de Chad. Je me disais qu’elle devait être en extase de le savoir avec une autre que moi désormais. Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire maintenant? Elle savait que je l’avais vu - et très certainement reconnue. Je savais pas… mon cerveau roulait à toute vitesse pour en venir au fait que j’avais juste pas envie de lui parler. Je devais arrêter de jouer les filles qui voulaient plaire à tout le monde. Elle ne me connaissait pas qu’elle me détestait… elle n’en valait clairement pas la peine.

C’était rarement des moments de purs plaisir que de me pointer chez ma psy pour me vider le coeur mais au moins, je voyais des résultats et ça me faisait du bien. Disons que mon périple en Allemagne m’avait fait toucher un certain fond émotionnelle que je ne croyais jamais toucher - pas même lors de mes deux cancers. C’était probablement une accumulation de plusieurs choses, incluant également la nouvelle de la mort de Leyla, ma meilleure-amie. À la toute fin de mon rendez-vous, je regardai mon téléphone pour informer Colton que je passais prendre Eliott bientôt. En remontant la tête vers l’ascenseur, les portes commençaient doucement à se fermer. Je m’écriai alors de retenir en empressant le pas. Il y avait tellement d’étage à cet hôpital, un plan pour que j’attende à l’infini si je manquais celle-ci. Bien qu’au final, à voir avec qui je me retrouvais dans un si petit espace, je me disais que ça serait peut-être mieux ainsi. J’avais Joe devant moi, la meilleure-amie de mon ex, Chad. Je savais qu’elle ne m’aimait pas, depuis toujours en fait, bien que je n’avais jamais su vraiment pourquoi. Cette dernière avait répondu bien ironiquement à mon remerciement. Je n’aimais vraiment pas son attitude, j’avais donc décidé de pencher la tête vers mon téléphone et de l’ignorer, avant qu’elle ne se remettre à me parler, ne mâchant pas du tout ses mots. J’étais tellement surprise qu’une personne puisse manquer autant de délicatesse que j’avais relevé la tête, bouche-bée. « Pardon? » lui dis-je en haussant les sourcils. « Est-ce que tu fais semblant ou t’es vraiment conne pour poser ce genre de question? » Je la questionnai du regard un instant. « 100 points pour le manque de savoir vivre, bravo! » Je n’avais aucune patience avec des gens comme elle, qui était méchante juste pour le plaisir de l’être. Et si j’avais vraiment voulu m’enlever la vie hein? Ce que je venais de lui répondre, habituellement, c’était le genre de chose que je pensais sans le dire à voix haute mais là, c’était plus fort que moi, j’allais pas non plus me laisser me parler ainsi. Puis, comme si c’était pas assez, elle ajouta que j’avais une sale gueule, ce à quoi je lui répondis aussitôt : « Parce que tu penses que la tienne est mieux? » répliquais-je. C’était méchant mais c’est vrai qu’elle était plutôt laide à être maigre comme ça. « Tu sais que t’as beau avoir une grande gueule, c’est pas suffisant de juste bouffer de l’air. » En remarquant que l’ascenseur ne bougeait plus, j’appuyai de nouveau sur l’étage du rez-de-chaussé, toujours rien. Je soupirai avant d’essayer d’ouvrir les portes qui… par magie, s’ouvrit, nous dévoilant simplement un mur. Signe qu’on était prise entre deux étages. Sans même me contrôler, je donnai un coup contre le mur de l’ascenseur en poussant un juron. « Il manquait plus que ça, merde! »