Putain, ils étaient vraiment idiots, et il n'y en avait malheureusement pas un pour remonter le niveau. Au contraire, ils semblaient s'enfoncer mutuellement. Mais au moins ils avançaient à leur rythme, et jusque là ça leur réussissait plutôt bien. Autant, avant que la notion de "sentiments" ne devienne une part de leur relation, il n'y avait pas de questions, pas de temps morts, pas de gêne, rien du tout de ce genre. C'était brutal, physique, rapide. Là, tout allait doucement, mais pour autant, Anteynara y trouvait son compte. C'était nouveau, mais ça lui plaisait aussi. Malgré les ratés. Elle lui proposait de rester dormir, et il semblait hésiter, si bien qu'elle décida d'être claire et ferme avec lui, lui demandant en un seul mot de rester. D’accord. il lui dit, alors qu'elle le regardait en fumant sa clope. C'était au moins une chose de réglée, Noah dormirait ici ce soir. Dans quel lit, ce n'était pas encore défini, il y avait du choix. Mais il dormirait ici. Et très vite, avec le silence qui s'installa, elle recommença à penser à l'un des principaux détails sur elle qui n'avait presque jamais été un secret pour Noah avant l'accident, mais qu'elle ne lui avait toujours pas révélé : son métier. Ca l'angoissait un peu, parce que c'était quelque chose d'assez important, qui avait une place bien imposante dans sa vie et dans ce qui pouvait lui arriver. Parce qu'elle avait envie aussi de partager ça avec lui, de ne rien lui cacher. Puis, enfin, parce qu'elle préférait le lui dire de vive voix plutôt que le laisser le découvrir dans l'un de ses souvenirs. Elle tenta donc d'introduire la chose, après avoir ouvert une fenêtre pour virer la fumée et écrasé sa cigarette. Elle prépara le terrain comme elle le put, jusqu'à arriver au moment où il fallait cracher le morceau, et rester bloquée sans trop savoir comment s'y prendre. Putain de merde. Bon tu lâches le truc ou t’attends la saint glinglin ? il la pressa alors, évidemment, il fallait s'y attendre. Et elle hésita encore, n'ayant vraiment aucune idée de comment se lancer. Elle craignait sa réaction, ou de mal s'exprimer et qu'il ne comprenne pas. Du coup, elle vida d'un coup sa tasse, la posa sur le bar et attrapa fermement mais doucement tout de même le bras de Noah, celui qui n'était pas blessé, évidemment. « Viens » elle fit, l'emmenant plus loin dans la maison. Ils avancèrent dans un long couloir qui menait vers l'autre grande partie de son palace, jusqu'à arriver devant une porte qui s'ouvrait à l'aide d'un digicode. Elle entra le code qui ouvrit la porte et poussa celle-ci en adressant un regard à Noah, juste pour zieuter un peu sa réaction, avant de le faire entrer dans cette pièce si particulière qui contenait la majorité de ses armes, certaines rangées dans des tiroirs bien à l'abri, une bonne partie exposée. C'était un véritable arsenal qu'elle avait, il y avait de tout, de tous les calibres. Elle laissa entrer Noah, le laissa aller vers le centre de la pièce, s'y aventurer s'il le souhaitait... « Je t'ai dis, on a des vies un peu spéciales » elle lui dit, restant dans l'encadrement de la porte. C'était un peu un signe de confiance assez dingue de sa part, de le laisser entrer là-dedans, une pièce où personne d'autre qu'elle n'avait mis les pieds jusqu'à présent, entourés d'armes chargées pour la plupart, alors qu'elle était juste là, debout sans défense, à moitié seulement dans la pièce. Elle ne s'imaginait pas que Noah allait saisir un flingue pour lui tirer dessus, mais pour une fille habituée à être seule et à ne compter sur personne d'autre, se retrouver dans cette situation était assez spécial.

Elle était décidée à lui parler de ça, de son métier... mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Elle aurait aimé que ce soit facile et naturel, que ça vienne tout seul au milieu d'une conversation. Qu'elle puisse le placer l'air de rien, un peu comme par le passé, alors qu'elle lui reprochait de ne pas l'avoir laissée se charger de tuer les types, puisque c'était son métier. Il avait plutôt bien réagi ce jour-là, mais les circonstances avaient été radicalement différentes. Ils venaient d'échapper de justesse à la mort, lui venait de tuer trois mecs, et deux secondes plus tard, elle lui annonçait qu'elle avait une balle dans le bide et qu'elle était en train de se vider de son sang sur le sol dégueulasse du petit abri qu'elle s'était trouvé. Là, ça sortirait de nulle part, et pourtant elle devait s'y mettre avant que ça ne la rattrape. Si elle était franche avec lui, il ne pourrait rien lui reprocher... Du coup, après avoir tergiversé et tourné autour du pot un moment, elle vida sa tasse de café et prit Noah par le bras pour l'emmener plus loin dans la maison. La villa était clairement immense, au point que c'était un peu indécent, qu'elle ait tout ça pour elle toute seule, mais bon. Ils arrivèrent devant une porte et elle composa le code qui l'ouvrit, avant de pousser cette porte et laisser entrer Noah, restant elle-même dans l'entrée, ne voulant pas interférer dans... sa contemplation, disons. Et pour combler le silence et justifier leur venue ici, elle précisa à nouveau qu'elle le lui avait dit, que leurs vies étaient spéciales. C'était plutôt clair maintenant que celle d'Anteynara surtout n'avait rien de normal. Personne de normal n'avait chez soi une pièce dédiée à tout ça, à entreposer son matériel de guerre. Visiblement la tienne est plus spéciale que la mienne, j’ai qu’une seule arme chez moi… fit Noah, souriant un peu, et elle resta pensive, haussant un peu les épaules. Il n'avait pas l'air de mal réagir, mais elle s'attendait encore à tout. Peut-être qu'il irait penser qu'elle fait une simple collection, ou un truc du genre. Enfin non, il n'était pas idiot non plus. Et pourquoi ça me surprendrais ? J’imagine que si t’es toujours dans ma vie, c’est parce que j’en avais envie… et que tout ça ne me gênais pas vraiment… il lui sortit alors tout simplement, comme si ça ne le perturbait pas du tout. Elle était un peu surprise, parce qu'avec sa perte de mémoire et l'état actuel des choses, elle s'était dit que peut-être il préfèrerait s'éloigner en voyant ça. Peut-être qu'il se dirait qu'il ne veut plus de ça dans sa vie, et ce serait terrible, mais elle comprendrait un tout petit peu. Même si au final, elle se doutait aussi que les emmerdes que traînait Noah depuis longtemps ne cesseraient pas de lui courir après, malheureusement. « C'est vrai ? Ca te dérange pas que j'espionne, torture et tue des gens pour gagner ma vie ? » elle demanda alors, enthousiaste et remplie d'espoir, parce qu'elle ne s'attendait pas du tout à ce que ce soit aussi facile. Elle avait pensé qu'il ne comprendrait pas, qu'il chercherait à oublier ça ou la faire changer, mais le simple fait qu'il l'accepte comme elle était la rendait dingue. « Parce que c'est ça que je fais au cas où tu te demandais pourquoi j'ai tout ça chez moi » elle marmonna rapidement, comme si elle ajoutait une petite note en plus, une précision. Un autre mec aurait peut-être pris la fuite, ou l'aurait traitée de folle, ou aurait tenté de masquer son inconfort malgré tout pour au final échouer de toute façon. Mais Noah, ça semblait naturel pour lui de rester et de trouver ça complètement normal, de ne même pas se remettre en question. Lui aussi, il était vraiment spécial, au final.

Elle n'avait pas su à quoi s'attendre, et voilà qu'il réagissait si simplement, comme si tout ça n'avait rien de perturbant ou de bizarre. C'était étonnant, et elle s'était préparée psychologiquement à pire, mais Noah avait le don de la surprendre. Elle aurait pu être du se douter qu'il ne prendrait pas la fuite, tout compte fait. Ca n'avait jamais été son genre, au contraire. Mais ça la rassurait tout de même énormément qu'il reste et prenne ça si... naturellement. Le sourire aux lèvres, elle lui demandait confirmation précisait en détail ce qu'elle faisait avec tout ce matériel, pour éviter les malentendus. Au moins à présent, c'était dit et il n'y avait plus la moindre ambiguïté. Disons que c’est bizarre… peut-être un peu flippant dans le sens que j’ai pas intérêt à t’emmerder… Mais non, ça me dérange pas… je crois. il répondit, et elle sourit, lâcha même un petit rire pour accompagner celui de Noah. Putain, même à parler de flingue et de meurtre elle se sentait niaise. Du moins, elle retenait sa phrase de fin, là où il disait que ça ne le dérangeait pas, et ça la rendait drôlement heureuse de savoir ça. Ca lui enlevait un putain de poids. Tu sais… j’ai beau avoir une vie merdique, pleine d’emmerdes et tout autre trucs du genre… tout ça m’as fait réaliser pas mal de choses… J’ai des amis, qui sont devenus ma famille au fil des années et maintenant, ils ont des enfants… et… L’autre jour quand ma meilleure amie à débarquer chez moi, elle m’a fait prendre conscience que je prenais vraiment beaucoup de risque et voir le désespoir, la peur de me perdre dans ses yeux, m’as fait réaliser que j’ai pas envie de mourir tout de suite… Tu comprends ? ... J’te juge pas et tu fais ce que tu veux… c’est pas pour autant que j’arrêterais de te voir… mais j’crois que pour moi, il est temps d’arrêter tout ce merdier… évidemment que ça va pas s’arrêter comme ça, de ce que j’ai compris, j’suis un aimant à emmerdes, mais disons qu’il faudrait que j’essaye de ne plus foncer tête baissée dedans… il lui sortit alors, et elle se contenta de l'écouter attentivement, parce que s'exprimer ne semblait pas être très facile là, maintenant, ou du moins vis-à-vis de ce qu'il avait à lui dire. Elle hochait doucement la tête lorsqu'il fallait pour montrer qu'elle suivait et qu'elle l'écoutait. C'était devenu très sérieux tout à coup, alors qu'il se mettait à lui expliquer qu'il n'avait pas envie de mourir tout de suite... et heureusement d'ailleurs, parce qu'à Antey non plus, ça n'avait jamais été dans ses plans. Mais tout ça semblait si sérieux tout à coup que ça lui foutait un peu les boules. Elle était d'accord avec lui, dans l'idée, puis même de toute façon ce n'était pas ses histoires ni sa vie à elle. Mais d'un côté, elle avait peur de le perdre, qu'il s'éloigne d'elle... peur de perdre leurs conneries à eux, parce que malgré toutes les choses pas très géniales qui leur étaient arrivées, elle ne regrettait pas, et en tant que fille bizarre shootée à l'adrénaline, elle avait peur que ça finisse par lui manquer. Un peu comme un ami qui lui disait que c'était le moment d'arrêter de jouer. Mais bon, tout ça, ce n'était que ses pensées égoïstes les plus intimes, et au-dessus de tout ça, elle était ravie pour lui, parce que s'il voulait ça, alors elle le soutiendrait. « Mmmh okay, je comprends » elle lui fit, après un silence, lui souriant un peu. Elle essayait de comprendre réellement, parce qu'il en avait dit beaucoup, et il fallait qu'elle mette tout ça en ordre. « C'est... une bonne chose. J'aurais moins de chances de te perdre, j'voudrais pas qu'il t'arrive un truc » elle ajouta, lui adressant un petit sourire sincère. « Elle a eu raison, ton amie » lui dit encore Anteynara, s'avançant dans la pièce pour ramasser les bouts du flingue encore posé sur la table, celui dont elle s'était chargée avant qu'il arrive, et elle remonta l'arme pour aller la ranger dans un tiroir. « Moi... j'aime bien ma vie comme ça » elle lui dit en refermant le tiroir lentement, un peu hésitante. Elle ne savait pas vraiment expliquer ce sentiment, n'en avait jamais parlé de toute façon, de ce qu'elle pensait réellement de la vie qu'elle menait. « J'sais pas si je pourrais vivre autrement, sans ça... L'adrénaline et tout, le danger, la satisfaction après un job accompli... » Elle haussa les épaules, revint vers lui et s'assit sur la table, près de là où Noah se trouvait. « Tu trouves que j'suis bizarre ? » elle lui demanda finalement, très sérieusement, pensive.

Noah voulait se ranger, ou put-être pas complètement, mais se calmer en tous cas. Anteynara ne savait pas exactement où était la limite, mais pour lui, ça devait être plus ou moins clair. Peut-être qu'elle devrait s'attendre dans le futur à ce qu'il refuse certaines choses, à contrecoeur peut-être même, mais pour le bien de tous et pour honorer sa promesse. Elle était un peu déçue, d'un côté, parce que ça voudrait dire que leur relation ne serait plus vraiment comme avant, et elle aurait bien aimé que ça continue encore un peu. Il fallait que ça cesse un jour, évidemment, mais elle ne s'attendait juste pas à ce que ça se fasse aussi tôt, aussi vite. Mais en même temps, elle était contente, ça lui éviterait de devoir s'inquiéter au sujet de Noah, ou d'avoir le droit à une seconde version de sa disparition suivie du cache-cache chez son pote Wayne, suivi du kidnapping, suivi de toute la merde associée à ça. Elle ne connaissait pas la meilleure amie de Noah, celle dont il avait parlé, mais elle était plutôt d'accord avec elle pour le coup. J’sais pas pourquoi j’te dis tout ça, t’en a probablement rien à faire. il répondit, et elle haussa simplement les épaules, avant de poursuivre de suite en faisant le parallèle avec sa vie à elle, lui expliquant que contrairement à lui elle n'était pas prête à arrêter tout ça, avant de lui demander s'il la trouvait bizarre. Elle le regarda s'approcher d'elle, poser une main de chaque côté d'Antey, sur la table. T’es complètement dérangée, mais j’t’aime bien comme ça. C’est ta vie, c’est ce que tu es et j’te demanderais pas de changer, tant que tu n’essayes pas de me tuer. Elle ne put s'empêcher de sourire comme une idiote. S'il l'aimait bien comme ça, elle ne comptait pas changer, ça lui convenait très bien de rester dérangée. Moi visiblement j’attire les emmerdes, j’demande rien la plupart du temps, ça m’tombe dessus, c’est pour ça qu’il faut que j’fasse plus attention, j’peux pas prendre le risque de perdre ma meilleure amie… il lui dit ensuite, avec une petite tête de chien battu presque... mignon. « Non c'est sûr » elle fit, balayant clairement le sujet de la "meilleure amie", et c'était quoi ça, de la jalousie ? Elle écarta les jambes pour les refermer derrière lui, l'attirant un peu vers elle, assise sur la table et appuyée légèrement en arrière sur ses deux mains. « Bon, c'est très bien tout cet élan de sagesse, mais tu comptes devenir sage à quel point ? » elle demanda en haussant un sourcil, avant de se redresser pour approcher son visage du sien, sans aller jusqu'à l'embrasser, glissant juste un peu ses lèvres sur les siennes. « Parce que j'ai jamais eu d'orgasme dans cette pièce, et j'dois t'avouer que j'trouve la perspective plutôt excitante » elle souffla sur ses lèvres. Dérangée, elle l'était et elle l'assumait, puisque baiser avec lui sur cette table, entourés de sa collection d'armes léthales, ça lui donnait terriblement envie. Mais si Noah était partant, ça prouverait bien qu'il était tout aussi cinglé qu'elle, et au-delà du plaisir même de la chose, elle était curieuse de voir si c'était le cas ou non.

Noah la mettait dans des états bizarres qui n'avaient rien à voir avec ce qu'elle était de base. Depuis qu'elle avait plus ou moins réalisé qu'il était plus qu'un ami, et plus qu'un type avec lequel elle aimait baiser, les choses avaient subitement changé. Puis lui, depuis ce putain d'accident, il n'était plus non plus le même. Comme s'il la redécouvrait, ce qui était un peu le cas, en réalité. Puisqu'il ne se souvenait pas de ce qu'ils avaient pu être avant. Et là, dans cette pièce la plus cachée de toute sa demeure, il lui disait que malgré tout, il voulait continuer de la voir. Qu'il l'aimait bien comme elle était. Et c'était tout ce qu'elle pouvait demander, parce qu'elle avait trop d'égo pour un jour accepter de changer pour plaire à quelqu'un. Et rien que ça, cette petite phrase noyée dans tout le reste, ça lui donnait subitement envie de lui. De s'unir à lui ici maintenant dans cette pièce. Refermant ses pieds derrière lui et l'attirant contre elle, elle le lui fit comprendre, soufflant des mots contre ses lèvres. Il s'approcha, jusqu'à déposer un baiser sur celles d'Antey. J’ai… dit… que… j’arrêtais… les… conneries… pas… te… faire… l’amour… dans… n’importe…quelles… pièces… Elle sourit en retour, le laissa déposer ces multiples baisers jusque dans son cou. Jusqu'à ce que ses mots ne prennent sens, et qu'elle saisisse un peu ce qu'il venait de dire. Intentionnellement ? Probablement. Ce n'était pas le genre de phrase qu'on sortait par erreur. Et puis, elle ne savait pas exactement où se trouvait la différence... mais l'idée lui plaisait. « Fais moi l'amour alors » elle souffla, se sentant subitement téméraire, le sourire aux lèvres pais avec beaucoup de sérieux dans sa voix. Elle se pencha, attrapa d'une main le visage de Noah pour l'embrasser lentement, passionnément, avant de glisser ses mains vers le bas de son t-shirt et le lui retirer.