Une fois dans la voiture, Chris voulait qu'Erwan lui parle de lui. Ce n'était pas chose facile, mais il décida de faire un petit effort malgré tout, de se libérer de ses craintes et des barrières qu'il s'était fixé à lui-même pour essayer de faire plaisir à son client. Leur baise avait été un échec retentissant, et Erwan s'en voulait encore de ne pas avoir été à la hauteur. Il espérait que cette sortie allait tout rattraper, ainsi que les vingt-quatre heures suivantes pour lesquelles Chris avait payé. Puis, Erwan espérait aussi en tirer un joli pourboire, ce serait toujours une bonne chose. Erwan lui parla donc rapidement de son passé ans la musique, puis il s'excusa de son histoire pas très intéressante. Tu n'as rien inintéressant! Arrête de t'excuser. Je te trouve fascinant moi! lui sortit Chris, ce qui ne rassurait pas vraiment Erwan, à vrai dire. Il se mordait la lèvre nerveusement, alors que dans sa tête il riait presque avec un peu d'anxiété en se disant qu'être fascinant ne lui plaisait pas trop. Au contraire, il aurait préféré être comme tout le monde, se fondre dans la masse, et qu'on ne se pose pas de questions à son sujet. Cependant, c'était loin d'être le cas ce soir. Il reprit alors la parole, ignorant le contact de la main de Chris sur la sienne, puis le laissant reprendre le volant avec ses deux mains. C'était mieux comme ça, plus prudent. Erwan aimait la prudence. Il reprit alors pour parler de son job à la maison close, et ajouta que c'était important pour lui. C'était vrai, parce qu'il avait comme un besoin viscéral d'être là, de faire ça. Pourtant, c'était loin de le passionner, de lui plaire, et tout ça ne faisait que l'enfoncer davantage. Mais il était aussi persuadé que sa place était là, qu'il était né pour faire ça, comme le lui avait dit Leo de si nombreuses fois. Parce qu'il excellait là-dedans, tout simplement. Alors comment pouvait-il ne pas être rassuré, ne pas se sentir parfaitement à sa place en sachant qu'il faisait le métier pour lequel il était né ? En sachant que c'était là qu'il utilisait au mieux ses capacités, qu'il était le plus utile aux autres. Tout ça, c'était peut-être la chose la plus réussie dans sa vie, le truc qu'il avait pu accomplir sans tout faire foirer. Les fois où il avait tenté de s'en éloigner, il avait réalisé que la vie l'y ramènerait toujours. L'exemple le plus flagrant : celui de son producteur qui avait fait en sorte de coucher avec lui contre non pas de l'argent mais des services, au sein de chantages... Ca avait été comme un réveil, ce qui lui avait enfin rappelé où était sa place. Alors oui, après tout ça, quelques mois d'égarement, des tentatives sans succès, il avait compris. Et il savait que c'était important. Etre ici, faire ça, c'était sa mission, son utilité. Chris ne questionna pas sa remarque, et c'était tant mieux, ça rassurait Erwan, ça voulait dire qu'il avait raison. Chris devait surement penser pareil et se dire que oui, c'était important qu'Erwan fasse ce métier, c'était celui pour lequel il était fait. Ils arrivèrent sur le parking et se mirent à marcher, et Erwan, pris d'une curiosité soudaine, questionna son client au sujet de son job. Je suis banquier de base, mais je suis passer directeur d'agence y'a pas long. Banquier. Erwan fit une petite grimace, ça n'avait pas l'air très passionnant, mais il regarda tout de même Chris en essayant de lui faire comprendre qu'il aimerait bien quelques infos en plus, quelque chose qui lui fasse comprendre pourquoi ce métier-là, si ça lui plaisait, comment il pouvait s'amuser à ça. J'ai toujours bien aimer jouer avec les chiffres, c'est une passion. Mais ce que je préfères c'est conseiller correctement les clients. Faire du chiffre c'est bien mais que les clients ne se fasse pas avoir c'est mieux ! Oh. Il fronça les sourcils, ça faisait du sens. Vu comme ça, on aurait même dit que Chris était vraiment extraordinaire. L'argent n'était pas quelque chose qui avait réellement intéressé Erwan un jour. Il avait grandi dans un milieu presque aristocratique, la haute société new-yorkaise, mais sans jamais avoir trop conscience de cet argent. Il avait simplement vécu avec ce qu'il avait, n'avait jamais rien demandé d'extravagant. Puis, il s'était retrouvé sans rien et il s'était imaginé que ce serait facile, de gagner un peu de thunes et de vivre simplement... sauf que les choses ne s'étaient pas passées ainsi. Puis... la richesse était venue avec son début de carrière et là, il avait vu l'envers du décor, tout ce qui se cachait derrière les apparences, derrière son idéal de carrière artistique. L'argent, ça ne lui plaisait pas, ça le faisait fuir, ça avait été une des raisons pour lesquelles il avait tout arrêté. Mais si Chris aimait les chiffres, c'était tant mieux pour lui. Une fois chez le glacier, Chris s'adressa au marchand et laissa Erwan commander. « Un pot avec une boule toblerone, une chocolat et... mangue ! » fit-il, particulièrement heureux de pouvoir choisir sa glace chez ce cher monsieur qui avait l'air de vendre les meilleures glaces du coin. Il savait bien que c'était cher, ici, mais s'il y avait une chose qui ne le gênait pas, c'était que Chris mette tout son argent dans cette soirée et qu'il "entretienne" Erwan, d'une certaine façon. Ce n'était pas souvent qu'il jouait les escort-boy, mais ça se faisait, et il connaissait le principe, assez pour ne pas être gêné une seule seconde. Il était là pour le travail, après tout. Si ça avait été perso, il aurait évidemment refusé qu'on lui paye sa glace. Peu de temps après, ils arrivaient sur les quais, là où de nombreux bateaux de plaisance étaient amarrés. C'était beau comme tout, avec de belles petites lumières, des restaurants et bars collés les uns aux autres au point de se demander comment ils arrivaient à tous s'en sortir avec tant de concurrence... C'était presque romantique et pourtant ce n'était pas l'image qu'on donnerait à Miami sans connaître bien tous ses recoins. Puis, ça sentait l'océan. La glace était délicieuse, et pendant un moment, ils restèrent silencieux pour apprécier leurs délices. Sinon, j'aime bien jouer en bourse aussi. C'est là que je me fait le plus de fric. Je trouve ça amusant de trouver sur quoi il faut miser. Encore une histoires avec les chiffres quoi. Erwan hocha la tête. Il n'avait jamais essayé ça, mais encore une fois, il fallait certainement aimer l'argent pour aimer ce genre de choses. Il y avait d'autres jeux que Erwan trouvait beaucoup plus amusants, en tous cas. Il répondit d'un petit « Mmh mmh », sa bouche à moitié pleine de glace. Clairement, il écoutait peut-être son interlocuteur, mais son pot de glace semblait être devenu un participant à part entière de cette soirée, et Erwan était quelque peu fasciné. Il se détendait un peu, semblait même goûter à un petit bout de vrai bonheur ce soir. Ca avait fait si longtemps qu'il n'avait pas vu le port à cette heure-ci, avec une si bonne glace entre les mains. Et toi, quel style de musique tu aime chanter? Tu composes? interrogea Chris. Oh, il fallait à nouveau qu'il parle de lui. Bizarrement, le fait d'avoir eu sa glace et d'être en bonne compagnie lui permettait un peu de se détendre, et même d'oublier l'espace d'un instant qu'il était là dans le cadre de son travail, que Chris avait payé, qu'Erwan devait rester prudent quand même. « Des balades surtout. Dans le genre pop/rock, mais j'aime bien tout ce qui est assez épuré, juste un piano ou une guitare, et le texte. Enfin... Je joue plus maintenant » il expliqua simplement. Ca l'emmerdait un peu de parler de ça, parce qu'il n'avait pas encore fait totalement le deuil de son passé de musicien, mais en même temps, il n'arrivait pas à en garder de bons souvenirs. Il aurait juste voulu oublier ou au moins ne plus en parler. Evidemment, ça avait été le centre de sa vie, et sa musique lui manquait. Mais il ne voulait plus entendre parler de sa carrière. Il voulait qu'on le laisse faire sa vie sans entendre sans arrêt "tu n'aurais pas du arrêter, Erwan", "tu es si doué Erwan, pourquoi ?", "c'est bête de laisser tomber pour si peu". Non, il était un grand garçon, et il manquait peut-être de confiance en soi pour beaucoup de choses, mais il savait aussi que certaines de ses décisions ne regardaient personne d'autre, surtout pas les gens qui ne connaissaient pas toute l'histoire. « Plus le temps, avec ce travail. Et j'ai plus envie non plus » il dit, espérant que Chris comprendrait qu'il ne voulait pas parler de ça. Il avait vraiment envie de se détendre, de faire plaisir à son client et de voir cette soirée comme quelque chose de plus... simple. Mais c'était compliqué, et Erwan ne savait pas de quoi lui parler. De base, ce n'était pas dans sa nature de papoter, d'initier des conversations. La part de lui qui se chargeait de ça, c'était celle qu'il s'était construite pour ce travail, justement. Il espérait se trouver une zone confortable entre les deux, un juste milieu qui conviendrait, mais c'était difficile. Il n'avait rien à raconter, à vrai dire, et les choses qui faisaient de lui qui il était, il faisait mieux de les garder pour lui, pour ne pas faire fuir Chris. Alors, il essaya de se rabattre sur un terrain connu, quelque chose où il se sentait en sécurité, qui les unissait bien tous les deux. « Vingt-quatre heures » il dit, avec un sourire, lui rappelant le temps pour lequel il avait décidé de "louer" Erwan. Ils s'étaient trouvé un coin sur le port, un petit banc où ils pourraient se poser pour regarder l'océan. Ils s'y installèrent. « Qu'est-ce que t'as prévu pour tout ce temps ? On va sortir ? Tu vas m'emmener dans ta belle maison et me baiser bien comme il faut ? » il demanda, un peu amusé, mais d'une voix relativement douce. Le ton de sa voix et l'expression de son visage n'avaient rien à voir avec le langage presque cru qu'il employait, et peut-être que ça suffisait à faire passer la chose beaucoup plus doucement auprès de Chris. Erwan n'en savait rien, il ne réfléchissait pas jusque là. Il était partagé entre sa douceur et sa timidité, puis le caractère beaucoup plus franc, plus rentre-dedans que lui avait apporté son métier. Au final, il était peut-être destiné à devenir ça, un mélange des deux, quelque chose d'un peu déroutant, mais original. C'était peut-être là son charme. Il laissa un petit silence planer, c'était doux, agréable, avec ce petit vent et les bruits du monde qui pourtant se trouvaient loin d'eux. Ils avaient leur petite bulle, c'était intime et pourtant en plein espace. La sécurité, la liberté, l'intimité aussi. Il y avait quelque chose de précieux à tout ça. « Qu'est-ce qui t'a amené ici, Chris ? » il demanda ensuite plus doucement, plus simplement, un sourire moins joueur et plus doux. « J'veux dire, dans ma chambre. Comment tu t'es retrouvé là, avec un mec comme moi ? » il précisa, tournant son regard vers l'eau qui s'étendait face à eux. C'était magnifique. Etrangement, Erwan était passé par là quelques fois ces derniers mois, et il lui était arrivé de se demander si ce serait une bonne chose, de s'attacher une pierre à ses pieds et se laisser couler. Il ne l'avait jamais fait, bien évidemment. Et ce soir, il ne pensait pas à ça en étant là. Il était plutôt bien en fait, avec sa glace et Chris à côté de lui. Il ne se sentait pas en danger, il ne se sentait pas privé de toute autre issue. Il ne se sentait pas pris au piège non plus, disons qu'il n'était pas nécessairement à la recherche d'une issue, justement.

Nous étions sorti de la maison close avec Erwan et avions prirent la direction du meilleur glacier de Miami. Une fois sur le parking Erwan me demanda ce que je faisais. Je lui expliquais alors que j'étais banquier et que j'avais une passion pour les chiffres. Je lui dis aussi que j'aimais bien conseiller les clients. Le pire qu'il puisse arriver c'était de plumer les clients. Ils ne pouvaient plus payer leurs échéances et tout le monde étaient emmerdés. Nous arrivâmes au glacier et je laissais choisir Erwan qui prit un pot avec 3 parfums. Je commandais ensuite la mienne et nous ressortîmes pour aller en direction du port. Le ciel était dégagé ce qui était du plus bel effet entre les étoiles, la lumière et les bruits du port. Je dis ensuite à Erwan que j'aimais aussi jouer en bourse. Il me répondit d'un petit hum-hum la bouche plein de glace. Il avait l'air plus détendu et ça faisait plaisir à voir. J'en profitais pour lui demander ce qu'il aimait comme style de musique et s'il composait. J'aimais bien la musique et savoir qu'il jouait du piano me fascinait. C'était quelque chose de compliquer et il fallait avoir un certain talent pour jouer de cet instrument.

« Des balades surtout. Dans le genre pop/rock, mais j'aime bien tout ce qui est assez épuré, juste un piano ou une guitare, et le texte. Enfin... Je joue plus maintenant »

C'était bien dommage qu'il ne joue plus. Je me demandais si c'était par choix ou par obligation mais il finit par me répondre comme s'il avait lu dans mes pensées.

« Plus le temps, avec ce travail. Et j'ai plus envie non plus »

Je lâchais un petit "Ho". Certains musiciens perdaient le feu pour la musique et arrêtaient de composer. Je pouvais comprendre ça car quelques-uns de mes sportifs préférés avaient arrêté par manque d'envie ou pour se consacrer à leur famille. C'était quelque chose de naturel.

« Vingt-quatre heures »

Nous nous installâmes sur un petit banc au coin du parc. Nous étions seuls et le bruit des alentours était vraiment agréable. Je pris une bonne bouchée de ma glace quand il me demanda un peu amusé :

« Qu'est-ce  que t'as prévu pour tout ce temps ? On va sortir ? Tu vas m'emmener dans ta belle maison et me baiser bien comme il faut ? »

Je faillis m'étouffer avec ma glace et toussais un peu avant de lui dire en souriant.

- On fera ce que tu as envie. On pourra aussi bien aller en ville, manger un morceau ou aller voir un spectacle ou même faire du shopping. J'ai juste envie qu'on passe un bon moment tout les deux.

C'était la première fois depuis un moment que je ne m'étais pas senti aussi zen! Mieux encore, j'étais clean de toute substance ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Allez savoir pourquoi! Alors peut-être qu’inconsciemment cette sérénité avec Erwan, je voulais en profiter un maximum. Nous étions tellement bien là tous les deux que ça pouvait durer toute la nuit en avais rien à faire. Il pouvait même me trainer dans toutes les boutiques de Miami, du moment que l'ambiance était la même, ça me convenait très bien!

« Qu'est-ce qui t'a amené ici, Chris ? » Me demanda-t-il très calmement avec un petit sourire. « J'veux dire, dans ma chambre. Comment tu t'es retrouvé là, avec un mec comme moi ? »

Il tourna alors le regard vers la mer. Je m'enfonçai un peu dans le dossier du banc prenant une nouvelle bouchée de glace. C'était une question légitime et c'est en toute sincérité que je lui répondis :

- Eh bien, c'est une longue histoire un peu compliquée. Dis-je en soupirant. Je n'étais franchement pas bien ces derniers temps et jamais clean. J'ai été dans mon bar habituel un soir et j'ai rencontré Mike.

Au début la soirée avait été un peu floue pour moi puis, petit à petit tout était revenu et les interrogations avec. C'était nouveau pour moi cette situation et les découvertes qui allait avec et il fallait que je creuse.

- On s'est retrouvé chez lui et on l'a fait. Sur le moment ça avait été vraiment l'éclate, mais quand je me suis réveillé, j'ai commencer à me posé des questions.

J'avais eu bien mal au cul pendant plusieurs jours, j'avais même dû prendre un congé de 3 jours au boulot, c'est pour dire!

- J'ai été marié tu comprends, alors je me suis demander si j'étais gay, bi ou si c'était juste comme ça l'histoire d'un soir. Alors j'ai décidé de venir te voir. C'était plus simple pour moi que d'aller en boite ou dans un bar au risque de me faire jeter. dis-je en souriant. Mais j'en sais toujours rien, enfin, c'était pas juste comme ça pour un soir. Mais je suis quoi? Bonne question. Ce que je sais là maintenant c'est que je suis bien avec toi, je me prends pas la tête rien, je suis plutôt zen. dis-je en le regardant dans les yeux et en lui faisant un petit sourire. Tu en penses quoi toi?

Après avoir un peu parlé de lui et coupé cours à la discussion au sujet de sa carrière musicale, dont il ne voulait pas parler, il s'installa sur le banc et décida de reparler d'eux deux, de ce qui allait se passer. Il était curieux, et Chris avait payé pour passer vingt-quatre heures avec lui. Ca en faisait, du temps, et Erwan se demandait bien ce qu'ils allaient en faire de ces heures. Jouer les escorts, c'était toujours une expérience un peu à part. C'était sortir de la maison et prétendre être un peu quelqu'un d'autre, et mettre en scène quelque chose qui était différent de simplement du sexe, c'était presque comme jouer un couple, quelque chose de banal. Se montrer en public, comme ils le faisaient là. Jouer les escorts, ça voulait dire qu'il avait la chance de voir plein de choses, de se retrouver dans des endroits où il n'aurait jamais mis les pieds. C'était une grande aventure. Alors oui, il était curieux et voulait savoir quel était le programme. On fera ce que tu as envie. On pourra aussi bien aller en ville, manger un morceau ou aller voir un spectacle ou même faire du shopping. J'ai juste envie qu'on passe un bon moment tout les deux. fut la réponse que lui donna Chris. Erwan resta un peu pensif, ce n'était rien d'extraordinaire, plutôt un semblant de normalité ou de vie de couple, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus excitant, mais ça lui conviendrait. Il espérait s'amuser un peu avec Chris, qu'ils prennent leurs marques et se libèrent un peu... Il ne savait pas trop ce qu'il attendait, et de toute façon, il n'avait rien à attendre. Il était là pour faire plaisir à Chris au sein de son travail, rien d'autre. Après un moment, il lui demanda curieusement comment il s'était retrouvé là dans la chambre d'Erwan, à vouloir se faire un mec. Un mec comme lui, qui plus est. Eh bien, c'est une longue histoire un peu compliquée. Je n'étais franchement pas bien ces derniers temps et jamais clean. J'ai été dans mon bar habituel un soir et j'ai rencontré Mike. On s'est retrouvé chez lui et on l'a fait. Sur le moment ça avait été vraiment l'éclate, mais quand je me suis réveillé, j'ai commencer à me posé des questions. raconta alors Chris. Erwan était pas mal intéressé, il écoutait attentivement. Derrière ses airs parfaits, Chris semblait cacher des choses, ou en tous cas avoir des zones d'ombre qu'il ne montrait qu'à peu de gens, et s'ils étaient là pour apprendre à se connaître, Erwan voulait en savoir un peu plus sur lui. Peut-être alors qu'il en viendrait à parler de sa propre histoire. J'ai été marié tu comprends, alors je me suis demander si j'étais gay, bi ou si c'était juste comme ça l'histoire d'un soir. Alors j'ai décidé de venir te voir. C'était plus simple pour moi que d'aller en boite ou dans un bar au risque de me faire jeter. Mais j'en sais toujours rien, enfin, c'était pas juste comme ça pour un soir. Mais je suis quoi? Bonne question. Ce que je sais là maintenant c'est que je suis bien avec toi, je me prends pas la tête rien, je suis plutôt zen. Tu en penses quoi toi? Ca faisait beaucoup d'informations tout ça, beaucoup de questionnements. Les choses semblaient compliquées pour Chris, parce qu'au vu de son passé, il avait l'air de chercher des réponses exactes, d'avoir besoin de quelque chose pour se définir. C'était un problème qui n'avait jamais concerné Erwan. Il haussa un peu les épaules, pas parce qu'il s'en foutait, mais parce que ce n'était pas trop à lui d'en penser quelque chose. « Oh. Hum... Je sais pas trop. Je pense que... c'est beaucoup de questions qui sont pas nécessairement importantes, mais peut-être qu'elles le sont pour toi, pour arriver à mieux définir qui tu es... » il répondit honnêtement, tout en mangeant sa glace. « Moi, j'me suis jamais posé ces questions, ça s'est juste fait comme ça, alors c'est différent » il confia. C'était vrai. Il avait compris qu'il était intéressé par les hommes très tôt, et n'avait jamais cherché d'explications, ou à mettre un mot sur ce qu'il ressentait. « Je suis tombé amoureux de mon meilleur ami quand j'étais enfant, et ça s'est jamais arrêté, quand on a grandi, même après qu'il soit parti à l'autre bout du pays... et c'était un garçon, puis... ça a toujours été lui, alors j'me suis jamais intéressé à qui que ce soit d'autre pendant ce temps-là... » il raconta, se laissant aller dans son récit. Il s'y perdait lentement, parlait encore sans trop réfléchir et oubliant un peu qu'il était avec un client, qu'il devrait faire attention. Il laissait tomber la carapace et ce n'était pas forcément une bonne chose. Erwan continuait à déguster sa glace sans regarder Chris, mais poursuivant sa petite histoire. « Mes parents l'ont appris un jour... que je l'aimais, et ils ont pas apprécié. Toi au moins t'es adulte, t'as ta vie, ta décision appartient qu'à toi, t'es libre » il précisa en relevant le regard vers son client. C'était un détail important, un petit point qui lui permettait de revenir à Chris, de lui donner un élément pour faire son choix. Si Erwan avait été adulte et n'avait dépendu de personne, sa vie aurait certainement tourné d'une façon bien différente. « Ils m'ont mis dehors, j'avais rien du tout, alors j'suis parti à Los Angeles, j'ai passé quelques nuits dehors puis j'ai rencontré Leo et - » il s'interrompit assez brusquement, réalisant ce qu'il était en train de dire, que ce n'était ni le lieu ni l'endroit. Il ne devait pas parler de Leo, surtout pas à Chris, pas à un client. « Et voilà. Je suis ici maintenant » il conclut, d'abord maladroitement, pour se rattrapper, et parce que Leo était clairement une des raisons pour lesquelles il était ici. Puis ajoutant un petit sourire en coin innocent. Il espérait que le nom de Leo n'avait pas attiré l'attention ou la curiosité. C'était son petit secret, ou son grand secret plutôt. Mais au-delà de ça, des révélations sur son passé risquaient de mettre son présent en péril. Si on apprenait pour Leo, on chercherait peut-être à le sortir de là, à lui faire quitter la maison close, à le convaincre que c'était une mauvaise idée et qu'il se faisait plus de mal qu'autre chose. C'était si compliqué d'évoquer Leo, parce que même Erwan lui-même avait du mal à savoir où il en était vis-à-vis de lui, des années passées avec lui. Il n'arrivait pas à faire le tri entre les fois où il avait eu raison et celles où il avait eu tort, entre sa haine, sa peur, son dégoût, mais aussi l'admiration et le respect, et toutes les choses qu'il pouvait ressentir. Leo c'était... la pièce maîtresse de toute son existence. Sa némésis et bien plus que ça.

Après nous être pris des glaces nous marchâmes le long du port puis nous installâmes sur un petit banc. L'endroit était vraiment tranquille et les lumières allaient très bien avec le ciel dégagé de cette soirée d'été. Erwan me demanda comment j'en étais arrivé à venir le voir et je lui expliquais la situation. La soirée avec Mike et toutes les interrogations qui allait avec. Je lui demandais ensuite son avis..


« Oh. Hum... Je sais pas trop. Je pense que... c'est beaucoup de questions qui sont pas nécessairement importantes, mais peut-être qu'elles le sont pour toi, pour arriver à mieux définir qui tu es... Moi, j'me suis jamais posé ces questions, ça s'est juste fait comme ça, alors c'est différent. Je suis tombé amoureux de mon meilleur ami quand j'étais enfant, et ça s'est jamais arrêté, quand on a grandi, même après qu'il soit parti à l'autre bout du pays... et c'était un garçon, puis... ça a toujours été lui, alors j'me suis jamais intéressé à qui que ce soit d'autre pendant ce temps-là... »

Je l'écoutais attentivement tout en mangeant ma glace. Il avait été amoureux lui aussi et clairement il l'était encore vu comment il parlait de ça. C'était comme quand je pensais à Emily.

« Mes parents l'ont appris un jour... que je l'aimais, et ils ont pas apprécié. Toi au moins t'es adulte, t'as ta vie, ta décision appartient qu'à toi, t'es libre dit-il levant son regard vers moi. Ils m'ont mis dehors, j'avais rien du tout, alors j'suis parti à Los Angeles, j'ai passé quelques nuits dehors puis j'ai rencontré Leo et - »
- Je suis désolé.Dis-je sincèrement.
« Et voilà. Je suis ici maintenant »

Son histoire était vraiment triste. Si j'avais bien compris, il avait un grand amour mais ce dernier était parti. Et Erwan était là, sans lui.

- Je comprends ce que tu ressens, ma femme...mon ex-femme... Je l'aime toujours mais j'ai du la laisser partir. C'est mieux comme ça... Pour elle.

Même si j'avais l'impression de crever chaque minute de chaque heure, je ne pouvais plus interférer dans leur histoire. J'avais déjà foutu assez la merde comme ça en épousant Emily et en tombant amoureux d'elle. J'y avais perdu une bonne partie de notre amitié avec Lukas et j'avais empêché pour un court moment l'inévitable.

- Perso j'ai jamais eu de parents mais tu sais quoi? T'en a pas besoin! Tu peu te construire très bien tout seul! J'y suis arrivé tu peux le faire aussi et mené la vie que t'as envie de mené! Tout es question d'envie et de motivation. Lui dis-je avec un petit sourire.

J'avais bien réussi tout seul et j'avais le QI d'Einstein alors tout le monde pouvait en faire de même! Il suffisait juste de se donner les moyens, d'en avoir envie et de foncer!

- Dis moi, si c'est pas indiscret... Pourquoi tu n'as pas suivis le mec que t'aime?

Il ne savait pas trop ce qui lui avait pris de raconter sa vie comme ça, de s'ouvrir à cet homme qui n'était peut-être pas un inconnu dans le sens premier du terme... mais qui en restait un tout de même. Ils venaient de se rencontrer, et ce dans le cadre du travail d'Erwan, il ne devrait pas parler de lui ainsi. Heureusement, il avait réalisé son erreur à temps, et ne s'était pas étendu sur ce qui était arrivé avec sa rencontre avec Leo. C'était mieux. Je suis désolé. plaça Chris, et Erwan prit grand soin d'ignorer cette remarque, comme s'il ne l'avait pas entendue. Il ne savait pas pourquoi il s'excusait, il ne voulait pas non plus de ses excuses. Ca avait toujours été étrange à ses yeux, les gens qui balançaient des "désolé" à tout va, pour des choses qui ne les regardaient pas. Il n'avait pas à être désolé, et l'être ne changerait rien au passé d'Erwan. Je comprends ce que tu ressens, ma femme...mon ex-femme... Je l'aime toujours mais j'ai du la laisser partir. C'est mieux comme ça... Pour elle. Cela attira l'attention d'Erwan, qui tourna la tête vers Chris pour le regarder un peu. Ca semblait être une plaie encore ouverte, et il avait presque envie de le prendre un peu dans ses bras. Evidemment, Erwan pouvait comprendre ce que ressentait son client, puisque lui aussi sortait d'une relation sérieuse, et était toujours amoureux de son petit ami. Il n'avait pas revu Orel depuis, avait fait en sorte de ne pas trop penser à lui, mais l'histoire de Chris ramena évidemment son ex au centre de ses pensées. Qu'est-ce que faisait Orel en ce moment ? Comment il s'en sortait, dans sa vie ? Est-ce qu'il pensait à Erwan, parfois, est-ce qu'il se demandait où il était et ce qu'il faisait maintenant qu'il avait mis de côté la musique... ? Erwan chassa ces pensées, il ne voulait pas plonger là-dedans, parce que Orel devait rester dans le passé et que penser à tout ça, c'était mauvais. Il hésita longuement à questionner Chris sur sa femme, sur la raison pour laquelle il avait du la laisser partir, comme il l'avait dit. Mais au final, il préféra se taire, c'était indiscret, et Chris restait son client, Erwan n'avait pas à se montrer insolent à ce point. Perso j'ai jamais eu de parents mais tu sais quoi? T'en a pas besoin! Tu peu te construire très bien tout seul! J'y suis arrivé tu peux le faire aussi et mené la vie que t'as envie de mené! Tout es question d'envie et de motivation. lui lançait soudain son interlocuteur, et Erwan faillit rire, parce que c'était si beau, mais tellement pas réaliste. Comme si n'importe qui pouvait réussir avec assez d'envie. C'était naïf, mais Erwan n'avait pas envie de casser la petite bulle de Chris. Il n'y croyait pas une seule seconde, parce qu'il y avait tellement de gens malheureux sur Terre, qui n'avaient pas eu de chance malgré leurs efforts, malgré des tentatives par dizaines. Est-ce que ça voulait dire qu'ils n'avaient pas essayé assez ? Non, ça Erwan refusait d'y croire, c'était juste que la vie était injuste, elle ne traitait pas tout le monde de la même façon. « Je pensais comme toi, avant. Quand j'ai quitté New York pour L.A avec ma guitare et quelques billets, j'croyais que ce serait facile, que j'arriverais là-bas avec mes chansons, comme dans les films, que je jouerais un peu par-ci par-là et que tout irait bien » il expliqua, sans trop d'amertume, préférant rester simple et exposer les faits, rien que ça. « Et bah, tout est pas allé bien » il conclut, parce qu'il n'allait pas entrer dans les détails inintéressants de sa vie, une fois de plus. C'était sa naïveté qui l'avait perdu, il le savait. S'il n'avait pas cru en Leo, s'il n'avait pas pensé que ce mec-là était un cadeau du ciel, qu'il allait lui offrir tout ce qu'il lui avait promis, il serait peut-être resté dehors plus longtemps, et seul, mais les choses auraient pu tourner d'une autre façon. Mais enfin, c'était idiot de baser sa vie sur des "et si", parce que c'était fait, il n'y avait pas de retour en arrière. Dis moi, si c'est pas indiscret... Pourquoi tu n'as pas suivis le mec que t'aime? La question débarqua de nulle part, le surprenant un peu et l'arrachant à ses réflexions. Ca lui demanda quelques secondes, pour y repenser, pour trouver les mots justes, pour essayer aussi de synthétiser parce que son histoire avec Orel était loin d'être simple. « Uhm, à l'époque, il a fui sans rien dire, du jour au lendemain. Je savais pas où, j'avais aucun moyen de le joindre. Et j'avais toute ma vie à New York, mon frère et mes soeurs, aussi. » il expliqua. « On s'est retrouvés ici l'an dernier, par hasard, après que j'sois parti de chez Leo. On a été ensemble un peu moins d'un an, on voulait se marier, mais il s'est passé des choses, j'ai fait des mauvaises choses, et on s'est disputé, puis c'était fini. » ajouta Erwan. Orel avait été une présence constante dans sa vie, même pendant leurs années de séparation car jamais il n'avait cessé de penser à lui et d'espérer le revoir. Désormais, c'était bel et bien fini, et tout ça laissait un vide immense dans la vie et le coeur d'Erwan. C'était un mal-être physique qui s'était installé et semblait ne jamais vouloir partir. Ca le rongeait, il était persuadé que ça ne s'arrangerait jamais. Evidemment, il essayait de survivre malgré tout, mais de jour en jour il semblait s'enfoncer un peu plus alors que normalement, c'était l'inverse qui était censé se passer, non ? Normalement, le temps devait faire passer les choses, doucement, pas complètement bien sûr, mais au moins apaiser un peu, aider à cicatriser. Lui, il avait l'impression que le manque ne faisait que s'alourdir, ronger peu à peu l'intérieur de son corps et s'installer comme quelque chose de durable qui allait prendre possession de lui tout entier. « Des fois, je me dis que je suis pas fait pour vivre sans lui » il avoua, et c'était une phrase lourde de sens mais peut-être que Chris n'irait pas jusqu'au fond de la signification, du moins, Erwan l'espérait un peu. C'était trop personnel pour ça, et il regrettait vaguement d'avoir prononcé ces mots. Il ne l'avait jamais avoué à haute voix, parce que tout simplement, il n'avait personne à qui le dire, lui qui vivait dans une solitude extrême depuis la mort de son couple. « T'as été longtemps, avec ta femme ? » il demanda ensuite, se sortant un peu de ses pensées, partiellement pour changer de sujet, mais aussi parce qu'il était curieux, parce qu'il voyait un parallèle entre leurs histoires, et peut-être qu'il voulait s'accrocher un peu à celle de Chris.

Nous étions bien Erwan et moi assis sur ce banc avec pour compagnie le bruit des mâts des bateaux et le bruit de l'eau. Ce moment était propice aux confessions et Erwan avait commencé à se livrer un peu en me parlant du moment ou il était tombé amoureux et la désapprobation de ses parents pour son gout à la gent masculine. Le pauvre avait carrément été foutu dehors, ce qui me révoltait. C'était inadmissible que des parents rejettent leur enfant parce qu'il n'a pas le même gout sexuel qu'eux. Je lui avais ensuite dit qu'il n'avait pas besoin d'eux qu'il avait la capacité de faire ce qu'il voulait sans personne.

« Je pensais comme toi, avant. Quand j'ai quitté New York pour L.A avec ma guitare et quelques billets, j'croyais que ce serait facile, que j'arriverais là-bas avec mes chansons, comme dans les films, que je jouerais un peu par-ci par-là et que tout irait bien. Et bah, tout est pas allé bien »

Cette pensée avait l'air bien douloureuse pour lui alors je décidais de changer de discussion en lui demandant pourquoi il n'avait pas suivi l'amour de sa vie. Il parrut un peu surpris et répondit après quelques instant de réflexion.

« Uhm, à l'époque, il a fui sans rien dire, du jour au lendemain. Je savais pas où, j'avais aucun moyen de le joindre. Et j'avais toute ma vie à New York, mon frère et mes sœurs, aussi. On s'est retrouvés ici l'an dernier, par hasard, après que j'sois parti de chez Leo. On a été ensemble un peu moins d'un an, on voulait se marier, mais il s'est passé des choses, j'ai fait des mauvaises choses, et on s'est disputé, puis c'était fini. »
- Je suis désolé Erwan. Vraiment. Perdre la personne qu'on aime. Ça fait mal... très mal.
« Des fois, je me dis que je suis pas fait pour vivre sans lui »
- ho Erwan...Dis-je en posant ma main libre sur la sienne.
« T'as été longtemps, avec ta femme ? »

Je grimaçais. Parler d'Emily était douloureux et devoir avoué que j'avais été marier que quelques mois après un mariage à l'aveugle pouvait être pris à la rigolade. Pire encore, je me sentais un peu connard.

- L'année dernière, j'ai participé suite à un pari avec mes potes au "mariage à l'aveugle" organisé en ville. Le but était simple. Les personnes seraient mise ensemble suivant leurs affinités. Le but du "jeu", était que les futurs mariés ne se verraient que le jour J. Comme je suis joueur, j'ai décidé d'y aller et d'assumer. Le jour J avec mon meilleur ami, on y est aller et quand ma future femme est entrée, Mon meilleur ami ma dit que c'était la fille sur qui il avait craqué.

Je baissais les yeux honteux. Comment aborder la suite? Je n'étais pas fier de cette partie-là. Je continuais donc mon récit sans regarder Erwan.

- J'ai finis par l'épouser quand même et j'ai perdu mon meilleur ami ce jour là. J'ai appris à connaitre Emily et j'en suis tombé raide dingue. Mais après quelques mois, elle s'est rendu compte qu'elle était aussi amoureuse de mon ancien meilleur ami. C'est là qu'est entrée une fille avec qui j'avais passé une nuit. On a découvert qu'elle était enceinte. Je l'ai avoué à ma femme et elle a prit la décision de partir avec Lukas. Je l'ai très mal vécu mais j'ai choisi de respecter sa décision. Après tout ils seraient surement ensemble si je n'étais pas entrée dans l'histoire...

Voilà la triste histoire de Chris Johnson. Pauvre garçon qui n'est tombé amoureux qu'une seule fois de sa vie qui a tué son amitié avec son meilleur pote pour perdre au final la fille et le meilleur ami.

- Et toi, c'était qui ce Orel chez qui tu étais avant que l'amour de ta vie s'en aille?

Je suis désolé Erwan. Vraiment. Perdre la personne qu'on aime. Ça fait mal... très mal. souffla Chris, alors qu'Erwan venait de lui déballer l'histoire de sa vie, de ces derniers mois en tous cas. La façon dont les choses s'étaient finies avec Orel. La remarque du jeune homme sentait le vécu, mais il décida de ne pas relever ce détail pour l'instant. Repenser à Orel, à tout ça, ça réveillait les maux. Raconter l'histoire à Chris le replongeait si vite dans ces dernières semaines, si violentes et marquantes, qu'il aurait certainement du mal à oublier. C'était peut-être ça, le pire. Il y avait évidemment le manque et l'absence, le fait pur et simple qu'Orel n'était plus là dans sa vie, que c'était dans le passé, leur bonheur et leurs rêves d'avenir. Mais le plus étrange, le plus déstabilisant, le plus sale aussi et ce qui lui donnait la nausée, c'était les dernières semaines. Les derniers évènements, la chute. Repenser à la façon dont tout s'était écroulé, comment les faits s'étaient enchaînés pur les lancer sur cette piste qui allait les mener vers la fin. Sans retour possible. Les erreurs d'Erwan, mais avant tout, son passé qui ne faisait que le rattraper et duquel il n'avait pas réussi à se libérer, ses décisions trop influencées par ses anciens démons, ses réactions marquées par ses traumatismes et ses craintes. Puis, cette glissade interminable vers le fond du précipice, qui s'était conclue avec leur confrontation. Le moment où ils avaient réalisé qu'il n'y avait pas d'espoir, le moment peut-être où Orel avait abandonné, baissé les bras, où il s'était dit qu'Erwan était trop endommagé et qu'il n'était pas sauvable. Où Erwan lui-même s'était dit qu'à ce rythme là, de cette façon là, il n'était pas sauvable. La conclusion terrible selon laquelle Orel ne pourrait pas le sauver, il était le seul à pouvoir le faire, mais tout ça l'avait détruit encore plus et il était loin de la reconstruction. Ou peut-être qu'il était en plein dedans mais de la façon la plus insensée, et peut-être qu'il avait besoin de s'enfoncer encore avant de se relever. Balayant finalement le sujet, il choisit de questionner Chris sur sa femme, dont il avait parlé plus tôt. L'année dernière, j'ai participé suite à un pari avec mes potes au "mariage à l'aveugle" organisé en ville. Le but était simple. Les personnes seraient mise ensemble suivant leurs affinités. Le but du "jeu", était que les futurs mariés ne se verraient que le jour J. Comme je suis joueur, j'ai décidé d'y aller et d'assumer. Le jour J avec mon meilleur ami, on y est aller et quand ma future femme est entrée, Mon meilleur ami ma dit que c'était la fille sur qui il avait craqué. J'ai finis par l'épouser quand même et j'ai perdu mon meilleur ami ce jour là. J'ai appris à connaitre Emily et j'en suis tombé raide dingue. Mais après quelques mois, elle s'est rendu compte qu'elle était aussi amoureuse de mon ancien meilleur ami. C'est là qu'est entrée une fille avec qui j'avais passé une nuit. On a découvert qu'elle était enceinte. Je l'ai avoué à ma femme et elle a prit la décision de partir avec Lukas. Je l'ai très mal vécu mais j'ai choisi de respecter sa décision. Après tout ils seraient surement ensemble si je n'étais pas entrée dans l'histoire... C'était une histoire compliquée qu'Erwan écouta attentivement, regardant Chris sans jugement, même si celui-ci évitait son regard. Il ne tilta pas en entendant le prénom Lukas, parce que même s'il connaissait un Lukas, il devait y en avoir des centaines, et il ne se dit même pas que ça pouvait être de ce même Lukas que Chris parlait. De toute façon, le prénom importait peu, Erwan était trop attentif au reste de l'histoire. Il se pinça la lèvre, parce que ça aurait été hypocrite de dire à Chris qu'il n'avait rien à se reprocher, ou qu'il était innocent. Erwan lui-même savait bien que personne n'était généralement complètement innocent dans ces histoires-là. Mais il était convaincu que Chris n'avait pas cherché à faire du mal, il avait certainement voulu être heureux, se trouver son petit bonheur en faisant une juste balance entre son bien-être et celui de ses proches. Comment Erwan pouvait-il le juger, lui qui avait trompé son fiancé pour le sauver de la prison ? C'était injuste, que la vie force les gens à faire ces choix-là, mais c'était ainsi. « Tu voulais juste être heureux... tu peux pas trop t'en vouloir de ça, je crois » il fit doucement, nuançant son propos à la fin, pour ne pas paraître trop sûr de lui. Pour pouvoir faire arche arrière au cas où il disait quelque chose de mal, une petite sécurité qui lui venait instinctivement. Puis, comme si Chris à son tour souhaitait changer de sujet, il replongea dans la vie d'Erwan. Et toi, c'était qui ce Leo chez qui tu étais avant de retrouver l'amour de ta vie ? il questionna. Une question innocente et à laquelle il aurait pu s'attendre puisqu'il avait mentionné Leo, chose qu'il faisait rarement, mais le prénom était venu naturellement dans son petit récit. Qui était Leo ? Grande question, à laquelle répondre était difficile. Cet homme avait été si important, pas dans son coeur, mais dans son implication, dans les effets et l'influence qu'il avait eus. Sans Leo, Erwan ne savait pas où il aurait pu finir. Peut-être plus heureux, parce que Leo avait été... il n'y avait pas de mot. Ou mort, parce que malgré tout, Leo lui avait donné un but, une utilité, une vie. Un toit, à manger, et un travail... et tout le reste évidemment. Leo était un cauchemar qui ne cessait de le hanter, et même aujourd'hui, sans la moindre nouvelle, Erwan avait l'impression de toujours sentir sa présence. Même s'il avait voulu être brutalement et cliniquement honnête, il n'aurait pas su décrire et expliquer qui était Leo, qui il avait été pour Erwan, et ce qu'il était aujourd'hui. Entre les faits purs et simples, l'influence, le personnage, la présence plus grande qu'humaine qu'il avait su avoir. Comment quelqu'un de tout à fait humain avait su se glisser dans les failles qu'il avait lui-même créées pour fragiliser au maximum Erwan ? Il y avait surement une pathologie ou quelque chose qui pouvait qualifier Leo, peut-être que pervers narcissique s'en rapprochait, mais Erwan n'en était pas là, à chercher quel était le problème de son tortionnaire. Il aurait d'abord fallu prendre le recul nécessaire pour réaliser qu'il y avait un problème chez ce type. Mais il n'avait pas le recul. Leo s'était comme incrusté en lui, et jamais Erwan n'arriverait à prendre la distance qu'il lui fallait. « C'était mon tout premier employeur, dans ce milieu » il décida de dire, et Chris comprendrait bien de quel milieu il parlait. « C'est lui qui m'a tout appris » Dit ainsi, il avait presque l'air d'être un type respectable, le gentil Leo qui avait accompagné Erwan sur ce chemin. Evidemment, il était sincère mais omettait de nombreux détails. Le fait que faire la pute n'avait pas été son idée, que c'était Leo qui l'avait convaincu, qui l'avait manipulé pour lui faire croire que c'était la chose respectable à faire, en échange de la gentillesse dont Leo avait fait preuve. Et évidemment, la façon qu'il avait eue de tout lui apprendre. Les menaces, les coups, les punitions, les tortures, tout ce qui avait convaincu Erwan de sucer exactement comme il fallait, d'écarter les cuisses et de se laisser faire, de crier oui encore vas-y plus fort quand tout ce qu'il voulait c'était mourir. Jouer le rôle de la pute parfaite avec les clients. Ou comment Leo bandait à l'idée de lui faire mal, de l'entendre crier et pleurer et supplier, le torturer de toutes les manières possibles et des façons les plus créatives, et comment il se forçait sur lui et en lui, parce que c'était ça qui l'excitait, c'était comme ça qu'il prenait son pied. Et comment il invitait parfois des amis à ses petites "fêtes", ou encore comment Erwan était devenu son bien le plus précieux, celui qu'il prêtait à des gens de confiance en gage d'amitié. Comment Leo lui avait fait découvrir tous les niveaux possibles de l'horreur et avait réussi à le persuader que c'était normal pour un garçon comme lui, qu'il le méritait, qu'avec un cul et une bouche comme ça, il n'était bon qu'à ça. Né pour souffrir pour le plaisir des autres, servir de jouet, un corps malléable qu'on utilisait pour se faire du bien. Leo avait réussi à l'en convaincre, et la preuve, il était là aujourd'hui, dans ce bordel. « Ca a été le premier avec qui j'ai été » il ajouta, un tout léger sourire sur les lèvres, un sourire triste, parce que malgré toutes ces choses qui se battaient dans sa tête, il se souvenait encore de Leo ce tout premier soir, beau comme tout, lui promettant de prendre soin de lui. Et évidemment que dès le début il savait, il avait su ce qu'il ferait subir à Erwan, mais le garçon, à ce moment-là si innocent et naïf, avait cru que c'était sa seconde chance, que quelqu'un serait peut-être capable de l'aimer. « Il m'a ramassé dans la rue et il m'a appris le sexe du début à la fin » il ajouta encore, plus clair cette fois-ci, au cas où Chris avait des doutes. Dit ainsi, ça ne semblait pas être une histoire si terrible, mais surement qu'avec un minimum de réflexion, c'était facile de se dire qu'il n'y avait rien d'innocent et de beau à ramasser un gamin paumé et lui apprendre à baiser. Sauf que ça, ce n'était pas le genre de chose qui paraissait logique pour Erwan. Il avait été persuadé, le cerveau lessivé, convaincu que sa situation et son expérience étaient des plus banales, des plus sensées. Parce qu'un garçon comme lui... il le méritait, il était fait pour ça, c'était évident. Bien sûr qu'il n'existait que pour se faire baiser, pas vrai ?

J'avais fini par avouer toute la vérité sur ma relation avec Emily ou presque. J'avais dit l'essentiel, ma trahison envers mon meilleur pote, le pari, mon amour pour Emily et la fin tragique. Je n'osais même pas regarder Erwan dans les yeux. Pour la première fois, j'avais réellement honte de ce que j'avais fait en l'avouant à quelqu'un. Erwan finit par me dire que je voulais juste être heureux et que je devais pas trop m'en vouloir pour ça. Mais ma relation avec Lukas avait été bien entaché et je m'en voulais quand même. Je finis par demander à Erwan qui était ce Léo dont il avait parlé tout à l'heure. Il réfléchit un peu avant de me répondre

« C'était mon tout premier employeur, dans ce milieu. C'est lui qui m'a tout appris »

Je le regardais un peu en attendant la suite. Cela avait l'air de le peser un peu de parler de ça alors j'attendais qu'il m'en parle lui-même ou qu'il change de discussion. En tout cas, cette partie de sa vie l'avait marqué c'était sûr. Mais jusqu'à quel point? Bonne question. Peut-être que je pourrais mettre mon détective sur cette affaire pour savoir si Erwan allait vraiment bien et m'assurer qu'il faisait ce métier par plaisir et pas par force.

« Ca a été le premier avec qui j'ai été » ajouta-t-il, un petit sourire triste aux lèvres.
- Ho...
« Il m'a ramassé dans la rue et il m'a appris le sexe du début à la fin »
- Tu n'as pas eu de chance en amour décidément. On se ressemble un peu sur se point là.

Après tout il avait perdu deux amours non? Mais une question me taraudait l'esprit et je n'avais pas le temps d'attendre un rapport de mon détective. J'avais envie de savoir, d'être sûr, quelque chose me disait que ce jeune homme devant moi avait besoin d'aide, ou de quelque chose d'autres. Peut-être un ami? Ou un coup de pouce? Mais avant j'avais envie de lui montrer qu'il pouvait me faire confiance.

- Tu sais, mon enfance à pas été top. Contrairement au apparence, je viens de la DASS. J'ai été trimbaler de famille en famille, Dans la plupart d'elles, j'étais maltraité. J'ai subi des violences, aussi bien sexuel que physique. On m'a rabaisser plus bas que terre. On m'a dit que je finirais en taule car j'étais un bon a rien...

Je regardais Erwan et lui fis un petit sourire en coin.

- Mais même si je suis un peu paumé sexuellement et sentimentalement détruit, j'ai plutôt bien réussi. Il faut juste avoir l'envie et les amis qu'il faut. Alors si jamais un jour, pour n'importe quoi, parler, sortir, des conseils, même pour des problèmes, je veux que tu saches que je suis là!

Je me levais ensuite et pris le pot de glace qu'Erwan avait finit pour aller les jeter. Je revint ensuite vers lui et lui tendis la main pour l'aider à se lever puis lui dis en souriant :

- Mais ce soir, on va juste profiter de la vie! Qu'a tu envie de faire? Choisi, ciné, resto, boite de nuit ou aller dormir, vos désirs sont des ordres cher ami. Dis-je en faisant une petit révérence pour faire rire Erwan.

Lorsque Chris le questionna sur Leo, Erwan répondit sans mentir, mais sans non plus entrer dans les détails. Il n'expliqua pas les circonstances, la façon dont ça s'était fait, il ne lui dit pas que Leo l'avait manipulé, il ne laissa rien paraître qui puisse laisser penser que Leo était un grand malade. Un pervers. Leo aurait pu être un pimp comme un autre, Erwan aurait pu être un jeune gars qui avait vu un moyen facile de se faire de l'argent, contre des faveurs sexuelles. On pourrait croire qu'il avait fait ça par choix, parce que le sexe l'intéressait, parce que coucher avec divers partenaires lui plaisait, et tout ça pour gagner sa vie. Ca arrivait très souvent, qu'on pense ça de lui, et il jouait bien son rôle, après tout. Et avec ce qu'il avait dit, expliquant que Leo lui avait tout appris sur le sexe, mais aussi qu'il avait été son premier, Chris penserait peut-être que ça avait été une relation tout à fait saine, que Erwan s'était simplement intéressé au sexe, de plus en plus, jusqu'à finalement décider de bosser dans le milieu, de coucher pour du fric. Que c'était une sorte d'association entre eux, Leo en pimp, assurant la sécurité, l'organisation, tout ça. Et Erwan, le prostitué, qui faisait le reste du boulot. Ca aurait pu être ça. Mais évidemment, ça n'avait pas été ainsi. Ca, c'était la belle image, la couverture, la vitrine, celle qu'on aimait bien s'imaginer pour croire que tout était beau et glamour. La réalité, elle était bien différente. Tu n'as pas eu de chance en amour décidément. On se ressemble un peu sur se point là. Il adressa un sourire à Chris. C'était vrai ça, qu'il n'avait pas eu de chance. Mais il n'irait pas jusqu'à parler d'amour en ce qui concernait Leo. Ca avait été une sorte de crush, de petit intérêt adolescent pour un type de deux ou trois ans plus âgé, qui avait su se montrer si charmant. Il avait révélé sa vraie nature, doucement, avant qu'Erwan ait le temps de tomber amoureux. Tu sais, mon enfance à pas été top. Contrairement au apparence, je viens de la DASS. J'ai été trimbaler de famille en famille, Dans la plupart d'elles, j'étais maltraité. J'ai subi des violences, aussi bien sexuel que physique. On m'a rabaisser plus bas que terre. On m'a dit que je finirais en taule car j'étais un bon a rien... raconta alors Chris, et même s'il finissait avec un petit sourire, Erwan ne pouvait s'empêcher d'être choqué et attristé par ce récit. Il regarda son interlocuteur avec des yeux légèrement choqués et heurtés par une telle histoire, se mordant la lèvre pour masquer sa réaction initiale qui aurait été d'ouvrir la bouche sous le choc. Chris semblait avoir mis tout ça derrière lui, avoir enterré le passé, avoir fait la paix avec celui-ci. Mais même si je suis un peu paumé sexuellement et sentimentalement détruit, j'ai plutôt bien réussi. Il faut juste avoir l'envie et les amis qu'il faut. Alors si jamais un jour, pour n'importe quoi, parler, sortir, des conseils, même pour des problèmes, je veux que tu saches que je suis là! il déclara encore, ce qui arracha un mince sourire à Erwan. Il venait de finir sa glace et laissa Chris prendre le pot pour le mettre à la poubelle. Pendant ces quelques secondes, il réfléchissait doucement à tout ce qu'il venait d'apprendre. Chris et lui n'étaient pas comparables. Chris était quelqu'un de bien, et de tellement capable. Il s'était sorti de sa situation, il avait grandi, avait un métier, plein de succès, sa passion des chiffres... Il était gentil et généreux. Erwan n'était rien de tout ça, juste un idiot trop naïf pour le monde, ou pas assez, justement. Il n'était capable de rien et n'avait envie de rien. Aucune passion, aucun intérêt. La musique l'avait motivé fut un temps, mais c'était terminé et il n'y retournerait pas. « C'est gentil » il répondit en ne regardant pas directement Chris, mais un point à côté de lui, alors que son client était à deux mètres de là au niveau de la poubelle. « T'es gentil, mais... j'ai envie de rien d'autre » il dit, pour répondre à la remarque du jeune homme concernant l'envie, justement. C'était peut-être la première fois qu'il l'avouait aussi sincèrement, qu'il disait clairement que rien ne lui faisait envie, et sans cacher ça derrière le rôle qu'il jouait pour son taf, sans cacher ça derrière ce dont il était capable selon les dires d'untel. Chris revint ensuite et se planta devant Erwan, lui tendant la main. Le jeune homme la prit et se leva, un peu intrigué par ce côté gentleman. Mais ce soir, on va juste profiter de la vie! Qu'as-tu envie de faire? Choisi, ciné, resto, boite de nuit ou aller dormir, vos désirs sont des ordres cher ami. Et il accompagna tout ça d'une révérence en bonne et due forme, qui tira un sourire amusé sur le visage d'Erwan. Ca faisait tout un tas d'options, Erwan n'était pas habitué à tout ça. Le resto était banni, il avait déjà mangé et ne pourrait rien avaler après cette glace gigantesque. La boîte de nuit, ça ne l'intéressait pas. Il n'était pas un grand fêtard, et malheureusement, les boîtes s'étaient transformées en lieux de travail pour lui, difficilement dissociables de ce qu'il faisait chaque soir. Même si ce n'était qu'une fois par semaine qu'il faisait la sortie des boîtes, c'était suffisant. Le cinéma était tentant, mais il ne savait pas du tout ce qui passait en ce moment, n'avait aucune envie particulière. De plus, il était en compagnie de Chris, et ce serait dommage de ne pas partager plus qu'un film. « Tu veux m'emmener chez toi ? » il demanda sans passer par quatre chemins, un sourire en coin et un sourcil levé. « On peut finir la soirée tranquillement et dormir. Si tu veux bien de moi » il ajouta, un peu plus timidement, laissant tomber l'air un peu joueur de la question. Il ne voulait pas s'imposer, ce n'était pas son genre du tout, mais il se disait qu'après tout, si Chris avait payé pour la nuit, c'était peut-être ce qui lui ferait le plus plaisir, qu'ils se retrouvent tous les deux chez lui, tranquilles. Ils reprirent alors le chemin vers la voiture et se mirent en route. Ce fut silencieux, Erwan appréciant la vue de la ville de nuit, et regardant curieusement les quartiers qu'ils traversaient. « J'ai hâte de voir où t'habites » dit-il avec un petit sourire, avouant sa curiosité. Ils arrivaient dans le coin sud de Miami, pas bien loin de là où il avait vécu avec Orel, en bord de plage. Et voilà qu'ils se retrouvaient dans la cour d'une belle et grande maison. Oh, wow, okay. Erwan se laissa guider innocemment, regardant autour de lui et découvrant les lieux. Il s'excusa pour aller aux toilettes, et sortant de là, il se retrouva face à une pièce dont la porte était ouverte, et il n'y avait pas de doute, c'était la chambre principale, celle de Chris. Il n'entra pas, ça aurait été malpoli, mais il resta là un instant pour regarder la pièce. C'était beau, grand, le lit était immense, les draps avaient l'air doux. Il se demanda l'espace de quelques secondes s'ils finiraient la nuit dans ce lit-là. Il choisit de ne pas penser à ça pour le moment et retourna dans la pièce principale, trouvant Chris dos à lui et en train de visiblement verser à boire dans deux verres. Erwan alla le rejoindre sans faire de bruit, et se colla à son dos, sans pudeur et sans espace entre leurs corps, passant sa tête au-dessus de l'épaule de Chris. « Bouh » il fit doucement, et le hasard de leur position fit qu'il lui souffla ce mot directement entre l'oreille et la nuque. Son arrivée soudaine avait surpris Chris, il l'avait senti sursauter juste un peu contre son corps, et n'avait pu retenir un petit rire pour accompagner son murmure.

J’avais expliqué une partie de ma vie à Erwan par confiance envers lui et parce que je voulais qu'il soit confiance lui aussi. Pour le peu qu'il m'avait parlé de lui, même si nos histoires étaient différentes, nous avions aussi peu de chance en amour l'un comme l'autre. J'avais envie qu'on passe le reste de ces 24h tranquillement tous les deux, peu importe ce qu'il voudrait faire. Je me levais ensuite pour jeter nos encombrant puis revint vers lui pour lui tendre ma main qu'il prit pour se lever. Je lui demandais ensuite ce qu'il voulait faire en lui faisant même une petite révérence qui lui tira un petit sourire qui me ravit au plus haut point.


« Tu veux m'emmener chez toi ? »Demanda-t-il un sourire en coin.  « On peut finir la soirée tranquillement et dormir. Si tu veux bien de moi » ajouta-t-il timidement.

Je lui fis alors un large sourire et un clin d’œil avant de lui répondre :

- Bien sûr que je veux bien de toi. Je ne te proposerais pas de passé 24h avec moi si je n'en avait pas envie.

Nous partîmes ensuite en direction du parking pour reprendre la voiture. J'allais ouvrir la portière à Erwan puis montait côté conducteur pour prendre le volant. Je démarrais puis pris la route pour me rendre jusque chez moi. Le trajet était plutôt silencieux mais je regardais Erwan de temps en lui souriant. Après un petit moment je le vis me sourire et me dire qu'il avait hâte de voir ou j'habitais.

- Je vies dans le sud de Miami, côté plage. lui dis-je en répondant à son sourire.


Je lui fis le tour du propriétaire rapidement puis il s'excusa pour aller aux toilettes. Je lui dis de faire comme chez lui pendant que j'allais nous servir à boire. Alors que je revissais la bouteille Erwan revint en chuchotant "bouh" à l'oreille tout en se mettant contre moi ce qui me fit légèrement sursauté.

- Hooooo je connais quelqu'un qui cherche a se faire chatouiller!


J'attrapais alors le jeune homme par les hanches pour le porter jusqu'au canapé  tout en riant et alors que je le posais sur le canapé j'appelais Max, mon bouledogue anglais pour qu'il vienne nous rejoindre.

- Erwan... je te présente Max... Le redoutable léchouilleur professionnel! Lui dis-je en riant d'avance sur la suite. Max mon pépère, viens dire bonjour à Erwan!

Max monta alors sur le canapé et commença par sniffer Erwan qui se trouvait sous moi avant de venir lui faire une bonne grosse léchouille sur le visage puis de s'installer sur lui en posant sa grosse tête de patate dans son cou pour le léchouiller tout en étant allongé. Je me relevais hilare devant la scène.

- Il t'aime beaucoup! En général il léchouille puis s'en va! tu va être servis pour toute la soirée!

J'allai jusqu'à l’ilot de la cuisine américaine pour prendre nos verres puis revins m'asseoir avec Erwan et Max. Il avait pris mon chien sur les genoux pour s'asseoir et le caressait ce qui faisait ronfler Max de plaisir.

- Ça te dit un film? T'es plutôt quoi? Aventure ou autre?

Il me répondit alors qu'il était plutôt du genre film romantique je lui confiais alors la télécommande pour qu'il choisisse ce qu'il voulait regarder. lorsqu'il lança le film nous nous enfonça un peu dans le canapé pour être bien confortablement installé.

- Si ça te dit, demain matin on pourrait aller faire un tour et je pourrais te montrer comment Max fait du skate. Dis... tu sais surfer?