L'odeur d'un parfum doux, familier, effleurait ses narines. C'était agréable, et il avait l'impression que c'était la première sensation qu'il avait depuis des jours, depuis un temps infini. Il n'arrivait pas à se souvenir de la dernière chose qu'il avait faite avant de se coucher. Très vite, il comprit que ce qu'il sentait, c'était le parfum à la rose qui se trouvait dans sa chambre, et il comprit également que si les souvenirs étaient vagues et s'il avait du mal à se rappeler, c'était parce qu'il y avait eu Sawyer. Ca ne lui vint pas subitement, comme un choc, mais plutôt comme un petit rappel, comme une évidence. Il fronça les sourcils, grimaça, ouvrit les yeux lentement. Oui, il était allongé sur son lit, à plat ventre, le chauffage avait été monté semble-t-il, et les couvertures ne couvraient que ses jambes. A partir de ses cuisses et jusqu'à ses épaules, il y avait simplement le drap, tout léger, qui reposait sur son corps. Sans doute qu'on lui avait donné des médicaments, des anti-douleurs, car il flottait un peu, n'avait pas vraiment mal. On avait laissé ouvert le rideau qui couvrait la petite fenêtre, et les rayons du soleil brillaient. C'était plaisant. C'était beau. Erwan resta là un long moment, sans bouger, parce qu'il avait peur que le moindre mouvement éveille la douleur. Il voulait rester là, dans ce petit moment de non-sensation. Il avait survécu à Sawyer, à cette nuit terrible, et il en était soulagé. Il ne savait pas ce que la vie lui réservait, ou de quoi demain serait fait, mais en attendant, il avait survécu, il avait tenu bon. Il ne pensait pas avoir fait quelque chose de mal durant la soirée, et ne redoutait donc pas l'arrivée du boss ou de quiconque. Personne ne pouvait lui en vouloir, pas vrai ? Il tenta un petit mouvement, sentit un pansement énorme sur son dos, un autre contenant de la crème sur son téton brûlé... quant à ses fesses, il préférait ne pas essayer de faire un mouvement. Le médecin arriva quelques heures plus tard, le seul visage tendre dans cet endroit, le seul homme ici qui malgré sa position savait rester bienveillant. Il avait l'air de se forcer à sourire, pour sembler optimiste, expliqua à Erwan qu'il avait subi des déchirures au niveau de l'anus et que celles-ci avaient été recousues, que ses autres plaies avaient été soignées... qu'il ne pourrait pas travailler avant un moment. Erwan ne savait pas s'il était soulagé ou encore plus triste. Certes, la simple idée de travailler dans cet état-là lui donnait des frissons, mais s'il passait ses journées et ses nuits allongé là à ne rien faire, à quoi servait-il ? Il ne voulait pas être un poids mort, c'était sa plus grande hantise. Une fois seul, après avoir avalé ses médicaments et un petit repas, il replongea dans ses pensées, fixant le mur qui se trouvait droit devant lui, alors qu'il était couché là sur le ventre, la tête tournée sur le côté. Il n'en avait plus rien à faire du soleil qui filtrait dans la chambre, de l'absence de douleur, ou du fait qu'il avait survécu. Son petit moment de bien-être était terminé, et tout ce à quoi il pensait désormais, c'était à ce qui était arrivé, à la nuit de cauchemar qu'il avait passée. Les images revenaient, tandis qu'il fixait d'un regard vide ce foutu mur. Quelques heures plus tôt, il avait été fier et heureux d'avoir survécu. Désormais, il se demandait bien à quoi cela servait. Pourquoi est-ce qu'il s'était battu. Il était là, cloué à ce lit, dans un état lamentable. Et tout était un cercle infini, un recommencement perpétuel. Pendant des heures, il continua, resta ainsi. Il finit par s'endormir, et le lendemain fut l'exacte copie de cette première journée. Sans que jamais il ne cesse d'osciller entre le contentement d'être en vie et dans une bulle de bien-être, pour passer ensuite à cette dépression qui le traînait vers le fond. C'était cependant cette dernière qui avait tendance à l'emporter, au final. Le médecin était venu pour lui retirer les gros pansements sur son dos, lui annonçant que c'était mieux de laisser respirer ses blessures, désormais exposées à l'air doux de la chambre. Il lui avait également appliqué délicatement un baume sur les bleus, au niveau de son cou, et sur ses doigts immobilisés par des atèles. Son poignet quant à lui était plâtré jusqu'à nouvel ordre. Et cette main blessée, la gauche, reposait délicatement sur le matelas, à côté de sa tête. Le médecin était reparti, le laissant à nouveau seul, et ce ne fut que le soir qu'il eut de la visite. Il ne s'y attendait pas, car la veille, à part le docteur, personne n'était venu, mais il crut reconnaître la grosse voix du type qui était posté devant sa porte, les soirs de travail. Celui qui faisait régner l'ordre, plus ou moins. De là où il était, Erwan ne pouvait pas voir ce qui se passait, et comme pour le perturber davantage, c'était terriblement silencieux. La porte se ferma doucement, et il entendit quelqu'un s'approcher. Quand cette personne arriva dans son champ de vision, il reconnut de suite son visiteur. « Chris ! » il s'exclama, tout doucement, de sa voix brisée, qui cassa d'ailleurs sur ce simple mot, n'ayant pas été utilisée depuis des jours. Il ne pouvait pas bouger, mais il essaya quand même de tourner la tête encore un peu, pour lever son visage vers son ami qui était venu le voir. « Chris, tu... tu es là... » il fit, un souffle dans la voix, tellement surpris. Ce n'était pas un rêve ou une hallucination, c'était bien la réalité. Il aurait invité Chris à prendre le fauteuil dans le coin de la pièce, à le tirer vers le lit pour s'installer juste là, mais Erwan était trop absorbé par la présence de son ami, il en perdait un peu contact avec la réalité. Il n'aurait pas pensé que Chris viendrait.

Il avait passé plusieurs semaines assez charger et cela lui avait fait le plus grand bien. Il avait été à la salle de sport chaque jour de la semaine et était reparti en faisant son jogging jusqu'à la maison. Il restait ensuite au téléphone une bonne partie de la journée pour jouer en bourse et cela lui réussi plutôt bien. IL avait encore gagné beaucoup d'argent après en avoir perdu un petit peu. Il allait voir ensuite Janko une ou deux fois par semaine pour assouvir son besoin de contrôle. IL avait trouvé un certain équilibre dans toute cette routine. La seule ombre au tableau, c'était le manque qu'il ressentait au sujet d'Erwan. Chaque soir, il pensait à lui et se demandait comment il allait. Il avait peur que le jeune homme n'ait pas réagi à ce qu'il s'était passé quelque temps plus tôt dans les toilettes de la soirée de gala. Cela l'avait marqué et quand il en avait parlé à un de ses amis, celui-ci l'avait encouragé à le sortir de cette situation avec tout de même plus de douceur et de tact qu'il ne l'avait fait précédemment. Cela lui avait fait réfléchir profondément jusqu'à ce que l'envie insoutenable de voir son ami de face si forte qu'il appela chaque jour pour savoir s'il y avait une disponibilité. Malheureusement, Erwan était complet et après indisponible. Cela commençait à énerver le grand blond qui, un soir, monta dans sa voiture et fonça à la maison close ou travaillait le jeune homme. Vêtu d'un jean, d'une chemise et d'une veste en cuir marron, il entra la tête haute et le regard déterminé. La secrétaire le refoula gentiment, puis un peu plus violemment. Il décida alors de changer de tactique en arborant un côté plus professionnel. Cela lui prit une bonne demi-heure de négociation, mais Chris ne lâcha rien. On l'autorisa alors à se rendre dans la chambre d'Erwan escortée par la secrétaire qui donna l'ordre à un gorille de laisser passer le client. Ce dernier toisa Chris d'un regard mauvais comme si le fait de venir voir Erwan était quelque chose de mal. Il ne comprit pourquoi une fois qu'il franchit la porte. Il se figea après avoir fait quelques pas dans la chambre devant la vision d'horreur qu'il avait devant lui. Erwan, à moitié à poil, à plat ventre sur le lit, affligé de divers bandages diverses et variés. Il sentit son sang quitter son visage et se frappa mentalement se traitant de con. IL n'aurait pas dû attendre aussi longtemps pour venir voir son ami. Il avança alors doucement jusqu'à lui et s'agenouilla pour être à la hauteur de son ami. « Chris ! » Il s'exclama dans un souffle la voix brisée. Il le vit tournée la tête encore un peut plus, faisant un angle un peu étrange qui fit sourire Chris.  « Chris, tu... tu es là... » Chris sourit un peut plus et leva la main doucement et après quelques hésitations, finit par caresser doucement sa chevelure bouclées, seule endroit qui n'était pas bardé d'un bandage quelconque. " Oui, tu me manquais." Dit-il en souriant tout en caressant doucement sa chevelure. IL avait tellement de questions qui traversait son esprit qu'il se dit que juste fermer sa bouche pour le moment serait surement la meilleure solution. Il avait notamment une envie folle et meurtrière de faire du mal a celui ou celle qui avait fait cela à son ami et a tout ceux qui avait laisser cela se produire. Mais pour le moment, la seule chose qui comptait, c'était son ami. Il était là pour lui et les soucis se règlerait plus tard. IL dégagea alors une mèche de cheveux qui était retombé sur le front du jeune homme puis s’assied par terre pour être a hauteur du jeune homme et que ce dernier puisse le voir sans trop bouger. "T'as pas la grande forme! T'es un peu pâle! Depuis quand t'as pas vus le soleil?" Dit-il en essayant de faire un peu d'humour. "Non sérieusement, comment tu vas? Tu t'es fait agressé dehors?" demanda-t-il en essayant de paraitre moins inquiet qu'il ne l'était réellement.

Il ne savait pas à quoi il devait penser, s'il devait se réjouir de quelque chose, ne trouvait pas de raison de s'enthousiasmer. Depuis longtemps déjà, Erwan se motivait à se lever chaque matin, à vivre sa vie, à sourire, parce qu'il se fixait quelques buts tout simples, des petites choses qui le rendaient joyeux et qui l'aidaient à avancer. Pendant un moment, ça avait été Chris, la source de bonheur principale, mais Chris n'était pas venu depuis longtemps, et allongé là, vidé de tout espoir, Erwan n'arrivait simplement plus à se connecter à cette partie optimiste de lui-même. A croire que son cerveau avait oublié comment faire. Il s'était perdu, le lien avait été brisé. Alors il restait là, allongé et immobile, fixant le mur avec un visage dénué de la moindre expression. Il attendait simplement que les heures passent, que la vie ne décide d'avancer en le trainant avec. Il allait se laisser faire, se laisser porter, car il n'avait simplement plus la force de faire quoique ce soit, d'être lui-même le moteur de son existence. Il ne voyait plus vraiment d'avenir, de toute façon. Ce qui était arrivé il y a quelques nuits avait fini d'enfoncer le clou, l'avait fait plonger. Et même si au réveil il s'était trouvé dans une sorte d'enthousiasme joyeux, celui-ci avait fini par s'estomper. A présent, il était éteint. La douleur n'était pas trop présente, tant qu'il ne bougeait pas et que le médecin continuait de lui donner des cachets. Il était reconnaissant pour ça au moins, la bonté de cet homme qui aurait pu faire le strict minimum, mais qui s'assurait quand même de savoir s'il avait tout ce qu'il lui fallait pour tenir. Il fut surpris de recevoir de la visite, et ne pouvant pas bouger il resta là, à attendre de voir cette personne apparaître dans son champ de vision. C'était Chris, et rien que sa présence suffit à apporter au sourire aux lèvres d'Erwan. Il espérait ne pas être en plein rêve, ou en train d'halluciner. Chris était là, et ils ne s'étaient pas vus depuis si longtemps. Oui, tu me manquais. lui dit Chris, tout en caressant tout doucement ses cheveux. C'était agréable, une si bonne sensation, et Erwan ferma les yeux pour en profiter. Il en oubliait presque la montagne de soucis qu'il avait. Il en oubliait presque la douleur et le chagrin. Quand il ouvrit les yeux, c'était au son de la voix de Chris, qui était maintenant assis sur le sol, face à lui. T'as pas la grande forme! T'es un peu pâle! Depuis quand t'as pas vus le soleil? Le comportement de son ami était presque étrange, parce qu'Erwan se serait attendu à autre chose, pas à ce qu'il agisse comme si tout était normal. Ou peut-être qu'on l'avait mis au courant, ou peut-être qu'il se contenait. « Deux jours au moins... peut-être plus » il répondit doucement. « Tu veux pas prendre le fauteuil ? C'est dur le sol... » ajouta-t-il de sa voix brisée, inquiet pour les fesses de son ami et ne voulant pas qu'il soit inconfortable. Quelques secondes passèrent, Erwan souriant bêtement à Chris. Il était simplement content de le voir, un visage bienveillant dans tout ce bordel qu'était sa vie. Non sérieusement, comment tu vas? Tu t'es fait agressé dehors? interrogea Chris. Erwan secoua doucement la tête avant de prendre la parole. « Non... Oui... enfin non... c'est arrivé ici, même si j'ai eu une mauvaise rencontre dehors, mais c'est arrivé ici... un client un peu spécial, et aussi... je suis rentré sans argent alors j'ai du apprendre ma leçon » il expliqua doucement, simplement. Puis il resta un peu silencieux, observant sa main bandée qui se trouvait juste là, devant son visage. « Tu m'as beaucoup trop manqué » il souffla, presque ému. Il était dans un état lamentable, et il en avait conscience. Il avait aussi conscience que si dans un coup de folie il avait suivi Chris, peut-être que tout ça ne serait pas arrivé. Mais d'autres choses terribles seraient arrivées, et il n'y avait pas d'issue, Erwan le savait parfaitement. Il essaya de bouger, de se redresser, de se tourner, mais à peine eut-il bougé de quelques centimètres qu'une douleur violente le prit, dans son rectum d'abord avant de se propager comme un choc électrique dans le reste de son corps. Il grimaça et abandonna vite, pour revenir dans sa position initiale, allongé à plat, sur le ventre. Il avait bien senti ses yeux devenir un peu humides, mais il avait contenu ses larmes. Ce n'était pas tant une question de fierté, mais plutôt l'idée que s'il se mettait à pleurer pour une si petite chose, il ne savait pas ce qu'il ferait alors quand ce serait pire. Ca passait, doucement, mais il respirait et ça passait. Erwan resta dans le silence, son sourire disparu cette fois-ci. S'il avait été heureux de voir Chris, cette joie était vite retombée, car même la présence du jeune homme ne semblait arranger son état. « J'ai tellement mal » il avoua après un long silence, d'une voix grave, bien moins innocente qu'elle le semblait la plupart du temps. Le positif n'avait plus l'air de faire le poids face aux horreurs. Il plongeait de plus en plus. Ses idées étaient noires.

La vision de son ami étendue là sur le lit avec diverses marques, bleues et bandage, serrèrent le coeur du jeune homme. Il avait envie de tout casser, de briser celui ou celle qui lui avait fait cela, de lui rendre tout le mal qu'Erwan avait reçu au centuple. Mais pour le moment c'est son ami qui était le plus important. Il verrait en temps et en heure ce qu'il pourrait faire. Il fallait déjà savoir qui avait fait cela et pourquoi Erwan n'était pas sur un lit d'hôpital! Il voyait déjà les signe extérieur de l'agression, mais se doutait qu'il y avait autre chose pour que le jeune homme ne se lève pas. Il essaya alors de blaguer puis plus sérieusement, demanda à son ami, comment il allait. « Non... Oui... enfin non... c'est arrivé ici, même si j'ai eu une mauvaise rencontre dehors, mais c'est arrivé ici... un client un peu spécial, et aussi... je suis rentré sans argent alors j'ai du apprendre ma leçon » À la fin de ce récit, Chris avait les yeux plissés, la mâchoire et les poings serrés. Ainsi, tout cela n'était qu'une punition? Le gérant de bouiboui avait laissé la personne s'acharner sur Erwan pour un simple manque d'argent? C'est pire qu'une envie de frapper qui venait dans la tête de Chris. Présentement, il avait envie d'étrangler la secrétaire et de briser en deux le gérant de cette boîte. Il le savait déjà, mais qu'Erwan le veuille ou non, Chris ne repartirait pas sans lui! « Tu m'as beaucoup trop manqué » Il esquissa un pâle sourire devant les mots du jeune homme puis le regarda souffrir en essayant de bouger et compris rapidement d'où venait le problème et cela l'enragea encore plus. IL se redressa alors, enleva sa veste et prit doucement place au côté d'Erwan, s'allongeant à ses côtés sur le bord du lit. IL posa son visage en face du sien et déposa un baiser sur son front.  « J'ai tellement mal » dit-il visiblement souffrant. "Je sais... ne bouge plus d'accord." Dit-il doucement. La personne avait dû y aller fort pour qu'il ne puisse plus bouger sans avoir d'horribles douleurs. Il se souvenait de la première fois avec un mec ou il avait dû trouver quelques astuces pour ne pas s'asseoir directement sur son cul pendant quelques jours. La douleur était présente mais supportable. Mais là Erwan lui, ne pouvait pas bouger visiblement sans une douleur atroce. Un flashback lui revint alors à l'esprit. Il n'était pas bien vieux, dans l'une de ses premières familles d'accueil tordu qui avait profité de lui. Il revoyait son bourreau le prendre violemment par-derrière, faire son affaire malgré se pleures et repartir après l'avoir menacé s'il parlait. Il se souvint alors de la douleur qui l'avait gardé quelques jours durant et son incapacité a s'asseoir. Il avait alors prétexté comme son "beau-père" lui avait dit, qu'il était tombé sur la selle de son vélo. Comme Erwan, il était resté quelques jours sur le ventre, ne se mettant sur le côté que grâce a un traversin caler pour que sa jambe soit relevée et que ses fesses ne soient pas serrées. "Tu me fait confiance?" Demanda-t-il alors au jeune homme. Quand celui-ci acquiesça, il se redressa pour prendre deux oreillers puis, doucement, il tourna Erwan sur le côté le moins blessé et souleva doucement sa jambe pour caler les oreillers de façon a ce que ses fesses ne soit pas en contact. Il replaça ensuite le drap correctement sur son ami puis s'installa à ses côtés de nouveau. "Je suis là maintenant d'accord?" Dit-il à son ami pour essayer de le faire sourire de nouveau. "Que dirais-tu si je m'arrangeai avec ton boss pour que tu viennes faire ta convalescence à la maison?" lui demanda-t-il alors doucement. Il ne voulait pas brusquer le jeune homme comme la dernière fois. "On serait tout les deux, on pourrait regarder des films et puis, Elizabeth et Edward pourraient venir te voir aussi!" Dit-il en espérant que l'évocation de la jeune femme face sourire le jeune homme.

Si l'arrivée de Chris était parvenue à le faire sourire, cette joie avait été de courte durée, et Erwan redescendit vite sur Terre. Son ami avait le don d'apporter un peu de joie dans sa vie, mais cette fois-ci, il semblait bien qu'un cap avait été passé, et que rien ne pouvait plus le rendre heureux. Son visage était mort, ses yeux presque vides. Il devait faire peur à voir. Après avoir tenté d'apporter un peu de légèreté à tout ça, Chris finit tout de même par demander ce qui s'était passé, et Erwan lui répondit simplement, expliquant sans entrer dans les détails comment tout ça était arrivé. Il n'avait pas conscience de l'ampleur exacte de ce qu'il disait, ne réalisait pas en racontant ça que pour Chris, c'était une révélation assez énorme. A vrai dire, jusque là, il ne connaissait pas la réalité et à présent il découvrait l'envers du décor, ce qui se cachait derrière le bordel plutôt clean et luxueux qu'il fréquentait. Ou du moins, en ce qui concernait Erwan. Car tout le monde n'était pas traité de la même façon, ici. Mais ça, c'était une autre histoire. Le jeune homme tenta de bouger, mais il abandonna très vite, lorsqu'il douleur horrible se propagea dans son corps. Chris, toujours aussi adorable, vint s'allonger à côté de lui. Je sais... ne bouge plus d'accord. Il hocha la tête. A quoi ça pourrait bien servir de bouger, de toute façon ? Il ne pouvait aller nulle part, il n'y avait nulle part où il voulait aller. Et le docteur lui avait dit de ne pas bouger, pour ne pas brusquer ses plaies et le reste de ses blessures. C'était pour son bien. Il devait être raisonnable. Tu me fait confiance? demanda ensuite Chris, et Erwan fronça un peu les sourcils, ne sachant à quoi s'attendre, mais il fit oui d'un signe de tête. Quoiqu'il en soit, il lui faisait confiance oui. Quand Chris le manipula, Erwan faillit paniquer, pris d'une douleur nouvelle, pas certain du tout que ce soit une bonne solution. On lui avait dit de ne pas bouger, alors être tripoté comme ça alors qu'il avait un tas de blessures et de fractures... ce n'était pas bien prudent. Et finalement, il se retrouva allongé sur le côté, calé avec des coussins, et ça allait. Chris était face à lui, et ça allait, la douleur s'éloignait lentement. Je suis là maintenant d'accord? Que dirais-tu si je m'arrangeai avec ton boss pour que tu viennes faire ta convalescence à la maison? C'était une proposition digne de Chris, qui lui vendait du rêve, comme toujours. Mais c'était du rêve, et les rêves ne pouvaient pas être réels. On serait tout les deux, on pourrait regarder des films et puis, Elizabeth et Edward pourraient venir te voir aussi! C'était tentant, mais les prénoms de ses amis lui firent voir la réalité en face. Il ne voulait pas qu'Elizabeth et Edward le voient dans cet état. Cet état pitoyable. Il secoua la tête, doucement, parce que même ça, c'était douloureux, et parce que dire non à Chris était toujours une épreuve. « On peut pas. Il voudra pas de toute façon. J'ai besoin de soins... Et puis, je dois rester ici, en observation » il expliqua, avant de passer sa langue sur ses lèvres, car il y avait autre chose, un sujet à aborder. Mais ça lui faisait mal rien que d'y penser. « Je sais pas comment t'as fait... ce que t'as dit pour pouvoir être ici aujourd'hui, parce que normalement j'suis censé voir aucun client. Mais... ils aiment pas trop l'attachement, ils aiment pas quand y'a des liens trop spéciaux entre les putes et les clients... alors c'est mieux de, tu sais. Ils savent que tu viens pas juste pour le sexe, et j'ai peur qu'ils nous forcent à nous voir moins, je veux pas que ça nous retombe dessus Chris » il expliqua, simplement et sans trop de pathos, même si c'était compliqué à expliquer. Mais voilà, si Chris était là aujourd'hui simplement pour le voir, tout le monde savait maintenant que leur relation était un peu différente, et Erwan avait peur que cela n'attire la curiosité. Il avait peur que son patron se sente menacé, comme c'était le cas dans ce genre de situations, et qu'il cherche à les séparer. Il laissa un silence planer, son regard se perdant dans le vide à nouveau. « J'me suis fait violer » il dit, un écho à leur dernière entrevue, à leur dispute. « C'était des types, dans une petite rue, ils se sont jetés sur moi et je pouvais rien faire... mais ça, ça allait tu vois, en y repensant ça allait » A ce moment-là, il se souvenait bien que rien n'allait, qu'il avait eu si peur une fois seul et allongé sur les pavés, à tel point qu'il avait supplié pour avoir de l'aide. Mais avec le recul et tout ce qui était arrivé après, il se disait qu'il aurait du ne rien demander, parce qu'il aurait pu s'en sortir. Il aurait été capable de survivre à ça. « J'ai demandé de l'aide, à la mauvaise personne, et il m'a ramené ici, et puis il a pris ce qu'il voulait en contrepartie » il raconta sans détailler, sans expliciter. « Si j'avais pas demandé de l'aide, je serais pas dans cet état » il finit, fermant son petit discours sur un ton qui laissait entendre qu'il n'y avait pas d'alternative, que c'était ainsi et pas autrement.

Le voir dans cet état lui faisait mal, mais il le cachait au mieux. S'il s'écoutait, il aurait tout retourné et ce n'était sûrement pas ce qu'Erwan voulait voir. Il avait besoin de son ami et lui avait besoin de le voir. Cela avait été dur de tenir sans le voir alors maintenant qu'il allait mal, il se devait d'être là pour lui. Il le positionna ensuite sur le côté, caler à l'aide de coussin pour qu'ils puissent se faire face sans que le jeune homme ne souffre. Chris le regarda ensuite et lui dit qu'il était là maintenant et lui proposa de venir à la maison pour sa convalescence. Qu'il pourrait aussi voir Edward et Elizabeth, ses amis qui comptaient beaucoup pour lui. Erwan hocha alors la tête négativement. « On peut pas. Il voudra pas de toute façon. J'ai besoin de soins... Et puis, je dois rester ici, en observation. Je sais pas comment t'as fait... ce que t'as dit pour pouvoir être ici aujourd'hui, parce que normalement j'suis censé voir aucun client. Mais... ils aiment pas trop l'attachement, ils aiment pas quand y'a des liens trop spéciaux entre les putes et les clients... alors c'est mieux de, tu sais. Ils savent que tu viens pas juste pour le sexe, et j'ai peur qu'ils nous forcent à nous voir moins, je veux pas que ça nous retombe dessus Chris » Chris lui sourit alors avant de répondre : "T'inquiète pas. Ils ont eu un gros paiement et l'assurance que je ne te ferais aucun mal. Je voulais juste te parler. On est beaucoup a vouloir parler a quelqu'un d'autre qu'un psy!" Dit-il avec un clin d'oeil malicieux. Il ne voulais pas tout dire a Erwan pour ne pas qu'il s'inquiète et se face du soucis. Il avait vécu des choses terribles, alors il se contenta de lui caresser très doucement la joue.  « J'me suis fait violer » dit-il pour commencer « C'était des types, dans une petite rue, ils se sont jetés sur moi et je pouvais rien faire... mais ça, ça allait tu vois, en y repensant ça allait » En écoutant le début de son récit, Chris s'attendait au pire. Il n'affichait rien sur son visage, essayant de parraitre le plus neutre possible même si une veine sur sa tempe devait gonfler suite là la colère qui montait en lui. « J'ai demandé de l'aide, à la mauvaise personne, et il m'a ramené ici, et puis il a pris ce qu'il voulait en contrepartie. Si j'avais pas demandé de l'aide, je serais pas dans cet état. » Il plissa les yeux un instant puis passa son pouce sur la joue du jeune homme. " C'est pas de ta faute." Dit-il d'un ton qui ne voulait aucune protestation. " Se.....ses connards n'avaient pas à te toucher, t'a demander de l'aide comme n'importe qui l'aurait fait, ce n'est pas de ta faute si tu est tomber sur quelqu'un de pire que tes premiers agresseurs." Il savait très bien qu'Erwan ou ses patrons n'avaient pas appelé la police. Son job était déjà illégal et ses patrons devaient penser qu"il avait mérité ce qui lui était arrivé. Il pouvait très bien leur casser la gueule pour ce qu'ils avaient osé laisser faire, mais il savait qu'Erwan ne le prendrait pas bien du tout. Il fallait qu'il agisse avec plus de finesse, mais il fallait qu'il venge son ami! "Tu... tu aurais du m'appeler.... je serais venue te chercher..." Dit-il d'un soupire triste sachant très bien qu'il ne l'aurait pas appeler. "Tu sais qui t'a fait ça?" Demanda-t-il espérant avoir une réponse.

Sa plus grande peur aujourd'hui ? Ne plus voir Chris, peut-être. Parce que c'était lui qui le faisait tenir, qui rythmait sa vie, qui faisait monter la joie dans son coeur. Alors l'idée qu'on puisse lui interdire de le voir, cela faisait très peur à Erwan. Il savait aussi que c'était arrivé, quand des clients étaient tombés amoureux ou s'étaient liés de trop près à certains employés, que la maison décide de ne plus accorder de visite à ces types-là. Ou à les diriger vers un autre employé. Erwan n'avait pas envie qu'on refuse à Chris de le voir, en lui proposant quelqu'un d'autre à la place. Parce qu'il ne voulait pas perdre Chris, premièrement, mais aussi parce que... peut-être qu'il était un peu jaloux. L'idée en tous cas qu'un autre jeune homme puisse profiter de la salle de jeux, ça lui donnait envie de grimacer. Mais bon, au-delà de ça, il craignait surtout de simplement perdre Chris. Et si on venait à se méfier de leur relation, c'était ce qui risquait d'arriver. T'inquiète pas. Ils ont eu un gros paiement et l'assurance que je ne te ferais aucun mal. Je voulais juste te parler. On est beaucoup a vouloir parler a quelqu'un d'autre qu'un psy! répondit Chris en clignant d'un oeil, comme si c'était une explication suffisante, comme si ça allait rassurer Erwan. A vrai dire, ça l'agaçait plus qu'autre chose, et même s'il ne répondit pas, il ne cacha pas ce qu'il pensait, poussant un soupir et levant les yeux au ciel, peu convaincu par cette tentative de faire passer les choses facilement. Puis, il laissa un silence s'installer, tandis qu'à nouveau il se perdait dans ses pensées. Les faits continuaient de défiler dans sa tête, comme c'était le cas depuis ces derniers jours. Il revoyait la scène, des bribes, mais pas que, car des souvenirs de son passé avec Leo lui revenaient aussi, comme si son cerveau essayait de lui faire un signe. Comme si celui-ci avait décidé que c'était l'heure du bilan. Il ouvrit la bouche pour parler, pour raconter, sans trop savoir pourquoi il le faisait. Peut-être qu'il avait envie de hurler, de cracher à la gueule de la première personne qui l'écouterait en détaillant ce qui était arrivé. Peut-être qu'il avait besoin d'extérioriser, d'attaquer le monde extérieur avec sa souffrance à lui. C'est pas de ta faute. Se.....ses connards n'avaient pas à te toucher, t'a demander de l'aide comme n'importe qui l'aurait fait, ce n'est pas de ta faute si tu est tomber sur quelqu'un de pire que tes premiers agresseurs. Si, c'était de sa faute. C'était de sa faute. Evidemment, il le savait bien, il n'était pas idiot ni un petit enfant qu'on pouvait rassurer avec quelques mots faciles sortis d'une bouche qui ne savait rien. Et il aimait Chris très fort, mais Chris ne savait rien du tout. Ils ne parlaient pas la même langue. Il était agacé, ne disait même rien car il savait que quoiqu'il dirait, son ami tenterait de le persuader qu'il avait tort. Tu... tu aurais du m'appeler.... je serais venue te chercher... Tu sais qui t'a fait ça? Un rire sans joie s'échappa de ses lèvres, cynique comme il l'était rarement. « T'appeler comment ? Je me balade pas avec un téléphone et j'étais pas tout à fait capable d'aller jusqu'à la cabine téléphonique la plus proche » il lâcha, avec un venin qui lui était rare lui aussi, peut-être parce qu'il avait mal, qu'il était fatigué de tout et vidé entièrement, et que malgré tout, Chris n'arrivait pas à l'apaiser. Plus maintenant, pas comme ça. Il marqua une pause, changeant de ton. « Oui je sais, j'ai vu son visage toute la soirée, je l'oublie pas. Je sais rien sur lui » Il n'était pas idiot et savait bien où Chris voulait en venir. Identifier Sawyer, le trouver, le dénoncer ou se venger ou quelque chose d'aussi stupide que ça. Erwan ne voulait pas ça, il ne voulait pas que Chris mette les mains dans ces histoires, non. Il voulait garder Chris beau et propre, parce que c'était le seul aspect positif de sa vie et il ne voulait pas que la moindre chose horrible vienne le tacher. Il respira un coup, ferma les yeux, comme pour se reposer quelques instants. « Si tu veux m'aider, fais rien de stupide, vraiment... j'ai juste besoin que tu sois là et que tu me fasses confiance » il dit, levant les yeux vers son ami, une demande faite sur une voix à nouveau plus douce, plus discrète. Il laissa ses paupières tomber un peu, éprouvant une douleur qui jusque là était vraiment discrète, et après quelques secondes, il se ressaisit. Après un silence, pendant lequel il était parti une fois de plus dans ses pensées, il reprit, engageant une nouvelle conversation. « Pourquoi est-ce que t'es pas venu pendant tout ce temps ? T'avais beaucoup de choses à faire ? » il demanda, sans formuler un seul reproche, mais simplement curieux de savoir ce qui avait occupé Chris tout ce temps, faisant sauter plusieurs de leurs rendez-vous hebdomadaires. « Ou bien tu m'en veux pour la dernière fois... au Hilton... est-ce que tu m'en veux Chris ? » il questionna, appréhendant fortement la réponse. Ca l'avait occupé longtemps, ces derniers jours, ça ne l'avait quitté que rarement, et ces questions-là étaient revenues à l'assaut à chaque fois que ses pensées étaient libres. Est-ce que quelque chose avait été fracturé entre eux ? Est-ce que leur lien était cassé, fragilisé... Jamais du côté d'Erwan. Pas pour ça, pas aussi bêtement. Mais Chris, peut-être que pour lui...

Voir et savoir qu'il avait été maltraité a ce point brisait le jeune homme au plus profond de lui-même. Qui avait pu faire une chose si horrible?  Même quand il avait été gamin, usé et abusé par ses différents "pères adoptifs", il n'avait jamais été en si mauvais point. Il avait eu le dos qui lui brûlait par les coups de ceintures, les fesses qui le faisaient souffrir plusieurs jours durant maïs jamais, il ne s'était pas retrouvé dans l'état d'Erwan. Il avait envie de savoir qui, c'est enfoirée et de leur casser la gueule. Il voulait venger son ami, rendre justice pour toutes ses atrocités commises. Il demanda alors au jeune homme s'il savait qui lui avait fait cela et lui demanda aussi pourquoi il ne l'avait pas appeler.  « T'appeler comment ? Je me balade pas avec un téléphone et j'étais pas tout à fait capable d'aller jusqu'à la cabine téléphonique la plus proche » Il lâcha avec un tel venin dans ses paroles que Chris eu un mouvement de recul. Cela ne lui était même pas venu à l'idée que son ami n'est pas de téléphone portable. Le numérique était tellement commun de nos jours que de voir une personne sans un gadget aussi ordinaire était choquant. Il devrait remédier à la situation rapidement, un téléphone de bonne qualité pas trop gros pour qu'Erwan puisse le dissimuler. « Oui je sais, j'ai vu son visage toute la soirée, je l'oublie pas. Je sais rien sur lui » Chris essaya de sonder Erwan savoir s'il lui disait toute la vérité. Il devrait enquêter sur ce connard rapidement. Il ne pourrait pas passer par le copain de Lina. C'était trop personnel. Il faudrait qu'il engage quelqu'un de plus... compétent encore, quelqu'un qui puisse avoir des relations dans ce milieu. « Si tu veux m'aider, fais rien de stupide, vraiment... j'ai juste besoin que tu sois là et que tu me fasses confiance » dit-il en le regardant. Il soupira alors profondément. "Je te fais confiance mais là c'est aller trop loin, je ferais rien de stupide mais me demande pas de ne pas m'inquiéter pour toi!" Dit-il alors en jouant avec une mèche des cheveux d'Erwan. Il vit alors son ami fermer les yeux un petit moment et il le regarda, laissant son esprit vagabonder. « Pourquoi est-ce que t'es pas venu pendant tout ce temps ? T'avais beaucoup de choses à faire ? »demanda-t-il avant d'enchainer « Ou bien tu m'en veux pour la dernière fois... au Hilton... est-ce que tu m'en veux Chris ? » Il eu un petit sourire sur la dernière phrase que lui disait le jeune homme. "Non, je ne t'en veux pas Erwan, ce n'est pas ça." Dit-il en die la mèche de cheveux avec laquelle, il jouait. "C'est juste que voir à quel point tu te trompes sur les intentions des gens et le fait que tu l'acceptes, cela m'a fait mal. " Dit-il en soupirant tristement. Il se mordilla alors la lèvre super-rieur signe qu'il allait dire quelque chose qui lui faisait bien mal. " Tu sais, quand j'étais gamin, j'ai été violé. Ils me disaient tous des trucs du genre "si, tu es sage, tu auras une glace après" ou encore "si, tu ne dis rien et que tu fis tout ce que je te dis, tu pourras rester chez nous". Alors oui quand t'a 5 ans, t'a envie de croire que toutes ces choses qui t'ont souffert et dont tu n'as pas du tout envie, que si tu les fais, que tu fermes les yeux, cela va vite passer et que cela finira par finir. Mais au final, non, c'est la même chose encore et encore jusqu'à ce que tu dises stop." Il se releva alors doucement pour aller se servir un verre dans la salle de bain a côté et revint ensuite s'asseoir sur le fauteuil près du lit. "Y'a fallu que je dise stop pour que ça s'arrête. J'avais personne, alors j'en est chier pour m'en sortir, mais j'y suis arriver!" Dit-il pour faire comprendre a son ami que tout était possible, d'autant plus que lui n'était pas seul. Il avait Chris, Edward et Elizabeth avec lui. " J'ai eu besoin de temps pour canaliser ma colère, pour reprendre le contrôle de moi même. Puis j'ai appeler pour te voir. On m'a dit que t'était pas dispo... j'ai penser que tu voulais plus qu'on se voit... puis j'ai insister encore et me voilà!" Dit-il avec un petit sourire malicieux.



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Chris le questionna au sujet de son agresseur, et oui, Erwan le connaissait. Erwan connaissait son visage depuis des mois déjà, il connaissait son nom aussi. Si au début, Sawyer s'en prenait à lui dans les rues uniquement, il avait finalement commencé à se rendre au Birdcage, et cette fois-ci, c'était allé bien loin, ça avait mis Erwan dans un état dont il ne reviendrait pas de si tôt. Mais voilà, il n'allait pas informer Chris au sujet de ce gars là, il n'allait pas le faire, parce que ça ne servait à rien et ça n'apporterait rien de bon. Il ne voulait pas que Chris cherche et trouve Sawyer, il ne voulait pas qu'il le punisse ou qu'il s'en approche, il ne voulait pas être vengé comme une pauvre victime, parce qu'il ne voulait pas être une victime. Il n'en était pas une. Il avait choisi d'être ici, c'était sa décision, et tout ça était de sa faute. Chris n'avait pas besoin de s'en occuper ou de mettre les pieds là-dedans. Mais le jeune homme avait visiblement du mal à comprendre. Je te fais confiance mais là c'est aller trop loin, je ferais rien de stupide mais me demande pas de ne pas m'inquiéter pour toi! Chris disait n'avoir aucune intention d'agir, mais Erwan commençait à le connaître, et il restait méfiant. Il espérait simplement très très fort que Chris respecterait sa volonté, qu'il n'irait pas chercher les problèmes. Sinon... il ne voulait pas imaginer quelles conséquences terribles cela aurait. Après un long silence, Erwan reprit sur un sujet différent, lui demandant pourquoi il n'était pas venu depuis quelques semaines, s'il lui en voulait pour la dernière fois. Non, je ne t'en veux pas Erwan, ce n'est pas ça. C'est juste que voir à quel point tu te trompes sur les intentions des gens et le fait que tu l'acceptes, cela m'a fait mal. Ca aussi, ça faisait mal, mais Erwan n'ouvrit pas la bouche. Il contint toute sa rancoeur bien au fond de lui. Chris le prenait pour un idiot, pour un enfant naïf, et c'était extrêmement blessant car Erwan réalisait que peu importe ce qu'il disait, son ami continuait d'avoir cette image de lui. Il repensait subitement à Orel, à leur dispute ultime, qui reposait tant sur la même problématique. Ca l'effrayait. Tu sais, quand j'étais gamin, j'ai été violé. Ils me disaient tous des trucs du genre "si, tu es sage, tu auras une glace après" ou encore "si, tu ne dis rien et que tu fis tout ce que je te dis, tu pourras rester chez nous". Alors oui quand t'a 5 ans, t'a envie de croire que toutes ces choses qui t'ont souffert et dont tu n'as pas du tout envie, que si tu les fais, que tu fermes les yeux, cela va vite passer et que cela finira par finir. Mais au final, non, c'est la même chose encore et encore jusqu'à ce que tu dises stop. Y'a fallu que je dise stop pour que ça s'arrête. J'avais personne, alors j'en est chier pour m'en sortir, mais j'y suis arriver! raconta Chris, surprenant Erwan avec cette histoire terrible qui n'avait rien à voir avec la sienne. Il n'avait que cinq ans, comme il le disait, il avait été utilisé... Erwan était un adulte. J'ai eu besoin de temps pour canaliser ma colère, pour reprendre le contrôle de moi même. Puis j'ai appeler pour te voir. On m'a dit que t'était pas dispo... j'ai penser que tu voulais plus qu'on se voit... puis j'ai insister encore et me voilà! ajouta-t-il, mais Erwan n'écoutait qu'à moitié, resté fixé un peu trop sur son récit d'avant. « J'ai vingt-cinq ans moi Chris, pas cinq. Je suis pas un petit garçon, je suis là parce que j'ai décidé... c'est différent de ce que des gens t'ont fait quand tu étais un gamin et que t'avais pas d'autre choix que respecter les adultes qui t'entouraient... bref, j'en ai marre de parler de ça, j'ai mal partout » il fit, sur un ton agacé qui concluait la discussion. Le médecin toqua à ce moment-là et entra doucement, sa présence bienveillante s'approchant d'Erwan en annonçant qu'il devait appliquer quelques crèmes et lui donner des médicaments. Pendant les dix minutes suivantes, le jeune homme se laissa soigner sous le regard de son ami, et avala les cachets qu'on lui donna. Il répondit aux questions du docteur, et se laissa manipuler, même si cela provoquait une forte douleur, le médecin s'excusant à chaque fois. La souffrance était intense, faisant grimacer Erwan qui sentait même les larmes monter. Quand enfin ce fut terminé, il était en sueur et à bout de souffle, se retrouvant à nouveau seul avec Chris et tentant de se remettre de sa douleur. Il voulait penser à autre chose, distraire son esprit. « Quand j'irai mieux, on ira près de la plage, manger des barbes à papa. Et écouter des concerts de belle musique. Puis on ira chez toi et on baisera... on baisera merveilleusement, tu poseras tes mains sur moi et je serai à toi et ce sera bien... ce sera bien » il fit, concluant dans un soupir. Il glissa sa main indemne vers Chris pour qu'il pose la sienne par-dessus, levant son regard vers lui et souriant doucement.

Il venait de raconter une partie de son enfance à Erwan. D'ordinaire il ne parlait de cela à personne. C'était une partie de sa vie qu'il préférait oublier, enfouir bien loin et ne plus jamais le ressortir. Mais là, en voyant son ami dans cet état,en ayant vu qu'il ne faisait pas la différence entre un viol et un travail, il avait commencé à lui expliquer, à lui dire ce qu'il avait vécu. C'était toujours aussi douloureux pour lui, mais il faisait tout son possible pour ne pas le montrer. Comme ci c'était une vieille blessure guérit depuis longtemps. Il enchaîna ensuite sur une note plus positive. Il avait quitté cette situation et avait évolué tout seul. Il s'était sorti de cette histoire et était devenu l'homme qu'il était maintenant. « J'ai vingt-cinq ans moi Chris, pas cinq. Je suis pas un petit garçon, je suis là parce que j'ai décidé... c'est différent de ce que des gens t'ont fait quand tu étais un gamin et que t'avais pas d'autre choix que respecter les adultes qui t'entouraient... bref, j'en ai marre de parler de ça, j'ai mal partout » il fit, sur un ton agacé qui concluait la discussion. Chris serra les dents prêt à répliquer tout de même, mais le médecin entra à ce moment-là. Il le toisa d'un oeil mauvais, sûrement croyait-il qu'il était là pour du sexe. Mais Chris passa outre. Il regarda l'homme faire et son ami souffrir. Cla lui bouffait les tripe. Il avait envie de pouvoir faire quelque chose, lui prendre sa douleur, mais il n'était pas un super-héros, il n'était qu'un homme. Alors, il serra les poings un peu plus fort, attendant patiemment que le médecin en ait fini. Quand il sortit enfin, Chris reprit place sur le fauteuil qu'il rapprocha du lit. « Quand j'irai mieux, on ira près de la plage, manger des barbes à papa. Et écouter des concerts de belle musique. Puis on ira chez toi et on baisera... on baisera merveilleusement, tu poseras tes mains sur moi et je serai à toi et ce sera bien... ce sera bien » il fit, concluant dans un soupir tout en approchant sa main valide vers celle du jeune homme. Chris soupira et posa sa main sur la sienne. Il caressa le dessus de celle-ci avec son pouce. " Et on ira se balader et je t'apprendrais le surf, on se mangera un gros pot de glace en regardant des dessins animées et aprs avoir baiser, son s'endormira dans les bras l'un de l'autre." Cela lui plaisait bien mais pour le moment, il allait falloir que son ami s'en remette. Aux vues dues discourt qu'avait eu le propriétaire de la maison close, il n'allait pas pouvoir revenir régulièrement. Il allait falloir qu'il prenne son mal en patience et attendre deux semaines avant de revenir. Il pourrait passer voir Janko dans la semaine et avec un peu de chance, il aurait des nouvelles d'Erwan. Il pourrait aussi lui faire passer en douce un téléphone portable pour qu'il puisse l'appeler. "Je te ferais parvenir quelque chose la semaine prochaine d'accord! J'ai déjà ma petite idée, t'a oublier une de tes chemises la dernière fois. Ils n'y verront que du feu. " Dit-il en souriant. Il était douer pour faire passer des choses en douce, il avait fait passer de la drogue pendant son adolescence et n'avait jamais été prit. Les propriétaires étaient peut-être malin, mais pas autant que Chris. "Le médecin t'a dit que tu serait remis dans combien de temps a peut près? " Demanda-t-il curieux.