Cela faisait un petit moment que l'idée me trottait dans la tête, mais je n'avais pas encore pris mon courage à deux mains avant aujourd'hui. Ce n'est pas la douleur qui me fait peur, mais le fait que le tatoueur me dise qu'il ne peut pas couvrir les nombreuses marques sur mon dos. En ce qui concerne la douleur, j'ai connu bien pire que des aiguilles vous martelant la peau à de multiples reprises. Au bout d'un moment, la peau en est anesthésiée. Dans la secte, ils avaient pour habitudes de vous broyer aussi bien physiquement que psychologiquement. Ma psychologue m'a dit que si je voulais guérir, il fallait que je fasse abstraction de mes blessures physiques. Je peux le faire avec la chirurgie, mais cela implique de longs mois d'hospitalisation et d'autres cicatrices encore et encore. Un cercle vicieux dans lequel je n'ai pas envie de rentrer. De plus, mon identité serait disponible pour les membres de la secte qui pourrait me retrouver très facilement et profité de mon état de faiblesse pour me ramener dans la secte. Et cela, c'est hors de question. Alors l'idée des tatouages m'est venue. C'est beaucoup moins cher que toutes ses multiples opérations et sûrement moins long aussi. J'ai déjà mis 2000$ de côté depuis que je travaille ce qui permettra de mettre ce qu'il faut de côté pour tout recouvrir. Mais pour le moment, il faut déjà que je trouve la force d'entrée dans le salon de tatouage. Mon patron m'a conseillé d'aller à celui-ci, car le gars qui tatou là-bas, un certain Matt, est très doué et fait, parait-il, des prouesses. Cela fait maintenant vingt minutes que je suis au bout de la rue et que j'attends. Quoi? Surmonter mon angoisse. J'ai mes médicaments dans mon sac, mais ma psychologue m'a demandé de faire des exercices et ceci en est un. Aller dans le salon et demander au tatoueur s'il peut faire quelque chose pour moi! J'ai les mains qui tremblent et la gorge serrée.. Tout un tas de scénarios se croise dans ma tête. Et si le tatoueur se moquait de moi en voyant toutes les cicatrices? Et s'il ne pouvait rien faire? Et si jamais je faisais une grosse crise d'angoisse? Pire encore, et s'il faisait partie de la secte? Je sens la migraine pointer le bout de son nez et je me masse les tempes. Il faut que je prenne sur moi. J'inspire et j'expire profondément à cinq reprises comme me la apprit la psychologue et je me mets en marche. J'ai une centaine de mètres à faire pour atteindre le salon, cela devrait être rapide. Lorsque j'arrive devant, ma main se bloque sur la poigner de la porte, blocage de mon subconscient qui me signale un danger. Je peux voir qu'il a quelqu'un à l'intérieur, j'ai vu du mouvement, en revanche, je ne vois pas s'il y a beaucoup de monde. Mon patron m'a dit que le salon était calme le mardi après-midi et il m'a permis de changer mon jour de congé pour que je puisse y aller ce jour-là. J'espère qu'il a raison et qu'il n'y aura pas foule sinon je ne suis pas sûr de pouvoir tenir. Je prends alors une grande inspiration et appuis sur la poignée pour ouvrir la porte. Je rentre doucement et observe : personne. Je me demande si le mouvement que j'ai vu quelques instants plus tôt est réel ou une manifestation de mon esprit torturé. Je sens mon coeur qui commence à s'emballer et mes doigts se serrent et se desserrent encore et encore.

- "Hey...Heu.... Y'a quelqu'un?" Tentais-je timidement.

Alors que le calme régnait jusqu'à mon entrée un bruit me fait sursauter puis un mouvement et une silhouette qui sort de derrière un mur ou un paravent. J'essaye de contrôler ma respiration pour ne pas faire de crise d'angoisse. C'est un homme qui approche et il a plutôt l'air baraqué. Pas mal tatoué, je dois dire que j'ai encore plus peur. Il me sourit et j'essaye de lui répondre mais je plutôt faire une grimace qu'autre chose. Lui, il a l'air décontracter et viens à ma rencontre. J'ai un moment d'hésitation avant de serrer la main qu'il me tend.

- "Je...heu....Je....voudrais savoir....si...si vous pouvez faire quelque chose pour moi?" Demandais-je timidement.

Je venais de commencé ma journée... Je débutais autour de midi la semaine pour terminer vers 21h00-22h00. C'était toujours tranquille les mardis et mercredis en début d'après-midi. J'étais dans mon atelier en train de dessiner de nouveaux modèles et des commandes de clients quand j'entendis la sonnette d'entrée retentir. Comme la réceptionniste rentrait plus tard pour le travail. C'était à moi de répondre. La personne demanda s'il y avait quelqu'un. Je quittai donc mon atelier de dessin pour aller accueillir la personne à l'avant.

- Heyyy Salut ! Qu'est-ce que je peux faire pour toi mon ami ?

Je lui tendis ma main à ce moment. J'étais face à un homme qui ne semblait pas être certain de ce qu'il devait faire. Peut-être voulait-il juste me demander une adresse dans le coin ? Je pouvais lire une sorte de crainte dans ses yeux. Il avait néanmoins accepté de me tendre la main en retour. Cela ne semblait pas très facile pour lui. J'avais l'habitude de rencontrer des weirdos...c'était pas un problème.

- "Je...heu....Je....voudrais savoir....si...si vous pouvez faire quelque chose pour moi?"

C'était difficile pour moi de rencontrer quelqu'un de nouveau. Je n'étais pas à l'aise et pas sûr de moi, mais c'était un bon exercice d'être ici. De plus, le tatoueur pourrait peut-être m'aider et cela, ce serait une grande avancée. Alors, j'étais là, demandant s'il pouvait m'aider. Très vite il proposa gentiment d'aller lui montrer mon dos de l'autre côté du rideau. Je le suivis alors bien sagement puis, pris de grandes respirations avant d'enlever mon sweatshirt puis mon t-shirt. Je baissais ensuite la tête et me tournais pour qu'il puisse voir l'étendue du travail qu'il allait avoir à faire, tout du moins, s'il pouvait y faire quelque chose. Le contact de ses doigts léger sur mon dos me fit sursauter, mais je réussis à me reprendre. Il fallait voir le tatoueur comme un médecin. Car au fond, c'est ce qu'il était pour moi, le docteur qui allait permettre que je puisse commencer à guérir.

- Man...je sais pas comment tu t'es fait ça, mais je sympathise. Les cicatrices sont très dominantes, mais je pourrais faire en sorte que ça ne paraisse plus en tatouant, mais tu auras toujours du relief. C'est ce que tu voudrais ?

Je fis alors de grands signes oui de la tête. Puis me rendis compte que j'étais de dos et qu'il ne pouvait pas nécessairement comprendre que c'était un oui. Je me retournais alors et croisais les bras pour me cacher un peu.

"Oui... tout cacher.... sur tout le dos s'il vous plait." Dis-je un peu désespéré.
- T'as une idée de ce que tu voudrais comme dessin ? Je pourrais commencé par un petit aujourd'hui et on pourrait prendre plusieurs rendez-vous par la suite pour que je puisse le poursuivre selon tes goûts.

Je haussais les épaules pour la question sur le dessin et fit des signes oui de la tête pour la suite.

"Je... j'ai pas trop d'idée en fait.... Je voudrais juste qu'on voit plus tout ça...." Dis-je en me massant la nuque d'une main.

Je voulais juste effacer les marques. Pouvoir me regarder dans un miroir sans les voir, pouvoir aller sur la plage torse nue sans qu'on me regarde bizarrement, ou encore ne plus jamais revoir le regard de tristesse dans les yeux de mes amis quand ils me voient torse nu.

"J'aime bien la mécanique, les voitures mais après vous pouvez faire ce que vous voulez.... sauf... des trucs.... genre fouet, ceinture et tout..." Dis-je en baissant la tête honteux.

Cela faisait mal d'en parler, car cela voulait dire qu'il allait savoir une partie même infime de mon histoire mais une partie tout de même. Mais si je ne voulais plus voir les marques de mon passé, il ne fallait pas que quelque chose me les rappelle.

L'inconnu s'était pointé à mon salon sans trop savoir ce qu'il voulait réellement. Il voulait que je regarde son dos pour que je puisse me faire une idée et surtout si je pouvais camoufler le tout. Au départ, je croyais qu'il voulait retoucher un ancien tatouage, mais bien vite, lorsqu'il enleva son haut, je constatai que c'était plutôt de grosses cicatrices. J'étais un peu troublé par ce que je voyais. Le mec s'était fait clairement battre ou je ne sais trop quoi...On avait pas de telles marques par accident. J'étais peut-être pas vite vite, mais je savais reconnaître ce genre de truc. J'avais aussi fait part à l'homme que je sympathisais. Ce dernier voulait réellement que je couvre tout. Cela allait être beaucoup de travail, mais c'était possible. Il avait devant lui le meilleur tatoueur du coin. IL ne pouvait pas tomber sur mieux. Je demandai s'il savait quel genre de dessin il voulait....

"Je... j'ai pas trop d'idée en fait.... Je voudrais juste qu'on voit plus tout ça...." en se grattant la nuque.

Je pouvais bien le comprendre. Toutefois, il devait être certain de ce qu'il voulait pour ne pas le regretter. Trop souvent les gens débarquait ici et se faisait faire des trucs impulsivement. Cet homme me semblait vraiment décidé par contre. Je voulais bien lui rendre se service. Toutefois, c'était assez cher ce genre de travail sur le dos qu'il voulait.

- Tu as des intérêts quelconques ? Je sais pas moi... un loisir, un film, un animal, etc... Il faut que tu sois satisfait.
"J'aime bien la mécanique, les voitures mais après vous pouvez faire ce que vous voulez.... sauf... des trucs.... genre fouet, ceinture et tout..." Dit-il en baissant la tête.

C'est là que je compris que ce gars là avait reçu des coups de fouet ou de ceinture. C'était dont horrible je trouvais. Je n'étais pas très certain de ce que je devais lui dessiner. J'étais loin d'être un fanatique de voiture et de mécanique. C'était donc pour moi inconcevable de lui faire ce genre de truc alors que ça ne m'inspirait pas du tout. Je devais trouver quelque chose qui le représentait bien et qui allait également m'emballer comme projet. Comme je ne connaissais rien de cet homme, il fallait que je pose plus de questions. Il était peut-être bizarre, mais j'étais certain que l'on pourrait arriver à une entente sur le motif à dessiner sur son dos. Je lui approchai un tabouret pour qu'il prenne place. Je fis de même avec le mien.

- Bon... alors ! Raconte-moi le pourquoi de ses marques. Et qu'est-ce que ça va changer réellement dans ta vie de les couvrir ?

Après tout, nos vieilles blessures n'étaient pas celles qui faisaient ce que nous étions ? Mais bon, cela ne me regardait pas vraiment au final. Peut-être que ces marques l'empêchait de cheminer dans la vie. À le voir, il n'avait pas trop confiance en lui. Il avait l'air surtout timide et perdu. Peut-être que tout ça l'aiderait. Je savais pas s'il avait un peu d'argent, mais je voulais le prévenir.

- Écoute, couvrir un dos complet cela est un travail d'au moins 15-20heures. On va devoir se voir plusieurs fois durant 3h à chaque rendez-vous. Ça coûtera environ 350$ à chaque rendez-vous. Est-ce que ça te conviendrait ?

C'était un prix fort raisonnable. J'avais pas trop envie de charger plus cher. Il semblait en avoir pas mal baver le pauvre.

J'avais parlé un peu de moi en expliquant que j'aimais beaucoup les voitures et en avouant qu'il ne fallait surtout pas faire quelque chose avec des ceintures ou des fouets. C'était la cause première de mes marques et je ne voulais en aucun cas les cacher par quelque chose qui me les rappelées. Je vis un tabouret sur roulettes venir devant moi, ce qui voulait sans doute dire que je devais m'asseoir. Je relevais la tête et vis que Matt faisait de même alors je m'assieds, toujours bras croisé pas du tout à l'aise avec mon torse nu.

- Bon... alors ! Raconte-moi le pourquoi de ses marques. Et qu'est-ce que ça va changer réellement dans ta vie de les couvrir ?

Je restais un moment choqué , la bouche grande ouverte devant cette demande. Personne ne m'avait demandé aussi franchement de raconter le comment de ses marques. Devais-je tout lui raconter? C'était plutôt gênant en fait... Il dût le remarquer car il changea de sujet :

- Écoute, couvrir un dos complet cela est un travail d'au moins 15-20heures. On va devoir se voir plusieurs fois durant 3h à chaque rendez-vous. Ça coûtera environ 350$ à chaque rendez-vous. Est-ce que ça te conviendrait ?
" Ho.... Oui.. c'est parfait! J'ai déjà prévu 2000$ pour démarrer et le temps que sa cicatrise et tout j'aurais économisé le reste!" Dis-je en souriant réellement pour la première fois.

J'avais bien réfléchi et j'avais pris cette décision après en avoir parlé aux filles. J'avais ensuite économisé, ne dépensant que pour acheter de la nourriture pour nous trois et un ou deux vêtements par-ci par-là. Le reste était planqué dans le fond de mon sac dans un livre taillé à cet effet. Qui irait vous piquer le livre qui a pour titre  : " Les courses alimentaires pour les nuls?" Personnes! Le silence s'installa ensuite et je voyais bien qu'il attendait que je parle de mes marques.  Je me mordillais alors un long moment les lèvres avant de commencer.

" En fait... J'ai été pendant dix ans dans une secte... Au départ, c'était bien... puis... quand on y est entrée réellement... c'est la que ça commence..." Dis-je sans le regarder dans les yeux. "Y'a des règles... ne pas parler à nos familles, ne pas partir, faire les corvées, dénoncé les infidèles et faire tout ce qu'on te demande..." Dis-je sentant la crise de panique arriver. Je fermais alors les yeux et pris de profondes inspirations avant d'enchainer. " J'ai pas fait ce qu'il voulait, j'ai plutôt été un rebelle et fait tout l'inverse en transgressant toutes leurs règles une par une. Au départ, il m'ont affamé, puis les coups sont venue... Au départ c'était la ceintures, puis après, d'autres sont venue avec des fouets ou d'autres trucs du genres... ils s'y mettaient à plusieurs... Jusqu'à ce que je tombe dans les pommes...." Dis-je avec la respiration couper.

Je pris alors mon sac et en sortit ma bouteille d'eau pour boire une longue gorgée et faire passer la nausée qui me prenait violemment. Je du boire plusieurs gorgées pour que ça passe mais cela finit par passer à mon plus grand soulagement. Je me sentais tout de même bête d'avoir une petite crise de panique à juste parler à quelqu'un.

"Désolé... ça m'arrive encore.... Parfois...." dis-je en haussant les épaules, le regard fuyant. "Ce que ça va changer de les recouvrirent? Tout... Quand je vais à la piscine, à la plage ou dehors avec un marcel, on me regarde comme une bête de foire.... comme un monstre....Et puis... Moi.... quand je me vois dans le miroir... Je... Je... Je revois tout... vraiment tout ce qui c'est passer... Alors que... Je veux juste passer tout ça et revivre tu vois? "

Le prix que je fixais pour faire ce genre de tatouage était assez dispendieux, mais vu le nombre d'heures que j'allais y mettre, c'était assez convenable. Quelque chose me disait qu'il avait été maltraité avec ces marques sur le dos. Je voulais pas l'arnaquer non plus. Je savais quand je pouvais charger le gros prix, mais là, je pouvais bien être raisonnable. Il accepta immédiatement mon prix. Il était déjà un peu bizarre le mec, renfermé sur lui-même et beaucoup trop timide. Je voulais surtout connaître son histoire personnelle pour savoir ce que je pouvais bien lui faire. J'étais pas trop branché voiture à la base donc je me voyais mal lui faire un truc qui m'inspirait peu.

" En fait... J'ai été pendant dix ans dans une secte... Au départ, c'était bien... puis... quand on y est entrée réellement... c'est la que ça commence..." me dit-il en me regardant dans les yeux. "Y'a des règles... ne pas parler à nos familles, ne pas partir, faire les corvées, dénoncé les infidèles et faire tout ce qu'on te demande..." Je pouvais voir que c'était pas facile pour lui de me raconter tout ça. " J'ai pas fait ce qu'il voulait, j'ai plutôt été un rebelle et fait tout l'inverse en transgressant toutes leurs règles une par une. Au départ, il m'ont affamé, puis les coups sont venue... Au départ c'était la ceintures, puis après, d'autres sont venue avec des fouets ou d'autres trucs du genres... ils s'y mettaient à plusieurs... Jusqu'à ce que je tombe dans les pommes...."

Je crus au début que c'était pour rigoler qu'il me disait ça, mais bien vite je compris que c'était réel. En fait, je ne pensais même pas que ça se pouvait une telle histoire. C'était digne d'un film. J'eus un peu de pitié pour cet homme qui devait avoir souffert beaucoup. Je pouvais pas croire qu'il avait vécu tout ça. C'était quoi cette secte de dingues ? À la base, toutes les sectes c'était des absurdités. Je comprenais pas pourquoi les gens allaient vers ça... C'était du lavage de cerveau. Mon futur client semblait trembler et à la limite paniqué à me raconter tout ça. Il attrapa une bouteille d'eau dans son sac pour la boire. Je compris pas trop pourquoi il réagissait de la sorte.

"Désolé... ça m'arrive encore.... Parfois...." dit-il en haussant les épaules, le regard fuyant. "Ce que ça va changer de les recouvrirent? Tout... Quand je vais à la piscine, à la plage ou dehors avec un marcel, on me regarde comme une bête de foire.... comme un monstre....Et puis... Moi.... quand je me vois dans le miroir... Je... Je... Je revois tout... vraiment tout ce qui c'est passer... Alors que... Je veux juste passer tout ça et revivre tu vois? "

Je voyais bien qu'il y tenait énormément. Comment ne pas y adhérer ! Il voulait oublié ce qui lui était arrivé par le passé. Ce gars-là avait besoin de se reconstruire, de tourner la page une bonne fois pour toute. Ses cicatrices l'empêchaient d'avancer. Je comprenais mieux pourquoi maintenant. Avec son histoire, un éclair me traversa l'esprit. J'avais une idée de ce que je pouvais lui graver sur la peau.

- Et qu'est-ce que tu penserais d'un oiseau ? Le phénix tu connais ? Il y a une légende qui dit que lorsqu'un phénix meurt, il renaît de ses cendres. Un truc du genre. Je trouve que ça pourrait bien te coller à la peau vu ton histoire.... Ton ancien toi meurt pour mieux renaître. Qu'est-ce que tu en dis ? Je peux t'aider à passer à travers mec !

D'un côté je me trouvais assez privilégié de pouvoir contribuer à ce qu'il devienne une nouvelle personne. Avec toutes les heures qui nous attendaient ensemble, peut-être que nous allions développer une bonne relation. Qui sait ? Il était peut-être bizarre...mais avec un passé de fou comme ça.. je pouvais comprendre aussi. Il allait être ravit du résultat. J'étais un vrai pro dans le domaine. Il avait choisi le bon endroit.

- Je ne m'étais pas présenté, mais je suis Matt le co-propriétaire ici et ça va me faire plaisir de te couvrir le dos. Je vais te donner un formulaire à remplir pour connaître un peu ton état de santé et te faire signer les clauses de consentement."

Je lui tendis une feuille à remplir recto-verso. Pendant ce moment, je me mis déjà à dessiner une ébauche de ce que pourrait être son tatouage.

Pour savoir le pourquoi du comment j'avais eu ses marques, il fallait que je le raconte. Le seul problème, c'était que je n'étais pas quelqu'un qui parlait beaucoup. Je fis un effort et expliquais l'enfer vécu en un minimum de temps. Je ne voulais pas qu'on me prenne en pitié ou qu'on fasse des grands "HO"!", je voulais juste expliquer sa vite pour qu'il comprenne à quel point j'avais besoin d'effacer tout ça. Je voulais reprendre un nouveau départ, pouvoir commencer à vivre de nouveau et oublier du mieux que je le pouvais. Grâce à ce tatouage, j'allais pouvoir enfin me montrer torse nu à la piscine ou à la plage sans attirer des regards choqués ou de pitié, j'allais pouvoir redevenir un homme lambda parmi les autres! Malheureusement, le fait d'expliquer tout cela fit monter une crise de panique. Des vagues de chaleur qui montaient encore et encore jusqu'à provoquer de bonnes nausées. Je dus sortir ma bouteille et boire petite gorgée sur petite gorgée pour faire passé cela. Je m'excusais donc et à mon plus grand soulagement le tatoueur comprit. Je soupirais de soulagement  puis ce dernier m'expliqua alors son idée. Son enthousiasme était communicatif et son idée, du pur génie! J'adorais totalement, effacer les traces par une renaissance! J'essayais alors d'imaginer mon dos recouvert par un phœnix et souris de toutes mes dents au jeune homme.

"J'adore! C'est parfait!!!! Merci!!!!!!!

J'étais heureux tout simplement et j'avais déjà hâte de commencer. Le tatoueur se présenta ensuite sous le prénom de Matt. Je savais déjà qu'il s'appelait ainsi puisque c'est mon patron qui me l'avait conseillé. Will m'avait parlé de lui aussi, donc je n'avais aucun doute sur le sérieux du tatoueur. Il me transmit ensuite un formulaire à lire et à remplir. Je m'y mis tout de suite, remplissant toutes les cases sans trop de soucis. J'étais en plutôt bonne santé physique et pleinement consciente qu'un tatouage s'était à vie.

"Ho... y'a un ami commun qui m'a dit de pas oublier de vous passer le bonjour, Will, il est docteur!" Dis-je alors pour tenir ma promesse.

Je finis de remplir les papiers, les signais et les déposais sur le bureau de Matt. Je m'assieds ensuite bien sagement sur mon tabouret tout en regardant le dessin naitre sous les coups de crayon du tatoueur. J'étais comme un gamin le matin de Noël, complètement hypnotisé.

"Vous avez beaucoup de talent!!!! C'est impressionnant!!!! Je sais pas dessiné, mes bonhomes sont les mêmes qu'un enfant de cinq ans!" Dis-je en riant légèrement.

L'histoire de ce jeune homme était quelque peu terrifiante. Je ne pouvais pas croire que l'humain pouvait descendre aussi bas. Un secte ! Je pouvais pas croire qu'on pouvait embarquer dans ce genre de connerie. Il fallait vraiment profiter des personnes qui étaient vulnérables. Si je pouvais aider cet homme à oublier ces moments difficiles, cela me faisait vraiment plaisir. Cela allait certainement tout changer. J'osais croire qu'il ne voulait jamais retiré ses t-shirts dans les lieux publics, voire même dans sa vie privée. Avec son histoire qui sortait tout droit d'un film, j'eus l'idée de lui tatouer un phénix. Après tout, cet animal mythique était connu pour renaître de ses cendres. C'était peut-être comme cela que son tatouage pouvait évoquer avec son vécu. Le jeune homme adora mon idée. À partir de ce moment, c'était facile pour moi de tout dessiner. J'étais assez créatif. Pendant que mon futur client était en train de remplir le formulaire de consentement et sur son état de santé, je me mis à dessiner un croquis.  

"Ho... y'a un ami commun qui m'a dit de pas oublier de vous passer le bonjour, Will, il est docteur!" dit-il alors tout bonnement.

Je le regardai alors en arrêtant de dessiner. Était-il un patient de Will ? J'avais des doutes. Déjà qu'il l'appelait Will. Ils devaient être potes ou je-ne-sais-trop quoi.

- Haa ce bon Will ! dis-je en riant. Je dois justement lui téléphoner tout à l'heure! Je lui dirai que je t'ai rencontré et que tu m'as fait le message. J'imagine que c'est lui qui t'a dit de passer me voir. Je lui en dois une !

C'était sympa qu'il me réfère des gens. Faut croire qu'il faisait complètement confiance à mon travail. J'étais assez minutieux dans ce que je faisais et j'utilisais des instruments bien stériles chaque fois. Je voulais que tout soit impeccable pour éviter des problèmes. C'était comme cela qu'on se faisait une bonne réputation. Will savait comment je procédais et tant mieux s'il m'envoyait des clients. Je repris le croquis du phénix quelque peu. Je le montrai ensuite à l'homme pour lui montrer ce à quoi ça ressemblera.

"Vous avez beaucoup de talent!!!! C'est impressionnant!!!! Je sais pas dessiné, mes bonhommes sont les mêmes qu'un enfant de cinq ans!" dit-il en riant un peu.

Ça avait toujours été facile pour moi le dessin. Je pouvais pas cacher mon côté artiste. Pas pour rien que sur les bancs d'école j'étais un cancre. J'étais plutôt incompris et ça m'emmerdais les maths, le français et les sciences. Par contre, en musique et en arts plastiques, j'étais un as. Inutile de dire que j'excellais dans ces matières. Mais elles étaient souvent peu nécessaire pour obtenir un diplôme.

- Merci ! C'est pas donné à tout le monde le talent en dessin. Je me débrouille pas si mal. Alors voilà, pour te donner une idée...cela donnera ça. Je vais ajouté quelques éléments autour, mais le plus gros est là. Ça te va ?

Je voulais être certain que ça lui plaise, mais déjà qu'avec sa réaction je savais tout de suite qu'il était d'accord pour avoir ce modèle. J'étais assez rapide pour corriger des trucs si jamais ça ne lui plaisait pas.

- Alors, tu voulais qu'on en fasse une peu aujourd'hui ? J'ai 1h30 de libre. Je pourrais commencer à te faire le contour de l'oiseau aujourd'hui. On pourra se fixer des rendez-vous par la suite.  

Mon patron et Will avaient raison, Matt était un génie. Grâce à lui, d'ici quelques mois, j'allais enfin pouvoir passer à autre chose, oublier du mieux que je le pouvais mes blessures et enfin aller de l'avant. Bientôt, je serais un homme nouveau. Je regarde Matt dessiner encore et encore. Il est concentré et ses coups de crayons sont hypnotisant et je ne peux m'empêcher de suivre les mouvements qu'il lui donne. Après quelques minutes qui m'ont paru des secondes, il me montre un magnifique oiseau avec des détails époustouflants.

"Whaou s'est vraiment... parfait!" Je dis toujours aussi émerveillé.

Il me propose alors de commencer. Je fais de grands signes oui de la tête et me place comme il me le demande sur la table de tatouage. Je suis un peu stressé à l'idée d'avoir mal et quand Matt me dit qu'il commence je me raidis. Mais alors que je m'attendais à une souffrance égale à celle des coups de ceintures qui ont lacérer mon dos, je ressens simplement des petits picotis par-ci par-là. Finalement, après quelques minutes, je suis complètement détendu.

"Comment tu... es venue... à devenir tatoueur? " Je demande alors toujours timidement.

Ce gars s'était pointé comme cela à l'improviste pour faire couvrir son dos au complet. Holala c'était un beau projet qui m'enchantait. C'était rare les clients comme celui-ci. J'allais pas me plaindre. Malgré tout en voyant ses cicatrices, je me disais qu'il avait vécu bien des choses pas très amusantes. Je trouvais qu'il faisait un peu pitié, mais ça...j'allais le garder pour moi. Après tout, il allait me donner un revenu décent pour ce que j'allais lui faire. Il avait accepté ma proposition du Phénix. Un truc de fou. J'étais même trop enthousiaste de réaliser un tel projet. Très vite j'avais réussi à faire une esquisse assez réussi. Ce ne serait rien comparé au résultat final. Je lui proposai de débuté tout de suite. J'avais 1h30 de libre alors aussi bien remplir ce temps.

- Installe-toi sur la table à plat ventre, on va commencer.

J'appliquai un tampon stérilisé sur son dos au grand complet. Avec mon papier carbone je l'appliquai sur son dos afin qu'il laisse des traces de l'oiseau dessiné sur sa peau. De cette façon je pourrai me fier aux marques pour faire mon travail. Je pris mon dermographe et le trempai dans l'encre noire.

- Ça risque de chauffer un peu...

Je me mis alors à l'oeuvre. J'adorais mon travail et ce projet me plaisait énormément. Étrangement, cela ne semblait pas faire réagir mon client. J'osais croire qu'il avait connu pire comme douleur. En même temps, ce n'était pas tout le monde qui était capable d'encaisser le mal. J'avais vu des armoires à glace de 7 pieds pleurnicher comme des bébés comme des filles de 15 ans ne rien laisser transparaitre.

"Comment tu... es venue... à devenir tatoueur? " me demanda-t-il alors un peu maladroitement.

J'avais pas une grosse histoire à raconter. Cela s'était fait à la limite tout seul.

- J'étais bon en dessin au lycée. Je dessinais tout le temps. J'ai fait faire mon premier tatouage à 15 ans. et j'ai eu la piqure. J'ai voulu apprendre. J'ai bossé dans un petit salon non loin d'ici où on m'a tout montré comment faire. Puis, j'ai décidé de lancer ma propre affaire. C'est pas mal non ? Je suis assez fier du résultat. Je suis pas encore super connu, mais j'ai de bons commentaires.

Fallait aller voir sur ma page Facebook de la boutique pour voir tous les compliments. C'était assez top ! Bien sûr, il y avait toujours 1 ou 2 attardés qui écrivaient n'importe quoi, mais dans l'ensemble, c'était assez positif. De quoi aider pour ma popularité. J'aspirais à devenir assez connu dans le coin avec mon partenaire d'affaire.

- Toi tu fais quoi dans la vie ? demandai-je tout en me concentrant sur le dessin à faire.