ALYSSE & UGO

Le quotidien se résumait à une routine. Se lever, emmener Amy à l'école, laisser passer la journée, aller chercher Amy chez sa nounou le soir, passer du temps avec elle, la coucher et passer la soirée devant un livre à boire ou regarder un film. Alysse n'avait plus de plan. N'avait plus d'ambition. Elle se laissait simplement vivre. Son propre bien-être n'avait plus d'importance. Tout ce qui comptait, c'était que sa fille soit toujours bien lavée, bien habillée et qu'elle se sente épanouie dans sa vie de petite fille. Alysse n'en avait que faire de son allure, de ses vêtements où même de son image. Elle faisait le strict minimum. Toujours pour sa fille. Pour qu'elle ne voit pas la loque que sa mère devenait. Tout cela commença simplement par un verre ou deux par soir afin de se détendre et d'oublier le chagrin. Puis ces deux verres se transformèrent en bouteille et ainsi commença l'addiction.. l'alcoolisme. Alysse n'en avait pas conscience. Elle n'avait plus conscience de rien. Ainsi elle se sentait mieux, oubliait son passé et le fait qu'elle n'était qu'une indéniable poissarde. Mais elle n'oubliait pas les hommes, sa rancœur pour eux. Plus elle buvait, plus sa haine envers eux augmentait..

Aujourd'hui, elle ne souriait plus vraiment. Elle avait toujours ce visage fermé... Bien sûr, elle pensait bien qu'Amy n'était pas dupe. Elle voyait bien qu'il se passait quelque chose avec sa mère. La petite fille avait souffert du départ de Wane.. elle l'aimait beaucoup. Mais sa mère lui expliqua les choses comme une petite fille devait comprendre. Elle ne devait pas tout savoir. Elle devait simplement savoir que dans la vie, les choses ne se passent pas toujours comme on le voudrait et qu'il fallait surmonter les épreuves en restant fort. La petite de 8 ans compris rapidement et les deux blondes n'en furent que plus soudé. Alysse avait tellement de chance d'avoir une fille aussi intelligente et maline qu'Amylia. Et elle savait qu'elle devrait se sentir honteuse d'être ce qu'elle était aujourd'hui.. mais elle ne pouvait plus s'en empêcher.

Ce jour-là, après avoir été déposé sa fille à l'école, Alysse était rentrée chez elle afin de faire du ménage. Ce ne fut que plus tard qu'elle se posa dans son canapé, un verre de vin à la main. La bouteille à ses côtés était entamée de plus de la moitié.. mais elle ne ressentait même plus les effets. En milieu d'après-midi, après s'être réveillée dans son canapé, Alysse se leva, prise d'une envie soudaine d'aller chercher son courrier, sans raison. Elle frotta ses yeux endormis et attrapa son verre pour se rendre à sa porte. Lorsqu'elle l'ouvrit, elle manqua dans se sursauter en rencontrant un homme qui semblait d'arriver devant sa porte. Elle fronça les sourcils. Il se présenta rapidement, comme s'il avait préparé sa phrase en avant. Un peu vaseuse, Alysse passa sa main dans ses cheveux, analysant ce que l'individu venait de lui dire et lui dit alors : « Un avocat ? Garder un œil sur moi ? Je croyais que c'était le rôle des gardes du corps. » se moqua-t-elle. Elle soupira. Encore un coup de son père, c'était une certitude. Alysse le contourna en levant les yeux au ciel croisant les bras en tenant son gilet en maille fine contre elle et ajoutant en avançant vers sa boîte aux lettres : « Premièrement, je n'ai besoin de personne, surement pas d'un homme dans votre genre. Deuxièmement, vous direz à mon père que s'il veut commencer à jouer les pères protecteur maintenant c'est un peu tard. Je suis adulte et je sais parfaitement comment gérer ma vie et je n'ai pas besoin d'un larbain qui me colle au train toute la sainte journée. »

Une fois son courrier récupéré elle se tourna vers lui, tenant ses lettres et factures et afficha sur son visage un air défensif. Un sourire faux s'étira sur ses lèvres tandis que d'un geste elle l'invita à s'en aller : « Donc, je vous prie d'aller jouer ailleurs, j'ai autre chose à faire » finit-elle en le contournant de nouveau. Elle avança, faisant un signe de main sans même se retourner vers l'inconnu dont elle n'avait même pas retenu le nom.

 

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Les alcooliques ça me connait. Non pas que j'en suis un, que mon père en était un ou quelque cliché cons comme ça.. Mais j'en ai défendu pas mal. Alors quand M. Harper a fait appel à moi pour garder un oeil sur sa petite fille qui pousse sur l'alcool, j'avais accepté. C'était un peu un boulot de garde du corps mais bon, ça me plaisait pas mal non plus, why not. Puis une fille de mannequin, j'aurais peut-être au moins l'avantage d'avoir une belle femme à protéger. Malgré tout, il m'avait prévenu. Elle est le genre à sortir les griffes, ce qui avait rendu ce contrat encore plus intéressant. Il m'avait parlé de sa fille, de ce gars qui l'avait laissé tomber, etc etc. Toutes des histoires aussi naïves les unes que les autres. Voilà pourquoi je ne suis pas fais pour les vraies histoires, ça me baaarbe. Enfin bref, tant qu'il y avait de l'argent à la clé, ça m'allait. Puis là, c'était pas une petite somme d'argent. C'est quand même un mec à la tête d'une grande agence de mannequinat, donc on peut imaginer combien il peut dépenser pour la protection de sa petite fille adorée et de sa propre fille.

J'étais donc devant chez elle quand elle ouvrait la porte et évidemment ce que j'avais prédis arriva.. Elle tentait de m'envoyer boulet. Sa ténacité et son mauvais caractère me firent sourire du début à la fin de son petit speech sur le fait qu'elle soit assez grande pour se débrouiller seule et que normalement ce n'était pas à un avocat de le faire, que son père se mettait trop tard pour la protéger blablabla un speech de meuf quoi. Enfin ça me faisait rire car c'est exactement comme ça que je l'avais imaginé quand son père me l'avait peinte. Je la laissais donc dire ce qu'elle avait à dire et me dire de déguarpir évidemment. Elle avait son courrier à la main et il va sans dire que j'avais remarqué la petite odeur qui émanait d'elle. J'attendais qu'elle soit à sa porte sans me regarder pour bloquer cette dernière. bon écoute milady j'suis pas vraiment là pour jouer, en effet. on m'a engagé pour te protéger et je vais le faire parce que ton père le souhaite que tu soit ok ou non. on va pas se mentir de toi à moi c'est évidemment pour protéger l'image de sa précieuse entreprise. mais qu'importe. fis-je en levant les épaules. il ne m'a pas engagé pour être là 24/24h j'ai une vie faut pas rêver mais pour débarquer au bon moment. genre quand la petite alysse a une haleine qui sent... attends laisse moi deviner. le vin? fis-je en la regardant maintenant dans les yeux. je pense en effet que tu en as besoin et si je le fais c'est pas pour toi alors t'as pas vraiment ton mot à dire. t'es pas tombé sur le plus débile des avocats. Je te le répète : Tremblay, ça te dit rien du tout? fis-je alors. Mon nom était connu mondialement. J'étais un avocat tenace et connu pour toutes ses victoires. ton père a pas choisi sans réfléchir. le meilleur pour la meilleure, à ses yeux. je re-considérais toute cette histoire si j'étais toi. ce sera encore plus chiant et long si tu refuses. lui fis-je alors. dooonc reprenons au début. où est cette bouteille de vin? fis-je en entrant alors chez elle sans lui demander la permission.

 

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Alysse aurait aimé qu'il s'en aille sans faire d'histoire. Mais ces hommes ne supportait pas qu'on leur résiste. Lorsqu'elle arriva à sa porte, l'individu lui bloqua la passage et se mit à lui parler sans qu'elle ne lui ai signifié qu'il pouvait l'intéresser. Il vint lui confirmer que son père était bien derrière tout ça et de plus lui précisa qu'il n'allait pas être avec H24... ce à quoi elle leva les yeux au ciel. Il était évident qu'elle se doutait qu'il avait probablement autre chose à faire de son temps libre. Comme quoi il n'avait apparemment aucune notion du sarcasme. Elle releva son regard vers lui, croisant les bras de nouveau et l'écoute alors. Lorsqu'il s'approcha d'elle pour sentir son haleine et qu'il remarqua l'odeur de vin elle ne réagit même pas. Il continua sans qu'elle ne puisse l'arrêter lorsqu'il répéta son nom. Oui elle connaissait sa réputation.. mais elle avait par le passé connu un avocat renommé elle aussi. Wane.. se souvenir vint lui tirailler les entrailles et la tristesse et la rancune s'empara d'elle. Son regard s'assombrit de nouveau, se perdant dans les images de son passé.

Mais alors qu'elle semblait se ressaisir près à l'envoyer promener, ce dernier s'avança chez elle sans qu'elle ne l'y invite : « Hey !! » s'exclama-t-elle en passant la porte, claquant celle-ci derrière elle. Elle le rattrapa jusqu'au salon et lui barra le passage, se plantant juste devant lui, plus en colère cette fois-ci : « Ce n'est pas parce que vous êtes une putain de célébrité dans votre domaine que je dis m'incliner sans rien dire. J'en ai rien à foutre de ce qu'on mon géniteur vous file comme pognon pour ce contrat et enfin vous êtes chez moi ici ! Ma maison ! Donc vous allez me faire le plaisir de dégager ou j'appelle les flics !! » elle resta posté là, devant lui, sans ciller avant de continuer : « Et si vous étiez amateur de vin, sachez que même après deux verres on peut avoir l'haleine parfumé et je suis tout à fait en droit de boire tranquillement chez moi, autant que je veux si j'ai envie de me détendre. Je suis une mère et comme je ne pense pas que vous ayez une petite famille chez vous pour venir m'emmerder de la sorte, sachez que c'est crevant d'élevé une petite fille toute seule ! Donc si j'ai ENVIE de me siffler une bouteille de vin chez moi je le fais !! Maintenant dégage de chez moi ! » s'exclama-t-elle en tendant le bras vers la sortie.

 

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Alors là le père m'avait tout dit mais pas ça. Aie aie aie en plus de ça elle a des couilles la demoiselle, un vrai cran. Je la poussais à bout et elle ne flanchissait pas, j'adorais ça. En réalité, je m'amusais bien à être autant payé ce soir. J'étais venu pour surveiller la fille d'un grand nom du mannequinat en espérant ne pas trop faire babysitter et je me retrouvais devant une femme avec de la niaque et canon en plus de ça. Je savais que j'allais bien me marrer et je n'hésitais pas à insister sur la situation qui l'énervait bien, même à entrer chez elle sans qu'elle m'y invite. Bon je sais que je suis relou dans mon genre. J'aime bien faire chier les gens, surtout quand je le fais exprès. J'suis du genre à pousser les gens à bout pour prouver un truc plus tard, du genre à manipuler à des fins carrément égoïstes, du genre à ne pas voir plus loin que le bout de mon nez. Mais bon, c'est ce qui fait mon charme et qui me permets en plus de garder un oeil sur le fait qu'au final, personne ne connaît rien de moi où que je passe.
Bref, tout ça pour dire que je n'allais pas lâcher la jeune Alysse qui sortait carrément de ses gonds alors que je l'attaquais clairement sans passer par des pincettes ou des raccourcis. A peine avais-je passé le pas de sa porte qu'elle me hurlait dessus, en me menaçant d'appeler les flics tout en se défendant de ce que je lui avais fais remarqué sur l'alcool. Elle avait la niaque et elle ne se laissait pas faire, ce qui me fit encore plus l'envie de jouer à fond mon rôle. Je me remerciais mille fois d'avoir accepté ce contrat un peu inédit. bon ça sert à rien de me hurler dessus, à part rameuter tout le voisinage. fis-je alors en me retournant vers elle, faisant un signe de la main comme pour dire de baisser le son. j'adore votre niaque Melle Harper mais je vous rappelle que j'ai un contrat avec votre père, m'autorisant à être chez vous et en votre compagnie signé de sa main et de la mienne. Malheureusement le sang vous lie, en dépit de ma réputation qui en plus aurait déjà réglé la situation. Les flics ne vous auraient jamais crus. lui fis-je alors avec un petit air de comme si c'était évident. c'est drôle quand même de comment passer des petits airs de madamejesaistout avec deux verres de vin et passer à la justification d'une bouteille entière. il se passe donc bien quelque chose par ici. décodais-je alors en mettant mes mains dans les poches. c'est élever votre fille toute seul qui vous fait faire ça? Non regardez vous vous êtes forte là vous virez un mec intrusif de chez vous et vous êtres presque convaincante! Non y'a plus que ça... Vous pouvez en parler avec un inconnu j'ferais aussi office de psy... de toute façon on a pas mieux à faire alors on se calme. j'paye le dîner avec le fric de votre père? j'vous ai dis qu'au plus vous m'empêchez d'être là au pire ce serait... alors non pas que votre ténacité ne m'amuse je la trouve extraordinaire mais j'voudrais pas qu'on se fatigue pour rien. fis-je alors en levant les mains légèrement en l'air avant de les faire retomber. Oui elle avait presque été convaincante. Le truc c'est que pour me faire fléchir, moi, fallait y aller.

 

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A voir la façon dont il regardait la jeune femme, l'avocat semblait être plus amusé par son contrat qu'autre chose. Ce qui eut le don d'énerver davantage Alysse qui venait de terminée sa tirade en indiquant la sortie avec son bras. Il lui indiqua de baisser le ton ceux à quoi elle répondit simplement : « Soit vous êtes idiot, soit aveugle. J'opterais pour les deux. Mais je suis dans une maison en dehors de la ville avec aucun voisin.. donc je peux crier autant que ça me chante » elle ricana un peu, se moquant du manque de sérieux de cet homme qu'elle trouvait insignifiant.. comme la plupart des hommes aujourd'hui. Pour elle, ils n'étaient bon qu'à faire le mal autour d'eux.. et à part ces quelques rares amis masculins, Alysse ne se laisserait plus jamais approcher par ce genre de phénomène qui devait avoir probablement un tableau de chasse plus grand que l'ensemble de la superficie des États Unies.

Lorsqu'il parla des liens du sang et de toutes ces conneries, Alysse le regarda comme s'il sortait d'un asile... depuis quand le fait qu'elle soit la fille de son père pouvait permettre à ce con de rentrer chez elle sans permission. Dans ce cas-là elle aurait pu devenir le repère de toutes ces pétasses que son père avait sûrement mit en cloque par le passé : « Dans ce cas je vous prépare la chambre d'amis et je dois cessé de discuter c'est ça ? Vous êtes ridicule mon pauvre. Ri-di-cu-le ! » Mais elle se tue lorsqu'il continua. Son visage se déformant alors.. qu'il arrête. Elle ne se rendait pas compte en effet que son discours n'était pas cohérent mais ce fut la suite de son discours qui lui fit perdre sa langue. Son cœur se mit à battre fort dans sa poitrine. Sa tête se mit à lui tourner un peu. Il l'analysait.. elle avait horreur de ça. Qu'il sorte de sa tête. Il n'avait pas à faire ça : « La ferme... » commença-t-elle pendant qu'il cherchait à gratter sous la surface. Elle serra les poings, fort.. très fort.

Son regard qui était dirigé vers le sol se releva vers lui qui l'a regarder. Faire le psy pour elle.. c'était une blague ? Il l'invitait à dîner maintenant ? Il se moquait d'elle. Admirant faussement son caractère afin de la caresser dans le sens du poil mais Alysse ne se laissait pas avoir si facilement. Surtout qu'il avait essayer de gratter la surface. Si bien que ce qu'elle avait tenté d'enfouir avec l'alcool venait de refaire surface. La douleur. La rancoeur. La solitude. L'abandon... Elle ne supportait plus tous ces sentiments qu'elle avait toujours ressenti... Lorsque tout allait bien dans sa vie.. elle se retrouvait chaque fois anéantie. Et cet homme en face d'elle. Cet enfoiré.. Il n'était pas là pour la surveillé.. si elle le laissait entrée dans sa vie. Il allait faire ce qu'il venait de faire. Encore et encore... et encore. Alors qu'elle le regardait.. la haine augmentait. Ses poings serrés tremblait presque et ses yeux devinrent humides.

Elle craqua. Sa main vint gifler la joue de l'avocat. Elle commença à le pousser en frappant son torse. En direction de la porte de sortie.. Même si sa force de mouche n'y faisais pas grand chose et qu'il faisais facilement une tête et demi de plus qu'elle. Elle s'exclama alors : « Dégagez !! Sortez de chez moi !! Vous ne savez rien de moi ! Rien du tout !!! » Elle voulait juste qu'il s'en aille. Qu'il parte vite ; « J'ai pas besoin de vous !! Parte partez !!! Partez !! » elle frappait son torse de ses petits poings, des larmes venant couler sur ses joues. Elle ne voulait pas de ça. Elle voulait rester seule avec ses bouteilles et oublier ce que voir un homme lui rappelait. Ce qu'entendre ce genre de chose provoquait chez elle. Elle ne laisserait plus personne s’immiscer dans sa tête. Elle se le refusait.

 

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Elle jouait sur les mots, elle me fatiguait. Je levais les yeux au ciel quand elle me rappelait qu'elle vivait dans un milieu plus éloigné de la ville. C'était une expression avais-je envie de lui répondre mais je ne soulignais pas. Je continuais mon petit jeu pour la cerner. Son père m'avait demandé de la surveiller et j'étais sûr qu'il y avait de bonnes raisons. Mais j'étais aussi sûr qu'elle avait ses raisons. Tant qu'à devoir être là et être payé pour ça, j'aimerais bien tout savoir. Du coup je lui rappelais son haleine, la bouteille vide... Je soulignais tout en entrant chez elle sans avoir été invité. Le mec insupportable en fait. Elle avait beau me hurler de sortir de chez elle je n'en faisais qu'à ma tête. J'avais un contrat et je n'avais rien fais qui coûterait à sa vie donc je ne risquais rien je le savais bien. Puis sous l'alcool, j'aurais pu faire croire n'importe quoi au flic. Bref, je savais que je ne risquais rien ce soir.

Je lui énumérais toutes les choses que je pensais d'elle sans réfléchir, ce qui me venait. Je lui disait que de toute façon nous n'avions rien de mieux à faire puisque j'étais forcé de la surveiller en cette fin de journée. J'avais bien fais, vu cette bouteille de vin. Le père ne m'avait pas envoyé pour rien, c'était sûr. Pour lui c'était peut-être pour son entreprise mais je sentais que cette jeune femme avait besoin de quelqu'un. Pourtant, je l'imaginais avec pas mal d'amis et elle m'avait l'air seule. Qui se boit une bouteille de vin sans une bonne copine, un film pourrie et un macdo froid? Quand même. Il y avait de quoi se poser des questions. Evidemment ce n'est pas ce que je soulevais-là mais plutôt son alcoolémie, son caractère de cochon. Autant l'énerver, voir ses limites. J'avais vu tout de suite alors qu'elle me hurlait de sortir qu'elle avait du cran. J'adorais ça. Je continuais donc alors qu'elle me disait de me taire. Elle allait craquer, c'était sûr. Bientôt j'me prendrais un coup ou un truc du genre. Cela ne loupait pas, je me prenais une jolie baffe dans la tronche. Bon, elle n'a pas la force la plus extraordinaire du monde mais ça restait une gifle. Après ça elle me repoussait, physiquement, en me hurlant de partir. Elle était plus en colère, mais triste. Je regardais son visage entre les coups et elle pleurait. Sa voix flanchait, sa force diminuait, elle se laissait aller. Je devins un tout autre Ugo, la retenant de tomber sous le choc. hey hey calmez vous j'arrête promis je stoppe fis-je en la tenant doucement, un geste là attentionné. dites moi qui appeler. un ami, de la famille, j'en sais rien. vous ne pouvez pas rester comme ça. lui soufflais-je alors. Je ne voulais plus être le mec qui venait s'incruster chez elle parce que son père m'avait payé pour le faire. Je voulais être un gars qui croisait une femme désespérée et que je voulais aider. j'vous promets de partir si je suis sûr que quelqu'un va venir je sais pas moi partager un paquet de chips devant un film avec vous.. vous changer les idées. lui soufflais-je alors doucement. C'était délicat. Votre père voit peut-être l'avenir de l'entreprise mais ce que je vois moi c'est une jeune femme qui souffre et qui a besoin de quelqu'un, croyez-moi. lui fis-je alors tout à fait sincèrement. Elle m'enverrait sûrement chier, tant pis. Je disais ce que j'avais sur le coeur, c'était ce qui m'importait.

 

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Elle craquait. Alysse craquait tout simplement. Cet homme venait d'arriver dans sa vie sans prévenir et se permettait de la juger et d'essayer de gratter sous la surface. Elle qui faisait tout pour qu'on ne s’immisce pas dans son esprit, son passé.. elle qui s'était forgée une carapace. Elle n'avait rien demandé à personne. Les personnes qu'elle voyait au quotidien ne savaient pas ce qu'elle était devenue. Alysse faisait toujours bonne figure et se permettait d'être aussi misérable que lorsqu'elle se retrouvait seule.. et elle ne s'attendait pas à être prise par surprise de la sorte. Cet homme s'était permis d'essayer de la faire sortir de ses retranchements et il y arrivait parfaitement. Sous l'emprise de l'alcool, fatiguée après une nuit pleine de cauchemars et sur les nerfs, elle ne mit pas longtemps avant de piquer une crise. La gifle ne lui avait fait aucun bien.. elle défoula sur le torse de l'avocat, les larmes coulant malgré elle sur ses joues tandis qu'elle essayait de le faire reculer vers la sortie.

Mais sa réaction fut tout autre. Il s'adoucit et retint ses mains pour qu'elle se calme. Se débattant elle ne l'écouta qu'à peine avant qu'il ne lui demande si elle ne pouvait pas appeler quelqu'un, n'importe qui.. afin de ne pas se retrouver seule. Il lui promit de partir mais elle ne voulait personne. Rien : « Vous ne comprenez pas. Je n'ai besoin de personne. Je ne veux voir personne ! » ajouta-t-elle en reniflant, reculant d'un pas sans qu'il ne la lâche pour autant. Elle secoua la tête, alors qu'il lui dit qu'il ne voyait là qu'une femme ayant besoin de quelqu'un. Elle fit non de la tête, vivement, essayant encore de reprendre ses esprits mais les vannes étaient ouverte : « Non ! Je n'ai besoin de personne. Je suis parfaitement bien sans personne. Laissez moi... s'il vous plait laissez moi.. » finit-elle sur un ton plus plaintif.

Alysse baissa la tête. Son cœur battait fort dans sa poitrine, sa tête lui tournait. La souffrance revenait. Tout revenait si rapidement.. ce n'était que temporaire : « Les gens ne sont bon qu'à partir. Faire souffrir. Mentir. Trahir. Blesser.. » elle releva son visage, la rancoeur, la haine et le désespoir de son passé tumultueux se lisant dans ses yeux rouges. Elle était si ridicule avec ses cheveux mal coiffés, sa tenue peu soignés et son visage non maquillé.. Mais elle se fichait de ça.. plus elle serait laide... Plus on lui ficherait la paix. Elle serra les dents en continuant de lui parler : « Et vous êtes pareil vous ! Vous dites que vous devez jeter un œil sur moi. Mais vous ne serez bon qu'à m'emmerder, me faire me sentir mal. Je ne veux pas de vous ici. Je ne veux personne dans ma vie. Plus personne. Vous n'êtes pas une exception. Vous n'êtes pas un cas à part. Vous aussi je suis sûr que vous êtes de ceux qui ont briser des cœurs. Fait du mal. Trahis. Vous êtes peut-être un putain d'avocat célèbre.. Mais vous êtes à mes yeux comme tous ces mecs. Un connard. Un salop.. et vous regardez ne fait qu'accroître mon dégoût pour la gente masculine. » Elle parlait comme à un fantôme.. dans le vide.

S'adressait-elle réellement à lui ?? Où aux fantômes de son passé ? William... ? Son violeur... ? James... ? Charlie... ? Wane... ? Son père... ? Ils étaient tous à la même échelle... tous les hommes. Alysse recula d'un pas, croisant les bras et baissa son regard vers le sol, sur la gauche. Elle ne voulait plus le voir, elle voulait que cet homme s'en aille. Elle voulait caresser son amie la bouteille et se délecter de la brûlure de son liquide. Ce liquide qui lui faisait oublier tout... pour qu'elle puisse devenir un fantôme elle aussi.

 

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OK, là, elle me fendait le coeur. Elle le prenait comme ça et elle l'arrachait en deux sans le vouloir. Je savais qu'elle avait quelque chose de caché derrière tout ça, c'était ça que je voulais faire sortir mais jamais j'aurais pensé que ce serait si triste. Elle se mettait à pleurer, à chaudes larmes, en me hurlant de m'en aller. Evidemment, je n'allais pas continuer à la lancer sur des sujets qui fâchent maintenant qu'elle était arrivée à ce stade. J'avoue ne pas avoir été tendre avec elle mais c'était dans un but précis. Je ne suis pas cruel non plus. Je devenais tout à coup super attentif et voulais qu'elle ne soit pas seule, puisqu'elle m'envoyait bouler. Limite, je resterais. Bon, elle devait être bien perturbée par mon revirement de situation. Jusque là j'étais resté l'avocat au service de son boss temporaire mais là je ne pouvais pas. Je n'allais pas continuer à lui faire la morale et à lui dire quoi faire.

Elle finissait par me dire ce qui la torturait ainsi sous les larmes. Elle n'avait besoin de personne, elle me le répétait encore et encore. Sauf que j'étais persuadé du contraire. Je ne voulais pas la laisser comme ça, seule. Qui pourrait voir s'il lui arrivait quelque chose? Même si c'était juste trébuché et tomber sur la tête avec l'alcool dans le sang, je m'imaginais tout et n'importe quoi. Je gardais les sourcils arqués, signe d'inquiétude. Je voulais quand même savoir pourquoi elle était ainsi, pourquoi s'enfermait-elle seule avec l'alcool. Ce n'était pas un comportement normal, après tout. Si son père m'avait demandé ça c'était pour une raison véritable, tout de même. Je savais bien qu'il le faisait à des fins égoïstes, non juste envers sa fille, j'étais d'accord avec ça mais normalement en tant que patron j'aurais pas dû dire ce que j'allais dire par la suite.. Elle commençait alors à m'énumérer sans le vouloir ce que je voulais savoir : la raison du pourquoi. Elle me disait qu'elle trouvait que les gens étaient horribles, qu'ils trahissent, abandonnent. Mais elle continuait en spécifiant plus la gente masculine, en m'incluant dedans évidemment. Elle disait que je ne garderais un oeil sur elle que pour lui faire du mal. Elle me disait comme tous ces mecs, des monstres, malgré ma réputation. Je la tenais toujours par peur qu'elle ne tombe dans cet état, j'étais inquiet, vraiment inquiet. On me disait souvent que j'étais un connard, j'avais l'habitude et heureusement pour elle. Je ne prenais donc pas une seconde mal ce qu'elle venait de me dire. Ecoutez je vais être honnête avec vous même si vous pensez que les mecs en sont incapables... je voulais juste comprendre pourquoi et comment un père pouvait en arriver à penser d'abord à son entreprise avant sa fille. C'est un connard, ça c'est évident. lui avouais-je alors sans attendre. Il fallait qu'elle sache que je savais. Que je ne l'avais pas dis sous ce contrat mais, je n'étais pas du genre à ne pas franchir les lignes. je ne sais pas ce qui a bien pu vous arriver pour que vous en soyez à penser tout ça... mais si je jette un oeil sur vous ce n'est pas pour vous rabaisser mais pour vous aider. Une jeune femme comme vous ne mérite pas cette vie-là. Etre seule avec une bouteille de vin... Je préfère encore que quelqu'un vous accompagne, même si c'est moi et que jfinis à dormir sous votre porche j'm'en fou j'le ferais. J'suis pas là pour vous faire du mal. Calmez vous... fis-je alors. Je changeais carrément d'attitude c'est clair mais faut dire que je n'étais moi qu'à partir de ce moment-là. faites moi promettre un tas de trucs rester à vingt mètres partir à 00:00 pile j'en sais rien je le ferais. Mais je vous laisserais pas seule, je suis désolé. Tapez-moi jusqu'à épuisement, au pire, je me laisse faire pour toutes les personnes qui vous ont blessé alors que vous ne le méritiez pas une seule seconde. S'il vous plaît... lui fis-je alors. Je voulais qu'elle se calme, que je la soulage, qu'elle soit avec quelqu'un. Je la regardais avec sincérité et calme. Là ça me tenait à coeur et quand Ugo protecteur était là c'était pas pour du semblant, quelque soit la relation que j'entretenais ou pas, parce que je ne la connaissais pas vraiment, mais là c'était juste d'humain à humain. Rien d'autre.

 

ALYSSE & UGO

Alysse n'avait pas craqué.. elle n'avait pas craqué jusqu'alors. L'arrivé de ce parfait inconnu n'était pas prévu. Elle n'avait pas prévu qu'on vienne la déranger dans un moment de faiblesse comme celui-ci. Jusqu'alors, la jeune femme était resté froide, distante et même agressive.. mais elle finit par craquer le frappant presque. Alors qu'il la maintenait, il lui sortit un discours qu'elle écouta avec un regard grand ouvert, presque sous le choc. Chacune de ses paroles lui vinrent en pleine face comme un poignard.. comme une claque vers sa réalité qu'elle tendait toujours de fuir. Mais elle ne voulait pas entendre ça... enfin si.. c'était ce qu'elle voulait entendre. Mais elle ne pouvait plus. Elle ne pouvait plus croire en ces belles paroles.. en ces professions de foie.. en ces promesses que personnes ne tenait jamais. Alysse ne voulait plus faire confiance.. elle n'en avait plus la force ni la patience. Elle n'y arrivait plus. Mais elle savait qu'il suffisait d'un pas.. qu'elle n'avait qu'à avoir qu'un instant de faiblesse pour de nouveau se retrouver prise dans ces travers et ses erreurs passés.

Elle avait gardé ses points fermés sur son torse lorsqu'il finit par lui dire qu'elle pouvait le frapper pour toutes ces personnes qui l'avait blessée sans qu'elle ne l'ai mérité. Ce à quoi elle se mit à ricaner de façon sarcastique. Elle remonta son visage plein de larme vers lui et plongea son regard bleu vert dans le sien. Un mélange de profond désespoir et de haine se mêlaient à ses couleurs : « qui vous dit que je ne le méritais pas ? » elle marqua alors une pause : « Qui vous dis que je suis quelqu'un de bien ? Peut-être ai-je mérité tout ce qui m'est arrivé dans ma vie ? Me faire battre.. me faire droguer... me faire retirer mon bébé par mon propre père... me faire violer... me faire briser le cœur par le seul homme que j'ai aimé... rencontrer un autre autre... me refaire abandonné.. retomber amoureuse.. d'un psychopathe.. tomber enceinte.. faire une fausse couche... peut-être que j'ai mérité tout ça ? Peut-être que je suis juste qu'une femme horrible qui a tout simplement mérité tout ce qui lui est arrivé. » finit-elle alors qu'elle ne l'avait pas lâcher du regard, ne clignant qu'à peine des yeux.

Elle finit par se reculer de lui, le laissant la lâcher et essuya son visage de ses mains : « Restez si vous voulez.. Après tout je m'en fiche. Mais pour ce qui est de ne pas rester seule.. je vois pas en quoi je peux faire grand chose. Je vois plus personne et c'est très bien comme ça. J'ai ma fille à récupérer à 20h30. Donc si vous voulez rester pour ''faire votre boulot'', que les choses soit clair » elle s'approcha de nouveau, le doigt tendu vers lui : « Vous êtes un cousin. Pas un collègue. Pas un avocat. Pas un garde du corp. Pas un ami. Un cousin. » elle soupira : « Le dernier homme que j'ai présenté à ma fille comme étant un ami.. s'est avérer catastrophique au final. Donc.. voilà. Et... je veux pas vous entendre. Je veux pas non plus entendre de petite blague de mec à la con. Vous êtes là et basta.. puis ensuite.. vous rentrez faire votre rapport à mon père, vous lui dites que tout va bien.. et je vous revois plus. » elle soupira de nouveau et se détourna, avant de prendre la bouteille sur la table basse, se resservant un verre : « Je ne bois jamais trop quand je dois allez cherché ma fille le soir. Donc laissez-moi finir ma bouteille. » finit-elle sèchement en portant le verre à ses lèvres.