ALYSSE & UGO

Ce qu'elle venait de te lâcher était trop gros, trop intense. Tu la regardais comme si toi-même tu avais perdu une partie de ton âme. Elle te faisait mal au coeur, en deux secondes. Elle te hurlait dessus et voulait que tu partes mais au delà de ce que tu avais promis au père - tu te refusais cela. Tu ne pouvais pas la laisser ainsi. C'était une parfaite inconnue, peut-être, mais en tant qu'avocat aider les inconnus ça te connaissait pas mal. Tu avais envie de la connaître, envie de savoir pourquoi son père la traitait ainsi, pourquoi elle en était arrivé là. Une si belle femme ne méritait pas une vie pareille. Et puis elle finit par te le dire, pourquoi. Elle soutenait ton regard en lançant ces paroles affreuses. Tu fronçais les sourcils, l'écoutant attentivement. Tu comprenais mieux, maintenant. Elle avait vécu des choses... inhumaines. Personne ne méritait de vivre ainsi. Tu avalais fortement. Tu avais l'impression d'avoir une boule énorme dans le bide. Cette histoire te foutait mal. Elle disait le mériter, peut-être, mais c'était impossible. Tu restais silencieux un petit moment. Etrange, vu l'échange que vous aviez eu jusqu'alors. Elle finissait par accepter que tu restes. Mais elle posait des termes. Elle commençait par te dire qu'elle ne voyait plus personne donc que rester seule elle y pouvait pas grand chose. Puis elle te disait que tu devais te présenter à la petite comme un cousin, rien d'autre. Elle t'apprenait que la petite aussi souffrait assez des allers et venues, et tu comprenais. Tu n'avais pas d'enfants et n'avais jamais été proche d'en avoir mais c'était tout de même quelque chose que tu pouvais assimiler. Tu faisais juste un signe de tête pour faire comprendre que c'était ok. Même si la partie sur le fait qu'elle ne voulait plus te revoir te faisait tilte. M'enfin ça, ça verrait plus tard. Elle devait récupérer la petite un peu plus tard, ce qui laissait un temps de revenir sur les paroles de tantôt, sur lesquelles tu ne pouvais pas passer à côté. Elle concluait en disant qu'elle ne buvait jamais beaucoup avant d'avoir sa fille et demandait de finir sa bouteille. « Une bouteille c'est quand même pas mal. Partagez, au moins. » dis tu en sous-entendant qu'on pouvait partager un verre ensemble. Tu attendais son approbation. Pourtant, quelques pensées te hantaient l'esprit. « Vous n'avez aucun ami? Ou alors vous vous êtes éloignés d'eux parce que vous pensez ne rien mériter? Comment peut-on arriver à un point pareil? » tu souffles un instant. Tu ne savais pas si la suite lui plairait, mais tant pis. « Peut-être que tout ce dont vous avez besoin c'est justement d'en parler. Ce n'est pas parce qu'on subit des événements graves, que les autres nous font du mal qu'on le mérite. qu'est-ce que vous auriez bien pu faire pour mériter des choses aussi horribles? » tu lui posais ces questions sans savoir si elle accepterait la discussion. Tu tentais quand même, parce que tu es comme ça. Tu avais envie de la connaître, dans le fond. « Je peux comprendre tout ça, finalement. L'alcool, la haine envers votre père, les hommes en général... J'espère quand même de tout coeur que très vite quelque chose ou quelqu'un vous fera changer cet état d'esprit. Tout ce que vous méritez c'est de sourire, j'en suis certain. » tu ajoutais cela en t'attendant à t'en prendre limite une dans la tronche, mais au moins tu l'avais dis. C'était quelque chose que tu pensais vraiment. Quand on la regarde cette femme n'inspire pas du tout tout cela, au contraire. Tu la voyais bien choyée et adorée d'un homme. Enfin t'en sais rien. En tout cas tu te ferais un plaisir de les faire rôtir ces hommes qui lui ont fait ça, même son père. Tu levais les épaules. « en tout cas il est clair que votre père se donne un genre. un père ne laisse pas arriver de choses pareilles à sa fille, enfin je suppose. » toi en tout cas si tu avais une fille tu serais hyper protecteur. tu imaginais que tous les pères étaient pareils mais, visiblement non. Il a peut-être pris un avocat/garde du corps mais c'était sans doute égoïste.

 

ALYSSE & UGO

Alysse s'était résilié. Cet avocat pouvait rester le temps qu'elle trouve un autre moyen de s'en débarasser. Lorsqu'elle prit la bouteille, elle lui servit un verre en levant les yeux au ciel lorsqu'il proposa de partager. Elle remplie ensuite le sien afin de le prendre et de le porter à ses lèvres. De là, elle posa ses fesses sur son canapé en levant alors les yeux vers son interlocuteur qui se trouvait l'âme d'un psychologue. Il semblait avoir pas mal de question. Les yeux de la belle était encore mouillés de gris lui donnant une mine affreuse.. son maquillage de la veille n'étant pas retiré. Il lui demanda alors comment en était-elle arrivé à se retrouver seule, si elle n'avait personne ou bien si elle s'était simplement éloignés : « quand je dis que je vois plus personne.. c'est pas vraiment le cas. J'ai bien sûr quelques amis.. de vrais amis. Même si certains ce sont beaucoup éloignés et que j'évite de leur infliger ma pauvre existence. » elle pouffa de façon ironique : « donc je crois bien que vous pouvez en conclure que c'est moi qui dégage tout le monde de ma vie. Même si j'aime mon entourage.. ils ont autre chose à faire que de s'occuper d'une pauvre fille en dépression » Il l'a fixa. Il lui indiqua d'un air je m'en foutiste de prendre le fauteuil à sa droite : « vous allez me flanquer un torticolis » Puis, il continua son analyse, ce à quoi elle leva les yeux au ciel... soupirant. Elle prit une nouvelle gorgée de son verre et se pencha vers lui :

« J'ai totalement conscience de pas être responsable des conneries qui me sont arrivés. Je sais que c'est pas ma faute. Ma seule faute fut d'être trop bonne trop conne.. pas assez méfiante. Vous voyez y a un truc que j'avais autrefois... ce truc qui m'a fait être trop gentille, trop confiante.. ce truc vous savez ce que c'est ? » elle s'avança et dit alors à mi-voix : « l'espoir. » elle se recula en riant de façon sarcastique : « Cette merde qui me laissait croire qu'il y avait vraiment du bon chez les gens qui m'ont fait du mal. J'avais toujours ce petit espoir de merde.. que PEUT-ETRE je pouvais les sauvers.. mais je vais vous dire un autre secret » elle se pencha de nouveau : « On ne peut pas sauver la vermine » elle finit alors son verre cul sec et le posa sur la table basse. Ugo prit un temps de pause avant de reprendre la parole. Il dit alors comprendre dans un sens son alcoolisme ponctuel.. ce à quoi elle sourit ironiquement. Il ajouta ensuite qu'il espérait que quelque chose ou quelqu'un réussisse à la faire sourire de nouveau : « la seule personne qui pourra me faire sourire de nouveau c'est moi-même. Y aura un moment, un déclic.. qui viendra de moi et de personne. Je compte pas rester une épave comme ça pour le restant de ma vie. C'est une passade. J'ai besoin de ça pour remonter ensuite.. vous pouvez pas comprendre. Vous êtes un mec après tout » il rebondit sur son père et elle soupira : « Mon père... est un connard. Il avait une double vie. Avec une autre famille.. d'autres enfants. Alors qu'à Seattle, j'avais plus de mère et que moi pour m'éduquer.. lui il était pas là. Donc ouai... vous supposez bien. On ne fait pas ça à son enfant. »

Elle prit sur le table basse un paquet de cigarette et en alluma une. Soupirant la fumé et lui tendit le paquet : « Vous en voulez une ? » Puis, reposant le paquet sur la table basse, elle croisa les jambes en le regardant : « Et vous alors ? Au lieu de jouer les super héros ? Vous avez des squelettes dans le placard ? Du drama ? Des cœurs brisés ? Non pas que ça m'intéresse mais si vous continuez votre psychanalyse je risque de succomber à l'envie irrésistible de vous scotcher la bouche.. » elle prit une nouvelle bouffée de cigarette et souffla sur le visage de l'avocat.