Ugo & Elisha

je suis né pour te faire chier

Comme chaque soir, je m'offrais une petite sortie sympa. J'avais eu une bonne journée de travail, satisfaisante. Je repensais comme souvent à quand j'avais commencé, mes stages à New York, mes différents bureaux et comment ils ont chacun évolués l'un après l'autre. Je pensais à la réputation que je m'étais construit et combien j'en étais fier. Oui certains parleraient de leur famille, petite amie, enfant, chien, voiture même. Je parle de ma carrière. C'est toute ma vie, c'est à travers elle que se jouent mes faits et gestes quotidiens. Je n'ai pas ce que les autres appellent une "vie privée" en dehors du boulot. Je déteste ce concept, d'ailleurs. Selon moi, tout est connecté. La vie professionnelle c'est la vie privée. Les gens qui font la différence n'aiment juste pas leur travail et voient ça comme un corvée. Arrêtez de vous plaindre et claquez tout pour enfin faire ce qui vous plaît, non? Je déteste ceux qui se plaignent de ça. Je sais que je mène la vie que j'avais envie de mener et que j'en suis fier. J'ai commencé au plus bas, mais toujours avec les plus grands. Il faudrait que j'envoie un mail en direction de New York, tiens, prendre des nouvelles. C'était la seule accroche que j'avais. J'étais passé par un tas de villes mais jamais je n'avais creusé de point d'attache. Même pas au Canada, mon pays natal.

Bref, j'avais changé de costume pour un truc plus relax mais toujours hyper classe et je me promenais dans le quartier culturel de Miami. Oui, ce soir j'avais envie de m'instruire. Une pièce de théâtre, un film d'auteur, un opéra ou alors... une exposition. Parker lisais-je sur l'affiche face à moi. Je me tenais devant cette galerie d'art quand je faisais le lien. Un sourire s'affichait sur mon visage. Quelle drôle de coïncidence. Cette ville regorge vraiment de surprises en tous genres. Justement quand je pensais à sa mère, je tombais sur sa fille. Je tournais la tête pour voir la galerie bien éclairée et bondée, d'ailleurs. Parfait. Je décidais sans réfléchir une seconde de plus d'entrer. Un verre me fit offert par un serveur à la seconde où je posais le regard sur l'endroit. merci bien lui fis-je alors en levant le verre à ma bouche. Je souriais à quelques femmes qui se tournaient vers moi. Je levais mon verre vers quelques unes, même, tout en commençant à me balader parmi les toiles. Cela faisait un bail que je n'avais pas vu Elisha. Il fallait qu'on se retrouve ici. Enfin... faut dire qu'on s'est jamais beaucoup aimé... Et c'est exactement la raison pour laquelle j'étais entré. La faire chier. M'amuser. Je m'arrêtais près d'une toile, où une jeune femme était déjà. Vu comment elle se tenait, ça lui parlait. vous connaissez cette artiste? lui demandais-je alors qu'elle posait le regard sur moi et que son sourire me confirmait que je pouvais engager la conversation. Je regardais autour de moi. Je finissais enfin par la reconnaître, devant une de ses oeuvres, deux ou trois après la mienne, parlant avec des visiteurs. Le sourire aux lèvres, je m'arrêtais pour la regarder de loin, attendant qu'elle sente mon regard. Quand elle le fit, je lui lançais un clin d'oeil en levant mon verre vers elle, un grand sourire aux lèvres. Et c'est parti pour le show.

Ugo & Elisha

je suis né pour te faire chier

Je marche nerveusement à travers la pièce soigneusement rangée, m'assurant que tout est prêt à recevoir ces différents invités que j'ai décidé de convier. Je mets beaucoup d'énergie dans cette galerie, et je n'ai clairement pas envie que ce projet échoue. Alors j'ai mis une fois de plus les chances de mon côtés en envoyant quelques invitations, à des gens renommés, riches, ayant pour passion l'art tel qu'il soit, et ma galerie sera donc le lieu propice pour provoquer de belles ventes -espérons-le - . Je porte une magnifique robe noire qui vient définir ma silhouette avec élégance et naturelle, mes cheveux détachés retombent sur mes épaules dans de parfaites boucles alors que le tintement de la cloche m'annonce une première arrivée...

La soirée se déroule encore mieux que ce que j'avais prévu, et je le constate à plusieurs reprises en voyant Candice, mon assistante remplir un bon de commande à l'entrée de la galerie. J'ai ce sourire radieux sur le visage, et je parviens même à me détendre auprès de certains invités, prenant le temps d'échanger avec eux, d'un point de vu professionnel au personnel parfois. La moitié des œuvres qui sont exposées ici proviennent de différents artistes de la ville en recherche de reconnaissance, mais l'autre partie propose pas mal de mes photographies, ainsi que quelques œuvres d'arts que j'avais jusqu'à présent gardé au placard. Je suis en pleine discussion avec Richard et sa femme, que j'ai eu la chance de rencontrer il y a plus d'un an grâce à mon poste de barmaid, et il ne cesse de faire d'éloge me concernant ce soir, parvenant presque à me mettre mal à l'aise face à cet amas de compliment pas toujours mérité. "Je ne fais que mon travail Richard" affirmais-je afin de remettre les choses dans leur contexte. Il se tourne vers sa femme, plus souriant que jamais. "Et en plus de ça elle est modeste, je te l'avais dis que c'était une perle." Ce moment léger me soulève le coeur alors qu'instinctivement mon regard quitte un instant le vieux couple. Et ce sourire qui ne m'a pas quitté vient pourtant se figer, de façon net, instantané. Mon coeur manque un battement face à ce visage que je ne connais que trop bien. Le sang me monte au visage, j'ai un coup de chaud, alors que mes invités semblent avoir remarqué mon absence. "Tout va bien?" me demande Richard. "Hmm...Oui" parviens à répondre, tentant de reprendre mes esprits avec cette attitude gracieuse et bienveillante. "Je dois aller saluer quelqu'un. Profitez de la soirée....Les petits fours et le champagne sont à disposition" fis-je accompagné d'un clin d'oeil avant de leur tourner le dos. Et il est toujours là, dans ma direction, attendant sagement que je vienne l'attraper probablement. Il me provoque, et sans grande surprise il y arrive. L'ennui c'est que je ne peux même pas me permettre de le dégager de là comme je le souhaite, étant donné le public qui s'y trouve et surtout cette notoriété que je tente de construire. "Vous recherchez quelque chose en particulier?" demandais-je en arrivant à ses côtés, appuyant mes propos par un sourire forcé. J'imagine bien qu'il n'est pas du genre à s'intéresser à l'art, je l'avais déjà compris à l'époque, et il ne m'avait pas fallu longtemps pour imaginer la raison de sa présence ici. Chouette idée de ma mère.... Je descends finalement d'un ton pour une discussion un peu plus privée alors que je me mets face à mon oeuvre. "Je doute que vous trouviez votre bonheur ici...C'est bien trop....raffiné, élégant." Je le jauge de haut en bas, entrant à mon tour dans cette provocation qui nous était si familière déjà à l'époque. Je profite du passage d'un serveur à mes côtés pour prendre une coupe à la volée. J'allais en avoir besoin...

Ugo & Elisha

je suis né pour te faire chier

J'étais entré dans cette galerie en ayant vu le nom sur l'affiche qui proposait une exposition. Le monde était quand même bien ficellé. Je cherchais une sortie culturelle ce soir et je tombais sur LA galerie où je trouverais de la culture ET de l'amusement. Il y avait du beau monde là dedans. Elle ne jouait pas dans la basse cour, et ça me m'étonnait pas. Je l'avais connu à New York, alors que j'étais sous l'aile de personne d'autre que sa mère. On pourrait croire que ça nous aurait rapproché, on était de la même génération, j'étais élève en droit... mais non. Parce qu'Elisha a de gros problèmes relationnels avec sa mère. Par contre avec son père, tout le contraire. Petite fille à papa. C'est comme ça que moi, de mon côté, je n'ai pas essayé que ça aille mieux. On s'est toujours pas mal arraché la gueule. Même aujourd'hui, presque 15 ans plus tard, on recommençait encore et encore.

Ce soir, quand j'entrais et que je la voyais, là bas, de loin. Je commençais les hostilités. Je levais mon verre en sa direction avec un petit sourire et un clin d'oeil qui voulait tout dire. Elle congédia ses petits compagnons pour venir vers moi. Je souriais encore plus en voyant que ma comédie marchait. Elle vint me demandait si je cherchais quelque chose et je levais les yeux au ciel. Même la nana avec qui je parlais tournait les talons, tellement c'était gênant. Je ne répondais même pas. Elle savait très bien que je n'allais rien acheter ici. Puis, elle se lance la tête la première dans l'océan des provocations. Je ris limite à sa phrase. Juste après sa phrase, on nous proposait un nouveau verre et nous en prenions un tous les deux. En me retournant, un de ses invités me saluait. Maître Tremblay, belle surprise de vous croiser ici. Passez une bonne soirée. Juste à temps. Le monde était terriblement bien ficellé, en effet! Je souriais jusqu'aux oreilles en levant mon verre vers ce dernier. C'était sûrement un des invités les plus hauts placés, en plus de ça. excellente soirée M. McAvoy. lui adressais-je alors avant de me retourner vers Elisha et lui faire un regard genre "qu'est-ce que tu disais?". en plus de dix ans on est passés de photographies à... des photographies. que de progrès! je n'avais même pas besoin de faire la bitch comme elle avait fait et de la regarder de haut en bas, c'était pas mon genre. J'étais bien plus subtil qu'elle. Je levais mon verre aux lèvres. j'espère que vous avez gardé l'étiquette sur cette robe fis-je faussement inquiet, sous entendant qu'elle devrait la rendre pour ne pas se faire un énorme trou dans le porte monnaie. Elle a commencé, je la suis dans la danse. Ce serait trop triste que ça se passe autrement.

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Cette soirée devait être mienne, elle devait me permettre de briller, elle devait me permettre de remettre les choses à leur place : C'est ce que j'ai toujours voulu. Je déambule, m'attardant sur certains groupes qui se forment pour expliquer les photos ou encore les artistes qui ont souhaité exposé dans cette galerie qui est mienne. Je ne suis peut être pas assez confiante pour dire que c'est une réussite, mais ça ne se déroule pas si mal j'ai l'impression. Le traiteur a fait des merveilles pour alimenter les convives, les rires et la bonne ambiance sont de mises, et mieux encore, je perçois au loin quelques prises de commande auprès de mon assistante. Tout se passe donc comme je l'ai prévu. A un détail près....Et pas des moindres. Ce visage, ce sourire provocateur sur les lèvres à mon égard, je l'ai vu tellement de fois....Sûrement bien trop à mon goût. Si je parviens à rester imperturbable dans mon travail, j'ai malheureusement peur que les choses ne m'échappent ce soir. Tout se bouscule dans mon esprit, forcée d'expliquer cette présence par une simple présence de ma mère. Il la représente d'une certaine façon. Elle fût longtemps son mentor pour le travail qu'elle tentait de mener en tant qu'avocate, et rapidement le lien s'était tissé entre eux. Il était probablement l'enfant qu'elle avait toujours désiré, celui qui suivrait ces traces et se montrerait irréprochable. Au lieu de ça, elle avait hérité d'une fille rebelle à l'avenir professionnel incertain. C'est peut être la raison première pour laquelle le courant n'avait jamais passé entre Ugo et moi. Mais c'est par la suite sa personnalité envahissante qui m'avait permis de le détester. Un sentiment qu'il partageait probablement, puisque je m'étais appliquée à le dénigrer ouvertement par le passé, l'insultant de "toutou" pour ma mère pendant qu'il m'appeler la capricieuse fille à papa.

Je vais à sa rencontre, suivant ce jeu provocateur comme il venait de l'instaurer. Je tente cependant de mettre de l'eau dans ma vin, je suis bien plus virulente en général, mais ce soir, je me dois de faire un effort, sinon je vais foutre en l'air ma soirée, et il aura gagné. L'un de mes convives le salut alors que je tente de lui sourire. Il avait beau être apprécié de beaucoup de monde, j'étais sûrement l'une des seules à avoir vu clair dans son jeu, il restait un manipulateur arrogant et sans coeur. "en plus de dix ans on est passés de photographies à... des photographies. que de progrès! " je souris, ayant pourtant envie de l'étrangler à mains nues. "J'imagine que c'est toujours mieux que de rester dans l'ombre du grand maître. D'ailleurs, comment va ma mère?" En fait je m'en foutais royalement, je voulais juste l'embêter avec ça. Moins j'en savais d'elle et mieux je m'en portais. "j'espère que vous avez gardé l'étiquette sur cette robe" Je hoche négativement de la tête. "Ne t'en fais pas pour mes dépenses, je m'en sors très bien toute seule..." dis-je avant de tremper mes lèvres. "Alors....Qu'est ce qui t'amène?" demandais-je finalement. Il était forcement là pour une raison.

Ugo & Elisha

je suis né pour te faire chier

J'avais eu l'excellente idée d'entrer dans cette galerie en voyant le nom à l'entrée. J'avais vu l'opportunité de faire ce que j'aime le plus : rappeler aux gens mon influence et surtout leur rappeler que je suis un de leur pires cauchemars. C'était le cas d'Elisha Parker, sans aucun doute. Cette nana qui pleurait dans les jupes de son père pour avoir ci ou ça, pendant que je vouais ma vie à la carrière que je mène aujourd'hui. Elle avait toujours détesté la relation que j'entretenais avec sa chère mère, avocate de renom aussi, qui m'avait prise sous son aile. J'ai toujours pensé que quelque part, comme elle n'avait que zéro relation avec elle, elle devait être un peu jalouse. J'étais un peu le fils qu'elle avait rêvé d'avoir. A la place elle avait cette jeune femme qui prenait une photo et se pensait artiste. Enfin bref. Fatiguant.

Alors je lui envoyais les pires piques. Je lui parlais du prix de sa robe, et surtout du progrès qu'elle avait fait depuis la dernière fois qu'on s'était vu... pas grand chose quoi. Elle ne répliquait pas à la première, sûrement parce qu'elle aurait été trop violente pour son public actuel. Elle ne répondait qu'à son indépendante financière. Cela me fit sourire en coin. Comme d'habitude, elle n'assume pas. Elle n'avait pas vraiment changé. En tout cas, elle n'aurait pas pu m'oublier. Elle me demandait alors ce que je faisais ici, ce qui "m'amenait", il fallait rester politiquement correct. Je faisais mine de réfléchir, mon verre à la main. écoute rien de particulier. je me promenais en ville quand j'ai vu ton nom sur la porte, je n'ai pas résisté. lui fis-je alors en souriant. j'ai un cabinet en ville, c'est tout récent. c'est pas mal comme ville, Miami. Y'a juste des gens inattendus, on vit des choses inédites on va dire. comme là. fis-je en la montrant pour pointer du doigt notre situation avant de lever le verre à mes lèvres. quelle était la probabilité de se recroiser un jour? c'est la magie de miami, ça. je lançais un petit rire. enfin je sais pas si magie c'est le bon mot... vu notre amour l'un pour l'autre, j'hésitais sur le mot en effet.