Le fast-food était devenu depuis quelques semaines son annexe de vie. C'était bien simple, il suivait à la trace l'emploi du temps de Cindy Lopez, son Erin Brockovich à lui. En fait, depuis qu'on lui avait collé son dossier dans les mains à son arrivée ici. Tout cela parce qu'il débarquait de New-York et que rien que par ce simple fait, il était censé être meilleur que les autres. Mais jusqu'à présent, il était encore avocat, pas faiseur de miracles !
Mais comme à chaque fois, il s'était plongé tête baissée dans la vie de ces gens qui attendaient tant de lui, pour comprendre leur histoire et être là pour eux. Tout ce qu'il n'avait pas su faire il y a dix ans de ça... Et le nombre de fois où il parvenait aujourd'hui à être à la hauteur n'y changeait malheureusement rien. D'autant qu'à bien y regarder, question être à la hauteur, il y avait toujours cette adresse à laquelle il n'osait pas se rendre. Alors qu'il avait pourtant traversé les States juste pour ça... Parfois, souvent, trop souvent même, il se dégoûtait vraiment.
Et ce n'était pas les quelques affaires perdues d'avance comme celle de Cindy Lopez, qu'il parvenait malgré tout et contre toute attente à gagner, qui y changeait quoi que ce soit. Même si c'était une bonne chose pour cette jolie serveuse tout juste débarquée de sa campagne profonde et accro aux chewing-gum, qui avait un peu trop cru au soi-disant rêve américain. Parce que non, il ne suffisait pas d'être jolie et de coucher avec un des plus influents producteurs de films pour devenir une star. Même si le aura pour obligation un accompagnement et plus si affinités était écrit noir sur blanc sur un contrat. Surtout lorsqu'on avait aucune preuve que cette partie de la clause avait été respectée. Et ce n'était pas dans le bureau de ce si important Monsieur que qui que ce soit pourrait prouver cet accomagnement, et encore moins récupérer des films de vidéosurveillance. A se demander d'ailleurs combien de Cindy Lopez étaient passées par ce même bureau...
Mais à force de reprendre encore et encore les événements lors des pauses de Cindy, le tout arrosé de ce café qu'il n'arrivait plus à avaler tant il rêvait d'un vrai café de chez Starbuck, il en avait fini par désespoir de cause à lui demander de lui décrire par le détail sa partie de jambes en l'air. Au point où ils en étaient, fichu pour fichu, il pouvait bien écouter cela aussi. Dans un fast-food en plein après-midi, heureusement dans une salle quasi vide... Il faisait vraiment n'importe quoi. Et là, ce fut le jackpot. Parce que de toute évidence, Cindy semblait plutôt fière de ses compétences et n'hésita pas à lui faire un récit très détaillé des choses... Et lui se traitait de tous les noms pour avoir demandé un truc pareil, jusqu'à ce que l'information tombe.
"...Ouais, il a qu'une seule couille ! Il manque la droite ! Et j'peux te dire que c'est craignos un sac mou, enfin à moitié mou... Que ç'serait pas descendu à la naissance il parait..."
Une rapide recherche internet plus tard, et après qu'il eu refermé d'un coup de pouce nerveux la page de sa recherche précédente sur les détectives privés de Miami, il obtint sa réponse.
"Cryptorchidie... Et on le tient Cindy. Et sinon, c'est testicule."
"Mouais, c'est pareil. Je vais avoir mon fric alors ?"
Bon, il lui restait à plaider mais ça ce n'était pas un souci une fois qu'il savait quoi plaider. Quitte à demander la comparution du médecin surveillant cette cryptorchidie non opérée pour corroborer les dires de Mlle Lopez. "Tout dépendra du juge mais il y a de bonnes chances, oui."
"Cool ! Je te paye un café même si j'sais pas comment t'arrive à boire c'truc. Et puis j'dois retourner bosser... Hey ! Fais pas cette tête d'enterrement, t'as réussi mec !"
Trois machouillages de chewing-gum plus tard, et après qu'il lui ait souri plus pour la rassurer qu'autre chose, elle retourna derrière son comptoir alors que lui revenait à sa tête habituelle. C'est que son pouce avait récupéré sa page précédente... Relevant les yeux de son téléphone, il se rendit compte que les lieux s'étaient peu à peu remplis et qu'il devait effectivement faire un peu tâche tout seul à sa table devant son gobelet de café -pas bon- et froid. Mais il n'avait aucune envie de bouger pour le moment. Maintenant que le dossier Cindy Lopez était quasiment bouclé, il se retrouvait à nouveau désœuvré. Trop désœuvré pour son propre bien...
Il vaut mieux couvrir ses arrières qu’être à découvert
☾☾ J’avais un peu de temps avant mon premier cours à la fac. J’avais déposé Charlotte à l’école et il me restait quelques travaux en cours à terminer. Voulant fuir un peu la bibliothèque universitaire, je décidai de m’arrêter dans un café pour y travailler. Ce serait sans doute moins calme mais l’ambiance serait plus détendue. J’avais pas besoin de me retrouver entourée de jeunes entrain de stresser sur leur prochains examens. Mon classeur épais dans mes bras, débordait de feuilles volantes de part et d’autre. J’étais pas tellement du genre organisée mais je m’y retrouvais bien la plupart du temps. Je rentrai dans le café, réfléchissant à ce qui me ferait envie, quand je me fis bousculer assez violemment par un homme à la démarche assurée et plutôt pressé. Pas un regard, pas une excuse il sortit du café alors que je me prenais un coin de table. Mon classeur tomba sur celle-ci et s’ouvrit sur un tas de paperasse qui étaient étalé. Comme si cela ne suffisait pas, le poids de mon travail fit tomber les documents sur la table au sol, mélangeant toutes les feuilles. Je regardai le désastre en lâchant : « Merde ! Putain mais quel connard celui-là ! » Je fis les gros yeux et tourna la tête vers la personne attablé, que je venais de déranger sans le vouloir. « Je m’excuse. Je suis terriblement désolée, même si en faite c’est pas tellement de ma faute … Fais chier mes copies sont toute mélangées aux vôtres … » L’homme ne semblait pas plus satisfait que moi à retrouver son travail en pagaille sur le sol. Je tentai de retrouver ce qui m’appartenait dans ce qui lui appartenait. « Vous aviez l’air plus organisé que moi … Je devrais prendre exemple sur vous ! » Je me mis à rire doucement pour détendre un peu l’atmosphère. Je ne savais pas trop s’il était de bon ton de faire de l’humour ou pas avec cet inconnu. Mes yeux s’arrêtèrent sur les feuilles qui contenaient des termes juridiques. Ce n’était pas totalement mon domaine le juridique mais j’avais eu quelques cours. Je me demandais sur quoi pouvait bien travailler le jeune homme. Mes feuilles devaient paraitre étrange de mon côté. Des tas de gribouillis à côté d’énormes paragraphes avec des mots surlignés qui reprenait un jargon médicale spécifique aux maladies mentales. Rien de passionnant. « Vous êtes avocat ? » demandai-je un peu au hasard.
Euh... L'idée était là, en effet. Et s'il avait pu récupérer à la volée son gobelet de café -la force de l'habitude sans doute- afin d'éviter LE drame, il n'en restait pas moins que c'était... un carnage. Son dossier se trouvait à terre avec toutes ses feuilles qui avaient été si méticuleusement classées et rangées, éparses à même le sol au milieu d'autres qui n'avaient rien à faire là. Et on ne pouvait pas dire qu'il en était spécialement heureux ! Loin de là même...
"Non, en effet... C'est pas... de votre faute."
Les mots avaient tout de même été quelque peu difficiles à sortir. C'est surtout qu'il aurait eu lui aussi bien des choses à dire à ce connard qui n'était évidemment plus là. Ce fut donc avec un soupir particulièrement agacé qu'il reposa le gobelet sur la table avant de se lever et de s'accroupir pour récupérer son bien. Au moins les feuilles étaient faciles à reconnaître, c'était déjà cela. Mais il n'en restait pas moins qu'il allait en avoir pour des heures -et il exagérait à peine !- à tout ranger.
"J'étais ! Plus organisé... Ça l'est beaucoup moins maintenant."
Forcément... Mais il devait bien avouer qu'elle n'avait en rien mérité qu'il s'en prenne ainsi à elle.
"Je suis désolé, je m'en prends à vous alors que vous n'êtes en rien la responsable de tout ça... Wayne Egerton, et oui je suis avocat. Vous avez bien deviné... Vous êtes medium ? Sorcière ? Etudiante en Droit ?"
Il avait donc tenté différentes possibilités avec un petit sourire d'excuses aux lèvres alors qu'il ramassait ses feuilles, avant d'en prendre une des siennes en main pour l'examiner.
"Alors non, pas du Droit. Et pas de la médecine non plus, il manque toutes les coupes des organes avec les noms aussi longs que le bras et totalement incompréhensibles pour le commun des mortels, bien que ceux-là ne sont pas mal non plus."
Il y réfléchissait à la possible spécialité rien qu'en regardant ce qui avait été surligné lorsqu'il fut interrompu par Cindy lui apportant un autre café. Alors qu'il avait même abandonné l'idée de terminer le sien un jour. Au moins celui-ci ne serait pas froid, à défaut d'être toujours d'aussi mauvaise qualité.
"V'là le café promis ! Et pour ta nouvelle cliente, c'sera quoi ?"
Se demandant bien où Cindy avait pu pêcher un truc pareil, il resta un quart de seconde muet le temps que son regard navigue de la jeune étudiante à Cindy. Et ce fut bien assez pour que celle-ci enchaîne alors qu'il écarquillait les yeux d'horreur.
"T'as bien choisi, c'est le meilleur ! Mais essaye pas d'le payer en nature, c'est pas la peine avec lui. Et c'est pas faute d'avoir essayé ! Lui, c'est pas à voiles et à vapeur, c'est carrément..."
"CINDY ! C'est bon, merci. Ça va aller maintenant... Et c'est même pas une cliente !"
Et il se serait bien étranglé sur la dernière phrase. D'ailleurs le son avait été assez bizarre et surtout faisait tout sauf viril... De quoi donc le mettre davantage au supplice. Parce que non, ça n'allait pas aller du tout ! Mais qui lui avait collé Cindy Lopez sur les bras ?! Il était maudit, et le pire c'est qu'il était le premier à savoir pourquoi. Et qu'il avait peut-être -sans doute même !- largement mérité tout cela mais de là à subir ça... Et la voilà qui remâchouillait son chewing-gum tout en le fixant d'un air très concentré. Il sentit des sueurs froides lui couler dans le dos alors qu'il la voyait se tourner à nouveau vers l'étudiante, ce qui n'annonçait RIEN de bon !
"Mouais, si tu veux mon avis il aurait surtout besoin d'tirer son coup..."
Et là, toutes les feuilles qu'il avait réussi à récupérer lui glissèrent des mains pour aller à nouveau s'étaler à terre...
Il voulait mourir. Une corde pour qu'il se pende là, tout de suite, maintenant. Qu'on abrège enfin ses souffrances... Et non, il ne faisait pas sa Diva. Il était juste choqué ! Mais ça lui prenait souvent de sortir des trucs comme ça ?! Enfin, à quelqu'un d'autre qu'à lui !? Parce que oui, en ces quelques semaines, il avait bien dû s'habituer au style Cindy Lopez mais généralement elle se limitait qu'à lui ! Ce qui était déjà à son humble avis, bien suffisant.
Heureux -véritablement heureux- de la voir enfin s'éloigner une fois sa commande prise, il tenta d'amoindrir quelque peu ses propos. Dans la mesure de ce qui était possible de faire après ça, bien sûr...
"C'est une chic fille, vraiment ! Mais des fois, elle... elle... Elle raconte n'importe quoi !"
Elle était complètement tarée, oui ! Une folle ! C'était une folle... Même si c'était vrai qu'elle pouvait parfois être une chic fille mais là... Il lui avait fait quoi, bon sang ?!
Il vaut mieux couvrir ses arrières qu’être à découvert
☾☾ Le jeune homme semblait tout autant agacé de moi par la situation malheureuse à laquelle nous étions confrontés. Il me répondit assez sèchement dans un premier temps avant de s’excuser pour ses paroles. Je ne lui en voulais pas le moins du monde. Je lui demandai s’il était avocat. Ses copies me faisait penser à cela, mais il y avait tant de mieux liés au juridique que je pouvais tout aussi bien avoir une hypothèse fausse. Seulement elle me fut confirmée avec une rapide présentation de la personne que j’avais en face de moi. Wayne Egerton. Il me demanda à la blague si j’étais médium ou bien sorcière avant de me demander plus sérieusement si je n’étais pas étudiante en droit. Je secouai négativement la tête alors que le regarda de l’avocat se posait quelques instants sur l’une de mes copies qu’il tenait en main. "Alors non, pas du Droit. Et pas de la médecine non plus, il manque toutes les coupes des organes avec les noms aussi longs que le bras et totalement incompréhensibles pour le commun des mortels, bien que ceux-là ne sont pas mal non plus."Je ne pu m’empêcher de sourire. J’avais bien appris ses coupes barbantes dont il parlait, enfin plus précisément ceux du cerveau, mais c’est vrai que je n’en avais pas tellement utilité dans mes nombreuses lignes qui noircissait le papier blanc. « Je suis étudiante en psychologie comportementale. J’étudie tout ce qui est attrait à la personnalité des gens et plus particulièrement les troubles liés à la personnalité … » Je fus interrompue dans mes explications par la serveuse du café qui revenait avec un café à la main. Je la vis me dévisager avec insistance et avec peu de sympathie dans son regard. Je me demandais bien ce que j’avais pu lui faire. Peut-être était-ce sa petite-amie et elle venait défendre son territoire ? Je ne fis pas cas de son ton employé envers moi et répondis à sa question le plus neutre possible : « Un latte s’il vous plait. »Je n’étais pas tellement sûr que ma boisson n’arrive un jour entre mes mains mais comme elle demandait, je répondais. Pensant que la jeune femme allait tourner les talons, je rebaissais mon regard vers le sol pour attraper les dernières feuilles avant qu’elles ne soient piétinés par des clients. Seulement la serveuse enchaina sur de drôles de paroles. Je la regardai un peu surprise ne comprenant pas trop pourquoi elle me disait cela. L’avocat l’interrompit, apparemment mal à l’aise par le comportement de la jeune femme. "CINDY ! C'est bon, merci. Ça va aller maintenant... Et c'est même pas une cliente !" Oh donc elle me prenait pour une fille cherchant à obtenir ses services. Je comprenais un peu mieux. Après coup, cette Cindy me fit un peu pitié. Elle n’avait donc pas d’amour propre pour se vanter d’avoir essayer de soudoyer son avocat avec du sexe ? Malgré la demande implicite du jeune homme de nous laisser tranquille, la serveuse resta là, plantée, à mâchouiller de façon désinvolte, avec un air supérieur, son chewing-gum « Est-ce que c’est possible d’avoir mon latte ou bien je dois aller le demander directement à votre responsable ? » Je regardai la jeune femme dans les yeux. J’espérais qu’elle comprenne qu’elle n’avait plus sa place à présent et que j’étais tout à fait sérieuse dans mes propos. Je vis la jeune femme quelques peu désarçonnée par la manière dont je venais de lui parler. Elle me foudroya tout de même du regard, m’insultant certainement intérieurement de certains noms d’oiseaux. Je m’en fichais de ce qu’elle pouvait penser de moi. « Tout de suite mademoiselle, le client est roi ! » me lança-t-elle d’une voix cinglante en tournant les talons. Non mais vraiment, pour qui se prenait-elle ? Je soupirais dépitée par un tel comportement. Cette fille devrait être virée de ce café franchement. Comment pouvait-on bosser avec une clientèle avec un comportement pareil ? « J’espère que tous vos clients ne sont pas comme elle, sinon je vous plains … » Je lâchai un petit rire alors que je déposais mon classeur sur la table. Je l’ouvris et y déposa mes feuilles en pagailles sans prendre la peine de ranger et trier correctement tout mon travail. Je ne voulais pas le déranger plus longtemps. « Encore désolée pour le désordre, j’espère que vous aurez pas trop de mal à vous y retrouver. Ce serait bête que vous plaidiez la mauvaise affaire avec la mauvaise personne. » J’échangea de trois banalités avec le jeune homme avant de le laisser à sa table, pour reprendre le cours de sa vie avant que je n’y fasse irruption. Je récupérai mon latte avec la fameuse Cindy dont le regard aurait pu me tuer si en elle avait eu la capacité et me décida à quitter les lieux.
Alors que je venais de pousser la porte du café et qu’un rayon de soleil m’éblouissait les yeux assez violemment, je me mis à me demander s’il ne serait pas bon que je garde contact avec ce Egerton au cas où, un j’aurais besoin de ses services. Je retournai alors à sa table et toussota légèrement pour attirer son attention. « Pardon c’est encore moi. Je voulais savoir … sur quels genres d’affaire avez-vous l’habitude de bosser ? Parce que j’ai une fille que j’élève seule actuellement, mais le père vient de faire irruption dans nos vies et du coup j’aurais quelques questions … » Je laissai ma phrase en suspends, attendant qu’il m’invite ou non à m’assoir. Qu’il me donne ou non sa carte de visite pour le contacter. Qu’il me congédie ou non pour le laisser en paix.
Psychologie comportementale... Elle aurait certainement eu beaucoup de travail avec lui ! "Vous savez ce qu'on dit, que nous sommes tous plus ou moins névrosés... Vous n'allez donc pas manquer de travail." Même si pour son propre cas, aller voir un psy était la dernière chose dont il avait envie de faire. Et puis pour le moment, il lui fallait déjà gérer Cindy Lopez. Ce qui était loin d'être gagné.
Étonnamment, ce fut la jeune étudiante qui s'en chargea et avec une efficacité qui le laissa rêveur. Même si utiliser de telles méthodes ne l'aurait certainement pas aidé à trouver la solution à son dossier, il devait bien avouer que ça avait un côté pratique. Pour rapidement écarquiller les yeux d'horreur à l'idée que plein d'autres Cindy Lopez puissent l'attendre en rang et en mâchouillant leur chewing-gum, derrière la porte de son bureau...
"Non, heureusement ! C'est juste que sa situation semblait désespérée et comme je débarque tout juste de New-York, comme tout bon nouveau, j'ai été... bizuté ?"
Et il espérait bien que ça se limiterait qu'à cette Cindy-ci ! Parce qu'il n'était pas sûr que son ego déjà pas mal défaillant -vu le peu auquel il pouvait se raccrocher, le pauvre- puisse y survivre.
Il lui sourit donc cherchant à la rassurer alors qu'il récupérait toutes ses feuilles pour les classer à nouveau. Pour lever un sourcil perplexe à l'idée qu'il puisse se tromper d'affaire. Ce qui était juste totalement improbable.
"Ça, il n'y a aucun risque, croyez-moi. Je ne vaux peut-être pas grand-chose en tant que personne mais au niveau de mon travail, je suis irréprochable."
Et si la dernière phrase avait été dite plus pour lui-même que pour qui que ce soit d'autre, il n'en restait pas moins qu'il ne plaisantait pas. Parce que c'était bien la seule fierté qui lui restait ! D'ailleurs, voyant la jeune femme qui s'éloignait, il plongea le nez dans ses feuilles pour remettre tout correctement en ordre. Et vu le nombre de feuilles, il allait en avoir pour un certain temps. Ce qui n'était finalement pas plus mal puisque cela allait lui occuper l'esprit sur autre chose que cette fichue adresse qui s'était imprimée au fer rouge dans son esprit dès qu'il l'avait lue.
Il ne réagit donc pas immédiatement au retour de la jeune femme. Et d'ailleurs, il pensa aussitôt à un problème de feuilles interverties ou quelque chose du même genre. Il s'attendait donc à tomber nez-à-nez avec une feuille lorsqu'il releva la tête pour se trouver surpris par la question. A laquelle il répondit sans même se poser de question.
"A New-York, j'étais assigné à tout ce qui touchait les femmes. Donc le harcèlement, les viols, les problèmes de garde d'enfants, et... En fait, principalement cela. Vous savez, on vous met une affaire entre les mains, ça se passe bien et le bouche-à-oreille faisant le reste, vous êtes à chaque fois demandé sur ce genre d'affaires. Et ça semble bien parti pour recommencer le même schéma ici... Mais je peux faire aussi autre chose !"
Oui, il tenait tout de même à préciser qu'il pouvait au même titre que tous les autres avocats s'occuper de tout l'éventail des affaires pouvant leur être attribuées. Même s'il avait depuis bien compris qu'on était vite catalogué dans la profession. Il suffisait de voir Sanders qui refusait de toucher à tout ce qui ne concernait pas les sociétés ou les grandes fortunes, pour s'en convaincre.
Et visiblement, le problème actuel ne concernait ni une société quelconque, ni une grande fortune. Mais il la prit tout de suite très au sérieux. Parce qu'elle était partie et qu'elle était revenue. Parce qu'elle cherchait à se 'renseigner', en ne lui donnant pourtant que le strict minimum des informations. Et surtout, parce qu'elle semblait s'inquiéter de quelque chose qui pourrait arriver. Elle y avait donc réfléchi, et suffisamment pour envisager le fait d'avoir recours aux services de la Justice... Et soudainement Sanders et son regard suffisant, voire même supérieur lorsqu'il évoquait une de ses affaires de délit d'initiés devant lui, ne lui sembla plus du tout important.
Prenant en main les deux gobelets de café non bus et qu'il ne boirait de toute façon pas, il les déposa sur la table voisine et sortant un bloc-notes du dossier -dossier qui soudainement oublié, atterrit à côté de lui sur la banquette- il lui fit signe de prendre la chaise face à lui.
"Très bien. Expliquez-moi. Du moins ce que vous pouvez me dire pour l'instant..."
Parce qu'il n'était pas là question de chercher à toutes fins la faille dans un futur procès, mais juste de comprendre la situation pour apporter les meilleures réponses possibles aux inquiétudes de cette jeune maman. Dont il ne connaissait d'ailleurs même pas encore le nom. Mais là aussi, il ne chercha pas à provoquer les choses. Du moins, pas tant qu'il ne saurait pas ce qu'il en retournait exactement. Même s'il tenta tout de même de l'aiguiller dans sa réponse.
"Qu'en est-il de votre ex-compagnon par rapport à votre fille ? Et par rapport à vous ? Et surtout que craignez-vous de sa part ?"
C'était suffisamment vague et général pour qu'elle puisse se sentir libre de ne donner que les réponses qu'elle souhaitait, mais suffisamment vague et général aussi pour qu'elle soit obligée de poser des mots sur une situation à expliquer.
Il vaut mieux couvrir ses arrières qu’être à découvert
☾☾ Je ne savais pas trop pourquoi j’avais le besoin soudain de demander conseil à cet avocat que je ne connaissais pas. Peut-être parce qu’au fond de moi je me sentais un peu mise en danger avec la venue de Timothy dans ma vie. Peut-être qu’au fond de moi je me disais qu’il valait mieux que je couvre mes arrières dans le doute … Le père de ma fille m’assurait ne pas me prendre Charlotte, mais qui sait si un jour il n’allait pas changer d’avis ? Je vis que l’avocat surpris de mon retour, mais après quelques secondes il me proposa de m’assoir après m’avoir expliqué qu’il avait déjà travaillé sur des affaires touchant à la famille.
« Mon histoire est un peu … compliquée … Il y a de cela huit ans j’ai eu un accident de train. Le train dans lequel j’étais à déraillé. J’ai perdu ma mémoire et aucun de mes papiers n’ont été retrouvés. Je ne sais pas trop pourquoi mais personne n’a réussis à retrouver mon identité. Bref … c’est pas ce qui est le plus important. J’étais enceinte à l’époque et j’ai eu une merveilleuse petite fille. J’ai été mise en foyer jusqu’à ma majorité et ensuite on m’a balancé dans le monde des adultes sans trop avoir de filet de sécurité. Être maman célibataire c’était pas facile et j’ai du faire des sacrifices pour nous assurer une vie décente … »
Je regardai le jeune homme dans les yeux, appuyant son regard. C’est là que j’allais aborder mon problème, ce que je redoutais de voir jouer en ma défaveur si jamais Timothy réclamait la garde de Charlotte. Je n’étais pas sa cliente, nous n’avions rien signé et ce que je m’apprêtais à lui dire pouvait me compromettre si ça tombait dans de mauvaises oreilles.
« Je me suis lancée dans l’escorting. J’ai voulut en sortir mais je me suis vite rendue compte qu’avec un petit boulot de serveuse je n’allais pas bien loin. Je suis pas fière de ce que je fais, mais je sais pourquoi je le fais … Je ne veux pas rester là-dedans toute ma vie alors j’ai repris des études et je devrais obtenir mon master en psycho en juin, si tout se passe bien. »
Si tout se passais bien … Il fallait dire qu’en ce moment j’avais du mal à m’accrocher à mes études. J’aimais ce que je faisais mais j’avais perdue cette motivation qui avait été mon moteur jusque-là. Je crois que j’appréhendais de devoir changer de vie. Je n’avais connu que le travail avec mon corps et avec mon diplôme c’était une autre carrière, plus décente certes, mais différente que j’allais mener.
« Le père de ma fille a débarqué dans ma vie il y a peu. Je trouve important pour Charlotte qu’elle connaisse son père et du coup j’essaye de l’intégrer au mieux à notre vie. Mais j’ai peu qu’un jour il cherche à avoir la garde. Il me dit que non, mais c’est sa fille et je pourrais comprendre qu’il veuille se reconnaitre comme tel officiellement. Du coup ma question c’est … est-ce que je risque de perdre ma fille si un jour il demande la garde et que mon job vient à être dévoilé ? »
Je sentais mon cœur battre à tout rompre dans la poitrine. Je venais de résumer en quelques mots ma vie comme je ne l’avais sans doute fait à personne jusque-là. Peu de gens connaissait ma vie réellement comme elle était. J’omettais toujours des détails de mon passé ou de mon présent mais à Wayne je venais de tout dire. Je redoutais sa réponse, bien que je me doutais de ce qu’il pouvait bien me dire.
"Vous savez, on a tous des squelettes dans nos placards. Et généralement pas bien beaux. Même moi, j'en ai."
Il l'avait dit en souriant même s'il était évident qu'il n'allait pas lui narrer par le détail ses propres "squelettes". Mais il tenait au moins à lui faire savoir qu'il ne la jugeait pas. Il était d'ailleurs le premier à savoir de part son métier à quel point les parents étaient prêts à tout pour leur enfant, et il avait toujours porté un regard approbateur là-dessus. Sans doute que le fait qu'il soit gay, et donc sans possibilité d'avoir un jour ses propres enfants, y était pour beaucoup.
Ceci posé, il devait bien avouer qu'elle avait effectivement de quoi s'inquiéter. Tout le monde, et encore moins les juges réputés pour être assez conservateurs, ne se montraient pas si tolérant envers les parcours de vie atypique. Surtout lorsque des enfants se trouvaient placés en plein milieu. Le fameux intérêt supérieur de l'enfant mais toujours vu par des yeux d'adultes extérieurs au problème... "Et c'est effectivement le boulot des avocats que de les déterrer et de les mettre sur la place publique... Si le père de votre fille veut récupérer sa garde, c'est ce qu'il fera. Que vous ayez obtenu votre diplôme ou pas. Ça fera toujours partie de votre passé et les gens vous jugeront toujours dessus."
Mais sa présence ici prouvait à elle seule qu'elle en était bien consciente. De toute évidence, elle n'était pas ici pour s'entendre dire que tout allait être rose et facile, mais pour évaluer les armes qu'elle pourrait avoir à sa disposition en cas de conflit. Ce qui était plutôt malin. Il n'avait donc pas hésité à se montrer franc et direct.
"S'il vous pose problème, vous pourrez venir me trouver et on déterrera ensembles ses propres squelettes. Il est plus facile de négocier lorsqu'on joue à armes égales. Pour vous parler de mon expérience, si ça doit se passer ainsi, ce sera moche des deux côtés, personne ne se fera de cadeau et il y aura toujours un perdant et un gagnant... Pas la solution que je privilégierais donc, ne serait-ce que pour Charlotte. A mon sens, le mieux que vous puissiez faire est de voir les choses à l'amiable avec lui. Et de porter une attention particulière s'il fait faire un test de paternité à Charlotte. Parce que s'il veut la garde, il commencera par là."
Sortant une carte de visite de son dossier, il écrivit son adresse et son numéro de téléphone personnel à l'arrière avant de la tendre à la jeune femme.
"C'est une habitude que j'ai prise parce qu'il m'est arrivé plusieurs fois d'accueillir en urgence chez moi mes clientes et leurs bambins. Lorsque la situation devient problématique et qu'elles n'ont pas de point de chute immédiat non connu de leur conjoint. Le temps pour elles de se retourner et de trouver une solution de repli. Même si je doute que vous en ayez réellement besoin. En tout cas vous avez mes coordonnées si vous avez besoin d'un avocat."
Il aurait tout à fait pu s'arrêter là. Il avait répondu à sa question et fait un topo -plutôt pessimiste il fallait bien l'avouer- de la situation. Beaucoup de ses confrères, Sanders en tête, se seraient arrêtés là. Mais alors qu'il tapotait son bloc notes avec son crayon, il n'arrivait pas à la laisser partir juste avec ça.
Tiens, débrouille-toi avec ça et bon courage...
Grimaçant, il tenta d'en savoir un peu plus même si c'était surtout pour gagner du temps, alors que son esprit partait dans tous les sens pour chercher une solution qui soit à minima viable.
"Charlotte a donc 8 ans... Et est-ce que son père a la nationalité américaine ? Il y a certains pays qui donne systématiquement la garde des enfants à leurs ressortissants comme le Japon ou l'Allemagne. Il suffit alors qu'ils partent avec leur enfant et on ne les revoit plus, et ça en toute légalité..."
Il se rendait bien compte que tout cela devait paraître très technique aux oreilles d'une maman et surtout, que ça cachait mal le fait qu'en matière de reconnaissance de paternité et de droit de garde inhérent à celle-ci, on ne pouvait pas faire grand chose. Et bon sang, il n'aimait pas plus maintenant que quand il avait quinze ans, ne pas pouvoir faire quelque chose qui aiderait. Ne serait-ce même qu'un peu.
"En fait, la seule solution qui serait peut-être envisageable serait qu'il vous signe une renonciation de paternité. Mais la Floride est un des Etats les plus prompts à imposer des paternités sur les dires des mères, même malgré des tests ADN négatifs. Ça se voit, et souvent, aussi choquant que ça puisse être. Donc un tel document ne serait pas forcément considéré comme valable devant une cour, surtout s'il revient sur sa décision... Mais c'est le mieux que l'on puisse faire."
Comme il disait souvent, il était avocat, pas faiseur de miracles, malheureusement. Mais il y avait un autre point qui avait attiré son intérêt.
"Si je reprends votre histoire personnelle, le père de Charlotte vous aurait connu avant votre accident de train. Il connait donc votre passé et qui vous avez été..."
Cela ne le regardait en rien, d'autant qu'elle n'était même pas sa cliente, mais le recoupement des informations avait été facile à faire. Et c'était surtout que cela pourrait poser davantage problème à une situation déjà pas simple...
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(#)Sujet: Re: Mauvais café studieux [Libre] | Sam 4 Mai - 12:12
Mauvais café studieux
Il vaut mieux couvrir ses arrières qu’être à découvert
☾☾ Je savais que mon boulot de nuit pouvait me porter préjudice. Je savais que je bossais dans l’illégalité et que je ne devais pas que cela se sache. J’avais une fille et je faisais ça pour elle en l’épargnant de ce monde dans lequel j’étais. Maintenant que Timothy était de retour dans nos vies, je craignais qu’il apprenne la vérité et qu’il essaye de récupérer la garde de Charlotte pour son bien comme il me dirait sans doute. Je profitais donc de la présence de cet inconnu, attablé au café, pour lui faire part de ma situation. Je ne vis aucune part de jugement dans son regard ni même dans ses paroles. Il resta très pro et cela me confortait dans l’idée que j’avais bien fait de lui parler. Il fut honnête avec moi. J’avais mon présente et ma prise en main de façon sérieuse de ma vie ne changerait pas mon passé. Les êtres humains étaient parfois durs entre eux …
« C’est bien ce dont j’avais peur. Je ne comprends pas pourquoi il faut toujours regarder en arrière. J’essaye d’avancer dans la vie, de faire les choses bien mais on retiendra seulement mes erreurs. »
Je soupirai en le regardant. Je l’en remerciai silencieusement d’avoir été honnête. Je n’avais pas besoin qu’on me mente en essayant d’enjoliver le paysage. Non je devais savoir à quoi m’attendre et comment je pouvais bien m’armer. Il me proposa son aide pour essayer de découvrir les secrets de mon ex petit ami et me conseilla de demander un test de paternité à Timothy.
« C’est déjà fait. On voulait s’en assurer avant de poursuivre notre … relation ? Je ne voulais pas immiscer n’importe qui dans la vie de ma fille. Et puis comme je ne me souviens pas de lui, je voulais m’assurer que ce qu’il me racontait n’était pas des bobards. »
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre de la part de Timothy. Il me disait ne pas vouloir la garde de Charlotte mais je ne le connaissais pas tellement. On avait beau se fréquenter régulièrement pour notre fille il n’en restait pas moins encore un peu un inconnu à mes yeux. Wayne me tendit une carte avec une adresse dessus et un numéro de téléphone. Je ne pu m’empêcher de lui sourire, touchée par son geste.
« Vous avez l’air d’être un chouette type. » lui dis-je en guise de remerciement. Je lui pris la carte et la glissa dans la poche intérieure de ma veste. « Je n’hésiterai pas si j’ai besoin. »
Et peut-être même que je le contacterai non pas pour un litige entre Timothy et moi mais peut-être pour l’insérer plus légalement dans la vie de sa fille, sans discordes entre nous. Qui sait. Pensant qu’il allait s’arrêter sur cela, je m’apprêtai à le remercier et le quitter quand il se mit à réfléchir à haute voix. Je le regarda avec de grands yeux quand il dit que Timothy, en fonction de sa nationalité, pourrait récupérer la garde de sa fille juste en retournant dans son pays.
« Il est anglais, comme moi. Charlotte également. Elle est née à Londres après mon accident de train. Je lui laisse ma fille de temps en temps pour qu’il puisse la connaitre. Je suis tout de même la tutrice légale de Charlotte, lui … il n’est rien aux yeux de la loi pour le moment. Donc je pense pas qu’il serait facile de la faire sortir des Etats-Unis … »
Du moins j’espérais. J’avais jamais pensé à l’idée que Timothy puisse repartir en Angleterre avec Charlotte. Cela me faisait un peu peur … Il me dit ensuite que le père de ma fille devrait renoncer à ses droits de paternité, que cela serait le mieux. Je passai une main dans mes cheveux, nerveuse. Ça faisait beaucoup d’informations, beaucoup de problèmes … Je ne souhaitais pas en arriver jusque-là.
« Quand j’ai eu mon accident de train, je n’étais pas encore … » je baissais légèrement le ton de ma voix « … escort … Du coup il ne sait rien de cette partie de moi. Mais c’est vrai qu’il connait beaucoup de détails sur ma vie de famille, sur celle que j’étais ado avant mon accident. Mais je pense pas que j’ai à craindre de ce qu’il sait. Je me souviens de rien mais il m’a remit mes journaux intimes qu’il avait gardé et je les ai lu. Y avait rien de bien compromettant. »
D’ailleurs en y repensant c’était presque touchant que le jeune ait gardé ces souvenirs de là après autant de temps. Il aurait pu les jeter à la poubelle pour faire son deuil, mais non. J’avais compté pour lui et cela avait semblé difficile pour lui de m’oublier.
« Nightmare … A publié un article où elle a cité mon job en faite … Mais je pense qu’il s’intéresse pas à ces choses là et qu’il a pas du le lire. Mais je me dis que forcément un jour ou l’autre quelqu’un lui dira ou bien qu’il tombera dessus … Et si je lui disais la vérité tout simplement ? »
Effectivement, il ne s'était pas montré optimiste. Mais il s'était surtout montré honnête. Et puis, il aimait bien ce genre de personne qui n'avait pas peur de voir les choses telles qu'elles étaient même si ce devait être compliqué. Déjà, parce qu'il était facile de travailler avec, elles savaient généralement faire preuve de pragmatisme et acceptaient plus facilement les compromis. Et surtout, parce qu'elles avaient un courage qu'il ne possédait pas lui-même.
Il sourit donc avec un certain fatalisme à sa remarque sur le fait qu'il était un chouette type, avant de secouer la tête en dénégation. Parce qu'il n'était pas sûr qu'Eward serait d'accord avec ça. Loin de là même...
"Je connais des personnes qui vous diraient tout le contraire, et elles auraient raison. Parfois, on peut avoir comme vous de bonnes raisons pour faire les choses, et parfois c'est juste... de la lâcheté."
Et on ne pouvait pas dire qu'il en était fier. Mais s'il y avait bien une chose qu'il savait, c'est qu'on ne pouvait malheureusement pas refaire le passé.
Soupirant, il écarta bien vite tout cela de son esprit et s'obligea à revenir en mode travail. Et d'autant plus qu'à mesure de l'avancée de la discussion, les choses se précisaient. Le test de paternité avait été fait, ils étaient tous les trois anglais, et surtout le père ne connaissait rien de son activité d'escort.
"Que vous soyez de la même nationalité est une bonne chose, il ne pourra pas faire valoir un Droit national sur un autre. Par contre, que vous soyez la tutrice légale ne rentrera pas en ligne de compte s'il demande ses droits sur votre fille puisque le test ADN le déclare comme père."
Ceci posé, il prit le temps de réfléchir à la question de lui avouer tout simplement la vérité. C'était comme toujours un coup de poker même si là avec cette Nightmare ? qui semblait en savoir un peu trop, les dés semblaient pipés d'avance. Décidant de prendre les problèmes un à un, il opta pour le conseil qu'il donnait toujours lorsque cela concernait les gardes d'enfant.
"Pour moi dès qu'il s'agit d'enfant, il vaut toujours mieux négocier les choses ensembles plutôt que de passer par une bataille juridique. Personne n'y gagne à la fin et ça fait toujours beaucoup de dégâts. Si vous pouvez vous faire confiance, c'est encore le mieux. Et vous rendre vos journaux intimes comme il l'a fait est plutôt un beau geste..."
D'autant que visiblement rien ne l'avait obligé à le faire. Et à voir la soudaine nervosité à la mention de la renonciation aux droits paternels, ils n'étaient pas dans la franche guerre de tranchées où tous les coups étaient permis. Ce qui était plutôt une bonne chose ! De son avis, une bonne discussion s'imposait sur ce que souhaitait chacun quant à la garde de l'enfant. Surtout avec la menace de cette Nightmare planant au-dessus d'eux.
Grimaçant, il reprit donc sur un ton plus ennuyé.
"Surtout si quelqu'un a la possibilité de tout lui dévoiler. Le mieux serait de couper l'herbe sous les pieds à cette Nightmare en devançant la chose. C'est à vous de voir mais parfois une simple discussion autour d'une table permet de dénouer bien des problèmes..."
D'ailleurs, rien que le nom lui fit hausser un soucil perplexe.
"Et c'est quoi Nightmare… ? Un pseudo ? Il y a quelqu'un dans votre entourage qui cherche à vous nuire ? Une journaliste ?"
Pour lui qui débarquait tout juste ici, c'était ce qui était encore le plus logique. Et pour le coup, plutôt inquiétant. Parce qu'un corbeau avait une capacité de nuisance incroyable et qu'il n'était jamais bon d'en avoir un sur le dos.
Il vaut mieux couvrir ses arrières qu’être à découvert
☾☾ Les réponses que me renvoyait ‘avocat ne me satisfaisait pas mais au moins elles étaient honnêtes. Timothy était un gars sympa, droit et qui me certifiait ne pas vouloir se mettre en travers de mon chemin concernant la garde de notre fille, mais je savais que ce n’était que des propos. Wayne avait raison, la dernière des choses si un jour on devait à vouloir tous deux la garde, c’était se disputer. Charlotte en pâtirait trop. Il me conseilla de tout avouer à Timothy. Nightmare avait voulut prendre les devants mais mon ex ne semblait pas avoir pris connaissance de sa publication, pour le moment. Je risquais de m’attirer des ennuis à le lui dire, comme à le lui cacher. Aucune des solutions n’étaient au final très bonne.
« J’ai peur de sa réaction … Il a encore un souvenir de moi qui n’est plus le même aujourd’hui. Je ne suis plus la fille que j’étais, enfin du moins de ce que j’au lu dans les journaux. J’ai peur de le blesser en lui montrant que j’ai une face cachée vraiment pas glorieuse. »
Je soupirai en m’enfonçant sur le dossier de la chaise. Wayne me questionna à propos de Nightmare que j’avais précédemment évoqué. Il ne semblait pas comprendre qui était cette personne, ce virus de Miami qui planait sur chacun d’entre nous.
« Nightmare, vous savez la bloggeuse sulfureuse ? » Je le regardai mais son visage me dit qu’il ne voyait pas du tout de quoi je parlais. « C’est une femme, ou un homme on sait pas trop en faite, qui poste des articles sur son blog. Je ne sais pas comment elle s’y prendre mais elle sait une quantité de choses sur chacun des habitants de Miami. A croire que cette pauvre fille n’a que ça à faire de sa vie ! »
Quelque part, même si je la détestais au plus haut point pour toutes les vies qu’elle s’amusait à briser régulièrement, je ne pouvais m’empêcher de l’admirer. Je m’étais toujours demandé comment elle arrivait à savoir tant de choses sur tant de monde.
« Vous n’êtes pas du coin ou bien vous êtes une personne si parfaite que vous n’avez jamais attiré son attention ? » demandai-je en blaguant légèrement.
Je doutais qu’il n’ait rien à cacher de sa vie. Même la plus gentille et droite des personnes avait quelque chose à cacher. Pour ma part, elle avait commencé à m’attaquer et je sentais bien qu’elle n’allait pas me lâcher de sitôt.
« En tout cas, je vous conseille de faire attention à vos secrets. Même mieux gardés, elle les trouvent et les dévoilent. Je me demande comment ça se fait qu’elle ne ce soit jamais faite arrêtée. Au moins pour diffamation car je suis persuadée qu’elle doit débitée des conneries pour faire du buzz … »
