Il y avait pas mal de boulot ces derniers temps à l'hôpital. J'avais une place assez privilégiée, je faisais tant de l'administratif que des cas uniques de patient. Je touchais un peu à tout, puisque tout m'intéressait. On m'autorisait à ne pas faire parti d'un et seul même service. J'étais destiné à de grandes choses, je le savais très bien.

Depuis que j'étais arrivé de Chicago, je n'avais pas grand chose d'autre que le boulot. Quand je rentrais raconter à ma mère, restée là bas, mes journées, il ne s'agissait que de boulot. Elle me le reprochait souvent d'ailleurs, me disant de sortir, de me faire de nouveaux amis et de lui faire rencontrer une nouvelle belle fille… maman est pas possible… mais je suis bien au travail. J'ai déménagé pour ça, enfin ma mère m'a forcé à accepter, et je compte bien briller de A à Z. ALors oui, je sors de temps en temps avec mes collègues. Faut dire que je n'avais pas atterri au meilleur endroit pour me changer les idées et démarrer une nouvelle vie : Olivia vivait par ici et je l'avais déjà croisé deux fois. Olivia était mon ex demi-soeur... un peu particulière. Alors que j'étais avec mon ex petite amie Isabelle, on avait couché ensemble dans un chalet. Depuis, je lui en voulais énormément et on se balançait les pires trucs. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu, du coup, et si j'avais su je ne serai pas venu ici. Enfin ce qui était fait était fait et j'essayais de ne pas y penser. Si vous vous demandez, ce n'est pas à cause de ça qu'Isabelle est mon ex petite-amie, c'est pour une tout autre raison. Enfin bref.

Aujourd'hui, j'étais au service cancérologie, j'assistais un collègue qui avait pas mal de boulot. Il m'avait donc simplement demandé d'accueillir les patients et de les installer. Pour les rendez-vous de chimio et de rayons, je restais avec lui. J'avais donc eu accès aux dossiers médicaux de ses patients pour la journée. Avant le service, je m'informais en les feuilletant. Ce n'était jamais simple de voir des vies sur des bouts de papiers, je pense que c'est le plus dur dans ce travail. Voir une jeune femme d'à peine trente ans souffrir d'une récidive de cancer, ce n'était pas une tasse de thé. Je savais que je lui ferais face aujourd'hui, et que j'y penserai. Pourquoi fait-on ça à des personnes aussi innocentes qu'une femme comme elle. C'était vraiment injuste et ça me rappelait ma passion pour ce travail : combattre ces injustices que la vie nous donne trop souvent malheureusement.

Melle Adams? j'adoptais toujours une voix assez apaisante, douce. Debout, face à elle, dans ma blouse médicale retroussée aux bras et mon jean apparent, son dossier à la main. Mais mon inquiétude pour cette jeune femme était là. Oui Dr House préfère ne pas s'attacher mais vous savez, il a toujours ce regard inquiet, finalement. Tous nos patients sont des challenges pour nous, et forcément on se bats avec le coeur pour eux. je suis le docteur Mendoza, enchanté. J'assiste votre médecin aujourd'hui. lui fis-je alors en m'approchant d'elle. Elle était bien plus belle là maintenant qu'en photo, ce qui rendait ça encore pire pour moi. Je priais à l'instant pour réussir à détruire ces cellules cancéreuses. Je vous laisse entrer mettre votre blouse. Nous nous retrouvons dans la salle d'examen à côté. Je n'entrais pas dans les détails car elle devait avoir malheureusement l'habitude et elle avait dû entendre ça des millions de fois. Je la retrouvais bien de l'autre côté. Je me permettais de poser une main compréhensive sur son épaule. Elle revenait pour la "première fois", et seule. Vu son regard, elle avait besoin d'un peu de compréhension. nous ne lâcherons rien, tout ira bien. lui fis-je alors avec un petit sourire. Drôle de façon de rencontrer les gens, vous me direz. Mais c'est mon travail, et encore une fois, je ne ferai rien d'autre au monde.

Après la séance, j'allais me changer pour la fin de mon service et je sortais. Ma veste en jean, tee shirt et sneackers, je repassais par la salle d'attente où je retrouvais la demoiselle, assise. Je m'approchais alors. vous voulez aller faire un tour? lui proposais-je. Elle avait clairement pas besoin de rester là, seule, dans ce blanc qui ne devait pas du tout la rassurer. Elle avait peut-être besoin d'un coup de pouce. Au pire, elle m'enverrait boulet et puis c'est tout.

Je pouvais pas dire que ça me rendait particulièrement de bonne humeur de me rendre à l’hôpital pour mon premier soin de chimiothérapie. J’avais déjà commencé les médicaments depuis une bonne semaine déjà et je remarquais des changements sur mon état - alors que je savais, bien en connaissance de cause que le pire était à venir. C’était clairement comme s’infliger du poison à soi-même la chimio, ça te tue par en dedans mais c’est pour mieux te faire vivre ensuite. Du moins, c’était bien le but. En étant à un stade 3, je n’avais pas le choix de passer par là, j’avais peur oui, mais j’avais un petit garçon, j’avais une famille et des gens qui m’aimaient qui me donnais la force de continuer à me battre chaque jour. Je n’avais pas passé à travers déjà deux cancers pour me laisser abattre par celui-ci. Je voulais voir Eliott grandir je voulais être présente et l’accompagner dans tout ce qu’il allait traverser, dans les grandes étapes de sa vie. Je voulais le voir grandir, s’épanouir, devenir un homme, être fière de lui, l’encourager, le consoler… être sa maman jusqu’à ce que la vieillesse décide que mon temps sur terre était terminé, pas avant… Je n’allais pas laisser un cancer mettre une date d'expiration sur ma vie dès maintenant, à seulement 27 ans.

C’est seule que je m’étais rendu à mon premier rendez-vous… ou du moins, mon premier depuis 2 ans. Je ne voulais pas devenir un fardeau pour personne, je voulais pas non plus qu’on s’en fasse pour moi ni même tremper quelqu’un dans tant de négativité. Et puis, ça servait à rien que quelqu'un soit là, j’entrais, je patientais, j’endurais et je pouvais quitter ensuite. Kyle, mon frère avait toutefois insisté pour venir me porter et me chercher, j’allais pas lui dire non. C’était toujours déconseillé par mes traitements de conduire. J’attendais sagement dans la salle d’attente lorsqu’un médecin interpella mon nom. Je me levai sans trop porté attention, rangeant mon bouquin dans mon sac à main pour finalement me rendre vers le jeune homme qui m’avait appelé quelques secondes plus tôt. Ouais bon ok… clairement, il devait faire effet à la clientèle féminine, il n’y avait pas à dire, il était très beau et j'avais la fâcheuse habitude de devenir bien conne et maladroite quand un homme m’intimidait trop, c’était comme plus fort que moi. « Allô! Euh enfin, j’veux dire enchantée! » Et là, j’avais envie de me cogner la tête contre un mur immédiatement, il passa devant moi et je me tapai le front une fois pendant qu’il ne me voyait pas. Il m’indiqua un peu ce que j’avais à faire, bien que je connaissais les consignes par coeur. Je m’étais contenté d’un signe de la tête pour faire exactement ce qu’il me disait et m’installer à la chaise, prête à me faire administrer la chimio dans les veines. Mon regard se perdait vers deux autres personnes présentes, une femme, d’un certain âge ainsi qu’une jeune femme qui devait être un peu plus jeune que moi. Toutes deux n’avaient maintenant plus leur cheveux… je savais que ça arrivait aussi pour moi… moi qui avait mit tant de temps pour les faire repousser.

J’étais complètement perdu dans mes pensées lorsque je sentis une main se poser sur mon épaule, me faisait un peu sursauter. Eh voilà que docteur sexy se trouvait devant moi avec son regard compatissant et ses paroles remplies d’espoir. J’eus un petit sourire en coin. « Vous avez raison, c’est le département des combattants ici après tout! » Et j’étais bien prête pour la guerre! Je restai là le temps nécessaire question de s’assurer que mon corps réagissait bien. Sans trop de maux de coeur, j’avais finalement retrouvé mes vêtements pour envoyer un SMS à mon frère à qui finalement, j’avais donné de mauvaises indications. J’étais en train de lui écrire lorsque le médecin Mendoza arriva de nouveau à ma hauteur, mais dans une tenue beaucoup plus civile, me demandant si je voulais aller faire un tour. « Oh… vous semblez avoir terminé le boulot, vous dérangez pas pour moi… » Je voulais pas qu’il me prenne en pitié non plus d’être encore là, et encore seule surtout. « J’ai donné la mauvaise heure pour venir me chercher à mon frère, je dois donc attendre une autre ici. » Je fermai mon téléphone pour le glisser dans la poche arrière de mon jeans. Le jeune homme toujours devant moi, il me fit comprendre que ça lui faisait bien plaisir de rester en ma compagnie. Wow bon, ok! « Eeeeeuh ok… eh bien, je dirais pas non à un peu d’air frais! » C’était déprimant ici à force, et dire que lui, il y passait ses journées. Je me levai et ses côtes à côtes qu’on parcouru le corridor vers la porte de sortie.  « Au fait, moi c’est Sky… mais bon, ça tu dois bien l’avoir déjà vu dans mon dossier mais enfin, tout ça pour dire que t’as pas besoin de continuer à m’appeler madame et me vouvoyer en fait! » Je sentais mon visage devenir complètement rouge et ouais… il faisait chaud! Discrètement, mais pas vraiment en fait, je fis glisser mon petit manteau de sur moi question de ventiler un peu plus. Sa belle gueule, l’endroit, mon stress… c’était pas un trop bon mélange pour garder mon sang froid.