Déjà un mois que je suis sorti de cet enfer avec Erwan. Je n'ai plus trop de ses nouvelles mais point positif, mes côtes vont un peu mieux. J'ai été voir le médecin qui m'a donné l'autorisation pour retourner à la salle de sport, en me disant bien sûr, d'y aller doucement. Je vais pouvoir travailler mes jambes et faire un peu de frappe pour reprendre la forme, ainsi que du tapis. J'enfile mon survêtement gris anthracite avec un t-shirt de la même couleur puis monte dans mon pick-up en direction de la salle. Je n'y ai pas mis les pieds depuis bien trop longtemps à mon goût, pourtant les employées me reconnaissent. Je tape la discute avec l'un d'eux pendant un petit quart d'heure. Il me donne des conseils pour ma séance d'aujourd'hui, me disant d'éviter le sac de frappe. Je fais un peu la gueule en entrant dans la salle. J'avais besoin de me défouler, mais c'est encore trop tôt. Je prends donc place, après avoir mis mes baskets de salle, sur un tapis en face des sacs de frappes. Il y a quelqu'un qui se déchaîne dessus. Alors que je cours à un rythme assez correct pour débuter, je regarde cet homme perdu dans sa noirceur. Je ne connais que trop bien ce regard, l'ayant moi-même eux pendant un long moment. Quelque chose le ronge de l'intérieur, tellement puissant qu'il n'y va pas de main morte avec ses coups. Il a une bonne technique, il doit avoir l'habitude de venir ici, pourtant son visage ne me dit rien. Je l'envie de pouvoir évacuer de la sorte. Je dois me contenter de courir encore et encore. Ce n'est pas suffisant, je le sais et mon esprit le sait aussi. Je ne dors toujours pas plus de deux heures par nuit, j'ai besoin d'une bonne fatigue pour pouvoir dormir d'un trait, sans cauchemars. Je décide alors de quitter le tapis pour aller prendre une corde à sauter, idéal pour le cardio, bien plus que le tapis. Je commence les enchainements, d'abord doucement, en augmentant la rapidité après chaque série. Mais mon esprit en réclame plus encore, me suppliant d'aller frapper quelque chose. J'ai besoin de visualiser le connard qui nous a ruiné Erwan et moi. Celui qui hante mes nuits au point de me priver de sommeil. Tant pis pour mes côtes, mon esprit a besoin d'être libéré. Je frappe alors à deux sacs de l'homme tourmenté. Je grogne quand un coup réveille la douleur dans mes côtes. "Le pouvoir de l'esprit sur le corps" Je grogne pour effacer cette douleur tout en frappant un peu plus fort. Malheureusement mon esprit est moins fort que mon corps et biens trop vite à mon goût, je dois arrêter de frapper. Je pose mon cul sur un banc, observant l'homme plus loin finir en sueur, en appui contre son sac de frappe. "Belle technique!" Je lui dis en lui souriant. "Ne laisse pas tes démons prendre le dessus, crois-en mon expérience, ça finit toujours mal! Si t'as envie de parler... Fais moi signe." je continue avant de prendre ma bouteille d'eau pour boire une grande gorgée. Je vais ensuite quelques machines plus loin pour travailler mes jambes et laisser mes côtes douloureuses en paix.