(#)Sujet: "crocodile dundee" eliam | Mer 15 Juil - 8:44
Ca se passait étrangement bien, enfin à mes yeux, il avait bien accepté de me suivre à l'autre bout de l'état pour faire quelque chose qui sortait de l'ordinaire. Ca me faisait déjà du bien de ne plus être dans ma routine, de faire quelque chose que j'aimais, mais j'aimais surtout le fait d'être là avec lui. Ca me faisait au moins sortir la tête de la merde qui découlait d'un divorce. On avait beau être encore ami, on avait beau être en bon terme, je réalisais peut-être un peu tard qu'il y avait mille chose à régler. J'avais beau tous vouloir lui laisser, le contrat de mariage avait été fait d'une façon où il était impossible de s'en sortir ici. Surtout quand il était question de la revente d'une maison. Bref, j'avais eu besoin de ça et c'était assez libéré et soulagé que j'avais repris la voiture en parlant assez facilement de tout et de rien.
La nuit menaçait de tomber quand un voyant s'alluma sur le tableau de bord. Un peu distrait par la narration d'une honte monumentale que j'avais vécu au lycée, je réalisais qu'un peu trop tard l'étendu des problèmes. On était vraiment, mais alors vraiment pas loin des Everglades, le soleil commençait sérieusement à descendre et pour couronner le tout, un rapide coup d’œil à mon téléphone me fit réaliser qu'on était sans réseau. M'arrêtant donc au bord de la route, j'ouvrais la lumière de la voiture avant de me tourner vers Liam et d'annoncer la douloureuse réalité de la situation, « Tu vas rire, mais je te fais le coup de la panne. », autant c'était pas un problème en soit. En ouvrant le capot je pourrais sans doute voir le problème et peut-être le solutionner, ce que je n'aimais pas en revanche, c'était bien le peu de luminosité par rapport à l'arrivée de la nuit, la zone très peu sécurisante dans laquelle nous étions et surtout ce problème de réseau. Si je n'arrivais pas à réparer, j'allais devoir appeler et pour appeler j'allais devoir marcher et pour marcher... Autant de jour, j'avais l'arrogance de croire que je pourrais voir une crocodile m'arriver dessus, même si je n'avais aucune idée de sa vitesse, mais là, avec la pénombre... J'étais clairement moins rassurer. Mourir bouffé par une bête n'était pas au programme.
« Va falloir que je jette un coup d’œil au moteur, tu crois que tu pourrais m'éclairer et faire le guet pour nous assurer qu'aucun problème nous arrive dessus ? » cette journée était pourtant bien jusqu'à présent, mais là, à moins que ce soit qu'une connerie à resserrer, j'avais des doutes sur notre capacité à repartir. Enfin je n'allais pas être négatif, il y aurait bien du passage, du moins suffisamment pour qu'on nous trouve et qu'on nous envoie une dépanneuse non ? On allait dire ça, je voyais que ça et ça irait. Il n'y aurait aucun problème.
Réfléchir est l’un des plus grands talents de Liam. Il le fait sans y penser, se pose des questions sans arrêt, sur tout, sur rien. Et surtout, il a toujours réponse à tout. Autant dire que la nonchalance avec laquelle il vit sa relation avec Elias est une anomalie. Non pas qu’il ne s’interroge jamais sur ce qui se passe entre eux, mais à force de ne pas trouver les bonnes réponses, il a fini par arrêter de se poser les questions. C’est mieux comme ça. Il profite de l’instant. Du moment présent. Et advienne que pourra, comme on dit. C’est perturbant parfois, mais ça leur réussit plutôt bien. Quand bien même Liam n’arrive pas à mettre de mot sur ce qui se passe et qu’il déteste ne pas savoir quelque chose, se forcer à ne pas y penser lui demande assez d’énergie pour qu’il ne s’ennuie pas encore. Même quand ils ne font rien d’autre que partager quelques banalités en conduisant pour se rendre Dieu sait où, comme c’est le cas maintenant. Ne pas poser de questions. Ça devient presque un jeu pour Liam, il vit ça comme une grande aventure et attend avec impatience de voir jusqu’où tout ça va le mener. Pas seulement cette route - plutôt inquiétante pour tout dire - qu’ils empruntent en ce moment, mais aussi leur relation, si c’en est une. Et Liam doit bien admettre que la nouveauté et le mystère sont grisants. Il n’est pas toujours serein, pas toujours aussi détaché qu’il veut bien le montrer, mais il prend ce jeu très au sérieux et il a la nette impression qu’il est en train de gagner la partie.
Un rire sincère, léger, lui échappe lorsqu’Elias arrête soudainement la voiture au bord de la route et lui annonce qu’il lui fait le coup de la panne. “J’aime l’idée, mais tu sais que tu n’as pas besoin de trouver un prétexte si tu veux t’arrêter sur le bord de la route pour qu’on s’amuse un peu ?” Un instant, il croit vraiment que tout ça n’est qu’un prétexte, une plaisanterie. Il s’attarde un peu dans le brouillard d’euphorie qui les encercle depuis le début de ce voyage vers l’obscurité. Puis son regard trouve celui d’Elias et le sourire idiot sur ses lèvres meurt foudroyé par l’air sérieux de l’homme à ses côtés. “Oh.” lâche-t-il dans un souffle, en mêm temps qu’il se redresse et se tourne à son tour vers Elias. “Ce n’était pas une excuse pour flirter au bord de la route.” remarque-t-il, un peu déçu. Il regarde dehors : la nuit qui s’installe doucement mais sûrement, l’absence du moindre signe de civilisation dans les alentours, les ombres inquiétantes de la nature autour de la voiture. Dans un réflexe certainement idiot, il sort son téléphone portable de sa poche et avant même d’allumer l’écran, il sait ce qu’il va voir. Pas de réseau. Bien sûr. Liam défait sa ceinture et écoute - inquiet - la demande d’Elias. Sortir, essayer de régler ça eux-même. Il plaisante, non ? “Ok.” lâche-t-il pourtant avant de suivre l’homme à l’extérieur.
Dans un effort pour ne pas perdre complètement la face, il se tient droit pour cacher ses épaules crispées et tient son téléphone plus fort que nécessaire pour cacher ses doigts qui tremblent un peu trop. Le faisceau de la lampe de son portable suit scrupuleusement les gestes d’Elias. “T’es sûr que tu peux gérer ça ?” demande-t-il, son ton insinuant clairement qu’il en doute. Ce n’est pas tant contre Elias, mais lui en serait incapable et il part bêtement du principe que c’est le cas de tous les autres. Il essaye de comprendre ce qui se passe sous le capot, mais ça ne sert à rien et à peine quelques secondes plus tard, il sursaute violemment. “T’as entendu ça ?” Il n’est pas trop sûr de ce qu’il a entendu, mais il y a eu quelque chose. Une sorte de bruissement, peut-être. Il ne voit rien, même quand il éclaire les alentours. “Il y a quelque chose.” affirme-t-il pourtant. “On devrait retourner dans la voiture. Où est-ce qu’on est ? Il doit bien y avoir une ville dans le coin, on est aux Etats-Unis ! Un motel, un restaurant, je n’en sais rien… Un endroit avec un téléphone qu’on puisse utiliser.” Liam est né et a grandi dans des villes immenses, peuplées. Civilisées. Le genre d’endroit où on peut commander à manger à trois heures du matin, sans réfléchir. Où on peut trouver un taxi n’importe quand, rencontrer des gens n’importe où. Ici, au milieu de nul part, il n’est pas à sa place et ça crève les yeux.
Liam avait visiblement cru assez longtemps à une excuse, ou une blague, mais la vérité c’était bien qu’on était vraiment en panne et qu’il ne semblait pas certain que je puisse gérer quoi que ce soit. Bon j’avouais que mes connaissances en mécanique était assez limité et venaient presque toutes d’un mécanicien d’origine Hawaienne. Après il m’avait expliqué que quelques trucs, plus ce que j’avais eu à faire à l’armée, ca allait peut-être me servir. C’est toutefois sans conviction que je sortis regarder ce qu’il en était et à peine avais-je ouvert le capot de la voiture en ayant donné la lumière à Liam que déjà elle se dérobait pour éclairer aux alentours. Levant les yeux pour regarder dans la même direction, j’avouais ne pas voir grand chose, mais la panique de Liam n’allait pas m’aider, alors j’allais devoir abandonner mon idée de trouver une solution. « Ok on rentres. » refermant donc le capot pour rentrer dans la voiture, je sortis une vieille carte pour commencer à chercher en fonction de mes souvenirs et le moins qu’on puisse dire c’était qu’on s’était pas loupé justement.
À première vu il n’y avait aucune solution, mais si vraiment il ne pouvait pas tenir, j’allais devoir trouver. « On est perdu quelque part ici. » soufflais-je en lui indiquant la où je pensais qu’on était. « Y’a une ville à une vingtaine de kilomètres au nord. Je pourrais essayer d’y aller, le seule truc qui m’ennuie c’est ce qu’il peut y avoir dehors… » soufflais-je en regardant les alentours sans vraiment y voir un danger. Mais c’était peut-être ca le problème, ne rien voir, ne pas trouver le danger. « Je peux retourner vérifier le moteur, si c’est pas grand chose je le verrais et je réparais, toi t’as qu’à rester ici. J’ai une bouche, je peux bien tenir une lampe avec non ? » j’essayais l’humour, mais la réalité c’était bien que j’étais pas réellement rassuré à l’idée de sortir Après si il le fallait, j’irais, j’étais de toute façon le seul des deux à avoir eu un peu d’entrainement de survie. Mais si aucun des deux plans n’allait il resterait qu’une seule solution attendre.
« Sinon on peut toujours rabattre les sièges à l’arrière, j’ai des rations de survie, de l’eau, des fond de trucs, une couverture et je dois avoir un bouquin quelque part. On peut toujours tenir ici jusqu’à demain sans problème et on croisera peut-être plus de monde, ou il fera jour tout du moins et je pourrais aller chercher de l’aide ! », être optimiste en revanche je pouvais l’être, du moins sur notre capacité à survivre ici et de nuit. C’était une grande voiture, il y avait de la place et en plus j’avais déjà souvent dormi dedans.
Il n’attend pas qu’Elias change d’avis : à la seconde où il a son accord, Liam fonce vers la portière et retourne se cacher dans la voiture. Il verrouille même sa porte, juste au cas où ce soit un tueur en série qui traîne dans la nature en pleine nuit. C’est tout juste s’il jette un coup d’oeil à la carte que l’homme lui tend ensuite, car franchement il se fout de savoir où ils sont tant que ce n’est pas dans une chambre d’un hôtel de luxe ou chez lui. “Tu ne vas pas me laisser ici tout seul ?!” s’exclame-t-il seulement quand Elias envisage d’aller jusqu’à la ville la plus proche à pieds. Non, hors de question. “On pourrait me tuer en ton absence ! Ou pire !” Et il a tout un tas d’idées sur ce qui pourrait être encore pire que la mort, mais décide de les garder pour lui. Malheureusement, Elias n’est pas du tout occupé à imaginer toutes les choses terribles que Liam pourrait subir par sa faute. Non, non, monsieur pragmatisme préfère imaginer des façons de les sortir de là. Ou de rester. “Elias…” Tout à coup très sérieux, Liam abandonne son observation minutieuse de la jungle environnante pour se tourner vers lui.
“Il est hors de question que je dorme dans une voiture au milieu de nul part. N’oublie jamais ça.” Il est fort probable que ce ne soit pas aussi terrible que Liam l’imagine et avec Elias, il parvient à imaginer que ça puisse être amusant, mais… Non. Ils ne peuvent pas dormir dans cette voiture. “Je préfère encore me faire avaler par un alligator.” Il est presque sûr que c’est plus rapide et moins douloureux de se faire dévorer par un animal sauvage que de passer la nuit sur la banquette arrière de cette voiture. Même si, franchement, il a du mal à comprendre pourquoi la situation semble si dramatique à Elias. “On roulait il y a encore deux minutes !” fait-il remarquer, déjà boudeur. “Pourquoi on ne reprend pas simplement la route ? Avec un peu de chance, on arrivera à aller jusqu’à la ville et sinon, on sera toujours moins loin.” Tout ça parait très logique et il ne voit aucune raison pour Elias de ne pas se laisser convaincre par cette logique implacable. Ok, Liam ne connaît rien à la mécanique. Il ne connaît pas grand chose au monde réel hors des livres, à vrai dire, mais il n’a rien vu d’inquiétant concernant la voiture. Même pas un petit peu de fumée ! Ça ne peut pas être si grave qu’Elias veut lui faire croire.
“On peut au moins essayer ?” demande-t-il, son regard suppliant et plein d’espoir. Il doute que sa belle gueule suffise à lui faire gagner cette bataille, alors... “Je paierais les réparations si ta voiture rend l’âme à cause de moi, c’est promis !” Bon certes, il n’a pas encore parlé à l’homme de sa situation financière, mais cette occasion est aussi bonne qu’une autre, n’est-ce pas ? Honnêtement, il serait prêt à s’endetter sur cinq ans pour ne pas avoir à rester ici une minute de plus.
Beaucoup trop d'ordre inverse en peu de temps. Je ne devais pas le laisser seul car on pouvait le tuer, voir pire, il ne pouvait pas dormir au milieu d'une voiture, préférant donc mourir à la place et il voulait qu'on essaie de faire de la magie visiblement. Soupirant, je devais reconnaître que si il ne semblait pas autant prendre au sérieux ce qui me semblait ridicule, j'aurais rigolé, j'allais même peut-être le faire, mais pour le moment, il fallait rationaliser pour lui. « Ok, je vais essayer de redémarrer la voiture, mais je crois qu'elle a déjà rendu l'âme. » commençais-je pour pas qu'il n'espère. Mettant donc le contact, j'essayais de démarrer, mais le moteur était en souffrance, presque entrain de se noyer. J'essayais, plusieurs fois, jusqu'à ce qu'une fumée blanche ne s'élève au dessus du capot. Ne perdant donc pas plus de temps, j'avais fini par lever ce dernier pour sortir et aller de nouveau regarder avec une lampe à la main. Je n'étais pas rassurer, ça bougé pas loin et dans la région, ce n'était pas que de simple alligator, mais bien des crocodiles pouvant clairement me faire regretter toute sortie. Cherchant donc à ignorer, j'ouvrais un peu tout, allant même jusqu'à remettre du liquide dans le réservoir de refroidissement. Tout les niveaux étaient bons, ça venait d'ailleurs. Alors par acquis de conscience, je changeais aussi les quelques bougies que j'avais en stock avant de revenir précipitamment quand quelque chose sortie de l'eau à coté de moi.
« J'ai fait tout ce que je pouvais, mais je promets rien. » déclarais-je donc avant d'essayer de nouveau de démarrer, une fois, deux fois, trois fois et finalement le moteur se mit à rugir. Soupirant presque soulagé, je n'attendis pas qu'il soit de nouveau installé pour avancer... Sans puissance. Si je réussissais à aller à trente ça serait un miracle, mais c'était déjà ça non ? La route me permis au moins de voir qu'il y avait bien eu quelque chose dans mon dos lors des réparations. Une longue queue disparaissant dans les hautes herbes après m'avoir glacé le sang. Ne soufflant toujours pas, je sentais vraiment que je poussais la voiture à fond, qu'elle peinait et ce fut sans grande surprise qu'après moins d'un kilomètre, elle rendu de nouveau l'âme. Soupirant alors, je me tournais vers lui avant de dire, « Je peux attendre que le moteur refroidisse et recommencer autant que possible jusqu'à ce qu'on soit prêt d'une ville, mais j'ai pas envie de me faire bouffer, alors je vais pas marcher. Ce qui implique qu'on va devoir rester ici un long moment. » et je n'avais aucune autre solution à lui donner.
Sortant donc de nouveau, j'ouvrais le capot pour laisser le moteur refroidir. C'était peut-être un problème d'embrayage ou une connerie comme ça. Avec un peu de chance on pourrait y arriver en plusieurs fois. « Mais va falloir que tu te prépares à peut-être passer du temps ici, mais c'est pas grave, on est pas seul et on peut sans doute réussir à passer le temps entre chaque tentative ! Mais on a pas le choix Liam. » autant ne pas lui laisser d'espoir sur ça.